François Molins, procureur général près la Cour de Cassation, était l'invité de franceinfo le 30 mai 2023.
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00:00 Il manque 13 000 places de prison pour accueillir dignement aujourd'hui tous les détenus de France.
00:04 Est-ce qu'il faut en construire en plus des places de prison ou est-ce qu'il faut emprisonner moins ?
00:09 Je pense qu'il faut bien sûr construire des places supplémentaires compte tenu de la surpopulation,
00:16 mais ça ne suffit pas et ce n'est pas seulement en construisant des places de prison supplémentaires
00:22 qu'on réglera, à mon sens, le problème de la surpopulation.
00:24 C'est quelque chose qu'on fait depuis 40 ans.
00:27 On n'est pas à régler le problème et on s'aperçoit que plus on construit et la population carcérale augmente aussi.
00:33 Ça renvoie aux réflexions qu'on avait faites dans le cadre du comité sauvé,
00:38 comité des États généraux, en indiquant que pour s'en sortir,
00:41 il fallait véritablement travailler sur le sens de la peine,
00:45 remettre en réalité le milieu ouvert au centre du dispositif et densifier considérablement le milieu ouvert.
00:52 Et je pense effectivement donc que si on veut lutter contre la surpopulation,
00:56 qui n'est absolument pas normal parce que la surpopulation empêche en réalité
01:00 de faire des véritables actions de réinsertion au sein des prisons,
01:04 il faut effectivement avoir un dispositif autre.
01:06 Alors on avait fait des propositions là-dessus avec le comité des États généraux qui n'ont malheureusement pas été…
01:12 – Notamment l'idée d'un quota, ce n'était pas le nom qui avait été retenu,
01:15 mais cette idée a été écartée par le gouvernement.
01:17 C'est-à-dire de limiter la surpopulation dans les établissements…
01:20 – Non, on n'était pas sur un quota, on était sur la définition d'un seuil de criticité
01:25 qui consistait à ce que, à partir du moment où un établissement pénitentiaire
01:31 atteignait des proportions qui devenaient vraiment problématiques,
01:35 il y avait une obligation pour l'ensemble des acteurs de se réunir
01:38 et d'examiner ensemble les solutions qui devaient être adoptées
01:41 pour essayer de réguler mieux la situation.
01:45 – Ça n'a pas été retenu dans les mesures du garde des Sceaux.
01:48 Aujourd'hui, vous savez pourquoi ?
01:50 – Non.
01:51 – Lui, il veut construire 15 000 places, Eric Dupond-Moretti, d'ici 2027, 15 000 places de prison.
01:55 Il fait fausse route.
01:57 – Encore une fois, je redis, je pense qu'il faut construire, il y a des plans,
02:01 mais je pense que ça ne suffira pas à apporter des réponses et à régler le problème.
02:06 Les 30 années passées le démontrent, à mon sens, il faut vraiment plus travailler
02:11 sur, effectivement, le sens de la peine, l'appréhension de la récidive
02:14 et d'ensuifier ce milieu ouvert pour avoir un suivi, un contrôle et un suivi
02:18 beaucoup plus effectif et beaucoup plus rigoureux sur les personnes libérées
02:24 ou en liberté ou en conditionnel.