François-Xavier Bellamy était l'invité du "8h30 franceinfo"

  • l’année dernière
François-Xavier Bellamy, vice-président des Républicains et député européen

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Transcription
00:00 Bonjour François-Xavier Bellamy.
00:01 Bonjour.
00:02 Emmanuel Macron était hier à Dunkerque, il a dévoilé l'implantation prochaine d'une énorme usine de batterie taïwanaise.
00:08 Il a d'ailleurs dévoilé aussi d'autres projets, en l'occurrence 4700 emplois à la clé en tout.
00:13 Là ça ferait les 4ème et 5ème usines de batterie en France.
00:18 Tout ça c'est l'illustration d'un plan dévoilé la veille par le chef de l'État pour favoriser les industries vertes, réindustrialiser la France.
00:25 Est-ce que vous, membre des Républicains, vous applaudissez des deux mains ?
00:29 On ne peut que se réjouir que des emplois industriels soient recréés dans notre pays, c'est clair.
00:33 Et c'est une cause commune qui doit réunir toutes les familles politiques
00:37 parce qu'une France qui continue la trajectoire de sa désindustrialisation,
00:40 c'est une France qui évidemment va perdre demain la capacité de maîtriser son destin.
00:45 C'est une France qui aujourd'hui déjà est en train de s'enfoncer dans la crise.
00:49 Et je crois que toutes les familles politiques qui ont gouverné ont d'une certaine manière marqué des étapes,
00:55 ont été incapables jusque-là d'enrayer la spirale de la désindustrialisation.
00:59 Lui, il est en train de l'enrayer, Emmanuel Macron.
01:01 Il faut aujourd'hui faire le trajet inverse.
01:03 Ce n'est pas parce qu'une usine s'implante qu'on a réussi à l'enrayer.
01:05 Ça fait presque cinq usines, là, déjà.
01:07 Pour l'enrayer, il faudra...
01:08 Trois qui y sont déjà et deux qui vont venir.
01:10 D'abord, j'observe quand même qu'aujourd'hui, cette réindustrialisation,
01:13 elle dépend beaucoup de capitaux étrangers.
01:15 C'est quand même un vrai sujet.
01:16 Comment se fait-il qu'aujourd'hui, Emmanuel Macron dit "nous sommes le territoire le plus attractif pour les investissements étrangers".
01:21 Oui, mais qu'est-ce que ça veut dire en réalité ?
01:22 Ça veut dire que notre économie est progressivement rachetée par des capitaux étrangers.
01:26 C'est ça, la véritable signification de cet indice.
01:29 L'autre aspect qui est clé, c'est que si nous voulons réindustrialiser,
01:32 il faut, et c'est ça le plus important, non pas faire de grands effets d'annonce,
01:35 mais commencer par recréer les conditions pour que l'industrie puisse s'implanter et se déployer.
01:39 Les conditions, ça veut dire mettre une pause, par exemple, dans la réglementation environnementale,
01:42 comme le dit Emmanuel Macron.
01:44 Il dit "bon, on en a fait assez, maintenant, on n'est pas obligé d'aller plus loin".
01:47 J'avoue que je suis tombé de ma chaise en entendant cette déclaration d'Emmanuel Macron.
01:51 Pourquoi ? Je vais vous raconter l'histoire.
01:53 Ça fait maintenant un an qu'au Parlement européen, mon groupe, le PPE, le groupe de la droite européenne,
01:57 qui est majoritaire au Parlement européen,
01:59 qui est majoritaire, mais à la manière du Parlement européen, c'est-à-dire que nous sommes...
02:02 Majorité relative.
02:03 Nous sommes le plus grand groupe, mais nous n'avons pas, évidemment, de très loin, la majorité absolue dans l'hémicycle.
02:09 Et sur ce point, nous n'avons malheureusement pas été suivis par les autres groupes.
02:13 Nous demandons depuis un an un moratoire législatif,
02:17 en considérant que la Commission européenne est revenue depuis le début du mandat à une inflation normative
02:22 qui rappelle les pires heures de la création de réglementations européennes dans les décennies précédentes.
02:28 On s'est lancé dans un train de mesures législatives absolument inouïs.
02:33 Et on a encore devant nous beaucoup de textes qui se dessinent.
02:37 Et nous nous disons avec notre groupe...
02:38 Mais ce n'est pas tout à fait ce que dit Emmanuel Macron. Il ne dit pas un moratoire sur les textes actuels.
02:40 Il dit, il y a actuellement, par exemple, le pacte vert qui doit être adopté, formalisé dans les prochaines semaines.
02:46 Il dit tout ça, on le fait. Tout ce qui est en discussion, on le fait.
02:49 Mais on évite d'en rajouter dans les années à venir.
02:51 Vous, ce que vous demandez, c'est bien un moratoire sur les législations actuelles.
02:55 Nous, nous avons voté parce que nous avons réussi à gagner des étapes très importantes.
03:01 Je pense par exemple au mécanisme d'ajustement carbone aux frontières, la barrière écologique.
03:05 C'est ce qui va permettre de protéger notre marché contre des importations de produits
03:08 qui sont fabriqués avec de l'énergie très carbonée en dehors de l'Europe, dans le reste du monde.
03:15 Nous avons réussi à obtenir qu'on puisse reconstituer, reconstruire des conditions de concurrence loyale
03:20 pour les acteurs, pour les producteurs européens.
03:22 Maintenant, nous disons, sur beaucoup de sujets, des étapes clés ont été franchies.
03:26 Commençons par regarder comment ça fonctionne.
03:28 Arrêtons-nous ici, faisons un moratoire et regardons.
03:31 Mais ça veut dire qu'il faut arrêter ce qui est en discussion actuellement ?
03:33 Je prends un texte tout simple, un texte qui se décide aujourd'hui, qui s'appelle "Restauration de la nature".
03:38 C'est une sorte de surenchère environnementale.
03:41 Il ne s'agit plus seulement de protéger la nature, mais de la restaurer dans son état originel.
03:46 C'est un problème philosophique.
03:48 On pose le crayon aujourd'hui, ce n'est pas demain, pour bien comprendre.
03:49 Oui, bien sûr. On est maintenant à quatre ans de mandat.
03:52 Il peut tout à fait être raisonnable de se donner une année pour...
03:55 J'ai l'impression d'entendre nos mots dans ceux du président de la République.
03:58 En tous les cas, j'ai l'impression qu'il s'en est correctement inspiré.
04:01 Quand il dit qu'il faut commencer par regarder comment fonctionnent les normes actuelles,
04:06 avant d'en créer de nouvelles.
04:07 On est dans un monde extrêmement instable.
04:09 Instabilité géopolitique, sécuritaire, instabilité économique, financière, instabilité énergétique.
04:14 Et nous, on est en train de rajouter de l'insécurité juridique par-dessus tout ça.
04:18 Oui, il est temps, effectivement, de faire un moratoire.
04:20 Mais quand j'entends le président de la République dire ça,
04:22 moi je vois le comportement de ses élus au Parlement européen,
04:25 qui sont bien souvent du côté de la gauche,
04:28 et même plus à gauche que leur propre groupe politique,
04:31 pour demander qu'on en fasse encore plus dans les règles environnementales.
04:33 Il a surpris manifestement, y compris dans ses rangs d'ailleurs.
04:36 Évidemment. Et pardon d'ajouter un dernier point.
04:38 Si on veut réindustrialiser, prenons un autre exemple,
04:41 il faut aussi créer les conditions du point de vue de l'énergie.
04:43 Quelle est la condition nécessaire pour qu'une industrie s'installe ?
04:46 C'est de pouvoir disposer d'une énergie stable et à des coûts abordables.
04:50 Ça veut dire sortir du marché européen de l'électricité, par exemple ?
04:52 Nous avons pour ça un outil extraordinaire qui est notre filière nucléaire.
04:56 Filière profondément fragilisée par le quinquennat de François Hollande,
04:59 puis par le premier quinquennat d'Emmanuel Macron.
05:01 Et aujourd'hui, encore aujourd'hui,
05:04 les députés macronistes, dans leur écrasante majorité,
05:07 votent, à chaque fois qu'ils en ont l'occasion,
05:09 contre l'énergie nucléaire au Parlement européen.
05:11 Est-ce que c'est ça l'arrière-industrialisation ?
05:13 J'ai déposé un amendement dans le cadre de Repower You,
05:16 un plan de 210 milliards d'euros.
05:18 Dans le cadre de ?
05:19 Repower You, c'est un texte du Parlement européen,
05:21 de la Commission européenne,
05:22 pour mettre 210 milliards d'euros.
05:24 Et oui, malheureusement, c'est l'anglais bruxellois,
05:27 je le déplore, mais c'est comme ça.
05:28 210 milliards d'euros, c'est ça qui est important, le contenu,
05:31 pour reconstruire nos capacités de production énergétique.
05:33 Le nucléaire en était exclu.
05:35 J'ai déposé un amendement pour l'inclure.
05:37 Cet amendement a été adopté en commission,
05:39 puis en séance plénière dans l'hémicycle.
05:41 Il a donc été adopté par le Parlement européen,
05:43 avec le soutien de socialistes d'Europe de l'Est,
05:46 avec le soutien de conservateurs d'Europe du Sud.
05:49 Ça veut dire qu'on peut utiliser du nucléaire
05:50 pour faire la transition énergétique.
05:53 Ça veut dire qu'on peut utiliser les fonds européens
05:55 pour entretenir nos centrales actuelles,
05:56 pour en construire de nouvelles.
05:57 Eh bien, les députés macronistes ont voté contre cet amendement.
06:00 Est-ce que c'est ça l'arrière-industrialisation ?
06:02 Moi, je suis révolté de voir le double discours
06:04 qui consiste à dire à Paris le contraire de ce qu'on fait à Bruxelles.
06:07 Et je crois qu'il est temps,
06:08 quand on parle de pause législative dans les réformes à Paris,
06:11 de dire que c'est exactement le contraire
06:13 que font les députés macronistes au Parlement européen.
06:15 – Alors, un autre sujet européen, s'il en est, c'est l'immigration,
06:18 puisque votre parti se prépare à déposer deux textes de loi,
06:20 en l'occurrence à Paris, des propositions de loi.
06:23 L'un d'eux pour affirmer la primauté du droit national.
06:26 Est-ce que ça veut dire sortir du traité européen, des traités européens ?
06:29 – Ça veut dire qu'aujourd'hui, il y a une jurisprudence européenne
06:32 qui pèse sur notre droit et qui empêche l'État de prendre les décisions
06:36 que les Français attendent de lui en matière migratoire.
06:39 Et oui, ça pose un problème majeur.
06:41 Aujourd'hui, la CEDH, par exemple, donne…
06:43 – C'est la Cour des droits de l'homme.
06:45 – La Cour européenne des droits de l'homme,
06:46 donne du droit à la vie familiale une interprétation qui est extrêmement politique.
06:51 – Mais vous faites de la France insoumise, là.
06:52 Vous voulez sortir de l'Union européenne,
06:54 vous voulez désobéir à l'Union européenne.
06:56 – Mais écoutez, c'est le Danemark, par exemple, qui est un pays européen
07:00 dont personne ne conteste l'engagement européen,
07:02 un pays actuellement dirigé par un gouvernement social-démocrate
07:05 qui a fait ce qu'on appelle un "opt-out", pardon, c'est encore de l'anglais,
07:08 mais qui a décidé qu'il adhérait à la CEDH avec certaines réserves
07:12 qui lui permettent de garantir sa souveraineté,
07:15 notamment sur des sujets migratoires.
07:16 Personne ne considère que le Danemark est un pays anti-européen
07:20 ou un pays en voie de dangereuse radicalisation réactionnaire.
07:23 C'est un gouvernement social-démocrate.
07:25 Nous proposons ni plus ni moins de reprendre effectivement
07:29 notre marge de manœuvre sur des questions qui sont cruciales.
07:31 Le droit à la vie familiale, tout le monde y croit évidemment,
07:34 mais ça ne veut pas nécessairement dire que quand une personne
07:37 a réussi à arriver illégalement dans notre pays,
07:39 elle a le droit de faire venir toute sa famille.
07:41 Ça veut dire qu'elle peut avoir le droit de vivre en famille
07:43 dans son pays d'origine si elle n'est pas éligible à l'asile en France.
07:46 Et c'est ça le droit à la vie familiale.
07:48 Et faire de la politique avec les droits fondamentaux,
07:51 c'est d'une certaine manière priver nos États de leur souveraineté.
07:55 Et pas seulement nos États, du coup, nos démocraties et donc le peuple français.
07:58 Et si on continue d'expliquer aux Français qu'effectivement,
08:01 on ne peut rien faire parce que la jurisprudence européenne
08:04 lie les mains de notre État, alors oui, on finira par condamner
08:07 l'idée européenne dans le cœur et l'esprit des Français.
08:09 François-Xavier Bellamy, eurodéputé Les Républicains,
08:12 vous restez avec nous, invité de 8h30, 8h41,
08:14 c'est l'heure du Fil info d'Yann Fershit.
08:16 Ils sont arrivés en France hier soir, Benjamin Brière et Bernard Félan.
08:20 Les deux otages français en Iran sont apparus affaiblis et malades.
08:23 Téhéran affirme les avoir relâchés de bonne foi.
08:26 Dans le cadre d'une action humanitaire, 5 autres Français sont toujours retenus dans le pays.
08:30 Une centaine de policiers supplémentaires déployés à Valence,
08:33 notamment la CRS-8, l'unité spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines.
08:37 Ils vont rester sur place tout ce week-end,
08:39 après deux fusillades mortelles en 48h.
08:41 La préfète de la Drôme évoque un contexte de règlement de comptes entre bandes.
08:45 En Ukraine, le patron de Wagner, Evgeny Prigojim,
08:48 qualifie de déroute le mouvement des troupes russes près de Barmout.
08:51 L'armée russe affirme que ses soldats se sont repliés vers de meilleures positions défensives.
08:56 De son côté, Kiev dit avoir repris des territoires sur environ 2km.
09:00 Les Lançois confortent leur deuxième place du classement de Ligue 1 de football,
09:03 en battant le stade de Reims 2 à 1.
09:05 En ouverture de la 35e journée, l'an s'affiche ce matin, 5 points de plus que l'OM.
09:09 Deux rencontres sont à suivre ce samedi, Strasbourg-Nice à 17h.
09:12 Et puis, à 21h, le PSG accueille Ajaccio.
09:20 Le 8/30 France Info, Néil Halatrous, Laurence Anechal.
09:24 - Pour l'instant, François-Xavier Bellamy, on évoquait cette primauté du droit national
09:28 en matière migratoire que votre parti, Les Républicains, veut instaurer.
09:32 Vous nous dites que ça veut dire pouvoir passer outre la Cour européenne des droits de l'homme.
09:36 Est-ce que ça veut dire aussi, dans l'esprit de la rédaction de votre loi,
09:40 que la France pourrait décider de sortir des accords de Schengen
09:43 ou de s'affranchir des décisions de la Cour de justice européenne ?
09:47 Est-ce que ça ne vise que la Cour européenne des droits de l'homme
09:49 ou est-ce que ça vise l'ensemble des traités européens ?
09:51 - Aujourd'hui, on a une jurisprudence.
09:53 Ce n'est pas tant les traités que la jurisprudence qui en est donnée.
09:56 - Donc ce n'est pas les accords de Schengen, par exemple ?
09:58 - Le sujet n'est pas le droit à la vie familiale comme un droit fondamental.
10:01 Nous sommes tous pour que le droit à la vie familiale soit respecté.
10:04 Le problème, c'est l'interprétation qui en est donnée par des jurisprudences
10:07 qui, elles, sont évidemment marquées par un biais politique tout à fait caractérisé.
10:11 Si le droit à la vie familiale, c'est qu'une personne qui arrive illégalement dans notre pays
10:14 a le droit de faire venir toute sa famille,
10:16 alors effectivement, il y a un vrai problème d'interprétation de ce droit fondamental.
10:19 - Je vous pose la question parce que, en parallèle de ce débat sur la seule question migratoire,
10:24 il y a cette interview de Laurent Wauquiez dans Le Point,
10:26 interview Fleuve, le président de la région Auvergne-Grenable
10:29 qui représentera peut-être votre famille politique à la présidentielle de 2027.
10:33 Lui, il dit qu'il ne s'agit pas simplement de la Cour européenne des droits de l'homme,
10:36 il dit qu'il s'agit de toutes les Cours suprêmes.
10:38 Donc il les cite une par une dans Le Point.
10:39 Mise de côté, la Cour de justice de l'Union européenne qu'on évoquait,
10:43 la Cour de cassation, le Conseil d'État, le Conseil constitutionnel en partie.
10:48 Il propose aussi de supprimer, s'il est élu, je le cite,
10:50 la quasi-totalité des autorités indépendantes,
10:53 donc la Commission nationale de l'informatique et des libertés,
10:55 l'Agence nationale de sécurité sanitaire et de l'alimentation,
10:57 l'ANSES et puis l'ARCOM, qui était avant le CSA, qui régule les médias audiovisuels.
11:03 Donc d'où la question, est-ce que l'objectif in fine des Républicains,
11:06 c'est de s'affranchir de l'ensemble des contre-pouvoirs,
11:07 qu'ils soient européens ou français ou nationaux ?
11:10 - Le vrai problème, Néla Latrousse, c'est quand les contre-pouvoirs,
11:13 comme vous dites, sont devenus le pouvoir.
11:15 Parlez aujourd'hui à des ministres, parlez à des parlementaires,
11:18 parlez à des élus locaux, parlez à des préfets,
11:20 tous vous diront qu'aujourd'hui, ils n'ont plus les leviers pour agir.
11:24 Et pourquoi n'ont-ils plus les leviers pour agir ?
11:25 Parce que vous avez partout, je ne sais pas,
11:28 quand vous vous déplacez un peu partout en France,
11:30 comme je le fais très souvent,
11:31 eh bien vous entendez toujours les mêmes difficultés qui surgissent.
11:35 - Mais c'est quand on est dans une république des juges ?
11:37 - Non, c'est parce que là, il parle de la Cour de cassation, du Conseil d'État,
11:40 il parle même du Conseil constitutionnel.
11:42 - Il y a quand même peu d'États qui, effectivement,
11:43 ont au-dessus d'eux autant de Cour suprême ou d'autorité
11:48 qui ont pour faculté de statuer à la place du gouvernement
11:54 et sans responsabilité politique.
11:56 Prenons un exemple tout simple.
11:57 Moi, je suis en commission de la pêche au Parlement européen,
11:59 entre autres activités, je m'occupe beaucoup de cette filière magnifique
12:03 et si profondément fragilisée aujourd'hui.
12:05 Vous avez une décision du Conseil d'État qui va fermer la pêche
12:08 dans le golfe de Gascogne pour plusieurs mois
12:11 à cause du sujet de l'échoage des dauphins.
12:13 Il y a un vrai problème avec l'échoage des dauphins.
12:15 Mais pourquoi est-ce que c'est le Conseil d'État qui rend une décision comme celle-ci ?
12:18 - Vous dites que ce n'est pas son rôle ?
12:19 - Moi, je crois qu'il y a un sujet dans le fait qu'aujourd'hui,
12:21 de plus en plus de cas sont traités par des juges
12:24 au lieu d'être traités par le gouvernement.
12:26 - Mais ça passe par... - Le gouvernement est le spectateur d'une décision.
12:28 - ... mettre de côté ces cours-là ?
12:30 - Mais ça passe par le fait, en tous les cas, de réussir à reconquérir
12:33 la capacité de la démocratie de constituer des décisions
12:38 qui sont ensuite assumées politiquement devant les citoyens.
12:42 Pourquoi, ensuite, on se pose la question de la désaffection à l'égard des élections ?
12:45 Pourquoi les gens ne vont plus voter ?
12:47 Parce qu'une fois qu'ils ont été votés,
12:48 ils ont été votés pour leur maire, leur mère leur dit
12:50 "Je ne peux plus rien faire, en fait, je n'ai pas les leviers."
12:53 Ils ont été votés pour un gouvernement et qui leur dit aujourd'hui, voilà,
12:56 les pêcheurs parlent au ministre de la pêche, qui leur dit
12:58 "Écoutez, qu'est-ce que vous voulez ? Je ne peux rien y faire,
13:00 c'est le Conseil d'État qui décide."
13:02 Et donc, évidemment que la démocratie est dévitalisée.
13:04 Moi, je ne suis pas pour détruire les contre-pouvoirs, pas du tout.
13:08 Je ne suis surtout pas pour détruire l'équilibre des pouvoirs.
13:10 Parce qu'en fait, la justice n'est pas un contre-pouvoir,
13:12 c'est la séparation des pouvoirs qui s'impose.
13:14 Mais là, il y a un déséquilibre.
13:16 Il y a un vrai problème quand l'exécutif a trop de pouvoirs
13:18 et que le pouvoir judiciaire n'en a pas.
13:20 Il y a un vrai problème quand la multiplication de ces autorités indépendantes,
13:24 notamment, finit par incapacité, pardon de ce terme très laid,
13:28 par rendre incapables d'agir l'État et la démocratie.
13:32 – D'un mot sur l'immigration, on a compris,
13:34 donc il y a deux textes qui vont être déposés par les Républicains.
13:36 Ce qui vous gênait dans le texte du gouvernement,
13:38 c'était toutes les dispositions liées à l'immigration et au travail,
13:41 donc ces types de séjour en tension notamment.
13:43 Est-ce que si ces points-là ne figurent pas dans le projet du gouvernement,
13:45 vous dites "Banco, ok, c'est le texte qu'on voulait,
13:48 on est prêt à discuter avec Gérald Darmanin, votons ce texte".
13:50 – Écoutez, pour l'instant, il n'y a pas de projet du gouvernement.
13:52 Le gouvernement dit un jour qu'il y aura un texte,
13:54 le lendemain il dit qu'il n'y en aura pas.
13:56 – Qui a été supprimé, qui a été voté, y compris par la droite, en commission au Sénat.
13:59 – Écoutez, je pense que l'immigration, parce que maintenant,
14:01 Madame Borne nous dit que dans ces 100 jours,
14:03 l'immigration ce n'est pas un sujet si important,
14:05 et donc on va d'abord faire la fête du vélo,
14:07 la fête de la nature et le comité interministériel du vélo.
14:10 Bon, si l'immigration n'est pas un sujet important pour Madame Borne,
14:12 nous on croit qu'il l'est et donc on va s'en occuper.
14:14 Et donc on propose un texte et on verra bien qui le votera.
14:17 Parce qu'on ne va pas attendre indéfiniment que le gouvernement
14:19 veuille bien se mettre d'accord avec sa propre majorité sur le sujet.
14:22 Permettez-moi de vous dire, là encore, c'est très intéressant
14:24 de vous raconter des histoires de ce qui se passe au Parlement européen.
14:26 Quand il est à Paris, Emmanuel Macron dit aux Français
14:28 "on va protéger l'Europe contre l'immigration illégale".
14:30 Le sujet de Schengen, c'est d'abord ça.
14:32 Et quand ensuite on se retrouve à Bruxelles et à Strasbourg avec ses élus,
14:36 leur principale préoccupation c'est d'interdire à l'Union européenne
14:39 de financer des infrastructures physiques à l'extérieur des frontières de l'Europe.
14:42 C'est-à-dire, vous avez aujourd'hui des pays qui sont limitrophes
14:46 de pays tiers de l'Union européenne.
14:47 Ces pays-là demandent quelle que soit la couleur politique de leur gouvernement.
14:51 Il y a des pays de gauche qui demandent ça.
14:52 Qui demandent que l'Union européenne les aide à financer des murs
14:55 pour, dans les cas où c'est nécessaire, dans les endroits où c'est pertinent,
14:59 éviter les flux migratoires illégaux.
15:01 C'est le cas par exemple du gouvernement espagnol, la Ceuta et Melilla.
15:04 C'est un gouvernement socialiste et pourtant il a des infrastructures...
15:06 - Son enclave espagnole au Maroc.
15:08 - Extrêmement robustes.
15:09 Eh bien, aujourd'hui, les élus macronistes ont lancé la croisade contre les murs
15:15 en considérant que cette position était, je cite Valérie Aillet,
15:18 ma collègue de la délégation macroniste au Parlement européen,
15:20 que cette proposition était ignoble.
15:22 Nous, nous avons déposé un amendement pour que la position du Conseil,
15:26 la position des États membres, puisse être enfin adoptée par la Commission.
15:30 Pour que les États membres puissent être aidés à financer ces infrastructures physiques
15:34 là où c'est nécessaire.
15:35 Eh bien, les élus macronistes ont été désavoués
15:38 par une grande partie de leur propre groupe sur ce sujet.
15:41 Donc, en réalité, quand le président de la République dit
15:43 qu'il veut lutter contre l'immigration illégale,
15:45 quand Mme Borne fait croire que c'est à cause des Républicains
15:48 que ce sujet n'avance pas, c'est parce que sa propre majorité
15:51 ne veut pas renforcer l'Europe contre l'immigration illégale
15:55 et ne veut pas que le PNU puisse se protéger contre ces flux illégaux.
15:58 – Il n'y aura pas de manifestation de l'extrême droite et de l'ultra droite
16:01 à Paris ce week-end.
16:02 Gérald Darmanin a demandé à la préfecture de police
16:04 de les interdire après les images de la semaine dernière.
16:07 Est-ce que ces images, elles vous ont choqué ?
16:09 Un défilé néo-nazi dans les rues de Paris.
16:11 Et est-ce qu'il a eu raison de prendre cette décision ?
16:13 – Ces images sont affligeantes.
16:16 Moi j'ai du mal à prendre au sérieux des gens qui se disent patriotes
16:19 et qui défilent déguisés en Asie et qui font des concerts de rock à rien.
16:25 Tout ça est pitoyable, lamentable.
16:27 Si on tient à la France, on n'a pas le droit d'emprunter les symboles
16:31 d'une idéologie qui a voulu la détruire et détruire tout ce que nous sommes.
16:35 – Et il était temps donc d'interdire ce type de manifestation.
16:38 – Je renvoie ces patriotes-là à leur indignité affligeante.
16:42 Sur le reste, il y a quelque chose d'inquiétant dans le fait
16:46 que le gouvernement recourde plus en plus souvent à l'interdiction de manifester.
16:50 Non pas pour, comme ce devrait être le cas,
16:53 éviter des troubles graves à l'ordre public,
16:55 qui sont la restriction nécessaire pour pouvoir justifier de telles interdictions,
17:00 mais parce qu'il y aurait une couleur politique qui déplait.
17:04 – Vous parlez de quoi ? Des casserolades sur les ministres par exemple ?
17:06 – Par exemple, on voit aujourd'hui, en tous les cas,
17:09 c'est Olivier Kahn dans "Le Monde" qui alertait sur ce risque-là
17:12 en disant que même la gauche devrait aujourd'hui défendre le fait
17:15 que l'extrême droite doit avoir le droit de manifester.
17:17 Je ne dis pas, encore une fois, que le droit de manifester…
17:20 – Vous ne mettez pas un signe égal entre les deux ?
17:22 – Que le droit de manifester… – Casseroles et néonazis ?
17:24 – Non, bien sûr que non.
17:25 Mais ce que je dis simplement, c'est qu'aujourd'hui,
17:27 on est dans un moment de restriction assez inquiétant du droit de manifester
17:30 qui, rappelons-le, doit être le principe.
17:33 L'interdiction, c'est l'exception.
17:35 Et cette interdiction, elle ne doit être motivée
17:37 que lorsqu'il s'agit de risques de troubles graves à l'ordre public.
17:39 Merci François-Xavier Bellamy.

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