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Dov Alfon journaliste, et directeur de la publication et de la rédaction du quotidien français Libération

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/en-toute-subjectivite

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Transcription
00:00 Nicolas Demorand : le 21 octobre, non tout subjectivité ce matin avec le directeur de la publication et de la rédaction de Libération, Dov Alfons, bonjour.
00:07 Bonjour Nicolas.
00:08 Dov, le président Zelensky a dîné hier soir avec Emmanuel Macron à l'Elysée et le but de cette visite n'est peut-être pas celui affiché au menu.
00:17 Oui Nicolas, Zelensky par ici, Zelensky par là, le président ukrainien est probablement le chef de guerre le plus accessible et le plus visible dans l'histoire de l'humanité.
00:27 Ce week-end, il a ainsi voyagé de Rome à Paris en passant par le Vatican, Berlin et Aix-la-Chapelle, officiellement demandant à tous ses interlocuteurs des armes.
00:37 À la question s'il avait reçu tout ce qu'il lui fallait pour mener sa fameuse contre-offensive, le visiteur a répondu d'un ton espiègle "encore quelques visites et nous aurons ce qu'il nous faut".
00:48 Militairement, rien de plus faux sans doute comme même les blindés légers promis hier par la France ou l'armement lourd promis par l'Allemagne pour une addition supplémentaire de 3 milliards d'euros quand même, n'arriveront pas à temps pour cette contre-attaque.
01:02 Mais en termes de communication par contre, le président ukrainien dit vrai et lui faudra d'autres visites.
01:08 Car depuis que la Russie l'a envahi en février 2022, l'Ukraine est en danger d'être oubliée par d'autres drames et de lasser l'opinion publique mondiale.
01:16 Comprenant ce danger, Zelensky s'efforce donc d'exciter le public, c'est son premier métier.
01:21 Et s'il est remarquable comme stratège militaire, il est encore plus impressionnant dans le rôle du visiteur inattendu, de la méga-star imprévisible, du leader accessible, qui donne à des millions de personnes l'impression de le connaître comme un vieil ami qu'il ne faudrait pas laisser tomber.
01:36 Et est-ce que ça peut réellement l'aider à mener une contre-offensive historique pour le coup contre la Russie ?
01:42 Comment le savoir Nicolas, il ne faut pas oublier que le héros de ces contrées est justement le maréchal dont le nom est devenu synonyme d'illusion.
01:49 Le prince Grigory Potemkin, général favori et parfois amant de l'impératrice Catherine II, a pris le contrôle de cette région du monde qui en mars 1774, il y a fondé de nouvelles villes, d'encairsonne d'ailleurs.
02:03 Pour les Russes et pour Vladimir Poutine en particulier, Potemkin est un héros national.
02:08 Mais pour l'Occident, Potemkin est le nom d'une métaphore, le village Potemkin, qui désigne un trompe-l'œil à des fins de propagande.
02:16 Selon ses ennemis à la cour, il aurait érigé de luxueuses façades en carton-pâte lors de la visite de l'impératrice pour dissimuler la vérité et masquer la pauvreté du pays conquis.
02:27 Et pour Zelensky aussi, il s'agit de brouiller les pistes et de ne rien révéler qui pourrait gêner une possible offensive militaire.
02:33 Il demande donc des armes, il demande aussi à parler au concours de chansons de l'Eurovision, il annonce d'autres visites à venir, on n'en saura pas plus.
02:41 Car dans cette guerre de miroirs, ce que l'on voit n'est pas ce que l'on croit. Et Zelensky le comprend mieux que personne.
02:47 NICOLAS : Doval Font, merci.

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