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00:00 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
00:20 Merci de débuter cette nouvelle semaine avec l'équipe du club de lecture de France Culture.
00:24 Ce midi, nous parlons d'un genre musical devenu majeur.
00:28 Un genre qui s'écoute, se chante, se crie, se raconte, se lit aussi.
00:32 Mais surtout, ce rap, comme le dit Gaël Fay, le rap, la chanson, la poésie, la littérature,
00:38 au fond, il s'agit juste d'écriture et de lecture.
00:41 D'ailleurs aussi, on en parlera avec notre partenaire Le Journal La Croix tout à l'heure.
00:45 Car ce midi, nous allons donc parcourir le temps, celui des années 90, qui a vu l'émergence
00:50 du rap français sur la scène nationale, objet du livre de notre premier hôte.
00:55 Et en suivant la scène, le fleuve, cette fois-ci, nous nous arrêterons à Boulogne-Biancourt,
00:59 décrite par notre second invité comme une école du rap français.
01:03 Avec la communauté du Book Club, avec nos invités, nous voyageons ensemble dans l'histoire
01:07 du rap français, en mots et en musique.
01:10 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:12 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:14 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:16 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:18 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:20 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:22 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:24 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:26 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:28 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:30 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:32 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:34 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:36 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:38 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:40 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:42 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:44 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:46 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:48 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:50 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:52 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:54 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:56 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
01:58 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
02:00 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
02:02 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
02:04 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
02:06 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
02:08 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
02:10 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
02:12 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
02:14 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
02:16 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
02:18 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
02:20 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
02:22 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
02:24 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
02:26 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
02:28 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
02:30 * Extrait de « France Culture » de Nicolas Herbeau *
02:32 Vous aviez publié aujourd'hui un livre sur le rap de Boulogne, Boulogne-Biancourt dans les Hauts-de-Seine,
02:37 que vous avez intitulé « Boulogne, une école du rap français » qui paraît aux éditions Jean-Claude Lattès.
02:42 Vous êtes passionné de rap français et américain, vous aviez d'ailleurs déjà publié un livre sur Kendrick Lamar, c'était en 2020.
02:48 Qu'est-ce qui attire votre attention sur Boulbi, comme on dit, Boulogne-Biancourt ?
02:52 C'est la position de la ville déjà, donc par rapport à Paris, c'est une ville de banlieue, mais qui est la première à être reliée par le métro.
02:59 Donc à Boulogne, en fait, l'histoire avec un grand H, l'histoire française, s'est mêlée à la musique et s'intéressait à cette ville-là.
03:05 C'est aussi s'intéressait à l'histoire française, à l'essor de syndicalisme en France, de l'industrialisation avec Zizine Renaud.
03:10 Et donc, moi c'est quelque chose que j'essaye toujours de faire dans mes ouvrages, de mêler vraiment l'histoire et la musique,
03:14 et de comprendre comment les deux sont alimentés, et Boulogne est l'exemple parfait pour ça.
03:18 Une ville qui revient d'ailleurs dans les paroles, on l'a entendu il y a un instant.
03:23 Il y a un moment donné où vous vous êtes dit « il se passe quelque chose avec cette ville en matière de rap ».
03:28 Et c'est une ville qui a vu émerger énormément de talents, et énormément de talents qui ont changé des choses dans le rap français.
03:33 En introduction de notre conversation, on écoutait les Sages Poètes de la rue, on écoutait Booba.
03:37 Ce sont des gens qui ont vraiment créé des choses, des tendances, qui ont été dupliquées par la suite.
03:42 Et ils ont émergé dans cette ville qu'on nomme Boulogne-Biancourt, voire dans le même quartier, voire dans le même immeuble.
03:47 Donc il y avait aussi une fascination un petit peu à essayer de comprendre ce qui avait bien pu se passer là-bas.
03:51 Vous allez nous raconter tout ça évidemment, et pour échanger sur le rap français, son émergence, nous avons convié Olivier Cachin.
03:56 Bonjour. - Bonjour Nicolas.
03:58 - Vous êtes l'auteur de nombreux livres consacrés à la musique.
04:01 L'offensive rap, c'était en 2001.
04:05 Le Dictionnaire du rap aussi en 2007, et vous publiez aujourd'hui « Rap in France, l'émergence du rap français dans les années 90 ».
04:12 Chaque chapitre est consacré à une année de cette décennie, et c'est aux éditions le Castor Astral.
04:18 Vous le dites d'ailleurs en ouverture, le rap n'est pas né dans les années 90, ni en France, ni ailleurs.
04:23 Ça commence bien avant, mais qu'est-ce qu'il y a de si particulier dans cette décennie dans le rap français ?
04:30 - Ce qu'il y a de particulier et de particulièrement confortable quand on écrit, c'est qu'il y a un point d'entrée et un point de sortie très net.
04:35 C'est-à-dire qu'en l'occurrence 90, il y a eu effectivement du rap français avant.
04:39 Depuis 82, il y a des tentatives, il y a des maxis, des 45 tours, des groupes en major qui réussissent à obtenir le succès.
04:47 Et en 90, il y a trois disques très importants. Le premier, que tout le monde connaît, que beaucoup connaissent, c'est Rapatitude,
04:53 dont est extrait le morceau de Tonton David qu'on a écouté en intro de cette émission.
04:57 Et puis Assassin, NTM, Dynastie, tous les pionniers.
05:01 Le deuxième, c'est le premier album d'un artiste rap français sur une major, c'est Lionel Day, il n'y a pas de problème.
05:06 Et le troisième, qui était un peu le vilain petit canard que tout le monde, moi y compris, considérait comme un horrible opportuniste,
05:12 mais qui en fait est celui qui a ouvert la porte et qui a vulgarisé le rap, c'est Benny B.
05:16 Avec Mais vous êtes fou, fameux single avec le sample de Capitaine Flamme, tout ça, Val Bator.
05:21 Et ces trois disques-là marquent vraiment l'arrivée d'un genre dans, dire le grand public, ça sera un peu exagéré,
05:27 mais en tout cas dans une autre sphère qui est plus celle des quelques centaines de Parisiens qui se reconnaissent
05:32 à la façon dont ils nous leur laissaient ou mettent un blouson.
05:36 Et la fin, entre guillemets, en 2000, c'est l'arrivée, notamment avec l'album de Lunatic, d'une autre séquence rap,
05:43 beaucoup plus crue, beaucoup plus rue, en quelque sorte une musique qui arrête d'essayer de faire semblant de plaire au grand public
05:50 et qui rentre dans un truc beaucoup plus hardcore.
05:52 Donc 90-2000, c'était effectivement une façon de résumer une décennie et celle où le rap français a énormément évolué et grandit.
05:58 - Oui, c'est ça qui est intéressant parce que vous nous dites ce genre-là, mais en fait à l'intérieur de ce genre,
06:03 une façon très différente d'exprimer et de rapper, vous parliez de Benny B, c'est pas celui qui est resté le plus dans les mémoires
06:11 parce qu'à un moment donné, il a été aussi dénigré.
06:13 - De toute façon, il a été perpétuellement dénigré, d'abord parce que c'était commode, parce que d'une part, il était beige et puis il avait l'air gentil.
06:18 Il faut quand même préciser qu'à l'époque, dire du mal d'un groupe de rap, c'était quand même s'exposer à une visite plus ou moins amicale du groupe
06:24 ou des copains disant "c'est toi qui a dit du mal de machin, attends, faut qu'on discute".
06:28 Donc Benny B, en fait, c'était le vulgarisateur, c'est-à-dire que aussi bien Oral San, qui a fait la préface de Rap in France,
06:33 que Soprano, qui avait fait la préface d'un autre bouquin que j'ai fait en même temps, me disent tous les deux la même chose à une époque différente et un âge différent.
06:39 J'ai découvert ce que c'était que le rap en regardant ce gars à la télé avec un danseur derrière, un DJ qui était dediqué, qui est toujours en exercice.
06:46 Et puis finalement, pour une musique qui ressemble beaucoup à ce que fait Jul aujourd'hui, une house un peu usinée,
06:51 et puis des paroles pas toujours avec des textes cruciaux, mais c'était ça aussi.
06:55 - On va écouter Karine dans un instant, au propos d'Oral San, notre lectrice.
06:59 D'abord, Oral San, il préface votre livre Olivier Cachin, il dit "j'avais 8 ans en 90, à 11 ans j'étais plutôt Nirvana, Guts and Roses, j'écoutais du hard rock".
07:07 Et vous Nicolas Regez, c'est quoi votre souvenir de rap quand vous étiez plus jeune ?
07:11 - Justement, moi j'ai commencé par écouter du rap américain, j'écoutais aussi beaucoup, beaucoup de soul via mon père.
07:16 Donc j'ai baigné en fait dans tous les genres liés au rap, et quand je découvre le rap français, c'est "Y'a les sages poètes de la rue".
07:21 Donc ce rap très jazz, très soul, qui me parle immédiatement, qui est basé sur des samples,
07:26 donc des échantillonnages de musique de l'ancienne génération, en tout cas par rapport à eux.
07:30 Et vraiment, moi c'est ma première porte d'entrée dans le rap français, et c'est grâce à ça ensuite que j'ai continué.
07:36 - Alors on va écouter Karine. Karine, elle nous parle d'Oral San avec ses mots, on l'écoute.
07:41 - C'est grâce à mes filles que j'ai eu l'occasion d'écouter plus attentivement les titres d'Oral San,
07:46 et donc de découvrir ces textes qui m'ont tout de suite touchée.
07:49 Les sujets qu'il aborde sont parfaitement représentatifs de notre époque,
07:52 et qu'il évoque notre société en général, ou nos parcours particuliers,
07:56 ses analyses sont très fines, et ses mots choisis.
07:59 Pour l'analyse sociétale, j'aimerais citer deux titres, "Suicide social" et "L'odeur de l'essence",
08:03 qui m'ont beaucoup secoué par leurs paroles assez violentes bien sûr, mais très justes,
08:08 énumérant les principaux travers de notre société de consommation,
08:11 tout en expliquant que nos modes de fonctionnement actuels, s'ils ne sont pas corrigés à temps,
08:16 pourraient bien entraîner notre perte, en tant que société, tout comme à titre individuel.
08:20 Pour évoquer deux titres qui parlent de sujets plus personnels, j'ai beaucoup apprécié "Jour meilleur",
08:25 qui traite de la dépression, qui touche nombre d'entre nous ou de nos proches,
08:29 et décrit avec beaucoup de justesse les souffrances qu'elle engendre.
08:32 Et enfin, j'ai vraiment adoré "Notes pour trop tard", chanson dont les paroles expriment parfaitement
08:37 les problèmes et le questionnement des adolescents ou des très jeunes adultes,
08:41 et nous fait revivre et nous réconcilier, a posteriori,
08:44 avec cette période parfois complexe de notre existence.
08:47 Je crains que trop souvent ma génération, j'ai 58 ans, considère que ce type de morceaux
08:52 ne correspond pas à nos attentes ni à nos goûts, et je suis certaine que si l'on s'accordait le temps
08:57 de les écouter plus attentivement et sans préjugés, cela nous permettrait de découvrir des textes
09:02 qui sont souvent ciselés, percutants, voire poétiques, et qui savent tout autant nous étonner que nous enrichir.
09:08 On peut donc découvrir le rap après 50 ans, c'est une évidence, mais ça fait du bien de le redire Olivier Gachin.
09:13 - Olivier Gachin, est-ce que le rap souffre toujours autant de préjugés ?
09:16 - Oui bien sûr, mais c'est moins grave dans le sens où maintenant, c'est horrible à dire sur une radio nationale,
09:22 mais il n'y a plus besoin des grands médias dans le sens où ceux qui sont intéressés par le rap,
09:26 ou par tout autre sujet d'ailleurs, ont un truc qui s'appelle internet et un moyen d'écoute qui s'appelle le streaming,
09:30 parce que le rap a beaucoup souffert de l'époque où c'était le téléchargement légal,
09:34 le rap c'était souvent le téléchargement illégal, donc évidemment ça vendait moins de disques,
09:38 et puis il y a aussi une époque où si on n'était pas dans une ville comme Paris,
09:43 avec tout ce que ça implique comme ouverture à la culture, on ne pouvait pas savoir ce que c'était.
09:48 Moi quand j'ai fait "Rap Line" en 90 sur M6, j'ai appris des années plus tard que le soir où on a diffusé le clip de "Ministère à Mer" par exemple,
09:55 groupe de Sarcelles, ces drivers qui me racontaient me disaient "mais il n'y avait pas un mec dans la rue ce soir-là,
09:59 on était tous devant notre télé, ça y est on existe !" parce que ces groupes n'avaient pas d'image.
10:03 Aujourd'hui le moindre petit groupe peut faire un clip avec un drone, acheter quelques centaines d'euros,
10:09 et le passer sur YouTube, donc ça a beaucoup changé.
10:11 - Faire sa propre publicité sur les réseaux sociaux... - Bah ouais, les réseaux ont complètement bouleversé la chronologie médiatique.
10:17 - Comment on qualifie le rap ? On parlait tout à l'heure des propos de Dorel San dans la préface d'Olivier Cachin qui dit
10:23 "moi j'ai commencé par le rock et ensuite je suis allé vers le rap", ça veut dire que l'un a remplacé l'autre à un moment donné ou pas du tout selon vous ?
10:31 - Je pense pas que le rap ait remplacé le rock, je pense que la beauté du rap est la raison pour laquelle il est encore d'actualité et continue à se réinventer,
10:38 c'est qu'en fait il est le fruit de plein plein de choses qui ont émergé avant lui,
10:41 on peut tracer une ligne directe entre le rap et les spirituels, par exemple plus le gospel, plus la soul, plus le funk, etc.
10:46 et en fait le rap est la source de tout ça, il s'est nourri de tout ça, et il est encore existant, encore populaire,
10:52 tout simplement parce qu'il est protéiforme et qu'on peut presque pas le définir je pense.
10:55 - Il y a Béatrice Dalle dans votre livre, Olivier Cachin, qui parle d'une interview de Charles Aznavour à qui on demandait c'est quoi la descendance d'Aznavour dans la musique,
11:02 et il parle de NTM notamment.
11:04 - Oui, d'ailleurs Aznavour a fait non pas un rap mais un talk-over sur un morceau de Kerry James,
11:10 et il a effectivement validé cette idée que les raps sont les nouveaux poètes,
11:14 même si, pour revenir sur ce qui avait été dit au début, c'est pas que du texte et de la lecture,
11:20 parce que s'il n'y avait pas le flow, ça serait justement de la poésie ou du slam.
11:23 Là en l'occurrence, on est sur quelque chose qui est quand même très rythmique,
11:27 mais bien sûr que le rap a pris la place.
11:30 Mais moi ce qui m'a étonné, c'est que finalement, quand on regarde l'histoire du rap,
11:33 surtout sur la décennie 90, c'est que c'est finalement, lyriquement parlant,
11:37 plus l'héritier de la chanson rive-gauche que du rock ou de la soul,
11:40 même si les instrumentations, en tout cas au début, étaient très basées sur de la soul et du funk américain,
11:46 comme les américains, parce que le rap français, même si c'est beaucoup affranchi de ces références-là,
11:50 au début était quand même une musique très influencée par le rap américain.
11:53 - Nicolas Rogers, vous insistez vous aussi sur les mots, la langue, bien sûr,
11:57 notamment avec le rappeur de Boulogne, Danny Dan,
11:59 qui retient, dit-il moins, la musique et le rythme que les mots,
12:03 et la manière dont ils sont prononcés, là on rejoint le flow, évidemment,
12:06 mais c'est ça aussi le rap, c'est cet amour pour la langue et la façon de s'exprimer et de la dire.
12:12 - Tout à fait, c'est pas pour rien que le livre s'appelle "Une école du rap français",
12:14 c'est tout simplement qu'à Boulogne se sont créés des cours de rap,
12:17 avec notamment les "Sages Poètes de la rue", dont on a déjà parlé,
12:19 qui réunissaient, on peut dire, leurs élèves, sur la place haute à Boulogne-Biancourt,
12:24 qui leur apprenaient à rapper, qui leur enseignaient des notions de cadence, des multisyllabies,
12:29 qu'il fallait aussi également freestyler, donc improviser.
12:32 Il fallait que chaque ligne de texte se réponde les unes aux autres,
12:34 et quand c'était pas satisfaisant, y raturer et y recommencer.
12:37 Donc il y avait vraiment un attachement très très fort à la notion de langage
12:40 et à la manière dont les choses sont dites.
12:41 - Avec aussi une façon de jongler avec les mots, d'improviser aussi,
12:45 on retrouve une forme de battle aussi dans ce que vous décrivez dans ces cours.
12:50 - Oui, l'école de Boulogne est aussi représentative de cette époque du rap français,
12:54 où les freestyles étaient beaucoup plus en odeur de synthé que maintenant,
12:57 où les rappeurs se réunissaient notamment dans la radio-génération,
13:00 et faisaient des freestyles qui sont désormais passés à la postérité.
13:03 Et c'est vrai que c'est quelque chose qui s'est un petit peu perdu,
13:06 et qui était quand même vraiment significatif dans les fins des années 90 et début des années 2000.
13:09 - Même si quand même, il faut rendre un cercle,
13:12 aujourd'hui quand on écoute le freestyle de Bigflo Oli qu'il a fait
13:17 sur une radio-concurrente, Skyrock pour ne pas la nommer, qui dure 10 minutes,
13:21 c'est un moment assez époustouflant,
13:23 parce que c'est un groupe qui a souvent été critiqué parce que c'est pour les petits,
13:25 c'est pour les enfants et tout.
13:27 Quand on écoute ça, on se dit que finalement, voilà des gens qui ont justement cette culture rap,
13:31 qui ont suivi cette éducation-là,
13:33 et qui la régurgitent à leur sauce, à leur façon, depuis leur basse toulousaine,
13:37 et c'est absolument magnifique.
13:39 - C'est aussi ça qui est fort avec ce genre musical,
13:41 et que ce n'est pas, si je puis me permettre de le dire ainsi, gravé dans le marbre,
13:45 c'est-à-dire qu'il y a aussi l'idée de la performance, comme on vient d'en parler ?
13:49 - Je pense que c'est une culture qui...
13:51 Quand on parle de la culture hip-hop, le rap est un pan de la culture hip-hop,
13:53 c'est aussi une culture de la débrouillardise,
13:55 de gens qui prennent l'électricité publique pour faire des block parties dans les années 70.
14:00 Il y a aussi un esprit de compétition qui est très fort,
14:02 il s'agit d'être le meilleur que son concurrent,
14:05 c'est ce que Danny Dan, que vous citez d'ailleurs, a vraiment profondément dans son ADN,
14:09 il y a une sorte d'émulation qui se crée,
14:11 et même quand deux rappeurs sont sur le même couplet,
14:13 il faut que l'un soit meilleur que l'autre.
14:15 - Nicolas Rogez, dans votre livre, vous parlez de Boulogne,
14:18 en disant "c'est une ville de contrastes".
14:20 Ça veut dire quoi ? On parle évidemment d'abord de contrastes sociaux ?
14:24 - On parle de contrastes sociaux, effectivement,
14:26 entre la population très aisée de Boulogne-Biancourt,
14:28 qui est la ville la plus aisée d'un des départements les plus riches de France,
14:32 et la zone du Pont-de-Sèvres,
14:34 qui historiquement a été créée pour loger les employés des usines Renault,
14:37 qui est effectivement un niveau de vie un peu moins élevé qu'ailleurs dans Boulogne.
14:41 Donc le rap s'est aussi nourri de ces contrastes-là.
14:44 Des rappeurs me disaient qu'ils voyaient des belles voitures à côté d'eux,
14:48 et qu'ils se disaient "peut-être que j'ai un peu envie d'avoir ça",
14:50 et puis ils rappaient aussi les contrastes de leur ville.
14:52 Je veux dire, même au sein du groupe Lunatic,
14:54 donc le duo composé de Ali et Booba,
14:56 on les a longtemps décrits comme une position entre l'ombre et la lumière,
14:59 et même au sein des sages poètes de la rue,
15:01 les trois rappeurs, Danny Dan, Zoxy et Mélo Filho,
15:03 ont des personnalités bien différentes.
15:05 Donc vraiment le rap de Boulogne est la métaphore de tout ça.
15:07 - Ce contraste social, cette opposition en quelque sorte, Olivier Cachin,
15:11 ça m'a fait penser à cette histoire du printemps de Bourges que vous racontez,
15:14 on est en 1991.
15:15 Les rappeurs, dites-vous, alignaient tous les journalistes un par un,
15:18 parce que ces journalistes les prenaient pour des idiots.
15:21 Avec là aussi, on parlait de préjugés tout à l'heure,
15:24 une façon de considérer ces rappeurs,
15:27 effectivement comme des personnes sans intelligence,
15:30 qui venaient de quartiers sans culture, sans patrimoine.
15:32 - Vous savez, c'est toujours la même histoire.
15:34 En 1970, quand Bob Marley a commencé à tourner aux Etats-Unis en 1974
15:37 avec son album Catch a Fire,
15:39 beaucoup de journalistes américains demandaient d'édicacer l'album.
15:42 Mais vous savez pourquoi ?
15:43 Pas parce qu'ils aimaient, pour voir si le noir savait écrire.
15:46 C'était ça le truc.
15:47 Et bien là on retrouve cette même chose.
15:49 C'est des jeunes, c'est des noirs de banlieue,
15:51 ils sont un peu bêta, ils n'ont aucune référence.
15:54 Alors pour certains, c'est vrai, ils n'avaient pas de référence culturelle,
15:57 mais il ne faut pas confondre culture et intelligence.
15:59 Et en l'occurrence, à cette conf de presse,
16:01 c'était NTM qui était avec Juliette Gréco,
16:06 et qui les défendait.
16:07 Parce qu'effectivement, je veux dire,
16:08 il ne faut pas oublier quand même que,
16:10 peut-être qu'ils n'ont pas la culture universitaire, intellectuelle, tout ce qu'on veut,
16:14 mais ils ont de la punch, ils ont de la répartie,
16:16 ils savent s'exprimer aussi,
16:19 d'une façon qui n'est peut-être pas, comment dire, officielle.
16:22 Mais c'était la grosse erreur.
16:24 Après, c'est vrai, ce qui est vrai, c'est aussi,
16:26 c'est qu'il y en a qui n'avaient pas les codes de communication journalistique.
16:30 - Par exemple, vous les invitiez dans votre émission,
16:33 je rappelle, Rap Line sur M6,
16:35 consacré au rap et à la culture underground une fois par semaine.
16:39 Émission à succès dans les années 90.
16:41 Et bien du coup, c'est ta anecdote,
16:42 ou solo d'assassin, qui vous fait remarquer à la fin de l'émission
16:45 que vous portez une cravate et que la cravate, c'est pas très rap.
16:48 - Bah oui, ce qui était amusant,
16:49 c'est un peu comme quand on demandait aux inconnus,
16:50 mais vous appelez les inconnus, vous êtes très connus.
16:52 C'est les questions qu'on a entendues 10 000 fois.
16:54 Donc moi, j'avais la version, tu veux la 15 secondes, la 3 minutes.
16:57 Donc effectivement, c'est simple, c'est dire que le hip-hop, c'est être soi-même.
17:00 Et si je m'habille en sportswear, je me déguise.
17:02 J'ai jamais habité en banlieue, j'ai jamais porté de basket.
17:05 Donc oui, parce qu'il y avait ce côté.
17:07 En fait, au début, j'étais un petit peu l'ovni,
17:09 parce que la coupe de cheveux, les chemises et tout.
17:12 Mais finalement, je me suis très vite retrouvé dans un rôle,
17:15 pas vraiment de porte-parole, mais en tout cas de journaliste,
17:17 et plein de gens qui disaient, au moins, il ne dit pas trop de conneries.
17:19 Quand il y a quelqu'un avec une casquette, il ferait "Yo !"
17:22 On en a vu aussi.
17:23 - C'est ce que je n'ai pas fait aujourd'hui, vous l'avez remarqué.
17:26 Nicolas Regez, sur cette émission, elle a eu un impact aussi jusqu'à Boulogne-Bihancourt ?
17:30 - Bien sûr, ce qu'a fait Olivier Cachin, c'est quelque chose qui a encore de l'impact aujourd'hui, bien sûr.
17:34 Notamment aussi pour les gens comme moi, qui...
17:37 Moi, je suis né en 91, donc quand je n'ai, le rap est là depuis longtemps.
17:41 Et ce sont les documents, comme les livres, les émissions d'Olivier Cachin,
17:44 qui nous servent aussi de source.
17:45 Et à Boulogne-Bihancourt, on regardait "Rap Line", bien sûr,
17:47 mais on regardait aussi ce qui se passait du côté des Etats-Unis.
17:49 C'était une ville qui était très tournée vers les USA.
17:51 Et on regardait beaucoup MTV également.
17:53 Ils étaient très influencés par le rap américain.
17:55 Donc il y a vraiment eu un mélange entre le rap francophone et également le rap américain à Boulogne.
17:59 - Nicolas Regez et Olivier Cachin sont les invités du Book Club ce midi.
18:03 Et on accueille à présent dans le Book Club notre confrère du journal "La Croix", Christophe Hennig.
18:13 Bonjour Christophe !
18:14 - Bonjour Nicolas, bonjour à tous !
18:16 - La Croix, partenaire du Book Club pour ce dossier.
18:19 Histoire de lire dans votre journal pendant 15 jours.
18:21 Vous explorez le domaine de la lecture comme un moyen d'accès au monde et à sa complexité.
18:26 Christophe, on s'arrête avec vous sur l'évasion que constitue la littérature.
18:31 Mais de quelle littérature parle-t-on ?
18:33 - Ah bah oui, c'est ça, la littérature, on a l'impression que tout est littérature.
18:37 Mais il faut bien voir, effectivement, et vos auditeurs le savent aussi bien que moi,
18:42 il y a mille façons d'accéder à cette littérature.
18:45 Moi je repère simplement, il y a la fiction, il y a la non-fiction, de l'autofiction, du feel-good,
18:51 de la littérature du réel, on imagine maintenant, du polar.
18:54 Est-ce que la poésie c'est de la littérature ?
18:56 Oui, alors en tout cas ce que j'essaie de montrer, c'est qu'effectivement,
19:00 tous les livres sont une occasion d'évasion, peut-être aussi de réfléchir.
19:05 C'est effectivement quelque chose de précieux.
19:07 C'est Georges Bataille qui disait "La littérature est l'essentiel ou elle n'est rien".
19:11 Je pense qu'effectivement, ce que la littérature peut apporter,
19:15 c'est totalement gratuit et en même temps tellement important.
19:18 Vous êtes le bienvenu dans cette émission avec cet état d'esprit,
19:21 puisque c'est aussi le nôtre dans le book club, donner envie de lire,
19:24 de découvrir évidemment tout type de littérature.
19:27 Alors il y a tout de même un style qui se développe beaucoup en ce moment,
19:31 c'est l'autofiction, vous en avez dit un mot, ça consiste en quoi ?
19:34 L'autofiction, c'est effectivement, l'auteur va partir de son matériau,
19:38 de son existence, pour écrire une histoire.
19:42 Et dans cette histoire, il va y avoir aussi des passages
19:45 qu'il va lui-même un peu inventer, c'est ce côté fiction.
19:49 Et c'est Serge Joubrowski qui est un petit peu le maître en termes d'autofiction,
19:54 c'est lui qui a donné peut-être la première définition,
19:56 il a expliqué l'autofiction, c'est la fiction de faits strictement réels.
20:01 Alors ce qui est intéressant, c'est que l'autofiction,
20:03 c'est pas un rapport que l'auteur fait de son existence,
20:08 c'est qu'il choisit dans son existence des éléments
20:11 qui vont lui permettre de raconter une histoire qui est à la fois la sienne
20:15 et en même temps une histoire qui est aussi inventée,
20:18 parce que l'autofiction, elle n'a aucun intérêt,
20:21 si c'est simplement son autobiographie, c'est un autre style l'autobiographie.
20:27 Là, l'autofiction, l'auteur se permet de prendre ce qu'il a vécu
20:31 et de le magnifier peut-être avec cette part de fiction qu'il peut glisser dedans.
20:37 C'est un terrain assez glissant pour son entourage,
20:39 parce qu'il va parfois, et on l'a vu, raconter des choses que lui-même a vécues,
20:44 mais qui vont engager quelqu'un d'autre.
20:46 - Avec parfois évidemment un but universel, pour que ça puisse parler à tout le monde, évidemment.
20:51 Alors c'est pas facile d'avoir accès aux grandes maisons d'édition,
20:53 chacun trouve ses propres solutions.
20:55 - Oui, c'est vrai qu'avoir son texte sous forme de livre,
20:58 c'est vraiment la chose rêvée par de nombreux auteurs, on peut dire.
21:03 Alors c'est vrai qu'il y a quelques années, il y avait une solution,
21:08 c'était d'imprimer son texte, de l'envoyer par la poste à une grande maison d'édition.
21:13 Maintenant on peut passer par Internet, il y a des sites pour ça,
21:16 il y a des sites aussi qui se veulent détecteurs de talents,
21:20 et qui peuvent rassembler beaucoup de textes,
21:22 et puis certains textes vont émerger et souvent connaître un grand succès,
21:27 déjà sur Internet, ce qui va éveiller la curiosité d'une grande maison d'édition,
21:32 qui va reprendre à son compte ses textes et en faire des livres.
21:35 Là finalement, la littérature c'est aussi quelque chose de très concret,
21:39 c'est du papier, c'est de l'encre, et puis c'est aussi une rencontre en librairie,
21:44 toute une économie qui est difficile peut-être en ce moment,
21:46 qui traverse une période difficile,
21:48 mais une économie qui nous ouvre aussi au monde, à l'évasion,
21:53 ce qu'on disait pour commencer, et vraiment cette richesse de rencontres
21:59 entre le lecteur et un auteur.
22:02 - Et la boucle est bouclée, on retrouve tout cela dans votre article publié dans le journal La Croix.
22:06 Merci beaucoup Christophe Henning. - Merci Nicolas.
22:08 - L'article à lire donc mercredi dans le dossier Histoire de lire,
22:12 à retrouver dans le journal La Croix jusqu'au 16 juin prochain,
22:15 avec donc notre partenaire qui explore le domaine de la lecture
22:18 comme moyen d'accès au monde et à sa complexité,
22:21 on y est, on est en plein dans le sujet, Olivier Cachin,
22:24 on parlait d'autofiction il y a un instant,
22:26 il y a quoi dans le rap, de la fiction ou de la réalité ?
22:29 - Alors aujourd'hui le rap qui comme on le disait tout à l'heure est une musique plurielle,
22:32 à ce luxe, vous savez c'est une prophétie autoréalisatrice qu'avait dit Gims,
22:36 même s'il ne l'a pas inventé, le rap français c'est la nouvelle variété.
22:38 Et bien de fait, il y a beaucoup de rap aujourd'hui qui ne parle de rien.
22:41 Et c'est un luxe, parce qu'à une époque, les années 90 notamment,
22:44 il fallait, la phrase qui définit cette décennie-là,
22:48 c'est "qui prétend faire du rap sans prendre position".
22:50 Aujourd'hui tout a été inversé, c'est quasiment Nietzschean,
22:53 c'est-à-dire qu'aujourd'hui le rappeur conscient, c'est presque devenu un gros mot,
22:57 et l'idée de faire du commerce a complètement été assimilée maintenant,
23:02 c'est-à-dire qu'on n'est plus dans cette orthodoxie, comme dirait Akhenaton,
23:05 donc il y a effectivement des morceaux qui ne parlent de rien.
23:07 Ça ne veut pas dire que le rap français est devenu dérisoire,
23:09 ça veut dire qu'il s'est permis ce luxe, comme la variété,
23:12 de pouvoir des fois être pas forcément dénonciateur,
23:15 de pouvoir prendre de la mélodie, de pouvoir chanter grâce à l'autotune,
23:18 et de pouvoir raconter des histoires qui sont banales,
23:20 ou qui ne sont même pas des histoires, juste des chansons.
23:22 - Ce n'était pas le cas à Boulogne dans les années 90, Nicolas Rojas ?
23:25 - Si, un petit peu, je pense que ce qui était fort chez les sages poètes de la rue,
23:29 c'est qu'ils disaient des choses sur le monde qui les entourait,
23:32 mais ils le disaient aussi avec beaucoup de style,
23:34 ils chantonnaient comme on peut chantonner aujourd'hui en 2023.
23:37 Donc si, à Boulogne il y a vraiment eu cette alliance entre,
23:40 on parle de ce qu'on vit, de ce qu'on voit également,
23:42 mais on sait aussi s'amuser, faire la fête,
23:45 et je pense qu'on a longtemps, comme le disait Olivier, réduit le rap à sa portée sociale.
23:51 Pour moi c'est un non-sens complet,
23:53 c'est dans le tout début, l'essence de la culture hip-hop,
23:56 c'est avant tout des gens qui prennent le micro pour s'amuser et pour faire la fête.
23:59 - Quand Joystar dit, dans votre livre "C'est rapporté", Olivier Cachin,
24:03 "le rap ça vient du bide", comprenez, du ventre, des tripes,
24:06 ça veut dire qu'il faut quoi, se bagarrer, boxer les mots ?
24:09 - À l'époque où il le dit, oui, parce qu'encore une fois,
24:12 on parle d'une musique qui a dû conquérir ses galons,
24:14 mais à marche forcée, et encore une fois, ça n'a pas toujours été évident.
24:18 Moi, effectivement, étant un petit peu plus âgé, même beaucoup plus que Nicolas,
24:22 j'ai arpenté des plateaux de télé, de radio,
24:24 et j'ai entendu tous les clichés à la pelle,
24:27 le plus extraordinaire étant quand le micro s'éteignait,
24:30 mais en fait, vous écoutez quoi en vrai ?
24:32 Comme si c'était forcément une posture que de dire "j'écoute du rap français, j'en parle".
24:36 Donc bien sûr, ça a beaucoup évolué.
24:38 Mais bon, encore une fois,
24:40 je crois que ce qui montre que le rap français est arrivé à une forme de maturité,
24:44 et ça peut paraître bizarre de dire comme ça, c'est que maintenant, il y a des mauvais rappeurs.
24:47 Parce que c'est tellement énorme qu'on ne peut plus prendre ça comme un tout,
24:50 même s'il y avait de la diversité à l'époque.
24:52 Ce qui est rassemblé, c'est que tout avait une certaine qualité.
24:54 Aujourd'hui, on a effectivement du rap minable, du rap de deuxième zone.
24:58 Bon, ce n'est pas ce qui fait ce mouvement, mais c'est aussi possible.
25:01 Et c'est aussi en ça que c'est une musique devenue populaire,
25:03 c'est qu'il y a tellement de gens qui font tellement de styles différents
25:05 qu'il y en a pour tous les goûts, et il y en a aussi du bon et du franchement moins bon.
25:09 - Donc ce n'est pas cliché non plus de dire qu'aux origines, dans les années 90,
25:12 il y a peut-être plus un message politique aussi.
25:14 Vous parlez notamment, Nicolas Rogès, du racisme,
25:17 vous citez les Black Dragons de Boulogne.
25:20 Il y avait des choses plus profondes avant, toujours aujourd'hui,
25:24 mais peut-être plus présentes aux origines ou pas ?
25:27 - C'est vraiment une question qui est très intéressante,
25:29 qui moi me passionne en tout cas.
25:31 Pour moi, on ne peut pas dire ça, on ne peut pas dire que les choses étaient différentes avant.
25:36 Je pense que les choses sont différentes tout le temps,
25:38 et bien il y avait une phrase à un moment qui disait,
25:40 c'était même sur des t-shirts, "le rap c'était mieux avant".
25:43 C'est complètement faux, le rap c'est mieux maintenant en fait.
25:45 Le rap est une musique qui, comme le dit Olivier,
25:47 plaît à absolument tout le monde, à toutes les générations,
25:50 et c'est à ça que l'on reconnaît les choses qui durent, je pense.
25:52 - Aujourd'hui, on pourrait voir un rappeur répondre à une ministre,
25:55 comme l'a fait Destroymann, quand il répond dans une chanson à la première ministre,
26:00 et Cresson, qui avait dit à l'époque que les jeunes cassaient tout,
26:03 c'est parce qu'ils n'avaient pas pu accéder à des études,
26:05 qu'est-ce qu'il lui a répondu ?
26:06 - Pas des questions du style Blanchette.
26:09 - Ben non, disons que ce qui a changé, c'est que par exemple,
26:12 dans les années 2000, il y avait James qui chantait Marine au piano solo,
26:15 s'adressant directement à la cheffe du Front National.
26:19 Aujourd'hui, on a Marion Maréchal et Lébonne.
26:22 C'est plus ça, donc effectivement, cette obligation de dénoncer,
26:26 de dire des choses, qui est très française,
26:28 parce qu'encore une fois, le rap français, finalement,
26:30 c'est une culture beaucoup plus littéraire que ce qu'on pourrait penser,
26:32 et que l'est le rap américain.
26:33 Le rap américain, le rap social, c'est beaucoup plus court comme période.
26:37 Ça commence un peu avec Demesset, encore une fois,
26:39 on parle évidemment de ce qui émerge, il y a toujours eu tous les styles,
26:42 tout le temps, mais puis après, ça part vite vers d'autres choses.
26:45 En France, on est très longtemps resté sur ce côté littéraire, écrit.
26:48 Ce que j'apprécie dans l'écriture d'Oxmo Puccino,
26:53 c'est la puissance de ses paroles et de ses rimes.
26:56 Sa diction quasi parfaite, sa manière d'articuler chacun des mots,
27:00 donne de la puissance à son rap.
27:02 Il a une telle verve qu'il arrive à nous procurer toutes sortes d'émotions.
27:05 Je pense à un de ses textes en particulier,
27:08 que j'ai découvert il y a quelques années,
27:10 il s'appelle "Le jour où tu partiras".
27:12 Ce texte assez sombre évoque la rupture et la déception amoureuse,
27:16 quelque chose que l'on a déjà tous vécu.
27:18 Je vous cite le refrain.
27:20 "Dans la magie des premiers jours, on s'était dit des mots d'amour,
27:23 qu'en est-il ? Les yeux nous pleurent, tu n'es qu'à une larme de la haine.
27:26 Dans la magie des premiers jours, on s'était dit des mots d'amour,
27:29 qu'en est-il ? Les yeux nous pleurent, rien ne dure toujours."
27:32 "Vraiment quand je pense à mes ex, rien n'a fait que se rendre milo-sexuel.
27:35 Ce fut formidable au début, au début c'est souvent formidable.
27:38 Puis ça vire à l'ordinaire, l'amour meurt, on s'écarte, on s'y merde et les larmes bavent.
27:43 Et on se tape comme des chiffons devant les gosses.
27:45 L'amour, c'est fausse, moins beau et même moche."
27:49 "Un ose, un monde blessé, qui fleure au coin du zé, comme une rachatée."
27:56 La communauté du book club Djenéba qui nous parle d'Oxmo Pouchino,
27:59 "Le jour où tu partiras".
28:01 Alors qu'est-ce qui s'est passé à Boulogne-Biancourt ?
28:03 C'est ce qu'on se demande en lisant le titre d'abord de votre livre, Nicolas Rogès,
28:07 "Boulogne, une école du rap français".
28:09 Qu'est-ce qui fait que dans cette ville, véritablement, il s'est passé quelque chose au niveau du rap ?
28:14 Alors vous nous racontez les studios de télévision, évidemment.
28:18 Vous avez parlé il y a quelques instants des usines Renault.
28:21 Il y a un contexte particulier dans cette ville, une culture qui coule dans les rues, comme vous le dites.
28:26 Oui, alors avant que les sages poètes de la rue mettent Boulogne sur la carte,
28:30 je dis "mettre Boulogne sur la carte" parce que dans le rap c'est important,
28:32 cette notion de territoire, de représenter, d'être fier de sa ville, de son département.
28:36 Finalement à Boulogne, il n'y avait pas grand-chose.
28:38 Et c'est une question que j'ai posée à toutes les personnes que j'ai interviewées.
28:41 Je leur ai demandé ce qui s'était passé à Boulogne-Biancourt et aucune ne m'a répondu.
28:45 Ils m'ont tout simplement dit "écoute, c'est l'histoire de pionniers, c'est une histoire de courage,
28:50 de gens qui se lèvent aussi contre ce en quoi on a envie de les réduire
28:53 et qui décident de faire des choses et qui n'avaient pas vraiment d'ambition herculéenne au début,
28:58 qui voulaient juste faire de la musique, s'amuser, raper entre potes et voir ce qui se passait.
29:02 Évidemment, ils sont très proches de Paris, vous le disiez.
29:05 Vous racontez aussi les transports en commun, le métro, les bus, le RER.
29:09 C'est un imaginaire aussi qui a nourri notamment les clips.
29:13 Et vous nous racontez ce clip de 1995, les sages poètes de la rue
29:17 qui vont filmer leur clip dans le 13e arrondissement de Paris.
29:20 Oui, et Booba a une phrase très très belle, je trouve, sur la relation justement entre le rap et les métros.
29:26 Il dit "ma jeunesse a la couleur des trains".
29:28 Donc ça voulait dire qu'en fait il y avait une notion d'éloignement,
29:31 d'éloignement géographique mais aussi social.
29:33 Paris, qui était tentaculaire, qui était aussi gangrenée par le racisme,
29:37 et les rappeurs de Boulogne essayaient d'accéder au cœur de Paris.
29:40 Ils n'y ont pas forcément réussi, donc ils ont, en tout cas dans les premiers temps,
29:45 du coup ils se sont recentrés sur Boulogne.
29:47 Et au fil d'albums, de travail, ils ont réussi effectivement à aller avec les métros
29:52 faire des concerts dans la capitale.
29:53 Et là, c'est comme ça que l'expansion a commencé.
29:55 Le métro qui pouvait devenir aussi le théâtre de batailles rangées.
29:58 Il y a aussi beaucoup de, comment expliquer ça, d'opposition entre rappeurs,
30:03 entre groupes, entre chanteurs.
30:05 Olivier Cachin, c'est particulier à ce genre musical.
30:09 C'est pas la guerre des gangs, c'est la guerre des codes postaux.
30:11 C'est la carte et le territoire pour Franck Weilbeck.
30:14 Oui, parce que, évidemment, c'est comme aux Etats-Unis.
30:17 Quand le rap naît, il y a KRS-One qui dit "c'est le South Bronx"
30:20 et puis il y a MC Chan et Marley Marl qui disent "non, non, non, c'est Queensbridge".
30:23 Et il y a des morceaux, pareil, 9.3, 9.2, 9.4, 7.5.
30:27 Tout le monde a son code et tout le monde est le meilleur.
30:29 Parce qu'effectivement, comme le rappelait Nicolas, c'est une course d'obstacles
30:32 où on doit, même le plus médiocre, on va dire qu'il est le meilleur,
30:35 qu'il a le plus d'argent, le plus de flow.
30:37 Et selon l'endroit d'où il vient, effectivement, il va y avoir cette fierté de l'endroit.
30:42 Pas pour tout le monde, d'ailleurs, parce que Yazid, qui était un choriste des MTM,
30:45 qui a fait un album solo, à l'époque, je me rappelle, il s'achoquait.
30:47 Il disait "mais je ne comprends pas comment on peut glorifier la banlieue, c'est dégueulasse, c'est horrible.
30:51 Pourquoi ces gens sont si fiers de cet endroit où ils vivent qu'il y a un endroit qui n'est pas agréable ?"
30:56 Mais en même temps, on aime toujours l'endroit d'où on vient.
30:58 Donc, dans le rap comme ailleurs, il y a cette appartenance au territoire qui est très, très marquée.
31:03 Oui, effectivement.
31:04 - Appartenance et envie d'évasion, d'aller voir ailleurs, d'aller voir New York.
31:08 Nicolas Rogers, ils y vont y aller, les rappeurs de Boulogne ?
31:11 - Oui, une fascination pour un grand groupe de l'histoire de la musique.
31:15 J'allais même parler de rap, mais non vraiment de l'histoire de la musique.
31:17 Il s'appelle le Wu-Tang Clan, qui est un groupe aussi, effectivement,
31:20 qui, à l'instar des Sages Poètes de la Rue, réunit plein de personnalités différentes au sein du même collectif.
31:25 Et les Sages Poètes de la Rue sont inspirés par le Wu-Tang.
31:28 Et quand Zoxy, un des membres des Sages Poètes de la Rue, arrive à New York,
31:32 il voit que l'ambiance est incroyable, que des gens rappent dans toutes les pièces,
31:36 que le Wu-Tang résonne de partout, et il se dit "Ok, quand je vais rentrer en France,
31:39 quand je vais rentrer à Boulogne, je vais créer une sorte de Wu-Tang Clan".
31:42 Et c'est comme ça que naît aussi le rap de Boulogne.
31:45 - Les Etats-Unis, c'est évidemment une inspiration forte.
31:48 - Ah bah la Mecque, évidemment !
31:50 C'est-à-dire que longtemps, ça a été New York, après avec des artistes comme ALPHA, MSJ et quelques autres,
31:55 ça a été la West Coast, la Californie.
31:57 Mais évidemment, tout vient de là.
31:59 A une époque, d'ailleurs, si vous regardez l'histoire des groupes de rap français des années 90,
32:02 vous allez vous apercevoir que Assassin c'est un peu Public Enemy,
32:06 d'autres ça va être un peu Tribe Call Quest,
32:08 on se modèle sur l'Amérique,
32:11 et même le style piano-voix-beat qui a été suit de Mobb Deep, avec les violons aussi,
32:17 c'est devenu officiel en France quand les Etats-Unis l'ont fait.
32:20 Les Américains ont d'ailleurs, et ça c'est amusant, samplé des artistes français avant les Français.
32:24 C'est comme s'il fallait une espèce d'autorisation non écrite des Etats-Unis pour faire quelque chose.
32:28 Bon, aujourd'hui c'est un petit peu changé, il y a plus d'autonomie,
32:30 mais c'est vrai qu'à une époque, forcément, de toute façon ça vient de là.
32:34 En fait, les 50 ans du hip-hop, ça date de 1973,
32:36 et c'était pas ni à Boulogne ni à Paris, c'était évidemment à New York que ça a démarré cette histoire.
32:41 - On va terminer avec la question de l'héritage du rap.
32:44 Vous dites Nicolas, voyez-vous ça à la fin de votre livre, qu'à Boulogne,
32:47 on dirait que chaque ombre projetée sur les pavés est celle des artistes des générations précédentes.
32:51 On se revendique encore des artistes passés de Boulogne aujourd'hui ?
32:54 - Bien sûr, encore une fois, le rap est vraiment une question de territoire.
32:58 Quand on parle de rap, on est presque géographe à un moment.
33:00 On parle de mutation géographique, et par mutation géographique, on entend des mutations de son.
33:05 Et donc, par son, on entend aussi identité.
33:07 Et à Boulogne, on a vraiment une très forte identité.
33:09 À Boulogne, il faut savoir rapper, il faut savoir freestyler.
33:12 Ça veut pas dire qu'il faut que tu te résumes à ça,
33:14 mais ton héritage est tellement fort, coule tellement dans les rues de Boulogne,
33:17 qu'il faut savoir le faire.
33:18 Après, tu peux partir dans d'autres directions.
33:20 Il y a plein de rappeurs de Boulogne aujourd'hui qui ne se résument pas du tout au fait de freestyler
33:23 ou d'essayer d'être dans un esprit de compétition,
33:25 mais qui sont dans une logique d'ouverture.
33:27 Et pour autant, ils se revendiquent tous de Boulogne avec beaucoup de fierté.
33:29 Olivier Cachin, pour terminer,
33:31 quelle est la nouvelle génération du rap français des années 2020 ?
33:36 Qu'est-ce qu'on retient ?
33:37 Une génération qui est, encore une fois, très décomplexée par rapport au succès commercial,
33:42 à l'utilisation de morceaux populaires.
33:44 Quand Us L'Enfoiré, pour La Moulaga, fait danser,
33:47 moi je l'ai vu en première partie de Val, juste avant le confinement,
33:50 je vois 20 000 personnes danser sur La Moulaga,
33:52 qui sont en train de sauter au son du mendiant de Enrico Macias,
33:56 morceau de variété des années 70.
33:57 Je pense que j'étais un peu le seul dans la salle.
33:59 Mais voilà, et à côté de ça, il ne faut pas oublier qu'il y a aussi toujours de l'émotion, du texte,
34:04 même si ce qu'on entend plus, c'est des artistes comme Jul,
34:08 qui ont rempli le stade de France quand même,
34:10 qui avec Booba et Maitre Gims, c'est les trois seuls qui l'ont fait,
34:13 qui ont un style beaucoup plus ouvert.
34:14 Il y a toujours de l'invention, de la créativité, de l'émotion.
34:17 Tout à l'heure, on parlait d'Oxmo Puccino,
34:19 c'est avec Dali Dan qu'il a fait ce qui est pour moi un de ses plus beaux morceaux,
34:22 "À ton enterrement", qui est un morceau qui met les poils du bras au garde-à-vous.
34:25 C'est terrible.
34:26 Et ça, c'est que dans le rap qu'on trouve ce genre d'émotion-là aussi brute et aussi magnifique.
34:31 - Et si vous voulez partager ces émotions, découvrir ce qu'est le rap français,
34:35 c'est de l'ivre.
34:36 Merci à tous les deux d'être revenus.
34:37 Olivier Cachin, Rap in France, l'émergence du rap français dans les années 90
34:41 avec la préface d'Aurél San, c'est chez le Castor Astral.
34:43 Et merci à vous, Nicolas Roges, Boulogne, une école du rap français,
34:47 c'est chez Jean-Claude Lattès.
34:50 Merci d'être venus tous les deux dans le Book Club.
34:52 - Merci beaucoup.
34:53 - L'épilogue rappé peut-être tout à l'heure, dans un instant,
34:58 mais d'abord les 4 items de Charles Dantzig.
35:01 - Peu d'idées me paraissent plus niaises que celles de la littérature qui rend meilleure.
35:05 La littérature n'en rend pas plus meilleure qu'elle ne rend pire.
35:09 Ce n'est pas parce qu'on lit un livre sur Néron qu'on va assassiner sa mère.
35:13 Ce n'est pas parce qu'on lit un livre sur Mère Thérésa qu'on va ouvrir un dispensaire.
35:18 La littérature n'a aucune influence morale.
35:21 Supposer qu'elle en a une de bonne entraînerait d'ailleurs qu'elle en a nécessairement une de mauvaise,
35:27 la soumettant aussitôt à toutes les poursuites, tous les procès, toutes les interdictions.
35:33 L'imbécilité est fortement située en Floride en ce moment.
35:37 Une professeuse de collège y a été renvoyée à la demande de parents
35:41 parce qu'elle avait montré une image du David de Michel-Ange,
35:45 éveillant selon eux des idées sexuelles malsaines.
35:49 Dans la même Floride, une mère de famille vient d'obtenir l'interdiction de livres selon elle répréhensibles,
35:55 des livres où il y a des Noirs, des livres où il y a des Gays,
35:59 et ce, d'Amanda Gorman qui a lu un poème à l'investiture de Biden.
36:03 Je dois dire que pour elle, il aurait suffi de dire que c'est bien mauvais.
36:07 On a un peu enquêté sur cette mère de famille.
36:11 D'origine latino, elle relaie des tweets sur le protocole des sages de Sion
36:15 et admire les Proud Boys, vous savez, les esthètes qui ont tenté un coup d'État en faveur de Donald Trump il y a trois ans.
36:23 Elle a admis, de plus, dans une interview, qu'elle ne lisait rien.
36:27 Les procureurs de la littérature sont souvent à l'image de cette femme.
36:31 Ils ne lisent rien, mais se laissent guider par une urticaire
36:35 et vite communiquer par les jugements des autres ou des citations habilement trafiquées.
36:40 Le meilleur moyen de contracter la bêtise est le préjugé.
36:44 Il n'y a pas de bonne ni de mauvaise lecture en littérature,
36:48 parce que, en littérature, le message se situe dans la forme, pas dans le sujet.
36:54 Et voilà pourquoi il n'existe pas davantage de littérature curative.
36:58 C'est à la mode depuis quelques années, la littérature qui fait du bien.
37:01 Mais de quelle façon ? Proust guérirait de las mais Jean Genet des MST ?
37:06 La littérature soulagerait les souffrances, empêcherait la dépression ?
37:11 Enfin quoi, la littérature, c'est de l'eau de lourde ?
37:14 La littérature a une grande utilité, mais elle n'est pas celle que ces gens disent.
37:19 C'est la raison pour laquelle les libraires peuvent vendre sans risque des livres malveillants
37:24 comme ceux des brutes dont je vais parler dans les prochains volets de ce cadre-thème.
37:28 Les lecteurs sauront très bien s'y retrouver.
37:31 On espère ! A demain, Charles Danzig, les cadres-thèmes à retrouver sur franceculture.fr et sur la pli Radio France.
37:35 Un grand merci à toute l'équipe du Book Club qui prépare avec moi cette émission tous les jours.
37:39 Auriane Delacroix, Zora Vigné, Jeanne Agrappard, Didier Pinault et Alexandre Halaï-Bégovitch.
37:44 C'est Félicie Fauger qui réalise cette émission ce midi et à la prise de son, Olivier Arnet.
37:49 Merci à tous les deux.
37:50 Le Book Club revient évidemment demain.
37:52 Et avant de se quitter, nous tournons ensemble la dernière page du jour.
37:56 Voici l'épilogue.
37:57 Aussi bien Orel San que Soprano me disent tous les deux la même chose à une époque différente et un âge différent.
38:02 J'ai découvert ce que c'était que le rap en regardant ce gars à la télé avec un danseur derrière, un DJ qui était dediqué.
38:07 Le rap est un pan de la culture hip-hop.
38:09 C'est aussi une culture de la débrouillardise, de gens qui prennent l'électricité publique pour faire des block parties dans les années 70.
38:15 C'est une prophétie autoréalisatrice qu'avait dit Gims, même s'il ne l'a pas inventé.
38:18 Le rap français, c'est la nouvelle variété.
38:20 Laissez-vous envahir par le flow.
38:21 *Musique*
38:31 France Culture, l'esprit d'ouverture.