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Mercredi 3 mai 2023, SMART IMPACT reçoit Charles Gaël Chaloyard (Directeur Général, Tout Faire) et Hervé de Maistre (Président, Valobat)

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00:00 (Générique)
00:05 -Le débat de Smart Impact.
00:07 Je vous présente mes invités.
00:09 Hervé Demestre, bonjour.
00:10 Vous êtes le président de Valobat.
00:13 Charles Gaël Chaloyard, bonjour.
00:15 Vous êtes le directeur général de Tout Faire.
00:17 Petite question de présentation.
00:19 Valobat, c'est quoi ?
00:21 -C'est un éco-organisme.
00:22 Ca veut dire une société privée à but non lucratif
00:25 dont la raison sociale,
00:27 c'est de favoriser l'économie circulaire dans le bâtiment.
00:31 -Et qui regroupe combien d'intervenants,
00:33 combien d'entreprises ?
00:35 Comment ça marche ?
00:36 -Valobat est créé et gouverné par 50 actionnaires,
00:40 dont Tout Faire.
00:41 Merci, Tout Faire.
00:42 Aujourd'hui, compte près de 3 000 adhérents.
00:46 Ce sont des entreprises qui délèguent
00:48 leur responsabilité de gestion des déchets
00:51 à cet éco-organisme.
00:52 -Quand on parle d'un éco-organisme,
00:54 c'est un agrément de l'Etat ?
00:56 -Exactement. Vous avez raison.
00:58 Un éco-organisme, pour pouvoir opérer
01:00 sur une filière de responsabilité large du producteur,
01:04 dépose et obtient un agrément de l'Etat
01:06 pour gérer les déchets et la responsabilité des producteurs.
01:10 -Vous allez nous raconter l'un et l'autre,
01:13 ce que change et pourquoi ce partenariat est important.
01:16 Je vois bien que vous nous présentiez Tout Faire,
01:19 groupement de négociations indépendants.
01:22 Votre spécialité, c'est les matériaux de construction ?
01:26 -On a 450 points de vente en France et en Belgique.
01:28 Donc, on fait de tout, du sol jusqu'aux finitions.
01:33 -Ca existe depuis combien de temps ?
01:36 -Ca fait 35 ans.
01:37 -35 ans. Combien d'adhérents ?
01:39 Vous nous avez parlé des points de vente.
01:41 C'est quoi, la lueur ? -Au moins 300 adhérents.
01:44 C'est un réseau, comme vous l'avez dit, d'indépendants.
01:48 On est sous le commerce associé.
01:50 Tout ça appartient à chacun des adhérents.
01:54 -Vous nous présentez ce partenariat
01:56 entre vos deux entreprises. Il consiste en quoi ?
01:59 Je commence avec vous, Charles-Gael Chaloyat.
02:02 -Face à ce nouvel enjeu de la REP,
02:06 on a choisi... Il y avait plusieurs éco-organismes.
02:09 On est allé vers celui du bâtiment.
02:11 C'est une filière qui s'est constituée pour le bâtiment.
02:14 C'était logique qu'on aille avec cet acteur-là
02:17 pour nous accompagner à mettre en place ça dans nos magasins.
02:20 C'est un enjeu très lourd.
02:22 On avait besoin d'un partenaire solide.
02:25 C'est pour ça qu'on s'est tourné vers Valobat.
02:27 -Vous êtes en concurrence avec d'autres éco-organismes ?
02:31 Comment ça se passe ? On comprend qu'il y a eu un choix.
02:35 -Oui, vous avez raison.
02:36 Les filières REP permettent la concurrence.
02:39 Il peut y avoir plusieurs éco-organismes
02:41 sur une filière. C'est le cas pour la filière du bâtiment.
02:45 Il y a quatre éco-organismes,
02:47 trois qui ont demandé, obtenu des agréments
02:49 pour une partie des produits.
02:51 Certains pour la catégorie 1,
02:53 qui sont les matériaux inertes, béton, granulat, etc.
02:58 Et certains uniquement pour la catégorie 2,
03:00 qui sont tous les autres matériaux,
03:02 plutôt le second oeuvre, on va dire.
03:05 Valobat est le seul éco-organisme qui a souhaité,
03:08 qui a obtenu l'agrément sur les deux catégories
03:11 et qui se veut représentatif de l'ensemble de la filière.
03:14 -Pourquoi c'est un partenariat,
03:16 le fait d'avoir de nouveaux actionnaires,
03:19 de nouvelles entreprises, de nouveaux groupements ?
03:21 Qu'est-ce que ça change ?
03:23 -C'était très important pour Valobat, depuis le début,
03:26 de créer un éco-organisme qui soit représentatif
03:29 de toute la diversité du monde du bâtiment.
03:32 Quand on parle de recyclage des matériaux dans le bâtiment,
03:35 parce que la finalité, c'est d'améliorer
03:38 le recyclage des matériaux,
03:40 on parle de choses qui sont extrêmement variées,
03:43 depuis des tuiles jusqu'à du verre,
03:45 passant par des équipements électriques,
03:48 donc des choses très diverses.
03:50 Et quand on regarde la réalité des acteurs du bâtiment,
03:53 on parle de gens qui sont extrêmement divers également,
03:57 des petites entreprises, familiales, locales,
03:59 des réseaux de distribution qui peuvent être
04:02 des grands réseaux à échelle nationale
04:04 et des indépendants plus locaux.
04:07 Et donc, nous, ce qu'on a souhaité chez Valobat,
04:10 c'est avoir dans notre actionnariat,
04:13 c'est-à-dire nos 50 actionnaires aujourd'hui,
04:16 une vraie représentativité de cette diversité,
04:18 ce qu'on a réussi.
04:20 Et c'est vrai que tout faire dans ce paysage,
04:22 tout faire à une personnalité,
04:24 une utilité au sein de Valobat qui est toute particulière,
04:28 c'est un réseau qui est présent sur l'ensemble du territoire,
04:32 c'est une relation de proximité,
04:34 un très fort ancrage régional,
04:36 et ça, c'est très important pour la reprise des matériaux.
04:39 On y viendra tout à l'heure, je pense.
04:41 Et puis, voilà, et tout faire,
04:44 ce sont des distributeurs,
04:45 et les distributeurs, c'est ceux qui peuvent apporter,
04:49 notamment un service de proximité à leurs artisans,
04:52 à leurs clients, en termes de reprise du déchet,
04:55 puis également en termes de conseil
04:57 sur la manière de bien gérer l'économie circulaire.
05:00 -Quand vous avez vu Charles Gael, Charles Oyer,
05:03 apparaître la REP, la responsabilité des producteurs,
05:06 vous vous dites encore un règlement, une galère,
05:09 une opportunité ? J'imagine les trois,
05:11 mais il a fallu un peu de temps avant de se dire
05:14 que c'est une opportunité ? -Bien sûr.
05:16 Dans tous les changements, c'est de se dire
05:19 de quelle manière on va le prendre,
05:21 et quel impact ça va avoir sur nos magasins.
05:24 Et comment on va entraîner, embarquer ces 4000 personnes
05:27 dans le groupement Tout Faire,
05:29 à être des bons acteurs et répondre à la réglementation.
05:32 Vous avez raison, par ces phases-là.
05:34 On a vraiment voulu le prendre comme une opportunité,
05:38 parce que c'est la meilleure manière de se dire
05:41 qu'on peut être un acteur de cette transformation,
05:43 avec tous les enjeux autour de l'environnement.
05:46 Et puis, on s'est accompagnés,
05:48 ça fait deux ans qu'on travaille de manière intense là-dessus,
05:52 avec plein de formations, des ateliers, des tests,
05:55 et avec Valobat, qui nous a accompagnés
05:57 tout au long de cette partie-là.
05:59 Et puis là, on arrive dans le dur, ça démarre ce matin,
06:02 concrètement sur deux phases.
06:04 La première, qui est la mise aux normes
06:07 de l'ensemble des tarifs,
06:08 qui était une partie extrêmement importante,
06:11 parce que tout ce calcul de la responsabilité
06:14 élargie du producteur,
06:15 elle est différente matériau par matériau.
06:18 Il a fallu intégrer la tuile, sa unité,
06:20 certains, c'est au volume, certains, au tonne,
06:23 dans l'ensemble des tarifs.
06:25 Imaginez, quand on construit une maison,
06:27 le nombre d'articles différents.
06:29 Donc ça, c'était la première phase.
06:31 Et la seconde phase, qui démarre aussi aujourd'hui,
06:34 qui est la collecte,
06:36 qui entraîne, évidemment,
06:38 beaucoup de difficultés sur le terrain.
06:41 -C'est quoi ?
06:42 C'est des habitudes à changer ?
06:44 C'est clairement une organisation à mettre en place ?
06:47 -C'est évidemment une organisation,
06:49 une formation, parce qu'on doit récolter
06:52 des déchets qui sont triés.
06:54 L'opérateur doit savoir
06:55 qu'est-ce qu'on met dans tel et tel type de baine.
06:58 C'est une partie formation très forte.
07:00 On parlait de tarifs, c'était former le personnel
07:03 à bien répartir ses éléments, bien facturer,
07:06 savoir ce qui se passe.
07:07 Il y a plein de cas particuliers.
07:09 C'est un nouveau métier pour nous.
07:11 Et il y a aussi, en termes de structure,
07:14 de point de vente.
07:15 Une collecte, 7 déchets,
07:17 qui va être à peu près la norme
07:19 pour récupérer ces déchets.
07:22 -7 familles différentes, c'est ce que vous dites.
07:25 -Exactement, vous avez tout à fait compris.
07:27 Ca, ça représente, en gros,
07:29 entre 500 et 700 m2 sur le parc de nos adhérents.
07:32 C'est pas neutre du tout.
07:33 Avant, il y avait des linéaires.
07:36 -Il faut trouver de la place.
07:37 -Il faut permettre aux camions de tourner.
07:40 Il y a des enjeux de sécurité,
07:42 parce qu'il y a des personnes qui passent là.
07:44 Tous ces enjeux-là ont demandé
07:46 deux ans de travail assez fort.
07:49 Et puis, ça va pas démarrer juste aujourd'hui.
07:52 -Ca va prendre un peu de temps.
07:54 Hervé Demestre, on parle souvent de la filière REP,
07:57 sauf que là, c'est vraiment les filières REP
08:00 quand on parle du bâtiment.
08:02 C'est presque une filière spécifique
08:04 pour chaque type de matériaux.
08:06 -Vous avez tout à fait raison.
08:08 Quand on parle de la problématique
08:10 de recyclage du bois,
08:11 de la problématique du recyclage des inertes,
08:14 celle du verre, celle du plâtre,
08:17 ce sont des filières qui n'ont rien à voir les unes avec les autres
08:21 parce qu'elles diffèrent de par les exutoires possibles.
08:25 Le plâtre, c'est dans des usines de plâtre.
08:28 Le verre, c'est dans des usines de verre.
08:30 Le bois, ça peut être la valorisation énergétique
08:34 ou la valorisation en tant que recyclage
08:36 dans des panneaux de particules.
08:38 Autant de filières, autant de logiques différentes.
08:42 C'est toute une logistique,
08:44 toute une gestion du déchet à mettre en oeuvre
08:47 qui est adaptée à chacun des matériaux.
08:49 -Avez-vous certaines de ces filières
08:51 qui étaient plus avancées que d'autres ?
08:54 Ou peut-être plus faciles à mettre en oeuvre ?
08:56 -Il y en a, quand on regarde les performances,
08:59 le taux de recyclage, le taux de valorisation,
09:02 c'est un peu supérieur aux autres.
09:04 L'exemple emblématique, c'est le métal.
09:06 Le métal, c'est plutôt 95 % de recyclage.
09:10 C'est du déchet qui a de la valeur.
09:12 C'est une filière qui marche toute seule,
09:14 j'allais dire, économiquement.
09:16 Et puis, on a l'inverse, qui sont beaucoup moins valorisés.
09:20 C'est plutôt le second oeuvre, pour plein de raisons.
09:23 Le tri à la source n'est pas effectué,
09:25 donc c'est du mélange.
09:26 C'est très difficile d'aller "sortir" le déchet dans les filières.
09:30 Soit l'exutoire est compliqué techniquement,
09:33 économiquement, à mettre en oeuvre,
09:35 soit même, il n'existe pas réellement.
09:37 -Quand on dit "l'exutoire", c'est quoi ?
09:40 -L'exutoire, c'est... -C'est pas grave.
09:42 -C'est ce qui va permettre la valorisation du déchet.
09:45 -D'accord. Vous, ça veut dire que vos clients,
09:48 il y a une demande de matériaux recyclés,
09:53 elle existait déjà,
09:54 c'est vous qui allez la créer avec cette filière ?
09:57 Comment ça se passe, en fait ?
09:59 -L'idée, effectivement, c'est le meilleur moyen,
10:02 le meilleur exutoire, c'est le recyclage,
10:05 permettre le réemploi de matériaux.
10:07 Elle est en montée en puissance.
10:10 Ca fait longtemps que l'industrie du bâtiment a adapté
10:13 et a mis des éléments de recyclage,
10:15 mais ça ne fait que croître.
10:17 Ca se voit sur les chiffres, on a des brochures dédiées,
10:20 des offres produits dédiées sur les produits recyclés.
10:23 On a une très forte croissance, en tout cas,
10:26 une plus grande croissance,
10:28 de la part des pros et des particuliers,
10:30 que les autres types de produits.
10:32 -On a vu, depuis 2-3 ans,
10:35 qu'il y avait quand même des difficultés
10:37 sur certains matériaux, des tensions sur l'approvisionnement.
10:41 C'est aussi une forme de réponse où...
10:43 Je peux poser la question différemment.
10:45 Je ne sais pas si vous en êtes sorti,
10:47 ou s'il y a encore de la tension sur certains matériaux,
10:51 mais c'est un accélérateur pour la transition
10:53 vers la réutilisation et le recyclage ?
10:56 -Oui, ça permet d'accélérer des processus.
10:59 On a vu apparaître aussi des processus alternatifs.
11:02 On parlait beaucoup des coûts de l'énergie,
11:04 extrêmement forts, avec le gaz,
11:06 et on a beaucoup de produits chauffés,
11:08 dans le bâtiment, la terre cuite, l'isolant, etc.
11:11 On a vu apparaître des nouveaux types d'isolants,
11:14 comme le chanvre, notamment,
11:15 qui n'avait pas besoin de passer en cuisson,
11:18 et des blocs chanvre, on a vu un nombre de maisons accélérées,
11:22 justement parce qu'on s'affranchissait
11:24 de ce mode de production.
11:26 -La France est un des pays d'Europe qui produit le plus de chanvre.
11:29 Dernière question, une question d'actualité,
11:32 quand vous entendez le président annoncer
11:34 la rénovation thermique des établissements scolaires,
11:38 vous vous dites "chouette" ou "on va y arriver ?"
11:40 -Moi, je me dis "chouette"
11:42 parce que la rénovation thermique,
11:44 de manière générale, que ce soit des établissements scolaires
11:48 ou de tous les bâtiments, c'est un enjeu essentiel
11:50 en termes de bilan carbone.
11:52 Et je me dis, pour revenir au sujet de ce matin,
11:55 que c'est une activité, comme d'autres,
11:57 qui se prête tout particulièrement au réemploi.
12:01 On peut, dans des chantiers de rénovation énergétique,
12:04 comme d'autres, réutiliser des produits ou des matériaux
12:07 sans qu'ils deviennent des déchets, en tant que tels,
12:10 et on peut, comme ça a été illustré à l'instant,
12:13 on peut fabriquer des constituants
12:16 de ces chantiers de rénovation énergétique
12:19 à partir de matières premières issues de déchets,
12:22 et non pas simplement selon les méthodes
12:24 les plus pratiquées dans le bâtiment depuis quelques années,
12:28 de l'extraction, etc. Donc je dis "chouette".
12:30 -Merci beaucoup. Merci à tous les deux.
12:33 Sur Bismarck, on passe à notre rubrique consacrée aux startups.

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