SMART JOB - Fenêtre sur l’emploi : Julien Breuilh (Groupe EDC Business School)

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Mardi 6 juin 2023, SMART JOB reçoit Julien Breuilh (directeur relations entreprises, Groupe EDC Business School)
Transcript
00:00 Générique
00:02 ...
00:11 -Fenêtre sur l'emploi.
00:13 Pour rester dans l'esprit du débat engagement-désengagement,
00:17 est-ce qu'on va un peu loin ?
00:18 Est-ce qu'on exagère en parlant de désengagement ?
00:21 On en parle avec Julien Breuil.
00:23 Directeur relations entreprises au groupe EDC Business School.
00:27 On va avoir un débat sur cette révolution du travail,
00:30 du désengagement ou du réengagement.
00:32 D'abord, il y a quand même des éléments fondateurs
00:36 qui justifient ce mot de désengagement.
00:38 -Oui, tout à fait.
00:39 C'est vrai que désengagement, réengagement,
00:42 déjà, c'est un concept, on l'abordera tout à l'heure,
00:45 entre désengagement, motivation, implication.
00:48 Mais ce qui est certain, et vous l'avez dit,
00:50 c'est qu'il y a des éléments fondamentaux
00:53 qui posent des fondations sur un potentiel désengagement.
00:56 Le premier, c'est la relation au travail.
00:59 Je crois que ça a été abordé dans la table ronde précédente.
01:02 La relation au travail des salariés et des Français
01:05 a considérablement changé.
01:07 La place du travail n'est plus essentielle.
01:09 Elle n'est essentielle que pour 24 % des salariés
01:12 versus 60 % dans les années 90.
01:14 -C'est assez extravagant.
01:16 -C'est une chute brutale.
01:17 -Ah oui, c'est pas 60-55.
01:19 -Il y a quand même un laps de temps qui est important.
01:22 Ca aurait pu être intéressant, statistiquement,
01:25 de faire l'étude pré-Covid et post-Covid.
01:28 On y reviendra, car le Covid est un élément catalyseur
01:31 de l'évolution du comportement des salariés.
01:34 Le deuxième élément, c'est le niveau d'appartenance
01:37 des salariés à leur entreprise.
01:39 On ne peut pas dire qu'ils n'ont pas un sentiment d'appartenance.
01:43 On sait que 38 % avaient un sentiment d'appartenance très fort
01:47 ou étaient d'accord avec cette notion et qu'on est passé à 20 %.
01:50 Et puis, symbole de tout ça, c'est le niveau d'absentéisme.
01:54 On voit que ça a tendance à progresser.
01:56 Il faut être vigilant, car il y avait des notions de Covid
02:00 sur les années écoulées, un peu moins sur l'année 2022.
02:03 Mais le pourcentage de salariés qui ont eu un jour d'absence
02:06 progresse et est bien supérieur à ce qu'on a pu connaître en 2019.
02:10 -Vous évoquiez le débat du vocabulaire,
02:13 désengagement, démotivation, manque d'implication.
02:16 Comment vous le situez, ça ?
02:18 -Mon analyse, ce serait de se dire que le désengagement,
02:21 c'est la quintessence de ce qu'on peut attendre
02:24 dans la relation entre un salarié et une entreprise.
02:27 En amont, il y a sans doute la motivation.
02:29 Est-ce que je suis motivé ? Pas motivé.
02:32 Là, on revient avec la notion de travail.
02:34 Là, on voit qu'il y a une certaine baisse de motivation
02:37 des salariés, puisque 36 % nous disent que leur motivation a baissé.
02:41 Je me fais l'avocat du diable, mais 64 % disent qu'elle est stable.
02:45 C'est un chiffre assez fort en baisse de motivation.
02:48 Après, il y a l'implication.
02:49 Est-ce que je suis impliqué dans ce que je fais ?
02:53 Je fais plus que ce qu'on me demande.
02:55 77 % nous le disent.
02:56 Et ensuite, il y a l'engagement.
02:58 Les salariés nous disent,
03:00 d'après les études de Malakoff et de l'IFOP,
03:02 qu'ils n'ont pas le sentiment d'être moins désengagés.
03:05 Il y a que 14 % qui nous disent
03:07 qu'ils ne sont pas moins engagés qu'avant.
03:10 On en revient à la table ronde précédente.
03:12 C'est simplement la relation au travail qui a changé
03:15 et que le niveau d'implication ou d'engagement que je mets,
03:19 il est important, mais il faut qu'il y ait un juste retour
03:22 et une promesse d'entreprise qui corresponde à mes attentes.
03:25 C'est là où le bât blesse.
03:27 -Ca revient à l'importance de la place du travail
03:30 et la proportion qui l'occupe.
03:32 Comment on recrée ce lien,
03:34 j'allais dire confiance, entre le salarié et l'entreprise ?
03:37 -La finalité, c'est d'avoir un matching
03:40 entre les attentes des collaborateurs
03:42 et les propositions faites par l'entreprise.
03:45 -C'est le grand rêve.
03:46 -On voit qu'il y a du décalage,
03:48 notamment sur les conditions de travail.
03:51 C'est intéressant que lorsqu'on regarde
03:53 les éléments fondateurs de ce que peut être l'engagement,
03:57 beaucoup d'items sont liés plus spécifiquement
04:00 au poste, à l'entreprise et pas simplement aux conditions de travail.
04:04 Ils nous disent qu'on utilise leurs compétences
04:07 à leur juste mesure.
04:08 -Ce qui renvoie à la notion de reconnaissance.
04:11 -Oui. Ensuite, il y a l'utilité et le sens du métier.
04:14 Ensuite, il y a l'autonomie.
04:16 On a parlé de "freelance" au sein de leur propre entreprise.
04:19 "Je veux être autonome, je veux qu'on me reconnaisse,
04:22 "en tout cas, je veux avoir un métier qui ait du sens
04:26 "et sur lequel j'ai un intérêt à le faire."
04:28 Ce sont des dimensions plus professionnelles
04:31 que purement sociologiques.
04:33 -Un dernier mot, peut-être un meilleur accompagnement
04:36 de formation ? Qu'est-ce qui fait qu'un salarié dira
04:39 "ça y est, ils m'ont réengagé ?"
04:41 -La formation, c'est quand même le sujet
04:43 qu'on traite depuis beaucoup d'années.
04:45 Tous les salariés nous disent "je veux être formé",
04:49 mais l'Environnement a compris qu'il faut avoir une formation
04:52 tout au long de la vie.
04:53 C'est souvent le principal élément sur lequel il y a une insatisfaction.
04:58 Il y a surtout la prise de conscience.
05:00 La relation au travail ne sera plus la même
05:02 que ce qu'on a pu connaître.
05:04 Et surtout, il y a un marché de l'emploi qui est dynamique.
05:08 Le rapport de force entre les collaborateurs
05:10 et les entreprises va durer jusqu'à 2030,
05:13 car il y a un déficit démographique.
05:15 Pour l'instant, c'est à l'entreprise
05:18 qui est le plus déçu.
05:19 C'est pas simple, car il y a des attentes fortes.
05:22 Mais si un salarié a des attentes et veut reprendre le contrôle
05:26 de sa vie, et c'est ce qu'a révélé le Covid,
05:28 si l'entreprise a un modèle patriarcal,
05:31 il y a conflit, et il y a une démission.
05:33 -Merci, Julien Breuil, de nous avoir éclairé.
05:36 On est très en retard au groupe DC Business School.
05:39 C'était un plaisir de partager cette émission avec vous,
05:43 avec toute l'équipe, Raphaël à la réalisation,
05:46 et je remercie l'équipe de programmation,
05:49 Nicolas Juchat et Alexis, que je salue.
05:51 Merci pour votre fidélité et vos messages.
05:54 A très bientôt. Bye bye.
05:56 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
05:58 Générique
06:00 ...

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