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Emmanuel Macron était en déplacement ce 4 mars dans un lycée professionnel de Saintes (17) pour annoncer un grand plan pour l'apprentissage. Mais s'attaquera-t-on à la racine du problème ?

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Transcription
00:00 [Générique]
00:04 Emmanuel Macron, en déplacement à Sint, en Charente-Maritime,
00:08 a annoncé un plan pour le lycée professionnel.
00:12 Alors, l'intention est louable.
00:14 On peut même se réjouir de la réapparition d'un secrétariat d'État à l'enseignement professionnel,
00:20 ce qui n'avait pas existé depuis Jean-Luc Mélenchon, il y a 20 ans.
00:25 De fait, le sujet est souvent maltraité, abandonné, ça n'intéresse pas les politiques.
00:31 Et pourtant, le sujet est crucial.
00:34 Et au moins, est-ce l'hommage que le vice rend à la vertu ? On n'en sait rien.
00:40 Mais Emmanuel Macron semble s'y intéresser,
00:43 puisque après la réforme lancée par Jean-Michel Blanquer,
00:46 c'est donc un nouveau plan pour le lycée professionnel,
00:50 dont évidemment, les médias retiendront essentiellement la rémunération pour les stages des lycéens.
00:58 Sauf qu'en fait, cette rémunération, qui est certes une gratification symbolique,
01:03 qui sera intéressante pour les lycéens, ça n'est qu'une petite partie du problème.
01:08 Et la question est de savoir si on va, une fois de plus, en rester à l'écume.
01:13 L'enjeu, il est simple.
01:15 La France a besoin de produire.
01:18 La France a besoin de jeunes gens qui rentrent sur le marché de l'emploi plus tôt,
01:24 parce que l'allongement progressif des études pour des diplômes totalement vides de contenu
01:30 a créé un décalage par rapport notamment à nos voisins allemands,
01:35 qui, on le sait, depuis des années, mettent en place des politiques
01:38 qui favorisent l'enseignement professionnel et l'apprentissage,
01:42 ce qui n'est pas sans lien avec le maintien d'une industrie forte.
01:46 Donc, revenir sur ce terrain-là, mettre les jeunes gens dans les entreprises,
01:53 autant qu'évidemment dans les enseignements scolaires dont ils ont besoin, c'est un enjeu majeur.
02:01 Mais depuis des années, on en reste là, à ce débat.
02:04 Plus d'heures en entreprise, plus d'heures d'enseignement classique, français, mathématique,
02:12 comme si le vrai problème était là.
02:13 Si l'école jouait son rôle, les lycéens professionnels auraient des bases
02:21 pour les enseignements et les formations premières,
02:25 lire, écrire, compter, calculer, connaître l'histoire, qui seraient suffisantes.
02:31 Ce n'est pas le cas, et ça, c'est le problème de l'école primaire et du collège.
02:35 Le problème de l'enseignement professionnel, c'est avant tout un problème d'image,
02:40 un problème de vision entretenue de ce qu'est l'enseignement pro,
02:46 de ce que sont les filières courtes et de la façon dont il faut s'orienter.
02:52 Pour le dire simplement, depuis des décennies, on entretient l'idée que l'industrie, c'est sale,
02:58 que l'industrie, c'est dégradant, et qu'un monde idéal, ce serait un monde
03:02 où tous les jeunes, et en particulier les jeunes de milieux défavorisés,
03:07 iraient faire des études longues qui les amèneraient à travailler dans un bureau, devant un ordinateur.
03:13 Et c'est pour ça qu'en enseignement professionnel, les filières les plus courues
03:18 sont les filières tertiaires qui sont justement celles qui ne permettent pas
03:22 une insertion professionnelle correcte, alors même qu'on manque de chaudronnier, de soudeur.
03:28 Un pays comme la France, qui envisage notamment de remettre en avant sa filière nucléaire,
03:34 a besoin de soudeur, de chaudronnier.
03:38 Les enseignements industriels, les filières industrielles, sont celles qu'il faut remplir,
03:44 et pour cela, il faut les revaloriser.
03:46 C'est un travail de longue haleine auprès des familles, auprès des professeurs aussi,
03:51 parce que les premiers à dénigrer les filières professionnelles, et notamment industrielles,
03:57 ce sont les professeurs du secondaire, les professeurs de collège.
04:00 Ce sont eux qui ne connaissent pas ces filières-là et qui en ont souvent une vision caricaturale.
04:06 Ajoutons à ça l'idée que le monde professionnel serait forcément un monde
04:11 où les patrons viendraient exploiter les lycéens.
04:14 Et on a tout simplement une combinaison de facteurs qui font oublier qu'un pays qui ne produit pas
04:21 est un pays qui crève.
04:23 Et le plaisir de produire, ça s'apprend tôt.
04:26 Un enseignement professionnel qui marche, qui épanouit, qui enrichit les jeunes,
04:32 c'est un enseignement d'abord où l'on n'oriente pas forcément les élèves en échec scolaire,
04:38 c'est un enseignement qui répond à un projet professionnel,
04:42 donc qui a permis aux jeunes gens de se renseigner sur les filières,
04:46 de les connaître, de les comprendre.
04:48 Donc, ça implique un lien entre les entreprises et les collèges.
04:54 C'est aussi une filière qui vient après un apprentissage du plaisir de produire,
05:01 et ce, dès le plus jeune âge.
05:03 L'intelligence de la main, ça commence en maternelle et en primaire.
05:08 Alors seulement, on peut penser des filières par la suite
05:12 qui permettent la poursuite d'études, qui permettent des passerelles,
05:16 qui permettent aussi aux élèves de bac pro de passer dans des filières de BTS ou d'IUT
05:23 parce que là encore, depuis 20 ans, on explique qu'il faut leur réserver des places,
05:27 sauf qu'il n'y en a toujours pas.
05:30 Bref, la réforme annoncée par Emmanuel Macron, c'est peut-être une très bonne intention,
05:36 mais il n'y a pas grand-chose pour l'instant, alors même que le chantier est immense.

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