Il a répondu à toutes les questions et livré un récit poignant. Pendant plusieurs heures, au Sénat, ce mercredi 17 mai, le maire de Saint-Brévin (Loire-Atlantique) a raconté dans le détail ce qui a mené à l’incendie de sa maison, depuis les menaces dont il a fait l’objet par des groupes d’extrême droite extérieurs à la ville quand il a accepté de recevoir dans sa ville un Cada (Centre d’accueil pour demandeurs d’asile), comme le demande l’État.
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00:00 Et là, on s'est aperçu qu'on se retrouvait totalement débunis,
00:04 seul, abandonné par les services de l'État.
00:27 La première difficulté, c'est que l'État et ses représentants ne souhaitaient pas communiquer,
00:32 ne souhaitaient pas informer les habitants.
00:35 Ils ont laissé la municipalité s'en charger,
00:39 alors que c'était pourtant un projet de l'État.
00:43 Jeunesse, Révolution, Europe !
00:54 Le sous-préfet nous a tout simplement dit "mais les menaces,
01:06 vous savez, moi j'en ai tous les jours des menaces".
01:09 Le commandant de gendarmerie, vous savez, c'est pas grand chose,
01:13 ce sont simplement des menaces, c'est de l'intimidation,
01:17 ça ne sert à rien de déposer plainte, de toute façon on ne fera rien,
01:21 c'est la liberté d'expression.
01:23 On a toujours eu ce leitmotiv, une liberté d'expression,
01:26 aussi bien utilisée par la gendarmerie que par le sous-préfet.
01:30 Donc quand ils sont repartis de cette réunion,
01:34 on s'est retrouvés tous les trois avec mes deux adjointes,
01:38 je vous dirais qu'on était un peu dépité, un peu choqué,
01:40 en fin de compte, de ce qu'on avait entendu.
01:42 Et là on s'est aperçu qu'on se retrouvait totalement débunis,
01:46 seuls, abandonnés par les services de l'État,
01:49 et qu'on allait devoir continuer à affronter, en fin de compte,
01:53 cette montée en puissance de ce collectif,
01:57 qui en fin de compte ne représentait même plus Ambre et Vingt,
02:00 mais qui était le collectif qui faisait venir toute l'extrême droite.
02:05 Dans la nuit, entre 4h30 et 5h du matin,
02:08 j'étais victime d'un attentat criminel.
02:11 Probablement un engin explosif a été lancé, mis entre mes deux véhicules,
02:16 qui bien entendu ont pris feu,
02:18 et ça s'est propagé également à mon domicile.
02:22 Et nous étions bien sûr dans la maison.
02:25 Heureusement nous avons été réveillés par un médecin,
02:29 qui nous a donné un avis,
02:31 et également nous avons été réveillés par les bruits,
02:35 et puis également par trois personnes qui revenaient de leur travail
02:39 chez Airbus à Saint-Nazaire,
02:41 qui ont vu les flammes, qui ont appelé les pompiers,
02:44 et qui ont insisté de façon à nous faire sortir de la maison,
02:49 puisque tout était en train de brûler.
02:52 [Musique]
03:09 Le 7 avril, j'ai écrit au CEPREFET
03:13 pour lui demander une protection renforcée,
03:16 puisque sur les réseaux sociaux commençait à circuler
03:20 une nouvelle manifestation qui était prévue pour le 29 avril.
03:25 Et donc vu ce qui s'était passé,
03:27 je n'avais pas envie à nouveau de subir des violences.
03:31 Et le sous-préfet, le 28 avril, m'a répondu,
03:35 la veille de cette manifestation,
03:39 que l'évaluation des risques était toujours en cours.
03:42 Et elle est toujours actuellement.
03:44 Voilà un petit peu toute cette chronologie sur tout ce qui est arrivé.
03:50 C'est pour ça que quand j'ai parlé du manque de soutien de l'État,
03:54 c'était flagrant.
03:56 Et puis ce qui est désolant également,
03:58 quand vous avez dû voir la communication du préfet après ma démission,
04:04 parce que je ne m'attendais pas à ce que ça fasse des remous comme ça,
04:07 cette démission,
04:09 quand il dit qu'il a organisé des réunions publiques,
04:12 je ne sais pas, de la part d'un préfet,
04:14 mentir effrontément en public,
04:17 c'est quand même important.
04:20 Est-ce que ma décision est réversible ?
04:23 Vous savez, entre le 22 mars et maintenant,
04:27 on a eu le temps de réfléchir, on a laissé passer le cap,
04:31 de façon à ne pas prendre une décision comme ça dans la foulée.
04:35 Donc ma décision, voilà, je ne reviendrai pas en arrière.
04:39 [Musique]
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