• l’année dernière

Marc Lhermitte, associé du cabinet de conseil EY Consulting, répond aux questions d'Alexandre Le Mer à l'occasion de la publication du Baromètre EY de l’attractivité de la France 2023.

Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

Category

🗞
News
Transcription
00:00 - Europe 1 bonjour, Alexandre Lemaire et Omblin Roche.
00:04 - Europe 1, il est 6h41, Emmanuel Macron va présenter aujourd'hui à l'Elysée sa vision pour la réindustrialisation du pays
00:11 avant un déplacement sur ce même thème demain à Dunkerque.
00:14 Ce matin sur Europe 1, on vous révèle en exclusivité le dernier baromètre EY Consulting sur l'attractivité de la France.
00:21 Votre invité, Alexandre et Marc Lermitte, associés du cabinet de conseil EY Consulting.
00:26 - Bonjour Marc Lermitte. - Bonjour.
00:28 - Ce baromètre que vous nous dévoilez ce matin sur Europe 1 a été réalisé auprès de 204 dirigeants d'entreprises,
00:33 à capitaux étrangers bien sûr, mais c'est important de le préciser.
00:36 Les premières conclusions, elles se portent comment la France de 2023 sur le terrain de l'attractivité ?
00:41 - Pas si mal que ça. On poursuit la dynamique des 4-5 dernières années
00:45 puisque la France est première en destination des investissements étrangers en 2022.
00:50 - On fait la course en tête en Europe. - On fait la course en tête, on fait la course en tête.
00:53 D'abord parce qu'on a fait le boulot, les réformes de fiscalité, le droit social, le marché du travail, tout ça, ça a payé.
00:59 L'image de la France est quand même plus positive aujourd'hui.
01:02 Et puis, il faut le dire, on profite aussi un peu des déboires de notre gros concurrent britannique.
01:06 - Alors oui, en creux, le Brexit nous aide. - Le Brexit nous aide aussi.
01:10 Et puis, l'Allemagne est un pays formidable, une économie exportatrice incroyable,
01:15 mais le plein emploi en Allemagne, une énergie très très carbonée,
01:19 c'est aujourd'hui pas ce que recherchent les industriels et les investisseurs intrangers en général.
01:24 - 1259 projets d'implantation ou d'extension, en tout cas annoncés l'année dernière pour la France.
01:30 Si l'on parle justement d'attractivité à l'international, ce sont lesquels nos atouts pour nous, Français ?
01:36 - Alors, c'est d'abord qu'on est la deuxième économie européenne.
01:39 C'est pour ça que des entreprises viennent, pour retrouver leurs consommateurs, leurs industriels.
01:43 C'est un pays très central, pays d'infrastructures, de compétences.
01:46 Ça, c'est la base. Et nos concurrents, les autres pays européens,
01:49 même la Pologne, l'Italie, l'Espagne, qui font des parcours formidables cette année,
01:53 ont ces qualités. Ce que la France a en plus,
01:56 et ce que nous disent les entreprises, à près de 50%,
01:59 c'est que justement le fait d'avoir une énergie très décarbonée,
02:04 une énergie nucléaire très abondante, qui a connu quelques vicissitudes cet hiver,
02:08 mais quand même, par rapport à nos concurrents, ça c'est un formidable avantage.
02:12 Un gros avantage aussi, c'est qu'on donne finalement une forme de vision,
02:16 ou de cap à cette transformation économique de la France.
02:19 Quand le Brexit est plutôt un recul, la France dit
02:23 "Nous, on cherche notre voie pour aller en avant, pour se réinventer, faire de l'innovation."
02:27 On regarde 2030, alors avec beaucoup de difficultés,
02:30 on sait que c'est un chemin difficile, et 2030 est très loin,
02:35 mais sur le quotidien, on sent, à l'extérieur,
02:39 peut-être plus qu'à l'intérieur de nos frontières,
02:42 un regard assez bienveillant, vigilant sur la France.
02:46 - Des faiblesses, quand même, que met en lumière votre étude pour EY Consulting,
02:52 et ce sont notamment sur les centres de décision,
02:55 on n'est pas les champions sur ce terrain-là.
02:57 - Non, on est loin du compte, puisque sur les centres de décision,
03:01 le Royaume-Uni se défend très très bien.
03:03 Les Britanniques choisissent leur combat,
03:05 ils ont choisi justement de garder les sièges sociaux européens,
03:07 des boîtes de la technologie, ils ont une formidable industrie digitale,
03:10 les banques, finalement, sont pour l'essentiel restées à Londres,
03:14 et continuent de faire de Londres la première place financière européenne.
03:17 Sur les centres de décision, finalement, c'est une affaire compliquée,
03:20 parce qu'on avait fait du chemin avec un certain nombre de mesures fiscales,
03:23 mais nos concurrents, qui sont aussi le Pays-Bas, la Belgique, l'Irlande,
03:26 ont beaucoup progressé.
03:28 Il faut probablement remettre ça au centre de la table,
03:30 avec des aménagements fiscaux pour les entreprises,
03:33 et aussi pour les équipes, les équipes de managers,
03:36 et les équipes de collaborateurs.
03:38 Il faut travailler ce sujet, parce que les sièges sociaux,
03:40 les centres de coordination, c'est l'avenir, en fait,
03:42 et c'est les décisions qui vont compter pour les dix ans qui viennent.
03:45 - Emmanuel Macron va donc prononcer aujourd'hui un discours à l'Elysée
03:48 sur l'attractivité de la France.
03:50 Il sera demain à Dunkerque sur le thème de la réindustrialisation.
03:53 Grosse séquence économique pour le chef de l'État,
03:56 alors y a-t-il la volonté de tourner la page des retraites ?
03:59 En tout cas, il y a un besoin de réaffirmer les fondamentaux du macronisme
04:02 de la part du chef de l'État, il est contesté sur ses compétences économiques,
04:05 Marc Lermitte ?
04:07 - Il y a besoin de parler d'industrie, c'est le centre de cette conférence
04:12 cet après-midi à l'Élysée, ça sera vraiment mis en discussion
04:15 à Tchouz France, 200 CEO lundi à Versailles,
04:19 autant que les années précédentes, donc ça veut dire que la France
04:21 s'intéresse, on a besoin de la France, on a besoin de comprendre
04:23 ce qui s'y passe.
04:25 Oui, est-ce que cette séquence économique, comme on dit,
04:28 permet de passer, de tourner une page ?
04:31 - Sans doute, je pense que les entreprises gardent la tête froide,
04:35 ont un cap à suivre, ont besoin de savoir comment la deuxième
04:39 économie européenne se comporte, continuera sa transformation,
04:42 besoin de l'entendre de la voix du patron, et c'est normal
04:46 de le faire en ce moment. Moi ce que je note, c'est que
04:49 à court terme, les entreprises qu'on interroge, qui voyaient
04:52 interroger, sont assez, je dirais pas sereines, mais sont
04:55 assez fermes dans leurs intentions d'investir en France,
04:58 à moyen terme, elles ont plus d'inquiétudes. Il va falloir les rassurer
05:01 sur le fait que la France peut continuer à accompagner
05:04 leur transformation dans l'innovation, dans la transition énergétique.
05:08 Aujourd'hui, on voit qu'il y a un temps des procédures en France
05:11 qui s'est considérablement alourdi, on a plutôt reculé.
05:14 - Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que les promesses ne vont pas se transformer
05:17 nécessairement en usines, en implantations effectives ?
05:20 - Ça veut dire que localement, on a peut-être un peu plus
05:23 de difficultés qu'avant à implanter de l'activité industrielle,
05:27 de l'activité logistique. On a encore un chômage élevé
05:30 en France, 7%, et donc on a besoin de cette activité économique,
05:33 on a besoin de faire en sorte que la circulation de camions,
05:36 que le foncier soit préservé, mais on a besoin aussi
05:40 de faciliter, peut-être, et même sans doute d'accélérer
05:43 les procédures d'implantation. - Vous parlez de chômage, Marc Lhermitte.
05:46 Une faiblesse que révèle également votre enquête, c'est la traduction
05:49 de ces investissements étrangers en emploi sur notre sol.
05:52 Et là, vous le dites, dans votre enquête, on est loin du compte.
05:55 Parce que le coût du travail en France est élevé, 20%
05:58 de celui de la moyenne européenne, 40% de celui du Royaume-Uni.
06:01 Donc, ça se voit dans toutes les analyses de tous les bons consultants,
06:04 ça se voit que le coût de la France, le coût du travail est élevé.
06:07 On a une main-d'œuvre productive de très grande qualité, mais finalement,
06:10 à un moment, le prix, ça compte. Et puis, on a un deuxième sujet,
06:13 c'est que les réformes du droit du travail, du marché du travail,
06:16 ont pesé, mais pas suffisamment sur les procédures collectives.
06:19 Quand on se pose la question de, en cas de restructuration,
06:22 qu'est-ce qu'on fait dans tel ou tel pays, en France, on a une petite croix
06:25 un peu négative, prudence sur notre climat social, le dialogue social,
06:28 ça aussi, là aussi, il faut rassurer.
06:31 - Pour être très concret, je cite les chiffres de votre enquête EY,
06:34 Marc Lermitte, 33 emplois créés en moyenne par projet en France.
06:37 - C'est deux fois moins que l'Allemagne, en moyenne.
06:40 En Allemagne, c'est très compliqué d'aller s'implanter à l'Allemagne,
06:43 c'est un pays qui est très resserré, avec des entreprises
06:46 formidablement puissantes, mais quand on y va,
06:49 on crée deux fois plus d'emplois qu'en France.
06:52 C'est un écart qu'il va falloir réussir à combler,
06:55 parce qu'on a besoin de créer de l'emploi dans tous les territoires,
06:58 dans les petites villes, les villes moyennes en France,
07:01 et ça c'est un sujet qu'il faut mettre sur la table, aujourd'hui à l'Élysée,
07:04 et dans les mois qui viennent. - Le dernier baromètre EY Consulting
07:07 sur l'attractivité de la France en exclusivité ce matin sur Europe 1.
07:10 Merci Marc Lermitte, associé du cabinet EY.
07:13 - Il est 6h48.

Recommandations