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Espace : un rapport du Sénat se penche sur les enjeux de l’exploitation des « ressources extraterrestres ». Avec Christine Lavarde, Sénatrice LR Hauts-de-Seine.

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Transcription
00:00 - Prenons un peu de hauteur, partons un peu dans l'espace avec notre invitée Christine Lavarde qui est sénatrice Les Républicains des Hauts-de-Seine.
00:08 Bonjour. - Bonjour.
00:09 - Vous êtes co-auteur d'un rapport du Sénat très intéressant.
00:13 Qui rapport s'est penché ? Vous êtes penchée sur les enjeux de l'exploitation des ressources extraterrestres.
00:21 Alors j'ai regardé votre rapport de près, j'ai trouvé ça absolument passionnant, Christine Lavarde.
00:27 D'ailleurs vous avez pris beaucoup de plaisir, non ? - Exactement.
00:30 On a travaillé pendant près d'un an avec ma co-rapporteure et c'est un sujet, enfin dès qu'on rentre dedans on a envie toujours d'aller un petit peu plus loin.
00:38 Et c'est aussi un peu cette passion qui nous a animés dans notre travail qu'on souhaite partager avec la publication de ce rapport.
00:45 Mais au-delà de la passion, c'est aussi de montrer que ce sujet qui jusqu'à présent a été toujours traité sous l'angle de la science-fiction,
00:53 du combat des méchants contre les gentils, c'est en fait un enjeu économique, un enjeu stratégique,
00:58 et qu'on doit vraiment ouvrir les yeux et prendre conscience qu'il ne faut pas tarder.
01:01 - Il y a 56 ans, l'homme posait un pied sur la Lune.
01:07 D'accord, très bien, c'était un moment que vous n'avez pas vécu, mais moi que j'ai vécu, qui était un moment absolument extraordinaire.
01:16 Bien, 56 ans, et pendant de nombreuses années, bon, on n'a pas fait grand chose avec l'espace.
01:23 Et puis tout à coup il y a eu une accélération dans les années 2010 et aujourd'hui, une accélération, pourquoi ?
01:28 Parce que les Chinois et Américains notamment, mais pas que, s'intéressent à ce qu'il y a dans l'espace,
01:35 aux ressources, ressources sur la Lune, ressources sur Mars, sur les planètes, sur les astéroïdes,
01:40 des ressources diverses, mais infinies, des ressources minières, des ressources en eau, c'est infini, Christine Laval.
01:49 - Exactement, et c'est tout cet enjeu en fait, dont il faut qu'on prenne conscience, nous Américains,
01:54 parce que vous le dites très justement... - Bah nous Américains, non, nous Français.
01:56 - Nous Européens, pardon, l'absence révélateur, que sur ce sujet-là, il faudrait peut-être mieux être Américain ou Chinois qu'Européen,
02:05 en tout cas si on veut un jour pouvoir bénéficier justement de ces ressources extraterrestres,
02:10 et les plus proches de nous, les ressources lunaires et demain martiennes.
02:14 Et effectivement, comme vous le disiez justement, dans les années 60, on a marché sur la Lune, on a planté un drapeau,
02:21 on est resté quelques heures, on est reparti. Il ne s'est pas passé grand-chose depuis.
02:26 Dans les années 2000, dans la décennie entre 2010 et 2020, les Chinois sont allés plusieurs fois sur la Lune,
02:34 ils ont même réussi un alunissage sur la face cachée de la Lune, à ce jour ce sont les...
02:38 - D'ailleurs on en a peu parlé. - Voilà, mais ce sont les seuls qui ont réussi cet exploit.
02:42 Ils ont réussi à envoyer des roovers, ils ont réussi à extraire des matériaux, des échantillons qu'ils ont ramenés sur Terre.
02:49 Donc les Chinois, eux, ont fait beaucoup, on n'en a pas beaucoup parlé, parce que chez nous, Européens,
02:55 peut-être parce que nous, nous n'avons pas réussi aussi ce type d'exploit.
02:59 Et pourquoi est-ce qu'il est intéressant et surtout urgent qu'on se positionne sur cette question ?
03:03 C'est qu'effectivement, les corps extraterrestres contiennent des ressources dont nous ne disposons plus sur Terre,
03:11 ou en tout cas dans des conditions tellement difficiles pour les extraire,
03:15 que ces ressources vont nous manquer, notamment pour enclencher notre transition écologique.
03:19 - Alors, nous allons voir quelles ressources, nous allons voir ce qui est engagé, ce que nous pourrions faire,
03:24 tout ça, c'est contenu dans votre rapport.
03:27 Alors, sont concernés des planètes, la Lune, Mars et d'autres planètes, et des astéroïdes aussi.
03:34 - Alors, effectivement, dans le rapport, en fait, on cite, et notamment pour montrer qu'aujourd'hui,
03:38 il y a une connaissance scientifique sur un astéroïde qui s'appelle le Psyché,
03:43 qui contient plusieurs minerais dans des quantités importantes,
03:48 et on en vient même à écrire, en fait, à la rapport en plus...
03:50 - Du fer, du nickel, de l'orbe...
03:52 - De l'iridium, voilà. On peut après questionner la valorisation monétaire qui en est faite,
03:58 mais en tout cas, voilà, comme les sources disent qu'on pourrait subvenir aux besoins de l'humanité
04:04 pendant des millions d'années, ça veut dire quand même que ces ressources, elles sont présentes en quantité très importante.
04:10 Mais là, nous, notre rapport, il se focalise plus spécifiquement sur la Lune et sur Mars,
04:15 et pour montrer notamment qu'en fait, il faudra exploiter les ressources de la Lune,
04:21 parce que de la Lune, on partira ensuite pour suivre l'exploration, et certainement l'exploitation de Mars.
04:28 - Alors, chinois et américain, évidemment, travaillent dessus, avec le programme Artemis,
04:34 je crois que l'Europe est associée au programme Arte...
04:36 Non, voilà, la France est un peu associée au programme Artemis de la NASA.
04:40 - Alors, en fait, Artemis, ce sont des accords qui ont été signés, donc vraiment, à l'initiative des Etats-Unis,
04:45 et ces accords ont fait suite au Space Act de 2015,
04:49 mais ce dont il faut avoir conscience, donc la France a signé les accords Artemis,
04:53 l'Espagne a signé ses accords en début de cette semaine, donc aujourd'hui, il y a 24 pays qui ont signé les accords Artemis,
04:59 mais les accords Artemis, en fait, ce sont un peu un danger pour nous.
05:03 C'est-à-dire que d'une part, on a dit "d'accord, on se range derrière cette vision américaine",
05:08 et ces accords Artemis, enfin, ils autorisent quand même presque à aller jusqu'à une militarisation
05:15 de la première personne qui poserait le pied sur la Lune,
05:19 pour se protéger de toute ingérence qui pourrait être nuisible à ce qui en vient d'y faire.
05:24 - Parce que l'idée de la NASA et des Etats-Unis, c'est d'installer une présence durable sur la Lune.
05:28 - Exactement.
05:29 - Voilà, et donc utiliser les ressources locales pour installer cette présence,
05:35 lorsque je parle de ressources locales, c'est-à-dire créer les conditions de vie,
05:39 l'oxygène, le carburant, l'énergie pour un camp de base, par exemple,
05:44 ou pour des navettes entre Terre et Lune, pour l'habitat de ce camp de base.
05:51 C'est ça, l'idée américaine. D'ailleurs, les Chinois ont la même idée.
05:56 - C'est exactement ça, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a même une compétition entre les deux,
05:59 à savoir que les Américains, au début, avaient annoncé qu'ils seraient sur la Lune en 2025.
06:05 Bon, là, on n'y croit plus beaucoup, mais 2030, en tout cas, parait un horizon raisonnable.
06:10 Et les Chinois, qui ont un programme qui s'appelle le programme Change,
06:14 "change", je ne prononce peut-être pas très bien,
06:16 mais en tout cas, eux ont désormais avancé à 2029,
06:20 l'alunissage de trois taïkonautes et l'installation de leur base de vie.
06:25 Donc, on voit bien qu'on est dans une conquête, une guerre entre ces deux grandes puissances spatiales.
06:31 Et effectivement, vous le disiez très justement,
06:33 sur la Lune, on peut trouver toutes les ressources qui permettent ensuite de subvenir aux besoins humains.
06:40 Alors, ces ressources, elles ne sont pas disponibles directement, il faut les transformer.
06:44 - Les transformer, oui.
06:45 - L'eau, par exemple, elle est présente sous forme de glace, uniquement au pôle sud, dans des cratères,
06:51 mais à partir de l'eau, par des réactions chimiques, on peut obtenir de l'oxygène,
06:56 on peut arriver à produire de l'énergie.
06:58 - D'ailleurs, il y a une course incroyable vers cette zone de la Lune.
07:03 Ce pôle sud de la Lune, qui n'est pas...
07:05 Le lieu, ces cratères, c'est pas très grand, c'est une zone de la taille de l'agglomération parisienne,
07:11 vous dites dans votre rapport.
07:12 - Exactement, donc c'est même tout petit en fait.
07:13 - C'est même tout petit, donc la chinoise et l'américain sont en compétition pour être les premiers à s'installer et à installer leur base.
07:21 - Mais voilà, nous on ose écrire que ce sera premier arrivé, premier servi.
07:25 - Oui, évidemment, évidemment.
07:28 Alors, bon, sur la Lune, il y a beaucoup de choses,
07:32 mais sur Mars, il y a encore plus peut-être.
07:35 - Il y a beaucoup plus sur Mars.
07:37 - Il y a beaucoup plus, donc aller sur la Lune, installer des bases sur la Lune,
07:41 c'est aussi se donner la possibilité d'installer une base relais pour aller ensuite sur Mars.
07:47 - C'est tout l'enjeu, c'est-à-dire que déjà, décoller de la Lune, c'est beaucoup plus facile que de décoller de la Terre,
07:53 parce que la pression gravitationnelle est moins forte, donc on peut plus facilement repartir.
07:57 En partant de la Lune, on a déjà fait une petite partie du chemin pour aller jusqu'à Mars,
08:03 et puis il faut tester quand même un certain nombre de fonctionnements,
08:08 et le faire sur la Lune, qui est plus proche de nous, permettra effectivement d'aller demain sur Mars.
08:14 Mais l'enjeu, c'est bien d'aller sur Mars, où on a beaucoup plus d'eau,
08:17 on a beaucoup plus de ressources, oxygène, parce que l'atmosphère est composée de CO2.
08:22 - Et puis on peut cultiver sous serre, enfin, on l'a vu au cinéma, mais c'est possible.
08:26 - Oui, le sol martien est beaucoup plus agréable pour les humains que le sol lunaire,
08:32 le régolithe, c'est pas une matière très agréable.
08:35 - Le régolithe, c'est poussière un peu.
08:37 - Poussière. - Mais il y a de l'eau dans la poussière, là.
08:39 - Alors, c'est une poussière... - Il y a des minerais aussi dans cette poussière lunaire.
08:43 - Oui, mais alors, en petite quantité, donc ça nécessite de la casser vraiment en minuscules particules
08:48 pour ensuite extraire effectivement les choses qui nous intéressent.
08:51 Mais avant ça, il faut quand même lutter contre une poussière abrasive, cancérigène,
08:56 enfin, voilà. - Bon, donc on mesure les enjeux stratégiques,
08:59 on mesure les enjeux politiques, et puis il y a aussi des enjeux juridiques.
09:04 Moi, je me pose la question, qui a le droit de s'approprier ces ressources ?
09:10 - En théorie, personne. - En théorie, personne ?
09:13 Ça appartient à l'humanité toute entière. - Exactement.
09:16 - Ça appartient... Oui, oui, oui. - Oui, oui, ça appartient à l'humanité,
09:20 c'est ce que les États ont dit, en fait, on a un traité sur l'espace de 1967
09:26 qui dit que nul n'a le droit de s'approprier les astres,
09:30 mais par contre ce traité ne dit pas ce qu'on pourrait faire des ressources tirées de ces astres.
09:36 - Oui, je comprends. - Et c'est là où en fait il y a une sorte de vide juridique,
09:39 et le traité sur la Lune de 1979, lui, il parle explicitement des ressources,
09:47 sauf qu'en fait personne ne l'a jamais signé. Enfin, en tout cas, aucune grande puissance spatiale.
09:51 La France l'a fait, mais elle n'a pas ratifié, donc c'est pas très engageant.
09:55 Et par contre, aujourd'hui, un certain nombre d'États ont pris dans le dur des actes nationaux
10:01 qui autorisent l'exploitation des ressources par leurs citoyens.
10:05 - D'accord. - Et par exemple, en Europe, un pays l'a fait, c'est le Luxembourg.
10:08 - Le Luxembourg ? - Le Luxembourg, et bien oui, ça vous étonne,
10:11 mais ce pays s'est dit "aujourd'hui, mon économie, elle est basée sur la finance,
10:15 j'ai besoin de me diversifier, la conquête spatiale, voilà une source de diversification pour l'avenir".
10:20 - Ça c'est extraordinaire, c'est extraordinaire. Oui, c'est pas idiot d'ailleurs.
10:25 Et Luxembourg, c'est l'Europe. Alors l'Europe, où est-elle au milieu de ce combat entre les États-Unis et la Chine ?
10:32 - Alors l'Europe, bon, l'Europe aujourd'hui, déjà elle a un petit problème, c'est qu'elle n'a pas de lanceur.
10:37 - Oui, c'est vrai. - Temporairement, j'espère.
10:39 Je crois dans le succès d'Ariane 6. - Ariane 6, oui.
10:44 Après, l'Europe, elle n'a pas fait de l'exploitation des ressources le cœur de sa priorité, de sa politique spatiale.
10:52 Après, on a des atouts quand même, on est très fort dans tout ce qui est de l'observation.
10:56 Demain, ce seront aussi des compétences à mobiliser pour l'exploitation.
11:01 - Oui, évidemment, il faut, évidemment. Mais enfin, on a pris du retard ? L'Europe a pris du retard ou pas ?
11:06 - L'Europe a encore une carte à jouer, c'est-à-dire aujourd'hui, ce dont on est sûr, c'est qu'on ne sera pas les premiers.
11:12 Les Américains et les Chinois seront là avant nous.
11:15 Après, il faut tout faire pour pouvoir être là peu de temps après eux.
11:18 Et surtout, on doit aujourd'hui peser justement sur l'évolution du droit.
11:23 On sait que cette exploitation, elle aura lieu. Par contre, les modalités de cette exploitation, elles ne sont pas du tout encore fixées.
11:30 Et on doit, je pense, pouvoir embarquer avec nous d'autres pays qui sont aussi en train de se constituer en puissance spatiale.
11:37 Je pense à des pays africains, je pense à l'Inde, je pense au Brésil,
11:40 qui aujourd'hui, comme nous, n'ont techniquement pas la capacité d'aller,
11:43 mais qui n'ont aucune raison, comme nous, de voir toutes ces ressources leur échapper
11:48 par une exploitation menée uniquement par la Chine et les États-Unis, finalement, au détriment du reste de l'humanité.
11:53 - Alors, je rappelle la Russie qui s'est rangée derrière la Chine.
11:56 Finalement, qui n'est pas... Alors que les deux grandes puissances auparavant,
12:01 c'était les États-Unis et l'URSS, aujourd'hui, ce sont les États-Unis et la Chine.
12:05 La Russie a pris du retard aussi.
12:07 - La Russie a pris du retard aussi, effectivement. Elle a toujours son lanceur Soyouz,
12:10 mais sur le reste, elle a, elle aussi, pris du retard.
12:13 - Elle a, elle aussi, pris du retard.
12:14 Bien, donc voilà une opportunité économique majeure.
12:19 Dites-moi, c'est extraordinaire que le Sénat s'intéresse à ça.
12:22 - Ah mais le Sénat s'intéresse à tout.
12:24 - Non, non, mais je suis...
12:25 - Et surtout, c'est un sujet où, en fait, aujourd'hui même, nous, en tant que parlementaires français,
12:29 on a une loi de 2008 qui nécessite d'être un peu, justement, toilettée, d'évoluer avec les nouveaux enjeux.
12:37 Et quand on voit qu'autour de nous, je vous ai parlé du Luxembourg,
12:40 mais la Belgique aussi a pris en droit national des dispositions, justement, sur cette question des ressources,
12:47 nous, on ne peut pas rester les derniers, alors qu'on est quand même...
12:49 - On n'a pas de... Nous, il faut qu'on... Il faut qu'on dépose une proposition de loi.
12:53 - Oui, voilà, on est le pays d'Herbus, d'Ariane Thalès...
12:55 - Déposez une proposition de loi, Christine Lavalle !
12:56 - Mais c'est ce à quoi nous réfléchissons !
12:58 - Ah bon ! Déposer une proposition de loi pour... Ben, pour exister, quoi !
13:02 - Ah !
13:03 - Ben non, mais il faut bien que la France existe !
13:05 - Il faut que la voix de la France se fasse entendre, effectivement !
13:07 - Effectivement ! Donc, c'est une initiative du Sénat ! C'est bien, ça !
13:10 Bon, merci beaucoup !
13:12 - Merci !
13:12 - C'est... Ah ! Bravo ! Parce que c'est... Non, mais c'est formidable de s'intéresser à autre chose que notre nombril...
13:19 Notre nombril franco-français !
13:21 - Et aux ânes, et...
13:23 - Exactement ! Non, non, mais... Non, non ! Levons la tête un peu, vers le ciel !
13:26 - Merci. - Merci.

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