Européennes : Les ambitions de Mélenchon pour la NUPES vont-elles la renforcer ou la dissoudre ?

  • l’année dernière
Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Madi Seydi, Olivier Dartigolles et Jean Petaux, politologue

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##LE_GRAND_DEBAT_DES_VRAIES_VOIX-2023-04-26##
Transcript
00:00 Les vraies voix Sud Radio, le grand débat du jour.
00:03 La NUPES continue à avancer, elle continue à être unie.
00:08 La voix du peuple, c'est à la casserole.
00:10 La lutte continue, parce qu'on est au coude à coude dans les rues,
00:14 parce qu'on est au coude à coude à l'Assemblée Nationale.
00:16 On ne va pas, au nom du maximum, refuser le mieux.
00:19 De manière à ce qu'aux prochaines élections européennes,
00:22 eh bien, la NUPES confirme qu'elle existe.
00:24 Car nous allons faire ce qu'il faut, et nous faisons déjà ce qu'il faut
00:27 pour s'occuper de ce qui compte d'abord.
00:30 Il n'y a aucune perspective si nous ne sommes pas dès à présent unis dans le combat
00:34 et préoccupés de ce qui compte maintenant.
00:37 La seule chose qui compte, c'est de rester groupés
00:40 et d'avancer sans cesse et sans cesse et sans cesse vers l'objectif.
00:43 Allez hop, tout le monde est à la casserole.
00:45 Commencez la phase 2 de l'existence de la NUPES,
00:48 c'est ce que souhaite Jean-Luc Mélenchon pour la coalition de parti de la gauche française.
00:52 À ce titre, l'Alliance se réunira la semaine prochaine
00:54 pour entamer des discussions sur la liste commune
00:56 aux élections européennes 2024.
00:58 Écoutez ce qu'il a à dire, justement.
01:00 La NUPES continue à avancer, elle continue à être unie.
01:04 On continue à discuter de manière à ce qu'aux prochaines élections européennes,
01:09 eh bien, la NUPES confirme qu'elle existe
01:11 et qu'elle pourra ensuite passer aux autres étapes.
01:14 Et qu'aux élections européennes, elle puisse arriver en tête
01:17 de toutes les listes, de manière à ce qu'on voit de quel côté le pays veut aller.
01:22 Voilà ce qui est important.
01:24 Des paroles qui se veulent rassurantes, mais on sait que l'Europe divise la gauche depuis longtemps,
01:28 entre d'un côté le parti communiste ou LFI,
01:31 qui sont plutôt, allez, une vision plus souverainiste,
01:34 ou alors carrément, comme Europe Écologie Les Verts,
01:36 voire même le PS, qui sont ouvertement fédéralistes.
01:39 Alors, est-ce qu'on peut marier la carpe et le lapin ?
01:42 Est-ce que pour vous, la NUPES peut se renforcer ?
01:45 Ou est-ce qu'au contraire, ça va la dissoudre ?
01:47 On vous attend dans tous les cas de figure pour réagir au 0826 300 300.
01:52 Et pour le moment, vous pensez à 84% que les européennes,
01:55 les ambitions de Jean-Luc Mélenchon pour les européennes vont dissoudre la NUPES.
01:59 - Et pour en parler avec nous, un spécialiste, Jean Petau, est avec nous, politologue.
02:03 Bonsoir, merci d'être en direct sur Sud Radio.
02:06 - Bonsoir.
02:08 - Bienvenue. En attendant un tour de table avec vous, Philippe Bilger,
02:11 déjà pour commencer, est-ce qu'avec cette question,
02:13 les ambitions de Jean-Luc Mélenchon vont pouvoir renforcer ou dissoudre finalement la NUPES ?
02:18 Vous en pensez quoi ?
02:19 - Je me demande si on met ensemble un certain nombre de raisonnements.
02:25 Le premier, c'est qu'on peut penser aux soucis tactiques de la NUPES
02:31 de rester apparemment unies pour gagner les élections européennes,
02:36 continuer à en dégrader, bien sûr,
02:39 ce qui leur a permis de sauvegarder le Parti Socialiste, par exemple, lors des législatives.
02:45 Le deuxième point, et Philippe l'a dit dans sa présentation,
02:49 est-ce que les divergences entre ces parties qui composent la NUPES sur l'Europe
02:55 ne pèseront pas plus lourd que ce souci d'unité ?
02:58 Et troisième élément, pardon, je termine là-dessus,
03:02 tout ce qui se passe dans la NUPES depuis quelques temps,
03:05 et notamment les ruades toujours efficaces de Fabien Roussel et d'autres peut-être,
03:13 montrent que cette NUPES n'est plus acceptée comme une évidence.
03:18 Qu'est-ce qui l'emportera ? Vraiment, je n'en sais rien,
03:21 et j'attends avec impatience l'avis de notre spécialiste.
03:24 - Olivier Vertigole.
03:25 - D'abord, il faut se rappeler une chose, de quoi la NUPES est-elle le nom ?
03:30 C'est un accord pour les dernières élections législatives,
03:34 et dès le lendemain, avec un résultat significatif.
03:38 Avec ce slogan, vous vous en rappelez, "lisez-moi Premier ministre",
03:44 qui avait été quand même une trouvaille sur le plan politique,
03:47 qui avait fait beaucoup réagir.
03:50 Mais il n'y avait pas eu, lors de l'installation de cette législature,
03:54 contrairement à ce que souhaitait Jean-Luc Mélenchon, un groupe unique.
03:58 Il y a un intergroupe, mais il y a un groupe GDR, communiste,
04:02 un groupe insoumis, un groupe socialiste, un groupe écologiste.
04:06 Pour les élections législatives européennes, il y a à la fois une difficulté,
04:13 je suis d'accord avec ce que tu as dit Philippe,
04:14 à aller vers un ciment idéologique cohérent, ça c'est une évidence.
04:20 Il y a y compris des tensions internes à certains partis sur la stratégie,
04:25 le plus emblématique étant la situation aux partis socialistes.
04:29 Et il y a aussi, j'en termine là, une logique propre à cette élection européenne,
04:35 du fait du mode de scrutin, à ce que les partis veuillent se compter
04:40 pour une campagne dite autonome, et avec un choix concernant
04:44 ceux qui pourraient être élus, directement dans les mains du cercle dirigeant de tous les partis.
04:51 Donc nous verrons ce que l'offre politique de Jean-Luc Mélenchon peut donner ou pas.
04:58 Et il faut aussi ne pas oublier la tension interne aujourd'hui au sein des insoumis,
05:04 que je ne commente pas là, que je ne rappelle pas,
05:06 mais dont tout le monde peut retrouver trace dans les derniers commentaires et travail journalistique.
05:14 - Madi. - Il y a quand même des voix dissonantes qui commencent à se faire entendre.
05:17 Je pense à Gambadélis, qui au PS n'est pas vraiment pour.
05:21 Il y a Pierre Jouvet, qui au contraire serait pour cette alliance.
05:25 Au sein de la NUPES c'est compliqué.
05:27 Idéologiquement, j'ai bien l'impression que tous ces partis qui composent la NUPES
05:32 n'ont pas vraiment ce ciment idéologique.
05:36 Et enfin, quel est le projet ?
05:38 Est-ce que le projet c'est de gagner, ou auquel cas ils y vont ensemble ?
05:41 Moi je n'y crois pas vraiment.
05:43 Ou le projet c'est de porter un vrai projet européen
05:45 et là il y a un vrai problème idéologique pour que ça se passe.
05:48 Moi je reste sceptique sur le projet de la NUPES pour les européennes.
05:54 - Jean Poteau, est-ce que finalement Jean-Luc Mélenchon ne devait pas étouffer un petit peu tout le monde
05:59 pour rester leader et finalement prendre tout sous sa coupe à lui ?
06:05 Il coupait les têtes en fait.
06:07 - Bonjour, bonsoir Cécile.
06:10 Vous connaissez la phrase de Bismarck,
06:12 "Quand on est trois, il faut toujours être dans les deux premiers."
06:15 Jean-Luc Mélenchon, il élargit le domaine de la lutte si je puis dire.
06:21 Quand on est quatre, il faut toujours être le seul premier, tout simplement.
06:25 Et donc c'est ce que mes prédécesseurs ont fort bien précisé et posé,
06:33 j'allais dire en termes de situation, d'état des lieux,
06:37 on voit que Jean-Luc Mélenchon veut faire de ses prochaines élections européennes
06:43 un tremplin supplémentaire pour le positionner comme leader incontesté
06:47 de l'opposition de gauche au gouvernement actuel.
06:51 Alors évidemment ça se passe, j'allais dire, de manière un peu compliquée avec les partenaires,
06:56 d'autant que les dernières européennes,
06:58 et c'est intéressant de regarder un peu dans le rétroviseur si je puis dire,
07:01 les dernières européennes ont fait que dans cette coalition de la NUPES,
07:06 de la configuration NUPES, donc encore une fois Olivier Dardigoelle l'a fort bien rappelé,
07:10 c'est une coalition électorale qui est née entre la présidentielle et les législatives de 2022,
07:17 dans la configuration NUPES, ce n'est pas LFI qui est en tête,
07:21 c'est Europe Écologie Les Verts, je le rappelle, qui fait près de 13,5% des suffrages exprimés.
07:27 Pour faire court, on va dire qu'un français sur deux inscrit en 2019,
07:31 ce qui était d'ailleurs une remontée de 5 points, a voté aux européennes de 2019.
07:36 Donc Europe Écologie Les Verts obtient 13 sièges et obtient 13,5% des voix.
07:42 En deuxième effectivement c'est LFI, avec 6,31% des suffrages exprimés, 6 sièges,
07:49 et puis ce conglomérat PS-Gluxman, vous savez,
07:54 ça s'appelle Envie d'Europe écologique et sociale, avec place publique,
08:00 c'est Gluxman qui était la tête de liste, ça avait fait d'ailleurs du bruit au sein du PS
08:04 de laisser la tête de liste, c'était la première fois que ça arrivait à un non-socialiste,
08:09 6 sièges aussi, un petit peu moins que LFI, mais pas beaucoup moins, 6,19 au lieu de 6,31.
08:15 Et puis la liste du parti communiste, enfin avec ses alliés,
08:19 qui obtient 2,49% des suffrages exprimés, 0 voix.
08:25 Alors là Mélenchon a un argument à faire valoir, il dit quand on additionne ces 4 listes,
08:31 on arrive à 28,47% des suffrages exprimés, c'est-à-dire pratiquement 3 points de plus que,
08:39 pardon, 5 points de plus, avons 5 points de plus que les vainqueurs de courte tête,
08:46 c'est-à-dire le Rassemblement National avec cette liste soutenue par Marine Le Pen.
08:53 Et juste un petit peu au-dessus de Rignoud, de Renaissance,
08:56 avec l'Alliance, la République en Marche, le MoDem.
08:59 Donc Mélenchon dit, unissons-nous, continuons, voyez bien qu'on peut sortir en tête des européennes.
09:05 Sauf que la politique ça ne fonctionne pas comme ça,
09:08 c'est pas l'addition parfois des contraires, ou si ce n'est des contraires,
09:13 du moins des approches un peu différentes.
09:15 Une addition peut parfois se traduire par une formidable sous-tradition en politique.
09:19 Et ça, il faut bien l'entendre, et je crois que, mais Olivier D'Artigolle l'a fort bien dit,
09:24 je crois que... - Ah bon ?
09:27 - Non, non, mais on est un peu dans une dimension fractale.
09:30 Il y a des dissensions à l'intérieur de la NUPES,
09:32 il y a des tensions à l'intérieur des composantes de la NUPES,
09:36 Mathilde a également indiqué.
09:38 Et puis, Philippe Bilger dit, finalement, au bout du compte,
09:42 c'est aussi la personnalité de Mélenchon, il faut bien le dire,
09:45 qui pose quand même quelques problèmes comme leader massimo de cette coalition.
09:49 - Vous voulez réagir ? Vous êtes électeur de la NUPES,
09:53 vous voulez une liste unique, vous voulez des listes séparées ?
09:55 Venez nous le dire au 0826 300 300.
09:57 - J'ai une réflexion à poser à tout le monde.
09:59 Il y a quelques temps, on a entendu Jean-Luc Mélenchon dire de François Ruffin "il est prêt".
10:04 En fait, il est prêt à quoi ?
10:06 - Justement, Cécile, si vous le permettez, je voulais poser une question à Jean Poteau là-dessus.
10:12 Est-ce qu'à votre avis, la stratégie que Jean-Luc Mélenchon paraît vouloir mettre en œuvre pour les européennes
10:21 n'a pas également des visées à l'échéance présidentielle,
10:25 notamment, comme le dit Cécile, dans le conflit ou dans l'adoubement apparent
10:31 qu'il semble avoir donné à François Ruffin ?
10:33 Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose de totalement interne à LSI dans ce qui se prévoit là ?
10:41 - Vous savez, qu'elle est la… Philippe, vous êtes un homme de grande culture,
10:44 qu'elle est la déesse de la politique, c'est Métis, l'intelligence rusée.
10:49 Bon, alors, il y a évidemment de la ruse chez Jean-Luc Mélenchon
10:54 et ça fait partie, j'allais dire, du jeu, c'est normal.
10:57 Je ne sais pas si vous vous souvenez, la légende dit que lorsqu'on a trouvé le pauvre Jean-Paul Ier,
11:04 ce pape de très courte vie, 33 jours, décédé mort dans son lit,
11:10 il était, c'est-à-dire, en train de lire un livre qui s'appelait "L'Imitation de Jésus-Christ",
11:15 bon, un grand classique de la théologie vaticane.
11:20 Alors, je souhaite une très longue vie à Jean-Luc Mélenchon, évidemment,
11:24 c'est tout le bonheur que je peux lui souhaiter,
11:26 mais je me demande si on ne le trouvera pas, le jour fatal,
11:30 en train de lire un livre qui s'appellerait "L'Imitation de François Mitterrand",
11:33 "Toutes choses égales par ailleurs", parce que c'est véritablement son modèle absolu,
11:37 c'est-à-dire qu'en fait, ce côté qui consiste, et Cécile l'a dit,
11:43 de trouver par exemple, ou de pousser en avant un éventuel successeur putatif,
11:49 de jouer sur ce côté "celui-là, je l'adoube, sachant que faisant cela,
11:55 je crée aussi des jalousies à l'intérieur de mon premier, deuxième cercle", etc.,
11:59 tout ça, c'est de la pratique politique assez classique, assez traditionnelle, si je puis dire,
12:06 et Jean-Luc Mélenchon est de cette culture-là.
12:11 Donc c'est clair qu'il ne se prête pas, bien sûr, pour l'échéance future de 2027,
12:17 et j'allais dire, la jurisprudence Biden ne peut que l'encourager !
12:20 [Rires]
12:22 - 0826-300-300, Fabrice, notre vraie voix auditeur est avec nous.
12:28 Une réflexion justement sur Jean-Luc Mélenchon ?
12:30 - Écoutez, moi je pense que de toute façon, c'est toujours lui qui tire les ficelles,
12:36 c'est un petit peu aussi l'alliance, comme le disait Philippe, de la carpe et du lapin,
12:41 ça fait trop de disparités, je ne pense pas en plus que les élections européennes passionnent les Français,
12:47 donc je ne pense pas que les Français vont se déplacer en masse pour aller voter,
12:53 et tout le monde est un peu déçu, enfin les classes moyennes comme moi,
12:56 on est beaucoup déçus de la MUPES en fait.
12:58 - Oui, oui, Olivier D'Artigolle, quand on sait que,
13:02 enfin là on a l'impression qu'on enjambe presque le 1er mai,
13:05 on parle déjà des européennes, ça veut dire que Jean-Luc Mélenchon est déjà parti,
13:09 pour lui les retraites c'est fini.
13:10 - Je rejoins l'analyse de Jean Poto, j'en profite pour saluer l'ensemble des étudiants de Bordeaux,
13:17 qui ont quelques souvenirs, l'école Bordelaise en sciences politiques est une très belle école.
13:23 Mais j'ai une anecdote dans une autre vie, j'étais dans une équipe de campagne aux côtés de Jean-Luc Mélenchon,
13:29 j'étais co-directeur de la campagne en 2012, avec François Delapierre, j'évoque son souvenir.
13:36 Et un jour Jean-Luc Mélenchon qui faisait souvent référence à François Mitterrand,
13:42 qu'il appelait "le vieux", nous a dit "mais le vieux a toujours dit que j'étais le meilleur de ma génération".
13:48 Sur quoi je lui avais répondu "mais il faudrait savoir à combien de personnes François Mitterrand a dit ça".
13:52 Mais ce qui est certain, c'est que Jean-Luc Mélenchon est un animal politique hors catégorie,
14:01 il sait très bien qu'il connaît l'odeur du sang,
14:06 et il sait très bien que pour survivre en politique, il faut être dans le coup d'après, très tôt.
14:14 Avoir une capacité d'anticipation et de mettre un récit en place.
14:20 C'est ce qu'il a commencé à faire avec l'opération Ruffin,
14:23 qui est d'après moi le baiser de la mort vu le timing de cette annonce.
14:29 Et il est évident que concernant la stratégie des européennes,
14:34 il souhaite garder le magistère de la construction politique.
14:38 Mais pour la première fois, il me semble que les astres ne sont peut-être pas alignés
14:45 comme ils ont pu l'être dans d'autres moments politiques.
14:48 Mais attention, un animal blessé, André Labarère disait en politique "il faut tuer, il ne faut pas blesser",
14:55 un animal politique qui se sent blessé peut faire preuve d'une capacité de réaction qui peut nous surprendre.
15:02 Je ne dis pas aujourd'hui que Jean-Luc Mélenchon est définitivement sorti de la course de 2027, loin s'en faut.
15:11 - Jean Petaud, pour reprendre ce qu'a dit Olivier Dartigolles et Fabrice, notre auditeur,
15:14 Fabrice dit "la puce nupes ne parle pas aux classes moyennes et aux classes populaires".
15:18 Est-ce que ce n'est pas ça aujourd'hui la principale faiblesse de la gauche ?
15:21 Les territoires populaires, aujourd'hui, ils votent Rassemblement National, ils ne votent plus à gauche.
15:25 - Et ils s'abstiennent. - Oui, ils s'abstiennent.
15:27 - Oui, oui, je manifestais par un petit geste, juste là, pour réagir aux propos de notre auditeur.
15:35 Je ne suis pas sûr que l'abstention, par contre, soit catastrophique pour les européennes.
15:42 Pourquoi ? Parce que ce sera la première occasion de s'exprimer dans l'urne,
15:46 après toute cette séquence qu'on est en train de vivre,
15:50 et dont on peut se dire d'ailleurs que politiquement, rien ne nous dit si elle sera véritablement achevée,
15:56 même dans un an. Donc méfions-nous sur les pronostics de l'abstention.
16:01 Mais pour répondre à votre remarque, Philippe, oui, en réalité, clairement,
16:07 une partie des classes moyennes et surtout des classes populaires, c'est le Rassemblement National,
16:11 qui s'exprime. Alors, je ne vais pas dire au nom des classes populaires,
16:17 c'est là qu'il faut être très précis dans les vocabulaires. En tous les cas,
16:21 qui tient un discours qui peut résonner aux oreilles de l'électorat populaire
16:27 et des classes moyennes qui s'estiment. Toutes les études le montrent, en particulier
16:30 les travaux passionnants de mon ami Jérôme Fourquet,
16:33 montrent que les classes moyennes vivent un sentiment de déclassement aujourd'hui.
16:36 Et donc, quelque part, l'ERN a une réponse politique.
16:39 En fait, je devrais dire, pour être précis, plutôt une réponse silencieuse,
16:42 une non-réponse, parce que la caractéristique quand même du ERN depuis juin 22,
16:47 c'est quand même de ne rien dire, d'être extrêmement, j'allais dire,
16:53 dans un état d'attente plutôt intelligent, politiquement parlant.
16:58 Olivier a eu la gentillesse de faire référence à mes...
17:02 à mon passé bordelaire, enfin ma carrière bordelaise, je suis à la retraite maintenant,
17:06 de Sciences Po Bordeaux, puisqu'il a cité André Labarère dans cette phrase tout à fait passionnante,
17:11 c'est le paloua d'Artigolles qui le témoignait.
17:14 André Labarère disait aussi "les dauphins à vocation à s'échouer,
17:17 à venir s'échouer et mourir sur les plages".
17:20 (rires)
17:21 - À l'époque en direction de sa première adjointe d'ailleurs.
17:24 - Voilà, exactement.
17:25 - Un mot, Madi, est-ce que pour vous la lupesse,
17:29 ça peut encore faire revenir les classes populaires vers elle, par exemple ?
17:32 - Vraiment, je ne sais pas, c'est compliqué.
17:34 Je sais qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de gens des classes populaires
17:37 qui honnêtement jamais n'auraient osé dire publiquement
17:41 qu'ils voteraient RN, ben ils le disent sans aucune gêne.
17:45 Je pense notamment aux gens qui sont d'origine immigrée.
17:48 Moi j'en vois de plus en plus qui me disent "on a tout testé"
17:51 et aujourd'hui c'est les seuls dont on ne connaît pas le programme,
17:54 en l'occurrence c'est ça qui est impressionnant,
17:55 c'est de se dire "comme on ne les a jamais eus, peut-être qu'eux peuvent nous apporter une réponse".
18:00 Donc je ne sais pas, il faut peut-être que la lupesse,
18:03 depuis qu'elle est en tout cas aux manettes depuis 2022,
18:05 je trouve qu'elle s'est un petit peu mise en retrait de son discours pour lequel elle a été élue.
18:10 Elle est beaucoup dans le folklore, elle est beaucoup dans le tapage,
18:13 et moins auprès des populations qui lui ont fait confiance en 1997.
18:17 - Et 25% des professeurs qui votent Rassemblement National,
18:21 c'est quasiment un séisme dans le monde démocratique français.
18:25 - C'est inédit.
18:26 - Avec en effet une habileté concernant le groupe RN à l'Assemblée Nationale,
18:30 qui quand même, de la motion de rejet jusqu'au 49.3, a plutôt été très discret,
18:37 très en retrait dans cette grande séquence parlementaire concernant les retraites.
18:42 Mais je viens d'une ville assez tempérée sur le plan politique, Pau,
18:46 et je m'aperçois qu'il y a en effet des personnes aujourd'hui qui revendiquent un vote RN,
18:51 non pas un vote défouloir j'ai envie de dire,
18:54 un vote d'insurrection pour dire "bon ben on va se saisir de ce bulletin
18:58 pour exprimer que nous ne sommes pas d'accord",
19:00 mais aussi un vote d'adhésion à des idées portées par le Front National,
19:05 qui aussi parle, c'est le cas aujourd'hui dans la réaction de Marine Le Pen
19:09 au discours d'Elisabeth Borne, de la question sociale et démocratique.
19:12 - Ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup Jean Petau d'avoir été avec nous, politologue.
19:15 - Merci à vous et bonne soirée.
19:17 - Merci, on est obligés de vous laisser parce que là il y a une échéance importante,
19:20 c'est le Kikadicho.
19:22 - Le twist de l'actu. Allez bienvenue, on reste ensemble jusqu'à 19h, on fait une petite pause.

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