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00:00 Bonjour, bienvenue sur SRTV dans notre émission Bourse où des gérants de fonds viennent
00:13 nous partager leurs convictions, leurs valeurs préférées du moment.
00:17 Aujourd'hui c'est Louis de Montalembert, le président de Playad AM, cette management
00:21 que nous recevons.
00:22 Louis bonjour.
00:23 Bonjour Stéphane.
00:24 Et bien commençons si vous voulez bien par la présentation de votre maison.
00:27 Bien sûr.
00:28 Alors moi j'ai fait toute ma carrière dans le private equity.
00:30 En fait je travaillais à mi-temps quand j'étais étudiant à la bourse au Palais
00:33 Brouillard et je me suis dit que la bourse c'était le diable.
00:35 Donc je suis allé dans le private equity et puis après un certain nombre d'années
00:38 j'ai fini par comprendre que la bourse n'était jamais qu'un outil tout comme le private equity
00:42 et donc j'ai monté ma société d'asset management en 2008 en utilisant finalement
00:47 les fondamentaux du private equity et la deep in private equity pour investir à long
00:51 terme dans des entreprises.
00:52 Moi ce sont vraiment les entreprises qui m'intéressent.
00:54 On a un angle très spécifiquement technologique parce qu'on s'intéresse à une thématique
00:59 qu'on a appelée la cloudification de l'économie.
01:01 La cloudification de l'économie c'est quoi ? C'est le fait que grâce au cloud le logiciel
01:07 change de nature d'abord mais surtout il s'insinue dans des pans entiers de l'économie.
01:11 C'est à dire que je vous donne un exemple Stellantis a annoncé il y a un an de ça
01:17 qu'à horizon 2030 ils ambitionnaient de faire 20 milliards de chiffre d'affaires annuel
01:21 en logiciel récurrent.
01:22 Ça c'est possible grâce à l'infrastructure du cloud et donc nous on s'intéresse à
01:26 ces nouvelles entreprises qui émergent sachant que moi-même j'ai un historique d'investisseur
01:31 dans le logiciel depuis très longtemps et de présence à des bords d'entreprises de
01:35 logiciel.
01:36 C'est le sujet clé sur lequel travaille Playhead AM.
01:40 Alors on va le voir donc à travers les trois valeurs que vous avez choisi de nous parler
01:43 aujourd'hui.
01:44 La première c'est MongoDB.
01:45 Alors MongoDB c'est une société de bases de données.
01:49 Les bases de données sont les outils qui permettent à tout applicatif logiciel de
01:53 fonctionner en allant chercher des requêtes et des données.
01:56 Historiquement c'est un secteur qui est dominé par Oracle qui a à peu près 70% d'un marché
02:01 qui fait 84 milliards de dollars.
02:03 Et MongoDB est la nouvelle génération, ce qu'on appelle cloud native, de base de données
02:10 no SQL, ça veut dire not only SQL, c'est à dire que les bases de données traditionnelles
02:15 sont fondées sur des données structurées, c'est à dire des chiffres, là où le no
02:19 SQL peut prendre des chiffres mais aussi des données textuelles.
02:21 On l'a tous vu avec un outil comme ChatGPT qui a travaillé avec des bases de données
02:27 no SQL puisque il faut remonter des données non chiffrées, des données textuelles.
02:32 Et donc MongoDB est une entreprise qui croit à plus de 40%, 48% je crois l'année dernière,
02:38 fait 1,2 milliard de dollars de chiffre d'affaires dans un marché qui fait 84 milliards, donc
02:43 elle est encore toute petite et le marché lui-même croit de 13% par an.
02:48 Il faut savoir qu'un applicatif conserve le même système de bases de données entre
02:54 10 et 20 ans, ça veut dire qu'on a non seulement de la croissance mais en plus on a un renouvellement
02:58 naturel, donc il y a à peu près entre 15 et 20 milliards de dollars de chiffre d'affaires
03:03 additionnels à prendre chaque année.
03:04 Donc MongoDB est vraiment la nouvelle technologie autour des bases de données et prend des
03:09 parts de marché.
03:10 Vous disiez que MongoDB croissait de je crois 48% l'année dernière, Oracle a cru de 5%,
03:16 donc on voit vraiment qu'il y a une transformation comme on le voit dans l'ensemble du cloud
03:19 depuis les systèmes dits legacy ou historique vers des acteurs cloud natives dans la base
03:26 de données pour nous c'est MongoDB.
03:28 Ok, deuxième valeur TechTool, TechTool bien sûr, CrowdStrike, c'est quoi ça ?
03:32 Alors CrowdStrike c'est un nouveau leader dans la cybersécurité, on a tous vu à travers
03:39 les nouvelles que la cybersécurité était un sujet central et d'autant plus aujourd'hui
03:43 que les données sont décentralisées grâce au cloud et qu'il y a de plus en plus de points
03:48 d'accès de données, on parle aussi de l'IoT, vous savez l'Internet of Things, qui permet
03:53 en fait d'accéder effectivement, de collecter des données et donc les systèmes, les architectures
03:58 de cybersécurité traditionnelles proposées par des acteurs comme Symantec ne sont plus
04:03 du tout d'actualité.
04:04 CrowdStrike c'est une entreprise qui ne faisait que 117 millions de dollars de chiffre d'affaires
04:09 en 2017 et qui a fait 2,4 milliards de chiffre d'affaires en 2022.
04:13 Je ne sais pas si vous imaginez les taux de croissance, en fait ce qui est intéressant
04:17 des entreprises du cloud de manière générale c'est l'hyper croissance parce que comme
04:21 vous avez une infrastructure qui est stable et qui est mature et qui permet de déployer
04:26 des solutions de manière instantanée et mondiale, dès que vous avez une nouvelle
04:31 fonctionnalité vous la mettez sur le système, vous augmentez le panier moyen de vos clients
04:35 etc.
04:36 Donc ça fait des taux de croissance que l'on n'avait jamais vu dans l'histoire économique
04:39 humaine.
04:40 Donc CrowdStrike 117 millions, 2,4 milliards en 5 ans.
04:45 Et au niveau concurrence ?
04:48 Alors oui, le problème de la cybersécurité c'est qu'elle s'est complexifiée avec plusieurs
04:53 acteurs à différents endroits.
04:55 Vous avez Octa qui par exemple est plutôt sur l'identification, Sentinel One qui est
05:00 un acteur émergent, qui est sur le endpoint, ça veut dire vraiment le point final d'accession
05:06 CrowdStrike offre une large palette de services.
05:10 Le seul concurrent qui offre une aussi large palette de services c'est Microsoft Defender
05:16 mais CrowdStrike gagne à peu près 80% des appels d'offres contre Microsoft.
05:19 Je vous donne juste un exemple pratique, CrowdStrike sécurise toutes les infrastructures physiques
05:25 et digitales d'une ville comme Las Vegas.
05:28 Donc aussi bien les systèmes de feu tricolore que les hôpitaux, que le système informatique
05:35 de la ville.
05:36 Et ils sont plutôt aux Etats-Unis ou vraiment avec les problèmes de souveraineté ?
05:41 Alors et MongoDB et CrowdStrike sont des entreprises américaines, néanmoins ce sont des entreprises
05:46 mondiales.
05:47 C'est à dire qu'on n'a pas d'enjeu sur les applicatifs d'enjeu de souveraineté.
05:52 Les enjeux de souveraineté dans le cloud sont plus sur la localisation des données.
05:57 D'accord, pas sur la protection.
05:58 Pas sur la protection, mais même sur un cloud dit souverain comme il est en train d'en
06:04 constituer un avec Thales, ce fait avec la technologie Microsoft.
06:09 Donc en fait il faut distinguer ce qui est souverain, ce sont les données, la protection
06:12 des données.
06:13 Ce qui est sur les applicatifs qui permettent de protéger les systèmes, ça pour le coup
06:18 il n'y a pas de notion de souveraineté, c'est juste l'acteur le plus efficient.
06:21 Avant les gens utilisaient du Symantec qui n'est pas non plus une entreprise européenne.
06:26 Donc ce sont des entreprises qui sont rigoureusement mondiales.
06:28 Mais le sujet de la souveraineté était peut-être à l'époque un peu moins sensibilisant.
06:31 Oui, mais ce que vous voulez quand vous protégez des données, c'est le meilleur outil pour
06:37 les protéger.
06:38 Après, que vous demandiez une garantie sur la localisation de vos données, que vos données
06:42 n'aillent pas sur des serveurs de CrowdStrike, ça je pense qu'effectivement c'est envisageable,
06:47 mais ça n'est pas un frein pour utiliser un outil.
06:49 Très bien.
06:50 Troisième valeur, Belief.
06:51 Alors Belief, c'est des raretés européennes.
06:57 C'est récent, c'est coté depuis 2021.
07:00 Mais beaucoup de ces entreprises se sont cotées en 2020-2021.
07:04 Dans notre portefeuille, il n'y a hélas que deux entreprises européennes, ce n'est
07:08 pas faute de chercher.
07:09 Belief est un acteur très intéressant parce que c'est un acteur de la digitalisation
07:13 de la musique.
07:14 Il faut comprendre une chose sur la musique, c'est qu'à partir du moment où il y a
07:17 eu de la digitalisation, il y a eu du piratage et ça a été un effondrement du marché de
07:22 la musique du début des années 2000 aux années 2010 à peu près.
07:26 Et puis, à partir du moment où les plateformes de streaming ont apparu, c'était une alternative
07:31 viable et peu onéreuse au piratage, on a eu un redécollage du marché de la musique
07:39 qui croit aujourd'hui à peu près à 16%.
07:42 Qu'est-ce que permet la digitalisation au centre de laquelle Belief est ?
07:47 Ça permet de réduire drastiquement les coûts de production.
07:50 En fait, aujourd'hui, vous pourriez chanter dans votre douche une chanson que vous trouvez
07:54 merveilleuse et décider qu'elle sera sur Spotify.
07:57 Et Belief est l'acteur qui va vous permettre ça.
08:00 Donc les coûts de production par rapport à l'époque où il fallait imprimer des galettes,
08:05 les placer dans des magasins, etc. ont chuté drastiquement.
08:09 Et Belief est cet acteur qui permet la distribution optimale avec des algorithmes sur les bonnes
08:16 plateformes au bon endroit, là où les majors vont favoriser ce qu'on appelle d'avoir
08:24 un actif qui est tous les albums historiques, des catalogues de grandes stars internationales.
08:32 Belief est très local.
08:33 Il faut savoir que la France ne représente que 15% de son chiffre d'affaires.
08:38 Très fort dans les pays émergents, l'Inde, la Chine.
08:42 Ce qui lui permet, si on pense que la musique affiche 16% de croissance par an à l'heure
08:47 actuelle, lui permet d'afficher une croissance bien supérieure parce qu'elle est dans ces
08:52 pays-là et parce qu'elle est sur cette nouvelle tendance de la digitalisation, ce qui n'est
08:57 pas nécessairement le cas des majors.
08:59 Il y a une cerise sur le gâteau, c'est que bizarrement, le plus gros marché de la musique
09:03 mondiale qui sont les États-Unis, sont encore très peu digitalisés au sens où ils sont
09:07 encore beaucoup sur le modèle ancien des majors qui gardent les catalogues, etc.
09:11 Donc, il y a une vraie opportunité pour Belief là-bas.
09:14 Et j'ajouterais une dernière chose, ils ont levé 300 millions d'euros, ils génèrent
09:18 un cash flow positif et ils ont un peu déçu parce qu'ils ne faisaient pas d'acquisition
09:24 alors qu'ils avaient levé ces 300 millions pour des acquisitions.
09:26 Ils viennent de faire une acquisition qui s'appelle Sentric pour 47 millions d'euros
09:32 et donc on sent qu'ils repartent sur une stratégie d'acquisition.
09:35 Offensive.
09:36 Voilà.
09:37 Ok.
09:38 D'une manière plus globale, comment voyez-vous l'évolution du marché sur les prochains
09:40 mois ?
09:41 Alors ça, c'est un peu la question à 1 000 euros.
09:43 J'aimerais bien qu'on me donne la réponse.
09:46 C'est très complexe.
09:47 Je pense que le narratif qui a dominé l'année dernière, qui est le narratif des taux d'intérêt,
09:52 même si on en parle beaucoup encore, n'est pas le narratif dominant aujourd'hui dans
09:57 les marchés.
09:58 Il est en train de laisser sa place au narratif de la croissance des profits.
10:02 En fait, toute la question, tout le monde attend, est-ce qu'il va y avoir une récession
10:06 demain ? Parce que c'est ça qui va driver la croissance ou la décroissance des résultats.
10:12 Donc, on a un marché qui est très attentiste.
10:15 Et d'autant plus en ce moment qu'on a le problème de la dette publique américaine
10:19 et du relèvement du plafond de la dette.
10:21 Et on sent bien qu'aujourd'hui, la situation politique aux États-Unis peut conduire à
10:25 un psychodrame autour de cet événement-là et éventuellement à un défaut des États-Unis.
10:29 On a quand même Donald Trump qui a appelé le Congrès à conduire au défaut de la dette
10:36 américaine.
10:37 Donc ça, ce n'est pas extrêmement encourageant.
10:39 Après, on a vu que les sociétés sortaient de très bons résultats au premier trimestre.
10:45 Et on a le sentiment aussi que le marché commence à cranter les résultats.
10:50 C'est-à-dire que l'année dernière, on avait soit une baisse indiscriminée ou une
10:54 remontée indiscriminée en fonction du sentiment de marché.
10:57 Là, on a une vraie discrimination entre les entreprises qui publient bien et les entreprises
11:02 qui publient mal.
11:03 Ce que j'aime sur notre positionnement sur le cloud, c'est qu'on est sur des entreprises
11:07 qui se sont fait absolument dératiser l'année dernière, puisque la baisse moyenne des
11:12 cours de bourse sur les points hauts a été de 60%.
11:15 La baisse des multiples a été supérieure à 80%.
11:17 Donc la baisse est faite.
11:19 On est à des multiples historiquement bas.
11:20 Et on est sur des entreprises qui induisent des gains de productivité pour leurs clients
11:25 qui vont en avoir besoin dans un contexte économique ralenti.
11:28 Et Jey a eu un rattrapage par rapport à la correction.
11:32 Non, très faible.
11:33 Je pensais que ça allait rebondir.
11:35 Très faible depuis le début de l'année, c'est surtout les méga cap qui ont rebondi.
11:38 Et pas ce qu'aux Etats-Unis on qualifierait des mid cap, même si elles pèsent plusieurs
11:42 milliards de dollars.
11:43 Donc là-dessus, il y a un vrai potentiel de rebond, d'autant que ce sont des entreprises
11:47 qui sont riches en trésorerie, qui ont une propriété...
11:50 Rentable et de la croissance, tout ce que l'on cherche.
11:51 Voilà, et qui ont une profitabilité qui va être explosée cette année, parce qu'elles
11:55 ont entendu le message du marché l'année dernière, qui disait "on veut moins de croissance,
11:58 on veut plus de profitabilité".
11:59 Donc il y a eu des plans sociaux au niveau des entreprises pour optimiser leur base de
12:03 coût.
12:04 Donc si vous avez en tête un peu moins de croissance, je vous donne une grandeur.
12:08 Notre portefeuille l'année dernière, en moyenne, la croissance des entreprises était de 44%.
12:11 C'est colossal.
12:12 Cette année, on attend plutôt 29%.
12:14 Mais avec une rentabilité beaucoup plus forte.
12:15 Beaucoup plus forte, qui va croître.
12:17 Et une génération de cash flow, ce sont des boîtes qui sont surfinancées, parce qu'elles
12:21 se sont cotées en général vers les points hauts du marché.
12:24 Donc elles ont des trésoreries...
12:25 Nous, on a 31 entreprises du portefeuille, elles ont en moyenne 1,1 milliard de dollars
12:30 de trésorerie nette.
12:31 Et qu'est-ce qu'elles vont faire ? Redistribuer ?
12:33 Non, alors...
12:34 Parce qu'il n'y a pas des rachats...
12:36 Alors, on voit qu'effectivement, après la baisse massive des coûts, on commence à
12:40 voir des entreprises qui commencent à faire quelques rachats.
12:43 Il pourrait y avoir des opportunités d'acquisition, parce que le private equity finance moins.
12:48 Ça, c'est un autre aspect positif.
12:49 C'est qu'on a moins de financement du private equity vers des nouveaux concurrents.
12:54 Il y a un fort retour de balancier.
12:55 Voilà, vers des nouveaux concurrents tech.
12:57 Donc tout ça pose, je pense, les entreprises du cloud dans un sweet spot.
13:02 Pour répondre complètement à votre question, je suis ambivalent sur le marché, plutôt
13:06 optimiste sur...
13:07 Dans le secteur.
13:08 Parce que c'est du stock picking qu'il va falloir faire.
13:12 Plutôt optimiste sur ce qu'on a choisi.
13:14 Alors, vous me direz, je vends ma soupe.
13:15 Mais de facto, je suis un investisseur, un des plus importants investisseurs dans mon
13:20 fonds.
13:21 C'est moi qui l'ai cidé.
13:22 Et donc, je crois vraiment dans ce que je dis.
13:24 Parfait.
13:25 Louis, merci pour ce partage et cet éclairage ô combien intéressant.
13:29 J'espère que vous allez régulièrement nous voir.
13:31 Merci à tous d'avoir suivi.
13:33 Je vous donne rendez-vous très prochainement sur InvestirTV avec un autre expert spécialisé
13:38 de la finance qui viendra nous partager ses convictions, son expertise, son savoir.
13:42 Au revoir.
13:43 Au revoir.
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