Déserts médicaux, urgences engorgées : le manque de soin menace-t-il la santé des Français ?

  • l’année dernière
La confrontation avec Gérard Raymond, président de France Assos Santé
Philippe Juvin, député LR des Hauts de Seine
Dr Marc Rozenblat, médecin généraliste, membre du syndicat des médecins libéraux

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##LA_CONFRONTATION-2023-04-26##
Transcript
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00:03 Sud Radio Parlons Vrai chez Bourdin, 10h30, midi 30. Jean-Jacques Bourdin.
00:08 Parlons Vrai, notre débat entre 11h et midi.
00:11 Comme tous les jours, nous allons parler de notre santé.
00:13 Je posais une question, le manque de soins menace-t-il la santé des Français ?
00:20 Que faire ? Nous avons plusieurs invités avec nous pour parler de cela,
00:23 puisque le président de la République était hier à Vendôme pour parler santé.
00:27 Nous allons parler santé nous-mêmes, ici sur l'antenne de Sud Radio, pendant une heure avec plusieurs invités.
00:33 Nous avons avec nous Philippe Juvin, qui est député LRD Hauts-de-Seine, mais qui est médecin avant tout.
00:38 Bonjour.
00:39 Philippe Juvin, bonjour.
00:40 Nous avons Gérard Rémond, qui est président de France Assoce Santé.
00:44 Bonjour.
00:45 Alors, vous représentez les usagers de la santé.
00:47 C'est cela.
00:48 Nous tous, quoi.
00:49 Nous tous.
00:50 Nous tous qui allons chez le médecin à l'hôpital ou ailleurs.
00:52 Nous tous, bien sûr.
00:53 Et nous allons recevoir le docteur Marc Rosenblatt, qui est médecin généraliste,
00:57 membre du syndicat des médecins libéraux.
00:59 Il a un tout petit peu de retard, mais il va venir nous rejoindre dans un instant.
01:02 J'ai des quantités de questions à vous poser, avec en toile de fond un mot que j'aime bien,
01:07 c'est celui de responsabilité.
01:09 Comment responsabiliser à la fois les pouvoirs publics,
01:13 ceux qui sont responsables du fonctionnement de notre système de santé,
01:17 et comment responsabiliser aussi les usagers du système de soins,
01:23 parce que l'usager doit aussi être responsable dans l'utilisation du système de soins.
01:28 Bien, nous allons parler de tout cela, avec en toile de fond deux problèmes majeurs,
01:33 les déserts médicaux, bien sûr, et les urgences qui sont débordées, toujours débordées.
01:39 Alors, je regardais ce que disait Mathias Wargon, que l'on connaît bien,
01:44 qui est urgentiste en Seine-Saint-Denis, et qui dit "désengorger les urgences,
01:50 ça veut dire reconstruire le système de santé".
01:53 Vous êtes d'accord, Philippe Juvin ?
01:55 Oui, évidemment, pourquoi ? Parce que les urgences, c'est la structure
01:59 qui est à l'interface entre la médecine de ville et l'hôpital.
02:02 Quand la médecine de ville ne fonctionne pas bien, ce sont les urgences qui sont là
02:06 pour essayer d'amortir le choc, et quand l'hôpital ne fonctionne pas bien,
02:10 les "patients" s'accumulent aux urgences et ne peuvent pas être hospitalisés.
02:14 Donc oui, ce que dit Wargon est juste, les urgences c'est un symptôme.
02:18 C'est un symptôme d'un dysfonctionnement général.
02:20 C'est le symptôme, l'un des symptômes d'un dysfonctionnement général.
02:24 Je rappelle que les services d'urgence ont été créés dans les années 50,
02:28 car à l'origine, l'urgence, ça valait bien dire ce que ça voulait dire.
02:32 C'était l'accident de la route.
02:33 C'était l'accident, voilà.
02:34 C'est pour ça qu'on les a créés.
02:35 18 000 morts en 1972 sur les routes.
02:37 Je le rappelle, on est à 3 000 morts aujourd'hui.
02:39 18 000 morts.
02:41 Et aujourd'hui, les urgences sont devenues la seule porte qui est ouverte 24h/24,
02:46 quand les autres portes sont fermées.
02:48 Et c'est vrai que, du coup, moi je vois dans mon service,
02:51 les gens viennent aussi parce qu'ils ne trouvent pas en ville de médecins,
02:55 traitants, parce que la radio, ils vont mettre 10 jours à la voir,
02:59 parce qu'ils n'ont pas accès à un cardiologue,
03:02 parce que le gériatre ou le psychiatre, on n'en trouve pas.
03:05 Donc ils viennent aux urgences et ils espèrent qu'on va leur arranger les choses.
03:08 - Est-ce qu'aller aux urgences, est-ce qu'aller aux urgences,
03:10 je me tourne vers vous Gérard Raymond,
03:12 est-ce qu'aller aux urgences n'est-il pas devenu maintenant une solution de facilité ?
03:16 - Ah non, ce n'est pas devenu une solution de facilité, absolument pas.
03:19 - Je pose volontairement une question provoquante.
03:21 - Oui bien sûr, mais c'est devenu le premier recours.
03:24 C'est-à-dire qu'on ne trouve plus aujourd'hui de médecins généralistes,
03:28 on n'a plus de médecins traitants,
03:30 on n'a plus de spécialistes libéraux sur son territoire,
03:34 et donc effectivement, lorsque l'on a une urgence pour nous,
03:38 mal aux coudes, mal aux oreilles, mal au ventre,
03:41 c'est une urgence pour nous,
03:43 et bien il ne nous reste plus malheureusement que d'aller aux urgences hospitalières
03:47 et dans l'engorgement.
03:48 C'est donc aujourd'hui effectivement...
03:50 - Mais renforcer les services d'urgence, ce n'est pas la solution.
03:54 - Non, du tout.
03:55 C'est comment nous mettons une offre territoriale
03:58 en adéquation aux besoins de nos populations sur un territoire donné.
04:02 Ça c'est le premier des grands chantiers qu'il nous faut mener.
04:06 Et derrière, effectivement, moi aussi, je serais d'accord avec monsieur le député,
04:10 il faut aussi réorganiser l'hôpital,
04:12 notamment dans le management, etc.
04:14 Mais la première des missions aujourd'hui structurelles
04:18 de la réforme de notre système de santé,
04:20 c'est qu'il faut que l'offre sur un territoire
04:22 réponde aux besoins de la population.
04:25 - Alors l'offre sur le territoire,
04:26 c'est-à-dire lutter contre la désertification médicale,
04:28 au sens large médical,
04:30 il n'y a pas que les médecins d'ailleurs qui sont concernés,
04:33 nous allons en parler un peu plus loin dans l'émission.
04:36 Mais vous voulez dire quelque chose ?
04:37 - Oui, en fait, il faut d'abord,
04:40 pour aider les urgences à très court terme,
04:42 il faut quand même renforcer les urgences à court terme.
04:45 Parce que, vous savez, quand il y a une voie d'eau dans le bateau,
04:47 il faut écoper.
04:48 Il ne faut pas dire "on va ramener le bateau à l'arsenal,
04:50 s'il coule, vous aurez bonne mine".
04:53 Donc il faut écoper, et pour écoper aujourd'hui,
04:55 il faut évidemment renforcer les urgences,
04:57 mais ça ne suffira pas parce qu'on est dans une course sans fin.
05:00 Le vrai problème majeur qu'il faut régler en médecine,
05:04 c'est la question de la démographie.
05:06 Soyons simples, il n'y a pas suffisamment de médecins aujourd'hui en France.
05:10 Les raisons, on les a bien décrites dans le passé,
05:13 il faut arrêter de faire du commentaire,
05:14 moi j'en peux plus des hommes politiques qui commentent les choses,
05:16 les hommes politiques ne sont pas là pour commenter,
05:18 ils sont là, non pas pour commenter,
05:21 non pas d'ailleurs pour faire simplement des propositions,
05:24 mais pour obtenir des résultats.
05:25 On en a assez des paroles,
05:26 on en a assez des propositions d'une certaine manière,
05:29 on veut des résultats.
05:30 Qu'est-ce qu'il faut faire sur la démographie médicale ?
05:33 C'est assez simple, faire ce que les Anglais ont fait il y a un an.
05:36 Les Anglais formaient à peu près comme nous 10 000 médecins par an,
05:39 nous avons augmenté le numérus clausus à 11 000,
05:44 et les Anglais sont passés à 20 000.
05:46 Ils ont doublé le nombre de médecins formation.
05:47 - Oui mais il faut du temps !
05:48 - Eh bien écoutez, d'accord, mais depuis le temps qu'on le dit...
05:50 - Pour doubler le nombre de médecins.
05:51 - Monsieur Bourdin, depuis le temps qu'on le dit,
05:53 on l'aurait fait, le problème serait déjà réglé.
05:56 Donc je vous dis, la première chose à faire, immédiatement,
05:59 c'est de doubler le numérus clausus.
06:01 Deuxièmement, arrêtez de raconter n'importe quoi aux Français.
06:04 Quand on leur dit qu'on a supprimé le numérus clausus, c'est faux.
06:07 On a changé le nom, ça s'appelle numérus apertus,
06:10 mais on n'a pas supprimé d'ailleurs, ça n'aurait aucun sens.
06:12 - Numérus apertus, ça veut dire ouvert.
06:14 - Oui, mais d'abord ça n'a aucun sens,
06:16 ça n'a aucun sens de dire que l'État ne se préoccuperait pas
06:19 du nombre de médecins formés,
06:20 donc ce n'est pas choquant qu'il y ait un numérus clausus,
06:21 la question c'est son niveau.
06:23 Et donc, moi je vous dis, la priorité des priorités,
06:26 c'est de dire, demain on forme non plus 10, non plus 11,
06:30 mais 20 000 médecins par an, premièrement,
06:32 et on fait la même chose chez les infirmières,
06:34 les kinés, les pharmaciens, les vétérinaires,
06:36 je vois même les vétérinaires qui ont un problème aujourd'hui.
06:38 - Certains médecins disent "attention, attention,
06:40 si on forme trop de médecins, ils seront mal formés".
06:42 - Ecoutez, moi je suis un homme politique,
06:44 - T'avais entendu ça de la bouche de médecin ?
06:46 - Mais de toute façon, tout le monde a sagé.
06:48 - Mais bien entendu, et vous savez pourquoi on n'augmente pas à 20 000 ?
06:51 C'est parce que les facultés disent qu'ils ne peuvent pas former,
06:54 parce que certains médecins disent "mais attention,
06:56 il ne faut pas que le gâteau soit coupé".
06:58 Mais les autorités sont incapables également de prendre des décisions
07:02 parce qu'elles subissent des pressions des uns et des autres.
07:04 Moi je suis à la fois médecin et homme politique,
07:06 donc je vois les choses.
07:08 Et quand je vois les choses, je vous dis très simplement,
07:10 la seule solution c'est de passer de 10 000 à 20 000 médecins formés par an.
07:12 En tout cas, si j'étais aux affaires,
07:14 c'est la première décision que je prendrais.
07:16 - C'est la première décision que vous prendriez, c'est très intéressant.
07:18 Mais je vais venir, oui, vous y questionner.
07:20 - Sur la formation, nous sommes bien d'accord.
07:22 Nous sommes bien d'accord, il faut former davantage de professionnels de santé,
07:26 pas simplement des médecins, mais des infirmières,
07:28 des pratiques avancées, etc.
07:30 Mais ça c'est du temps moyen ou du temps long.
07:32 Aujourd'hui, il y a une urgence.
07:34 L'urgence c'est d'abord de soigner l'urgence,
07:36 mais aussi c'est de soigner...
07:38 - On va en parler de l'urgence, mais déjà commençons par les fondations.
07:40 - Je suis bien d'accord avec vous.
07:42 Aujourd'hui, effectivement, nous avons une adéquation à mener.
07:46 Nous avons des professionnels de santé sur un territoire.
07:50 Il faut faire avec cela, aujourd'hui.
07:52 D'abord, il faut leur redonner envie de soigner,
07:54 de soigner en équipe et non plus dans un corporatisme,
07:58 avec un cloison, les uns par rapport aux autres,
08:00 les autres se confrontant aux autres.
08:02 C'est comment, effectivement, aujourd'hui,
08:04 sur un territoire donné, on regroupe l'ensemble des professionnels de santé
08:08 sur un projet médical qui répond aux besoins
08:10 et qui travaille, effectivement, en équipe.
08:12 Et ça joue une poinçon que c'est faisable, aujourd'hui.
08:15 - Alors, moi, je voudrais vous donner deux chiffres
08:17 qui sont très intéressants, me semble-t-il.
08:19 Coût moyen pour la collectivité d'un passage aux urgences, 224 euros.
08:23 Ça coûte 224 euros à la collectivité.
08:26 Vous savez, quand vous allez aux urgences, vous payez 19,61 euros.
08:29 Je crois que c'est le coût de la consultation, en quelque sorte, aux urgences.
08:33 Quoi ?
08:34 - Oui, oui, oui.
08:36 - Et l'État ?
08:38 - Et je trouve que ça, c'est une très bonne initiative.
08:40 Bercy a décidé de nous dire à quoi servent nos impôts.
08:44 Sur 1 000 euros de nos impôts, 195 servent à financer la santé.
08:49 195 euros sur 1 000 euros. C'est énorme !
08:52 - C'est énorme.
08:53 - En fait, il faut bien comprendre une chose.
08:55 En France, on met beaucoup d'argent sur la santé.
08:57 On dit "il faut plus d'argent".
08:59 En fait, on fait beaucoup d'argent.
09:00 Le problème, c'est que l'argent ne va pas aux soins.
09:03 Et je vous donne un chiffre.
09:05 C'est le rapport de l'adresse qui est un service du Premier ministre
09:07 qui a regardé le tableau des emplois de la fonction publique hospitalière,
09:11 les hôpitaux publics.
09:12 Et on regarde qui travaille dans les hôpitaux publics.
09:14 Vous avez, tenez-vous bien, autant d'équivalents en plein administratif
09:18 que d'équivalents en plein médecin. Autant !
09:20 Alors, je ne suis pas en train de vous dire qu'il ne faut pas d'administration.
09:23 Il faut évidemment une administration.
09:24 Mais est-ce que un pour un, c'est normal ?
09:26 L'adresse publie un deuxième tableau.
09:29 C'est le tableau des emplois chez les cliniques privées.
09:31 Il regarde combien d'administratifs et combien de médecins.
09:33 Le ratio dans les cliniques privées,
09:35 même si ce n'est pas les mêmes malades, pas les mêmes missions, j'entends,
09:38 mais quand même c'est intéressant,
09:39 il y a un administratif pour trois médecins.
09:41 Donc un administratif pour un médecin à l'hôpital public,
09:45 un administratif pour trois médecins dans les cliniques privées.
09:48 Il y a peut-être entre un pour trois et un pour un, un juste milieu.
09:51 Et en fait, ça pose la question de l'hyper-administration de notre pays.
09:55 C'est valable en médecine, c'est valable dans les choses.
09:57 - Mais là, vous allez vous heurter au corporatisme des syndicats.
09:59 - Mais, monsieur Bourdin, à quoi sert la politique ?
10:02 La politique, elle sert à changer les aiguillages
10:04 et à dire, finalement, le train habituellement allait dans ce sens,
10:07 moi je vais le faire aller dans l'autre sens.
10:09 Donc, je vous ai parlé de la première mesure,
10:11 qui est de former plus de médecins professionnels de santé,
10:13 mais beaucoup plus, pas 5% de plus,
10:15 comme on raconte, on bassine depuis des années.
10:17 Et ensuite, moi j'ai l'impression que je serai aux affaires,
10:20 j'écrirai à tous les directeurs d'hôpitaux, je leur dirai,
10:22 "Quelle est votre ratio entre médecins et administratifs ?
10:26 Eh bien, vous avez trois ans pour le diviser en deux."
10:28 - Ce n'est pas un concert de casserole que vous auriez, c'est une symphonie.
10:32 - Je ne crois pas, je pense que les Français sont prêts à entendre les choses,
10:35 à condition qu'on leur dise la vérité.
10:37 Le vrai sujet, c'est la confiance.
10:39 - C'est la responsabilité, non, mais ça je suis, et la vérité.
10:42 - Et la transparence.
10:44 Et je pense qu'aujourd'hui, effectivement,
10:46 les chiffres que vous annoncez, on est à plus de 12% du PIB pour notre système de santé,
10:50 nous considérons, nous, qu'on devrait être beaucoup plus efficients.
10:53 Et qu'avec cet argent-là dépensé, on devrait davantage, effectivement, avoir de résultats.
10:57 Notamment sur la qualité, sur la transparence et la participation.
11:01 - Donc quand vous entendez dire à longueur de temps "il faut plus d'argent, plus d'argent pour la santé",
11:06 c'est pas forcément vrai.
11:08 - Il faut mieux l'utiliser.
11:10 - Comme vous dites fort justement, ce qui est terrible en France,
11:13 c'est que nous mettons beaucoup d'argent dans les services publics en général, la santé en particulier.
11:16 Et malheureusement, et parallèlement, on observe que la qualité des services publics ne fait que s'effondrer.
11:21 Savez-vous qu'en France, depuis dix ans, la mortalité infantile augmente ?
11:25 On meurt plus quand on est un enfant entre zéro et un an en France qu'ailleurs.
11:30 Alors qu'on met beaucoup d'argent.
11:32 Donc on voit bien qu'on a un sujet majeur.
11:34 D'ailleurs, l'Assemblée nationale se saisit de cette affaire.
11:36 Je vais être le président d'une mission qui va étudier les raisons de cette surmortalité infantile.
11:41 Ce n'est pas normal avec le fric qu'on met dans la santé d'avoir des résultats aussi médiocres.
11:45 - Et nous avons aussi un système qui ne marche plus, qui n'est plus aujourd'hui adéquat.
11:51 C'est-à-dire effectivement la rémunération à l'acte.
11:53 Latte et deux ans. Total.
11:56 Qui doit être aujourd'hui effectivement refondu, revu et corrigé.
12:00 C'est une réforme structurelle de fonds qu'il nous faut sur ce système de santé.
12:04 Et derrière, effectivement, il y a un modèle économique qui est à revoir.
12:07 Le travail en équipe doit aussi être valorisé,
12:11 notamment sur les pathologies chroniques, par des forfaits ou des enveloppes globales.
12:17 Et pas simplement d'une rémunération à l'acte qui est inflationniste.
12:20 - Bien. Alors je vais prendre aussi Marie-Alice qui est infirmière libérale à domicile.
12:25 Qui nous dit que son métier a considérablement changé.
12:28 Elle est elle aussi confrontée à des déserts médicaux.
12:32 Nous allons parler de saletage dans le Lot-et-Garonne.
12:34 Marie-Alice qui sera avec nous juste après la pub 11h17.
12:38 - Il est 11h21. Un débat passionnant.
12:47 Nous parlons de la santé, de notre santé et de l'offre de soins.
12:51 Et je posais la question, est-ce que le manque de soins menace les Français ?
12:55 Que faire ?
12:56 Pour en parler, voilà qu'apparaît le docteur Marc Rosenblatt
13:01 qui est médecin généraliste, membre du syndicat des médecins libéraux
13:04 et président des médecins du sport.
13:06 C'est bien ça ? Bonjour.
13:08 - Bonjour. Effectivement, c'est bien ça.
13:10 - Bon, c'est bien ça.
13:11 Alors, nous parlions déjà, nous avons engagé la conversation.
13:15 D'ailleurs, nos auditeurs peuvent réagir 0826-300-300.
13:18 Et Marie-Alice qui est infirmière libérale dans le Lot-et-Garonne
13:21 va nous parler dans un instant.
13:23 Mais nous parlions de responsabilité.
13:25 Responsabilité des pouvoirs publics, responsabilité des personnels soignants
13:30 et responsabilité des usagers de la santé
13:33 qui ont un peu oublié cette responsabilité.
13:36 Comme si, si, si, si, si, si, si, elle est un peu oubliée.
13:39 On a l'impression que tout est dû.
13:41 On a l'impression que tout est dû aujourd'hui.
13:43 Que tout est facile.
13:45 - Non, non, non, non.
13:46 - Non, non, vous n'êtes pas d'accord.
13:47 - Je ne suis pas d'accord.
13:48 - Gérard Raymond. Bon, bon, bon.
13:50 Alors, vous parliez de, vous vouliez parler de responsabilité, Philippe Gillard.
13:53 - Je vais vous raconter une histoire.
13:54 Dans le service des urgences que j'ai l'honneur de diriger à l'hôpital Pompidou,
13:57 depuis maintenant plusieurs semaines, j'ai un de mes jeunes médecins,
14:00 Camille, qui va se reconnaître,
14:02 qui a mis en place une organisation très intéressante
14:05 où les patients en arrivant aux urgences sont filtrés.
14:08 Et ceux qui manifestement auraient dû aller voir un médecin généraliste
14:11 plutôt que de venir aux urgences,
14:13 on les renvoie vers un médecin généraliste
14:15 avec un rendez-vous, peut-être pas le jour même,
14:17 peut-être le lendemain ou le surlendemain.
14:19 Et donc, on a 8 à 10% des patients
14:22 que finalement nous arrivons à ne pas entrer aux urgences
14:25 et donc à moins submerger le service des urgences.
14:27 Alors, les réactions des patients sont assez variables.
14:30 Là, tout à l'heure, avant de venir dans votre émission,
14:32 j'ai dû répondre à une de nos patientes
14:34 qui avait une douleur au thorax depuis 3 mois,
14:37 3 mois, et qui avait décidé un soir à 22h
14:40 de venir aux urgences pour la douleur qu'elle avait depuis 3 mois.
14:43 Donc, fort justement, nous avons évidemment très rapidement,
14:46 par 2-3 questions que nous avons posées et éliminées,
14:48 quelque chose de très urgent bien sûr, mais enfin depuis 3 mois, voyez ce que je veux dire.
14:51 Et on l'a renvoyé chez un généraliste qui allait aller voir le lendemain.
14:54 Et voyez-vous, la réaction de cette dame a été "mais j'y ai droit, j'y ai droit".
14:58 Or, si on ne met pas sur la table
15:02 que la société c'est une société de droit,
15:04 mais aussi de devoir, et bien on n'y arrivera pas.
15:06 Si chacun dit "moi j'ai le droit à ça", et bien on n'y arrivera pas.
15:10 C'est pour ça qu'une des solutions, alors ce n'est pas LA solution des urgences du système de santé,
15:13 c'est aussi la responsabilisation des uns des autres.
15:16 - Ah ben ça je suis bien d'accord. Et on va parler de la responsabilisation
15:18 avec les rendez-vous non honorés chez le médecin.
15:21 - Ah, les petits lapins.
15:23 - Non, non, non, c'est pas les petits lapins.
15:25 - C'est des gros lapins. - C'est des lièvres.
15:27 - C'est un des gros lapins, non ? - C'est des connes gourou alors.
15:30 - Bon, Gérard Raymond, ce ne sont pas des ours de votre arriège,
15:34 mais Gérard Raymond, quand vous entendez cet exemple donné par Philippe Juvin,
15:39 que dites-vous ? Que lui répondez-vous ?
15:41 - Tout simplement parce que d'abord je poserai cette question,
15:43 est-ce que cette dame-là a un médecin traitant ? Pas sûr.
15:46 Est-ce que cette dame-là connaît effectivement l'offre sur son territoire ?
15:49 - Et si elle n'a pas de médecin traitant, c'est parce qu'elle n'a pas voulu en avoir.
15:52 - Ah non. - Elle n'a pas cherché à en avoir.
15:54 - Ah non, pas du tout. Pas du tout.
15:56 Certaines personnes vont voir un médecin qui refuse aujourd'hui de devenir médecin traitant.
16:01 - C'est vrai ça ? - Nous avons quand même des millions de personnes
16:03 qui n'ont pas de médecin traitant parce qu'elles ne peuvent pas en trouver.
16:06 Nous avons quand même plus de 700 000 personnes en ALED
16:09 qui devraient avoir un parcours de soins programmé,
16:12 qui n'ont pas de médecin traitant. - C'est la faute des médecins ?
16:15 - C'est pas la faute du médecin, c'est la faute du système.
16:18 - Ah, c'est toujours facile d'accuser le système. - Non, non, non, c'est la faute de l'offre.
16:22 On l'a bien dit, qu'il fallait transformer.
16:24 Alors je veux bien qu'effectivement il y ait quelques responsabilités des uns et des autres,
16:28 mais aujourd'hui nous sommes en demande effectivement de cette transformation et de cette offre.
16:34 Nous on n'a pas fait le choix d'être malade.
16:36 Certains ont fait le choix de nous soigner.
16:38 C'est certainement le plus beau métier du monde.
16:40 Essayer de soigner les gens et voir même les guérir.
16:42 Donc nous on n'a pas fait le choix.
16:44 Moi j'ai pas fait le choix d'être patient et d'être malade.
16:47 Donc l'exigence pour nous, c'est effectivement que nous apportent une réponse à nos urgences.
16:52 Cette dame avait trois mois mal.
16:54 Elle aurait pu aller voir un médecin généraliste, l'un des autres.
16:58 Pourquoi elle y est pas allée ? Peut-être parce qu'elle n'a pas de médecin traitant.
17:00 Peut-être parce que...
17:02 - Oui, elle n'a pas de médecin traitant et elle se dit "ça me coûtera moins cher d'aller aux urgences".
17:07 - Elle a une méconnaissance.
17:09 La responsabilité s'accompagne effectivement de la transparence et de l'acculturation,
17:14 de la connaissance du système.
17:16 Donc elle n'a pas connaissance du système.
17:18 Donc elle est allée aux urgences, elle est allée voir un spécialiste cardio ou autre,
17:22 et donc elle n'était pas à sa place.
17:24 Tout simplement parce que nous avons un dysfonctionnement total aujourd'hui de l'offre par rapport à l'endemain.
17:29 - Vous êtes d'accord, Marc Rosenbach ?
17:31 - Oui, bien sûr. Il y a de la part de la population en fait une urgence qui n'est pas l'urgence médicale.
17:37 Et dès qu'on a un petit bobo, dès qu'on a un petit pet, il faut que ce soit réglé tout de suite.
17:41 Sinon, on est en dehors de la société, on est mis de côté et on ne peut plus poursuivre nos activités.
17:47 - Puis on est exigeant maintenant. On est dans un monde de l'exigence.
17:50 C'est-à-dire qu'il faut que tout soit réglé dans la minute.
17:54 - Donc le seul système qui pour les patients existe, c'est le système des urgences.
17:59 Sauf que ce n'est pas fait pour ça. Les urgences médicales sont faites pour des urgences vitales.
18:03 Et nous médecins, on essaye de faire le tri.
18:06 Et c'est vrai que quelqu'un qui vient pour une douleur qui traîne depuis trois mois,
18:09 il n'a rien à faire dans un service d'urgence.
18:11 Et même s'il y a du délai pour voir un médecin en ville, il faut respecter ce délai.
18:16 - Quant au médecin traitant, moi je veux bien, mais est-il vrai qu'on n'arrive pas à trouver de médecin traitant ?
18:23 C'est vrai ou c'est faux ?
18:24 - C'est un peu compliqué parce que pour l'instant, la quasi-totalité des médecins traitants sont surbookés.
18:30 Ils ne peuvent plus avoir du temps médical supplémentaire pour pouvoir accueillir de nouveaux patients.
18:36 En tant que médecin traitant, j'entends.
18:38 Et ce que l'on demande, nous les médecins, c'est d'avoir plus de temps médical et d'avoir moins de temps administratif.
18:43 - Donc vous aimez avoir des assistantes, des assistants médicaux.
18:47 - Exactement. Sauf que ce qu'on nous propose actuellement, ce sont en gros des forfaits.
18:51 On ne peut pas embaucher du personnel sur des forfaits.
18:53 Il faudrait avoir un pouvoir d'achat un petit peu plus important.
18:56 Certes, on gagne correctement notre vie, nous les médecins,
18:59 mais on ne va pas amputer sur notre pouvoir d'achat pour embaucher du personnel et faire du travail administratif.
19:04 Donc de nous augmenter de 1,5 euro la consultation de base de médecine générale, c'est un pourboire.
19:10 Ce n'est pas avec ça qu'on va embaucher du personnel.
19:13 Et donc même si ça représente, comme l'a dit notre ministre, un 13ème mois, ce n'est pas comme ça qu'on embauche du personnel.
19:20 Donc ce qu'on demande, c'est véritablement une révolution dans le tarif des consultations.
19:27 Et ce que demande le syndicat des médecins libéraux, c'est vraiment 50 euros. Pourquoi ?
19:31 Et bien parce qu'avec cette somme-là, on pourra embaucher du personnel,
19:34 et nous les médecins de ville, on aura plus de temps médical.
19:37 - Mais vous allez être aidé. - Alors on est aidé, mais ce n'est pas pérenne.
19:41 - Les médecins de ville, c'est une chose, mais à la campagne, il y a des maisons de soins.
19:45 Ce n'est pas le même problème.
19:47 - Toutes ces désertifications. Moi je viens de la grande banlieue, Seine-et-Marne.
19:51 On est dans un désert médical, la plupart des médecins ont mon âge, vont partir d'ici 2-3 ans à la retraite.
19:57 Comment est-ce qu'on va attirer les jeunes pour pouvoir travailler dans nos territoires ?
20:01 En fait, on a plusieurs propositions. La première et la plus importante,
20:05 ce serait de défiscaliser leur activité.
20:08 Ça leur permettrait ainsi d'embaucher et de travailler dans des zones...
20:11 - C'est-à-dire défiscaliser ? C'est-à-dire que le médecin ne paie pas d'impôts ?
20:15 - Non, pas en tout cas sur ses revenus, pour lui permettre ainsi de développer son activité.
20:19 - Alors le médecin seul dans la société française ne paie pas d'impôts ?
20:23 - Il serait intéressant de connaître tout le revenu des médecins.
20:28 Parce que ce n'est pas que la consultation à 25 ou 26,50€ qui fait le revenu des médecins.
20:33 - Vous voulez attirer les jeunes dans des déserts médicaux, il va falloir leur proposer des choses.
20:38 Si on ne leur propose pas de l'aide, si on ne leur propose pas des facilités, notamment d'installation,
20:44 ils ne viendront jamais. - On va parler des déserts médicaux.
20:46 Attendez, Philippe Juvin, parce que je voudrais quand même donner la parole à Marie-Alice,
20:51 qui est là, qui attend depuis un moment. Bonjour Marie-Alice.
20:54 - Oui, bonjour.
20:56 - Alors, vous êtes infirmière libérale.
20:58 Dites-nous, qu'est-ce que vous vouliez dire ?
21:00 Vous êtes confrontée aux déserts médicaux, et votre métier a changé à cause de cela ?
21:04 - Alors, notre métier change effectivement parce que dans les déserts médicaux,
21:10 la première personne qui est sur le terrain, c'est l'infirmière.
21:13 Et c'est vrai que du fait de la régulation des installations des infirmières libérales,
21:19 on a un maillage qui est assez homogène, qui permet...
21:24 - Parce qu'il y a eu régulation, Marie-Alice.
21:27 - Parce qu'il y a eu une régulation, tout à fait.
21:29 - Parce que les médecins ne veulent pas.
21:31 - Ah oui, mais ça, alors après, c'est à eux de gérer leur système.
21:36 Nous, notre système est fait comme ça.
21:38 Pour ce qui concerne la désertification, moi, je voulais parler, entre autres,
21:43 du retard des diagnostics et de la force de l'infirmière libérale,
21:48 puisqu'elle est au domicile, et elle peut aller dans la capacité d'orienter un patient
21:55 sur les urgences, ou sur un médecin référent potentiel.
22:03 - Marie-Alice, c'est ce qu'on appelle la délégation de soins.
22:06 Mais est-ce que vous souhaitez qu'on aille vers plus de délégation de soins, Dr Rosenblatt ?
22:14 - C'est une chose qu'il ne faut pas négliger.
22:16 On peut déléguer le problème.
22:18 C'est que si maintenant, les médecins ont que des consultations complexes,
22:22 ils ne tiendront pas les 12 heures par jour qu'ils font actuellement.
22:25 Donc il faut aussi avoir des consultations "simples",
22:30 même si les consultations simples ne sont pas si simples que ça.
22:33 Donc, déléguer un maximum de choses à des non-médecins,
22:37 à des professionnels de santé malgré tout,
22:39 à des non-médecins...
22:41 - Qui connaissent le terrain, parce que Marie-Alice connaît les patients.
22:44 - Ce n'est pas si simple que ça pour les médecins de ne faire que du complexe du matin au soir.
22:49 - Marie-Alice ?
22:50 - Oui, ça je le conçois.
22:52 Nous aussi, on a des patients complexes à domicile,
22:55 mais ça permettrait quand même d'alléger les urgences,
23:00 de faire en sorte que les urgences ne se retrouvent pas avec de la bobologie,
23:05 et de faire patienter certains patients.
23:08 Je ne dis pas qu'il faut annuler la consultation, du tout,
23:12 mais ça permet de différer et peut-être de...
23:16 - De mieux orienter.
23:18 - Tout à fait.
23:20 Nous, nous nous battons pour l'infirmière référente,
23:23 comme il existe le médecin référent,
23:26 ce qui permettrait effectivement de dire aux patients,
23:30 "Ecoutez, là, vous pouvez avoir un médecin et vous patientez."
23:34 Les gens ont besoin de réponses.
23:37 Ce qui crée leur stress, c'est 1) la désertification,
23:41 et 2) n'oublions pas que nous venons de passer 2 ans avec un Covid,
23:45 où dès qu'ils avaient un symptôme, on leur disait "Allez aux urgences."
23:50 - Bien. Marie-Alice, merci pour vos témoignages.
23:52 Je vais vous faire réagir, Philippe Juvin et Dr Rosenblatt,
23:56 Marc Rosenblatt, sur ce que vient de dire Marie-Alice,
23:59 mais il faut que je fasse absolument une pub. A tout de suite.
24:02 - 10h30, midi 30, Jean-Jacques Bourdin.
24:05 - Il est 11h35.
24:07 Le débat se poursuit autour de notre santé, du manque de soins.
24:11 Est-ce que le manque de soins menace la santé des Français ?
24:14 C'est la question que je pose ce matin avec 3 invités.
24:17 Gérard Raymond, qui est président de France Asso Santé,
24:20 Marc Rosenblatt, qui est médecin généraliste,
24:22 membre du syndicat des médecins libéraux,
24:24 et Philippe Juvin, qui est médecin et député des Hauts-de-Seine.
24:28 Alors, 11h36, vous continuez à appeler 0826-300-300, vous n'hésitez pas.
24:33 Nous parlions, il y a un instant, des urgences,
24:36 nous parlions de la désertification médicale.
24:38 C'est vrai qu'en France, l'État consacre beaucoup d'argent pour la santé,
24:44 beaucoup de gaspillage, on a déjà évoqué. Pas assez.
24:47 - Peut-être pas assez, s'il faut former des gens.
24:49 - Peut-être pas assez pour former, mais par ailleurs,
24:52 beaucoup d'argent, c'est ce que disait Philippe Juvin.
24:55 - Beaucoup d'argent qui ne va pas aux soins, messieurs.
24:57 - Il n'y a pas suffisamment d'argent qui va à l'administration,
25:01 qui va à la coordination, etc.
25:03 Il faut réfléchir peut-être aussi sur l'ensemble, aujourd'hui,
25:06 des enveloppes qui sont dévoulues, que ce soit au premier recours, etc.,
25:10 dans leur organisation, et certainement qui a besoin d'organisation.
25:14 Mais il faut réfléchir aussi au modèle économique.
25:17 L'installation des médecins en France, dans les déserts médicaux,
25:22 Emmanuel Macron ne croit pas à la régulation.
25:25 Il n'y croit pas, or, d'autres y croient.
25:28 Et notamment des députés transpartisans qui parcourent la France, aujourd'hui,
25:33 et qui, eux, sont plus rudes.
25:36 Et il faut un peu forcer les médecins à s'installer dans les zones
25:42 où on manque de médecins.
25:44 Bon, évidemment, vous êtes totalement contre.
25:46 On ne peut pas forcer les médecins, ou les inciter.
25:49 - Si vous me permettez, en fait, il faut faire comprendre
25:53 que la France, c'est un désert médical.
25:55 Quand on nous dit qu'il y a des zones surdotées, tout ça, c'est de la blague.
25:58 Moi, je ne connais pas une zone en France où il n'y a pas un endroit
26:01 où on manque de médecins.
26:03 Quand c'est pas en ville, c'est à l'hôpital.
26:04 Quand c'est pas à l'hôpital, c'est en ville.
26:05 Ou c'est en centre scolaire, ou c'est en EHPAD.
26:08 On manque de médecins partout.
26:09 Donc, la régulation, ça ne peut pas être définition par marché.
26:12 - Si je vous dis, dans cet département, vous n'avez plus le droit de vous installer,
26:15 et que je veux absolument travailler dans cet département,
26:18 qu'est-ce que je vais faire ?
26:19 Je vais me faire embaucher par une maison de retraite ou un hôpital.
26:21 Il y a forcément un poste vacant.
26:22 Donc, ça, c'est une vue de l'esprit.
26:24 Vous savez, c'est Moscou, 1980.
26:26 Il n'y a pas de farine à la boulangerie.
26:27 Et donc, on dit, on va forcer telle boulangerie à faire du pain.
26:31 Mais ils n'ont pas de farine.
26:33 Donc, quand vous avez de la pénurie généralisée,
26:35 vous ne pouvez pas réguler durement comme ils veulent faire.
26:38 Encore une fois, 1) former plus de monde.
26:40 - Non, mais Emmanuel Macron ne veut pas réguler.
26:43 - Je suis d'accord avec lui.
26:44 - Il ne veut pas réguler.
26:45 - Ça serait un échec.
26:46 - En revanche, beaucoup.
26:48 Vous avez vu, vous les connaissez, tous ces députés.
26:51 - Mais les gens ont le droit de se tromper.
26:52 Moi, je suis d'accord.
26:53 Je suis député, je pense que c'est une erreur.
26:55 Et ça aurait un élément contre-productif.
26:57 Non, la vraie question qui se pose,
26:58 parce qu'évidemment, il y a des Français qui ne trouvent pas de médecin.
27:01 C'est évident.
27:02 La vraie question, une des questions qui se posent,
27:04 outre la question démographique, c'est qui fait quoi ?
27:06 Qui fait quoi entre la ville et l'hôpital ?
27:08 Qui fait quoi entre le médecin et l'infirmier ?
27:10 Entre la ville et l'hôpital,
27:11 l'hôpital n'est pas le lieu de suivi des maladies chroniques.
27:14 Quand vous avez une hypertension artérielle qui est stable,
27:16 vous n'avez pas à aller à l'hôpital.
27:18 L'hôpital, c'est le lieu des diagnostics éventuellement complexes
27:21 ou des prises en charge des complications aigües.
27:24 - Je peux vous donner un exemple juste rapide.
27:26 Moi, je vois 1000 personnes.
27:27 Sur 1000 personnes, j'en envoie qu'une seule à l'hôpital.
27:30 Les 999 autres, je les gère.
27:32 Et la personne que j'envoie à l'hôpital,
27:34 forcément, c'est parce que c'est complexe
27:35 et que j'ai besoin de mes confrères spécialisés
27:38 pour porter un éxamen précis.
27:40 - Des examens approfondis.
27:41 - Donc, au niveau de la régulation,
27:44 nous, en ville, on gère quand même 999...
27:47 - Non, mais qui fait quoi entre la ville et l'hôpital ?
27:49 Il y a qui fait quoi entre le médecin et le paramédical ?
27:53 Souvenez-vous, les ophtalmos.
27:54 Nous avons tous des lunettes, sauf vous, M. Bondin.
27:56 - Oui, j'en ai.
27:57 - Très bien.
27:58 - Il y a 10 ans, on ne trouvait pas du tout d'ophtalmo.
28:00 Avoir une constellation d'ophtalmo, ce n'était pas possible.
28:02 Et puis, peu à peu, qu'est-ce qui s'est passé ?
28:04 Les ophtalmos ont confié aux orthoptistes
28:06 un certain nombre de missions sous leur contrôle.
28:08 Aujourd'hui, vous pouvez vous faire faire un examen de vue,
28:11 ce qui n'était pas possible il y a 15 ans.
28:13 Il faut probablement réfléchir à ce qu'ont fait les ophtalmos
28:15 très intelligents et le faire, nous, les médecins,
28:17 avec d'autres professionnels,
28:19 avec en tête absolument la notion de la sécurité.
28:24 - Alors, j'ai vu un reportage très intéressant
28:26 sur l'installation et le travail d'équipe.
28:29 La collaboration entre les ophtalmos.
28:31 Les maisons de santé, 2250, je crois, en France, c'est l'objectif.
28:35 Les maisons de santé, c'est très intéressant.
28:38 J'ai vu un reportage, je ne sais plus dans quel journal,
28:40 où de jeunes médecins sont très contents d'aller travailler
28:42 justement dans des zones un peu désertifiées, en maison de santé.
28:46 Parce qu'ils travaillent moins,
28:48 ils organisent leur temps en groupe, en quelque sorte,
28:51 et ça leur permet évidemment de mutualiser les frais d'assistant,
28:56 de tout ce qui est répondre au patient en téléphone, etc.
29:02 - Ils travaillent moins, ils s'organisent entre eux.
29:04 - Ils s'organisent entre eux.
29:05 - Sauf que leur travail en moins, c'est quand même du temps médical en moins.
29:09 Lorsqu'ils ne vont travailler que 35 ou 40 heures par semaine,
29:12 ce n'est pas comme les médecins de la génération du siècle dernier.
29:15 - Vous ne pouvez pas forcer les jeunes médecins à travailler 60 heures par semaine.
29:17 - Non, de toute façon, ils sont formatés comme ça.
29:19 - Ils le font pas.
29:20 - Moi, je me souviens, quand j'étais jeune médecin,
29:22 j'étais de garde de la nuit, le lendemain, j'enchaînais ma journée.
29:25 - Oui, mais c'est fini ça.
29:26 - Maintenant, il faut une journée de récupération.
29:28 Donc déjà, au départ, ces jeunes médecins sont formatés à travailler que ce qu'il faut,
29:32 c'est-à-dire 35-40 heures, pas plus.
29:34 Donc forcément, maintenant, il faut deux médecins pour remplacer un médecin.
29:37 - Mais alors, comment faire pour que les médecins aillent s'installer dans des zones qui sont sous-dotées ?
29:42 - Il faut que ce soit tractif.
29:44 - Non, non, la théorie ou le principe de la régulation est aujourd'hui,
29:49 vous l'avez très bien dit, M. le député, est aujourd'hui dépassée.
29:52 C'est dépassé de réguler.
29:54 - Il faut faire quoi ? Il faut obliger ? Il faut inciter ?
29:57 - Non, non, il faut certainement inciter, il faut réfléchir effectivement
30:01 au projet médical qu'on peut mettre en place sur un territoire donné,
30:04 avec déjà les acteurs qui sont en place,
30:06 et inciter effectivement un médecin à venir être cet animateur d'une équipe sur un territoire donné.
30:12 - Bah, inciter comment ? En diminuant les impôts ?
30:15 - Non, non, on peut avoir...
30:17 - Ou alors on les donne à s'installer ?
30:19 - On peut avoir une incitation financière,
30:22 - J'ai déjà fait ça, les gars, s'installer.
30:24 - Mais on peut avoir aussi une incitation de qualité de vie,
30:26 de redonner du sens à la médecine, de redonner de la valeur aux soignants.
30:30 Donc, il y a des révalorisations peut-être financières et d'organisation,
30:35 mais il y a aussi du sens que l'on peut redonner.
30:37 Et je comprends très bien, et nous aussi, puisque nous sommes dans une demande permanente,
30:42 qu'aujourd'hui, les nouveaux professionnels de santé et les médecins disent
30:46 "On ne veut pas faire un chancer d'os, on veut faire un métier, et on veut le faire en équipe."
30:50 - On n'oblige pas les jeunes médecins à aller s'installer dans des zones souveraines.
30:53 - On ne veut pas faire de l'abattage, on veut faire de la qualité.
30:56 - La médecine solitaire est terminée, elle est solidaire aujourd'hui.
30:59 - Il y a peut-être des pistes qu'il faut creuser.
31:01 La première piste, c'est quand on forme un médecin dans les écoles de médecine,
31:04 dans les facultés de médecine, on les forme quasiment à 90% de leur temps à l'hôpital.
31:08 Nos carrières, à tous, dans tous nos métiers, ce sont des carrières qui ont été éclairées par des rencontres.
31:13 On a rencontré telle personne, on s'est dit "Tiens, je veux lui ressembler."
31:16 C'est valable dans tous les métiers. C'est pareil en médecine.
31:18 Moi, je fais la proposition que durant les études de médecine,
31:21 une part très importante des études se passe en stage en ville et pas à l'hôpital.
31:26 Et donc, par définition, les gens vont découvrir une activité qui n'est pas l'activité hospitalière.
31:32 On le fait, mais très insuffisamment, en temps passé.
31:35 Et vous verrez, vous aurez des vocations, créé des vocations.
31:38 Et puis, il y a le sujet aussi de l'aménagement du territoire.
31:41 Les médecins sont des gens comme les autres, ils ont des enfants qui vont à l'école.
31:45 Ils veulent des services publics.
31:47 Et quand on voit, d'un côté, ce qu'on disait tout à l'heure,
31:50 l'argent immense qu'on met dans les services publics en France,
31:52 avec des prélèvements obligatoires immenses et des services publics qui se cassent la gueule partout,
31:55 un des vrais sujets structureaux du pays, c'est la qualité des services publics.
32:00 Améliorer les services publics partout sur le territoire, vous verrez, vous aurez moins de difficultés d'amener les médecins.
32:06 - Si on amène un médecin dans un territoire où il n'y a pas de services publics, la défiscalisation, ça peut se comprendre.
32:09 On n'a pas de services publics, alors on travaille pour rendre service sur le territoire où il n'y a pas de médecins.
32:16 Mais s'il n'y a pas de services, forcément, il faut des aides financières.
32:19 - Vous avez parlé de la formation initiale, je pense qu'effectivement, là aussi,
32:22 il n'y aura pas de fonds à faire sur la formation initiale.
32:26 Je ne sais pas s'il faut faire 8 ans, 9 ans, 10 ans d'études.
32:30 Ce qu'il faut faire, effectivement, il faut envoyer nos jeunes étudiants à faire des stages pratiques sur le terrain.
32:36 - Donc on forme un médecin en 5 ans, quoi !
32:38 - Au lieu de le former en 10 ans, c'est possible ?
32:40 - Non, c'est pas possible.
32:42 - Ah bah d'accord, on n'a pas besoin, il ne faut pas altérer la qualité...
32:45 L'alpha et l'oméga, c'est la qualité des soins et la sécurité du patient.
32:49 Et tous ceux qui vous disent qu'on va faire des médecins en 3 ans,
32:51 enfin, attention, les gens sont fous.
32:53 Donc, la qualité des soins, qui je vous le rappelle, est déjà altérée,
32:57 parce que vous posez la question, est-ce que l'ASR médicaux crée un problème pour la santé des Français ?
33:02 Oui, oui, aujourd'hui, je vous dis, la surmortalité infantile, j'en parlais tout à l'heure.
33:05 C'est peut-être une des raisons, on va voir.
33:08 - C'est une question de base.
33:10 - Et puis, l'évolution de la société fait que de la santé, il n'y a pas que la santé, il y a la santé et la prévention.
33:15 Comment est-ce qu'on fait de la prévention si on n'a pas de temps de médical ? C'est compliqué aussi.
33:18 - Oui, c'est compliqué, vous avez raison.
33:20 Et moi, je voudrais quand même aborder, encore une fois, parce que je tiens beaucoup à la responsabilité du patient.
33:24 Et je sais que là, je vais me heurter à Gérard Raymond,
33:27 mais quand même, je regarde les chiffres.
33:30 D'après le Conseil National de l'Ordre des Médecins,
33:32 deux heures de consultation perdues par les médecins chaque semaine.
33:35 Parce que les rendez-vous ne sont pas honorés.
33:38 - Alors c'est facile, on va culpabiliser.
33:40 - Il ne s'agit pas de culpabiliser, il s'agit de responsabiliser.
33:43 - Non, non, du tout.
33:45 Si on veut le faire payer, c'est le culpabiliser.
33:48 Donc, non, non, soyons clairs sur ces problèmes.
33:51 - Le service urgence, ce n'est pas le supermarché.
33:53 - Non, non, je suis d'accord avec vous.
33:55 - Quand vous venez à 11h du soir, pour un bouton sur la fesse que vous avez vu depuis trois mois, vous avez envie de dire...
33:59 - Pourquoi les gens vont au surface ? C'est parce qu'ils n'ont pas trouvé leur réponse sur leur territoire.
34:03 - Vous avez raison, ça c'est vrai.
34:05 - Donc comment on organise cette réponse à leur mal, à leurs maux, sur le territoire dont on est ?
34:09 Ça c'est la première des choses.
34:11 Aujourd'hui, et on est tous d'accord là-dessus,
34:13 il faut plusieurs jours pour avoir un rendez-vous chez son médecin traitant.
34:17 Parlons pas du spécialiste ou du soigneux.
34:20 - Oui, d'accord.
34:21 - Donc effectivement, on n'a pas de réponse immédiate.
34:24 - C'est pas une raison pour ne pas honorer le rendez-vous ?
34:26 C'est un problème d'organisation.
34:28 - Moi je suis médecin traitant.
34:30 - Je pense qu'aujourd'hui, avant de culpabiliser le patient qui ne répond pas à son rendez-vous,
34:35 parce qu'il a peut-être trouvé une réponse en attendant...
34:37 - Mais ça ne s'agit pas de culpabiliser !
34:39 - Si, c'est une culpabilisation du patient. On a trouvé une réponse à un mot.
34:43 - Non, non, non, la Belgique a une autre réponse, vous le savez bien.
34:46 La Belgique en paie une partie de la consultation, quand on réserve.
34:50 - Comme à l'hôtel.
34:52 - Ça va être une bonne solution.
34:54 - C'est un principe, qui est un principe du pacte social, qui a été créé en 1945, sur lequel nous devons nous appuyer.
35:00 - Oui, mais peut-être. Mais la solidarité et la répartition, c'est quand même quelque chose d'important pour nous.
35:04 Et la qualité aussi, bien entendu.
35:06 - La solidarité, c'est de faire en sorte que l'argent ne soit pas gâché.
35:08 - Voilà, et l'argent ne doit pas être gâché.
35:10 - Et donc, qu'il y ait une avance, ça, ça me...
35:12 - Bon, on va en parler, c'est parti.
35:14 - Non, nous ne voulons pas absolument que l'on focalise ce problème-là,
35:19 simplement sur les patients qui sont...
35:23 - On peut en parler.
35:25 - On peut en parler, quand même.
35:27 - Personnellement, tous les jours, j'ai au moins une personne qui ne vient pas.
35:29 Et pourtant, elle a eu un rappel de son rendez-vous la veille.
35:31 - Bah, oui.
35:33 - Alors non.
35:35 - Un par jour.
35:37 - C'est l'heure de la pub, 11h47.
35:39 - Sud Radio, parlons vrai, chez Bourdin.
35:42 10h30, midi 30. Jean-Jacques Bourdin.
35:45 - La responsabilité des patients, les rendez-vous non honorés, on en parle,
35:49 avec Gérard Raymond, Philippe Juvin et le Dr Marc Rosenblatt.
35:53 Gérard Raymond, vous n'êtes pas d'accord.
35:55 Alors, les Belges ont instauré un système.
35:59 Quand vous prenez rendez-vous, vous payez une partie de la consultation.
36:04 Pourquoi ne pas instaurer le même système en France ?
36:07 - Bah, tout simplement parce que c'est pas dans notre culture.
36:09 Nous, nous avons fourni un parc social.
36:12 - Ah, bah, ça fait rigoler tout le monde, mais c'est comme ça.
36:14 - Et nous, nous ne voulons pas, effectivement.
36:16 - Le pays est en train de tomber, vous voyez bien.
36:18 - Mais, il nous semble, aujourd'hui, face à ce dysfonctionnement,
36:23 on est tous d'accord là-dessus, de l'offre par rapport à la demande
36:26 sur un territoire donné, que nous avons peut-être aussi des solutions
36:29 à trouver ensemble et de rechercher des nouvelles solutions.
36:32 - Vous seriez d'accord sur cette solution belge ?
36:34 - Oui, bien sûr.
36:35 - Oui, mais on ne va pas commencer par celle-là.
36:37 On va d'abord commencer par mettre en adéquation l'offre par rapport à la demande.
36:41 Ça nous paraît extrêmement important.
36:44 On a aujourd'hui travaillé...
36:46 - Un médecin reçoit l'appel d'un...
36:49 ...d'un... de quelqu'un qu'il ne connaît pas.
36:51 - Comment... d'abord, on va en parler de responsabilité.
36:54 Je pense qu'effectivement, on a tenu beaucoup trop longtemps
36:57 nos concitoyens dans l'ignorance du système de santé.
37:00 Vous avez droit à tout, le système est généreux, il est de qualité,
37:03 donc, tout va très bien.
37:05 Aujourd'hui, il faut peut-être acculturer l'ensemble de nos concitoyens
37:08 que ce système de santé, pour qu'il continue à fonctionner
37:11 sur les valeurs sur lesquelles il a été fondé,
37:14 doit effectivement permettre d'une certaine responsabilité
37:17 de chacun d'entre nous.
37:19 Donc, comment on informe, aujourd'hui,
37:21 les usagers de la santé sur ce fonctionnement ?
37:24 Je trouve qu'il y a une responsabilité, aujourd'hui, de l'assurance maladie,
37:27 il y a une responsabilité des plateformes de prise de rendez-vous,
37:30 il y a une responsabilité des services administratifs...
37:33 - Mais oui, mais d'accord, la responsabilité...
37:35 - Pour faire un bruit.
37:36 - Il y a aussi la responsabilité du patient.
37:38 - Mais il y a la responsabilité du patient.
37:40 - Mais il faut faire des études pour savoir quels étaient les patients.
37:43 - Non, mais écoutez, il n'y a pas d'amélioration.
37:45 - Il y a des plateformes qui les ont faites.
37:47 - Le Conseil de l'Ordre des médecins considère qu'un médecin libéral
37:51 perd deux heures par semaine de temps gâché parce que...
37:54 - Deux heures de consultation.
37:56 - Deux heures de consultation parce que les gens ne sont pas venus.
37:58 Donc, c'est quand même un sujet majeur.
38:00 Comment on finance le système ? On le finance avec l'argent de vos impôts.
38:03 Il n'y a pas d'argent public. L'argent public, ça n'existe pas.
38:05 C'est de l'argent qu'on prend devant la poche de chacun.
38:07 L'argent qu'on prend de ma poche pour payer mes impôts, je veux qu'il serve à quelque chose.
38:10 - De l'utiliser.
38:11 - Et donc, quelqu'un qui n'honore pas son rendez-vous, doit payer.
38:14 Est-ce que vous réservez une chambre d'hôtel et puis vous venez pas,
38:16 et puis ça ne coûte rien ?
38:18 - Non, je suis d'accord.
38:19 - Non, je suis désolé.
38:20 - Recherche les causes de pourquoi il n'a pas honoré son rendez-vous.
38:22 - Il faudrait aller chercher.
38:24 - Il faudrait aller chercher.
38:26 - Mais vous avez raison, le sujet est complexe et il faut plusieurs réponses.
38:30 Toutefois, ça c'est une réponse précise, technique, qu'il faut faire.
38:33 Parce que ça responsabilise les gens.
38:35 Il y a un deuxième élément pour la responsabilité.
38:37 - La solution belge.
38:38 - Mais oui, il faut évidemment la faire.
38:39 Il y a un deuxième élément de responsabilité qu'il faut même avoir en tête,
38:42 c'est l'information.
38:44 Moi je crois beaucoup à la transparence des résultats médicaux sur la qualité des soins.
38:49 Je vous explique.
38:50 La fracture du col du fémur, c'est une fracture qui survient chez les femmes particulièrement âgées.
38:54 C'est une fracture qui s'opère.
38:56 Si vous n'opérez pas la fracture dans les 48 heures après la chute,
38:59 vous avez une surmortalité, une surmorbidité.
39:02 On fait des complications, on meurt plus.
39:03 48 heures donc.
39:05 Moi je suis très favorable à ce que tous les hôpitaux et cliniques de France,
39:08 ça ne coûterait rien au contribuable,
39:09 publient le délai entre la chute et le passage au bloc opératoire,
39:13 et vous apprendriez, monsieur Bourdin, que dans tel hôpital ou tel clinique,
39:16 on opère en 24 heures, et dans tel autre on opère en 5 jours.
39:19 Et bien naturellement, vous n'iriez pas dans celui en 5 jours,
39:21 et naturellement celui qui opère en 5 jours s'améliorerait.
39:26 Parce qu'il se dit "je suis pas bon".
39:28 - On va pas être obligé de n'oublier son moyen, mais pas forcément dans le contrat.
39:31 - Mais là, c'est un problème d'organisation.
39:34 - Nos patients, qu'est-ce qu'ils posent comme question ?
39:37 Est-ce que c'est un bon médecin ? Est-ce que c'est un bon chirurgien ?
39:39 Et donc on doit leur apporter cette réponse.
39:41 - Non, mais dans le milieu où on demande du résultat,
39:44 donc forcément il faut compter à sa manière de se voir.
39:46 Mais tous les médecins d'ailleurs, on souhaite que la personne, quand elle arrive,
39:50 elle ait du résultat par rapport aux soins qu'on va lui apporter.
39:53 - Mais comment faites-vous quand vous avez un patient qui a appelé
39:59 et qui n'honore pas le rendez-vous ?
40:01 - Je le blackliste. Cette personne-là, je ne la recevrai plus jamais.
40:05 - Vous ne la recevrez plus jamais ? - C'est ça.
40:07 - C'est simple. Vous avez raison.
40:09 - Sans explication, bien sûr, il y en a qui appellent en disant "j'ai raté, j'ai raté"
40:13 ou "il y avait un embouteillage, il y avait des choses".
40:15 - Oui, ça peut arriver, évidemment. - On le note.
40:17 - Mais en attendant, il a perdu du temps.
40:19 - En attendant, on ne sait pas quoi faire.
40:21 - J'ai pas dit, certains médecins me disent "ça me permet aussi de décompresser,
40:24 de prendre un peu aussi sur moi".
40:26 - Le temps administratif, vous n'avez pas eu le temps de faire avant.
40:29 - On pourrait vous demander de rapir le monde de la santé.
40:32 - D'accord, alors ça, par contre, ce n'est pas forcément bien rémunéré.
40:35 Nous, ce qu'on souhaite au niveau du syndicat des médecins libéraux,
40:38 c'est que, j'enchaîne, c'est de dire que ce temps administratif,
40:42 pourquoi il ne serait pas rémunéré ?
40:44 Il y a le temps médical qui est remboursé par l'assurance maladie.
40:47 Il va passer, vous le savez, de 25 euros à 25 euros.
40:50 - Alors justement, Florence nous dit, ce n'est pas avec une augmentation d'1,50 euro
40:54 qu'on va créer des vocations.
40:56 - On est d'accord.
40:57 - Pourquoi il n'y aurait pas, en plus,
40:59 - On a augmenté le forfait médecine-traitante.
41:02 - Écoutez la proposition du syndicat des médecins libéraux.
41:05 C'est de dire que ce temps administratif,
41:08 il pourrait très bien être payé par le patient,
41:11 quitte à être peut-être pris en charge par sa complémentaire santé,
41:14 si elle le veut,
41:15 mais qu'il y ait 26,50 euros pris en charge par l'assurance maladie,
41:20 et pourquoi pas 3,50 euros pour tout le travail administratif,
41:23 s'occuper de la feuille de soins électronique,
41:25 s'occuper du dossier médical personnel,
41:27 s'occuper de toute la paperasse qui tourne autour de la consultation,
41:31 et bien il y aurait ce temps-là.
41:33 - Le forfait structure.
41:35 - Ne trouvez-vous pas que le raisonnement,
41:37 et je comprends votre raisonnement,
41:38 mais en réalité il est vicié,
41:39 parce qu'on en est à se dire, il faut qu'on paye le temps administratif.
41:42 Mais le vrai sujet, il est de baisser le temps administratif.
41:45 On est dans un pays qui augmente les charges administratives,
41:47 et qui sont très réelles pour les médecins,
41:50 de manière exponentielle,
41:52 et qui ensuite se dit, ah bah c'est injouable,
41:54 donc on va essayer de payer quelqu'un pour le régler.
41:56 Je propose de diminuer les charges administratives des médecins.
41:59 - Non mais je veux dire que le médecin généraliste me dit ce qu'il fait du forfait structure.
42:02 - Il est très faible en fait.
42:04 - Simplifiez la vie des médecins,
42:06 en simplifiant la vie des médecins,
42:08 vous leur redonnez du temps médical, vous savez.
42:10 - Je leur passe par jour à faire du travail administratif, 2 heures.
42:11 Je consulte 12 heures par jour,
42:12 et j'ai 2 heures de plus d'administratif,
42:14 en voyant, allez, 35 personnes qui seraient dormantes.
42:16 - Je ne suis pas sûr que nos auditeurs connaissent avec
42:18 un forfait structure.
42:20 - C'est pas de l'abattage à 8 minutes.
42:22 - Diminuons le temps administratif,
42:24 et vous gagnerez du temps médical.
42:26 - Bien, merci messieurs.
42:28 On pourrait débattre pendant des heures de ce sujet qui est passionnant,
42:30 évidemment, et qui nous concerne tous.
42:32 Merci d'être venu nous voir, dans tous les cas, tous les 3.
42:34 C'est un plaisir.
42:36 Sur Sud Radio, évidemment, 11h57.

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