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[Un témoignage inédit au micro de Jacques Vendroux pour Europe 1] En 1990, Yannick Noah arrête définitivement le tennis, marquant la fin d’une ère dans sa vie. Désormais capitaine de l’équipe de France de tennis, il éprouve le besoin de se réinventer. Il décide alors de donner vie à un autre de ses rêves les plus fous : devenir chanteur. Le tennisman a toujours chanté partout, tout le temps. La musique est sa thérapie. Seulement quelques semaines plus tard, le champion de Roland-Garros sort “Saga Africa”, la chanson qui deviendra le tube de l’été 1991… Dans l’épisode 8 de “Yannick Noah : entre vous et moi”, Yannick Noah se confie sur sa reconversion en chanteur de variété française et explique ce que la musique représente pour lui.



Pour les 40 ans de la victoire de Yannick Noah à Roland-Garros, Europe 1, radio officielle du tournoi, s’est rendue au Cameroun pour rencontrer la légende du tennis français. Il a accepté de se confier comme jamais auparavant sur ses rêves d’enfant, ses souvenirs de champion et sa nouvelle vie en Afrique au cours d’un entretien exceptionnel au micro de Jacques Vendroux.

Mots-Clés : Chanteur - Saga Africa - Simon Papa Tara - Musique - Stade de France - Robert Goldman

Crédits :

« Yannick Noah, entre vous et moi ». Un témoignage exceptionnel recueilli par Jacques Vendroux au Cameroun pour Europe 1.

Production Europe 1 Studio : Sébastien Guyot

Réalisation et Direction artistique : Xavier Jolly

Coordination Communication : Kelly Decroix

Diffusion et rédaction : Eloïse Bertil avec la rédaction d’Europe1.fr

Direction artistique visuel : Sidonie Mangin

Crédits photo : ©BENJAMIN AUGER/PARIS MATCH/SCOOP

Archives Europe 1 : Sylvaine Denis, Laetitia Casanova, Benoît Muckensturm
Retrouvez "Yannick Noah, entre vous et moi" sur : http://www.europe1.fr/emissions/podcast-yannick-noah

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Transcription
00:00 Moi j'ai essayé de survivre dans ces nombreux tourbillons de ma vie.
00:06 J'ai essayé de survivre.
00:08 Et il s'est trouvé que mon éducation, le parcours que j'ai eu,
00:14 le fait d'avoir réussi dans le tennis m'a renforcé dans l'idée qu'il fallait que je suive mon instinct.
00:21 Quand je commençais, on me disait toujours "t'es trop petit, tu ne seras jamais un bon joueur",
00:26 "tu es français, tu ne gagneras jamais",
00:28 "oui mais tu fais la fête, tu gagneras".
00:32 J'ai toujours été souvent à contre-courant,
00:35 mais heureusement j'ai toujours écouté ma petite voix, mes rêves.
00:40 J'ai écouté mes rêves en fait.
00:42 Yannick Noah a toujours rêvé de devenir chanteur.
00:49 Au départ, personne ne croit en lui.
00:52 C'est Robert Goldman, le frère de Jean-Jacques, qui va lancer sa carrière.
00:57 Bienvenue dans Yannick Noah, entre vous et moi.
01:00 Entre vous et moi.
01:02 Un podcast européen, une saga exceptionnelle en dix épisodes.
01:06 Salut à tous, nous sommes à Etoudi, dans le lieu dit village Noah.
01:11 Épisode 8, la musique, ma thérapie.
01:15 Et un de mes rêves, et une de mes inquiétudes,
01:20 c'était après ce parcours tellement passionnant de voyages, de rencontres.
01:26 J'étais joueur de tennis 12 ans, professionnel.
01:30 J'ai fait 8 fois le tour du monde, j'ai été dans tous les pays du monde,
01:35 j'ai des amis partout.
01:37 J'ai vécu une vie merveilleuse, je ne changerais vraiment rien.
01:41 Et s'il y a quelque chose, peut-être que je ne me suis jamais remercié assez.
01:46 Mais j'avais cette inquiétude, c'est "qu'est-ce que je fais après ?
01:50 La reconversion, qu'est-ce que je fais après ?"
01:53 Il y avait des options, commentateur, entraîneur, coach.
01:58 Mais à l'intérieur de moi, ce n'était pas un truc qui allait me donner envie de me rêver.
02:03 Bien sûr, j'aurais pu vivre comme ça toute ma vie.
02:06 Mais mon rêve, c'était de chanter.
02:08 C'était un rêve.
02:10 J'avais envie de le faire et j'avais envie d'aller au bout.
02:12 Il se trouve que mon premier album,
02:15 et le premier titre tiré de mon premier album,
02:18 je viens d'arrêter de jouer au tennis, il y a quelques semaines.
02:21 Il se trouve que le premier, Dominique Cancien, a aimé "Saga Africa".
02:25 Elle est cheffe des programmes de TF1.
02:27 L'année d'avant, c'était la Lambada.
02:29 Elle dit "cette année, c'est bien ce titre.
02:32 C'est marrant ce joueur de tennis, ça a l'air bien son truc.
02:36 Il bouge à peu près bien, on va faire un truc."
02:41 Et il se trouve que l'été 91, "Saga" est numéro un.
02:45 Mais sauf que je suis capitaine de l'équipe de France, de la Coupe d'Evis.
02:49 L'année qui est supposée être l'année la plus compliquée de ma vie à ce moment-là.
02:55 C'est-à-dire, j'arrête de jouer. Qu'est-ce que je fais ?
02:58 Je suis en finale de la Coupe d'Evis et j'ai un album.
03:03 Et mon titre est premier du top 50 à l'époque.
03:07 Et moi j'ai ma musique parce que j'ai mon petit studio.
03:17 Je vais continuer un petit truc, ça me plaît bien moi.
03:19 Parce que je ne m'entraîne plus.
03:21 Quand tu t'entraînes 4-5 heures par jour pendant 20 ans,
03:24 et que de coup, tu as 4-5 heures par jour à imbranler,
03:27 normalement, tu sors le soir, bras des coups.
03:30 Donc là, heureusement, j'ai commencé à faire un peu de musique, un album, puis deux.
03:35 Pour m'amuser, j'ai fait des tournées dans les MJC.
03:39 Ce n'est pas venu tout de suite.
03:41 Parce qu'après "Saga Africa", j'ai fait des trucs assez médiocres.
03:44 Mais on s'éclatait. Tourner dans le bus avec les potes.
03:48 Aller de ville en ville. Chanter dans des salles où il y avait 10 personnes,
03:53 dont un mec avec son chien, qui aboyait pendant des chansons.
03:56 Je parlais de la vie et de la mort.
03:58 Des trucs extraordinaires. Mais tout ça dans...
04:00 Et là, ça me plaisait. Encore des répétitions.
04:05 Et puis un jour, j'ai eu la chance de rencontrer Robert Goldman,
04:09 qui me dit "J'ai un album pour toi".
04:12 Je lui dis "Mais de quoi tu parles ? J'ai un album pour toi."
04:15 On est passé des MJC où j'ai appris le boulot, j'ai appris le métier,
04:18 à jouer dans des endroits où les gens n'ont rien à foutre de ce qu'on faisait.
04:22 J'ai appris ça. J'ai appris le métier.
04:25 Et puis du jour au lendemain, on joue des Zéniths, et là, je maîtrise.
04:38 Là, je maîtrisais. Et voilà, la carrière, 13 albums, Stade de France...
04:45 Un autre rêve.
05:05 Depuis le début, toutes les chansons que j'ai écrites...
05:08 Alors, bien sûr, tu ne les connais pas parce que c'était plus que médiocre.
05:12 Mais en tout cas, ensuite, j'ai toujours essayé de raconter des choses qui me touchaient.
05:21 Des mots qui comptent pour moi, des aventures que j'ai vécues.
05:25 C'était toujours du vécu.
05:27 Je parlais beaucoup de mon métissage, je parlais beaucoup de la foi.
05:34 J'ai toujours dans toutes mes chansons une proposition optimiste.
05:40 Je n'ai pas envie dans mes chansons...
05:43 Ça, c'est un choix, dès le début, de parler des problèmes.
05:47 Il y en a qui font ça très bien.
05:50 Moi, ce n'est pas mon truc.
05:51 Pourquoi ? Parce que je ne suis pas un chanteur technique.
05:54 Les cours de chant que j'ai pris, c'était pour pouvoir exprimer les choses
05:58 que je n'avais pas pu exprimer en tant que sportif.
06:01 Pour moi, ma thérapie de chanteur, c'est d'exprimer des choses qui vibrent en moi.
06:06 [Musique]
06:34 Simon Papatara, c'est une relation que j'ai avec mon grand-père,
06:41 que Robert a mis en chanson de manière géniale.
06:45 Parce qu'elle est à la fois simple, mais elle raconte cette rencontre-là.
06:49 Elle était numéro un.
06:53 Tu ne peux pas imaginer ce que c'est.
06:58 Le chant, pour moi, c'est une thérapie.
07:01 Je chante sous la douche, ça me fait du bien.
07:03 Je chante en répétition, ça me fait du bien.
07:05 Je chante en concert.
07:06 Maintenant, les gens qui en plus ressentent les chansons
07:10 parce que mes chansons ont résonné en eux,
07:12 parce que ça les a touchées, parce que ça les a fait sourire.
07:16 Tu ne peux pas imaginer être au Stade de France,
07:20 80 000 personnes, dont 79 500 Français blancs,
07:26 quand je fais « Oui, je sais que tu es en moi »
07:29 et que t'entends 80 000 personnes qui font « Si ! »
07:32 [Musique]
07:40 Il faut les avoir bien accrochés, parce que tu es sûr qu'ils t'entendent.
07:47 Il y a des chansons comme ça qui résonnent,
07:51 et j'en ai un paquet.
07:54 J'ai fait 13 albums, j'ai eu 7-8 numéro 1,
07:57 j'ai vendu 7 millions d'albums.
08:00 C'est parce qu'il y a des chansons que j'ai faites de la variété,
08:04 parfois autre chose, mais j'ai des chansons qui résonnent.
08:09 Et moi, ce qui me plaît dans « Et ma victoire à Roland »
08:12 ou quand je fais des concerts,
08:14 c'est de pouvoir transmettre quelque chose à l'autre.
08:16 Tu imagines, c'est un luxe, et ça va dans mon quotidien.
08:20 Je veux dire, un monsieur qui arrive que je n'ai jamais vu,
08:24 qui est ému et qui me demande une photo,
08:28 moi j'ai 5 secondes pour lui donner un truc,
08:31 il repart, le mec il est content.
08:32 Tu imagines le pouvoir que tu as de donner du bonheur aux gens,
08:35 mais je n'ai besoin de rien moi dans la vie là.
08:38 C'est bon là, là c'est bon là.
08:40 Jusqu'à la fin, j'aurai ça.
08:42 Et ça, c'est merveilleux.
08:45 Tu ne me verras jamais passer avec des lunettes noires au milieu des gens,
08:49 avec mon Walkman pour faire comme si je ne vous entendais pas.
08:52 Mais putain, mais moi je m'arrête quoi,
08:54 parce que c'est un bonheur.
08:56 Mais ce qui est beau c'est que les gens,
08:58 ce qui fait la beauté c'est qu'il y a des gens qui ont vibré.
09:01 Et la musique ce n'est que ça en fait.
09:05 C'est faire vivre.
09:06 Je suis en studio, je me dis mais oui, ça résonne en moi,
09:09 parce que c'est vrai.
09:10 Et quand moi je chante, je chante avec mes tripes,
09:13 je chante comme je sens,
09:15 avec la possibilité qu'avait pas le sportif,
09:19 de pouvoir hésiter, de pouvoir douter,
09:22 de pouvoir avoir un peu de douceur.
09:24 Des fois je chante, je me dis mais putain je chante,
09:26 là c'est limite, limite quoi, limite folle quoi.
09:30 Et c'est, j'aime ça, j'aime ça,
09:33 parce qu'il y a aussi ce côté là où j'ai,
09:35 j'aime le côté un peu délicat, j'aime tout ça.
09:38 Et ça j'ai cette possibilité,
09:40 c'est ma thérapie de pouvoir exprimer ça à travers mon travail.
09:44 C'est mon boulot quoi, je dois remercier qui encore ?
09:48 C'est mon boulot, c'est fou.
09:51 Mais là Marfey, c'est le dernier.
09:53 C'est le dernier album.
09:55 La Marfey, pourquoi ?
10:06 Parce que les racines que j'ai,
10:09 cette partie de moi que j'ai du Cameroun,
10:12 c'est étonnamment grâce à ma mère,
10:14 qui est française.
10:16 Et là, c'est merveilleux,
10:18 parce que bien entendu c'est l'ambassadeur du métissage,
10:22 évidemment que moi je suis franco-cameronais,
10:25 j'adore mes deux pays.
10:27 Il y a des gens qui ne comprennent pas,
10:28 mais tant pis pour les ignorants.
10:30 Mais j'ai cette chance de pouvoir avoir la possibilité
10:33 d'apprécier deux pays.
10:35 Et quand je dis deux pays,
10:36 c'est parfois même deux continents,
10:38 parce que tout ce qui est francophonie,
10:39 tout ce qui est Afrique,
10:41 je viens du Sénégal,
10:42 mais c'est comme si j'étais sénégalais,
10:44 où ils ne voient rien quoi.
10:45 J'ai cette connexion avec les gens qui est incroyable.
10:49 Mais tout ce truc là,
10:50 à un moment où je fais une première chanson
10:52 qui s'appelle « Back to Africa »,
10:56 sur cette terre où on est,
10:58 mais si, grâce à maman.
11:04 Donc je voulais faire un clin d'œil à maman.
11:08 Mais pourquoi la Marfait ?
11:10 Eh bien la Marfait, parce que c'est dans les Ardennes, figurez-vous.
11:12 Et que c'est un endroit dont maman me parlait
11:16 quand elle était ici,
11:18 quand elle avait un peu trop chaud,
11:20 quand les saisons lui manquaient,
11:25 le printemps lui manquait,
11:27 quand l'automne lui manquait,
11:29 parce qu'il fait toujours chaud ici,
11:31 et que tant bien même elle aimait ici,
11:32 elle me parlait de sa Marfait.
11:34 Du moment où elle allait,
11:35 quand il pleuvait,
11:37 elle mettait un petit blouson, un petit cahué,
11:39 où elle mettait son petit cahué,
11:40 où elle allait prendre les fraises des bois,
11:42 et c'était à la Marfait.
11:44 Et quand elle écoutait ses disques de Brel,
11:48 c'était pas juste qu'elle écoutait un disque,
11:50 elle était là avec une mélancolie,
11:54 douce et belle, tu vois,
11:57 c'était pas une tristesse.
11:59 Et donc, à un moment où je suis ici,
12:01 dans cette chaleur-là,
12:03 je me dis que je suis là,
12:04 et je vis cette aventure merveilleuse de ma vie,
12:08 de mon destin en fait,
12:10 grâce à maman.
12:11 Donc la Marfait.
12:12 [Musique]
12:16 [Musique]
12:19 [Musique]
12:45 Vous venez d'écouter Yannick Noah
12:47 entre vous et moi.
12:49 [Musique]
12:54 Un témoignage exceptionnel
12:56 recueilli par Jacques Vandrouw au Cameroun
12:58 pour Europe 1.
12:59 Dans l'épisode suivant...
13:01 J'étais à New York longtemps,
13:03 j'étais à Paris,
13:04 je débarque et tout d'un coup,
13:05 papa part, et là, tout d'un coup,
13:06 je suis chef.
13:07 Moi, c'était toujours Yann,
13:09 tonton Yann,
13:10 papa Yann,
13:12 majesté,
13:14 majesté,
13:16 OK.
13:18 Yannick Noah entre vous et moi.
13:20 Entre vous et moi.
13:22 Production Europe 1 Studio,
13:24 Sébastien Guillot.
13:25 Réalisation et direction artistique,
13:27 Xavier Joli.
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13:36 [Musique]

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