SMART BOURSE - Emission du mardi 16 mai

  • l’année dernière
Mardi 16 mai 2023, SMART BOURSE reçoit Arnaud Faller (Directeur général délégué en charge des investissements, CPR AM) et Anne-Laure Frischlander-Jacobson (Directrice Générale, BNY Mellon France)

Category

🗞
News
Transcript
00:00 *Musique*
00:08 C'est reparti pour Smartbourse, votre double dose quotidienne de marché en direct sur Bismarck.
00:12 Chaque jour à la mi-journée, 12h30, 13h et en fin d'après-midi, la grande édition pendant une heure à partir de 17h,
00:18 rediffusée à 20h sur Bismarck TV, émission que vous retrouvez chaque jour en replay sur Bismarck.fr et en podcast sur l'ensemble de vos plateformes.
00:26 Le premier de cette édition de la mi-journée, le marché qui reste en pause avec très peu d'initiatives en ce début de semaine encore.
00:35 On le rappelle, une semaine d'échéances techniques avec l'expiration de différents produits dérivés,
00:40 contrats sur indices qui arriveront justement à expiration ce vendredi.
00:45 Des enjeux techniques, des enjeux politiques évidemment avec la reprise des négociations sur le plafond de la dette prévue aujourd'hui
00:52 et des rencontres entre les équipes de la Maison Blanche et les équipes des différents leaders du Congrès américain,
00:58 sujet de crispations immédiates.
01:01 Et dans ce contexte, les marchés effectivement restent plutôt à tône.
01:06 Le CAC 40 tourne autour de l'équilibre en termes de performances aujourd'hui, au-delà du seuil des 7400 points
01:13 avec une série de données économiques en provenance de Chine ce matin,
01:17 qui jette un doute sur la vigueur de la reprise chinoise à ce stade.
01:21 On a vu une série de statistiques reportant sur le mois d'avril en matière de production industrielle,
01:27 en matière de vente au détail, qui sortent en deçà et parfois très nettement des attentes du consensus des économistes.
01:35 Est-ce que la reprise chinoise est déjà en train de s'essouffler ?
01:39 C'est un sujet dont nous parlerons avec Arnaud Faller dans quelques instants,
01:43 directeur des investissements de CPR Asset Management.
01:46 Puis nous resterons dans la sphère émergente avec Anlor Frischlander-Jacobson,
01:50 DG de BNY Mellon IM en France, pour évoquer la question de la décarbonation des économies,
01:56 l'objectif carbone neutre 2050, qui passe évidemment par des efforts importants dans la sphère émergente.
02:04 Comment ces efforts seront-ils financés ?
02:07 Nous parlerons de l'émergence et de l'augmentation, la naissance de ce marché de la dette émergente à impact.
02:14 Ce sera le sujet que nous traiterons dans cette demi-heure d'émission.
02:18 Mais d'abord, les éléments de marché un peu immédiats,
02:31 et c'est Arnaud Faller qui est avec nous par téléphone,
02:33 directeur général délégué en charge des investissements de CPR Asset Management.
02:37 Bonjour et bienvenue Arnaud, merci d'être avec nous.
02:40 Le sujet à la une c'est l'Asie, qui nous permet à la fois de s'interroger sur la reprise économique chinoise
02:48 et la vigueur de la reprise économique chinoise à ce stade, quelques mois après la réouverture sanitaire.
02:53 Et ça nous permet également de regarder un petit peu ce qui se passe du côté du Japon.
02:57 Pourquoi est-ce que l'Asie vous intéresse aujourd'hui Arnaud ?
03:00 C'est la zone de croissance au côté des vallées à la Zanet, très claire ce qui se passe.
03:06 Évidemment, il faut bien voir que l'Asie ne se concentre pas uniquement sur la Chine.
03:10 En tout cas, on peut jouer la croissance aux Zanet autrement que par uniquement des valeurs actions côté chinoise.
03:17 Donc d'abord, en termes de macro, vous avez souligné qu'il y a une reprise claire
03:23 une fois qu'on a levé les restrictions sanitaires.
03:25 Sur un an, on vit ici un effet de base évidemment très important,
03:29 puisque printemps 2022 on était en confinement, d'où les chiffres qui apparaissent très forts.
03:34 La vente au détail sur un an c'est 18,4% de hausse comme annoncé ce matin.
03:40 Simplement, c'est sorti un peu en dessous des emportes.
03:43 Alors, il n'y a pas de catastrophe, mais parce qu'on retrouve le niveau avant Covid en rythme,
03:50 mais ce n'est pas aussi fort que certains escomptés.
03:53 Donc d'autant plus que cette fois-ci, le secteur manufacturier, c'est comme dans le reste du monde.
03:59 La production industrielle progresse aussi de 5,5%.
04:02 C'est beaucoup, par contre, encore une fois, c'est l'effet de base qui a la manœuvre.
04:06 Ce qui fait qu'on a en tête que là aussi, la reprise est un peu moins vigoureuse.
04:11 D'ailleurs, ça se traduit par le taux de chômage des jeunes qui reste très élevé.
04:17 La Chine a du mal à créer des emplois pour les jeunes qui arrivent sur le marché de l'emploi.
04:22 Après leur formation, on est au plus haut historique de 20,4%.
04:27 Tout ça pour dire qu'effectivement, la croissance chinoise post-reprise,
04:32 après les mesures de confinement, elle est là, mais pas du tout aussi forte que prévue.
04:36 Il faut avoir en tête que ce n'est pas que la Chine qu'il faudra regarder, il faudra regarder aussi le reste.
04:44 Et de manière de jouer, nous sommes effectivement, le Japon c'est plutôt une bonne idée.
04:48 D'ailleurs, ça a été souligné par d'autres investisseurs, puisque en termes de flux d'investissement,
04:54 le Japon s'en sort très bien depuis le début de l'année.
04:57 En termes de volume traité sur le marché action coté, on est aussi avec des volumes très forts.
05:03 On apprécie, au sein de cette paire, quand les marchés montent avec du volume,
05:07 parce qu'on se méfie évidemment quand les indices bougent, alors qu'il n'y a pas beaucoup de volume,
05:12 ça veut dire que c'est un peu plus fragile.
05:15 Là, à la différence d'ailleurs de la Chine, le volume d'action coté en Chine, c'est assez faible en ce moment,
05:21 alors qu'au Japon, il y a des volumes plus forts.
05:23 Et puis, vous voyez que sur les indices eux-mêmes, ça se traduit quand même,
05:27 puisque le topique s'est déguisé quasiment au plus haut depuis 1990.
05:31 Donc, tant mieux. Il y a plutôt des bonnes nouvelles sur le Japon, en macro et en micro.
05:37 D'ailleurs, en micro, on a fini la publication des résultats, ça c'est plutôt une bonne saison.
05:43 La cote est assez riche en termes de segments aussi bien value que croissance.
05:47 Il y avait des biais value, mais il y avait aussi des valeurs de croissance.
05:52 Et puis, on a évidemment la gouvernance des sociétés japonaises,
05:56 elle est un peu plus assurée que la gouvernance des sociétés peut-être chinoises,
05:59 auquel cas, ça rassure peut-être aussi des investisseurs.
06:02 C'est une manière de jouer la croissance chinoise qui peut être pertinente.
06:07 - Sur le Japon, Arnaud, parce que c'est vrai qu'on en parle régulièrement
06:12 pour évoquer la désillusion quand même des investisseurs historiques sur ce marché japonais.
06:18 Combien de fois est-ce qu'on a parlé de faux départs pour le marché japonais ?
06:22 Est-ce que là, c'est un intérêt simplement tactique de votre part
06:25 ou est-ce qu'il y a des éléments qui se mettent en place
06:27 qui plaident peut-être pour quelque chose d'un peu plus fort, d'un peu plus solide ?
06:31 - Alors, c'est vrai que le tactique joue, c'est évident,
06:35 parce que, encore une fois, dans un contexte où c'est plus compliqué d'acheter les actions côté chinoise.
06:40 Mais pour autant, ça peut être le fait qu'à un moment où ils étaient plombés historiquement
06:44 par beaucoup, beaucoup de déflations, peut-être que dans un monde
06:48 où l'implantation ressortira plus faible qu'aujourd'hui, mais malgré tout plus haut
06:53 que les craintes de déflation qu'on a connues par le passé,
06:56 ça peut être un catalyseur sur le Japon.
07:00 Alors, on verra même s'ils normalisent leur politique de taux.
07:03 Ce n'est pas encore le cas.
07:05 On verra si, mais c'est probable dans les prochaines réunions,
07:11 que la politique de courbe des taux devrait être modifiée
07:16 et que le 10 ans japonais s'éloigne un peu des 0,40, là où il est aujourd'hui.
07:21 Mais ça serait bien vu par les investisseurs.
07:24 - Ce qui montre aussi d'ailleurs le décalage qu'on peut avoir entre le cycle des différentes banques centrales,
07:30 puisque le Japon n'a même pas commencé encore à agir en matière de normalisation de sa politique monétaire
07:37 que la Fed, elle, de l'autre côté, est déjà en pause.
07:41 - Oui, effectivement.
07:43 Les chiffres d'inflation sont sortis un peu mieux que prévus, à 0,1 près.
07:47 Mais en tout cas, on a en tête que les effets des nombreuses hausses des taux connues depuis l'été dernier arrivent clairement.
07:55 On voit bien ça dans les conditions de crédit qui se sont fortement tendues.
07:58 On voit bien évidemment aussi sur l'effet des banques régionales US
08:02 qui, là aussi, compliquent les conditions de crédit.
08:05 Et le volume d'octroi de crédit en masse baisse un peu.
08:10 D'ailleurs, le sentiment de confiance des PEE est plutôt en forte baisse.
08:14 Alors la consommation tient des ménages, même si le sentiment de confiance des ménages rebaisse, on l'a vu la semaine dernière.
08:21 Tout ça pour dire qu'effectivement, on pense qu'aux États-Unis, la Fed va arriver à une période de pause
08:26 et qu'on maintient notre idée que quasiment tout est fait sur l'extrême de hausse des taux longs
08:33 et que le 10 ans US est attractif dans les portefeuilles d'aujourd'hui.
08:39 Oui, c'est une pause, ce n'est pas une tentative de pause dont on parle aujourd'hui, Arnaud.
08:44 Oui, il va falloir simplement réconcilier les points de vue,
08:48 qui sont différents entre les marchés de la Fed, sur les baisses des taux au deuxième semestre.
08:54 La Fed dit qu'il ne fera rien en 2023 et les marchés pensent qu'il y aura déjà des baisses de taux.
09:00 Donc à surveiller ça, c'est pour ça qu'on préfère plutôt le 10 ans que les maturités courtes,
09:05 où il y a déjà pas mal d'anticipations de baisse des taux, on verra le rythme réel.
09:10 On pense qu'il y aura quand même des baisses en 2023, pas forcément autant que les anticipations que le marché a en tête aujourd'hui.
09:18 D'où le fait que notre référence soit à la maturité longue plutôt que sur le très court américain.
09:23 Comment vous regardez le marché action aux Etats-Unis, Arnaud, avec finalement un S&P qui reste,
09:32 alors qu'il n'est pas revenu sur ses sommets historiques, mais pas loin de 4200 points,
09:37 qui est un niveau clé quand même que tout le monde regarde.
09:40 Il y a une caractéristique assez spécifique en ce moment, le marché américain,
09:46 ça fait 7 semaines qu'il clôture dans un range très serré de 2%, entre 4100 et 4170.
09:53 7 semaines, c'est assez rare dans l'histoire que ça dure autant, et c'est pas une période estivale,
09:57 c'est une période d'habitude où ça secoue un peu, dans un sens ou dans l'autre.
10:02 Et en plus, des volumes d'activités qui sont assez faibles.
10:09 On a regardé aussi, il y a des phénomènes théatiques qui expliqueraient ça.
10:15 Le volume traité sur les options un jour explose,
10:20 et représente entre 30 et 40% du volume des options aujourd'hui.
10:25 C'est beaucoup, c'est nouveau, et une des conséquences, il nous semble,
10:30 c'est que ça capte des variations quotidiennes dans les deux sens,
10:35 c'est-à-dire que ça crée un plafond et ça crée un plancher de variations quotidiennes.
10:39 Et à se rayer de près, parce que pour l'instant c'est le cas depuis un peu de temps,
10:44 s'il y avait un événement un peu exogène,
10:47 ce château de cartes pourrait être remis en cause.
10:53 Mais tant qu'il n'y a pas d'événement exogène,
10:56 à contrario, ça peut durer encore longtemps, puisqu'il y a ce phénomène technique qui se prolongerait.
11:02 Alors qu'est-ce que ça peut être comme événement exogène ?
11:05 Est-ce que ça peut être le plafond de la dette ?
11:07 Alors, deux secondes dessus, vous en avez parlé,
11:11 il faut que les démocrates et les républicains se mettent d'accord.
11:14 Pour l'instant, on n'a pas l'impression qu'il y a un accord très rapide qui pourrait arriver à se mettre en place.
11:20 Le temps compte, donc il faut se rappeler que c'est plutôt autour du 1er juin,
11:25 en tout cas la première semaine de juin, qu'on aurait atteint le plafond de la dette.
11:30 Le président américain Biden va aller en Asie pour le G7.
11:34 Les jours, quand même, commencent à être comptés,
11:36 et c'est compliqué de transiger avec un parti républicain qui est aussi divisé.
11:41 Il faut juste rappeler aussi que Trump appelle à ce qu'il y a un défaut,
11:46 et à provoquer un défaut de gouvernement américain.
11:48 Le pire n'est jamais certain, comme on dit dans ce genre de cas,
11:51 et dans l'histoire, on a pu à chaque fois qu'on était au bord du précipice,
11:54 mais on a toujours resté en dehors.
11:56 Ça a survécu quand même, parce que longtemps de suite, le parti républicain est assez divisé.
12:00 Mais il nous semble que, pour nous, la probabilité la plus forte,
12:03 c'est quand même malgré tout qu'il y aurait une extension à court terme du plafond,
12:08 au moins jusqu'à fin septembre, pour éviter de pouvoir trancher dans les jours autour du 1er juin.
12:14 Mais à surveiller, parce qu'encore une fois, le parti républicain est très divisé,
12:18 et vous vous rappelez le nombre de jours de cession qu'il a fallu pour que McCarthy soit à la Chambre.
12:25 C'est au-delà de 12.
12:26 - Une quinzaine de tours de vote pour écrire le secondeur républicain de la Chambre.
12:30 - Donc, malgré tout, on ne peut pas dire qu'il y a une unité affirmée.
12:37 Donc, à surveiller.
12:39 Alors, est-ce qu'il pourrait y avoir un autre événement catalyste
12:42 qui pourrait changer ce "training range", comme on dit, ce plancher plafond qui sera assez serré ?
12:49 Pour l'instant, c'est assez difficile à voir, autre que les jeux politiques.
12:53 Donc, peut-être malgré tout que ça peut un peu durer pendant quelque temps.
12:59 - Comment gère cette phase en termes d'allocation, Arnaud ?
13:03 - Exactement.
13:05 Donc, comme j'évoquais avec la pause de la FED,
13:09 on maintient la position qu'on avait sur les tours disant "oui, ça a été bénéfique".
13:13 Donc, aujourd'hui, ils sont à 3,47.
13:15 C'est l'actif qu'on aime bien aujourd'hui.
13:18 Et du côté actions, on a évidemment des positions.
13:22 Simplement, on a en tête qu'il devrait y avoir un meilleur timing pour augmenter l'exposition actions.
13:28 D'où le cas, on est assez mesuré.
13:32 Donc, on préfère au sein des actions, les pays.
13:34 La zone euro, qui est plutôt moins chère en termes de PE, etc.
13:39 Et surtout aussi, il y a un secteur bancaire qui est attractif.
13:42 Et puis, comme on a mentionné tout à l'heure, le Japon.
13:45 Donc, il y a aujourd'hui un poids d'agiration, pourtant, chez nous, devant même,
13:48 quand les fonds à performance absolue, avec la croissance,
13:52 le poids Japon est même devant le poids actions américains.
13:56 Ce qui est assez rare, quand même, dans l'histoire.
13:59 Merci beaucoup, Arnaud.
14:01 Merci pour cet éclairage sur la situation immédiate des marchés
14:04 et le positionnement retenu au sein des équipes de CPR Asset Management.
14:09 Arnaud Faller, directeur général délégué en charge des investissements de CPR AM,
14:12 qui était avec nous par téléphone.
14:24 Parlons à présent de l'enjeu de la neutralité carbone,
14:27 de la décarbonation de nos économies et de l'économie mondiale.
14:31 Dans son ensemble, c'est bien un objectif mondial
14:34 qui inclut les pays développés et les pays émergents.
14:37 Nous en parlons avec Anne-Laure Frischlander-Jacobson,
14:39 DG de BNY Mellon IM en France.
14:41 Bonjour, Anne-Laure.
14:42 Bonjour.
14:43 Ravie de vous retrouver pour évoquer ce sujet, effectivement.
14:46 Alors, sous l'angle de la sphère émergente, l'objectif carbone neutre 2050
14:50 anime évidemment les débats, les discussions, les stratégies d'investissement
14:54 de bon nombre d'acteurs des pays développés.
14:58 C'est aussi, et peut-être même avant tout, un enjeu pour la sphère émergente aujourd'hui.
15:03 Comment est-ce que vous posez justement ce débat et cette équation
15:07 pour les pays émergents face à cet objectif de neutralité carbone ?
15:10 Déjà, si on regarde où on en est,
15:13 le constat, malheureusement, est qu'il faut redoubler d'efforts
15:17 pour arriver à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.
15:21 Alors, juste pour illustrer, il y a quand même pas mal d'initiatives,
15:25 vous l'avez dit, c'est une dimension globale,
15:28 les investisseurs institutionnels sont très engagés pour y arriver.
15:32 Mais aujourd'hui, si on reprend par exemple un chiffre,
15:36 sur 2021, il y a eu 350 milliards qui ont été investis sur l'énergie renouvelable,
15:42 c'est bien, c'est en augmentation.
15:45 Et selon une étude que nous avons faite, bien Weimelon avec Fatom Consulting,
15:50 il faudrait 100 000 milliards à investir dans la transition énergétique
15:57 d'ici au cours des 30 prochaines années pour réussir à cette neutralité carbone.
16:03 Alors, pour mettre en perspective, ça représente quoi ?
16:06 C'est à peu près 15% des investissements à l'échelle mondiale
16:11 qui devraient être, pendant 30 ans, versés sur cette transition.
16:16 100 trillions de dollars, 100 000 milliards sur 30 ans.
16:19 C'est 15% des investissements mondiaux qui devraient être dédiés
16:23 à la transition énergétique, c'est 3% du PIB.
16:26 Donc, on en est encore très très loin.
16:29 Et la réalité sur le point pourquoi les émergents nous intéressent particulièrement,
16:35 c'est parce qu'il faudrait que 50% de ce montant soit investi vers la zone émergente.
16:41 La zone émergente pourquoi ?
16:43 Parce que tout simplement, c'est là où il y a la plus grande demande énergétique au niveau du monde.
16:51 Là aussi, c'est déjà une population très importante et qui grossit,
16:57 c'est 80% de l'espace de la planète.
17:02 Et il devrait représenter plus de 70% de la demande énergétique d'ici 2040.
17:11 Alors, aujourd'hui, c'est vrai que les efforts que l'on a vus se font beaucoup sur notre pays domestique
17:18 et peu encore sur les émergents.
17:20 On a quand même des choses positives, on ne va pas tenir un tableau trop négatif.
17:25 Il y a des investissements qui se réalisent sur les pays émergents,
17:29 il y a eu des progrès qui ont été faits, que ce soit grâce justement à des aides gouvernementales,
17:34 des entreprises qui se sont mises dans les pays émergents pour justement travailler cette décarbonation.
17:45 Ne serait-ce que l'énergie solaire.
17:48 L'énergie solaire est intéressante notamment dans ces pays émergents,
17:51 parce que justement, ils bénéficient d'un enseignement.
17:55 Ça peut être aussi une abondance pour tout ce qui est éolien.
17:59 Donc, nous, très clairement, les émergents vont jouer un rôle crucial dans la décarbonation et sont sous-investis.
18:08 Alors, qu'est-ce que ça peut créer comme opportunité pour un investisseur aujourd'hui ?
18:13 Outre l'attrait du rendement, de la croissance, on le sait,
18:17 les émergents ont une croissance plus importante que les pays développés.
18:22 Avec les challenges que ça représente, au niveau de risque,
18:28 l'impact du dollar élevé ces dernières années qui n'a pas facilité forcément les investissements.
18:34 Néanmoins, aujourd'hui, pour un investisseur,
18:39 s'intéresser aux pays émergents peut permettre justement d'arriver à cette décarbonation aujourd'hui.
18:46 Alors, on a plusieurs moyens de le faire.
18:49 Aujourd'hui, on peut très bien s'intéresser à des...
18:54 Ne serait-ce que sur des fonds actions qui vont jouer les émergents avec notamment la directive SFDR9.
19:03 Et puis, il y a le marché obligataire qui est assez intéressant, notamment les obligations à impact.
19:12 Alors, peut-être déjà rappeler ce que c'est qu'une obligation à impact.
19:15 Une obligation à impact, c'est une obligation dont le produit va être utilisé pour avoir un impact positif,
19:23 qu'il soit environnemental ou sociétal.
19:26 Et en ligne avec les objectifs de développement durable, les ODD des Nations Unies.
19:32 Donc, les émissions à impact sont nées à peu près il y a une dizaine d'années.
19:38 Au départ, c'était plutôt des obligations vertes.
19:41 C'est ce qu'on appelle "green bonds", "social bonds", etc.
19:46 Et ça, ça se regroupe dans la famille des obligations à impact.
19:50 Donc, au départ, il n'y avait que des obligations vertes, les "green bonds", les fameux "green bonds".
19:55 Et plus récemment, ça s'est développé avec les "social bonds" ou les "impact bonds".
20:01 Et nous, ce qui nous intéresse, c'est vraiment d'aller dans son ensemble.
20:04 Parce que s'intéresser à l'environnement, bien sûr, mais dans les émergents plus particulièrement,
20:09 l'impact sociétal va être important. Pourquoi ?
20:12 Parce que l'éducation, on ne va pas pouvoir demander à des pays émergents
20:16 d'utiliser l'énergie solaire s'ils ne savent pas non plus lire et écrire.
20:20 Donc, le social joue un rôle très très important.
20:25 Donc, on s'intéresse vraiment à ces obligations-là.
20:29 Il y a eu une très forte progression aujourd'hui.
20:32 Parce que ce marché, quand il a été créé, "green bonds", "social bonds", c'était très européen quand même.
20:39 L'Europe est le plus gros marché pour ce type d'émissions obligataires aujourd'hui.
20:44 C'est quelque chose qui se développe dans la sphère émergente ? Dans quelle mesure ?
20:50 Ça se développe bien. Aujourd'hui, c'est à peu près 30% des émissions obligataires émergentes
20:56 qui sont des obligations à impact.
20:59 Donc, on a aujourd'hui ces 250 milliards qui sont des émissions à impact.
21:07 Et on a à peu près 200 émetteurs.
21:09 Donc, on peut le jouer aussi de différentes façons, soit des obligations privées, soit des obligations publiques.
21:14 Nous, on aime bien les obligations privées.
21:17 Parce que la problématique du public, c'est que ça va se jouer beaucoup finalement à la politique du pays.
21:26 Qui peut être plus ou moins alignée.
21:30 Par exemple, la Chine ou le Brésil.
21:33 Il y a des entreprises en Chine et au Brésil qui nous intéressent.
21:36 Mais est-ce qu'on peut très clairement, dans une ambition environnementale sociétale,
21:43 acheter des obligations qui ne remplissent pas l'ensemble des critères ?
21:49 En Chine, on sait très bien que les droits de l'homme peuvent être problématiques.
21:54 Et le problème de la déforestation au Brésil.
21:57 Donc, ça très clairement, on va préférer des entreprises locales, des émissions obligataires locales, plutôt que le pays.
22:05 Le risque est mieux contrôlé pour vous, quand on parle de cette sphère émergente, avec les exemples que vous avez cités.
22:10 Le risque est mieux contrôlé quand on est dans l'univers de la dette privée d'entreprise,
22:14 plutôt que dans l'univers de la dette obligataire sur l'Earth.
22:17 Et puis, le rôle de l'engagement d'un asset manager directement avec l'entreprise va être plus parlant qu'avec le gouvernement.
22:26 Le dialogue est plus évident.
22:28 Bien entendu. Et le rôle de l'engagement est clé dans cet univers-là.
22:34 C'est un univers qui se développe, c'est un vrai univers d'investissement aujourd'hui pour vous.
22:40 Qu'est-ce que ça représente en termes de rendement, en termes de performance ?
22:46 Si on regarde ça du point de vue de l'investissement, ce qui intéresse l'investisseur,
22:51 avec évidemment les engagements en matière d'impact environnementaux, sociaux, sociétaux.
22:56 Déjà, c'est un investissement de long terme.
23:01 On regarde toujours les opportunités sur long terme.
23:05 Aujourd'hui, les émergences, ce qui est intéressant, et c'est en ligne un peu avec ce qu'a dit Arnaud Faller de CPR juste auparavant,
23:15 c'est qu'il y a un côté attractif au niveau de la valorisation.
23:20 C'est un point d'entrée intéressant parce que la valorisation est attractive.
23:24 On est sur des rendements qui sont, au niveau de la dette obligataire, plus élevés que la dette développée.
23:31 On a eu, les dernières années, une déception qui était liée de la part des émergents par rapport à la valorisation du dollar.
23:43 Et notamment sur le fait qu'en période d'inflation élevée, les flux de capitaux vont de facto se mettre plus vers la zone dollar que vers la zone émergente.
23:55 Maintenant, si on regarde les dettes émergentes qui sont libilées en dollars, il y a un intérêt parce qu'il y a effectivement cette parité qui est intéressante.
24:05 Donc oui, il y a un attrait.
24:08 Il n'y a pas encore ce qu'on appelle le "greenium", c'est-à-dire cette valorisation supérieure qui serait donnée à des obligations vertes d'un côté technique.
24:18 Une prime verte.
24:19 Une prime verte.
24:21 C'est quelque chose qui a été notamment beaucoup cité sur les obligations vertes en Europe.
24:29 Sur les obligations émergentes, il y a cette sensibilité.
24:36 Mais ce n'est pas forcément là où on va vraiment mettre notre intérêt.
24:40 Mais c'est bénéficier d'une forte croissance qui va aller vers ces marchés-là et qui peut être phénoménale sur toute cette nouvelle industrie qui est en train de se créer.
24:50 Quelles sont les économies leaders qui pèsent le plus aujourd'hui dans ce marché de la dette émergente à impact ?
24:59 Est-ce qu'on retrouve d'ailleurs la hiérarchie émergente traditionnelle avec les poids lourds ?
25:05 On retrouve la Chine, bien sûr. La Chine est très importante.
25:08 L'Inde, l'Afrique sont des zones très importantes pour arriver à cette transition parce qu'elles consomment énormément de ressources.
25:18 La Chine, bien sûr.
25:20 Très intéressant, effectivement. La naissance et la croissance de ces marchés de dette émergente à impact qui sont évidemment un outil de financement clé pour cet objectif carbone neutre 2050.
25:34 Aujourd'hui, qui est sous-investi par l'ensemble du marché et des investisseurs et qui sera probablement dans les prochaines années là où va se diriger la plus grande croissance,
25:44 un marché clé pour arriver à cette transition. Donc très important à regarder.
25:48 Merci beaucoup Anne-Laure. Merci pour cette mise en perspective des objectifs carbone neutre pour la sphère émergente et des outils de financement qu'il va falloir faire progresser dans les prochaines années.
25:58 Anne-Laure Frischlander-Jacobson, DG de BNY Mellon IM en France qui était avec nous l'invité de Smart Bourse dans cette édition de la mi-journée.
26:05 On se retrouve évidemment à 17h en direct sur Bsmart.
26:09 [Musique]

Recommandée