Laurie Cholewa : "Seulement 6% des rôles au cinéma sont donnés à des femmes de plus de 50 ans"

  • l’année dernière
Avec Laurie Cholewa, journaliste et productrice

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##SUD_RADIO_MEDIA-2023-05-30##
Transcript
00:00 Bonjour Gilles, bonjour Valérie, bonjour Laurie Chollet-Waas, on est ravis de vous recevoir,
00:04 merci d'être là après cette épreuve que vous avez vécue, 15 jours à Cannes, mon
00:09 Dieu ! - 8 pour moi cette année, mais c'est vrai que
00:11 c'est toujours une épreuve le festival ! - Ah oui, donc merci d'être avec nous, ce
00:15 soir sur Canal+ à 23h10, Re-Belle, R-E-Belle plus loin, ça parle des femmes, où sont
00:24 les femmes, les comédiennes après 40 ans, les rôles sont rares, compliqués, les clichés,
00:29 les stéréotypes continués, on la vit belle, c'est un très beau documentaire avec beaucoup
00:33 de témoignages, on va en parler, évidemment c'est disponible sur MyCanal, et puis Chicha
00:37 évidemment le magazine cinéma, vous êtes la spécialiste cinéma de Canal+, et puis
00:43 on le retrouve le vendredi à 19h et le dimanche à midi sur Canal+.
00:50 - Et c'est en clair ! - Et c'est en clair, absolument, il y a peu
00:53 de programmes en clair donc ça mérite de le dire.
00:55 - Et ça vous manque la grande époque de Canal+ à Cannes ? Vous n'avez pas tout connu ?
01:01 - C'est ça, moi j'ai pas tout connu, mais j'ai connu effectivement les marches avec
01:06 Laurent Veil, non ce qui me manque c'est le direct, c'est l'adrénaline du direct, après
01:11 heureusement on a quand même la cérémonie des Césars, on a la Mostra de Venise, on
01:16 est quand même présent à Cannes, donc voilà, l'un dans l'autre on fait quand même pas
01:19 mal de choses excitantes, mais l'adrénaline du direct je dois avouer que ça me manque
01:22 beaucoup au quotidien.
01:23 - Vous avez des nouvelles de Laurent Veil ? - Oui, est-ce que je vais vous demander comment
01:25 va Laurent Veil ? - Eh bien Laurent Veil il revient à Canal+,
01:29 doucement, et voilà il revient de l'enfer tout doucement et il va de mieux en mieux.
01:33 - Bon, vraiment ? Il va vraiment bien ? Vous voyez que ça progresse ?
01:37 - Oui, oui, vraiment, vraiment.
01:38 - Et il reviendra à l'antenne ou pas à votre avis ?
01:40 - Je pense qu'il y a des choses en discussion, je suis pas vraiment au courant, mais en tout
01:45 cas ce qui est sûr c'est que physiquement il revient à Canal+ deux jours par semaine
01:48 et tout le monde est très très content de le voir.
01:50 - Ah bah ça c'est formidable.
01:51 - On espère qu'on le reverra vite et bientôt.
01:54 On passe aux zappings.
01:55 - Valérie, Laurie, vous n'allez pas y échapper, le festival s'est clos depuis samedi et pourtant
02:05 la palme d'or de Justine, tu n'arrives pas à me revire ?
02:09 - Trier.
02:10 - Justine Trier continue à défrier la chronique et c'est vrai que ça diatribe sur la marchandisation
02:17 de la culture à occuper tous les médias de ce week-end de Pentecôte comme la constate
02:21 le quotidien.
02:22 - Tout le week-end, les députés renaissants se sont déchaînés contre Justine Trier.
02:26 - J'ai été concernée.
02:27 - Ça s'apparente à une espèce de rébellion au salon.
02:29 - Ses propos sont objectivement indécents.
02:31 - Les complains de politique d'un microcosme bourgeois qui se pavane sous les dorures du
02:36 festival de Cannes, biberonné à l'argent public depuis des dizaines d'années.
02:41 - Alors, ça vous a choqué ou pas ?
02:43 - Alors, moi franchement, je ne vous avais pas aimé ma réponse, mais moi je ne veux
02:48 pas du tout juger la tribune que Justine a eue suite à sa Palme d'Or.
02:52 Elle a fait en tout cas un discours très cohérent par rapport au cinéma qu'elle défend, par
02:56 rapport à ses convictions.
02:57 Son premier film, c'était La bataille de Solferino qui était un film très engagé
02:59 de gauche.
03:00 Donc voilà, c'est sa tribune, c'est son moment.
03:02 Moi, ce que j'aime, c'est le cinéma de Justine Trier.
03:04 - Mais est-ce que son moment était bien choisi ? C'est ce qu'on évoquait à Oranten tout
03:10 à l'heure avec les débatteurs.
03:12 Est-ce que quand on est dans un festival international, devant des millions de téléspectateurs,
03:18 c'est l'endroit pour parler d'un problème franco-français ?
03:21 - Politique ? C'est sûr que le rayonnement du festival de Cannes, il est mondial.
03:26 Donc on pouvait s'attendre à un discours plus...
03:29 Moi, je pensais qu'elle allait faire quelque chose de plus féministe, de plus engagée
03:32 sur les femmes, comme l'a dit Jen Fonda ou comme l'avait fait Julia Ducournau aussi
03:37 il y a deux ans.
03:38 Mais bon, voilà, elle a eu sa Palme d'Or.
03:41 - Mais est-ce que le cinéma français est en péril aujourd'hui ? Est-ce que ce qu'elle
03:45 dit, parce que c'était au-delà des débats qu'il peut y avoir sur la réforme des retraites,
03:51 son cri était "attention, l'exception culturelle est en danger, on n'a jamais produit autant
03:56 de films".
03:57 - Oui, c'est ça.
03:58 Moi, par exemple, je suis quand même sur Canal+, qui est l'un des groupes qui financent
04:02 le cinéma français, qui justement finance les films de Justine Trier depuis son premier
04:06 film, qui finance des films audacieux.
04:09 Et donc, je pense quand même qu'on a de quoi soutenir l'exception culturelle française.
04:14 - Elle alerte sur quoi alors ? Elle alertait sur quoi ?
04:16 - Elle alerte...
04:17 - Non, non, mais c'est une vraie question.
04:20 - C'est vrai.
04:21 - On se demande un petit peu où est le problème.
04:25 On va continuer.
04:26 Gilles.
04:27 - Elle est trop forte ma patronne.
04:28 - Elle est forte, hein ?
04:29 - Elle est forte ma patronne.
04:30 - Non, mais moi, je n'ai pas compris sur quoi elle alertait en fait.
04:32 - Sur plusieurs choses en plus.
04:33 - Oui, la fin de l'exception culturelle française, mais visiblement, tout le monde n'est pas d'accord
04:37 avec ça, puisqu'il y a un financement important qui existe.
04:40 De toute façon, son discours fait vivre polémique.
04:43 - Et oui, Laurie, j'ai fait ce zapping pour vous, alors on va rester dans le cinéma,
04:46 évidemment.
04:47 Non, là, ça va.
04:48 C'est avec la sortie, mercredi, de "Invincible été" de Stéphanie Pilonca, qui raconte
04:52 l'histoire d'Olivier Goua, qui apprend un matin de décembre de 2020 qu'il est atteint
04:56 de la maladie de Charcot.
04:58 Alors, Olivier Goua était sur le plateau de "C'est à vous".
05:01 Alors, à la différence du film, on entend vraiment sa vraie voix.
05:04 La maladie a progressé.
05:06 On ne peut plus parler, mais il était quand même sur le plateau de "C'est à vous" hier.
05:09 - Merci de souligner que je parle et que l'on me comprend dans le film.
05:13 Ce n'est pas un Charlie Chaplin.
05:14 À deux jours de la sortie, c'est important de ne pas effrayer vos téléspectateurs.
05:19 Bien entendu, quand je dis que la maladie a peur, c'est une blague.
05:23 Ce que je veux réellement souligner, c'est que, moi, je n'ai pas peur.
05:27 J'ai toute ma tête.
05:28 Et cela, la maladie ne me le volera jamais.
05:31 Rien ne m'empêchera de profiter de chaque jour à fond.
05:34 Ce film va vous faire aimer la vie.
05:36 J'ai définitivement compris que pour apprendre à vivre, il faut apprendre à mourir.
05:40 - Pour apprendre à vivre, il faut apprendre à mourir.
05:43 - C'est fort.
05:44 - Je vous vois très ému.
05:45 - Ah non, mais moi, c'est bon.
05:47 Pardon, mais son combat me bouleverse.
05:50 Je trouve son courage incroyable.
05:54 C'est une telle injustice, c'est une telle tragédie de se retrouver comme ça,
05:59 avec la vie qui bascule du jour au lendemain.
06:00 Et comme il le dit, il a toute sa tête.
06:02 Il est prisonnier dans son corps.
06:03 Et forcément, moi, en tant que maman d'enfant bas âge, tout de suite, je me projette.
06:09 Et aller voir ce film qui est absolument bouleversant et qui est effectivement une ode à la vie,
06:15 mais en même temps sur la tragédie la plus terrible qui soit.
06:17 - Oui, c'est la maladie la plus terrible dont on parle maintenant de plus en plus.
06:22 J'en parlais avec un neurologue.
06:24 Il n'y en a pas forcément plus, mais c'est vrai que des médiatisations comme celle-là,
06:28 ça traite du sujet de la fin de vie aussi, évidemment, parce qu'on connaît l'issue
06:32 de cette maladie.
06:33 Et moi, je trouve ça très bien de parler de sujets qui font peur.
06:36 Il faut arrêter de tourner le dos aux choses qui nous font peur.
06:39 Si on n'en parle pas, on n'avancera jamais.
06:40 - Et vous êtes vous-même très engagé, justement.
06:43 Vous organisez chaque année un concert pour aider la recherche contre le cancer du pancréas.
06:50 C'est une maladie qui également progresse énormément.
06:54 - Le tennisman Benoit Perrin, vous allez avoir du Roland Garros.
06:58 - Bien sûr, on a de tout.
07:01 - On est jamais déçus.
07:03 Quand il est rupteux, il a toujours des reproches à faire.
07:08 Hier, il a failli gagner, mais non, finalement.
07:11 Il a reconnu que le joueur d'en face était meilleur que lui, mais il n'a pas pu s'empêcher.
07:16 Vous savez quoi ? Il a fait une critique sur quoi, hier ?
07:18 - Non.
07:19 - Sur les balles de Roland Garros.
07:20 - C'est des mauvaises balles.
07:21 Ça ne va jamais.
07:22 - C'est ridicule.
07:23 On joue avec des balles qui grossissent au bout de deux secondes.
07:25 Les balles neuves, elles durent pendant même pas un jeu.
07:28 C'est ridicule.
07:29 Les balles du tournoi sont vraiment nulles.
07:31 Après, ce n'est pas une raison pour laquelle j'ai perdu.
07:34 Tout le monde joue avec les mêmes balles.
07:35 Je dis simplement que si on veut avoir du beau spectacle, ce n'est pas avec ces balles-là
07:38 qu'il faut jouer au tennis.
07:39 Là, c'est des balles où on ne peut pas attaquer, où on ne peut pas avancer.
07:41 C'est Roland Garros, c'est un des plus beaux tournois du monde et on se retrouve à jouer
07:45 avec des balles ridicules.
07:46 C'est quand même terrible.
07:47 - Les balles, c'est le jeu.
07:49 Il parle du jeu.
07:50 - Non, les balles.
07:51 - Qu'est-ce qu'elles ont, les balles ?
07:52 - Elles ne sont pas bien.
07:53 - Elles sont pas énormes ?
07:54 - Elles ne sont pas bien.
07:55 - Ah bon ?
07:56 - Ça ne lui plaît pas.
07:57 - Je croyais que c'était les balles qu'il reçoit qui parlaient du jeu.
08:00 - Non, les balles.
08:01 - D'accord.
08:02 - La balle qui est fournie par Roland Garros, la balle officielle.
08:07 Compliqué quand vous êtes une femme d'être en short et avoir un joli body sans vous
08:12 faire siffler, aborder, voire pire.
08:14 Alors aux États-Unis, il y a quelque chose qui s'appelle le subway shirt, le shirt de
08:20 métro.
08:21 Ça commence à arriver, ça commence à venir en France.
08:24 C'était dans le 20h de France 2.
08:26 Pour tenter d'y échapper, une technique simple et promue par des Américaines sur les réseaux
08:31 sociaux.
08:32 - À New York, si vous prenez le métro, n'oubliez pas votre subway shirt.
08:37 Subway shirt, traduisez chemise de métro pour dissimuler une tenue légère.
08:42 Un réflexe déjà adopté par ces Parisiennes, malgré elles.
08:47 - Voilà, et du coup, il est un peu plus couvert et je me sens plus à l'aise.
08:51 Alors que j'aimerais bien juste sortir comme j'ai choisi de sortir avec la tenue qui me
08:55 plaît.
08:56 - Je n'étais pas à l'aise de rentrer en robe et du coup, j'ai pris un jogging pour
09:00 prévoir le moment où je rentrerai chez moi.
09:03 - Ça devient triste qu'elle veuille un jogging pour aller dans le métro.
09:07 - On a un minisone intérieur qui diffuse des flyers en ce moment même.
09:11 - Et quand elle sort du métro, elle enlève...
09:13 Ça vous est arrivé d'être sifflée, d'être abordée ?
09:15 - Oui, mais c'est toute ma jeunesse.
09:17 J'ai eu peur dans le métro et je faisais attention.
09:20 Effectivement, je me revois me dire "ah bah non, là j'ai un décolleté donc je ne vais
09:23 pas prendre le métro.
09:24 Non, là mon short il est trop court, je ne prends pas le métro".
09:25 Mais bon, c'est la même chose dans la rue, partout en fait.
09:28 - Et vous trouvez que c'est une solution le t-shirt du métro ? Ça devrait être plus
09:32 éduquer les hommes que le t-shirt ?
09:33 - Oui, c'est ça.
09:34 Ce qui serait une solution, ce serait qu'on puisse sortir habillée comme on a envie et
09:39 sortir tranquille.
09:40 - Valérie, en ce jour de Pentecôte où Dieu envoie à l'esprit simple...
09:45 - Sain.
09:46 - Oui, pardon, j'ai dit simple, non l'esprit sain.
09:49 J'ai dit simple.
09:50 L'esprit sain aux 120 disciples de Jésus, il y a eu un moment de grâce.
09:53 T'en touches pas à mon poste.
09:55 Vous savez que Tina Turner a rejoint Dieu justement et a reçu, vous voyez où j'arrive,
10:02 a reçu un hommage d'Aphina Turner qui a repris "What's Love Got To Do It".
10:09 Je vous ai prévenu, Lori Valéry, c'est un moment de grâce.
10:13 - Bon, c'est bon.
10:22 C'est bon.
10:26 Voilà.
10:27 - En plus, de notre côté, c'est Tina Turner déjà.
10:32 Personne ne peut égaler Tina Turner.
10:34 - Non, mais là, on va dire ça.
10:35 - Effectivement, il y a un gap.
10:36 - Il y a un gap.
10:37 La comparaison est complexe.
10:39 - Elle fera un film avec Tina Turner, j'en suis sûr.
10:41 - C'est un vrai personnage.
10:42 - C'est un vrai personnage, absolument.
10:43 - Franchement, elle est quand même fascinante.
10:45 - Allez, on se retrouve dans un instant avec Lori Chollet-Wa pour parler des comédiennes,
10:49 des actrices après 40 ans.
10:51 Est-ce qu'elles sont périmées ? On va en parler avec vous et vous allez nous raconter
10:55 ce documentaire qu'on pourra voir sur Canal+ ce soir à 23h10.
10:58 - Sud Radio Média, l'invité du jour.
11:03 - L'invité du jour, c'est Lori Chollet-Wa qui arrive après l'épreuve de Cannes.
11:07 Madame Cinéma sur Canal+.
11:09 Ce soir, ne pas manquer Re-Belle, c'est à 23h10.
11:13 Évidemment, c'est disponible sur le replay de Maï et Canal.
11:17 On vous retrouve avec le magazine Cinéma Chicha tous les vendredis à 19h et les dimanches
11:22 à midi sur Canal+ en clair.
11:25 Et puis donc ce documentaire, vous auriez pu l'appeler "Où sont les femmes ?" après
11:30 40 ans.
11:31 Vous côtoyez ces actrices, ça fait un petit moment maintenant que vous êtes Madame Cinéma.
11:36 Comment est venue l'idée, c'est en parlant avec ces comédiennes, de poser la question
11:42 de dire est-ce qu'il y a une date de péremption pour les comédiennes ?
11:45 - C'est vrai que le constat du nombre de rôles intéressants pour les comédiennes
11:50 passées 45 ans, il est assez terrible.
11:53 Et puis moi, quand j'ai eu 40 ans, j'ai eu quand même ce sentiment de me dire "C'est
11:57 ce que je vais être périmée, dans combien de temps ? Combien de temps il me reste avant
11:59 de pouvoir accomplir tout ce que j'ai envie d'accomplir dans ma vie professionnelle de
12:02 femme ?"
12:03 Et donc voilà, j'ai fait ce parallèle avec ces actrices, je me suis dit "Ce sont des
12:07 icônes, ce sont des femmes qui nous font rêver depuis toujours, qui occupent les pages des
12:11 magazines."
12:12 Donc pour elles, c'est encore plus difficile.
12:15 À travers ces actrices, ça permet de parler de toutes les femmes et effectivement de cette
12:20 réalité.
12:21 Qu'est-ce qu'on fait de la femme après 45 ans, une fois qu'elle n'est plus simplement
12:24 un objet de désir ?
12:25 Qu'est-ce qu'on fait de la femme qui traverse les années ?
12:27 Et pour les actrices, voilà le nombre de rôles.
12:31 Il faut quand même savoir que les femmes de plus de 50 ans, c'est 22% de la population
12:35 française versus 6% de rôles donnés à des femmes après 50 ans.
12:40 Mais est-ce que ce n'est pas le cas dans la vraie vie aussi, où un homme pourra toujours
12:44 séduire à 55 ou 60 ans ?
12:46 Je vois que c'est plus compliqué pour une femme d'aller en boîte de nuit ou aller
12:50 draguer quand on a passé un certain âge, quand on a élevé des enfants.
12:55 C'est aussi valable, pas que dans le cinéma, je trouve, qu'être une femme quand son mari
13:00 l'a quitté et avoir plus de 50 ans, c'est compliqué aussi.
13:03 Oui, complètement.
13:04 C'est pour ça que je dis qu'à travers les actrices, ça permet de parler de toutes
13:07 les femmes parce que oui, c'est une réalité.
13:09 Parce qu'on nous a tellement martelé que les hommes, eux, ils se bonifiaient avec le
13:14 temps alors que les femmes, juste, elles vieillissaient.
13:16 C'est quand même une injonction à la jeunesse éternelle pour les femmes que la société
13:20 nous imposait.
13:21 C'est ça aussi qu'on veut montrer dans le doc, à travers des actrices qui sont épanouies,
13:25 qui sont belles, qui travaillent bien, qui ont des belles carrières.
13:29 On voulait aussi expliquer que si nous, on est convaincus qu'une femme n'est pas périmée
13:33 à 45, à 50 ans, à 60, eh bien toute la société va prendre acte de cela.
13:39 Elles ont accueilli comment, votre demande ? On peut les citer.
13:42 Il y a Valérie Bruny-Tézesquille qui est formidable, qui est lumineuse.
13:45 Anou Grimbert, Irène Jacob, Liliane Rover aussi, qui est très drôle et très lucide
13:51 parce qu'elle a connu une deuxième carrière avec grâce à 10%.
13:56 Il y a l'agent Elisabeth Tanner.
13:59 Quelle a été leur réaction quand vous leur avez parlé de ce sujet ?
14:03 Toutes celles qui ont témoigné dans le documentaire étaient ravies de le faire.
14:09 Clotilde Courreau aussi, Marie Ginard, je ne sais plus.
14:12 On les oublie.
14:13 Anne Brochet, très intéressante.
14:16 Elle a choisi de s'écarter de cette carrière qui la faisait souffrir.
14:21 Non, elles étaient contentes.
14:23 Elles avaient des choses à dire, évidemment, et elles étaient ravies de pouvoir prendre
14:26 la parole.
14:27 Ce n'était pas du tout un problème de les convaincre.
14:30 Et puis on voit au début du documentaire, ce qui est assez incroyable, deux icônes,
14:35 Brigitte Bardot et Catherine Deneuve, où elles ont à peine 40 ans ou 35 ans et déjà
14:41 on leur demande comment elles s'imaginent vieillir.
14:44 C'est assez vigilant d'ailleurs de dire ça et de dire à Brigitte Bardot, mais qu'est-ce
14:47 que tu vas devenir quand tu seras vieille ? Sous-entendu, il n'y a que ta poté qui
14:50 compte.
14:51 Et elle a d'ailleurs arrêté sa carrière à 39 ans.
14:56 Brigitte Bardot, elle a choisi d'arrêter sa carrière.
14:58 C'est vrai qu'en plus d'avoir du mal à vieillir pour une femme, on ne lui permet
15:03 pas de profiter du moment présent.
15:05 Dès qu'on a, même Irène Jacob, elle est toute jeune quand elle reçoit son prix d'interprétation
15:10 à Cannes et on l'interroge déjà sur sa peur du vieillissement, sur comment elle
15:13 s'y réagit.
15:14 Mais est-ce que ce n'est pas finalement sur l'apparence ? D'ailleurs, est-ce qu'une
15:15 actrice moche peut réussir ?
15:16 Je me suis posé la question en voyant votre doc.
15:21 Il y a de tout dans le doc.
15:24 Il y a deux problèmes.
15:25 Il y a effectivement celui de l'apparence d'actrice américaine moche.
15:30 Non, non, même avant.
15:32 En général.
15:33 Les comédiennes sont quand même castées sur leur physique.
15:38 Oui, d'ailleurs, elles disparaissent très vite.
15:41 Les actrices américaines sont encore plus vides que nos actrices françaises.
15:45 Mais après, ce qu'on montre aussi, c'est que ça va un peu mieux.
15:49 À travers le regard des femmes réalisatrices aussi, on avance.
15:53 Il y a quand même de plus en plus de rôles intéressants.
15:56 Et puis il y a aussi des exceptions, comme Isabelle Huppert, Fanny Ardant, ou autres.
15:59 Il y a des actrices qui n'ont jamais souffert de ça.
16:01 Mais qui ont tout fait pour ne pas faire le rage aussi.
16:04 Pour parler...
16:05 Ah, Fanny Ardant !
16:06 Tu vois, vous pensez qu'elle a fait de la show en Gifle ?
16:11 Bah oui, j'en ai marre.
16:12 C'est bien fait en tout cas.
16:13 Oui, c'est bien fait.
16:15 Mais ce qui est intéressant, c'est ce trou, ce gap, cette période entre 40 et 60 ans.
16:24 Avant, elle est mère de famille, où elle est séduisante.
16:27 Après, elle a des rôles de grand-mère.
16:29 Mais entre les deux, cette femme de, je vais dire, plutôt 50 ans, on a du mal à lui trouver
16:35 une fonction.
16:36 C'est-à-dire qu'elle est, comme le dit Agnès Jaoui, plus baisable.
16:38 Et c'est pareil à la télévision.
16:41 C'est en train de changer un petit peu.
16:43 Vous trouvez qu'il y a quand même une évolution ?
16:45 Alors, on voit l'évolution.
16:47 Mais d'un autre côté, j'ai l'impression que c'est quand même très compliqué également
16:50 pour nous, femmes de télévision, femmes de médias.
16:52 Ça reste très dur.
16:53 Oui, très dur.
16:54 Ça reste quand même compliqué.
16:56 On sent quand même cette pression et on sent ce décalage avec le nombre de places qu'il
17:02 y a pour les hommes par rapport à nous, femmes, le nombre de places qu'on nous laisse.
17:05 Et ça, c'est très français.
17:06 Parce que la télé américaine, vous avez des vieux animateurs ou des animatrices très
17:10 âgées.
17:11 Oui, bien sûr.
17:12 En Angleterre, c'est la même chose aussi.
17:15 En France, il y a beaucoup de vieux animateurs, mais pas beaucoup de vieilles animatrices.
17:18 Non, ça c'est sûr.
17:19 Non, il n'y en a pas énormément.
17:20 Encore moins dans le divertissement, dans la culture.
17:24 En info, un peu plus.
17:27 Mais dans la culture et dans l'animation d'émissions, il n'y en a pas beaucoup.
17:32 Comment elle voit les choses ? Il y a Léa Drucker qui est plutôt assez positive.
17:37 Oui, alors voilà, nous, on voulait s'intéresser à celles qui ont aussi un discours positif
17:42 pour quand même aller vers de la lumière.
17:44 Léa Drucker, elle, par exemple, elle est plus épanouie aujourd'hui.
17:47 Elle a vraiment eu un virage à partir de 40 ans.
17:51 Déjà, elle a eu sa fille, je crois que c'est une fille, assez tardivement et ça a tout
17:56 changé pour elle.
17:57 Et ensuite, tous les plus beaux rôles de sa vie sont venus après.
17:59 Son César aussi jusqu'à la garde.
18:01 Donc voilà, Valéria Bruni-Téleski, elle explique aussi.
18:04 Aujourd'hui, elle vit mieux cela.
18:06 Et Clotilde Courant en parle très bien.
18:07 Elle est très heureuse de son vécu aussi.
18:11 Elle est forte de son vécu.
18:12 Moi, ce qui m'a manqué dans votre documentaire, c'est un axe important.
18:15 Je pense que ça vient aussi des scénarios.
18:18 C'est-à-dire, si dans les scénarios, il n'y a pas de scénariste interviewé ou même
18:23 se demander...
18:24 Des diffuseurs, des producteurs.
18:25 Oui, se demander est-ce que les scénarios ne sont finalement pas écrits par des hommes
18:28 et qu'ils se disent quand ils écrivent "une belle fille rentre dans la pièce" et puis
18:32 voilà, il n'y a plus le rôle.
18:34 Alors ça, on en parle dans le documentaire.
18:36 Aura Tiké en parle très bien.
18:37 Marina Thaumé aussi qui a créé justement ce collectif pour le tunnel de l'actrice
18:41 de plus de 50 ans.
18:42 Mais nous, on voulait s'intéresser au ressenti des femmes.
18:46 C'est pour ça qu'on n'est pas allé interviewer les scénaristes, les réalisateurs, les producteurs
18:49 déjà parce que bon, à un moment, on est...
18:51 Mais c'est eux qui n'écrivent pas pour les femmes âgées.
18:53 Mais c'est eux qui sont moins inspirés.
18:55 C'est aussi pour ça qu'on explique le fait d'avoir des femmes réalisatrices qui émergent
18:59 de plus en plus, des femmes scénaristes aussi.
19:00 Finalement, ça aide la cause des femmes puisque elles, elles vont avoir l'inspiration et l'imagination
19:06 pour ces femmes-là.
19:07 Il y a eu des femmes scénaristes, j'en connais, à qui on a dit non, on ne veut pas de ce
19:11 genre.
19:12 On ne finance pas et on n'en veut pas.
19:13 En particulier à la télévision où cette femme, où on prend des femmes de 60-70 ans
19:21 pour jouer.
19:22 C'est un sujet avec des décalages.
19:23 C'est un vaste sujet.
19:24 C'est pour ça qu'on a pris aussi le témoignage de Claude Lelouch parce qu'on s'est dit, lui,
19:28 pour le coup, qui est un scénariste qui aime les femmes, toutes les femmes, qui a donné
19:33 des rôles absolument incroyables.
19:34 Récemment, Sandrine Bonner dans l'un de ses derniers films qui a un très joli rôle.
19:38 On s'est dit quand même, on voulait un témoignage d'homme et effectivement, Claude Lelouch,
19:43 c'était le mieux placé.
19:45 Et encore un documentaire sur l'endropose des acteurs.
19:47 C'est ce que dit Clotilde Couraud.
19:49 C'est ce que Clotilde Couraud propose.
19:50 Moi, j'aimerais beaucoup que Canal achète Rebelle avec un seul L.
19:56 On vous donne déjà quelqu'un qui nous en avait parlé.
20:00 C'était Gérard Lanvin qui dit qu'il n'avait plus de rôle à partir du moment où il a
20:04 commencé à vieillir.
20:05 Je pense que les hommes ont aussi des choses à dire.
20:08 Merci beaucoup, Lauriche Levoir.
20:11 On vous retrouve ce soir à regarder Rebelle, ce 23h10 sur Canal et le replay de MyCanal.
20:20 Et tout de suite, c'est Jean-Jacques Bourdin.
20:22 Très bonne journée sur Sud Radio.

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