"26 mai 1993, les coulisses d'un sacre" - Didier Deschamps : un capitaine pour l'histoire

  • l’année dernière
"Il faut vivre avec son temps mais avec un devoir de mémoire sur l’histoire". Cette petite phrase que Didier Deschamps a prononcée il y a trois semaines devant les caméras de La Provence, résume parfaitement l’état d’esprit de celui qui a empilé les trophées depuis 30 ans, comme joueur, puis comme entraîneur, en club ou en sélection, mais garde une affection particulière pour cette coupe aux grandes oreilles qui a mis la France et Marseille tout particulièrement en émoi, le 26 mai 1993. "C’est le trophée le plus important que l’on pouvait gagner avec un club, c’est la première victoire d’un club français et ça le restera."
Ces mots, on peut le voir les prononcer dès aujourd’hui dans le premier épisode de notre série documentaire "Les coulisses d’un sacre", consacrée à la victoire de l’OM en Ligue des champions, le 26 mai 1993, "une date qui fait partie des plus importantes de ma vie", ajoute Basile Boli, dont vous pourrez voir l’entretien dans une semaine. Une série destinée en avant-première aux abonnés de La Provence.
L’idée est de faire revivre le long chemin qui a mené l’OM à son apogée contre le Milan AC. Chemin qui n’était pas parsemé de roses, sinon avec beaucoup d’épines. Aujourd’hui, ce succès résonne comme une évidence, mais à l’image de ce fameux but de Basile Boli, qui, touché au genou, avait demandé à sortir quelques minutes plus tôt, ce triomphe olympien, personne ne l’avait imaginé en début de saison, quand Papin, Waddle et Mozer avaient quitté Marseille. Tous les interlocuteurs qui ont eu l’obligeance de nous répondre lors d’entretiens exclusifs (voir la liste ci-dessous) insistent sur le caractère fort de cette équipe olympienne. "Nous voulions fortement cette coupe d’Europe, mais les Marseillais la voulaient encore plus fort que nous et c’est peut-être cette petite différence qui fait gagner ou pas...", nous a expliqué Franco Baresi, l’immense capitaine du Milan AC.
Pour l’heure, honneur au vainqueur: c’est Didier Deschamps qui répond aujourd’hui. Comme d’habitude, il est "à jamais le premier"...

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Transcript
00:00 Le premier trophée important qu'on soulève, ça reste le premier, on se rappelle toujours.
00:08 J'ai eu la chance et le privilège d'en gagner beaucoup derrière, mais c'était le trophée
00:15 le plus important qu'on pouvait gagner avec un club et c'est la première victoire d'un
00:20 club français.
00:21 Didier, 30 ans c'est loin, alors on va tester votre mémoire.
00:42 Elle est sélective.
00:43 Si elle est sélective, Boli a-t-il marqué du pied droit ou du pied gauche ?
00:47 Je pense que c'est du pied gauche, mais il avait un bon pied gauche et un bon pied
00:50 droit.
00:51 Là il a, oui.
00:52 Ça c'est énorme, mais ça je lui dis en rigolant.
00:55 Il avait d'autres, mais ça je ne vais pas vous le dire.
00:58 C'est quand on revenait jouer au Serre, il faisait participer les supporters parce
01:04 qu'il mettait beaucoup de ballons à touche.
01:05 Non mais il avait cette capacité dans le jeu de tête de très très haut niveau.
01:14 Heureusement, puisque depuis c'est casque d'or, même si avant c'était juste casque,
01:18 mais là c'est casque d'or puisque c'est ce but-là qui nous permet d'être champion
01:22 d'Europe.
01:23 Vous êtes le joueur de champ le plus éloigné au moment du but.
01:26 Est-ce que vous le voyez ?
01:27 Oui, oui, oui.
01:28 Moi je suis en train de verrouiller au cas où parce que mon jeu de tête était moins
01:33 décisif que lui.
01:34 Je vois le duel, mais à partir du moment où les filets tremblent, oui, parce qu'il
01:39 y avait du rembours dans la face.
01:40 Il est à la lutte avec Richecard.
01:42 Puis il y avait de sacrés athlètes en face de nous.
01:47 Donc voilà, les phases arrêtées, ça a toujours été des phases importantes, mais
01:51 ce petit but qui nous amène au sacre.
01:54 Basile Moli est donc toujours associé à son coup de tête.
01:57 Bien évidemment, oui.
01:58 Et vous, un autre geste technique que vous avez répété.
02:02 C'est le soulever de coupe.
02:03 Je ne le savais pas à ce moment-là.
02:05 C'est pour ça que j'ai comme mes coéquipiers savouré.
02:08 De là à imaginer que j'aurais pu en gagner beaucoup derrière, on ne le sait pas, on
02:16 fait tout pour, mais c'était une bonne préparation.
02:20 Et quand on commence à gagner des titres, on ne se rassassit jamais de soulever les
02:26 coupes.
02:27 Après, c'est la première grande victoire, ce qui nous a amené à beaucoup de joueurs
02:30 aussi à avoir une ouverture sur l'étranger.
02:33 De cette équipe-là, notamment en Italie, où évidemment d'avoir joué contre le Milan
02:40 AC, nous avons été sollicités.
02:43 On est pas mal à être parti du côté transalpin.
02:47 A propos de Coupe du Monde, immédiatement après la finale, vous avez souligné, le
02:51 12 juillet 1998, que c'était aussi l'héritage légué par l'OM.
02:56 Oui, parce qu'on a eu cette culture, on a été habitué à ça quotidiennement.
03:01 Ça s'est accentué en étant allé en Italie, dans les clubs italiens.
03:07 Je me rappelle, la presse italienne, c'est pareil, puisqu'on était 8 joueurs de l'équipe
03:14 de France 98 à jouer en Italie.
03:17 Ils avaient fait la une en disant "abbiamo create monstri", nous avons créé des monstres.
03:22 Mais Marseille a été une étape, parce que quand on commence à gagner, on s'habitue.
03:30 Je ne dis pas qu'on doit répéter tout ce qu'on a fait, mais l'expérience permet,
03:37 ce qu'on met, qu'il ne faut pas banaliser l'expression "la culture de la gagne",
03:43 c'est vraiment quelque chose, c'est des petits trucs, des petits détails, mais au
03:48 quotidien, quand on baigne là-dedans, ça nous amène à aller chercher d'autres succès.
03:54 Est-ce que ce 26 mai 1993, ce triomphe, c'est aussi pour l'OM le fruit de ses déboires
04:00 passés ?
04:01 Peut-être, on se nourrit de ses expériences, ne serait-ce que là.
04:04 Après, Benfica j'y étais, mais Paris j'y étais pas.
04:09 Mais dans la préparation d'avant-match, c'est quelque chose qui a amené Bernard
04:13 Tapie, Jean-Pierre Bernays et Raymond Goethe à beaucoup de réflexions et à modifier
04:18 tout notre avant-match, où à Paris c'était quelque chose de vraiment mis au vert, mais
04:25 ultra protégé, trop certainement, alors que nous je me rappelle avant Munich, on est
04:31 parti depuis le samedi, on jouait le mercredi, mais on s'était très décontracté, ce
04:38 qui ne nous empêchait pas d'être concentré pour autant, mais c'était à l'opposé
04:43 de ce qui avait été fait à Paris.
04:46 Est-ce que c'est ça ?
04:47 Ça donne raison dans le choix, parce qu'on a le succès au bout, mais c'est une manière,
04:54 une approche totalement différente.
04:56 On se nourrit de ses expériences, plus on connaît la même situation, même si ce n'est
05:00 pas au même endroit, avec la même équipe, les mêmes joueurs.
05:03 Il y avait une différence d'approche entre ceux qui avaient connu la désillusion de
05:07 Paris et ceux qui étaient frais ?
05:08 C'est un propre ressenti, c'est personnel, c'est difficile de savoir, mais évidemment
05:12 qu'un Rudi Völler qui avait déjà gagné, ça amène beaucoup plus de tranquillité,
05:17 de sérénité, et c'est quelque chose qui est communicatif.
05:21 Si vous avez plus de stress, de doute, c'est communicatif aussi.
05:26 Plus il y a des ondes positives, mieux c'est.
05:29 Les joueurs qui sont habitués à gagner ont tendance à tirer les autres vers le haut.
05:36 Le fait d'avoir la fraîcheur, oui, mais avec l'insatisfaition.
05:40 Je sais qu'à titre personnel, cette finale m'a énormément servi pour les suivantes
05:45 parce que malgré tout, dans le déroulé, j'avais perdu beaucoup d'énergie psychologique
05:51 à me faire le match dans ma tête.
05:52 Je me sentais tellement bien à l'échauffement et au début de match.
05:56 Au bout d'un quart d'heure, j'avais l'impression qu'on avait coupé l'électricité et que
06:01 je n'avais plus de jambes.
06:03 Il faut gérer, mais je pense que c'est venu, même je suis sûr, avec le recul, le
06:09 fait de s'imaginer le match, de se faire le match.
06:13 Ce n'est pas de la dépense énergétique sur le plan physique, mais sur le plan psychologique.
06:19 Ce qui a déjà gagné, qui a déjà vécu, il gère beaucoup mieux tout ce qui est à
06:26 l'extérieur.
06:27 Quand c'est la première fois, l'expérience, elle est nulle.
06:30 Donc on apprend.
06:31 Il y en avait un qui n'avait aucune expérience, mais qui n'était pas stressé lui.
06:35 Fabien ? Oui, mais lui, c'est sa nature.
06:37 Je sais, il n'avait même pas les gants, il cherchait ses gants.
06:40 Quand on a fait la photo, il n'avait pas ses gants.
06:43 Après, chaque individu est différent.
06:45 Et puis on peut penser que certains qui dégagent beaucoup de sérénité, de tranquillité,
06:52 mais c'est peut-être des faux tranquilles.
06:53 À l'intérieur, ça bouillonne.
06:56 Le caractère et la personnalité de chacun, la perception de l'événement et de ce
07:01 qui entoure l'événement, elle peut être totalement différente.
07:06 Vous dites que vous n'aviez plus de jambes.
07:08 Un peu.
07:09 Mais la seule occasion en dehors du but, c'est vous qui l'a donné à Rody Favre.
07:11 J'arrivais à faire ça déjà à l'époque.
07:13 Ce n'était pas mon registre.
07:15 Je suis sorti de mon registre.
07:16 Non, non, mais j'ai senti que je n'étais pas.
07:19 Et je me rappelle dans ma tête, je me dis non, pas aujourd'hui.
07:22 Pourquoi pas aujourd'hui ? Et bien là, on part à l'essentiel.
07:25 Donc j'étais dans un registre où vous n'avez pas besoin d'accélération, déborder,
07:31 centrer, frapper.
07:33 Le fait qu'on mène à la mi-temps, c'était un scénario qui nous allait bien parce que
07:38 cette équipe-là, sur la saison sportive, on n'a pas eu une saison simple et fluide.
07:46 Mais à chaque fois qu'il y avait un match test, elle dégageait énormément de solidarité.
07:53 La force collective, c'est quelque chose qui est toujours important et une solidité
07:58 qui était de très haut niveau.
08:00 Alors justement, on a l'impression que ce sont les difficultés qui vous ont fait grandir
08:04 collectivement et individuellement.
08:06 C'est vrai.
08:07 Il y a eu certains moments chauds en championnat.
08:10 Je me rappelle des fêtes à nos hômiciles contre Nantes.
08:13 Ouh là, ça avait chauffé là.
08:15 Avec notre président Bernard Tapie qui ne mâchait pas ses mots.
08:19 Oui, mais on a eu plusieurs tournants où il fallait qu'on réponde au présent.
08:25 Et cette force, on l'avait.
08:27 Et sur cette finale, ça a été quelque chose de très important.
08:29 En reculant, en coordonnant à l'été 92, est-ce que vous pouviez imaginer à l'intersaison
08:35 avec tout ce qui s'était passé ? Furiani, l'Euro raté.
08:38 Il y en a eu tellement.
08:40 Vous imaginez que vous alliez gagner la Coupe d'Europe ?
08:42 S'imaginer, c'était l'objectif du club et surtout de Bernard Tapie.
08:47 C'était une fixation pour lui.
08:49 Donc il faisait tout.
08:50 À cette intersaison, il avait décidé de changer beaucoup, beaucoup de joueurs pour
08:58 différentes raisons, parce qu'il fallait peut-être plus de fraîcheur, qu'il y avait
09:01 une usure, je ne sais pas.
09:02 Ses choix lui ont donné raison.
09:05 C'était notre objectif.
09:08 De là à penser que, j'ai toujours eu des pensées positives, mais bon, il y a des étapes
09:14 à franchir, même si le format n'était pas du tout le format actuel, puisqu'il n'y
09:19 avait pas de quart de finale, de huitième, de demi-finale.
09:23 C'était deux groupes de quatre et le premier était directement en finale par étapes.
09:29 Mais à partir du moment où on était en finale, on se rapprochait un peu plus de la
09:34 possibilité d'atteindre notre objectif.
09:37 Parmi les joueurs transfigurés en cours de saison, il y a votre ami Marcel Desailly.
09:40 Comment s'est opérée son ascension et quel rôle avez-vous joué ?
09:43 Je l'ai connu avant lui.
09:45 Parce que ce n'est pas évident.
09:47 Vous venez d'un club famille, province, on était du même club, le S&H, et vous arrivez
09:54 à Marseille où c'est l'effervescence, l'exigence de passer ce cap-là.
09:59 Moi, je l'avais connu avant et c'était plus lié à notre président Bernard Tapie
10:06 et le fait qu'il me bloquait à chaque fois qu'il m'impressionnait trop jusqu'au
10:11 moment où j'ai passé le cap.
10:13 Il a même été faire des matchs avec la réserve, la troisième division.
10:18 C'était mon ami, c'est toujours mon ami de pouvoir l'aider, mais c'est surtout
10:23 son mérite.
10:24 Après, c'est de faire la bascule parce que c'était un compétiteur.
10:27 Ce qu'il a fait par la suite, il l'a prouvé aussi, mais c'était son challenge
10:32 avec lui.
10:33 Mais à côté de ça, je n'oublie pas Bernard Cazody qui était le capitaine aussi en début
10:39 de saison, qui était titulaire et qui a perdu sa place et qui n'était plus forcément
10:43 capitaine.
10:44 Au moment de revenir au stade Vélodrome et quand on est descendu de l'avion, je voulais
10:51 qu'il soit à côté de moi à tenir les deux la coupe parce que pendant les six premiers
10:57 mois, c'était lui le capitaine et il avait un rôle aussi important même s'il n'a
11:02 pas eu à jouer cette finale comme d'autres, comme Pascal Ometa.
11:06 Il y avait un groupe et avec le fonctionnement un peu spécifique de Raymond Götthals qui
11:12 avait beaucoup de qualités, il passait beaucoup de temps avec les titulaires, avec ceux qui
11:17 jouaient pas ou peu.
11:19 C'était un peu plus difficile.
11:21 Il fallait qu'entre nous, les joueurs, on dégage cette unité-là.
11:25 Qu'est-ce que ça a changé pour vous de devenir capitaine ?
11:28 Il faut que je fasse attention à ce que je vais dire.
11:36 Ça a changé mon rôle.
11:38 J'étais capitaine ou pas capitaine.
11:40 Quand j'avais à parler, je parlais.
11:42 J'avais un peu plus de discussions en tête à tête avec Bernard Tapie.
11:47 J'ai dû juste un peu caler les horaires de ses appels téléphoniques parce que je
11:53 me couchais plus tôt et pour pas avoir des discussions nocturnes.
11:58 Avant, après, je n'ai pas toujours été capitaine non plus.
12:02 Je faisais partie des leaders et je fais ni plus ni moins en ayant le brassard ou en
12:10 n'ayant pas.
12:11 L'important, c'est que ça ne soit pas un poids qu'on traîne au quotidien, à
12:18 chaque match.
12:19 Il y a une responsabilité, mais il ne faut pas que ça d'emprise et ça n'avait pas
12:25 sûrement.
12:26 Roger Propos, le préparateur physique, nous a raconté qu'au moment de l'échauffement,
12:30 Bernard Tapie lui avait demandé pourquoi il n'était pas au milieu de vous pour vous
12:34 diriger et il avait répondu qu'au moment du match, vous seriez seul et donc ainsi mieux
12:38 préparé à l'être dès l'échauffement.
12:40 Est-ce que finalement, cette capacité à l'autogestion, ça n'était pas l'une
12:44 de vos forces principales ?
12:46 C'est vrai qu'on était un peu dans l'autogestion par moment, mais ça arrivait aussi après
12:54 lorsqu'on se retrouvait en équipe de France, en échauffement, on n'avait pas besoin
12:58 qu'on nous échauffe.
12:59 Cette autonomie relative peut être associée à une force et la force dont je parlais
13:08 avant, la force individuelle et force collective, la force de chacun.
13:11 La force collective sera toujours plus importante que la force individuelle.
13:15 Parce que sur le papier, il faut être réaliste, si on met les deux équipes, le Milan en qualité,
13:23 mais c'était largement supérieur à nous.
13:24 Mais sur un plan collectif et force collective, je pense qu'on avait un peu plus que.
13:33 Le management de Raymond Goethehals, c'était pour beaucoup, non ?
13:35 Oui, parce que c'est l'environnement, du sud, méridional, avec cette capacité
13:47 comme la fameuse girouette avec le vent qui peut, quand c'est mal, c'est très mal
13:53 et quand c'est bien, c'est très bien.
13:55 Donc on peut passer d'une extrême à l'autre.
13:57 Lui, il avait toujours cette expérience, ce recul avec sa façon d'être parce qu'il
14:03 aimait beaucoup plaisanter, en plus de toute la compétence de technicien qu'il avait.
14:10 Et cette capacité, moi, ça m'est arrivé souvent à travers les discussions qu'on
14:15 pouvait avoir, des choses qui pouvaient se passer, il me disait, il me disait "Dédé,
14:22 Dédé", il me dit "J'ai vu, j'ai entendu, mais j'ai pas vu et j'ai pas entendu".
14:27 Donc voilà, il allait à l'essentiel, mais lui aussi c'est un personnage essentiel
14:36 dans notre succès.
14:37 Avec le binôme, parce qu'il était très très proche de Jean-Pierre Bernays dans le
14:46 travail au quotidien.
14:47 Avant le match, vous n'alliez sûrement pas prévu de marquer à la 44ème, donc quel
14:52 était le plan ?
14:53 On savait qu'on n'allait pas avoir la maîtrise, qu'il fallait qu'on soit très
14:59 solide défensivement, mais qu'on allait avoir des opportunités.
15:06 On allait quand même sur le plan offensif entre Bocsic, Rudi Völler et Abedipole.
15:11 C'était surtout axé sur Abedipole, le fait, c'était le grand Paolo Maldini, mais
15:17 d'avoir un gaucher en face de lui, sur son mauvais pied, sur les matchs où il avait
15:23 été confronté à ça, je ne vais pas dire que c'était le point faible, mais c'était
15:28 un endroit où on devait les mettre en difficulté.
15:34 Ça a été par moments le cas, mais ce n'était pas se contenter de bien défendre, c'était
15:40 indispensable, mais on avait quand même des arguments offensifs à faire valoir, même
15:46 s'il avait un premier à une minute.
15:48 On est dans l'eau, sous l'eau, ça aurait pu tourner au naufrage total, parce qu'ils
15:55 avaient une main mise et s'il n'y a pas Fabien qui est dans sa meilleure forme, le
16:02 résultat aurait été différent forcément.
16:04 L'entrée de JPP, c'est un coup de pression ?
16:07 Moi, j'ai toujours beaucoup d'empathie et je fais en sorte de me mettre à la place
16:11 des autres personnes.
16:14 Lui avait vécu l'attachement à Marseille, il se retrouvait l'année d'après à jouer
16:20 un titre face à son équipe de cœur où il était programmé, il était le capitaine,
16:26 il était programmé pour être champion d'Europe.
16:28 Mais on savait avant tout sur le terrain que quand il rentrait, c'était un atout offensif
16:34 de plus pour le Milan, même si c'est un peu chauffé avec Meiko.
16:39 Comme toujours, ça arrive souvent avec Meiko, avec Eric, c'était fréquent.
16:47 Mais pour lui, je pense que ça n'a pas été facile à vivre et vu le scénario final,
16:57 l'année où il part, c'est là où son équipe gagne ce titre.
17:02 Donc, ça fait partie de la vie.
17:05 En dehors des arrêts de Barthez et du but, on ne garde pas grand-chose comme souvenir
17:08 et c'est déjà pas mal.
17:09 Bon, donc après, il reste votre capacité à tenir et à décourager les Milanais.
17:16 Oui, c'est ce que j'ai dit avant, ce sentiment qu'on avait de force et de solidité.
17:22 Pour en avoir reparlé avec plusieurs de mes partenaires, moi j'avais ça, c'est pas
17:28 la certitude, mais à la mi-temps, la conviction qu'ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient,
17:33 qu'ils n'allaient pas nous marquer.
17:35 Il y en a beaucoup qui étaient habités par ça.
17:37 Il y a eu peu de dangers, il y a eu très peu d'occasion d'avoir ce but d'avance.
17:42 C'était le scénario idéal pour nous et sans trop souffrir, on aurait pu avoir des
17:48 occasions, ils auraient pu avoir.
17:50 Il y a eu quelques situations, mais finalement, la deuxième mi-temps était plus équilibrée
17:55 que la première demi-heure.
17:56 Il paraît qu'au retour, quand vous arrivez au vélodrome, vous remarquez qu'il n'y
18:00 a personne devant le stade.
18:02 Non, non, j'ai dit mais qu'est-ce qu'ils font ? Il n'y a personne dans le stade parce
18:05 que le Prado, c'était noir de monde.
18:07 J'ai dit mais pourquoi ils ne sont pas dans le stade ? Le problème, c'est qu'il
18:10 était déjà plein, donc tous les autres étaient dehors.
18:13 Mais déjà de Marignane, avec sur la route, les scooters, les motos, les gens dans les
18:18 arbres, mais là, ça m'avait marqué.
18:20 Je dis, tous les alentours, mais pourquoi ils ne sont pas dedans ? Il n'y avait plus
18:25 de place, donc ils étaient là quand même.
18:27 Et dedans, c'était extraordinaire.
18:29 Oui, oui, dedans, à l'extérieur, les jours qui ont suivi, même si on avait ce petit
18:35 match qui nous attendait après contre le PSG, quatre jours après, ça freinait un
18:39 peu notre côté festif quand même, que ce soit après le match, on l'a fêté, mais
18:45 ça aurait pu être moins raisonnable que nous l'avons été parce qu'il y avait
18:49 ce match-là quand même.
18:50 Il y a même eu un tour d'Aubagne avec les pompiers.
18:52 Ah oui, le local avec Cazot, on l'a fait, c'était gentil.
18:58 C'est spécifique dans le sud, dans chaque pays, mais le côté méridional, la température,
19:07 la météo, c'est le match de l'OM.
19:09 Vous ne gagnez pas le week-end, le lundi ou le mardi, ça conditionne leur semaine.
19:14 Ça prend le pas sur leur vie privée.
19:17 Quand il y a le succès, ils vont le rendre des millions de fois en plus.
19:22 Quel bonheur de pouvoir partager ces moments de joie avec eux.
19:26 OM-Milan, OM-PG, OM vit 3 L'Handball qui gagne la Coupe d'Europe.
19:31 En gros, cette semaine-là, Marseille, c'est la capitale du sport européen.
19:34 Là, il faut que je fasse gaffe à ce que je dis.
19:36 Il y a eu une capitale, mais bon, à ce moment-là, le centre du football était Marseille, de
19:42 part ce qui s'est passé.
19:44 Mais ça concernait toute la France.
19:48 C'est la première grande victoire du football français et avec Handball aussi, parce qu'il
19:55 y avait des objectifs là aussi.
19:57 Évidemment, c'était toute la région Marseille et PACA qui était mise en lumière.
20:03 C'est original de partager ça avec les handballeurs ?
20:05 Oui, parce que certainement, je comprends, avec le temps aussi, même si entre nous,
20:12 sportifs, ça se passe toujours bien, mais le football prend tellement de place par rapport
20:19 à tous les autres sports.
20:20 Alors quand ça se passe mal, on en prend aussi beaucoup plus.
20:23 Mais voilà, c'est le sport le plus populaire.
20:27 Ils ont autant, si ce n'est plus, de mérite que nous, mais ils ont une reconnaissance
20:34 qui est peut-être moindre parce que le football, c'est le football.
20:38 Et à Marseille, comme dans beaucoup d'endroits, dans tous les endroits, dans toute la France,
20:43 dans tous les pays, le sport le plus populaire, ça reste le football.
20:47 Célébrer cette victoire 30 ans après, ce n'est que de la nostalgie ou il y a autre
20:51 chose de plus profond ?
20:52 On ne va pas être nostalgique.
20:55 Comme je l'ai dit, déjà c'est le plaisir de pouvoir se retrouver parce qu'on s'est
21:01 perdu de vue, on a eu des routes différentes, mais on est tous unis par ce qui était là,
21:08 par cette victoire-là.
21:09 Et de pouvoir fêter ça, c'était la première, ça restera à tout jamais la première.
21:17 C'est regrettable, peut-être même une anomalie, qu'il n'y en ait pas eu d'autres
21:24 durant ces 30 ans et qu'il ne faudra pas attendre 30 ans de plus, je l'espère.
21:28 Mais quoi qu'il arrive, cette première victoire restera la première à tout jamais.
21:34 Alors évidemment, pour la génération des moins de 30 ans aujourd'hui, ils n'attendent
21:40 qu'une chose, de pouvoir revivre ça, de l'heure vivante.
21:43 Heureusement, il y a les grands-parents qui sont là pour amener les anecdotes et faire
21:51 revivre ces moments-là.
21:53 Il faut vivre avec son temps, mais il y a un devoir de mémoire par rapport à l'histoire.
21:58 Non pas toujours faire référence à ce qui s'est passé, mais ça s'est passé, ce
22:02 qui a permis d'avoir des lendemains plus ou moins heureux et ce qui n'empêchera
22:08 pas d'avoir des lendemains qui peuvent être aussi victorieux.
22:12 Mais dans l'histoire, ce moment-là, pour ce club-là, pour les supporters, pour les
22:18 joueurs, pour tout le monde, les dirigeants, ça restera le premier club français champion
22:22 d'Europe.
22:23 Arrêtez-le de parler ! On l'a eu, on l'a toujours mais… 30 ans.
22:29 [Musique]
22:36 Merci.

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