Thomas Sotto reçoit Jordan Bardella, président du Rassemblement national dans les 4 vérités.
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00:00 [Générique]
00:03 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Jordan Bardella.
00:05 Bonjour, merci de votre invitation.
00:07 Ma première question, je ne sais pas trop si elle est politique, si elle est sociétale, si d'ailleurs c'est une question ou une indignation.
00:12 Je vais vous parler de Kenzo, ce petit garçon atteint d'un cancer du cerveau qui voulait réaliser son rêve en allant voir un match de l'OM à Ajaccio samedi.
00:19 Certains "supporteurs" d'Ajaccio n'ont pas supporté de voir ce petit bonhomme de 8 ans porter un maillot de l'OM.
00:24 Ils ont même brûlé ce maillot.
00:26 Comment peut-on en arriver là aujourd'hui en France ?
00:29 Je pense que ce qui est arrivé à ce jeune garçon, qui est absolument sordide, traduit l'ensauvagement de notre société
00:37 et traduit une relation en rapport de plus en plus décomplexée à la violence.
00:43 Moi je crois que cet ensauvagement et cette décivilisation...
00:47 C'est le mot qu'a employé Emmanuel Macron la semaine dernière ?
00:50 Oui, on amerait que les actes suivent.
00:52 La conséquence de l'effondrement de l'autorité dans notre société et de l'incapacité de notre société à être pacifiée aussi par une justice
01:01 qui met de côté, par des peines dissuasives, ce rapport à la violence.
01:06 Donc j'adresse évidemment mon soutien à ce jeune garçon, à sa famille.
01:11 La réponse doit être judiciaire ? On est un peu désarmé face à un gouvernement pareil.
01:16 Non, on n'est pas désarmé. L'État était désarmé. Il faut une réponse pénale.
01:19 Tous les Français font le constat que la justice est laxiste.
01:23 Que la justice est trop souvent du côté des agresseurs, trop souvent du côté de celui qui commet le crime ou le délit...
01:29 Vous n'allez pas mettre 10 ans en prison à un abruti qui a fait un maillot quand même ?
01:32 Je pense que si vous faites un exemple, je pense que ça dissuade 99% des gens qui sont tentés de commettre ce type de méfaits de passer à l'acte.
01:41 Pourquoi est-ce qu'il y a de la violence dans notre société ? Parce que la justice ne fait plus peur.
01:44 Parce que l'échelle des peines s'est effondrée dans notre société et que l'atteinte à l'intégrité physique devrait retrouver dans le système pénal français un caractère quasi sacré.
01:55 Et vous le savez, Marine Le Pen l'a porté pendant la campagne présidentielle.
01:58 Nous souhaitons que les aménagements de peine soient impossibles au-delà de 6 mois fermes lorsque, évidemment, on parle d'atteinte à l'intégrité physique.
02:07 Parce que si on ne ressacralise pas le fait de toucher à une personne, de toucher à un enfant, de toucher à un individu, de toucher à un policier, de toucher à un élu,
02:16 alors, évidemment, le laxisme se poursuivra dans notre société.
02:19 Je pense que c'est affaire de volonté politique.
02:21 Mais depuis trop longtemps, on cherche systématiquement à trouver des excuses à celui qui commet la violence dans notre société.
02:26 Il y a un processus, c'est l'ensauvagement de notre société.
02:29 Il y a une réponse, c'est la loi, l'ordre et le retour à une justice ferme, efficace et dissuasive.
02:35 – Vous parliez d'Emmanuel Macron, il parle beaucoup de vous en ce moment, le chef de l'État.
02:38 Il vous défend quand sa première ministre traite le RN de parti héritier de pétain.
02:41 Est-ce que vous diriez, comme Sophie Binet, la nouvelle numéro 1 de la CGT, qu'il vous fait la courte échelle, Emmanuel Macron ?
02:47 – Non, je pense qu'Emmanuel Macron fait preuve de cynisme quand il en vient à recadrer sa première ministre.
02:57 Parce que c'est la moindre des choses, d'ailleurs, parce qu'elle compare 42% du corps électoral français à des héritiers de pétain.
03:04 Mais qu'il ne se gêne pas pendant les entre-deux-tours de campagne présidentielle d'aller par exemple à Auradour sur Glane
03:10 et de tenter d'instrumentaliser les moments les plus douloureux de l'histoire de France.
03:14 D'instrumentaliser les drames que nous avons connus dans notre histoire,
03:18 et notamment durant la seconde guerre mondiale, pour salir un mouvement politique.
03:22 C'est une forme de cynisme, donc il faut retrouver un peu de calme.
03:26 Et moi j'aimerais dire au gouvernement et au président de la République,
03:29 faites honneur à la démocratie française, combattez-nous sur nos idées, combattez-nous sur notre proposition,
03:34 combattez-nous sur la vision que nous portons pour la France et pour les Français,
03:37 et arrêtez de nous salir parce que en nous salissant, en nous attaquant, en nous insultant,
03:42 en considérant que nous sommes les héritiers… – Je pense qu'il vous défend, par rapport à…
03:46 – Je pense que c'est plus complexe que ça.
03:48 Eh bien vous salissez des millions et des millions de Français qui sont des patriotes sincères
03:51 et qui considèrent que notre mouvement est aujourd'hui un espoir pour les Français.
03:54 – Je vous parlais de Sophie Binet qui ne veut toujours pas que la réforme des retraites s'applique à partir du 1er septembre,
03:58 même si le gouvernement a commencé à en publier les décrets d'application.
04:01 À quoi va servir la journée de mobilisation qui est prévue demain, la 14ème depuis janvier ?
04:05 – Je pense que les Français sont résignés. – C'est fini ? La bataille des retraites c'est fini ?
04:10 – Bah écoutez, en l'occurrence, moi je viens de dire, moi je suis à la tête d'un mouvement politique
04:14 qui s'est battu contre cette réforme des retraites, qui a le premier groupe d'opposition à l'Assemblée,
04:17 et qui vient de dire aujourd'hui aux Français, et notamment à ceux qui travaillent dur,
04:21 à ceux qui rentrent tôt sur le marché du travail, à cette France des BTS, à cette France des métiers manuels,
04:26 si nous arrivons à la tête de l'État, nous permettrons à tous ceux qui ont commencé à travailler entre 17 et 20 ans
04:32 de partir à 60 ans et 40 annuités de cotisation.
04:37 – En attendant, est-ce que le gouvernement a gagné cette première manche selon vous de la bataille des retraites ?
04:41 – Le gouvernement a violé le chemin démocratique, donc si vous voulez, quand il n'y a pas de vote à l'Assemblée nationale,
04:45 que le Parlement est contre, quand on n'entend pas la volonté du peuple français…
04:48 – Il y a eu une motion de censure.
04:49 – Oui, bah écoutez, c'est la conséquence logique de l'élection d'Emmanuel Macron.
04:52 Oui, mais la motion de censure n'est pas le vote sur le texte initial.
04:56 Le gouvernement souhaite une démocratie sans peuple et sans Parlement.
05:00 Ça ne fonctionne pas comme ça.
05:02 Et moi, je viens de dire aux Français, ce que vous vivez n'est que la conséquence de choix politiques.
05:07 Il y a des élections européennes dans moins d'un an, il y a des élections présidentielles et législatives dans quatre ans.
05:11 Le Rassemblement national prépare l'alternance.
05:14 Dans le mouvement social, il est libre de s'organiser comme il le souhaite.
05:18 – Vous les soutenez les manifestants de demain comme vous les avez soutenus ces dernières semaines ?
05:21 – Mon rôle n'est pas tant de soutenir les mobilisations
05:23 que d'offrir un débouché politique à la colère sociale.
05:26 Il y a une coagulation des colères aujourd'hui.
05:28 On a le sentiment que tous les Français dans notre pays ont un motif légitime pour descendre dans la rue.
05:32 Il y a une crise très importante de l'inflation, elle n'est pas réglée.
05:35 Il y a une crise du pouvoir d'achat, il y a une crise sociale qui n'est pas réglée
05:39 et qui vient du fait qu'on impose à l'immense majorité des Français
05:42 une réforme qui va rendre le système des retraites,
05:45 non pas à l'équilibre comme ça nous avait été promis, mais en déséquilibre.
05:48 Et qui va même dès la première année, c'est-à-dire dès l'année 2024
05:52 quand elle va rentrer en fonctionnement, va coûter plus qu'elle ne rapporte dans les caisses de l'État.
05:59 – Elle a quand même rassuré l'agence Standard & Poor's qui n'a pas dégradé la main de la France.
06:02 – Donc tout ça a été n'importe quoi.
06:03 Si Emmanuel Macron a dû faire cette réforme des retraites,
06:05 c'est d'une part parce que ça fait partie des revendications de la Commission européenne
06:08 et il faudra sanctionner l'Union européenne aux élections européennes l'an prochain.
06:12 – Ça faisait partie de ses engagements électoraux quand il a été élu il y a un an.
06:14 – Et c'était probablement la crainte, M. Meink l'a avoué, de voir les taux d'intérêt monter.
06:18 Donc il fallait donner quitus et il fallait donner des gages au marché financier.
06:22 – Est-ce que vous pourriez être parmi les alliés de circonstance que va chercher LFI
06:27 en déposant sans doute une nouvelle motion de censure contre le gouvernement ?
06:30 Est-ce que vous pourriez voter cette motion de censure ?
06:32 – D'abord moi je ne suis pas sectaire, on lira les motions de censure et vous savez…
06:35 – Pour être clair, est-ce que vous dites aujourd'hui il faut faire tomber le gouvernement ou pas ?
06:39 – Nous l'avions dit, maintenant il y a eu des votes de motions de censure.
06:42 Je pense que le meilleur moyen de faire tomber le gouvernement
06:46 c'est de sanctionner ce gouvernement lors des élections européennes qui ont lieu dans moins de 12 mois.
06:51 – Donc ce n'est pas la motion de censure qui arriverait peut-être dans quelques jours ?
06:53 – Il faut que tout le monde prenne ses responsabilités, moi je les prendrais, je ne suis pas sectaire.
06:57 Vous savez le sectarisme en 30 ans de vie politique, mon mouvement politique n'a fait que le subir.
07:02 Nous voterons les motions de censure, je ne sais pas, s'agissant de celle de la France Insoumise,
07:07 nous la lirons d'abord avant de la voter, mais je n'ai aucune difficulté à voter des textes
07:12 qui ne viennent pas de ma famille politique parce que je ne suis pas sectaire
07:15 et que bien souvent en politique le sectarisme confine à la bêtise.
07:19 Je vous rappelle que si la NUPES était réellement dans l'opposition à Emmanuel Macron,
07:23 s'ils avaient plutôt d'aboyer, d'hurler, de transformer l'Assemblée en ZAD,
07:28 s'ils avaient voté la motion référendaire que nous avions déposée à l'Assemblée nationale…
07:31 – On ne va pas refaire ce match qui est là depuis…
07:33 – On refait le match quand ça vous arrange.
07:35 – Moi rien ne m'arrange, je vous pose des questions,
07:37 j'en ai encore à vous poser sur les conclusions prises après ta rente
07:39 de la commission d'enquête parlementaire sur les ingérences étrangères
07:42 qui accusent votre parti d'avoir été, je cite, "la courroie de transmission de la Russie".
07:45 Alors si Marine Le Pen a toujours condamné l'invasion de l'Ukraine,
07:48 elle ne trouvait rien à redire en revanche de l'annexion de la Crimée en 2014,
07:52 est-ce qu'à une époque le RN a "roulé" pour la Russie ?
07:55 – Non pas du tout, d'abord je pense que personne n'est dupe,
07:58 le Rassemblement National monte, le Rassemblement National est attaqué,
08:01 le gouvernement l'assume, c'est la "task force" anti-RN,
08:04 c'est-à-dire il faut maintenant tout mettre et tout cibler
08:06 contre le Rassemblement National.
08:07 – C'est vous qui l'avez demandé.
08:08 – Premièrement, toutes les instances, mais parlons de la commission,
08:10 toutes les instances de l'État qui ont été entendues par les membres de la commission,
08:14 l'initiative du Rassemblement National ont toutes dit leur vérité.
08:18 La DGSI, c'est-à-dire les services secrets français,
08:21 la Commission nationale des comptes de campagne, le parquet national financier,
08:25 l'AUCLIF, TRACFIN, ont toutes dit devant la représentation nationale
08:30 "Nous n'avons rien à reprocher de ce point de vue-là au Rassemblement National".
08:34 Le patron de la DGSI a même évoqué de la rhétorique de campagne,
08:37 il y a quelques semaines, en disant qu'il n'y avait à sa connaissance
08:39 aucun mouvement politique, non mais je tiens à le dire,
08:41 qui était sous influence étrangère.
08:43 Je vais vous dire, notre intégrité elle est totale, voyez,
08:46 et le jour où le Rassemblement National prendra ses ordres
08:50 et déterminera sa vision politique en fonction d'intérêts étrangers,
08:53 je pense qu'il faudra qu'on arrête la politique parce que si les gens
08:56 viennent vers nous c'est précisément parce qu'ils savent
08:58 que nous sommes des souverainistes convaincus et que nous n'avons rien à nous reprocher.
09:01 Il y a eu cette rencontre entre Vladimir Poutine et Marine Le Pen
09:03 le 24 mars 2017 à quelques semaines de la présidentielle.
09:05 Excusez-moi, Emmanuel Macron il n'a pas rencontré Vladimir Poutine ?
09:07 Si, si, mais si ça avait été à l'époque François Fillon
09:09 ou Emmanuel Macron qui n'était que candidat,
09:11 est-ce que vous auriez trouvé ça troublant à quelques semaines d'une présidentielle ?
09:14 Honnêtement.
09:15 Non mais il n'y a pas trouvé ça troublant.
09:17 Emmanuel Macron a-t-il rencontré, oui ou non, Vladimir Poutine
09:21 à Versailles dès son élection, accueilli en grande pompe en chef de l'État.
09:25 Marine Le Pen a aspiré à être chef de l'État en 2017,
09:27 ça ne vous aura pas échappé, en disant qu'il fallait un rapprochement avec la Russie
09:30 et que la coopération était nécessaire en matière de terrorisme.
09:33 Maintenant, moi je ne suis pas de la langue de bois,
09:35 le Vladimir Poutine d'il y a cinq ans n'est pas le Vladimir Poutine d'aujourd'hui.
09:39 Et je n'ai aucune difficulté à le dire.
09:41 Et il est vrai que nous avons condamné, vous avez raison et merci de le rappeler,
09:45 sans aucune ambiguïté l'agression de l'Ukraine par la Russie.
09:47 Et je pense que maintenant la Russie doit entendre
09:50 qu'elle n'a rien à gagner en Ukraine
09:53 et que la paix passera nécessairement par le retrait des troupes russes de l'Ukraine.
09:56 À propos d'éventuelles ingérences étrangères...
09:58 Je tiens à dire quand même juste que ce rapport qui accuse politiquement le Rassemblement national
10:03 est signé par qui ?
10:05 Il est signé par la présidente de la commission ?
10:09 Non, il est signé par la rapportrice de la commission, Madame Le Grip,
10:12 qui est membre de la majorité financière de la République.
10:15 Après une commission d'enquête parlementaire c'est forcément politique
10:17 puisque c'est fait avec les différents groupes politiques.
10:19 À propos d'éventuelles ingérences étrangères,
10:21 est-ce que vous considérez que le rachat du Stade de France,
10:24 qui est à vendre par le Qatar qui est candidat,
10:26 en trouverait dans cette catégorie ?
10:28 Oui, je veux dire, moi ça me fait mal de voir des clubs français,
10:31 ça me fait mal de voir du patrimoine français être bradé à l'étranger.
10:35 Ce gouvernement est aussi coupable d'avoir organisé la grande braderie du patrimoine.
10:39 Vous savez le patrimoine c'est le patrimoine immatériel,
10:41 c'est la défense de notre identité, mais c'est aussi le patrimoine matériel
10:44 où on voit que nos châteaux, que nos stades de foot, que nos clubs de foot,
10:47 c'est surtout que nos fleurons industriels sont rachetés systématiquement
10:51 par des groupes étrangers.
10:52 Pourquoi ? Parce que l'État a baissé les bras et se refuse à faire du patriotisme économique.
10:57 Donc je pense qu'il est temps que la France défende ses intérêts.
10:59 Mais il ne faut pas vendre le Stade de France, il ne faut pas le vendre au Qatar.
11:02 Je pense que le Stade de France devrait être la propriété d'un groupe français,
11:07 qu'elle devrait être la propriété de la France.
11:08 Je veux dire, ça pose problème aujourd'hui qu'une dictature islamiste comme le Qatar
11:12 rachète tout ce qui appartient aujourd'hui aux Français.
11:15 Ça n'appartient pas à l'État.
11:16 Je veux dire, le patrimoine il appartient à tous les Français
11:19 et encore une fois, je préférerais que ce soit évidemment entre les mains du peuple français.
11:25 Merci beaucoup Jordan Bardet de venir à 4V.