ÉDITO - "Il faut que l'État cesse de refiler le sale boulot aux maires, en pensant que l'intendance suivra"

  • l’année dernière
La ministre des Collectivités territoriales a annoncé que le gouvernement voulait alourdir les sanctions pénales aux citoyens s'en prenant à des élus, après avoir rencontré le maire démissionnaire de Saint-Brévin.

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Transcription
00:00 Mathieu Croissando, le gouvernement a dévoilé hier un plan,
00:03 et c'est une petite surprise, pour venir en aide aux élus agressés.
00:08 C'est un plan qui, semble-t-il, sera comparable dans son intensité
00:12 aux poursuites qui peuvent être engagées contre ceux qui agressent des policiers ou des gendarmes.
00:16 Oui, alors tout ça sent un peu l'improvisation,
00:19 mais on a envie de dire mieux vaut tard que jamais.
00:22 On peut quand même se désoler qu'il ait fallu qu'un maire,
00:24 celui de Saint-Brévin en l'occurrence, décrive par le menu son calvaire
00:27 pour que le gouvernement réagisse et étoffe enfin sa politique là-dessus.
00:31 Alors, l'alignement des peines, vous venez d'en parler Christophe,
00:34 pour les atteintes contre les élus sur celles contre les atteintes,
00:37 pour les atteintes, pardon, contre les personnels en uniforme,
00:41 pas sûr que c'est un caractère dissuasif, mais c'était une demande en tout cas des associations.
00:44 3 400 référents dans les commissariats et les gendarmeries
00:47 pour aider les élus à libérer la parole, parce que certains n'osent pas le faire,
00:50 pourquoi pas aussi un dispositif d'alarme élu
00:53 qui déclenche une intervention rapide des forces de l'ordre,
00:55 qui me fait un peu penser au téléphone grave danger,
00:57 vous savez, des femmes victimes de violences conjugales,
01:00 et enfin la création d'un centre d'analyse et de lutte contre les atteintes aux élus.
01:04 On se demande un peu à quoi ça sert de faire de la statistique,
01:06 mais je ne suis pas certain que ça fasse baisser les violences,
01:08 et peut-être fallait-il cartographier, comme le dit la ministre concernée, le problème.
01:12 Ce sont des mesures bienvenues, mais qui ne régleront évidemment pas
01:15 toutes les situations et toutes les difficultés auxquelles sont confrontées les élus.
01:18 Ça aurait changé quelque chose pour le maire de Saint-Brévin en l'occurrence ?
01:21 Ben non, pour le coup non, car ça ne règle rien sur le fond.
01:24 Ce qu'a décrit hier Yannick Romès devant les sénateurs
01:28 témoigne surtout d'un incroyable sentiment d'abandon et de solitude rencontré par le maire
01:31 sur la gestion de ce dossier de déménagement d'un centre d'aide, d'accueil aux demandeurs d'asile.
01:36 On a l'impression de n'avoir jamais été entendu, jamais pris au sérieux.
01:40 Il a été seul, Yannick Romès, face à ses administrés.
01:43 Les représentants de l'État ne l'ont jamais aidé à organiser des réunions publiques
01:46 pour expliquer la démarche.
01:49 Il a été seul face aux menaces.
01:51 Rendez-vous compte, le maire de Saint-Brévin n'avait pas besoin d'un référent pour libérer sa parole.
01:54 Il les a dites, lui, les menaces, il les a racontées.
01:56 Il a même décrit une scène hallucinante quand il a raconté aux sous-préfets,
02:00 aux commandants de gendarmerie, les menaces qu'il a reçues.
02:03 Le sous-préfet lui a répondu "moi, des menaces, j'en reçois tous les jours".
02:06 Quant au commandant de gendarmerie, il a dit "ce n'est pas grand-chose, c'est de l'indignation,
02:09 de la liberté d'expression, on sait ce que ça a donné, un attentat avec un engin explosif
02:12 et je ne vous parle pas des coups de fil et des lettres, restez sans réponse".
02:14 Yannick Moraise.
02:15 Ça veut dire qu'il faut aller plus loin ?
02:17 Oui, ça veut dire qu'il faut que l'État cesse de refiler le sale boulot au maire en pensant que l'intendance suivra.
02:22 L'affaire de Saint-Brévin, c'est un cas d'école, évidemment,
02:25 ça n'est pas un condensé de toutes les difficultés que rencontrent les maires aujourd'hui.
02:28 Mais ça s'inscrit dans un contexte, ça fait pourtant plus de trois ans que l'élu tire le signal d'alarme,
02:34 trois ans depuis, vous vous souvenez, la mort du maire de Signe dans le Var,
02:37 trois ans que les violences ne cessent d'augmenter, ça a été de nouveau le cas en 2023,
02:41 après une hausse de 32% en 2022, selon le ministère de l'Intérieur.
02:44 Et attention, ces chiffres sont peut-être largement sous-estimés
02:47 et ça risque de ne pas faire beaucoup de vocation pour les prochaines municipales.
02:50 Merci Mathieu.

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