Avec Eve Vaguerlant, auteure de l’essai “Un prof ne devrait pas dire ça : Choses vues et choses tues dans l'Education Nationale” éd. L’Artilleur paru le 4 avril 2023
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NewsTranscription
00:00 Sud Radio Bercov dans tous ses états,
00:03 le Face à Face.
00:06 Alors le Face à Face, un livre vraiment étonnant,
00:11 d'abord courageux, parce que c'est pas un prof ne devrait pas dire ça,
00:16 je sais que c'est le titre du livre aux éditions de l'artilleur,
00:19 et je recommande parce que justement un prof devrait dire ça,
00:22 un prof qui est courageux et qui dit les choses,
00:24 qui n'a pas peur de dire les choses, devrait dire ça.
00:27 Et je dois dire que votre livre m'a...
00:30 Dieu sait s'il y a eu des livres sur l'enseignement,
00:33 sur les professeurs, etc.
00:35 Mais ce qui est très intéressant dans votre livre,
00:37 et qui est vraiment passionnant, c'est que vous êtes agrégé de lettres,
00:41 et comme vous dites, vous enseignez pas simplement dans des lycées,
00:44 ZEP, LEP, etc., vous enseignez dans des lycées
00:47 où tout le monde, je dirais, met ses enfants, etc.,
00:51 et vous racontez ce qui se passe.
00:53 Et je dois dire, je l'ai lu ce week-end,
00:55 j'ai été scié, quoi.
00:57 J'ai été scié parce que je me dis,
00:59 bon, on sait qu'il y a des choses en vie de classe,
01:01 mais vous, vous ne cachez rien.
01:03 Vous dites, voilà, moi c'est mon quotidien, ça fait 10 ans,
01:05 je crois que vous êtes professeur, vous êtes agrégé de lettres,
01:08 donc vous êtes professeur de littérature,
01:10 enfin enseignante, je dirais, en littérature,
01:13 et vous racontez tout.
01:14 Vous racontez ce qui se passe pour les profs,
01:16 les conseils de classe, le niveau des élèves,
01:19 les parents d'élèves, les sanctions,
01:21 l'impunité, le wokisme, le gauchisme,
01:23 vraiment, vous n'épargnez rien,
01:25 c'est du sniper à répétition,
01:29 et franchement, alors, Eva Guerlain,
01:31 ça se passe vraiment comme ça ?
01:33 - Ah oui, je pense, sinon je ne l'écrirais pas.
01:35 Mais effectivement, je pense que
01:37 ce que j'ai voulu faire dans CIF,
01:40 c'est sortir de la théorie en passant par l'anecdote,
01:43 et je pense, j'espère que ça touche un maximum de monde,
01:46 comme ça, parce qu'il y a encore beaucoup de gens
01:48 qui n'ont pas conscience de ce qui se passe,
01:50 et surtout, malheureusement, beaucoup de gens,
01:52 je crois, se mentent un petit peu,
01:54 et préfèrent croire que
01:56 les réalités qu'on évoque régulièrement
01:58 à propos de l'éducation nationale,
02:00 la violence, ou même le niveau effarant,
02:04 l'absence de connaissances et le manque d'instructions,
02:07 les gens préfèrent se dire que
02:09 c'est réservé à certains types d'établissements,
02:11 en tout cas, c'est pas dans l'établissement
02:13 de leurs enfants ou de leurs petits-enfants.
02:15 Or, c'est très généralisé.
02:18 - C'est vraiment généralisé, c'est ça qui va frapper,
02:20 parce qu'en général, on parle de ça,
02:22 on dit "oui, mais c'est les quartiers en difficulté,
02:25 les quartiers difficiles, etc."
02:27 Alors la plupart des gens se disent "oui, mais
02:29 ça ne me concerne pas, ça ne concerne pas mes enfants
02:32 ou mes petits-enfants", or vous ne dites pas du tout.
02:34 - Non, non, pas du tout, parce que,
02:36 premièrement, en ce qui concerne la violence,
02:38 qui est la chose qui est fraie, évidemment,
02:40 le plus avec le jeu...
02:42 Je peux le remonter, peut-être ?
02:44 - Oui, bien sûr, n'hésitez pas.
02:46 - ...le jeu des exclusions.
02:48 Eh bien, vous savez qu'un élève n'est jamais
02:51 véritablement exclu, il est toujours recasé
02:53 dans un établissement.
02:55 Donc avec ce système-là, vous pouvez avoir un élève
02:57 en fait petit délinquant, repris de justice,
03:00 absolument dans n'importe quel établissement,
03:02 y compris un établissement sécurisant
03:04 que vous avez soigneusement choisi pour votre enfant
03:06 en contournant la carte scolaire.
03:08 Donc ça, ça peut être absolument partout.
03:10 - Oui, parce que beaucoup font ça,
03:12 ils ont une carte solaire, tout va bien.
03:14 - Donc ça, c'est une réalité.
03:16 Ensuite, l'idéologie que je dénonce dans le livre,
03:18 elle est absolument partout, ça, il n'y a pas de problème.
03:20 - L'idéologie quoi ?
03:22 Woke ?
03:24 - Alors, ce qu'on appelle aujourd'hui, oui, le wokisme,
03:26 on pourrait tout aussi bien l'appeler
03:28 la tyrannie des minorités
03:30 ou la culture de la repentance.
03:32 On pourra en reparler.
03:34 - On en reparlera.
03:36 - Mais je voulais revenir aussi, tout simplement,
03:38 sur l'impossibilité d'instruire.
03:40 Celle-là est extrêmement généralisée aussi,
03:42 en fait.
03:44 Moi, j'ai envie de demander aux gens de faire un test
03:46 avec les adolescents de leur famille,
03:48 qu'ils leur demandent de citer
03:50 une bataille, une grande bataille de Napoléon,
03:52 un grand titre,
03:54 un titre d'un grand roman de Balzac.
03:56 Pour ceux qui font de l'espagnol,
03:58 peuvent-ils donner
04:00 l'auteur du Don Quichotte ?
04:02 - Même pour ceux qui font de l'espagnol ?
04:04 - Oh oui, oui.
04:06 Peuvent-ils faire une phrase de base
04:08 en anglais, etc. ?
04:10 Il faut poser la question
04:12 et se mettre face à la réalité.
04:14 Qui était Danton ? Qui était Socrate ?
04:16 Ça, je peux vous assurer
04:18 qu'on donne le bac à beaucoup de gens
04:20 qui ne savent pas ces choses-là.
04:22 - C'est assez, oui. Aujourd'hui,
04:24 c'est le paysage, le paysage désertique
04:26 du Sahel éducationnel français.
04:28 C'est vraiment intéressant.
04:30 On en parle tout de suite après cette petite pause.
04:32 - Le Face à Face continue sur Sud Radio.
04:34 Réagissez et posez vos questions
04:36 à F.Vaguerlan au 0826 300 300.
04:38 On attend vos appels.
04:40 A tout de suite sur Sud Radio.
04:42 - Ici Sud Radio.
04:44 Les Français parlent au français.
04:48 Je n'aime pas la blanquette de veau.
04:52 Je n'aime pas la blanquette de veau.
04:54 - Sud Radio Bercov dans tous ses états.
04:56 - Je le dis, je le dis pas souvent,
05:00 un livre bombe.
05:02 Un livre vraiment
05:04 qui raconte ce qui se passe
05:06 dans l'éducation nationale,
05:08 en tout cas dans plusieurs secteurs de l'éducation nationale.
05:10 Ça s'appelle "Un prof ne devrait pas dire ça".
05:12 C'est F.Vaguerlan
05:14 et c'est aux éditions de l'artilleur.
05:16 Alors F.Vaguerlan, quand même,
05:18 je dois dire, vous parlez du savoir.
05:20 Et à un moment donné,
05:22 vous dites quand même des choses très précises.
05:24 Et je trouvais quand même que c'était gros, ça.
05:26 Vous disiez, par exemple,
05:28 pour donner une idée
05:30 du niveau d'appauvrissement auquel
05:32 on peut avoir affaire,
05:34 vous prenez l'exemple d'une classe de seconde générale
05:36 dans laquelle une élève s'était scandalisée
05:38 à grand cri de ce que j'avais écrit
05:40 des dates à l'envers au tableau.
05:42 Il s'agissait des dates de naissance et de mort
05:44 d'un personnage d'antiquité,
05:46 né avant Jésus-Christ,
05:48 et normalement du style Platon,
05:50 428-348 avant Jésus-Christ.
05:52 Comment que ça veut dire "avant" ?
05:54 Et la jeune fille a mis un quart d'heure avec mes explications
05:56 pour comprendre
05:58 pourquoi les chiffres n'apparaissaient pas encore
06:00 en ordre croissant.
06:02 - Mais vous allez plus loin quand même.
06:04 Là j'ai trouvé, mais je me dis pas possible,
06:06 elle invente, elle va guirland.
06:08 Au sujet de cette histoire des dates avant JC,
06:10 il peut d'ailleurs être bon de vérifier
06:12 à tous les niveaux si tout le monde a conscience
06:14 de la signification des initiales.
06:16 JC c'est quoi ? C'est Jules César ?
06:18 C'est Jacques Chirac ? C'est Jackie Chan ?
06:20 Vous allez quand même fort, non ?
06:22 - Non, non. Je vous assure qu'au lycée,
06:24 il faut vérifier.
06:26 Qu'ils ont conscience
06:28 de ce que signifie le JC.
06:30 - Même en secondes ou en troisième ?
06:32 - Si vous avez une élève de seconde qui ne comprend pas
06:34 pourquoi les chiffres,
06:36 les dates d'un auteur de l'Antiquité
06:38 sont présentées
06:40 en ordre décroissant,
06:42 et qui s'indignent en plus.
06:44 Parce que c'est cette attitude aussi,
06:46 toujours de défiance et d'agressivité
06:48 qui est très difficile à vivre quand on est enseignant.
06:50 C'est que les élèves, quand ils ne comprennent pas
06:52 quelque chose, au lieu de poser la question
06:54 ou de se dire "mince, je ne comprends pas quelque chose",
06:57 ils ont une attitude extrêmement vindicative
06:59 et agressive, en fait.
07:01 Et ça, c'est quelque chose qui est pesant au quotidien.
07:03 - Mais d'où vient cette agressivité ?
07:05 Vous dites que vous qualifiez de permanente.
07:08 - Oui, je pense qu'il y a une absence de respect
07:10 pour le savoir, en fait, du fait qu'il n'y a aucun enjeu
07:12 et qu'on ne transmet pas le respect de ça à l'école.
07:16 Et...
07:18 Oui, c'est une réaction...
07:20 Comme ils sont très peu ouverts d'esprit,
07:22 quand ils sont mis face à quelque chose qu'ils ignorent,
07:24 ils réagissent par l'agressivité.
07:26 - Ah oui, et c'est assez...
07:28 C'est, je dirais, quotidien, c'est coutumier.
07:30 - Oui, oui, oui. Il n'y a pas de modestie,
07:32 d'humilité, de se dire "j'ignore quelque chose,
07:34 je vais essayer de l'apprendre ou de le comprendre".
07:37 On est rarement face à cette attitude.
07:40 - Alors vous parlez de beaucoup de choses, évidemment.
07:42 L'école, c'est les élèves, c'est les profs,
07:45 c'est les parents, c'est la hiérarchie,
07:47 bien sûr, vous parlez beaucoup de la hiérarchie,
07:49 la manière dont on est traité, en tout cas les profs,
07:51 de base, enfin, même si on est agrégé,
07:54 sont traités par la hiérarchie.
07:57 Et je voudrais que vous parliez du pédagogisme,
08:00 parce qu'on entend beaucoup parler du pédagogisme.
08:03 C'est quoi, en fait, cette histoire de pédagogisme ?
08:05 Et vous dites que c'est à la racine de beaucoup de choses qui ne vont pas.
08:08 - Oui, c'est la racine du mal,
08:10 qui a été dénoncée depuis les années 80
08:12 par tout un tas d'intellectuels,
08:14 Jacqueline de Romy, Marcel Gaucher.
08:17 Dès le début, on a alerté,
08:20 même parce que ça a existé aux Etats-Unis
08:22 avant d'arriver chez nous,
08:23 ça a été dénoncé par Christopher Lasch.
08:25 Donc ça fait des années qu'on constate
08:28 que ce qu'on entend par pédagogisme ne fonctionne pas.
08:30 Alors le pédagogisme, c'est l'idée que
08:33 le professeur ne doit pas apporter verticalement
08:36 le savoir à l'élève,
08:38 que c'est l'élève qui doit construire son propre savoir,
08:40 en autonomie.
08:42 Donc ça favorise les activités de groupe,
08:44 des choses comme ça.
08:46 - Vous parlez de la répartition des chaises et des tables.
08:49 - Oui, c'est ça, voilà.
08:50 C'est le refus d'un enseignement frontal
08:52 qui serait une manière...
08:54 qui est une stratégie bourgeoisienne,
08:56 qui est derrière aussi l'idée qu'on va
08:58 écraser les élèves avec un savoir élitiste,
09:02 avec une culture élitiste.
09:04 Et en fait, au nom du refus de cette culture bourgeoise,
09:07 élitiste, c'est un refus de la transmission
09:10 du savoir et de la culture.
09:12 - Oui, c'est-à-dire qu'en fait, on nivelle par le bas.
09:14 - Oui, oui, tout à fait.
09:16 Et donc on adopte des méthodes soi-disant innovantes,
09:19 mais comme je le dis, qui existent en réalité
09:21 depuis les années 80,
09:22 qui en fait la preuve de leur inefficacité
09:24 depuis les années 80.
09:26 Donc, les cours en groupe,
09:29 qu'on appelle prétentieusement cours en îlot,
09:31 où le professeur circule au milieu des groupes,
09:34 où les élèves fournissent un travail mou
09:37 et en réalité, bavardent la moitié du temps.
09:40 Dans les cours de langue, c'est particulièrement dramatique
09:42 parce que cette pédagogie moderne
09:45 veut que les élèves soient en immersion dans le cours.
09:48 Donc, on évite au maximum
09:51 de faire apprendre du vocabulaire,
09:52 de faire des exercices de grammaire.
09:54 - Mais on fait quoi alors ?
09:55 Qu'est-ce que ça veut dire "immersion" justement ?
09:57 - Eh bien, alors le professeur est censé ne s'exprimer que dans la langue,
09:59 donc anglais, allemand, espagnol.
10:01 Il n'est pas censé donner de consignes dans cette langue,
10:04 sachant que les élèves ne comprennent rien,
10:05 parce qu'ils ont un niveau très très faible.
10:07 Donc vraiment, on est dans l'absurdité totale.
10:09 Ils sont mis en activité.
10:12 Alors, il va y avoir beaucoup de choses,
10:14 de documents audio, vidéo, d'images,
10:18 dans lesquelles on essaie de grappiller
10:20 des petits éléments de compréhension.
10:22 C'est extrêmement diffus.
10:23 Moi, j'ai connu cet enseignement.
10:24 Je suis sortie du lycée sans savoir faire une phrase en anglais.
10:28 - Ah oui ?
10:29 Je rappelle, vous avez 33 ans.
10:31 - Ce qui ne m'a pas empêchée d'avoir 15 au bac, je pense.
10:33 - Mais alors, je ne comprends pas.
10:37 C'est-à-dire qu'en fait, ce qui se passe,
10:40 c'est donc, on dit,
10:42 c'est à l'élève de fabriquer pratiquement son propre savoir.
10:46 Alors, qu'est-ce qu'on leur enseigne ?
10:48 Les profs, ils sont là quand même.
10:50 Le personnel d'éducation nationale
10:52 est un des plus importants de France et de Navarre.
10:54 - Oui, bien sûr.
10:55 Mais dans le pédagogisme,
10:56 l'idée, c'est qu'il soit plutôt un animateur
10:58 qui encadre des élèves mis en activité.
11:00 Donc, par exemple, on va leur distribuer des tonnes de documents.
11:03 Ils vont être mis en activité sur ces documents.
11:05 Ils doivent chercher des informations dedans.
11:07 C'est le refus du cours magistral, en fait.
11:09 Ce qui a un gage phénoménal,
11:11 puisque moi, je me souviens très bien
11:13 que les seuls cours qui m'ont passionnée dans ma scolarité,
11:15 c'était des cours magistraux,
11:16 où le professeur faisait vivre l'histoire en particulier.
11:19 C'était un gâchis phénoménal.
11:21 - Vous dites que l'histoire dépend entièrement de l'histoire,
11:23 et ils ne connaissent plus.
11:24 - Oui.
11:25 Alors, à cause de cette pédagogie,
11:27 de la mise en activité des élèves,
11:29 à cause de la nature des programmes aussi,
11:31 qui fait que, par idéologie,
11:33 on balaye tout l'ancien régime,
11:35 qui n'est pratiquement jamais abordé.
11:37 - Parce que c'était pas bien la monarchie.
11:39 - Oui, c'est ça.
11:40 - Et la France coloniale, c'est encore pire.
11:42 - Oui, oui.
11:43 C'est une histoire très, comme je disais,
11:47 culture de la repentance qui est transmise,
11:50 qui insiste beaucoup sur les thématiques,
11:52 toujours les mêmes,
11:54 colonisation, esclavage, condition des femmes,
11:57 ça revient de manière obsessionnelle,
11:59 l'écologie, les migrants, etc.,
12:01 ensuite pour la géographie.
12:03 Et il y a aussi en plus en histoire quelque chose
12:05 qui a été importé de l'université,
12:07 c'est-à-dire le refus de faire une histoire
12:10 qui repose sur les grands événements, les grands hommes.
12:12 Et ça, c'est beaucoup par thématique
12:14 et à travers l'économie.
12:16 Par exemple, le XIXe siècle, au collège,
12:18 n'est abordé que par le biais de la colonisation
12:20 et de l'industrialisation.
12:21 Donc on ne voit aucun événement.
12:23 Il ne voit pas la restauration,
12:25 il ne voit ni les révolutions de 1830-1848,
12:28 le Second Empire est totalement escamoté.
12:31 Donc les événements, les grands hommes, il n'y a rien.
12:33 Donc même quand on étudie quelque chose
12:35 comme la Révolution française...
12:36 - Il n'y a plus de grands hommes, quoi, ça n'existe pas.
12:37 - Non, non, c'est absolument pas vivant.
12:39 Ça fait que même s'ils étudient la Révolution française,
12:41 entre la prise de la Bastille
12:43 et la Déclaration des droits de l'Homme,
12:45 ils ne vont pas connaître le serment du jeu de paume,
12:47 ils ne savent pas qui est Mirabeau,
12:49 Danton, Robespierre, ils ne les connaissent pas non plus.
12:51 La fuite de Varennes, tous ces événements marquants
12:53 sont complètement ignorés.
12:55 Et puis par idéologie, ils ont plus de chances
12:57 de connaître Olympe de Gouges que Robespierre.
13:00 C'est cette figure qu'on va mettre en avant
13:02 dans les documents qui seront étudiés.
13:04 - Oui, c'est assez hallucinant, ça.
13:06 Et justement, on va juste faire une petite pause,
13:09 une deuxième petite pause,
13:11 mais on va parler aussi des professeurs
13:13 et de la hiérarchie, parce que c'est important.
13:15 - Restez avec nous, restez avec nous sur Sud Radio.
13:18 Le face-à-face d'André Bercoff revient dans quelques minutes.
13:20 Et posez vos questions en direct à F.Vaguerlan,
13:23 la prof qui ne devrait peut-être pas dire ça.
13:25 Rendez-vous au 0826 300 300.
13:28 A tout de suite sur Sud Radio.
13:30 - Radio.
13:32 Les Français parlent au français.
13:35 Les carottes sont cuites.
13:38 Les carottes sont cuites.
13:40 Sud Radio Bercoff dans tous ses états.
13:43 - Et oui, l'éducation nationale, je vous dis pas,
13:46 par rapport à moi, je suis un monstre absolu
13:49 de coolitude et de calme.
13:51 Un prof ne devrait pas dire ça, F.Vaguerlan,
13:54 vraiment un livre qu'il faut lire.
13:56 C'est un j'accuse quelque part de ce qui se passe,
14:00 vraiment, et ça concerne des millions d'élèves,
14:05 de parents, de grands-parents,
14:07 ça concerne tout le monde.
14:09 Et vous parlez du métier de professeur,
14:11 vous parlez du métier de...
14:14 ce métier de prof, comme vous dites d'ailleurs,
14:17 vous différenciez, vous avez raison, prof et professeur,
14:19 professeur on dit, oui, le professeur,
14:22 Grandponte de la médecine, le professeur...
14:25 Alors là, c'est prof, c'est autre chose.
14:27 Et vous ajoutez, là, dans votre livre, F.Vaguerlan,
14:30 le métier est fui par tous ceux qui peuvent le fuir.
14:34 C'est vraiment ça, aujourd'hui.
14:36 C'est une espèce de grande lassitude,
14:38 sinon de rejet d'un certain nombre de gens.
14:40 Quand on voit la panique à chaque rentrée scolaire,
14:43 maintenant, pour qu'il y ait un professeur devant chaque classe,
14:45 je pense que oui, il y a un énorme problème de recrutement,
14:48 il y a un problème de recrutement au KPS,
14:51 il n'y a pas assez de candidats,
14:52 tous les ans, il y a un nombre insuffisant de candidats,
14:57 dans beaucoup de matières.
14:59 Donc oui, ce métier est extrêmement déprécié,
15:04 il y a la question du salaire qui est très souvent mise en avant,
15:07 mais comme je le dis dans le livre,
15:10 tout réduire à une question de moyens,
15:12 c'est un discours qui m'a gassé un petit peu,
15:14 enfin même beaucoup, de la part des syndicats, du corps enseignant.
15:19 C'est vraiment cette pensée de gauche
15:22 qui réduit tout à une question matérielle.
15:24 - On ne peut pas parler des sujets qui fâchent,
15:26 on dit que c'est un manque de moyens.
15:28 - C'est un manque de moyens.
15:29 Alors c'est vrai pour le salaire des profs,
15:31 il s'est extrêmement dégradé,
15:35 on gagnait dans les années 80 plus de 2 fois le SMIC,
15:38 aujourd'hui c'est 1,2 fois le SMIC,
15:40 donc il y a un appauvrissement de la profession.
15:42 - Ah oui, c'est passé de 2 fois le SMIC à 1,2.
15:44 - Oui, c'est ça.
15:45 Donc évidemment, le budget de l'éducation nationale est mal reparti,
15:49 il n'y a pas assez d'argent qui est mis dans le salaire des profs,
15:52 mais par ailleurs, ce budget est colossal,
15:55 il n'y a pas besoin de l'augmenter.
15:57 La scolarité d'un élève par an, c'est pratiquement 10 000 euros,
16:00 c'est colossal.
16:01 - C'est gratuit entièrement, pour les familles et tout.
16:05 - Oui, c'est ça.
16:06 Donc maintenant, il faut accepter de dire que le problème,
16:10 c'est qu'on doit batailler à chaque heure de cours
16:13 pour réussir à faire quelques minutes d'instruction réelle.
16:16 Et il y a un nombre effroyable de collègues qui renoncent.
16:20 - Indiscipline, affrontement,
16:24 parce que vous racontez des anecdotes,
16:26 j'aimerais que vous en donniez d'ailleurs une ou deux
16:28 par rapport à des adolescents qui font du bruit,
16:31 et la manière dont l'hierarchie répond.
16:34 - Oui, vous avez ce climat d'insolence,
16:36 il y a la question du bavardage généralisé,
16:38 d'autant plus qu'on encourage ces pédagogies de groupe
16:41 qui sont extrêmement bruyantes.
16:42 Donc en vous, vous voulez faire ce que je considère comme un vrai cours,
16:45 c'est-à-dire magistral,
16:47 avec bien sûr des questions, des interventions des élèves,
16:49 il ne s'agit pas de leur interdire de parler,
16:51 mais vous voulez faire cours dans le silence
16:53 et transmettre le savoir.
16:55 Les élèves ne comprennent pas en fait,
16:58 ils vous prennent pour un fou de vouloir faire cours dans le silence,
17:01 donc ils réagissent très mal.
17:03 - Parce que c'est du bavardage permanent.
17:06 - Oui, c'est ça, et ensuite c'est un enchaînement permanent,
17:09 donc vous allez reprendre un élève qui bavarde,
17:12 il va vous répondre de manière très agressive
17:14 par un "j'ai fait quoi ?"
17:16 qui est la réponse caractéristique, etc.
17:19 Ensuite vous pouvez par exemple lui demander
17:21 de donner son carnet,
17:23 parce qu'il vous a mal répondu,
17:25 il peut refuser de le donner,
17:28 dans ce cas-là, on est pris au dépourvu face à une insolence.
17:31 - Et racontez si vous voulez sanctionner,
17:33 il peut le faire pratiquement.
17:35 - Alors c'est très compliqué,
17:37 parce que par exemple,
17:39 vous prenez le carnet de cet élève,
17:41 vous voulez lui mettre une heure de colle,
17:43 bon, il va vous répondre que de toute façon
17:45 il n'ira pas la faire parce qu'il estime qu'elle est injuste,
17:48 et de fait, s'il ne s'y rend pas,
17:50 il n'y a aucun suivi de la vie scolaire,
17:52 il ne se passera rien.
17:54 - Il ne peut pas s'y rendre et il n'y aura rien.
17:56 - Alors c'est vous, c'est le professeur qui doit enquêter
17:58 pour savoir si la colle a été faite ou pas,
18:00 qui doit se soucier d'en remettre deux heures
18:03 pour que ça se passe, mais sachant qu'il y a beaucoup d'établissements
18:05 où on ne peut pas mettre d'heure de colle,
18:07 parce qu'il n'y a plus de salle de permanence surveillée
18:09 par des surveillants.
18:11 Par exemple, dans beaucoup de lycées, il n'y a plus de salle de permanence,
18:13 et de toute façon, on nous explique en début d'année
18:15 qu'il vaut mieux que nous assurions nous-mêmes
18:17 les heures de colle, c'est-à-dire
18:19 en recevant l'élève...
18:21 - En donnant des heures supplémentaires.
18:23 - En le recevant, par exemple, quand il y a une autre classe,
18:25 en le mettant au fond de la classe,
18:27 alors ça pose des problèmes d'emploi du temps,
18:29 de place dans la salle, parce que moi, par exemple, en français,
18:31 j'ai toujours les élèves en classe entière,
18:33 donc très souvent, il n'y a plus une chaise de libre,
18:35 donc je ne peux pas coller un élève.
18:37 Donc il faut s'arranger avec un collègue,
18:39 mais pour le jeune prof, qui est comme moi,
18:41 TZR, remplaçant, qui ne connaît pas tout le monde,
18:43 ça va être très compliqué.
18:45 Vous voyez, comme c'est compliqué de mettre une sanction simple
18:47 et justement, il y a les cas les plus pénibles
18:49 où l'autorité du prof
18:51 est complètement bafouée,
18:53 par exemple, vous excluez l'élève qui vous a posé un problème
18:55 et quelqu'un de la vie scolaire,
18:57 voire de la direction,
18:59 vous le ramène de force en classe,
19:01 en vous humiliant devant tous les élèves.
19:03 Oui, ça arrive.
19:05 - Vous voulez dire...
19:07 En fait, la personne, la hiérarchie,
19:09 bien presque, vous,
19:11 vous vous insultez, vous vous dites "pourquoi vous l'avez mis dehors ?"
19:13 - Oui, c'est ça, en disant,
19:15 disant un discours du type
19:17 "nous devons être dans une démarche d'inclusion".
19:19 Je me souviens d'un chef d'établissement
19:21 qui, dans son discours de pré-rentrée,
19:23 avait fustigé les professeurs
19:25 qui excluaient trop les élèves perturbateurs
19:27 et qui ensuite, les vilains ont profité
19:29 pour faire cours tranquilles, pour faire leur travail en fait.
19:31 Et elle avait dit,
19:33 je me souviens, "vous leur devez des heures".
19:35 Donc pour moi, c'est l'inversion
19:37 totale du rapport, c'est-à-dire
19:39 le professeur doit être au service de l'élève
19:41 quelle que soit son attitude, même s'il refuse
19:43 d'apprendre, s'il refuse de travailler.
19:45 Et il y a cette idée que
19:47 le savoir n'est pas quelque chose qui se mérite,
19:49 qu'on doit se battre pour obtenir.
19:51 C'est un dû et dont les élèves
19:53 n'ont que faire, du coup.
19:55 - Oui, c'est un dû, mais c'est un dû
19:57 dont certains élèves ne veulent même pas.
19:59 - Non, ils n'en veulent pas. Et je pense que le fait
20:01 qu'il n'y ait pas d'effort à fournir, qu'il n'y ait pas à se battre
20:03 pour être dans certaines classes,
20:05 pour passer d'un niveau à l'autre,
20:07 ça s'ajoute dans cette dépréciation du savoir
20:09 dont je parlais en fait.
20:11 - Et dites-moi, comment il se fait
20:13 que, et vous dites dans votre livre, moi ça m'a frappé,
20:15 c'était un ou deux chapitres là-dessus qui m'ont frappé,
20:17 vous dites que l'hierarchie en général prend partie
20:19 presque systématiquement pour les élèves,
20:21 enfin pour les élèves, je parle pour les élèves
20:23 qui ne se comportent pas très bien,
20:25 que pour les profs.
20:27 - Ils vont en tout cas très souvent leur chercher des excuses
20:29 parce qu'eux-mêmes ont une énorme pression
20:31 qui est mise sur eux pour ne pas fonctionner.
20:33 En fait, un chef d'établissement,
20:35 c'est mauvais pour sa carrière de multiplier
20:37 les conseils de discipline, c'est-à-dire
20:39 les exclusions de l'établissement.
20:41 En fait, on considère dans l'éducation nationale
20:43 que s'il y a beaucoup de conseils de discipline
20:45 dans un établissement, c'est qu'il y a des problèmes
20:47 et que l'établissement est mal géré.
20:49 Alors que c'est le contraire, bien sûr.
20:51 Si on fait des conseils de discipline, c'est qu'on essaie d'agir
20:53 et de faire quelque chose.
20:55 - Ça lui fait des mauvais points pour son avancement de carrière.
20:57 - Oui, ça lui fait de mauvaises statistiques.
20:59 Et donc, dans un système malade,
21:01 en fait, chacun va essayer de faire retomber
21:03 le problème sur le voisin, c'est logique.
21:05 Et donc, il faut retomber le problème sur les profs
21:07 qui doivent se débrouiller avec des élèves
21:09 impossibles en classe, puisque eux
21:11 ne veulent et ne peuvent pas les exclure
21:13 réellement, ni les réorienter.
21:15 Il n'y a pas
21:17 assez de réorientation vers
21:19 des apprentissages et la filière professionnelle.
21:21 Donc, on est là avec ces élèves
21:23 de toute façon, quoi qu'ils fassent,
21:25 passeront d'une année, d'une classe à l'autre
21:27 et ne seront jamais réellement
21:29 exclus. - Qu'ils aient travaillé ou pas travaillé,
21:31 qu'ils aient été
21:33 un disciplin complet ou pas, ça change rien.
21:35 - Oui, il n'y a pas de redoublement.
21:37 Donc, vous, vous entrez
21:39 en 6e sans avoir lire,
21:41 vous entrez au lycée sans avoir eu votre brevet.
21:43 - À ce point, Vergerlande ?
21:45 - Aujourd'hui, en 6e,
21:47 à l'entrée en 6e, on a pratiquement 30%
21:49 d'élèves qui ne maîtrisent pas la lecture.
21:51 - 30% ? - Pratiquement, oui.
21:53 C'était à 25, et encore quelques années, c'est passé
21:55 à 27. - Oui, surtout quand on voit
21:57 dans certains livres
21:59 des copies des années
22:01 50-60, comment les élèves écrivent
22:03 en 3e, c'est...
22:05 C'est assez étonnant. - La différence est
22:07 effarante, oui. - Et en fait,
22:09 c'est quoi ? Vous dites, c'est quoi cet espèce
22:11 de laxisme, de laisser
22:13 aller, de circuler, il n'y a rien à voir ?
22:15 C'est ça, la politique de l'éducation
22:17 nationale depuis des décennies ?
22:19 - Oui, il y a ce qu'on appelle le
22:21 pas de vague, en fait. On met les problèmes
22:23 sous le tapis parce qu'on refuse
22:25 de les régler.
22:27 On le voit bien avec
22:29 la récente disposition du
22:31 ministre pour la mixité sociale, en fait.
22:33 Au lieu de se demander pourquoi il y a
22:35 des établissements où on ne peut pas
22:37 avoir une bonne instruction,
22:39 pourquoi il y a des établissements où il y a
22:41 de la violence, on se dit on va répartir
22:43 le problème dans l'espoir de le diluer.
22:45 En réalité, on le répand.
22:47 C'est tout ce qu'on fait.
22:49 - On met deux bonbons qui ne vont pas
22:51 dans un bocal,
22:53 et le bocal est entièrement
22:55 contaminé. - Donc, c'est cette
22:57 manière d'essayer de diluer les problèmes
22:59 au lieu de les affronter.
23:01 C'est ça à quoi on est confrontés
23:03 constamment, en fait, dans l'éducation nationale.
23:05 - Et ça,
23:07 ça date de...
23:09 C'est pas nouveau, enfin, ça date de
23:11 quelques décennies. - Non, non, non, bien sûr,
23:13 sauf que ça s'aggrave d'année en année, parce que
23:15 il y a un pourrissement de la situation.
23:17 On a des élèves qui ont
23:19 des habitudes, d'indiscipline
23:21 maintenant, dès l'école
23:23 primaire. - Oui, parce que
23:25 vous parlez d'exemples, vous donnez dans votre livre
23:27 des exemples d'élèves de quatrième,
23:29 de... - Oui, très jeunes. - Très jeunes
23:31 et qui se font un
23:33 point d'honneur de
23:35 se comporter, justement, en disant
23:37 "les proches, je m'en fous", etc. - Qui peuvent déjà être très insolents,
23:39 très violents, dès la sixième.
23:41 De toute façon, en fait, à partir du moment où il n'y a
23:43 pas de sélection, les élèves sont très rapidement
23:45 dans une logique d'échec qui les
23:47 pousse vers la violence
23:49 et l'insolence. Parce qu'ils ne peuvent rien
23:51 faire. Imaginez un élève en quatrième
23:53 qui doit étudier les propositions
23:55 subordonnées alors qu'il ne sait pas ce que
23:57 c'est qu'un COD ou un adjectif. Parce qu'on l'a
23:59 laissé passer d'aller en année et qu'il a 4,
24:01 5 ans de retard scolaire. Il n'a
24:03 rien d'autre à faire que de perturber.
24:05 - Et ce qui est étonnant, c'est que ce retard scolaire,
24:07 on le laisse passer, on le voit, tout le monde le connaît,
24:09 mais on fait comme si ça n'existait pas.
24:11 - Oui, oui, tout à fait. Ça s'accumule, ça s'accumule
24:13 jusqu'à
24:15 la troisième, voire
24:17 jusqu'au bac. - Est-ce que nous avons
24:19 des auditeurs ? Pas pour le
24:21 moment. - En tout cas, c'est le moment
24:23 de nous appeler au 0826
24:25 300 300, vos réactions
24:27 en direct sur Sud Radio.
24:29 André Bercoff, dans tous ses états, revient
24:31 dans quelques instants. A tout de suite.
24:33 - Ici Sud Radio.
24:35 Les Français
24:39 parlent au français.
24:41 Je n'aime pas la
24:43 blanquette de veau. Je n'aime pas
24:45 la blanquette de veau.
24:47 - Sud Radio Bercoff, dans tous ses états.
24:49 - Et c'est l'heure du
24:51 face à face. Un prof ne devrait
24:53 pas dire ça. Elva Guerlain est avec nous
24:55 en studio et vous êtes nombreux à nous
24:57 appeler au 0826 300
24:59 300. André, on ouvre le
25:01 bal avec Franck, qui nous appelle de l'héros.
25:03 - Bonjour Franck.
25:05 - Oui, bonjour M. Bercoff. - Bonjour.
25:07 - Bonjour à votre invité. - Merci
25:09 Franck. - Alors,
25:11 ça me parle
25:13 beaucoup tout ce que
25:15 Madame dit. - Oui.
25:17 - Rapidement, moi j'ai récupéré ma
25:19 fille lorsqu'elle avait 9 ans,
25:21 parce que j'en ai été privé jusqu'à ce stage-là
25:23 et du coup, j'ai
25:25 dû m'investir dans l'éducation
25:27 et la scolarité de ma fille. - Oui.
25:29 - Et là j'ai compris beaucoup de choses parce que
25:31 en fait, déjà, donc je me suis
25:33 un peu impliqué dans sa façon
25:35 d'étudier et je me suis
25:37 étonné de ne plus voir de Parker.
25:39 On
25:41 travaille beaucoup... - Ah oui, on n'apprend plus
25:43 rien à Parker, oui, c'est ça. - Exactement.
25:45 Les enfants, on leur fait travailler
25:47 sur des choses très intuitives,
25:49 ce qui fait qu'ils arrivent à s'en sortir
25:51 d'année en année.
25:53 C'est très imagé, c'est
25:55 très illustré, alors s'ils sont un peu
25:57 intelligents, un peu malins, eh bien
25:59 ils arrivent comme ça à identifier la bonne réponse.
26:01 C'est pas des QCM, mais on y est
26:03 presque et en fait, il n'y a plus de
26:05 Parker, je me suis dit, et
26:07 comme pour les devoirs, excusez-moi, mais j'ai
26:09 beaucoup de choses à dire, mais
26:11 il y avait des devoirs aussi
26:13 et je me suis dit, alors normalement,
26:15 il paraît qu'en primaire, c'est interdit,
26:17 mais ils avaient quand même des devoirs et je me disais,
26:19 mais pourquoi on donne des devoirs à des
26:21 enfants qui ont déjà eu des jours déchargés ?
26:23 Et en fait, je me suis dit,
26:25 alors j'attends que Madame
26:27 la spécialiste, la professeure
26:29 m'éclaire là-dessus, mais je me suis dit,
26:31 finalement, c'est une façon de diluer
26:33 les responsabilités, c'est-à-dire que
26:35 si on donne des devoirs et si
26:37 l'enfant a des mauvaises notes, on lui dit,
26:39 "Bah, vous travaillez pas assez", notamment
26:41 le travail personnel à la maison, alors que
26:43 toujours en primaire,
26:45 si on leur donnait pas de devoirs, et bien,
26:47 la responsabilité, elle va au prof parce que ça veut dire,
26:49 enfin à l'institut, parce que ça veut dire qu'il a mal
26:51 transmis et que les choses sont pas bien.
26:53 - Franck, je voulais pas que vous passiez les réponses parce qu'on a
26:55 beaucoup de liteurs, donc simplement,
26:57 posez-nous
26:59 le sujet.
27:01 - Des choses
27:03 que j'ai identifiées, est-ce que
27:05 votre invitée peut me confirmer ou m'affirmer
27:07 ce que je dis ?
27:09 - Justement, Franck, c'est intéressant,
27:11 les graphies en primaire, soit
27:13 plus de par cœur, d'un côté...
27:15 - Oui, ce constat est très juste,
27:17 tout à l'heure on parlait du pédagogisme,
27:19 et effectivement, il consiste
27:21 à rejeter toutes les méthodes
27:23 traditionnelles jugérées barbatives,
27:25 donc comme le par cœur,
27:27 comme le fait de faire des lignes au primaire, ce qui fait qu'on a
27:29 des graphies abominables et qu'ensuite
27:31 on diagnostique les enfants dysgraphiques,
27:33 donc... - Dysgraphiques, c'est-à-dire ?
27:35 - Qui savent pas écrire,
27:37 mais enfin, on les autorise à prendre un ordinateur en classe
27:39 pour pallier ce problème.
27:41 - Et il y aura peut-être GPT...
27:43 - Oui, voilà, mais on fait des diagnostics
27:45 pour masquer en fait des carences
27:47 scolaires.
27:49 Donc d'abord, effectivement, il y a
27:51 cette question du refus du par cœur
27:53 et des méthodes traditionnelles,
27:55 ce qui fait que les enfants... Aussi ça masque
27:57 l'absence d'instruction, parce que comme le disait
27:59 monsieur,
28:01 on peut s'en sortir un peu de manière intuitive,
28:03 tout à fait, parce qu'il n'y a pas d'exigence
28:05 réelle,
28:07 mais on arrive à s'en sortir quand même.
28:09 Et je pense, alors moi je ne suis pas
28:11 enseignante aux primaires, mais je pense que cette question
28:13 des devoirs est importante et je suis d'accord
28:15 avec vous. Si
28:17 on instruisait correctement
28:19 les élèves, on passe énormément de temps en classe.
28:21 Que ce soit aux primaires, aux collèges,
28:23 moi je trouve le nombre d'honneurs... - Si ils ont des devoirs après
28:25 en rentrant chez eux, c'est pas...
28:27 - Tout à fait, et ça ne devrait pas être nécessaire
28:29 si un travail sérieux était fait en classe,
28:31 du moins pas autant de devoirs, et
28:33 effectivement, on fait retomber la responsabilité
28:35 sur les parents
28:37 pour diluer le problème,
28:39 se renvoyer la balle, je suis tout à fait
28:41 d'accord avec ça, il ne devrait pas y avoir besoin
28:43 d'autant de devoirs. - Morgane. - Ça continue
28:45 de sonner André, au 0826
28:47 300 300, on accueille maintenant
28:49 Majda, qui nous appelle de Toulouse. - Oui,
28:51 bonjour Majda. - Bonjour,
28:53 bonjour monsieur Bercotte, bonjour à votre amitié.
28:55 Alors moi je suis tout à fait d'accord
28:57 avec tout ce qui vient d'être dit par rapport
28:59 aux élèves, mais il y a une chose aussi je pense
29:01 qui rentre en jeu là-dedans,
29:03 c'est le manque d'éducation.
29:05 Je pense qu'il y a un manque criant d'éducation aujourd'hui
29:07 de cette génération, ça c'est la
29:09 première chose, mais j'aimerais juste apporter aussi
29:11 une vision de parent,
29:13 moi j'ai un enfant qui est en 3ème et qui
29:15 a quelques difficultés, mais bon,
29:17 on essaie de le recadrer
29:19 à la maison,
29:21 mais si vous voulez, je suis effaré
29:23 par le niveau
29:25 des professeurs aussi. - Ah bon ?
29:27 - Parce qu'en fait, écoutez,
29:29 on reçoit des mails
29:31 sur Ecole Directe,
29:33 il y a des professeurs, il faut une fois
29:35 de par phrase, une fois de par phrase.
29:37 - Ah ouais.
29:39 - Alors il y a aussi
29:41 un autre point, il a passé un brevet blanc
29:43 en début d'année, juste pour qu'on leur donne un petit peu
29:45 une idée de ce que
29:47 ça peut être, il est revenu défait
29:49 et tous les élèves sont revenus
29:51 défaits par
29:53 les réflexions des professeurs
29:55 qui leur disaient "mais c'est nul, c'est n'importe quoi,
29:57 vous n'avez rien compris,
29:59 vous n'avez rien compris à ce qu'on vous a pas dit"
30:01 parce qu'effectivement on leur a donné
30:03 aucun outil de présentation,
30:05 de préparation, des
30:07 slides, de comment faire un oral, etc.
30:09 Et alors ça, je l'ai remonté
30:11 à sa professeure principale
30:13 qui était en train de me dire
30:15 "mais vous n'allez pas m'apprendre mon...
30:17 je ne voulais pas lui apprendre son métier,
30:19 je ne suis pas là pour ça,
30:21 mais moi j'ai appris à faire des slides,
30:23 j'ai fait 12 heures
30:25 de marketing pour faire
30:27 des slides, c'est des choses qui s'apprennent,
30:29 on veut faire de l'oral, mais on ne leur apprend pas.
30:31 Alors moi j'aimerais
30:33 vraiment savoir qu'est-ce qui fait que
30:35 les professeurs aussi aujourd'hui
30:37 ont un manque peut-être de dévouement,
30:39 de formation,
30:41 de beaucoup de choses.
30:43 - Alors Eve,
30:45 qu'est-ce qui se passe avec les professeurs justement ?
30:47 - Alors beaucoup de choses. D'abord c'est vrai que la dégradation
30:49 du métier, c'est un cercle vicieux
30:51 parce que ça s'auto-engendre.
30:53 Plus le métier est dégradé,
30:55 mal considéré,
30:57 mal payé, moins on arrive à recruter,
30:59 plus on va recruter de gens qui n'ont pas le niveau.
31:01 Au primaire,
31:03 dans les concours, c'est régulièrement noté,
31:05 maintenant qu'on recrute des gens qui ne maîtrisent pas
31:07 l'orthographe correctement. - Parce que c'est étonnant
31:09 des profs qui font des vôtres orthographes.
31:11 - Oui, mais on recrute qui on peut.
31:13 Ensuite c'est vrai que
31:15 pour ce qui est des
31:17 carences en instruction,
31:19 c'est ce que je dis tout le temps en fait, c'est qu'on n'a pas
31:21 les conditions en classe, le calme
31:23 pour instruire. Donc à la fin,
31:25 oui, il va se produire
31:27 des fois où les élèves
31:29 vont être... Il faut bien à un moment leur faire un brevet
31:31 blanc. - Oui, c'est ça, il faut qu'ils le aient.
31:33 - Mais sauf que nous, on n'a pas forcément
31:35 pu faire cours correctement avant.
31:37 Donc effectivement, on ne leur a pas forcément
31:39 donné ce dont ils ont besoin pour faire ce brevet blanc.
31:41 C'est un des problèmes.
31:43 - C'est un cercle vicieux là. - Oui, oui, tout à fait.
31:45 - Le standard
31:47 0,826, 300,
31:49 300, pardon Majda, il y a Sandrine
31:51 également qui nous a appelé. - Oui, reste avec nous Majda,
31:53 mais on voudrait entendre Sandrine. Allez-y.
31:55 - Sandrine est avec nous. - Oui, bonjour.
31:57 Bonjour André, bonjour à votre invité.
31:59 - Bonjour Sandrine. - Je suis très contente.
32:01 Alors bon, moi je suis professionnelle agricultrice,
32:03 mais en plus, en parallèle,
32:05 de temps en temps, je donne des cours, mais
32:07 dans un lycée professionnel
32:09 pour la zootechnie.
32:11 Et en fait, moi je me suis aperçue
32:13 effectivement, dans le lycée,
32:15 que beaucoup d'élèves
32:17 n'avaient certainement pas le niveau. Alors
32:19 on veut effectivement leur apprendre
32:21 à analyser, analyser des documents,
32:23 lire des textes,
32:25 mais en fait, ils n'ont pas les bases.
32:27 Donc nous, moi je viens de la génération où
32:29 effectivement, je suis de 50 ans,
32:31 où on nous a appris les bases. Et en fait,
32:33 on s'est aperçu, même beaucoup mes collègues,
32:35 parce qu'on en parle souvent,
32:37 ils sont obligés, en fait, même des CAP
32:39 et tout ça, de reprendre les bases,
32:41 c'est-à-dire les multiplications, les divisions,
32:43 tout ça. - Ah oui, d'accord.
32:45 La base de la base. - Et eux, en fait,
32:47 quelque part, ils sont contents
32:49 parce qu'ils disent "Ah ben oui, c'est vrai que c'est quand même
32:51 ça va plus vite si on le sait".
32:53 Ben oui, voilà. C'était simplement
32:55 cette remarque. Et après,
32:57 en tant que professionnels, on fabrique des
32:59 frustrés. Je le dis ouvertement,
33:01 je leur ai dit la dernière fois, bon moi c'est juste une option,
33:03 mais gentiment, la plupart
33:05 vont s'installer, donc ils veulent
33:07 reprendre une exploitation, ou ils veulent créer
33:09 une exploitation, et on s'est un petit
33:11 peu, je les ai un peu secoués,
33:13 et je leur ai dit "De toute façon, à un moment donné,
33:15 il va falloir qu'à un moment donné, vous allez connaître
33:17 l'effort. L'effort, vous allez l'avoir dans la vie professionnelle.
33:19 Et si vous n'allez pas y arriver,
33:21 enfin, après, derrière, on récupère.
33:23 Il y a des problèmes, on le voit.
33:25 Des exploitations qui partent en faillite,
33:27 des jeunes qui n'ont malheureusement pas pris de
33:29 bonnes stratégies, mais c'est pas leur
33:31 faute. C'est qu'ils ont été, à un moment donné,
33:33 c'est très bien, vas-y, on passe.
33:35 On passe. Allez, il faut
33:37 les laisser passer, la vie est belle.
33:39 Ben non, la vie, elle est pas si belle que ça.
33:41 - Et puis il faut le travail, le travail,
33:43 on vous en parlait, vous et Val Guerlain, justement.
33:45 Ce que disait Sandrine, c'est intéressant, vous avez
33:47 pratiquement les mêmes mots dans votre livre,
33:49 il faut quand même avoir des connaissances, s'il n'y a pas de connaissances,
33:51 on peut rien faire. - C'est ça, la question des
33:53 connaissances de base, on parlait
33:55 tout à l'heure du fait d'entrer en sixième sans savoir lire,
33:57 alors que normalement, ça s'apprend au CPCE1.
33:59 Quand on sort du
34:01 CPCE1 sans savoir lire, on devrait être dans des classes
34:03 spéciales, mais on ne fait que ça.
34:05 Tant que les bases ne sont pas
34:07 acquises, et ce que disait Madame
34:09 aussi, c'est qu'il n'y a jamais d'acquis,
34:11 c'est-à-dire que tous les ans, vous êtes censés
34:13 avancer un programme nouveau, mais ils ne le maîtrisent pas.
34:15 Ils sont la moitié à ne pas maîtriser
34:17 les choses de la nécresse et d'ins, donc
34:19 c'est épuisant. Et ensuite, sur la
34:21 question de la frustration, c'est effectivement terrible
34:23 parce que la bienveillance institutionnalisée
34:26 fait qu'on les laisse dans une bulle, où ils
34:28 n'apprennent pas l'effort, et ils vont se
34:30 confronter ensuite dans la vie réelle,
34:32 ça va être terrible pour eux. - Oui, parce que
34:34 justement, la vie scolaire
34:36 etc. ne leur a pas donné le goût
34:38 de l'effort, et du travail.
34:40 Mais du coup, ça pose la problème,
34:42 ce que disait Sandriz, ce que vous dites,
34:44 on veut faire de la mixité, il ne parle que de mixité
34:46 sociale aujourd'hui. Mais si on introduit
34:48 dans les écoles des enfants
34:50 malheureusement qui ne savent pas
34:52 en sixième, en sixième ne savent pas lire et écrire,
34:54 enfin ou presque pas, ça pose
34:56 un problème quand même de grave,
34:58 non ? - Oui, ben on crée
35:00 partout cette hétérogénéité qui
35:02 fait qu'on ne peut pas travailler dans une majorité
35:04 d'établissements. Cette hétérogénéité
35:06 mécaniquement,
35:08 elle fait que les bons élèves perdent
35:10 leur temps la moitié du temps. Ils attendent
35:12 les autres. - Carrément. - Mais oui, bien sûr,
35:14 vous faites une page d'exercice de grammaire, il y en a
35:16 dans l'heure, ils vont faire toute la page, une
35:18 vingtaine d'exercices, et pendant ce temps,
35:20 il y en a qui seront arrivés à l'exercice 3.
35:22 C'est ça la réalité,
35:24 notamment en collège. - Donc ça fait perdre du temps
35:26 à ceux qui sont arrivés, les autres n'apprennent pas
35:28 plus que ça. - Non, non, non.
35:30 Et la réponse de l'institution à ça, c'est la
35:32 pédagogie différenciée, c'est-à-dire que le professeur
35:34 doit se diviser en deux, en trois, en quatre
35:36 pour enseigner à des niveaux différents
35:38 en même temps. - Le même professeur, bien sûr.
35:40 - Le même professeur en même temps. - La schizophrénie
35:42 à visage humain. - C'est ça.
35:44 - A visage pédagogique, intéressant.
35:46 - On a peut-être le temps d'accueillir
35:48 Guy, qui nous appelle de Paris. En quelques
35:50 mots, Guy. - Bonjour Guy,
35:52 on est heureux de vous recevoir,
35:54 mais très rapidement, parce que nous sommes hélas en fin
35:56 d'édition. - Bonjour à tous
35:58 et à toutes. Donc, j'ai 73 ans.
36:00 Déjà, en 98,
36:02 j'étais président d'une association de parents d'élèves
36:04 dans une ville représentant
36:06 une des deux plus grosses associations
36:08 de parents d'élèves de France. - D'accord.
36:10 - On contrôlait donc à la fois le primaire
36:12 et le secondaire.
36:14 Et nous avions des rencontres
36:16 quelques fois avec le ministère de l'Éducation nationale
36:18 parce qu'on s'était rendu compte
36:20 avec la secrétaire générale de cette association
36:22 de l'état pitoyable
36:24 de l'instruction dans notre pays.
36:26 Il y avait quatre paramètres qui
36:28 détruisaient, à savoir l'indiscipline,
36:30 le non-investissement des parents,
36:32 la non-protection
36:34 des professeurs,
36:36 et la mauvaise qualité,
36:38 la mauvaise méthode d'instruction.
36:40 - C'est les quatre chapitres
36:42 qui se trouvent dans le livre d'Eve Vaguerland.
36:44 - Vous voyez,
36:46 sans avoir lu le livre,
36:48 j'ai donné les quatre paramètres.
36:50 On alertait, on se bagarrait,
36:52 et rien ne bougeait.
36:54 Rien, rien, rien.
36:56 Et principalement du côté de l'Éducation nationale.
36:58 Et principalement du côté des parents.
37:00 Alors nous on demandait de la discipline.
37:02 La discipline permet à l'enfant de discuter.
37:04 - Merci Guy, merci.
37:06 On va revenir sur ce sujet.
37:08 Y compris Eve Vaguerland.
37:10 Et on fera
37:12 d'autres émissions là-dessus.
37:14 Parce que Dieu sait s'il y a à dire.
37:16 En tout cas Eve Vaguerland,
37:18 je ne dirai pas que cet avis tient lieu
37:20 de faire part, mais votre autopsie
37:22 quand même est assez
37:24 acérée, juste. Et encore une fois,
37:26 je recommande ce livre. Lisez-le.
37:28 Vraiment, vous apprendrez beaucoup de choses.
37:30 - Merci. - Et voilà. - Merci à notre invité.
37:32 Et merci à vous qui nous avez suivis.
37:34 Berkhoff dans tous ses états, revient demain
37:36 à midi 30. Tout de suite, c'est
37:38 Brigitte Lahaye qui vous libère de votre anxiété
37:40 pour une vie amoureuse heureuse.
37:42 Avec plaisir, bon après-midi avec Sud Radio.
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