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00:00 Heureux pas matin.
00:02 Nicolas Carreau, le livre du jour ce matin.
00:04 Vous avez choisi un roman en poche.
00:06 Oui, en proche même.
00:08 C'est le nom de la version poche des éditions de l'Iconoclast.
00:11 Il y a certains livres comme ça qui arrivent de nulle part,
00:14 mais dont on parle avant même leur sortie.
00:16 Ça a été le cas de celui-là à l'époque.
00:18 Il a connu un succès considérable.
00:20 80 000 exemplaires vendus pour un premier roman.
00:22 C'est énorme.
00:24 C'est le livre de Maud Ventura.
00:25 Ça s'appelle "Mon mari".
00:26 La couverture avait joué son rôle dans le succès.
00:28 On voit une dame genre Bri Van De Kamp dans Desperate Housewives.
00:32 Dans une robe vert amande,
00:34 elle a l'air tout bien comme il faut, un peu hors trait,
00:36 les pieds bien serrés et un petit sac dans les mains.
00:38 J'imagine que c'est l'héroïne.
00:40 Absolument. Elle a 40 ans, elle est mariée, deux enfants.
00:42 Elle habite une petite maison en banlieue un peu chic.
00:44 Elle travaille, elle est prof d'anglais.
00:46 Tout va bien, tout est normal.
00:47 Après 15 ans de mariage, elle est toujours aussi amoureuse de son mari.
00:50 Toujours amoureuse, ça n'a rien de dingue,
00:53 mais elle est toujours dans la passion incandescente du début.
00:56 Elle pense que son amour pour son mari ne s'est jamais normalisé.
00:59 Elle n'a jamais atterri sur le terrain du doux attachement,
01:02 de la tendresse quotidienne simple.
01:04 Elle est toujours à fond.
01:05 La chance ?
01:06 Elle en vit même les divorcées, les veuves.
01:09 Parce que tout est déjà joué, c'est moins fatiguant.
01:12 C'est un roman d'amour un peu spécial.
01:14 C'est ce qui fait toute son originalité.
01:16 C'est à la fois dramatique,
01:17 parce que la narratrice est malheureuse de cette situation,
01:19 mais aussi très drôle souvent et très contradictoire forcément.
01:22 Le mari, lui, il est dans un mode normal, classique,
01:25 et elle, elle lui cache tout ça bien entendu.
01:27 Au lieu de lui répondre à son texto
01:29 "Hâte de te retrouver mon amour",
01:30 même si elle en a très envie,
01:31 elle répond juste "à tout à l'heure"
01:33 pour pas qu'il se rende compte de ses névroses.
01:35 Je ne vous raconte pas la fin, ça va aller très loin,
01:37 mais vous verrez, on avance jour par jour,
01:39 parce que chaque chapitre correspond à un jour de la semaine.
01:42 On monte d'un cran à chaque fois dans la folie,
01:44 et la chute, les trois dernières pages,
01:48 retournent tout le roman.
01:50 C'est un vrai bel chunial !
01:52 - Mon mari, Maud Ventura, donc à l'iconoclaste en version proche.
01:56 Merci Nicolas Carreau.
01:57 La sortie de la semaine à présent.
01:59 Mais qu'entends-je ? Qu'entends-je là ?
02:04 - Debussy pour les impressionnistes.
02:06 Et bon réveil sur Europe 1.
02:08 - Bonjour Marie-Gickel.
02:09 Oui, la sortie de la semaine que vous nous avez choisie,
02:11 c'est une exposition au musée du Luxembourg,
02:13 c'est à Paris, consacrée au frère Monet.
02:15 Alors on connaît Claude, le peintre,
02:17 fondateur du mouvement impressionniste,
02:18 mais son frère Léon, beaucoup moins.
02:21 Lui, il était industriel et collectionneur.
02:23 - Oui, et premier soutien de Claude Monet.
02:25 On peut dire que c'est le mécène du groupe impressionniste,
02:28 avec Renoir, Pissarro,
02:29 leur conseillant de participer à des expositions
02:32 et achetant leurs premières œuvres.
02:34 Léon Monet a aussi encouragé son frère
02:36 à venir peindre sur la côte normande,
02:38 au Petit-Dal ou à Rouen.
02:40 Et on y retrouve donc dans cette exposition,
02:42 ces paysages gorgés de lumière,
02:44 des couleurs pastels, voilà, une douceur bienvenue.
02:47 Mais on découvre aussi les œuvres de jeunesse de Claude Monet,
02:50 caricatures de personnages croisés sur les ports normands.
02:52 Et ça, c'est inédit.
02:54 Géraldine Lefèvre est la commissaire de cette exposition,
02:57 fruit d'une enquête de trois ans
02:59 pour tenter de retrouver un tableau,
03:01 le seul portrait de Léon Monet peint par son frère.
03:04 - En révélant l'existence de Léon Monet,
03:06 il me fallait montrer son visage.
03:08 Or, ce portrait n'était jamais ressorti.
03:10 Et le retrouver, cela a été long,
03:12 cela a été une enquête minutieuse, je dirais,
03:15 mais ça a été aussi une très belle aventure,
03:17 une grande émotion quand je l'ai vu pour la première fois.
03:19 - Voilà, le tableau retrouvé chez des collectionneurs privés.
03:22 Et c'est l'illustration de l'affiche de l'exposition.
03:25 Donc Léon possédera 20 monnaies,
03:27 mais aussi des estampes japonaises.
03:29 Et en fait, on réalise que Léon Monet est toujours attiré
03:31 par les couleurs vives.
03:32 Et donc, cette exposition, Dimitri,
03:34 eh bien, elle procure le même effet qu'un shot de vitamine D.
03:37 Bienvenue en ce moment.
03:38 C'est aussi le témoignage touchant de la relation
03:40 des frères Monet, exaltante au début,
03:42 plus sombre lorsque Claude Monet connaîtra le succès.
03:45 Les frères vont se brouiller, ne plus se parler.
03:48 La relation s'achève tout comme l'expo,
03:50 avec cette lettre rarissime de Claude Monet, malade,
03:53 avouant qu'il n'a pas la force de se rendre à l'enterrement de son frère.
03:56 - Non mais c'est terrible, c'est triste ça.
03:58 Léon Monet, frère de l'artiste et collectionneur.
04:02 C'est toujours intéressant de voir les collections,
04:04 les choix en fait, qui sont faits par les collectionneurs.
04:06 La personnalité qui se dégage à travers leur propre sélection.
04:09 C'est au musée du Luxembourg, à Paris.
04:11 C'est à voir jusqu'à la mi-juillet.
04:13 Merci beaucoup Marie, merci Nicolas, merci Vincent.
04:15 Merci à tous les trois et à demain pour de nouvelles découvertes.