SMART BOURSE - Planète marché(s) du mardi 16 mai 2023

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Mardi 16 mai 2023, SMART BOURSE reçoit Céline Piquemal-Prade (Piquemal Houghton Investments) , Mabrouk Chetouane (Head of Global Market Strategy, Solutions, International, Natixis IM) et Olivier de Berranger (Directeur Général Délégué de la Gestion d'actifs, La Financière de l'Echiquier)

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00:00 *Musique*
00:10 Trois invités avec nous chaque soir en direct pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:14 Céline Picmalprat est avec nous ce soir, présidente de Picmal Auton Investments.
00:18 Bonsoir Céline.
00:19 Bonsoir Grégoire.
00:20 Merci d'être là. Olivier de Béranger nous accompagne également.
00:22 Bonsoir Olivier.
00:23 Bonsoir Grégoire.
00:24 On est très heureux de vous retrouver, directeur général délégué, directeur des investissements de la financière de l'échiquier et Mabrouk Chetouan nous accompagne également.
00:30 Bonsoir Mabrouk.
00:31 Bonsoir.
00:32 Merci beaucoup d'être avec nous. Vous êtes responsable de la stratégie marché globaux de Natixis IM.
00:36 Nous parlons du Japon, c'est le marché à la une ce soir.
00:40 Céline, je me tourne vers vous, investisseur, stockpicker global.
00:45 Vous connaissez le Japon sans doute particulièrement bien.
00:49 Pourquoi est-ce qu'on parle du Japon ? Pourquoi est-ce que le marché est à la une ?
00:52 Pourquoi est-ce qu'on décrit le marché japonais comme un marché chaud bouillant ?
00:55 Pourquoi est-ce qu'on lit autant de commentaires positifs sur le marché japonais de la part d'investisseurs globaux aujourd'hui qui généralement traite ce marché avec un peu de distance pour dire les choses ?
01:07 Le topix, l'indice large japonais, est au plus haut depuis le premier trimestre 1990, depuis 33 ans.
01:12 Alors 90 c'était quand même la phase descendante, déclatement de la bulle japonaise.
01:17 Mais ça nous ramène à ce niveau-là après une trentaine d'années d'agonie des actions japonaises.
01:24 C'est ça, de décennies perdues Grégoire.
01:26 Et effectivement ce qui est quand même très intéressant c'est que ce marché japonais était à son plus haut à la fin des années 90.
01:33 Il faut se rappeler, ce dont on parlait tout à l'heure, c'est que le marché japonais représentait à l'époque 45% d'un indice action internationale.
01:42 Aujourd'hui le marché japonais représente entre 5 et 6% d'un indice action internationale.
01:47 Et c'est pour dire le chemin qui a été parcouru par ce marché japonais au cours des 30 dernières années.
01:54 Donc vraiment ça a été un chemin de croix pour un ensemble de sociétés japonaises.
01:58 Juste Céline, parce qu'on en a parlé entre nous, mais refaites-nous quand même les années 80.
02:03 Vous dites que c'était près de la moitié d'un indice mondial action représenté par le Japon.
02:10 Et vous nous disiez, on en discutait entre nous, on se demandait à l'époque, enfin les investisseurs se demandaient à l'époque,
02:15 comment est-ce qu'on allait contrer le raz-de-marée japonais ?
02:19 Effectivement on a eu une une à la fin des années 90 avec un samouraï et on dit comment est-ce qu'on va faire pour qu'ils arrêtent de conquérir le monde.
02:28 Et donc on est convaincus à la fin des années 80 que des sociétés comme Sony vont inonder la planète avec leurs produits,
02:38 tout comme Toyota sur l'automobile. Effectivement ça a été un immense succès qui a connu son apogée avec l'éclatement de la bulle et l'éclatement du système bancaire.
02:49 Et à la fin des années 80, on a donc dans le top 10 des capitulations boursières mondiales, 9 sociétés japonaises.
02:59 Donc c'est vraiment quelque chose de très très marqué.
03:02 Mais ça vous a marqué, ça reste en mémoire.
03:05 C'est une des plus grosses bulles qu'on ait connue. Il y a eu la bulle du marché japonais, après il y a eu la bulle internet, mais ce sont des bulles emblématiques.
03:12 Quand on va en cours d'économie, on nous apprend comment est-ce que ça a été possible qu'on ait une telle fascination, une telle bulle,
03:19 qui reposait sur des faits puisqu'effectivement on avait eu un développement technologique et industriel extrêmement fascinant et extrêmement poussé,
03:26 qui avait conduit à ce qu'on pense que ce succès ne s'arrêterait jamais.
03:31 Le poids des actions japonaises entre-temps a été divisé par 10.
03:35 Ce qui est intéressant, c'est qu'effectivement il y a eu une digestion très longue et on a eu beaucoup de faux départs,
03:38 avec notamment l'élection de M. Abe.
03:41 Quand il est arrivé au pouvoir avec ses trois flèches, on a cru que le moment était venu du retour du Japon sur le vent de la Seine.
03:48 Ça n'a pas été le cas.
03:49 Et aujourd'hui on se demande, est-ce que ça ne serait pas le moment ?
03:52 Alors bon, il y a eu beaucoup beaucoup de faux départs.
03:54 Le Japon n'est qu'en hausse de 14,5% en yens et de 8,5% depuis le début de l'année en euros.
04:01 On est très très loin quand même d'un emballement comme on a pu le connaître dans les années 80.
04:05 Mais ce qui est très intéressant sur ce marché japonais et sur les sociétés japonaises,
04:10 c'est qu'au cours des 30 dernières années, il y a quand même eu une consolidation de ce marché japonais avec des industriels
04:17 qui sont devenus peut-être de plus en plus forts, qui ont renforcé leur leadership sur des niches de marché.
04:25 Et ce qui est intéressant, c'est que vous avez des sociétés par exemple comme Fanuc, qu'on connaît tous,
04:30 leader des machines outils, qui aujourd'hui représentent quasiment une machine outil sur deux dans le monde entier,
04:36 avec des services de distribution qui sont présents partout.
04:40 Et une très très forte présence dans les pays émergents et en Chine,
04:44 aujourd'hui on sait qu'il y a un besoin d'automatisation et on a un besoin de faire face à une main d'oeuvre
04:50 qui peut être problématique au cours des années à venir compte tenu de la démographie.
04:54 Donc on a des sociétés comme Fanuc qui sont très très fortes,
04:56 ou Denso par exemple qui va faire des oscillateurs qui sont présents dans toutes les voitures électriques avec 40% de parts de marché.
05:03 Donc vraiment ils ont été extrêmement forts pour maintenir ce leadership.
05:07 Mais le marché ne s'y est pas intéressé parce que vous avez eu donc effectivement la technologie américaine
05:13 qui a offert une croissance plus importante avec des valorisations qui étaient plus attractives en 2008.
05:19 Et donc il n'y a pas eu vraiment de moment où le Japon est devenu intéressant.
05:23 Et aujourd'hui ce qui fait décoller ce marché c'est que vous avez de la liquidité,
05:28 donc avec une banque centrale qui est accommodante, puisque l'inflation n'est pas un problème,
05:32 c'est un problème de déflation sur le Japon avec lequel on lutte depuis maintenant quasiment 30 ans.
05:37 Vous avez des valorisations qui sont extrêmement intéressantes aussi.
05:41 Je parlais tout à l'heure d'une société comme Denso, on doit être à 12 fois les profits pour une société qui est leader mondiale.
05:47 On va avoir une société comme KDDI dans les télécoms, on doit être aussi à 11 ou 12 fois les profits.
05:51 Pareil c'est un leader dans la téléphonie au Japon.
05:55 Donc on a des sociétés qui sont leaders avec des valorisations intéressantes,
05:58 donc de la liquidité, des valorisations.
06:00 Et le troisième ingrédient c'est donc maintenant un momentum attractif au niveau de la croissance des bénéfices,
06:06 puisque c'est un marché sur lequel on attend une croissance de bénéfices d'à peu près 12% sur l'année 2023.
06:11 Et quand on compare à ce qu'on attend sur l'Europe ou sur les Etats-Unis, c'est très intéressant.
06:16 Et puis bien entendu, il faut quand même rappeler que pourquoi est-ce que les investisseurs s'intéressent au Japon aujourd'hui ?
06:20 C'est parce que ça permet d'accéder à la Chine sans accès à la Chine.
06:24 Et c'est ça qui sûrement a fait cet intérêt renouvelé de la part des investisseurs,
06:31 parce que jusqu'à présent, on achetait, quand on était un investisseur américain, directement des actions chinoises,
06:36 en sachant que la Chine représente 20% du PIB mondial et est quand même une plaque intéressante en termes d'investissement,
06:44 puisque les choses sont de plus en plus compliquées pour investir en direct.
06:48 On trouve des moyens d'étendre...
06:50 Oui, il y a un report du thème chinois sur le Japon.
06:52 Voilà. Donc c'est sûrement ça qui a créé cet emballement.
06:56 Alors maintenant, après, il faut voir comment est-ce que ça va se dérouler pour l'avenir,
06:59 mais il y a des ingrédients qui expliquent cet intérêt renouvelé pour le marché.
07:03 Concrètement, vous partez d'une logique bottom-up.
07:06 Vous êtes sélectionneur, stock-picker, mais dans un portefeuille global, international, comme vous le gérez, Céline.
07:11 Ça représente quoi, le Japon, aujourd'hui ?
07:13 Ça doit être entre 10 et 11% du portefeuille, comparé aux 5%...
07:17 Donc c'est plus que les 4-5 que vous nous donniez tout à l'heure en benchmark.
07:21 Mais c'est en deçà de ce qu'on a pu avoir, puisque j'ai eu à un moment 30% de mon portefeuille sur le Japon,
07:27 donc je n'y suis pas encore retournée.
07:29 Olivier, le Japon ?
07:31 Alors le Japon, c'est vrai que nous, on n'est pas très présent sur le marché japonais.
07:35 On est surtout présent en stock-picking sur des valeurs de croissance,
07:40 des leaders globaux qui sont plutôt moins chers que ce qu'on peut trouver ailleurs.
07:44 Mais moi, ça m'inspire quand même trois remarques.
07:47 La première, c'est que la valo, ça marche toujours.
07:51 C'est-à-dire que fin des années 80, ça valait 100 fois les résultats, en gros.
07:56 Le Nikkei à la fin des années 80.
07:58 C'était courant de dire qu'une valeur en dessous de 80 de pair était pas chère.
08:03 Il faut quand même se rappeler ça.
08:05 Bon, ça peut nous rappeler des petits exemples récents de la bulle de 2020 aux Etats-Unis.
08:09 Et puis ça marche dans l'autre sens.
08:12 C'est-à-dire que quand on vaut 12 fois les résultats avec des croissances de BPA qui sont à deux chiffres,
08:17 généralement ça finit par marcher.
08:20 Donc ça peut être très long, mais c'est quand même plutôt une bonne nouvelle pour les stock-pickers.
08:24 La valorisation, ça fonctionne toujours, à la baisse comme à la hausse, mais ça fonctionne toujours.
08:29 La deuxième chose que ça m'inspire, c'est qu'à la fin des années 80,
08:33 les banques japonaises étaient les plus grosses du monde.
08:35 Dans le top 10 des banques mondiales, je crois qu'il y avait 7 banques japonaises.
08:40 Et qu'une crise bancaire, on met très très très longtemps à s'en relever.
08:45 Il n'y a qu'à voir l'état de l'Europe post-grande crise financière.
08:50 On en parlera sûrement tout à l'heure, mais à chaque fois qu'il y a une crise dans le système bancaire,
08:54 généralement c'est quand même pas très bon pour les années qui suivent.
08:59 Et puis la troisième remarque que ça m'inspire, c'est qu'on a depuis quelques années des marchés
09:07 qui sont assez driveés par les flux et les allocations de robots, d'intelligence plus ou moins artificielle.
09:16 Il y a le Chadjipiti Fund qui était dans ces ans.
09:18 Et quand il y a un thème qui se dégage, comme le citait très bien Céline,
09:23 c'est-à-dire adresser le marché chinois, mais sans prendre les risques politiques
09:27 d'avoir dans son portefeuille les actions chinoises, ça intéresse tout le monde au même moment.
09:32 Tout ça fait qu'effectivement, c'est pas cher, il y a de la croissance de bénéfices,
09:37 et en plus il y a des flux qui sont plutôt positifs.
09:40 Après des décennies de souffrance, c'est un thème qui peut être regardé de manière intéressante.
09:46 Donc nous on est investi sur quelques leaders, dans les moteurs électriques, dans la machine outil,
09:51 dans les robots qui sont assez flagués dans les portefeuilles européens.
09:56 On parle beaucoup, je lis beaucoup le regard d'intérêt d'actionnaires ou d'investisseurs activistes,
10:02 anglo-saxons, des Elliot, des Berkshire, etc.
10:06 Ils sont tous en train de multiplier les calls positifs sur le Japon
10:10 avec l'idée que la gouvernance des entreprises est en train de changer.
10:13 Vous validez cette idée aussi Céline ?
10:15 Ça fait un moment.
10:17 Ça se révèle aujourd'hui, mais ça se fait.
10:19 Ça s'est amélioré, mais personne n'y prêtait attention.
10:21 Parce qu'effectivement, quand vous avez un marché qui est happé par Chap Jipité et l'intelligence artificielle,
10:26 la gouvernance des sociétés japonaises qui s'améliore, c'est pas vraiment la thématique.
10:30 C'est boring quoi.
10:31 Mais aujourd'hui, ça devient intéressant, paradoxalement,
10:33 parce qu'il y a des thèmes moins intéressants ou qui sont beaucoup plus valorisés,
10:37 comme Olivier l'a dit à l'instant, ailleurs.
10:41 Mabrouk, que vous inspire le Japon ?
10:44 C'est ce que je disais sous forme de boutade.
10:46 Je trouve qu'on accorde trop peu d'attention à ce pays, qui a quand même quelques mérites,
10:51 à commencer par le fait que c'est un pays qui achète beaucoup de notre dette.
10:54 Et rien que pour ça, on devrait pouvoir passer quelques minutes de temps en temps
10:58 à regarder ce qui se passe chez eux et la manière dont les choses évoluent.
11:01 Enfin, la Chine achète beaucoup de dettes américaines, et voilà comment les Américains les traitent.
11:06 Si on reprend dans des arguments un peu plus fondamentaux,
11:09 globalement, l'idée, et c'est ce que Céline mentionnait,
11:12 c'est que quand on a un marché qui voit +13% de croissance,
11:16 ça fait une monde de ses bénéfices pour l'année 2023,
11:18 et qu'en Europe, là on se rend compte qu'il y a +3% attendu cette année,
11:22 en expected, et aux Etats-Unis -3%,
11:24 en termes relatifs, on va tout de suite aller chercher les zones de croissance
11:27 dans le cosme des pays développés.
11:30 Ça, effectivement, c'est déjà un point hyper positif,
11:33 qui fait qu'on va exclure le change pour le moment, qui est encore une autre problématique,
11:37 on va tout de suite s'intéresser à ce marché.
11:39 Le côté, effectivement, subterfuge, pour aller jouer la thématique chinoise,
11:44 effectivement, on l'a déjà vu via le CAC, on l'a vu via le DAX,
11:47 et, effectivement, le Japon, si la Chine parvient à ne pas accroître à 5-6%,
11:53 comme, finalement, certains l'attendent, mais plutôt à 4%,
11:56 ce qui sera déjà quand même pas mal,
11:57 ça voudra dire, effectivement, des besoins d'un point de vue industriel
12:00 qu'elle va aller chercher au Japon, notamment, et en Allemagne.
12:02 Donc cette thématique, effectivement, chinoise,
12:04 en fonction, encore une fois, de ce qui va se passer,
12:06 va bénéficier au cours de l'année 2023 au Japon, et plus encore sur 2024.
12:10 Et quand on regarde la croissance bénéficiaire, notamment,
12:12 de l'ensemble des pays, et notamment celle du Japon, globalement, en 2024,
12:15 ça serait du même akami, ce qui voudrait dire deux années, en fait, consécutives,
12:19 avec une croissance de bénéfices qui va osciller entre 13 et 17%,
12:23 ce qui est quand même pas mal, effectivement, pour un pays
12:26 dont, finalement, on soulignait la traversée du désert par ailleurs.
12:30 Et puis la Banque centrale, effectivement, alors, même si Oueda a indiqué, finalement,
12:34 vouloir montrer un peu plus de flexibilité dans sa politique monétaire,
12:37 ce qui s'est passé, c'est qu'au moment, finalement, de sa première allocution,
12:42 en tant que gouverneur, on a vu, effectivement, le JJB perdre 8 BP.
12:46 Bon, ça montre bien qu'on n'est pas du tout, finalement,
12:48 dans une thématique de normalisation de la politique monétaire.
12:52 Il y a déjà eu une première normalisation qui a été faite, mais qui était assez timide.
12:55 Et on va poursuivre, sur cette thématique-là, finalement, d'une accommodation monétaire
12:59 qui restera, qui s'inscrit dans le temps, et qui va, finalement, soutenir,
13:02 là aussi, les cours boursiers, notamment les marchés actions.
13:05 Après, sur le côté inflation, alors, l'inflation n'est pas un problème,
13:09 n'était pas un problème, jusqu'à, effectivement, il y a peu, d'accord ?
13:12 Donc, l'inflation sous-jacente repart.
13:14 Pour le moment, il n'y a pas lieu de s'inquiéter.
13:16 Ça a été souligné par le gouverneur.
13:17 Le problème, on va voir, effectivement, l'an prochain,
13:19 parce que si on a toujours de l'inflation l'an prochain,
13:21 c'est qu'on va changer un peu de paradigme, changer de discours,
13:23 et là, on ne va plus être dans une inflation, en fait, qui va être un accident,
13:27 une inflation conjoncturelle.
13:28 Ça va se transformer en quelque chose d'un peu plus structurel.
13:31 Ce qu'on constate, par ailleurs, dans nos pays, donc, ce n'est pas une surprise,
13:34 mais pour le Japon, ce sera une surprise.
13:36 On va sortir, effectivement, de quasiment 20 ans de très basse inflation,
13:40 pour ne pas dire de déflation.
13:42 Et donc, là, effectivement, il faudra se méfier,
13:45 il faudra commencer à montrer quelques signes de prudence,
13:48 si jamais, encore une fois, cette thématique inflation
13:50 qui nous suit maintenant depuis quasiment, depuis un an,
13:54 va venir, effectivement, mener, enfin, se mêler, en fait, au jeu japonais,
13:59 notamment à la croissance des cours boursiers.
14:00 Vous le voyez comme un risque ?
14:01 L'inflation, bien sûr.
14:02 Un peu d'inflation après 30 ans d'inflation, désespérément, dramatiquement.
14:08 D'accord, ça ne prouve pas c'est la réaction de la Banque Centrale.
14:11 Donc, on a bien vu qu'une Banque Centrale qui commençait à durcir le ton,
14:13 on a vu ce que ça donnait en 2022, sur le marché obligataire,
14:16 et notamment le marché obligataire qui est un peu, on va dire,
14:19 complètement, on va dire, possédé, administré par la Banque Centrale.
14:22 Donc, attention, il y a des zones de risque,
14:24 même si, effectivement, et encore une fois, la croissance mondiale est en ralentissement,
14:27 tout le monde voit, effectivement, une année 2023 qui va être relativement à tône.
14:30 2024, pas mieux non plus.
14:32 Donc, comment le Japon, qui est là aussi tourné vers les exports
14:35 et qui a une dynamique, une macro interne relativement faible,
14:38 va pouvoir, effectivement, s'extirper de tout ça,
14:40 dans un contexte où la Chine peine aussi à se stabiliser.
14:44 Il y a vraiment de vrais enjeux, en fait.
14:46 Sur la Chine, là, effectivement, on a eu une série de données
14:48 qui concerne le mois d'avril, production industrielle, vente au détail, etc.
14:51 Enfin, les chiffres habituels chinois.
14:54 C'est une déception pour ceux qui avaient des espoirs
14:58 sur l'ampleur et l'intensité de la reprise économique chinoise post-réouverture sanitaire ?
15:05 Alors, le marché n'avait pas beaucoup d'espoir.
15:07 En fait, l'espoir du marché s'était concentré en novembre.
15:10 En novembre, on a eu un bond, en fait, des indices japonais
15:13 qui saluaient la décision, effectivement, de la fin de la politique zéro Covid.
15:16 Mais depuis, on n'a plus rien, en fait, en quelque sorte.
15:18 Bon, il y a eu, effectivement, les festivités chinoises de fin d'année, bon, très bien,
15:22 mais passé, finalement, cette période-là, on n'a pas eu de sursaut,
15:25 on n'a pas eu de rebond, on a eu que des déceptions.
15:28 Aussi bien sur le plan macroéconomique que sur le plan, également, de la gouvernance.
15:31 C'est-à-dire qu'en gros, quand on prend les discours de Xi Jinping, c'est très simple,
15:34 il dit 5%, vous oubliez, en fait, ça va être extrêmement compliqué.
15:37 Bon, une fois qu'il a dit ça, globalement, on sait que le chiffre va être en dessous.
15:40 T'as compris, entre 4 et demi, c'est bon.
15:42 Ils ont révisé à la baisse ?
15:44 Mais ils sont réalistes, en fait. Ils sont réalistes.
15:46 Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que la Chine ne veut pas réitérer les erreurs du passé.
15:50 La Chine apprend, d'accord ? Contrairement à d'autres.
15:52 La Chine apprend, et finalement, les techniques qui avaient été utilisées par le passé
15:57 pour pouvoir dynamiser la croissance, c'est-à-dire générer des bulles,
16:00 notamment sur le marché immobilier, eh bien ça, ils ne veulent plus.
16:02 Parce que Evergrande, c'est compliqué à gérer.
16:04 Ça donne effectivement des entreprises publiques qui sont, on va dire,
16:08 qui deviennent de plus en plus compliquées, finalement, à gérer,
16:11 et qui deviennent financièrement très instables.
16:13 Et donc, in fine, redynamiser le cycle économique à travers de la relance
16:18 qui va générer des excès de capacité, des problématiques,
16:22 tant d'où de déflation par la suite, ça on pourra en parler,
16:25 eh bien ça, effectivement, le gouvernement chinois veut éviter ça.
16:27 Il veut une croissance plus pérenne, une croissance plus solide,
16:30 et une croissance basée sur la dynamique interne.
16:33 On veut arrêter d'être dépendant de l'extérieur,
16:36 et pour de bonnes raisons, notamment avec les relations qu'ils entretiennent avec les États-Unis,
16:40 on veut arrêter, effectivement, cette dépendance externe.
16:43 Et donc, le meilleur moyen de le faire, c'est d'avoir un schéma de croissance
16:48 beaucoup plus équilibré, plus centré sur l'interne,
16:51 et beaucoup plus centré sur la demande intérieure.
16:53 Céline, c'est vrai que le marché chinois ne transforme pas l'essai.
16:56 Il y a eu ce mouvement assez violent en fin d'année, jusqu'en janvier,
17:00 et puis depuis, c'est quand même très flat.
17:03 Oui, parce que le marché n'a pas bougé depuis le début de l'année.
17:05 Mais comme on le disait tout à l'heure, il y a toujours un lien, à un moment donné,
17:09 entre la valorisation, la croissance des bénéfices, la liquidité et le marché.
17:15 Donc aujourd'hui, il y a quand même une défiance vis-à-vis du marché,
17:19 une irrationalité, quelque part, qui s'est emparée des investisseurs
17:24 qui n'osent plus investir directement au Japon,
17:28 de peur de se retrouver avec des actifs gelés, comme ce qui est arrivé à la Russie.
17:31 Donc c'est bien la dimension géopolitique qui compte le plus par rapport à la rationalité économique.
17:36 Oui, de la part des investisseurs internationaux, qui n'est jamais vue auparavant.
17:41 Et effectivement, c'est pour ça qu'on se retrouve avec un marché aujourd'hui
17:44 qui se traite à 8,5 fois les bénéfices des 12 mois à venir.
17:48 On n'a jamais vu ça depuis 2000,
17:51 pour un marché qui représente quand même le pays,
17:55 qui pèse à peu près 20% du PIB mondial.
17:58 Donc c'est quand même extrêmement étonnant.
18:01 Donc ça reflète une défiance très forte.
18:04 Alors après, si on ose franchir le Rubicon et aller au-delà de ces a priori,
18:12 ce qui est intéressant quand même de voir, c'est qu'on a en Chine de la liquidité,
18:18 puisqu'on n'a pas le problème d'inflation auquel nous sommes confrontés ici,
18:21 en Europe et aux Etats-Unis.
18:23 Donc on a une banque centrale qui peut continuer à injecter de la liquidité.
18:26 On a donc des valorisations qui sont faibles.
18:29 Et on a également, même si les données macroéconomiques ne sont pas extrêmement élevées,
18:33 on a quand même une croissance de bénéfices qui reste positive,
18:36 puisqu'on attend 5-6% de croissance de bénéfices sur l'année 2023 et 2024.
18:41 Donc on est quand même sur un environnement qui,
18:43 si on regarde les choses, si on dit 6% de croissance pour 8 fois les bénéfices,
18:47 ça devrait représenter un intérêt.
18:49 Et je pense que ce qui est intéressant également,
18:52 et on parlait tout à l'heure des enjeux entre les Etats-Unis et la Chine,
18:56 c'est que la Chine a fait un choix très marqué sur les énergies renouvelables.
19:01 On a eu Choose France au cours des derniers jours,
19:04 avec Emmanuel Macron, qui a fait un exercice de style autour des batteries électriques
19:09 qui vont être produites ici en France.
19:12 Mais les Chinois ont quand même réalisé un sans-faut du côté du renouvelable,
19:17 puisque aujourd'hui, c'est à peu près 80% de parts de marché sur le solaire,
19:23 c'est à peu près la même chose sur l'éolien,
19:25 et sur les batteries électriques, ils sont largement dominants.
19:29 Donc c'est pour ça que je dis que c'est aujourd'hui l'Arabie Saoudite
19:32 qu'on a connue dans les années 70 sur le pétrole,
19:35 aujourd'hui sur le renouvelable, on va avoir énormément de mal à faire sans la Chine.
19:39 Et cette position de force, on peut la jouer,
19:42 parce que du coup ces industries vont avoir besoin de composants ou de robots qui vont venir du Japon,
19:48 mais il y a quand même des leaders,
19:50 aujourd'hui on a des leaders de l'éolien, du solaire, de l'automobile,
19:55 qui sont cotés en Chine à des valorisations qui ont des fins d'entendement.
19:58 Est-ce que c'est un marché pour nous ?
20:00 Est-ce que malgré tous ces arguments rationnels que vous mettez en avant...
20:04 Moi je le pense, je pense qu'il faut être rationnel.
20:08 Notre travail en tant qu'investisseur, c'est de garder...
20:11 Il y a une rationalité géopolitique aussi,
20:13 la dimension géopolitique, on sent bien qu'elle va être très pesante pendant très longtemps,
20:18 et elle peut être aussi rationnelle.
20:20 Les meilleurs investissements, vous les faites quand vous avez très peur,
20:22 et les plus grosses bêtises, vous les faites quand vous êtes très détendue.
20:25 Donc c'est en général comme ça qu'il faut raisonner,
20:28 mais c'est vrai qu'aujourd'hui, je ne vous cache pas que ça fait peur,
20:30 mais il n'empêche que si on est rationnel et discipliné,
20:33 on se doit, en tant qu'investisseur de long terme,
20:36 de jeter quand même un regard sur ce marché,
20:39 et de faire attention à ce qui s'y passe.
20:41 Vaste question, Olivier, on va basculer sur le thème de la pause de la fête,
20:44 mais oui, dans le monde un peu multipolaire,
20:46 est-ce qu'il y a des marchés qui ne sont plus des marchés pour les investisseurs occidentaux ?
20:50 Est-ce qu'il faut considérer la question ?
20:53 La Chine est investissable, c'est ça que vous posez comme question,
20:56 et la réponse des investisseurs américains, qui sont quand même les plus gros investisseurs de la planète, c'est non.
21:00 La réponse des investisseurs européens, quand on regarde les notes,
21:03 c'est au cas par cas quand même, on ne peut pas dire qu'il y a une position tranchée,
21:06 ni oui, ni non,
21:08 et on sait que le risque de détention de ligne en direct est quand même assez fort.
21:12 Donc ce n'est pas facile, mais je pense, comme je disais tout à l'heure,
21:15 la valorisation, ça marche toujours,
21:17 donc il y aura un moment où, quand ce sera vraiment à des prix massacrés,
21:21 et à des ratios bradés,
21:24 on trouvera un peu d'argent qui sera prêt à s'investir.
21:28 Mais c'est vrai que pour le moment, je constate auprès de nos clients,
21:31 qu'il n'y a zéro appétit pour la Chine,
21:34 et que c'est d'ailleurs une des questions dans les due diligence,
21:37 ou les réponses au RFP que vous pouvez faire,
21:40 c'est est-ce que vous êtes investi en Chine ? Oui, combien ? C'est quoi le maximum ?
21:43 On ne vous demande jamais c'est quoi le minimum, on vous demande toujours c'est quoi le maximum.
21:46 Donc c'est quand même une information importante sur le moral des investisseurs.
21:52 Là, les chiffres, je répète, un peu plus prudents sur les chiffres chinois,
21:56 parce que vous vous rappelez qu'il y a un an exactement, c'était le confinement de Shanghai.
21:59 Donc, quand on fait 19 au lieu de 21,
22:03 il faut peut-être voir après le mois suivant pour être sûr.
22:06 Mais ce qui est plus étonnant quand on regarde les marchés européens,
22:10 que je connais un petit peu mieux,
22:12 c'est qu'on a deux messages complètement différents.
22:14 Il y a les valeurs du luxe qui vous disent tout va très bien et ça va continuer comme ça,
22:19 ne vous inquiétez pas.
22:21 Et si vous regardez les mid-cap contre les grand-cap,
22:24 ou les défensives contre les cycliques,
22:26 ce n'est pas du tout le message qui est envoyé.
22:29 Donc, c'est quand même une question en suspens pour les mois et les trimestres qui viennent.
22:34 Et je pense que c'est un petit peu tôt pour se prononcer.
22:38 Mais si je devais parier, je pense quand même que le ralentissement global,
22:44 le fait qu'effectivement il y a d'autres marchés qui ne soient pas chers aussi,
22:49 parce qu'on est à 8 fois et demi en Chine, mais on est à 10-12 fois au Japon,
22:54 vous êtes quand même beaucoup plus protégés en tant qu'investisseurs.
22:57 Pour moi, l'écart n'est pas encore suffisant.
22:59 Pour déclencher un peu de flux des acteurs internationaux.
23:03 – Une autre dimension que vous mentionniez, c'est bien évidemment le risque politique.
23:08 Parce qu'il y a quand même un dossier qui revient régulièrement sur le devant de la scène,
23:14 c'est Taïwan.
23:15 Et donc Taïwan avec en toile de fond bien sûr la Chine et les États-Unis,
23:20 on a une espèce d'érapage sémantique, qui est larvée,
23:24 qui est en train de prendre un peu partout,
23:29 notamment entre les belligérants, entre les États-Unis et la Chine.
23:32 Et ça quand on parle effectivement à des clients,
23:34 tout le monde nous pose la question, comment on fait si jamais ça arrive ?
23:38 Bon, alors là si jamais ça arrive, personne n'est en mesure de donner une date.
23:41 C'est toujours le même problème avec le risque de ce type-là,
23:43 le risque non-diversifiable, le risque politique,
23:45 c'est que c'est un risque qui est dormant et qui finalement intervient comme une éruption volcanique.
23:49 On ne sait jamais quand est-ce que ça va arriver.
23:51 Et donc ça effectivement, c'est très compliqué à timer, ça fait peur à tout le monde,
23:55 puisque là on parle effectivement des plus gros investisseurs finalement dans le secteur de l'armement,
24:00 ce sont les deux pays qui dépensent le plus finalement dans leurs armées,
24:03 en point de PIB c'est absolument colossal,
24:05 bon les États-Unis restent devant bien sûr,
24:07 mais la Chine est investie là aussi une somme absolument considérable.
24:11 Et donc in fine, cette thématique politique, cette thématique géostratégique,
24:15 là aussi freine en quelque sorte les investisseurs,
24:18 parce qu'il dit que si jamais il y a conflit,
24:20 ce seront effectivement les acteurs chinois qui seront finalement perdants dans cette affaire.
24:24 Donc là aussi, ça freine un peu l'engouement, même si à très long terme,
24:28 et on doit se projeter à long terme finalement,
24:30 on sait que la zone de croissance, en tout cas celle où il y aura le plus de croissance
24:33 comparativement au monde occidental, ce sera la Chine,
24:36 et bien celle-ci présente malgré tout des risques, notamment le risque politique.
24:39 Le thème de la pause de la réserve fédérale américaine, bien sûr Olivier,
24:43 qu'est-ce que ça vous inspire ?
24:45 Est-ce que c'est une pause établie, solide, dans la tête des investisseurs et des marchés,
24:50 ou est-ce qu'on est encore dans l'idée d'une pause, d'une tentative de pause ?
24:55 Parce que là on a tout le service après-vente qui débarroule,
24:58 avec les prises de parole de tous les banquiers centraux,
25:01 et notamment des présidents de Fed régional aux Etats-Unis.
25:05 Le consensus sur la pause n'est pas encore totalement évident,
25:08 c'est un peu à géométrie variable en fonction des différents membres du FOMC.
25:12 C'est un peu ce que j'allais vous répondre.
25:14 La réalité de la pause, elle est claire dans le marché,
25:16 elle est peut-être moins claire à la Fed.
25:18 C'est toujours embêtant.
25:20 Quand on regarde par exemple le chiffre des ventes au détail aujourd'hui,
25:24 ce n'est pas forcément un chiffre qui milite pour une pause.
25:28 Effectivement, on a un headline qui est moins bon que ce qu'on attendait,
25:32 mais quand on creuse dessous, on voit que hors voiture et essence,
25:36 ça croît toujours plutôt bien,
25:38 que les secteurs des services, tout ce qui est food, restauration, hôtellerie,
25:43 ça croît assez fort.
25:45 Ce n'est pas une économie qui a l'air de ralentir si fort, si vite,
25:50 que ce à quoi le marché s'attend.
25:53 D'ailleurs, c'est un peu pareil dans toutes les zones économiques.
25:56 Si on regarde l'indice ZOO ce matin, c'est un indice de sentiments,
26:00 c'est un indice d'investisseurs, ce n'est pas un indice de hard data
26:03 ou de choses qu'on peut constater.
26:05 On a vu la production industrielle, pas si mal.
26:08 Donc en fait, on a un ralentissement.
26:10 Le moral des promoteurs immobiliers aux Etats-Unis remonte tranquillement,
26:14 mois après mois.
26:16 La pente de la baisse du moral des consommateurs américains,
26:19 elle est beaucoup plus en pente douce que ce à quoi s'attend le marché.
26:23 Après, il y a quand même des taux qui sont à 5,
26:27 avec une inflation qui est à 5.
26:29 On peut faire une pause.
26:31 On peut dire, je vais être data dependent pendant X semaines ou moins,
26:35 je vais bien voir ce qui se passe et je vais attendre.
26:39 Mais je pense quand même que la pause n'est pas certaine à 100%.
26:43 Je parierai dessus si je devais parier, mais ce n'est pas du 100% de mon point de vue.
26:48 Alors que le marché voit le prochain mouvement comme étant inévitablement des baisses de taux.
26:53 C'est absurde.
26:54 Le prochain mouvement...
26:55 Il faut garder à l'esprit que ça peut être une pause longue.
26:59 Et qu'il peut y avoir un moment, un risque, pourquoi pas,
27:03 de rediscuter en tout cas d'une hausse de taux.
27:06 Si pause il y a, elle sera en effet très longue.
27:09 On en avait déjà parlé ici, en début d'année,
27:11 on attendait, je ne sais plus trop, 4 baisses des taux à partir du mois de juin.
27:14 Puis ça décale de trimestre en trimestre.
27:18 Si c'est une pause, ce sera une pause longue,
27:21 tant qu'il ne se passe pas quelque chose de dramatique
27:23 sur le moral du consommateur américain ou sur les taux de CAPEX et d'investissement.
27:29 Qu'est-ce qui peut se passer entre aujourd'hui et le mois de septembre,
27:32 en l'occurrence, qui amènerait la Fed à déclencher un cycle de baisse de taux ?
27:36 C'est ce que Time, c'est ce que Price le marché,
27:38 un début de cycle de baisse de taux à partir de septembre,
27:42 autour de l'automne, pour la fin d'année,
27:44 mais qui se prolonge encore en 2024.
27:46 On est peut-être à 200 points de baisse de taux fin 2024,
27:49 Price est dans le marché aujourd'hui.
27:51 Qu'est-ce qui peut se passer dans les quelques mois qui viennent
27:54 qui validerait ou invaliderait les anticipations de marché ?
27:57 En fait, ce scénario n'a de sens que s'il y a un "Black Swan" quelque part.
28:02 C'est-à-dire qu'en gros, s'il y a un événement systémique,
28:05 typiquement le secteur bancaire qui montre effectivement
28:08 d'une fragilité "beaucoup plus forte" que prévu,
28:11 et ce qu'on vient voir, les données du régulateur sont quand même assez saisissantes,
28:15 c'est que trois banques seulement ont fait faillite,
28:18 ça concerne à peu près 550 milliards de dollars d'actifs.
28:22 En 2008, par exemple, on avait 300 banques qui ont fait faillite,
28:26 et puis ça représentait 350 milliards.
28:28 Mais on parle de défaillance au sens FDIC du terme,
28:30 à côté de ça, en 2008, il faut quand même mettre AIG,
28:33 Freddie & Franny, Lehman,
28:36 et là, on n'est plus du tout dans les mêmes proportions
28:39 au terme de destruction de bilan, Mamrouk.
28:42 Je la vois tout le temps, cette comparaison.
28:44 - N'oublions pas quand même qu'il y a des établissements non bancaires
28:47 qui ont chuté aussi en 2008,
28:49 qui gonflent quand même considérablement la destruction de capital.
28:52 - On a mis en place cette structure de défaisance pour justement pallier.
28:55 En gros, c'est qu'on oublie systématiquement ce qui a été mis en place
28:58 pour pouvoir éviter la faillite du système.
29:01 Et là, c'est pareil, ce qu'on oublie, c'est que la Fed est intervenue
29:04 avec une vitesse absolument prodigieuse.
29:06 Donc le phénomène du "black swan", là encore,
29:09 ce n'est pas 200 BP de baisse de taux, ce qui est absurde en fait,
29:12 de voir ça de manière linéaire, etc.
29:14 C'est 200 BP tout de suite, voire 300 BP de baisse de taux.
29:16 C'est pour ça que ce scénario est complètement incohérent.
29:19 Ça n'a aucun sens.
29:21 Si vous avez un risque systémique, c'est 300 BP tout de suite, on n'en parle plus.
29:24 Et ça, les banques centrales savent faire.
29:26 Or, finalement, voire dans l'état actuel des choses,
29:28 c'est-à-dire par exemple, on parlait encore des ventes au détail,
29:31 la demande est encore forte. Pourquoi est-ce que la Fed ne peut pas baisser ?
29:34 Parce que la demande est encore un soutien à l'inflation.
29:36 Qu'on le veuille ou non, toutes les études le montrent,
29:38 les études de la Fed régionale, et on les suit toutes,
29:40 celles de San Francisco, montrent que la demande
29:42 est encore un soutien majeur à l'inflation.
29:45 Partant de ce constat-là, si effectivement la banque centrale
29:47 ne peut agir que sur la partie demande,
29:49 elle va maintenir ses taux pendant une période relativement longue.
29:51 Et c'est là, en fait, la question qui se...
29:53 Enfin, là, la question reste entière, c'est combien de temps ?
29:56 Combien de temps il faudra maintenir ses taux
29:58 pour commencer à voir, effectivement,
30:00 cette diffusion de la réduction monétaire,
30:03 se manifester sur l'économie réelle ?
30:05 C'est la vraie question, en fait, qui se pose.
30:07 Les canaux de transmission sont-ils endommagés ?
30:09 Les délais de transmission ont-ils été, effectivement,
30:11 endommagés par la crise du Covid
30:13 et plus par la relance macroéconomique
30:15 qui a été organisée derrière ?
30:17 Et en fait, c'est ça, la vraie question.
30:18 Et un an après le début du cycle de resserrement monétaire,
30:20 on n'a pas plus de réponses à ces questions aujourd'hui
30:23 sur la vitesse de transmission.
30:25 Les craquements financiers du mois de mars
30:27 accélèrent quand même la transmission de la politique monétaire,
30:29 pour le coup.
30:30 Ça l'accélère, parce que ça rousse, effectivement.
30:32 Ça l'intensifie.
30:33 Ça l'intensifie, mais on ne voit pas encore les effets,
30:35 encore une fois, les plus forts sur l'économie réelle.
30:38 Le moral des consommateurs n'est pas dans les chaussettes.
30:40 La consommation, effectivement, elle continue
30:42 à être à un momentum relativement solide.
30:44 Donc, tout ceci ne pèse pas encore.
30:46 Vous parlez du moral des...
30:48 Promoteurs immobiliers.
30:50 ...des promoteurs immobiliers qui ne s'effondrent pas.
30:52 On était à 30 en fin d'année, donc c'était le plus bas,
30:54 et on remonte à 50.
30:55 On remonte finalement, mais quand on regarde aussi
30:56 le seigneur et l'onne officer, on voit que, finalement,
30:58 les choses ne sont pas en train de s'effondrer encore.
31:00 Ça remonte un tout petit peu.
31:02 Donc, tout ceci milite, effectivement, pour la pause.
31:04 Wait and see. On ne sait pas.
31:06 Il y a des choses qui ont été, effectivement,
31:08 on va dire, endommagées par cette relance budgétaire.
31:10 Encore une fois, il ne faut pas oublier les 5 000 milliards
31:12 qui ont été injectés. L'excess saving, c'est encore la clé,
31:14 en fait, du cycle américain.
31:16 Non seulement, donc, l'excess saving et le marché du travail.
31:18 Tant que ces deux variables-là ne se porteront pas,
31:20 enfin, ne montrerant pas de signes d'inflexion majeur,
31:23 on n'aura pas, dans ce sens, de baisse de taux.
31:26 Sur l'excess saving, donc le surstockage d'épargne
31:30 issu de la période Covid, on en est où ?
31:32 C'est un chiffre, c'est très compliqué, quand même,
31:34 j'ai l'impression.
31:36 Il y a une méthodologie qui a été élaborée par la Fed,
31:38 effectivement, qui le calcule.
31:40 Parce que le taux d'épargne, lui, est déjà retombé très, très bas.
31:42 Le taux d'épargne est monté à 35, il est renu à 5.
31:44 Ce qui est normal, mais sur le stock disponible,
31:46 qu'est-ce qui reste en masse, pour quelle catégorie
31:48 de la population, combien de temps ça peut tenir encore ?
31:51 Au-delà des effets, effectivement, de ventilation
31:53 au sein des catégories de la population,
31:55 ce qu'on observe, c'est que cet excess saving,
31:57 structurellement, est égal à zéro.
31:59 Les ménages américains ne dégagent pas de dépargne en excès.
32:01 Ce n'est pas quelque chose qu'ils font de manière structurelle.
32:03 En revanche, la crise du Covid arrive,
32:05 et donc on atteint ce point à 2 000 milliards.
32:07 Ça a baissé, et aujourd'hui, finalement,
32:09 on attend les chiffres pour le Q1,
32:11 on devrait être à un montant avoisinant
32:13 les 400 milliards de dollars.
32:15 Donc ça baisse de manière linéaire, et en principe,
32:17 au Q3, il n'y aura plus rien.
32:19 À ce moment-là, l'économie américaine sera le plus vulnérable.
32:21 - D'atterrissage, c'est Q3, quoi.
32:23 - Donc la Fed ne va pas baisser ses taux à ce moment-là,
32:25 elle va juste changer son discours,
32:27 préparer les marchés,
32:29 aux baisses de taux.
32:31 Et donc, in fine, ce ne sera pas avant 2024,
32:33 à mon sens en tout cas, et si Powell est cohérent
32:35 avec son discours, le higher for longer,
32:37 ça doit au moins durer 6 mois, sinon, franchement, ça ne ressemble à rien.
32:39 - C'est intéressant parce que le marché américain
32:41 est en pause aussi, Céline.
32:43 En clôture hebdomadaire, ça fait 7 semaines
32:45 que le S&P 500 clôture entre
32:47 4 100 et 4 150.
32:49 - Parce qu'il fait 6 mois.
32:51 - C'est incroyable, quand même.
32:53 - On parlait de l'Asie tout à l'heure, et on voit à quel point
32:55 les deux situations n'ont rien à voir l'une avec l'autre.
32:57 C'est-à-dire que du côté de l'Asie,
32:59 j'ai de la liquidité,
33:01 des valorisations attractives et des bénéfices
33:03 qui sont en progression. Du côté des Etats-Unis,
33:05 c'est tout l'inverse. J'ai une contraction
33:07 de la liquidité qui continue.
33:09 On ne sait pas pour combien de temps, mais pour l'instant,
33:11 on est en contraction de liquidité.
33:13 J'ai des bénéfices qui sont
33:15 qui devraient être négatifs,
33:17 pour l'année 2023,
33:19 et qui ont été révisés en baisse
33:21 d'à peu près 12% au cours des 6 derniers mois.
33:23 Donc on est dans un momentum de révision baissière.
33:25 Et du côté des valorisations,
33:27 malheureusement, on reste sur des valorisations
33:29 qui sont très élevées, puisqu'on est toujours
33:31 à 18 fois les bénéfices pour le S&P 500.
33:33 Et quand on regarde
33:35 la valorisation
33:37 du top 10 des sociétés
33:39 technologiques américaines,
33:41 on voit qu'on est plutôt à 2 fois
33:43 cette valorisation-là. Donc on est
33:45 à des niveaux qui sont supérieurs
33:47 au niveau de valorisation de 2000.
33:49 - Mais ça veut dire qu'il y a 90% du marché...
33:51 - C'est beaucoup plus compliqué.
33:53 - Mais oui, mais il y a 90% du marché qui n'est pas
33:55 à ses niveaux de valorisation, justement.
33:57 - Non, mais malheureusement pour nous, ça veut dire qu'aujourd'hui,
33:59 quand on investit sur les actions internationales,
34:01 on a 60% du marché
34:03 qui est sur les Etats-Unis,
34:05 et on a à peu près
34:07 20-25% du marché mondial
34:09 qui vient de ces sociétés-là.
34:11 Et comme elles sont très détenues, et qu'elles représentent
34:13 une grosse partie du marché, on ne pourra pas
34:15 éviter, si jamais ces sociétés sont sous pression,
34:17 une baisse du marché dans son ensemble.
34:19 Mais, effectivement, comme on l'a vu en 2022,
34:21 on peut très bien avoir une pression
34:23 sur cette partie du marché
34:25 et une progression d'autres sociétés
34:27 qui ne sont pas prises dans cette nasse.
34:29 - Quel est le niveau de
34:31 doute que vous avez sur la capacité
34:33 de ces, allez, 5,
34:35 10 mégacaps américaines qui tiennent le marché
34:37 américain, à permettre,
34:39 justement, de tenir encore les indices
34:41 et de franchir peut-être même
34:43 un épisode de ralentissement récessif
34:45 qui s'annonce ?
34:47 - Alors, moi, je suis certaine que,
34:49 à horizon 3 ans, ces sociétés-là
34:51 seront dans des positions
34:53 très délicates et difficiles.
34:55 Donc, je n'investirai pas... - Sur le plan boursier ?
34:57 - Oui, sur le plan boursier.
34:59 Parce qu'effectivement, historiquement,
35:01 ce qu'on apprend, c'est que quand vous avez des niveaux
35:03 de valorisation tels que ceux que nous avons
35:05 sur ces sociétés aujourd'hui,
35:07 c'est très difficile de tenir, compte tenu
35:09 également des attentes de progression de bénéfices
35:11 qui sont extrêmement élevées. Et il faut voir
35:13 que sur le Q1, on a eu des progressions
35:15 des ventes de ces sociétés qui sont entre
35:17 2 et 9%. - Ah oui, c'est faible.
35:19 - Donc, pour justifier des niveaux de valorisation tels
35:21 que ceux dont on parlait tout à l'heure, c'est quand même délicat.
35:23 - C'est l'efficience, maintenant.
35:25 C'est l'efficience. On joue l'efficience et la restructuration.
35:27 - On se retrouve dans une position très, très délicate. Et comme le disait
35:29 tout à l'heure Olivier, à un moment,
35:31 l'élastique, à force d'être tendu,
35:33 il se resserre.
35:35 - Bon, il y a le, comme on dit maintenant,
35:37 le S&P 5 et le S&P 495.
35:39 - Mais ce qu'il laisse,
35:41 c'est un marché intéressant pour nous.
35:43 - Donc, on est plutôt, l'univers
35:45 c'est plutôt S&P 495
35:47 ou il faut quand même considérer le S&P 5
35:49 comme étant la partie
35:51 titanesque du marché ?
35:53 - Je vais faire un peu une réponse de Norban pour le momentum.
35:55 C'est sûr que c'est le S&P 5 qui est intéressant
35:57 pour des investissements
35:59 à plus long terme, à 3 ou 5 ans
36:01 comme dit Céline. C'est clair qu'il faut
36:03 les gratter autour.
36:05 Ce qu'il faut bien voir, c'est que ces sociétés
36:07 dans le S&P 5, ils ont
36:09 des montants de cash
36:11 absolument phénoménaux
36:13 qui leur permettent de faire du retour aux actionnaires
36:15 pendant encore de nombreux trimestres.
36:17 Donc, si en plus vous êtes dans une phase
36:19 où vous dites que les taux vont
36:21 arrêter de monter parce qu'on est en pause,
36:23 parce que l'inflation est à peu près maîtrisée
36:25 aux Etats-Unis,
36:27 la thématique du rachat d'actions et du retour
36:29 à l'actionnaire, de toute façon, ça porte un peu
36:31 encore sur plusieurs trimestres.
36:33 Mais, vous savez aussi
36:35 comme moi, que quand on commence à acheter
36:37 des sociétés que pour le dividende et le retour
36:39 à l'actionnaire, au début ça va,
36:41 puis généralement ça ne se passe plus très bien
36:43 au bout d'un moment.
36:45 La vraie question, c'est quand est-ce que les marchés
36:47 sous-jacents de ces 5 sociétés
36:49 ou des 10 premières, va commencer
36:51 à se calmer ? Donc ça revient
36:53 à la question qu'on se pose tous autour de cette table.
36:55 Est-ce qu'il va y avoir une récession ?
36:57 Quelle est l'ampleur de la récession ?
36:59 Et puis, est-ce que c'est au Q2, au Q3 ?
37:01 Ou quand est-ce qu'elle va arriver ?
37:03 Et là, c'est vrai que quand on regarde
37:05 différents segments de marché, on n'a pas
37:07 la même réponse. Quand on regarde
37:09 les valeaux des grandes capes américaines, on a un avis.
37:11 Quand on regarde les valeaux
37:13 des small capes européennes et même américaines,
37:15 d'ailleurs, on a un autre avis. Quand on regarde
37:17 la valeau du luxe, on a encore
37:19 un troisième avis. Quand on regarde
37:21 les niveaux de volatilité,
37:23 c'est mon tropisme sur les marchés obligataires,
37:25 on a un avis, on ne sait même pas quel est son avis,
37:27 d'ailleurs, tellement c'est volatile.
37:29 Donc, on voit bien qu'on est
37:31 un peu à un point
37:33 où ça va bientôt tourner.
37:35 Tous les investisseurs sont quand même
37:37 plutôt pessimistes, quand vous regardez
37:39 les songages et les taux de cash dans les portefeuilles.
37:41 Et donc, on sait que quand tout le monde a un peu
37:43 la même vision, c'est là où ça n'arrive pas ou quand ça
37:45 arrive, ça ne va pas être le scénario. Le scénario central,
37:47 c'est quoi ? C'est que ça va corriger de 5 à 10%.
37:49 Et là, je reviendrai dans le marché,
37:51 on sait que ça n'arrive jamais. C'est-à-dire que
37:53 soit ça corrige de 3,4 et ça repart,
37:55 soit ça perd 20 et il n'y a plus personne.
37:57 Donc, c'est quand même ça, toujours ce qui se passe.
37:59 Et là, je veux dire qu'on est
38:01 assez dubitatif
38:03 dans nos investissements. On est plutôt prudent.
38:05 On attend de voir, mais c'est vrai
38:07 que le temps devient un petit peu long
38:09 sur la publication d'indicateurs
38:11 qui ferait pencher la balance
38:13 d'un côté ou de l'autre.
38:15 - Il y a un tout petit point, effectivement, sur la volatilité qui est
38:17 quand même assez étonnant. C'est
38:19 l'explosion, effectivement, de la vol implicite
38:21 sur les marchés obligataires. On voit tout effectivement
38:23 où est-ce qu'elle est. Et l'écrasement
38:25 de la vol implicite sur les marchés à actions.
38:27 Par contre, ça concerne tous les marchés.
38:29 Et une explication que j'ai trouvée assez amusante,
38:31 c'est de dire qu'au fond,
38:33 on parlait des méga-câbles, du S&P
38:35 5 et ce genre
38:37 de... du poids que ça représentait.
38:39 Et en fait, ce sont des actions à durations longues, là aussi,
38:41 donc qui écrasent, effectivement, la volatilité.
38:43 Donc, l'impact, il n'est pas seulement
38:45 sur la capitalisation, sur la déformation
38:47 effectivement de ces indices. Ça se voit également
38:49 sur des mesures de risque
38:51 qu'on utilise habituellement pour sentir,
38:53 pour donner un peu la température du marché.
38:55 Et on voit bien que là, même ces mesures de risque-là,
38:57 finalement, deviennent un peu, là aussi,
38:59 complètement parasitées par le poids
39:01 qu'elles représentent. Et donc, il n'y a plus que la volatilité
39:03 obligataire, finalement, pour nous donner
39:05 un peu l'état du marché.
39:07 Et, comme je dis, effectivement, c'est le marché obligataire
39:09 qui a toujours raison, en quelque sorte. C'est lui qui nous donne
39:11 la vérité. - Le mouv' plutôt que le vix',
39:13 c'est ça ? - Pour le moment, c'est le camp que je défends.
39:15 - Merci à vous trois d'avoir été
39:17 les invités de Planète Marché ce soir.
39:19 Merci pour votre éclairage du jour sur la
39:21 situation globale. Céline Picmal-Prade,
39:23 présidente de Picmal Auton Investments.
39:25 Ma Brooke Chetouan, responsable de la stratégie
39:27 marché globaux de Natix ICM et Olivier De Béranger,
39:29 directeur général délégué et directeur des investissements
39:31 de la financière de l'échiquier.

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