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Avec Guillaume Roquette, directeur de la rédaction du Figaro Magazine.

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/en-toute-subjectivite

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Transcription
00:00 Il est à présent 7h20 en toute subjectivité ce matin avec le directeur de la rédaction
00:04 du Figaro Magazine.
00:05 Bonjour Guillaume Roquet.
00:06 Bonjour Léa Salamé.
00:07 Emmanuel Macron a dénoncé hier un acte de vandalisme commis sur un tableau exposé
00:11 au Palais de Tokyo et vous vouliez revenir ce matin sur cette affaire.
00:15 Oui, en précisant d'abord que l'oeuvre dont il s'agit, peinte par l'artiste suisse
00:20 Myriam Khan, représente un homme nu qui impose une fellation à une autre personne nue, visiblement
00:27 un enfant, qui est à genoux et les mains liées dans le dos.
00:30 Cette peinture est exposée depuis février à Paris au Palais de Tokyo, le célèbre
00:35 centre d'art contemporain qui a reçu en 2021 10 millions d'euros de subvention du
00:40 ministère de la Culture.
00:42 Une députée du Rassemblement National et plusieurs associations de défense de l'enfance
00:46 ont demandé le retrait de cette scène d'une grande violence mais le Palais de Tokyo puis
00:52 le Conseil d'Etat, qui avait été saisi pour diffusion de pédopornographie, ont refusé
00:58 le décrochage.
00:59 Et l'affaire a donc rebondi ce dimanche quand un visiteur, lui-même ancien élu du
01:04 RN, a aspergé le tableau avec de la peinture violette, ce qui a entraîné la réaction
01:09 du chef de l'Etat.
01:11 Curieusement, celui-ci a condamné cette dégradation en faisant allusion au 8 mai et à la victoire
01:17 de la liberté.
01:18 Bon, pour ma part, je ne suis pas convaincu que de Gaulle ait libéré la France pour
01:21 permettre l'exposition de représentations pédopornographiques dans les musées publics.
01:26 Nul besoin, à mon avis, d'en appeler aux valeurs de la résistance pour condamner,
01:30 avec raison d'ailleurs, un acte de vandalisme.
01:32 Le Palais de Tokyo, lui, justifie cette œuvre en expliquant qu'elle est une dénonciation
01:36 des crimes de guerre.
01:37 Oui, mais je ne vois pas très bien ce que la guerre vient faire ici.
01:39 La réalité de ce tableau, elle est malheureusement beaucoup plus ordinaire.
01:43 Selon la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants,
01:48 160 000 mineurs sont victimes, chaque année, en France, de violences sexuelles.
01:52 Et le coprésident de cette commission, qui est lui-même juge des enfants, atteste, en
01:58 parlant de ce tableau, je le cite, "on n'imagine pas la violence que peut causer une telle
02:03 image sur le mineur ou l'adulte qui aurait été victime d'abus sexuels durant ses
02:08 premières années de vie".
02:10 Mais cet argument du respect de la personne humaine laisse totalement indifférent Myriam
02:15 Khamkhane et le Palais de Tokyo qui affirment même, contre toute évidence, que le tableau
02:20 représente deux adultes.
02:21 Quoi qu'il arrive, l'artiste semble donc avoir tous les droits et aucune responsabilité.
02:26 En fait, le but recherché, à mon avis, avec ce genre d'œuvre est toujours le même.
02:30 Il faut choquer pour montrer qu'on est affranchi des conventions, transgresser pour prouver
02:35 qu'on est libre.
02:36 La violation des normes tient lieu de talent.
02:39 Dommage que les autorités publiques se fassent les complices avec notre argent de pareille
02:43 tartufferie.
02:44 Ça vous appartient, c'est en toute subjectivité.

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