Le coup d'État de Napoléon III - Comprendre la IIe République : partie 2 - Vidéo Dailymotion

Nota Bene

Un aventurier français d’origine corse, qui a guerroyé en Italie, qui fait usage de sa popularité pour se hisser au pouvoir, qui tente un coup d’État pour s’y maintenir, et qui “sauve” la République en la transformant en Empire… Ça vous fait penser à qui ? À Napoléon Bonaparte, évidemment ! Mais aussi à son neveu, Louis-Napoléon Bonaparte, qui refait exactement le même coup que son oncle, à peine 52 ans plus tard ! Il fallait oser. Et c'est justement ce qui nous intéresse aujourd'hui : comprendre pourquoi le Président s'est pris pour un Empereur.  ➤ Pour connaître le début de l'histoire, bien comprendre ce qu'est la IIe République, et savoir comment Louis-Napoléon Bonaparte en est arrivé là, c'est par ici que ça se passe : https://www.dailymotion.com/video/x8laqhq   Écriture : Benjamin Brillaud et Antoine Resche / Histony   Retrouvez la chaîne d'Histony juste là : https://www.youtube.com/c/Histony   Montage : Dead Will / Wilfried Kaiser  https://www.youtube.com/c/DEADWILL  ———————————————————————————————————————————— ➤➤➤ Sources en fin de description  ———————————————————————————————————————————— Découvrez ma boutique en ligne  ➜ https://nota-bene.creator-spring.com/   ———————————————————————————————————————————— Vous pouvez acheter mes ouvrages ici  ➜ https://www.notabenemovies.com/ouvrages/  ———————————————————————————————————————————— Rejoignez-moi sur les réseaux ! ➜ Nota Bene : https://www.youtube.com/@notabenemovies ➜ Nota Bonus : https://www.youtube.com/@NotaBonus ➜ Twitch : https://www.twitch.tv/notabenemovies  ➜ Facebook : http://facebook.com/notabenemovies  ➜ Twitter : https://twitter.com/NotaBeneMovies ➜ Instagram : https://www.instagram.com/notabenemovies ➜ TikTok : https://www.tiktok.com/@notabenemovies  ➜ Snapchat : https://t.snapchat.com/NV73QSxl ➜ Tipeee : https://www.tipeee.com/nota-bene ➜ Site internet : https://www.notabenemovies.com/ ➜ Podcast : https://www.notabenemovies.com/podcasts/ ———————————————————————————————————————————— ➤➤➤ Pour en savoir plus : ———————————————————————————————————————————— https://docs.google.com/document/d/1OtGAdQYMi_3cuhWuDMFjPOSpiuTnuEoCQBIjIt5WOy0/edit?usp=sharing

Transcript

00:00 Mes chers camarades, bien le bonjour ! Un aventurier français d'origine corse qui

00:04 a guéroyé en Italie, qui fait usage de sa popularité pour se hisser au pouvoir, qui

00:10 tente un coup d'état pour s'y maintenir et qui sauve la République en la transformant

00:14 un empire, ça vous fait penser à qui ? A Napoléon Bonaparte, évidemment ! Mais aussi

00:19 à son neveu, Louis Napoléon Bonaparte, qui refait exactement le même coup que son oncle

00:26 à peine 52 ans plus tard. Franchement, fallait oser ! En plus, il est alors président de

00:31 la République, il est censé la servir et la protéger. Pour découvrir comment il en

00:35 est arrivé là, je vous propose en description une autre vidéo qui vous raconte la révolution

00:40 de 1848, les débuts de la seconde République et tout le contexte qui a placé Louis Napoléon

00:46 au pouvoir. Si ce n'est pas encore fait, filez donc la voir dès maintenant avant de

00:49 poursuivre celle-ci. Voilà, maintenant ce qui nous intéresse, c'est de comprendre

00:53 pourquoi le président s'est pris pour un empereur.

00:56 En décembre 1848, Louis Napoléon Bonaparte est triomphalement élu président de la République,

01:07 avec le soutien des meneurs conservateurs, qui sont soit très modérés, soit carrément

01:12 anti-républicains. Leur but est simple, utiliser ce crétin facile à manipuler et diriger

01:19 à sa place. C'est ainsi qu'Odilon Barraud devient chef du gouvernement. Sous le régime

01:23 précédent, c'est un monarchiste qui avait organisé des banquets politiques un peu progressistes.

01:28 Mais les banquets ayant tourné à la révolution, Barraud s'était retiré. Horrifié de voir

01:34 une république renverser le roi. Le voilà de retour pour prendre la tête du pays.

01:39 On fait les comptes deux minutes, la République a beaucoup de députés royalistes. Son chef

01:43 de gouvernement, Barraud, est royaliste. Le dit gouvernement ne compte quasi aucun vrai

01:49 républicain et son président Bonaparte est neveu de l'empereur. C'est moi ou ça pue

01:54 là ? Le pouvoir militaire à Paris est confié au général Champgarnier, un autre royaliste,

01:59 d'ailleurs rival de Bonaparte durant les élections. On remplace un certain nombre

02:03 de préfets par des hommes qui correspondent mieux à la ligne conservatrice. Et en fin

02:07 de compte, il ne reste qu'un seul terrain d'affrontement, l'Assemblée. Il reste

02:11 encore quelques députés républicains, divisés entre modérés et révolutionnaires, qui

02:16 hésitent à se rapprocher pour faire bloc. Mais le gouvernement voit venir le coup et

02:21 voudrait profiter du fait que l'opinion est de son côté. Il faut que les élections

02:25 législatives aient lieu rapidement et donc que l'Assemblée vote la loi électorale.

02:30 Le 29 janvier 1849, en prétextant une menace de trouble, Champgarnier masse ses troupes

02:36 près de l'Assemblée pour lui donner un coup de pression et forcer le vote. La bataille

02:41 électorale s'engage.

02:43 Mesdames et messieurs, sur le ring ce soir, ils sont beaux, ils sont chauds ! A gauche

02:46 le challenger républicain, la montagne et à droite le conservateur en titre, le parti

02:52 de l'ordre !

02:53 Avec un nom pareil, on pourrait croire que le parti de l'ordre est un mouvement militariste

02:58 dirigé en sous-main par les Sith. Mais il s'agit tout simplement des conservateurs

03:02 qui souhaitent préserver une société où la propriété a de la valeur et où la religion

03:07 a encore toute sa place. Ils ont 1000 candidats pour monter sur le trône. Mais en attendant,

03:14 Bonaparte est choisi par défaut.

03:15 Chez les républicains, la montagne fait également référence au groupe politique du même nom

03:20 sous la Révolution française. Ils ne rêvent que d'une chose, que la Constitution montagnarde

03:25 de 1793, très démocratique mais jamais appliquée, soit remise sur le tapis. Leur politique est

03:33 sociale et démocratique, d'où leur nom de démocrate socialiste.

03:37 Les résultats tombent en mai 1849 et ils sont assez nets. Le parti de l'ordre s'impose

03:42 nettement avec plus de la moitié des voix.

03:44 Mais si on met de côté toutes les autres tendances diverses et variées, les démocrates

03:48 socialistes ont quand même plus de 25%. On est donc polarisé entre deux extrêmes.

03:54 Et les conservateurs vont d'ailleurs pouvoir plus encore jouer sur la peur du rouge afin

03:59 de faire passer leur politique. D'autant que la gauche progresse parmi l'électorat

04:04 paysan.

04:05 Elle espère donc voir son emprise augmenter avec le temps, quand le vote sera peu à peu

04:09 apprivoisé par les masses.

04:10 Assemblée, gouvernement et présidence, les conservateurs ont le trio gagnant en main.

04:15 Ils peuvent faire tomber le masque et leur première action se joue à l'international.

04:20 Début 1849, le printemps des peuples a donné naissance à une république romaine, qui

04:25 remet en cause le pouvoir du pape et le fait même fuir en exil. A l'époque, le souverain

04:31 pontife ne régnait pas sur les quelques kilomètres carrés du Vatican, mais sur un véritable

04:35 territoire occupant l'Italie centrale. Aussitôt, la France lance une expédition

04:40 militaire en Italie. Son rôle officiel est d'assurer une conciliation entre les Romains

04:45 et l'Autriche qui s'intéresse elle aussi à la situation. Mais pour Bonaparte, c'est

04:50 aussi une façon de gagner les votes catholiques, en soutenant le pape. Et le but est aussi

04:55 d'empêcher une unité italienne qui menacerait la frontière française.

04:59 Alors, début juin, sans aucune autorisation de l'Assemblée, le général Udino attaque

05:05 Rome.

05:06 Mais quel scandale ! s'exclame la branche gauche de l'Assemblée. La république française

05:10 vient d'attaquer la république romaine pour réinstaurer le pouvoir du pape. Le député

05:15 Alexandre Le Dru Rollin, et derrière lui une bonne partie de la montagne, appelle à

05:19 une manifestation parisienne le 13 juin.

05:22 Mais les espoirs d'insurrection sont vite douchés, le peuple parisien réagit peu.

05:27 Depuis la répression de juin 1848, beaucoup d'ouvriers ont perdu goût à la défense

05:32 d'une république qui leur a tiré dessus. Et pour ne rien arranger, Paris est au même

05:36 moment frappé par une épidémie de choléra.

05:38 La manifestation est sévèrement réprimée par la troupe. A Lyon et dans d'autres villes,

05:45 parfois même dans les campagnes, des soulèvements ont également lieu, tout autant réprimés.

05:49 En fait, comme ça a déjà été le cas en 1848, ces événements sont instrumentalisés

05:55 par le pouvoir pour encore plus faire taire l'opposition. Plusieurs chefs, y compris

06:00 des députés, doivent quitter le pays pour éviter l'arrestation. C'est le cas de

06:05 Le Dru Rollin qui part en Angleterre, qui est condamné par comte humas et ne reviendra

06:09 en France qu'en 1871, après les débuts de la Troisième République.

06:13 Bah oui, faut dire qu'en Angleterre protestante, à la rigueur des italiens qui embêtent le

06:17 pape, ça les fait plutôt marrer. Mais l'histoire ne dit pas si à son arrivée, Le Dru Rollin

06:22 a eu le droit à son petit collier de fleurs autour du cou.

06:24 A partir de là, on peut dire que le parti de l'ordre est vraiment installé, bien

06:28 à son aise. N'empêche, une crise économique court toujours dans le pays, il faut donc

06:33 prendre des mesures sociales qui s'imposent. C'est le catholicisme social qui prend le

06:37 relais dans les années qui suivent, on légifère alors sur des logements insalubres, des sociétés

06:42 de secours mutuelles, des caisses d'épargne, l'apprentissage et une loi vient même condamner

06:48 certaines violences contre les animaux. Attention, ces mesures améliorent réellement la situation

06:53 des citoyens, mais ne remettent pas en question le système. Et là, c'est un peu le problème

06:57 du compromis. Quand on coupe la poire en deux, par définition, personne n'est content

07:01 à 100%. Avec ces lois, ceux qui avaient de hautes attentes en 1848 ne sont pas satisfaits,

07:08 et les plus conservateurs non plus, puisqu'ils les jugent au contraire trop radicales.

07:12 Mais globalement, le parti de l'ordre va plutôt dans le bon sens. Pour les catholiques.

07:16 Par exemple, en 1850, le comte de Fallou, ministre de l'instruction, fait voter une

07:22 loi qui donne à l'église catholique un énorme contrôle sur l'enseignement public

07:26 et l'université. Certains instituteurs et professeurs, jugés trop républicains,

07:30 sont alors évincés. Mais devant cette mesure scandaleuse, le célèbre Victor Hugo, jusque-là

07:35 plutôt conservateur, bascule dans l'opposition. Mais la loi reste en vigueur 30 ans durant,

07:40 jusqu'à la future réforme de Jules Ferry. Et jusqu'en 1851, le pouvoir législatif

07:45 continue cette poussée un peu unilatérale, quitte à faire taire les dissidences. Des

07:50 clubs et des sociétés sont fermées et on oblige les auteurs à signer de leur nom

07:54 tout article de nature politique, ce qui les expose à d'éventuelles répression, y

07:59 compris des pouvoirs publics. Des maires jugés "rouges" sont également révoqués,

08:04 tandis que les autorités prêtent une attention particulière à ceux qui affichent un peu

08:08 trop fièrement des symboles républicains.

08:09 Mais bon, une loi par-ci, une loi par-là, ça ne suffit pas. Il est temps de passer

08:15 aux choses sérieuses. Les conservateurs sentent que c'est le moment de s'occuper de leur

08:18 principal ennemi. Et non, c'est pas le communisme, c'est pas la montagne non plus, c'est

08:24 le suffrage universel. Et vous pouvez être surpris, parce que c'est ce suffrage qui

08:28 les a portés au pouvoir. Oui, mais un électeur, ça peut changer d'opinion. Alors un électeur

08:34 français, je vous raconte pas.

08:35 En effet, doucement, l'opinion publique se modifie. Jusque là, les élites locales

08:39 avaient profité de leur influence sur la population pour guider le vote. Mais ce stratagème

08:44 ne durera pas. Le parti de l'ordre doit donc empêcher le vote en faveur de la montagne,

08:49 mais sans avoir l'air de s'opposer au principe du suffrage universel.

08:52 Le 31 mai 1850, une loi limite l'accès aux listes électorales. Ne pourront s'inscrire

08:59 que ceux qui vivent depuis trois ans dans la commune ou le canton, et qui payent leurs

09:03 propres loyers. Ce qui exclut d'office les domestiques, ceux qui logent chez un patron

09:07 ou un parent. Bref, les populations précaires.

09:10 Sont également interdits de vote les délinquants, en particulier ceux qui ont participé aux

09:14 journées de juin 1848 et 1849, ou à un club interdit. Et ceux qui ont porté outrage aux

09:21 détenteurs de la force publique ou aux principes de propriété. Et là, ce sont clairement

09:26 les opposants et les révolutionnaires qui sont visés.

09:28 Et paf, d'un coup d'un seul, sur 9 millions d'électeurs, 3 disparaissent en fumée.

09:34 Donc vous l'avez compris, le but est de fortement limiter le suffrage universel, mais

09:40 sans vraiment l'assumer. Un bon tiers des électeurs, jugés dangereux, sont tout simplement

09:46 oubliés, laissés de côté.

09:47 Du coup, comment ça s'annonce les prochaines élections de 1852 ? Très bien, très bien.

09:54 Pas étonnant que dans ces conditions, beaucoup de républicains marginalisés passent à

09:57 la clandestinité. Sauf que les projets de complot suscitent encore plus de peur, donc

10:02 plus de répression, faisant du pouvoir en place le légitime protecteur du pays. Le

10:07 parti de l'ordre peut dormir sur ses deux oreilles. D'ici 1852, il n'a plus qu'une

10:12 chose à faire, choisir son nouveau champion en vue du rétablissement de la monarchie.

10:17 Bonaparte a joué son rôle, on peut le mettre au placard pour passer à la suite.

10:22 Sauf qu'il ne le laisse pas faire le Bonaparte, et comme vous vous en doutez peut-être, il

10:26 sait ce qui l'attend. Il sait qu'on le prend pour le dindon de la farce, et il a

10:30 commencé à jouer à son propre jeu.

10:32 Jusqu'à présent, Louis-Napoléon a accepté la tutelle des conservateurs, qui avaient

10:41 une contrepartie, leur soutien. Bien sûr, il a parfois un peu tiré sur la laisse. Par

10:47 exemple, fin 1849, il renvoie le ministre Barreau et forme un nouveau gouvernement qui

10:51 lui est fidèle. L'assemblée laisse passer, pas de problème, ils tiennent le pays de

10:56 toute façon. Sauf que le pays, Bonaparte et ses amis le parcourent sans cesse et à

11:00 toute vitesse. Ils profitent du tout nouveau réseau ferroviaire français pour être

11:04 présents partout et se forger une réputation à la fois populaire et politique.

11:09 Le temps que les députés du parti de l'ordre se retournent, ils ont déjà un nouvel adversaire,

11:14 le parti de l'Elysée et son président, plein d'une aura renouvelée. Et son agenda

11:19 est génialement drôle de bout en bout. C'est pas qu'il triche, c'est vraiment

11:24 qu'il change la règle du jeu, et même le plateau qui va avec.

11:27 La majorité portée par le suffrage universel trahit ce dernier, et Bonaparte, porté par

11:33 la majorité, trahit cette dernière. Il critique vertement la loi de 1850. Lui, il est défenseur

11:39 du suffrage universel contre ceux qui l'ont amputé. La majorité se positionne dans une

11:44 polarisation entre elle et l'ennemi extrémiste, le rouge. Bonaparte vise en plein centre,

11:51 tous les modérés, tous les non polarisés. Aux républicains, il promet le suffrage.

11:56 Avec les conservateurs, il joue un peu sur la peur du rouge. La majorité peut compter

12:01 sur la constitution, qui de toute façon fera sortir le président au bout de 4 ans. Bonaparte

12:06 décide tout simplement de faire modifier la constitution. La majorité bloque ce beau

12:11 projet de réforme grâce au vote de l'assemblée. Bonaparte, pas fou, a son plan de secours,

12:16 ce qu'il n'aura pas par le vote, il l'aura par la force.

12:19 Et oui, il est bon le Bonaparte. Et il est bon, ça ose tout. En décembre 1851, il place

12:26 son fidèle Charles de Morny à l'intérieur. Et il contacte aussi un autre proche, le militaire

12:31 Armand le Roi de Saint-Arnaud, qui s'est illustré en Algérie. Il lui réserve le

12:35 ministère de la guerre. Dès le 2 décembre, l'opération Rubicon

12:39 peut être lancée. C'est une double référence historique. La date est l'anniversaire de

12:44 la bataille d'Austerlitz et du sacre de Napoléon Ier. Et le nom de Rubicon fait référence

12:50 à Jules César qui, en franchissant ce fleuve, a violé les lois de la république romaine,

12:54 participant ainsi à la fondation d'un nouvel empire.

12:57 On peut dire qu'il a le sens du symbole, le petit Bonaparte. Du symbole et de la stratégie.

13:02 Son coup de force est minuté à la perfection. Toute la nuit, les imprimeries sont occupées

13:07 par l'armée. Au matin, seuls les journaux favorables au pouvoir ont été tirés. Et

13:12 les troupes sont déjà stratégiquement disposées dans la capitale, bardées d'affiches annonçant

13:16 le coup de force. Des députés de gauche comme de droite sont arrêtés, notamment

13:20 Adolphe Thiers, mais aussi le général Champgarnier. Bonaparte fait alors une proclamation. Il

13:26 se revendique comme le protecteur du véritable héritage révolutionnaire que les députés

13:30 corrompus ont kidnappés, avilés, réduits à rien. Coupable, le rassemblé est dissout,

13:37 le suffrage universel est rétabli, le président propose une réforme pour que son mandat dure

13:42 10 ans.

13:43 Bonaparte a clairement le combo gagnant, mais tout ça ne va pas sans résistance. 200 députés

13:48 se réunissent pour voter sa déchéance et sont aussitôt arrêtés. Mais il y a d'autres

13:53 appels à l'insurrection. L'écrivain Victor Hugo fait entendre sa voix contre le président

13:57 tyrannique et Victor Schoelcher, ancien député de la Martinique et de la Guadeloupe, abonde

14:02 dans son sens. Le plus célèbre reste sans doute le député Alphonse Boudin, qui tente

14:06 de soulever le faubourg Saint-Antoine. Tandis qu'il monte sur une barricade, il est fauché

14:11 par les balles des militaires. Partout, la confusion règne. Le peuple a du mal à suivre

14:15 le mouvement, d'autant que Saint-Arnaud, nouveau ministre de la guerre et ami de Bonaparte,

14:20 revient directement d'Algérie, où il s'est illustré par sa violence et sa rigueur toute

14:24 militaire. Sous son commandement, quiconque participe aux barricades est fusillé. Le

14:29 4 décembre, il fait tirer sur une manifestation, c'est la fusillade des boulevards, qui fait

14:35 quelques centaines de morts et suscite la panique. Le lendemain, la dernière barricade

14:41 tombe, Paris est matée. La plus grande partie de la population a laissé le coup d'état

14:46 se faire.

14:47 Les campagnes aussi sont anxieuses. Entre le manque de nouvelles de la capitale et la

14:51 précipitation des événements, c'est un peu le chaos. D'ailleurs, un auteur a joué

14:56 de ça, c'est Émile Zola. Dans La fortune des rougons, il s'amuse à dépeindre toutes

15:01 les intrigues de petits notables, tentant de comprendre dans quel sens souffle le vent

15:06 afin d'en tirer le meilleur profit. Il faut se le lire quand même, mais pour comprendre

15:11 l'ambiance de l'époque, c'est assez amusant. Ce qui va suivre, ça l'est un

15:15 peu moins.

15:16 Bonaparte a la main lourde. Des opposants sont déportés, notamment dans les bagnes

15:25 de Guyane et d'Algérie. Beaucoup d'autres connaissent l'exil, à l'image de Victor

15:30 Hugo, qui depuis Bruxelles signe notamment le rageur Napoléon le Petit, dénonçant

15:36 le coup d'état.

15:37 Pour Bonaparte, l'événement est à la fois un succès et un échec. A la fin du

15:41 mois de décembre 1851, le vote affiche 7,5 millions de oui contre moins d'un million

15:48 de non, validant son coup de force. Ce plébiscite montre qu'il a gagné la partie. Mais d'un

15:53 autre côté, du sang a été versé, ce qui entache sa réputation. Or, sa légitimité,

15:59 c'est le sentiment d'unité française, c'est la base du bonapartisme hérité de

16:04 son oncle. Dans les années qui suivent, il recourt donc régulièrement à l'amnistie

16:08 pour essayer de ramener à lui ses opposants. Mais depuis l'étranger, des personnalités

16:13 comme Victor Hugo continuent de dénoncer sa manœuvre électorale, faussée par la

16:17 répression et la peur.

16:18 Et voilà, le tour est joué, en 1852, avec sa nouvelle constitution, Louis-Napoléon

16:24 Bonaparte devient une sorte de prince-président, élu pour 10 ans. Le pouvoir est partagé

16:30 entre le Sénat, choisi par le prince lui-même, et le corps législatif, élu au suffrage

16:34 universel. Bonaparte a tenu sa promesse en rétablissant ce mode de scrutin. Sauf qu'il

16:40 est sévèrement encadré par des candidatures officielles, fortement favorisées par le

16:45 processus électoral et soutenues par les autorités locales. Le régime a donc l'apparence

16:50 de la démocratie, mais sans vraiment en être une.

16:53 Reste finalement la dernière étape, le président effectue une nouvelle tournée

16:57 en train pour renforcer encore sa popularité. A Bordeaux, il déclare "l'Empire, c'est

17:03 la paix". Et très bientôt, le Sénat, désigné par lui, propose le retour de la

17:08 dignité impériale. La motion est plébiscitée.

17:11 Le 2 décembre 1852, un an jour pour jour après son coup d'état, Bonaparte devient

17:17 l'empereur, Napoléon III.

17:20 1848-1852, la Seconde République n'aura finalement vécu que 4 ans. C'est peut-être

17:25 une des périodes les plus étranges dont j'ai eu l'occasion de vous parler sur

17:28 la chaîne. C'est simple, on a l'impression d'assister à un véritable jeu de dupe.

17:33 On ne sait jamais vraiment qui est qui. Certains vont causer la révolution sans la vouloir,

17:38 d'autres portent la cocarde républicaine tout en étant royalistes, les divisions

17:43 dans chaque camp créent des alliances totalement improbables et le nombre de coups dans le

17:47 dos au mètre carré est explosif.

17:49 Mais surtout, il y a des émeutes, des barricades, des massacres dont on entend assez peu parler.

17:55 Parce que même le roman national a du mal à récupérer pour lui ces événements,

18:01 tant ils sont confus. C'est pas du tout la première république avec des républicains

18:07 d'un côté et des royalistes de l'autre.

18:09 En fait, la Seconde République, c'est une transition. C'est peut-être même LA période

18:13 de transition de notre histoire contemporaine, à laquelle s'ajoute le Second Empire.

18:17 D'ailleurs, cet empire, c'est un régime tout aussi curieux, très autoritaire mais

18:22 avec un vernis démocratique. On aura peut-être l'occasion d'en reparler dans un futur

18:27 épisode.

18:28 Merci à tous d'avoir suivi cet épisode, merci à Antoine Resch de la chaîne Histonie

18:32 de l'avoir préparé. Si cette vidéo vous a plu, n'hésitez pas à liker, partager

18:37 et moi je vous dis à très bientôt sur Nota Bene !

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Le coup d'État de Napoléon III - Comprendre la IIe République : partie 2

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