Justine Triet contre la réforme des retraites / Borne attaque le RN "héritage de Pétain" / Immigration

  • l’année dernière
Mettez vous d'accord avec Eric Revel, Arlette Chabot et Arnaud Benedetti

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##METTEZ_VOUS_D_ACCORD-2023-05-29##
Transcript
00:00 - SUDRADIO, mettez-vous d'accord. 9h-10h, Valérie Exper.
00:06 - Avec vous sur SUDRADIO jusqu'à 10h. Bonjour à toutes et à tous.
00:10 Nous sommes avec vous en direct dans ce lundi 29 mai, lundi de Pentecôte.
00:14 Il va falloir m'expliquer qui travaille et qui ne travaille pas aujourd'hui.
00:17 En tout cas, il n'y avait pas grand monde. - Pas moi, je ne suis pas là.
00:19 - Mais si, vous êtes là. Eric Revelle, bonjour. Journaliste, éditorialiste sur SUDRADIO.
00:24 Tout compte fait, tous les matins, 7h20, dans le grand matin.
00:27 Arlette Chabot, journaliste, éditorialiste. On vous retrouve également sur SUDRADIO
00:33 le lundi matin à 7h35. Et puis Arnaud Benedetti, bonjour.
00:37 Professeur Alain Sorbonne, rédacteur en chef de la revue Politique et Parlementaire.
00:41 Vous avez publié un livre d'entretien, "Chaos, essais sur les imaginaires des peuples",
00:46 entretien avec Stéphane Rosès. Et c'est paru aux éditions du CERF.
00:50 On va évidemment revenir sur l'actualité de ce week-end, le festival de Cannes,
00:56 et puis la réforme des retraites. LR et le gouvernement vont-ils s'entendre sur l'immigration ?
01:01 Madame Borne qui s'en prend au Rassemblement National et à Marine Le Pen.
01:06 Bref, beaucoup de sujets. Et puis, y a-t-il trop de jours fériés en France ?
01:10 Ou en tout cas, ce lundi de Pentecôte, je ne sais pas, comment ça se passe ?
01:15 Il n'y a pas grand monde qui travaille, finalement. Peut-être qu'on peut commencer rapidement avec ça ?
01:19 Vous y comprenez quelque chose ? - Je n'ai pas fait de recensement.
01:22 - Il y avait Jean-Pierre Raffarin qui, il me semble-t-il, avait dit le lundi de Pentecôte,
01:26 ça sera pour les aînés. - C'est ça, c'est pour la solidarité des aînés.
01:30 - Après la canicule. - Et donc les entreprises donnent ce jour...
01:34 - Je ne sais pas si Jean-Pierre Raffarin travaille aujourd'hui, mais c'était ça l'idée, au départ.
01:38 - Oui, bien sûr. - C'est-à-dire que c'était peut-être une...
01:41 Il y a beaucoup de jours fériés en France, oui. - Oui, mais là, aujourd'hui,
01:44 normalement, tout le monde était censé travailler. - Ah oui ?
01:47 - Bah oui, théoriquement, avec ce qu'avait dit Jean-Pierre Raffarin.
01:50 - Ou alors les gens qui ne veulent pas être solidaires, quoi. Ils ne travaillent pas.
01:53 - Après, on a dit aux entreprises... - C'est laissé à l'appréciation des entreprises.
01:56 - C'est laissé à l'appréciation des entreprises. On a arrêté de se dire
01:59 "travailler le lundi de Pentecôte", parce que ça gênait beaucoup les Français,
02:02 ça fait un pont de moins, et on s'est dit au fond, c'est de l'administration des entreprises.
02:06 - Il y avait le secteur touristique qui avait un peu tordu le nez, à l'époque, je me rappelle.
02:09 - On a effectivement laissé aux entreprises le choix de ce jour férié.
02:12 Moi, j'aimerais savoir si les fonctionnaires aussi, si l'État se reverse le salaire
02:17 des fonctionnaires qui ne travaillent pas aujourd'hui.
02:20 - Alors là, il faut demander aux professeurs. C'est une bonne question.
02:23 - Et puis comment l'argent est redistribué, Eric ?
02:26 - Je ne sais pas. Je crois qu'il y a une valorisation des journées de travail
02:32 qui sont données à la solidarité, mais votre question, c'est comment ça rentre dans les comptes.
02:40 Eh bien, je n'ai pas la réponse. Je ne sais pas.
02:43 - On va lancer un appel.
02:45 - Si Jean-Pierre Raffarin nous écoute, il peut peut-être nous appeler.
02:48 - Voilà, il nous appelle.
02:50 - Jean-Pierre, s'il te plaît, tu peux nous appeler.
02:51 - Et j'entendais ce matin que la France est le pays qui a le plus de fonctionnaires.
02:54 5 700 000 et que ça a augmenté d'à peu près 20% depuis 20 ans.
03:00 - Plus de fonctionnaires dans le CDC en Europe ?
03:02 - En France.
03:03 - Oui, mais par rapport à tous les autres pays européens ?
03:06 - Par rapport à tous les autres pays européens.
03:07 - Ah, par rapport à l'Union Européenne.
03:08 - Oui, c'est probable.
03:09 - Oui, voilà.
03:10 - Le problème n'est pas le nombre, mais l'efficacité.
03:12 - Oui, c'est ça qui pose un petit problème.
03:15 - Et en même temps, c'est normal, c'est le pays qui paye le plus d'impôts.
03:17 - Voilà.
03:18 - Les deux sont liés.
03:19 - Allez, donc vos coups de cœur, vos coups de gueule, ils sont dans l'actualité,
03:23 mais on va commencer avec Arnaud qui fait un pas de côté.
03:25 - Ah oui, alors c'est un pas de côté.
03:26 Il se trouve que la revue politique et parlementaire était partenaire d'un événement,
03:29 c'était le 100ème anniversaire de l'Académie des sciences outre-mer,
03:32 qui est une très vieille académie qui avait été fondée entre autres par le maréchal Liotter.
03:35 - On a eu peur, on a eu peur.
03:37 Oh là là, on entend le maréchal.
03:39 - Le maréchal Liotter.
03:41 Il y a eu beaucoup de maréchaux, il y a eu le maréchal Juin, il y a beaucoup de chefs d'État,
03:45 il y a Ouattara, le président de la Côte d'Ivoire, qui en est membre,
03:49 Abdou Diouf, Senghor, on a été membre, enfin bon,
03:51 beaucoup de ministres, des diplomates, des écrivains,
03:54 Boulême Sanssane, on est membre, etc.
03:56 Donc c'est une très belle académie, une très belle institution,
03:58 qui a d'ailleurs un fonds en termes de livres sur l'outre-mer,
04:01 qui est le fonds le plus important de France, 100 000 ouvrages,
04:04 c'est considérable, donc les chercheurs y vont souvent.
04:07 Et donc cette commémoration avait lieu dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne,
04:11 5 hommes de nationalité étaient représentés,
04:13 il y avait un chef du gouvernement, le chef du gouvernement du Congo,
04:17 il y avait un ancien chef d'État,
04:19 l'ancien président du Niger, le sage de l'Afrique, comme on l'appelle,
04:23 parce qu'il a refusé de faire un troisième mandat,
04:25 ce qui est assez rare en Afrique parfois.
04:27 Il y avait beaucoup de ministres, le ministre des Affaires étrangères du Togo,
04:31 il y avait des parlementaires, enfin bon,
04:33 il y avait une représentation internationale extrêmement importante,
04:35 des ambassadeurs, plus d'une cinquantaine je crois d'ambassadeurs, etc.
04:39 Et pas un seul membre du gouvernement français.
04:42 Pas un seul.
04:44 Donc c'est quand même une grande surprise,
04:46 la ministre de la Recherche était annoncée au dernier moment,
04:49 elle s'est décommandée, est-ce qu'elle a eu peur des casserolades ?
04:53 Quand même la question qui se pose c'est de savoir s'il n'y avait pas quand même un secrétaire d'État,
04:57 qui, il y en a quand même un certain nombre, me semble-t-il,
05:00 je crois qu'il y avait un secrétaire d'État à la Francophonie.
05:02 - Dans le micro, parlez-moi dans le micro.
05:04 - Mais totalement absent.
05:06 C'est quand même très surprenant, c'est même choquant,
05:09 et finalement ça traduit soit une absence de professionnalisme,
05:15 soit une indifférence qui est quand même assez coupable,
05:19 soit un désintérêt,
05:21 en tout cas c'est vis-à-vis de nos amis africains ou asiatiques qui étaient présents,
05:27 sud-américains aussi qui étaient présents,
05:29 ça montre quelque part que finalement aujourd'hui,
05:33 l'État est totalement indifférent,
05:37 c'est le moins qu'on puisse dire,
05:40 à sa politique d'influence,
05:42 et je peux vous dire qu'en Afrique, c'est un très mauvais signal qui est envoyé.
05:47 Et donc c'est à la fois un coup de cœur pour cette académie,
05:50 qui est une très belle académie,
05:52 et c'est un peu un coup de gueule aussi quand même,
05:54 contre finalement...
05:56 - Il y a eu des réactions ?
05:58 - Oui, on est dans un événement qui est un événement commémoratif,
06:02 qui est un événement diplomatique,
06:04 évidemment tout cela reste extrêmement feutré,
06:07 mais indéniablement, si vous voulez,
06:09 l'absence des officiels français a été remarquée,
06:13 c'est le moins qu'on puisse dire.
06:15 - Mais pardon mon cher Arnaud,
06:16 mais la perte d'influence de la France,
06:19 notamment en Afrique,
06:21 elle ne date pas d'hier,
06:23 et finalement le colloque dont vous venez de nous parler,
06:26 avec l'absence de membres du gouvernement,
06:28 n'en est qu'une illustration supplémentaire,
06:30 en réalité.
06:32 Parce que, quand vous voyez ce qui se passe,
06:35 pour ne parler que de l'Afrique,
06:37 la montée en puissance des Russes,
06:39 l'exploitation des matières premières par les Chinois,
06:42 et le recul militaire et diplomatique de la France,
06:47 à mon avis c'est un sujet dont on prendra la réelle mesure
06:51 encore dans quelques années.
06:53 Parce que ce n'est que le début de la disparition
06:58 de la diplomatie ou de l'importance française.
07:00 Nombre d'entreprises, si vous voulez, qui travaillent en Afrique,
07:03 se posent beaucoup de questions aujourd'hui,
07:05 devant la montée des puissances chinoises, russes,
07:08 voilà.
07:09 Et c'est d'autant plus regrettable, je vais vous dire,
07:11 que la francophonie,
07:13 c'est à la fois une formidable organisation,
07:17 j'allais dire culturelle,
07:19 mais n'oubliez jamais aussi que la francophonie,
07:21 c'est un formidable vecteur de développement du business,
07:24 en réalité.
07:25 Et que quand vous perdez sur tous ces terrains à la fois,
07:28 il ne faut pas s'étonner de voir ce qui est en train de nous arriver,
07:31 c'est-à-dire une perte d'influence totale.
07:34 Il ne manquerait plus, si vous voulez,
07:36 qu'une partie de l'Europe arrive à ses fins,
07:38 et nous fasse renoncer à notre siège permanent
07:40 au conseil de l'ONU, de sécurité,
07:42 et la coupe serait pleine.
07:44 - Oui, sauf qu'on a une alarme nucléaire
07:46 qui nous protège d'une certaine manière là-dessus.
07:48 Juste un point, un dernier point.
07:49 Sur le plan pratique, j'ai posé la question à l'Académie des sciences d'outre-mer,
07:52 je lui ai dit "vous avez bien écrit".
07:53 - C'est la question que j'ai dû vous poser.
07:55 - Ils m'ont répondu.
07:56 Voilà la réponse qui m'a été faite.
07:57 On a écrit à tous les membres du gouvernement,
07:59 on a écrit à la présidence de l'Assemblée nationale,
08:01 on a écrit à la présidence du Sénat qui a répondu,
08:04 80% de non-réponse.
08:07 80% de non-réponse.
08:09 C'est-à-dire que les cabinets ministériels
08:11 ne répondent même pas au courrier d'une instance,
08:14 qui est une instance officielle.
08:16 L'Académie des sciences d'outre-mer est un établissement public administratif,
08:18 qui est sous tutelle technique,
08:20 parce qu'une académie, il faut le rappeler, est toujours indépendante,
08:22 qui est sous tutelle technique du ministère de la Recherche et de l'Enseignement supérieur.
08:26 - Voilà, puisqu'on était là, parlons vrai,
08:29 j'allais vous demander qui a reçu une invitation,
08:32 et personne n'a répondu sauf le Sénat.
08:34 - Voilà, 90%.
08:36 Le Sénat, c'est le président de la République qui a répondu.
08:37 - Et on a une auditrice qui nous explique,
08:39 parce que nos auditeurs sont tout à fait au point
08:41 sur la journée de solidarité,
08:45 une auditrice me dit qu'en fait,
08:47 les entreprises ont supprimé une journée de RTT
08:49 contre le jour férié,
08:51 et elle est dans la fonction publique.
08:53 Une autre auditrice m'explique que c'est 0,3%
08:58 de la masse salariale qui est reversée
09:01 au gouvernement,
09:04 pour savoir que ça rapporterait environ 3 milliards...
09:07 Attendez, c'est la journée de solidarité
09:09 devrait rapporter 3,2 milliards d'euros,
09:13 un chiffre en hausse de près de 200 millions.
09:15 - Vous pouvez nous réinviter l'année prochaine, Sarah.
09:18 - Vous saurez, vous êtes solidaire et incollable.
09:22 - Je savais déjà.
09:25 Arlette, c'est le festival de Cannes
09:27 qui vous a interpellée ce week-end.
09:29 - Ah oui, ça devait être formidable, la Palme d'Or,
09:31 la soirée exceptionnelle, qui a battu un record d'audience.
09:33 - Oui, c'était assez étonnant, c'était quand même très chiant.
09:35 - 3,8 millions, c'est beaucoup.
09:38 - C'est plutôt pas mal.
09:41 - La Palme d'Or, remise à une réalisatrice formidable,
09:44 une femme, c'est la troisième fois,
09:46 c'est la deuxième fois pour une Française, effectivement,
09:49 Justine Trier, donc en gros,
09:51 on est quand même extrêmement contents,
09:53 extrêmement fiers,
09:55 récompensés pour un film que nous n'avons pas encore vu,
09:58 mais qui, d'avis général, est effectivement excellent.
10:02 - C'est un série, aussi.
10:04 - "Anatomie", effectivement, d'une chute.
10:06 Donc, on la voit, Justine Trier,
10:08 arriver sur la scène du Palais,
10:10 la grande salle du Palais des Festivals.
10:12 Elle est belle, elle est jeune,
10:14 elle est émue, on est émus, aussi.
10:17 Et puis, elle commence à parler,
10:19 il y a des larmes, on se dit,
10:21 ça va être un grand message
10:23 en destination des femmes pour le cinéma.
10:26 Et on parle de quoi ? D'abord de la retraite
10:29 du conflit en France.
10:31 Contestation historique, dit-elle,
10:34 niée et réprimée
10:37 de façon choquante
10:39 par un pouvoir dominateur
10:41 de plus en plus décomplexé.
10:43 Bref, en gros, on vivrait quand même
10:45 dans une pseudo-démocratie,
10:47 un régime autoritaire,
10:49 selon Justine Trier.
10:51 Premier triomphe, la salle,
10:53 une partie de la salle, évidemment, applaudie.
10:55 Et puis, deuxième salve,
10:57 alors là, ça vise directement la culture,
10:59 le ministère de la Culture et aussi le gouvernement.
11:01 Elle dénonce la mondialisation de la culture,
11:03 que le gouvernement néolibéral,
11:05 toujours le nôtre, Emmanuel Macron,
11:07 défrend, qui est en train de casser
11:10 l'exception culturelle française,
11:12 dont j'ai bénéficié, dit-elle,
11:14 sans laquelle je ne serais pas là aujourd'hui.
11:18 Elle reconnaît quand même que la moitié de son film
11:20 a été financé, effectivement,
11:22 grâce aux aides qui sont accordées.
11:24 Alors, elle a le droit de penser
11:26 ce qu'elle veut, bien entendu.
11:28 Elle a été applaudie par
11:30 Éric Coctrel, la France Insoumise,
11:32 une partie de la gauche.
11:34 Bon, simplement,
11:36 on peut s'étonner
11:38 de cette sortie. La ministre de la Culture
11:40 dit qu'elle a été estomaquée. Je pense qu'elle n'est pas
11:42 la seule, évidemment,
11:44 à être estomaquée.
11:46 Moi, ce que je regrette, au-delà de tout ça,
11:48 c'est quand même, le Festival de Cannes,
11:50 c'est le plus grand festival de cinéma du monde.
11:52 Dans la salle, il n'y a pas que des Français.
11:54 Il y a des gens qui viennent
11:56 de la planète entière.
11:58 Jane Fonda remettait cette palme d'or.
12:00 - On lui a balancé.
12:02 - Vous entendez, franchement,
12:04 un autre discours.
12:06 Elle a le droit, franchement, de
12:08 s'interroger ou de dire, effectivement,
12:10 qu'il y a un cinéma français qui vit
12:12 grâce à un système
12:14 différent. On a survécu.
12:16 Et puis, moi, je pensais
12:18 qu'elle s'intéresserait à d'autres, puisqu'on parle
12:20 au monde entier au Festival de Cannes,
12:22 puisqu'elle est femme. Il y a des femmes
12:24 en Iran. Il y a des femmes qui
12:26 aimeraient tourner, filmer. Il y a des
12:28 comédiennes qui ont été obligées de fuir l'Iran.
12:30 Il y en a qui ne peuvent plus travailler, évidemment,
12:32 en Afghanistan. Et dans d'autres
12:34 pays du monde, c'est le moins
12:36 qu'on puisse dire. Il y a des causes. On a envie
12:38 d'en parler. Quand une femme triomphe, elle doit
12:40 parler d'autres femmes et des difficultés.
12:42 En premier. Surtout quand
12:44 elle se dit féministe. Je pense que
12:46 ce n'était pas le lieu. Alors,
12:48 la ministre est encore une fois estomaquée.
12:50 - Pourquoi elle n'y était pas d'ailleurs, hier ?
12:52 Pourquoi elle n'était pas là ? C'est quand même la première fois.
12:54 - Je ne sais pas. Peut-être pour éviter les sifflets,
12:56 sans doute, ce genre de choses.
12:58 - Elle avait déjà subi la réforme des retraites,
13:00 hier. C'est un peu
13:02 systématique. - On va y revenir.
13:04 Dans un instant, petite pause sur Sud Radio.
13:06 À tout de suite.
13:08 - Sud Radio,
13:10 mettez-vous d'accord. 9h-10h,
13:12 Valérie Expert.
13:14 - On revient sur ce qui s'est passé à Cannes.
13:16 On peut le redire. Effectivement, ça a succès
13:18 pour France Télévisions. Cette cérémonie
13:20 a été suivie, vous l'avez
13:22 dit tout à l'heure, par plus de 3,5 millions
13:24 de téléspectateurs.
13:26 Même si c'était encore une fois
13:28 ennuyeux.
13:30 Nos auditeurs n'ont pas du tout d'accord
13:32 avec vous. Nathalie Dijouilh desserne une deuxième
13:34 palme d'or. "Ça dérange quand on dit la vérité."
13:36 etc.
13:38 Eric, vous avez
13:40 réagi comment ? - Moi,
13:42 vous savez, les rebelles
13:44 en ballerines paillettes
13:46 et en strass autour des oreilles, ça me fait
13:48 toujours rire. Dénoncer le monde néolibéral,
13:50 comme vous le disiez Valérie,
13:52 dans le plus grand festival du film
13:54 mondial quasiment,
13:56 c'est
13:58 dénoncer
14:00 un secteur qui ne vit qu'à coups de millions
14:02 de stars
14:04 et du reste.
14:06 Donc, je vois pas trop l'intérêt,
14:08 je trouve ça d'une hypocrisie absolument incroyable
14:10 de venir à Cannes,
14:12 de recevoir sa palme, pour en faire
14:14 une tribune politique, comme disait
14:16 Arlette avec justesse,
14:18 c'est un festival mondial,
14:20 donc il y a des tas de gens qui sont
14:22 là, qui font du business,
14:24 qui regardent la France
14:26 parfois juste
14:28 pendant le temps du festival, et ils ont
14:30 cette image-là, je trouve ça quand même
14:32 périlleux.
14:34 Elle aurait pu
14:36 commencer, cette réalisatrice de talent,
14:38 par remercier ceux qui
14:40 avaient permis financièrement
14:42 qu'elle produise, que son film
14:44 soit produit, notamment des entreprises
14:46 privées. - Elle l'a dit,
14:48 elle a dit qu'elle avait...
14:50 - Oui, enfin bon, si vous voulez, c'est pas ce qu'on retient.
14:52 Donc moi, je suis toujours, oui,
14:54 extrêmement gêné, je trouve ça un peu
14:56 déplacé,
14:58 puis comme le dit Arlette, bon, très bien,
15:00 on peut manifester
15:02 en France, on peut ne pas être
15:04 d'accord, on peut le dire, et d'ailleurs,
15:06 elle a utilisé ce droit, mais est-ce que
15:08 c'était bien l'endroit...
15:10 Enfin, tout ça est un espèce de
15:12 mélange des genres sans arrêt
15:14 qui... - Alors Véronique,
15:16 elle nous dit "la macronie au bout de leur vie,
15:18 tout le week-end, la vérité fait mal, une subvention
15:20 n'est pas la corruption, en recevoir n'est pas
15:22 une soumission au pouvoir". - Oui, c'est vrai,
15:24 c'est vrai, mais c'est tout à fait le droit
15:26 de penser, mais en même temps,
15:28 ce qui est embêtant, c'est le non-brillisme
15:30 français, c'est-à-dire qu'on est
15:32 concentré sur "l'année a été difficile",
15:34 avec la réforme des retraites, mais
15:36 ceux qui sont dans la salle, ils s'en foutent,
15:38 je veux dire, l'année a été difficile
15:40 aux Etats-Unis, parce qu'il y a de l'inflation,
15:42 dans d'autres pays
15:44 qui souffrent, d'autres mots,
15:46 ce n'est pas le summum de la souffrance,
15:48 ce n'est pas la réforme des retraites
15:50 en France, quand on regarde le monde.
15:52 Après, elle a tout à fait le droit de penser ce qu'elle pense,
15:54 et d'être totalement hostile au gouvernement
15:56 et à Emmanuel Macron. - Mais c'est le décalage,
15:58 moi, ce qui m'a interpellée, c'est le décalage
16:00 entre cette salle qui a applaudi,
16:02 qui était en smoking, en robe longue,
16:04 et bijoutée, choucroutée
16:06 et autres,
16:08 j'ai trouvé que c'était...
16:10 il y avait une sorte de décalage.
16:12 Arnaud ? - Si vous voulez, moi,
16:14 le problème, c'est que c'est l'émetteur.
16:16 Ce qu'elle dit,
16:18 désolé, je ne suis pas tout à fait d'accord avec...
16:20 Ce qu'elle dit sur la crise démocratique
16:22 que l'on traverse, moi,
16:24 c'est une analyse, globalement, que je partage.
16:26 C'est une réalité,
16:28 c'est difficile de la nier,
16:30 enfin, on peut toujours la nier, mais bon,
16:32 c'est une réalité. Mais c'est vrai que l'émetteur,
16:34 en l'occurrence, n'est pas le plus approprié
16:36 pour transmettre ce message.
16:38 Ça, c'est une chose.
16:40 Deuxièmement, si vous voulez,
16:42 moi, ce qui m'a choqué, ensuite,
16:44 c'est que, bon, c'est une polémique, une de plus,
16:46 il y en a toujours, aujourd'hui,
16:48 on vit dans une machine à controverses et à polémiques,
16:50 une par jour, voire plus.
16:52 C'est la façon dont,
16:54 si vous voulez, un certain nombre
16:56 de proches du pouvoir, parlementaires,
16:58 porte-parole du pouvoir, ont tout de suite
17:00 saisi cette occasion pour
17:02 dénoncer une artiste
17:04 qui serait une artiste hors-sol
17:06 ou ingrate
17:08 par rapport à un système
17:10 qui indéniablement
17:12 protège la création culturelle
17:14 en France. L'exception culturelle,
17:16 c'est, d'une certaine manière, une forme de préférence nationale
17:18 que, d'ailleurs, la plupart
17:20 des artistes
17:22 récusent et
17:24 condamnent, dès lors qu'elle est défendue
17:26 pour d'autres causes et par d'autres
17:28 paroles.
17:30 Donc, ça montre aussi les contradictions
17:32 de ce milieu,
17:34 d'une certaine façon.
17:36 Donc, je ne suis plus partagé.
17:38 C'est-à-dire qu'en effet, je trouve que
17:40 ce n'était certainement pas le lieu ni le moment
17:42 parce qu'une cérémonie
17:44 de ce type, c'est d'abord une cérémonie qui doit
17:46 se concentrer sur les enjeux qui sont les enjeux
17:48 de la création et de la culture.
17:50 - C'est ce qu'elle a dit aussi. - C'est ce qu'elle a fait aussi.
17:52 Voilà. Mais après,
17:54 je trouve que, si vous voulez, la façon dont
17:56 elle est mise, clouée au pilori
17:58 par un certain nombre de proches
18:00 de la majorité, me semble aussi un peu
18:02 excessive et on voit que derrière, il y a quand même
18:04 une forme, j'allais dire,
18:06 de communication
18:08 qui vise à aussi
18:10 défendre
18:12 la majorité et défendre le pouvoir.
18:14 - Un mot
18:16 en contraste aussi, cette mannequin
18:18 iranienne, Malouka Jaberri,
18:20 qui avait
18:22 cette robe spectaculaire,
18:24 pas de bijoux,
18:26 seulement cette robe retenue par une corde
18:28 autour du cou pour rappeler
18:30 ce qui se passe
18:32 en Iran, la vague d'exécution.
18:34 Donc ça, ça fait beaucoup de bruit.
18:36 Voilà. - C'est dommage.
18:38 - Elle était dans une assez grande indifférence
18:40 mais aller voir sa photo sur
18:42 les réseaux...
18:44 Oui, Eric ?
18:46 - Oui, la corde autour du cou. - Elle est spectaculaire.
18:48 Une auditrice
18:50 dit...
18:52 L'auditrice, c'est Sophie de Menton,
18:54 elle dit "Anatomie d'une chute, le film primé
18:56 à Cannes a beau coter sans faute pour ne pas marchandiser
18:58 la culture, comme accuse Justine Trier".
19:00 - C'est du Sophie de Menton
19:02 dans le texte.
19:04 Mais je la cite. Si on est cohérents,
19:06 si on est cohérents, effectivement, on refuse la marchandisation.
19:08 Il faudrait que le film soit gratuit.
19:10 On va marquer une pause et puis on va se retrouver
19:12 avec vous, Eric, et les propos
19:14 de Mme Born
19:16 à propos du Rassemblement National
19:18 ce week-end. A tout de suite.
19:20 - Sud Radio
19:22 Mettez-vous d'accord, 9h-10h,
19:24 Valérie Exper.
19:26 - Mettons-nous d'accord ce matin,
19:28 c'est plutôt le cas, Eric.
19:30 - Votre coup de gueule
19:32 concerne Elisabeth Born.
19:34 - Oui, enfin...
19:36 Elisabeth Born,
19:38 elle est au four, au moulin,
19:40 au charbon et tout, la brave première ministre,
19:42 elle fait ce qu'elle peut,
19:44 avec les moyens du bord et avec un président de la République
19:46 qui la regarde quand même de plus en plus au travers.
19:48 Ce qui est assez choquant, je vais vous dire,
19:50 c'est convoquer
19:52 l'histoire pour essayer de...
19:54 Là où...
19:56 Je prenais l'image tout à l'heure, je pense que ça a plu,
19:58 Arlette, j'ai l'impression que le gouvernement
20:00 aujourd'hui, le RN est devenu
20:02 une savonnette, c'est-à-dire que, vous voyez,
20:04 une savonnette mouillée, c'est super difficile à tenir dans une main.
20:06 Et en fait, j'ai l'impression
20:08 que le gouvernement sait plus par quel bout
20:10 prendre le Rassemblement National. Parce que
20:12 à l'insu de son plein gré,
20:14 le RN s'est normalisé, bon, on peut être pour,
20:16 on peut être contre, mais c'est un fait.
20:18 Zemmour l'y a aidé.
20:20 Quand vous interrogez des politiques, ils vous disent "oui, bah,
20:22 les députés RN, ils bossent à l'Assemblée Nationale,
20:24 ils bossent, ils font pas de bruit, ils sont là".
20:26 Donc, en réalité,
20:28 Élisabeth Borne,
20:30 qui fait cette sortie sur une radio
20:32 amie,
20:34 donne l'impression qu'il y a une sorte de panique
20:36 face
20:38 à l'espèce de vague
20:40 que représenterait le RN aujourd'hui
20:42 et on verra dans les prochaines élections européennes.
20:44 Pour moi, cette phrase,
20:46 elle pouvait très facilement
20:48 être
20:50 connotée, enfin, très facilement
20:52 être associée au Front National
20:54 à l'époque où ce parti était antisémite
20:56 et entouré de gens d'une droite
20:58 dure, pour moi dire, putride,
21:00 mais aujourd'hui, le RN, c'est justement
21:02 plus du tout le cas. Et pour moi, c'est un
21:04 aveu de faiblesse d'Élisabeth Borne que de balancer
21:06 ça dans le débat. D'ailleurs, la
21:08 ministre de la Culture, puisqu'on en parlait tout à l'heure
21:10 sur une autre antenne, y a été aussi
21:12 de son petit couplet sur Marine
21:14 Le Pen, "parait-il que
21:16 je n'étais pas digne d'être ministre
21:18 de la Culture des Français", bon, c'est ce qu'elle a dit.
21:20 Donc, il y a une espèce d'offensive qui, pour moi,
21:22 c'est une faiblesse et presque un état de panique
21:24 face à cette espèce de savonnette
21:26 que le gouvernement ne sait plus comment saisir.
21:28 - On va écouter ce qu'elle a
21:30 dit hier. C'était avant...
21:32 Oui, c'était hier, Élisabeth Borne, ce Radio-Gyp.
21:34 - Vous savez, moi, je crois pas du tout à la
21:36 normalisation du RN.
21:38 Je pense qu'il faut pas banaliser ses idées.
21:40 Ses idées sont toujours les mêmes.
21:42 Alors, maintenant, le RN
21:44 y met les formes, mais
21:46 je continue à penser que c'est une idéologie
21:48 dangereuse. - Héritier de Pétain ?
21:50 - Oui, également, Héritier de Pétain. - Marine Le Pen, pareil ?
21:52 - Je pense que...
21:54 Je n'ai jamais entendu
21:56 Marine Le Pen dénoncer
21:58 ce qu'ont pu être les positions
22:00 historiques de son parti.
22:02 Et je pense qu'un changement
22:04 de nom ne change pas les idées
22:06 et les racines. - Alors,
22:08 Arnaud ? - Non, enfin, je veux dire, c'est d'une paresse
22:10 intellectuelle sans nom. C'est surtout
22:12 ça que ça traduit. - Et
22:14 contre-productif aussi ?
22:16 - De réflexe pavlovien absurde.
22:18 Je veux dire, elle n'entend pas Marine Le Pen
22:20 dénoncer les positions historiques
22:22 du Front National. Enfin, Marine Le Pen
22:24 a exclu son père du RN.
22:26 Ce qui, quand même, a dû
22:28 être pour elle, je veux dire,
22:30 une épreuve considérable.
22:32 Son père à la fois politique et son père
22:34 biologique. Donc,
22:36 je trouve que c'est
22:38 très faible.
22:40 Et je partage ce que dit
22:42 Éric, c'est-à-dire qu'ils ne savent plus comment
22:44 prendre ce sujet, parce que ce sujet
22:46 aujourd'hui ne leur
22:48 donne plus de prise, en l'occurrence.
22:50 Et moi, je crois
22:52 véritablement que, d'abord,
22:54 se servir de l'histoire en permanence
22:56 de manière biaisée
22:58 pour dénoncer l'adversaire,
23:00 ça me paraît être un mauvais
23:02 service qu'on rend au débat public et à l'histoire.
23:04 Déjà.
23:06 Parce que même l'histoire du Front National,
23:08 c'est quelque chose de beaucoup plus complexe que
23:10 la manière dont on veut aujourd'hui
23:12 le réduire.
23:14 Évidemment, il y avait des antisémites au Front National,
23:16 c'est clair. Évidemment, il y avait une partie
23:18 de l'extrême droite qui était au Front National.
23:20 Mais au Front National, vous aviez aussi,
23:22 dès le début, des gens qui avaient eu
23:24 un parcours, pour certains d'entre eux, républicain.
23:26 - Résistant. - Georges Bidault, je veux dire,
23:28 a quand même participé, au début,
23:30 à la création du Front National.
23:32 Georges Bidault, faut-il le rappeler, c'est le successeur de Jean Moulin
23:34 au Conseil National de la Résistance.
23:36 Donc, je crois qu'il faut avoir toujours
23:38 un regard assez, je veux dire,
23:40 nuancé sur des objets politiques,
23:42 sur des objets politiques complexes.
23:44 Non pas qu'il ne faille pas voir ce qui était aussi
23:46 le Front National à sa naissance.
23:48 Ça, c'est un point qui me paraît important.
23:50 Ensuite, je pense que c'est totalement contre-productif.
23:52 - C'est ça, c'est ma question. - C'est totalement contre-productif.
23:54 - On rappelle quand même qu'elle est
23:56 arrivée au second tour et qu'il y a des millions
23:58 de gens qui ont voté pour elle. Et elle rappelle
24:00 88 députés.
24:02 - Le Rassemblement National, aujourd'hui,
24:04 est sur un espace politique
24:06 qui est assez proche de celui
24:08 qui pouvait être celui du RPR
24:10 à la fin des années 70 et au début
24:12 des années 80. On eut autour de cette table
24:14 un certain nombre à voir la mémoire politique.
24:16 Donc, on sait ce qu'était le contenu idéologique
24:18 de ces déformations politiques
24:20 il y a 30 ans et 40 ans.
24:22 - Arlette Chabot ? - Moi, je partage tout à fait
24:24 le sentiment. Je pense que c'est une erreur.
24:26 Pendant des années, on a montré du doigt,
24:28 on a rappelé la deuxième guerre,
24:30 l'OAS,
24:32 et on a vu
24:34 le FN se transformer en RN
24:36 et continuer à progresser.
24:38 Donc, on a compris qu'à chaque fois,
24:40 le seul moyen
24:42 de faire baisser
24:44 si le gouvernement le veut, le RN,
24:46 c'est régler les problèmes qu'il pose,
24:48 qu'il soulève, aussi bien
24:50 le pouvoir d'achat que l'immigration. Et deuxièmement,
24:52 souligner
24:54 la faiblesse du programme
24:56 et les difficultés qu'aurait
24:58 Marine Le Pen au pouvoir
25:00 à gouverner, sa capacité à gouverner,
25:02 ses alliances. Avec qui
25:04 gouvernerait-elle demain ? Elle dit, il y aura
25:06 le gouvernement du non-national, mais qui
25:08 irait gouverner avec elle ? Donc, c'est sur
25:10 le fond qu'il faut, si le gouvernement
25:12 le veut, attaquer
25:14 le RN et mettre en difficulté
25:16 Marine Le Pen. Et ce n'est pas en disant
25:18 "Regardez, c'est affreux".
25:20 - L'épouvantail. - Voilà, l'épouvantail.
25:22 Ça n'a jamais marché.
25:24 Pourquoi ? On voit bien, si on parle
25:26 des élections en Espagne, on voit bien que
25:28 l'extrême droite espagnole, elle aussi,
25:30 est en progrès. Pourquoi ?
25:32 Il faut s'interroger.
25:34 C'est exactement la même chose. Encore une fois,
25:36 si on ne veut pas se retrouver, comme en
25:38 Italie, avec la droite
25:40 et la droite extrême au pouvoir,
25:42 il faut quand même essayer de régler les problèmes
25:44 et ne pas
25:46 juste se contenter de dire
25:48 "Marine Le Pen, c'est pétain"
25:50 et le RN, c'est pétain. - Madame Mélanie a mis beaucoup d'eau dans son vin.
25:52 - Exactement. - Mais on voit,
25:54 des élections avaient lieu hier
25:56 en Espagne, et c'est
25:58 une bérésina pour les socialistes,
26:00 pour Podemos, et on voit le parti
26:02 de droite et d'extrême droite
26:04 aujourd'hui... - Il faut voir ce qu'est devenu
26:06 le parti socialiste espagnol. Est-ce que la gauche
26:08 espagnole est une gauche
26:10 qui s'est radicalisée sur un certain
26:12 nombre de sujets, et qui
26:14 inévitablement ramène des Espagnols
26:16 dans les bras de la droite et des
26:18 socialistes. - Mais un mot supplémentaire,
26:20 sur la sortie d'Elisabeth Borne,
26:22 Arnaud Harrison,
26:24 le parcours
26:26 des personnalités politiques
26:28 et le parcours des formations politiques
26:30 est souvent moins linéaire
26:32 qu'on le caricature
26:34 lorsqu'on prend la parole et qu'on fait de la politique. Pourquoi
26:36 je dis ça ? Parce que, vous voyez,
26:38 je n'aurais pas l'outre-cudence
26:40 de rappeler que François Mitterrand,
26:42 jeune, était d'extrême droite
26:44 et apportait l'ordre de la Francisque,
26:46 ordre créé par le maréchal
26:48 Pétain, justement, vous voyez.
26:50 Alors ça c'est un sujet qui est encore
26:52 un sujet tabou, même si le livre de Pierre Péan
26:54 "Une jeunesse française" date de
26:56 plusieurs dizaines d'années maintenant.
26:58 J'ai pu le tester hier, vous voyez, sur un autre plateau
27:00 et quand vous dites ça à des gens qui sont socialistes,
27:02 alors là vous passez pour...
27:04 Mais c'est le tabou absolu, il ne faut pas
27:06 rappeler, même si c'est vrai, que François
27:08 Mitterrand apportait l'ordre de la Francisque,
27:10 qui a des photos où on voit François Mitterrand
27:12 dans des manifestations violentes
27:14 de droite, pour ne pas dire d'extrême droite,
27:16 anti-immigrants, vous voyez. Donc tout ça, évidemment,
27:18 ça fait beaucoup de mal à la gauche quand on lui rappelle ça
27:20 et notamment au Parti Socialiste, tout ça
27:22 pour dire que les choses ne sont pas
27:24 linéaires, les choses ne sont pas inscrites
27:26 dans un marbre où les personnes,
27:28 où les partis auraient des parcours
27:30 irréprochables et voilà.
27:32 Mais c'est bien de le rappeler, parce que
27:34 Mme Borne, qui est socialiste, elle a travaillé pour M. Delannoy,
27:36 elle a travaillé pour M. Lang,
27:38 elle devrait faire attention, quand on
27:40 convoque l'histoire, il faut faire attention
27:42 qu'elle ne nous revienne pas en double-monde.
27:44 - Ça paraît très primaire comme argument,
27:46 quand vous dites que ça dénote d'une fébrilité,
27:48 il y a peut-être d'autres arguments
27:50 à développer, effectivement, contre le
27:52 racisme électoral. - Bien sûr, sur le fond,
27:54 bien entendu, sur le fond, qu'est-ce qui
27:56 compte ? Ce sont les projets, c'est ce qui a
27:58 une alternance et une alternative crédible.
28:00 - Comment ils peuvent imaginer que ça fonctionne encore
28:02 aujourd'hui quand on a près de 15 millions de Français
28:04 qui ont voté pour le Rassemblement National ?
28:06 - Mais il y a un autre aspect, il y a aussi une très grande
28:08 inculture historique, c'est ce qui caractérise
28:10 aussi un certain nombre de prises de position
28:12 de responsables politiques.
28:14 Je suis désolé, mais
28:16 François Mitterrand a toujours été très prudent
28:18 sur la façon dont il fallait aborder
28:20 la Seconde Guerre mondiale, pour des raisons évidentes
28:22 qui sont liées à son parcours personnel,
28:24 qu'Éric a rappelé. Donc, je crois
28:26 qu'en l'occurrence, il faut être prudent.
28:28 Et quand je vois un certain nombre de jeunes ministres
28:30 faire des tweets sur l'histoire, en disant
28:32 "Ah oui, mais ils ont été partisans de l'Algérie française",
28:34 mais parmi les partisans de l'Algérie française, il faut
28:36 se souvenir qu'il y avait une partie de la droite républicaine,
28:38 il y avait une partie de la gauche républicaine
28:40 qui était partisan de l'Algérie française, et qui n'était
28:42 pas des gens d'extrême droite, qu'on a caractérisé
28:44 comme des gens d'extrême droite, mais qui avaient eu
28:46 un parcours tout à fait honorable pendant la Seconde Guerre mondiale.
28:48 - Et les premiers qui ont eu un parcours héroïque,
28:50 Charles de Gaulle à Londres après son appel,
28:52 ce n'est pas des gens de gauche. - Non.
28:54 - Et oui, historiquement, c'est des gens
28:56 très à droite. - L'histoire est complexe,
28:58 comme l'humanité. - Voilà, exactement.
29:00 - Mais comment vous expliquez
29:02 effectivement qu'ils s'engagent sur ces arguments-là ?
29:04 - Mais parce que c'est ce que je vous dis !
29:06 - Facilité. - Facilité, ils ne savent plus
29:08 comment se rendre le Rassemblement national.
29:10 C'est la sabonette qui leur échappe des mains
29:12 en permanence. C'est-à-dire que
29:14 vous stigmatisez,
29:16 vous caricaturez. Voilà,
29:18 on préférait avoir un débat de fond sur
29:20 oui, tiens, sur les positions
29:22 de Marine Le Pen sur l'âge de départ à la retraite,
29:24 - Bien sûr. - Oui, tiens, sur les institutions.
29:26 Il y a plein de sujets abordés.
29:28 - La politique étrangère. - Mais pour moi, c'est un acte de faiblesse et de panique.
29:30 Ou alors c'est prendre les Français pour des idiots
29:32 en disant ce qu'a dit Arnaud,
29:34 c'est-à-dire, de toute façon, contexte historique,
29:36 ils ne savent pas de quoi on parle, donc on va essayer
29:38 la bonne vieille chimère de dire
29:40 "Attention, les croix de feu vont
29:42 entourer l'Assemblée nationale, bientôt."
29:44 Et la République française est en danger.
29:46 Mais ça ne fonctionne plus.
29:48 - Surtout qu'il y a un petit décalage aussi dans le temps.
29:50 C'est-à-dire, pardon, mais
29:52 les allusions à la Seconde Guerre mondiale,
29:54 nous sommes en 2023,
29:56 ça ne parle plus beaucoup
29:58 aux Français.
30:00 Et Marine Le Pen en plus, c'est un électorat jeune aussi.
30:02 Donc ça n'a aucun
30:04 impact. Donc affaiblir le Rassemblement national
30:06 de cette manière, franchement,
30:08 c'est peine perdue.
30:10 Ce n'est pas une bonne idée du tout,
30:12 du tout. - Alors, ils ont des mauvais conseillers,
30:14 Mackinson n'est plus là,
30:16 non, parce que ça semble être
30:18 une évidence pour tout le monde.
30:20 Globalement, ça a été
30:22 quand même, la réaction était un peu
30:24 sidérée, effectivement,
30:26 du côté basique de l'argumentation.
30:28 - Alors, il y a le fait que, si vous voulez,
30:30 il faut qu'ils se repositionnent
30:32 un peu à gauche, alors qu'ils sont très
30:34 critiqués sur leur triangulation
30:36 à droite, par
30:38 parfois une partie de la gauche.
30:40 Donc, si vous voulez, tout ça,
30:42 ça obéit à un contexte, mais je pense
30:44 que c'est de la politique à la gaudille.
30:46 C'est tout. - C'était sur Sud Radio
30:48 que Marine Le Pen avait dit que
30:50 Rima Abdel-Malak ne méritait
30:52 pas d'être ministre...
30:54 - Eh bien voilà, je l'ai oublié. - Ministre des Français.
30:56 Et Rima Abdel-Malak
30:58 était invitée sur France 2 samedi soir,
31:00 a dit, oui, elle dit "des Français",
31:02 qu'est-ce que ça veut dire ?
31:04 Elle reproche à Marine Le Pen
31:06 d'avoir dit "elle ne mérite pas
31:08 d'être ministre de la culture des Français".
31:10 - Oui, alors je ne sais pas pourquoi...
31:12 La sortie de Marine Le Pen
31:14 que je ne vais pas analyser
31:16 dans le texte, puisque je n'en sais rien,
31:18 mais c'est peut-être aussi,
31:20 par rapport aux compétences qu'on prête à la ministre de la culture
31:22 ou aux incompétences qu'elle aurait,
31:24 les Français mériteraient un autre ministre de la culture.
31:26 C'est peut-être ça aussi qu'elle a voulu dire.
31:28 - Oui, oui, oui, oui. - C'est pas forcément...
31:30 C'est parce que vous êtes d'origine...
31:32 - Mais on voit, voilà,
31:34 que c'est ce filon-là que veut
31:36 exploiter aujourd'hui le gouvernement.
31:38 - Oui, mais il y a une offensive là.
31:40 Très nette d'une partie du gouvernement,
31:42 Elisabeth Borne en tête, pour essayer de
31:44 saisir la savonnette glissante
31:46 que représente le RN. - Alors, autre
31:48 savonnette glissante, l'immigration.
31:50 On va en parler dans un instant, là aussi,
31:52 complexe pour le gouvernement.
31:54 [Musique]
31:56 - Sud Radio, mettez-vous d'accord.
31:58 9h-10h, Valérie Exper.
32:00 - Alors, au moment
32:02 où le débat sur l'immigration
32:04 évidemment est à la une
32:06 de l'actualité avec la proposition
32:08 des... les propositions des LR,
32:10 un petit... Oh, c'est peut-être
32:12 pas un coup de gueule, mais c'est un étonnement.
32:14 Gérald Darmanin, lors d'une campagne de prévention
32:16 sur la sécurité des femmes dans l'espace public
32:18 et que croyez-vous qu'il...
32:20 - Qu'il fie. - Qu'il fie, oui.
32:22 Enfin, ou qu'il va faire, à partir du 30 mai
32:24 prochain et pendant tout l'été, 5 millions
32:26 de flyers, donc des petits
32:28 papiers vont être distribués
32:30 par les policiers et les gendarmes pour rappeler
32:32 à chacune et chacun les gestes à avoir
32:34 lorsque l'on est témoin ou victime d'une agression.
32:36 Et formidable, il y a un QR code,
32:38 donc je ne sais pas si tout le monde sait se servir
32:40 d'un QR code pour expliquer cela.
32:42 Ça me fait penser, et je le rappelle
32:44 souvent à cette ministre
32:46 des Droits des Femmes
32:48 qui était venue sur LCI et qui m'avait
32:50 expliqué que dans les commissariats, on allait mettre
32:52 des affichettes pour expliquer aux femmes
32:54 qu'elles pouvaient porter plainte.
32:56 Bon, on n'en est plus là quand on
32:58 voit, et je vous encourage à lire le livre
33:00 de Judith Kael, Irel
33:02 qui raconte, ça s'appelle "Concorde rouge,
33:04 comment à la station Concorde il a voulu défendre
33:06 une jeune femme qui était en train de se faire
33:08 agresser par un homme
33:10 et il a été tabassé quasiment à mort".
33:12 C'est terrifiant, son récit
33:14 est absolument terrifiant.
33:16 Personne n'a réagi, personne ne l'a soutenu,
33:18 donc que faire, je ne sais pas,
33:20 que faire quand quelqu'un est agressé
33:22 face à une façon de nier aussi l'ampleur
33:24 de ce qui se passe en France aujourd'hui
33:26 avec des femmes qui ont peur de sortir le soir,
33:28 qui sont obligées de mettre des robes,
33:30 des t-shirts, des pulls pour pas
33:32 être agressé, je trouve que
33:34 la réponse des flyers me paraît
33:36 assez... - Les flyers,
33:38 c'est une chose, mais je veux dire qu'on communique
33:40 sur le fait qu'on va éditer
33:42 5 millions de flyers, je trouve que c'est en effet
33:44 pas tout à fait à la hauteur de l'enjeu.
33:46 - 8 femmes sur 10 ont peur
33:48 de rentrer chez elles le soir.
33:50 - Mais surtout, ça met en écho, évidemment,
33:52 Éric Dupond-Moretti
33:54 qui devient définitivement un héros
33:56 de bande dessinée, c'est-à-dire que c'est devenu capitaine
33:58 ad hoc avec le sparadrap qui lui colle aux chaussures,
34:00 et son sparadrap, c'est la fameuse
34:02 phrase "le sentiment
34:04 d'insécurité", vous voyez ?
34:06 Il peut être maintenant un héros de bande dessinée
34:08 Éric Dupond-Moretti quand il arrêtera sa carrière
34:10 de ministre de la Justice, et puis sur le flyer,
34:12 je vais vous dire mon sentiment,
34:14 même si on n'en fait jamais assez sur la cause
34:16 des femmes ou des gens agressés,
34:18 mais pour moi, ce flyer, je voudrais bien le voir,
34:20 mais il est sans doute signé en gros
34:22 Gérald Darmanin,
34:24 ministre de l'Intérieur, électoratité,
34:26 et futur candidat à la présidentielle
34:28 peut-être de 2027,
34:30 pardonnez-moi.
34:32 - C'est comme le débat précédent, je ne suis pas sûre qu'il y a un tract comme celui-là.
34:34 - Est-ce que c'est le
34:36 premier élément de
34:38 bataille contre la décivilisation ?
34:40 J'arrête là, je ne vous ferai pas le débat.
34:42 - Oui, peut-être.
34:44 Parlons donc de ce
34:46 chiche lancé en premier
34:48 par les Républicains, et de la réponse
34:50 de Gérald Darmanin, chiche, travaillons
34:52 ensemble, à une réforme
34:54 de la loi immigration,
34:56 est-ce que ça a des chances de fonctionner ?
34:58 - Vous voyez, ça reboucle avec
35:00 la sortie d'Elisabeth Borne, me semble-t-il,
35:02 sur le Rassemblement National, parce que la question
35:04 de l'immigration est une question qui est
35:06 au centre des débats en France, même si
35:08 elle arrive en 4ème ou 5ème position dans les sondages,
35:10 après le pouvoir d'Agextra.
35:12 Pourquoi ? Parce que le gouvernement est tellement
35:14 embourbé dans sa propre réforme
35:16 sur l'immigration,
35:18 alors que c'est un sujet, évidemment,
35:20 qui fait floresse, notamment au
35:22 Rassemblement National et notamment chez l'LR,
35:24 qu'ils allument, ces braves membres
35:26 du gouvernement, des contrefeux qui s'appellent
35:28 Elisabeth Borne, avec la phrase que vous rappeliez,
35:30 celle de la ministre de la Culture sur Marine Le Pen,
35:32 donc dans une interview sur Sud Radio,
35:34 tout ça est assez lié, en réalité.
35:36 Et derrière, je trouve quand même qu'il y a eu un très bon coup
35:38 politique de la part des LR, avec cette
35:40 une, dimanche dernier, des trois
35:42 Retailleau, Ciotti et Marlex,
35:44 pourquoi ? Parce que, justement,
35:46 ils sont à la fois dans la cible
35:48 de leur vectorat, ça a l'air la question
35:50 de l'immigration, et en même temps, ils essaient
35:52 de montrer qu'eux ne sont pas
35:54 embourbés autour de propositions, alors que le gouvernement,
35:56 on ne sait même plus quand va arriver la loi,
35:58 qu'est-ce qu'il y aura dedans, est-ce qu'il va durcir ou pas,
36:00 d'Armandin. Donc, c'est tout ce
36:02 contexte politique qui nous permet de décrypter
36:04 les sujets dont nous avons parlé tout à l'heure.
36:06 - Arlette, sur ce
36:08 chiffre,
36:10 allons-y, travaillons ensemble, sauf qu'il y a des lignes rouges
36:12 qui ne sont pas... - De côté, il y a des lignes rouges,
36:14 donc, ce n'est pas facile.
36:16 - Effectivement, donc, c'est un bon coup
36:18 politique, même si la photo à la une
36:20 du JDD la semaine dernière
36:22 n'était pas follement séduisante,
36:24 mais bon, c'est comme ça.
36:26 - C'est le meilleur, en tout cas.
36:28 - C'est effectivement une bonne opération,
36:30 a priori. Après, il va falloir
36:32 qu'il y ait un des deux, des camps qui cèdent.
36:34 Quand on met des lignes rouges,
36:36 qui va reculer sur
36:38 des points essentiels ?
36:40 Le gouvernement est coincé, Gérald Darmanin
36:42 est obligé de faire une loi
36:44 d'équilibre, sinon il y a une partie de la majorité
36:46 qui vient de la gauche, qui est issue de la gauche,
36:48 qui commence à dire "mais il n'est pas question
36:50 de voter un texte qui ressemblerait à celui
36:52 des Républicains".
36:54 Donc, ce n'est pas si facile que ça.
36:56 Donc, il peut faire des concessions,
36:58 mais il y a un point central
37:00 que veulent les Républicains, c'est-à-dire, effectivement,
37:02 déroger aux droits
37:04 européens, parce que c'est le seul moyen, disent-ils,
37:06 de contrôler vraiment l'immigration.
37:08 Franchement,
37:10 Emmanuel Macron ne peut pas l'accepter.
37:12 L'Européen qu'il est ne peut pas...
37:14 J'enlève même le côté
37:16 "efficacité ou pas",
37:18 mais le problème, c'est que la conviction européenne
37:20 d'Emmanuel Macron ne peut pas le conduire, dire "j'accepte".
37:22 Donc, il n'y aura pas de révision constitutionnelle,
37:24 pas question de déroger aux droits européens,
37:26 on peut améliorer.
37:28 - Est-ce que les Républicains
37:30 ne le savent pas et que c'est bien pour ça qu'ils le proposent ?
37:32 - Bien, c'est un piège, évidemment.
37:34 C'est un piège, bien entendu, mais en même temps,
37:36 pardon de le dire, si
37:38 ils n'obtiennent pas satisfaction,
37:40 ce ne sera pas très bon non plus pour eux.
37:42 Et le risque, c'est qu'à la fin,
37:44 ce soit à nouveau,
37:46 puisqu'on en parlait, le RN,
37:48 qui sourit de cette incapacité
37:50 DLR à imposer
37:52 quelque chose au gouvernement,
37:54 et qui sourit de l'incapacité du gouvernement
37:56 à traiter de sujets d'immigration.
37:58 - Arnaud ? - Pour le coup,
38:00 autant ils étaient contre l'opinion
38:02 dans l'affaire des retraites,
38:04 autant là, ils ont l'opinion pour eux, clairement.
38:06 Parce que quand on regarde toutes les études d'opinion,
38:08 vous avez 70% des Français qui trouvent
38:10 qu'il y a trop d'immigration, vous avez 65%
38:12 des Français, j'ai vu un sondage, là,
38:14 il y a 24h ou 48h, qui
38:16 justifient leur demande
38:18 de rétablir la primauté du droit national
38:20 sur le droit européen, donc là, ils sont dans le courant,
38:22 clairement. Ensuite,
38:24 moi, si vous voulez, je rejoins ce que dit Arlette,
38:26 c'est-à-dire que je ne vois pas comment l'exécutif
38:28 peut s'en sortir sur ce dossier
38:30 de l'immigration à l'Assemblée nationale
38:32 au regard de ce qu'est l'Assemblée nationale
38:34 aujourd'hui. C'est-à-dire qu'en fait, il n'y a pas de majorité
38:36 pour voter ce texte, il n'y a pas de majorité
38:38 et le risque pour Mme Borne,
38:40 c'est qu'elle soit confrontée, cette fois-ci,
38:42 à une motion de censure qui ne soit pas défendue
38:44 par le groupe Lyon, mais qui soit défendue par le groupe
38:46 LR, et c'est ce qu'a dit très explicitement
38:48 Olivier Marlex
38:50 lors de l'interview qu'il a donnée au
38:52 Journal du Dimanche avec ses deux collègues, Siotis
38:54 et Rotaillot. Donc,
38:56 ça fait, je crois,
38:58 c'est le septième changement
39:00 de pied du gouvernement sur la question
39:02 de l'immigration, ce qui est quand même
39:04 considérable. Donc, on voit qu'il n'arrive pas à s'en sortir
39:06 et comme, au fur et à mesure
39:08 que l'on avance dans cette législature,
39:10 trouver des majorités
39:12 de compromis va s'avérer
39:14 être de plus en plus complexe,
39:16 moi, je fais le pari qu'à terme, de toute façon,
39:18 il y aura une motion de censure qui sera adoptée
39:20 à l'Assemblée nationale. Ça va finir
39:22 par arriver. - Tout ce qu'a dit De Courson en disant que ce gouvernement
39:24 serait renversé. - Et l'immigration
39:26 est peut-être l'un des sujets sur lesquels ça peut arriver.
39:28 - C'est difficile parce que la gauche
39:30 ne voterait pas une motion de censure
39:32 déposée par la droite. Tout dépend
39:34 de ce qu'il y a dans le texte de la censure.
39:36 - Tout dépend de ce qu'il y a dans le texte de la censure.
39:38 - Mais ça fera un 49.3 de plus et si
39:40 ce projet est à l'automne, ça veut dire que
39:42 ça sera un 49.3 qui viendra après
39:44 les autres, 49.3 sur le budget.
39:46 Donc, on va retomber dans un film qu'on a déjà vu.
39:48 - La petite musique qu'on entend aussi,
39:50 au-delà de tous les sujets dont on débat
39:52 qui sont très intéressants, le pouvoir d'achat,
39:54 l'immigration, la sécurité, tout ça,
39:56 oui, bien sûr, mais il y a quelque chose que j'entends,
39:58 moi, de plus en plus, qui est le raisonnement
40:00 suivant, avec des Français qui votent
40:02 de moins en moins, qui sont de plus en plus
40:04 désabusés face à
40:06 ce qu'ils attendent d'ailleurs de ceux qui
40:08 gouvernent. La petite musique est la suivante,
40:10 on a essayé tout le monde,
40:12 à gauche, à droite, mais pas l'ERN.
40:14 C'est ça la petite musique aussi
40:16 qui monte et qui est intéressante, non pas
40:18 analysée, parce qu'il n'y a pas de fondement sur
40:20 "vous voulez un SMIC à 3 000 euros ?"
40:22 Non, c'est pas ça le sujet.
40:24 - On n'y croit plus à rien.
40:26 - Bon, on a tout essayé sauf ça.
40:28 Donc ça, si vous voulez, c'est un côté aussi
40:30 imparable, et ça rajoute de l'eau à ma
40:32 savonnette glissante de tout à l'heure, voyez ?
40:34 - Mais au-delà de ça... - Savon ou de l'eau ?
40:36 - De l'eau, sur le savon qui est de moins en moins saisissable.
40:38 - Au-delà de cela, le sujet, c'est quand même
40:40 savoir si on peut tenir pendant 4 ans comme ça.
40:42 - Alors ça, c'est... - Moi, je ne vois pas comment cette législature...
40:44 - Je ne sais pas. - Ça fait longtemps
40:46 que je le pense, on l'a dit,
40:48 je ne vois pas comment ils y arrivent, parce que,
40:50 encore une fois, c'est bien la première fois qu'un président de la République
40:52 se retrouve dans une situation, à l'Assemblée nationale, aussi improbable.
40:54 Parce que, bon, il y a eu des majorités
40:56 relatives, mais jamais aussi
40:58 difficiles que celle-là. - Mais s'il y a des solutions,
41:00 ça changera quoi ?
41:02 - Il y a une autre hypothèse
41:04 posée régulièrement,
41:06 rappelée par Nicolas Sarkozy, c'est un véritable
41:08 accord de gouvernement avec les LR.
41:10 - Ah oui. - Ça veut dire que c'est une cohabitation
41:12 acceptée par Emmanuel Macron,
41:14 parce que celui qui arrivera
41:16 à Matignon, veut,
41:18 et voudra avoir des pouvoirs pour
41:20 vraiment gouverner. - Avoir la main.
41:22 - Ça veut dire s'accommoder d'un Premier ministre
41:24 qui gouverne, qui a des marges de manœuvre.
41:26 - Il peut avoir une partie de son aile gauche
41:28 qui part aussi. - Et voilà, il peut avoir une partie
41:30 de son aile gauche qui part, et deuxièmement,
41:32 Emmanuel Macron peut-il accepter
41:34 d'avoir un vrai Premier ministre ?
41:36 Mais un accord de gouvernement
41:38 est la seule solution pour s'en sortir.
41:40 Sachant qu'une dissolution ne
41:42 réglera rien. - Non. - Ça sera exactement
41:44 la même chose. - Ce sera la même chose, c'est ça.
41:46 - Et en plus difficile, sans doute,
41:48 aussi pour la majorité.
41:50 Et donc, avoir une majorité
41:52 encore plus relative,
41:54 c'est pas une solution. - Il n'y a plus du tout
41:56 de majorité. - Et qui, comme Premier ministre ?
41:58 Hier, je sais pas si vous avez vu
42:00 ce papier dans Le Parisien, qui
42:02 semble être, peut-être pas un papier
42:04 de commande, on ne doit pas mettre comme ça, mais...
42:06 - Ferrand. - Ferrand. - Comment vous y allez ? - Sur Richard Ferrand.
42:08 Vous l'avez lu.
42:10 Mais ça me paraît
42:12 complètement dément. - Le président de la République ne peut
42:14 accepter que quelqu'un qui est proche de lui.
42:16 Je dis, soit il fait le sacrifice de Matignon,
42:18 il accepte cette cohabitation,
42:20 il la décide, il l'assume,
42:22 soit il va prendre à ses côtés
42:24 quel que soit le nom de la personne,
42:26 effectivement, quelqu'un
42:28 qui est proche de lui.
42:30 Donc, il n'y aura pas de gain.
42:32 Richard Ferrand est très talentueux,
42:34 il est ancien président de l'Assemblée
42:36 nationale, mais est-ce qu'il aura plus de chances
42:38 de récupérer des républicains ?
42:40 - Mais voyez, dans... - C'est pas du tout sûr.
42:42 - Dans la série, c'était mieux avant,
42:44 peut-être, ou bien
42:46 on fait disparaître le poste de premier ministre,
42:48 ou bien on la rétablit dans
42:50 ses usages et coutumes. C'est quoi ?
42:52 C'est qu'avant, un premier ministre, ça représentait
42:54 un chef de parti qui avait un poids politique.
42:56 Aujourd'hui, on n'a que des techniciens,
42:58 en fait, on a des techniciens
43:00 qui sont interchangeables, etc.
43:02 qui ne donnent ni plus
43:04 ni moins de poids politique au président de la République,
43:06 puisque le premier ministre ou la première ministre
43:08 ne représentent rien dans le paysage politique.
43:10 Et pour moi, voyez,
43:12 c'est aussi important que de discuter
43:14 du cumul des mandats, par exemple,
43:16 qui donnaient un autre lien politique aux Français.
43:18 Celui-ci, sur la question du
43:20 poste de premier ministre, je pense que la réflexion
43:22 est engagée, parce que en réalité,
43:24 en réalité,
43:26 le président de la République,
43:28 il décide absolument de tout,
43:30 et en face de lui, il n'a même pas
43:32 quelqu'un qui fait semblant d'avoir
43:34 un poids politique, il n'en a aucun.
43:36 Je ne sais pas ce qu'en pense le professeur.
43:38 - Non, mais parce que la vérité, c'est que depuis Sarkozy,
43:40 ce n'était pas le cas avec Hollande quand même,
43:42 mais depuis Sarkozy, ils ont,
43:44 j'allais dire, tordu l'interprétation
43:46 de la constitution de la
43:48 Vème République. Le général de Gaulle,
43:50 qui était quand même un président qui avait le moins qu'on puisse dire
43:52 de l'autorité, déléguait beaucoup.
43:54 Peut-être parce qu'il était militaire et que les militaires
43:56 savent déléguer aussi. Mais en tout cas,
43:58 sans plaisanterie, c'est-à-dire
44:00 qu'il considérait qu'on essaie.
44:02 Le premier ministre, c'est l'article 20,
44:04 la constitution conduit la politique
44:06 de la nation. Donc, on lui laisse
44:08 une marge. Et le président de la République
44:10 a tout intérêt parce que ça lui sert d'une certaine
44:12 manière de protection et de
44:14 fusible. Tandis que là, on voit bien que Macron est en première ligne
44:16 comme Sarkozy était en première ligne. - Oui, il faut revenir. Le président
44:18 est en charge de l'essentiel, comme disait
44:20 le général de Gaulle. - Voilà. C'est fini pour aujourd'hui.
44:22 Merci à vous. Très bonne journée.
44:24 Mais oui, déjà, ça passe vite.
44:26 Très bonne journée. Dans un instant, l'émission
44:28 Média, tout de suite.
44:30 - Sud Radio. - Par l'Ouvrai.

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