• l’année dernière
Compte tenu des bouleversements nés de l’épidémie de Covid, de la guerre en Ukraine et du changement climatique, les équilibres qui semblaient acquis sont désormais menacés. La France, grande nation agricole, peut-elle jouer un rôle dans la nécessaire sécurisation alimentaire mondiale ? Et mieux, peut-elle le faire en mettant en avant sa vision durable et vertueuse de l’agriculture ?

Table-ronde - La souveraineté alimentaire : à quels prix économique, social et environnemental ?

Avec :
- Sébastien Abis, Directeur du Club DEMETER et chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), enseignant à l’Université catholique de Lille et à Junia, chroniqueur et auteur
- Thierry Blandinières, Directeur Général, InVivo
- Anne Trombini, Directrice Générale, Pour une Agriculture du Vivant

Category

🗞
News
Transcription
00:00 (Musique)
00:15 Thierry Blandinière, vous êtes directeur général de InVivo. Bonjour.
00:19 Bonjour.
00:20 On a laissé tous les micros, je vais vous les rapporter. Hop.
00:23 Allez-y. Je viens passer. Hop.
00:25 À vos côtés, Anne Trombini, Anne, vous êtes directrice générale de l'association pour une agriculture du vivant.
00:31 Et à vos côtés, Sébastien Abyss, vous êtes notamment directeur du club des Métères,
00:35 chercheur associé à l'IRIS, l'Institut de relations internationales et stratégiques, et beaucoup d'autres choses.
00:41 J'ai en fait vous demander, tous les trois, avant qu'on commence notre débat, qu'on se pose cette question,
00:47 une petite réaction aux propos du ministre, peut-être.
00:50 On a entendu les mots autarcie, Europe. Est-ce que vous avez un commentaire ou une réaction ?
01:00 À moi l'honneur, a priori. Non, je pense qu'il a extrêmement bien rappelé la complexité du sujet.
01:09 Moi, je retiens un mot-clé qui est le mot coopération.
01:12 Et ce que je regrette peut-être juste dans ces propos, c'est de ne pas ressentir finalement
01:16 comment on va décliner cet objectif de coopération en France.
01:20 Parce que la première solution pour finalement se réapproprier une souveraineté alimentaire,
01:26 c'est d'assurer la capacité à produire sur nos sols, et donc d'aller chercher de l'autonomie,
01:30 de la fertilité, de la résilience sur nos fermes.
01:33 Et ça, ça nécessite d'une part que quelque part, on mette en mouvement l'ensemble des acteurs
01:39 de l'écosystème agricole et agroalimentaire en France, vers une évolution des pratiques,
01:44 qui est juste incontournable et qui est déjà en marche, clairement dans le monde économique.
01:48 Et deuxièmement, qu'on embarque aussi le consommateur dans ce projet agricole national,
01:53 dans cette réconciliation avec l'agriculture.
01:56 Et ça, ça nécessite d'avoir un projet fort.
01:59 Donc le sujet est complexe, mais je pense que c'est important qu'on ait des actions fortes aussi
02:04 au sein de notre périmètre national.
02:06 Je pense qu'on y reviendra. Thierry.
02:09 Alors, bonjour à tous. Je vais retenir l'Europe.
02:13 Il me semble que la France doit retrouver toute sa dimension politique en Europe
02:18 et être en capacité de peser sur la politique agricole commune,
02:22 qui doit être plus européenne et moins locale,
02:25 pour pouvoir préserver une souveraineté alimentaire.
02:30 Et le ministre a pointé quand même que finalement, on avait un point de faiblesse majeur
02:35 et qu'on n'arrivait pas à "imposer", parce qu'il s'agit d'imposer une vision du monde au niveau européen.
02:42 Comme ça a été fait dans les années 70, par certains agriculteurs emblématiques
02:46 qui sont devenus présidents de la République, il s'agit maintenant de pouvoir exercer un poids politique
02:51 au niveau européen et de ne pas subir ces organisations silo technocratiques
02:57 qui aujourd'hui affaiblissent l'Europe de l'intérieur.
03:01 On a perdu notre industrie, qu'on est en train de s'en rendre compte.
03:04 Quelle énergie, aujourd'hui, il faut mettre sur la table pour relancer une industrie en France et en Europe ?
03:10 On a la chance d'avoir un bien commun qui est l'agriculture,
03:13 qui a montré pendant les crises sanitaires et la crise ukrainienne que nous sommes là,
03:18 en capacité de nourrir l'Europe, mais plus que l'Europe.
03:21 La géopolitique, Sébastien y reviendra, c'est son terrain de jeu favori, mais ça compte énormément.
03:27 L'influence française sur l'Afrique, ça compte énormément, sur le bassin méditerranéen.
03:31 Il faut absolument qu'on se réveille au niveau français,
03:35 qu'on arrive à convaincre les Allemands, notamment,
03:38 qu'il faut s'aligner sur une vraie politique agricole commune.
03:42 Sébastien, sur l'Europe, peut-être ?
03:45 Je serais tenté de retenir le sujet géopolitique,
03:49 parce que ça fait 20 ans que j'essaye de conjuguer agriculture et alimentation
03:52 avec ce mot barbare de géopolitique.
03:54 Je ne suis pas indifférent au fait que le ministre parle plus de géopolitique que d'agriculture.
04:00 Puisqu'il est ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire,
04:04 mais s'il parle plus de géopolitique, ça montre bien que le sujet
04:08 est un peu différemment pris dans les agendas politiques et stratégiques en France ou en Europe.
04:12 Et ce n'est pas faute d'avoir, depuis un certain temps,
04:17 non pas indiqué qu'il y avait des menaces,
04:20 mais indiqué qu'il ne fallait pas désarmer en agriculture.
04:22 Grande nuance, parce que je pense qu'il faut toujours marteler que l'agriculture et l'alimentation,
04:26 c'est d'abord pour faire la paix, et pas pour faire la guerre.
04:29 Ce n'est pas parce qu'il y a quelques acteurs dans le monde, ici ou ailleurs,
04:33 publics ou privés, ça peut arriver partout,
04:35 qui utilisent l'alimentation comme un facteur pour pressuriser, menacer, fragiliser.
04:40 Il y en a, mais ce sont des minorités.
04:42 Ce qu'il faut, c'est regarder la partie majoritaire du monde.
04:45 La partie majoritaire du monde, c'est comment, quand les agricultrices, les agriculteurs travaillent,
04:51 quand on a de l'alimentation, comment tout ça contribue à de la paix et de la stabilité.
04:55 Donc je pense qu'en fait, le mot géopolitique, il faut le prendre en positif.
04:58 Que ce soit la géopolitique par le bas, au niveau des ressources,
05:01 ou la géopolitique par le haut, au niveau de la coopération internationale,
05:04 c'est une géopolitique positive, l'agriculture et l'alimentation.
05:07 Donc je pense que c'est important de le marteler,
05:09 parce que si on veut défendre les valeurs européennes,
05:11 et avoir une vision européenne géopolitique sur l'agriculture,
05:14 il ne faut pas devenir les autres, ou certains.
05:17 Il faut rester nous-mêmes, mais juste reprendre conscience
05:20 qu'on a des secteurs d'activité où il ne faut pas désarmer,
05:23 et le désarmement, ça ne signifie pas qu'il ne faut pas faire d'autres choses à côté.
05:27 C'est normal que l'Europe, au bout de 60 ans, elle se dise
05:30 qu'on ne va peut-être pas tout le temps mettre tout le budget communautaire sur l'agriculture.
05:33 Il y a d'autres grands enjeux européens.
05:36 Le danger, ce serait de ne plus faire du tout d'agriculture,
05:39 et de ne plus investir dans l'agriculture en Europe.
05:41 C'est ça, la nuance sur laquelle il faut être vigilant.
05:44 Pour aller directement sur notre débat, et la question de cette table ronde,
05:50 la souveraineté alimentaire, à quel sacrifice ?
05:56 On y croit tous, je pense que c'est possible,
06:00 mais qu'est-ce qu'il faut sacrifier ?
06:02 Est-ce qu'on peut la faire sans sacrifier,
06:05 ni économiquement, ni socialement, ni en termes environnementaux ?
06:10 Anne ?
06:12 La réponse est oui. Je pense qu'on peut la faire sans sacrifier.
06:17 En revanche, ça va nécessiter quelques évolutions dans nos façons de faire.
06:21 Ce qu'on constate, c'est qu'aujourd'hui,
06:24 la transition vers cette souveraineté est en marche à l'échelle micro.
06:28 C'est là où je vais pouvoir témoigner plutôt d'une échelle micro.
06:31 Il y a des tas d'agriculteurs en France qui font des choses exceptionnelles,
06:34 qui retrouvent énormément d'autonomie, d'utilité, de résilience,
06:37 parce qu'ils sont revenus à des pratiques agronomiques
06:40 et des modèles économiques qui soient vertueux.
06:43 Et en fait, le sujet, il est là.
06:45 On ne parle pas d'idéologie, on ne parle pas de choses farfelues.
06:48 On est sur de la science et de l'économie.
06:51 Et lorsque l'agriculteur, finalement, se réapproprie sa ferme
06:55 et sa conduite de ferme comme un entrepreneur,
06:57 il va revenir à ses pratiques de bon sens et retrouver une performance.
07:01 Je peux vous demander de me définir l'agriculture vertueuse ?
07:05 Alors aujourd'hui, elle a plein de termes.
07:07 Nous, on reste très attachés au terme agroécologie,
07:09 qui est quand même dans le code rural, il ne faut pas l'oublier, depuis 2014.
07:12 Donc c'est un fondement.
07:14 Et on veut vraiment être sur une démarche de progrès systémique,
07:17 donc à l'échelle de la ferme,
07:19 basée sur le retour de l'agronomie dans les pratiques.
07:22 Ce que ça veut dire concrètement, c'est que ce qu'on a eu tendance à faire,
07:25 c'est de considérer que le sol était un support inerte
07:28 et que finalement, les cultures...
07:30 Enfin, une ferme, c'était une addition de culture ou d'élevage.
07:33 Et en fait, demain, ce qu'on se réapproprie,
07:35 ce qu'on est en train de se réapproprier,
07:37 c'est que finalement, tout ça, c'est plutôt le métier d'agriculteur,
07:40 la gestion des interdépendances entre ces cultures et cet élevage
07:43 autour du sol, qui est le socle de la fertilité et de la résilience.
07:46 Une fois qu'on a compris ça, on rentre dans ces dynamiques
07:50 et ces agriculteurs clairement retrouvent des marges de manœuvre financières,
07:53 moins de charges, plus de résilience, plus de production de biomasse.
07:56 Mais évidemment, ça a des impacts sur l'ensemble de l'écosystème,
08:00 si on veut relever ce défi, d'où évidemment des changements à porter,
08:03 qui ne sont pas des sacrifices, mais des changements,
08:06 parce que derrière, ça veut dire que l'ensemble de l'écosystème autour
08:09 va devoir s'adapter à ça, s'adapter à ses agriculteurs
08:12 et apprendre à collaborer, coopérer pour permettre cette transition.
08:16 - Dans une approche systémique, vous l'avez dit plusieurs fois.
08:20 Thierry Blandinière, vous vous y croyez ?
08:23 Quelle réponse à cette question ? Un franc oui, vous aussi ?
08:27 - Un grand oui, bien sûr.
08:30 Je vais parler des grandes cultures, parce que tout l'enjeu,
08:32 c'est le changement d'échelle maintenant, pour appliquer les bonnes pratiques
08:35 qui sont recommandées, ce qui n'est pas évident,
08:38 puisqu'il faut engager les agriculteurs sur un système de rotation de culture
08:42 qui peut porter à conséquence sur leur revenu.
08:46 La question, c'est comment on peut rentrer dans ce cycle de rotation de culture,
08:50 qui permettra de partir de céréales, sur légumineuses, etc.,
08:54 à différentes fonctions d'irrigation en France,
08:57 de manière à ce que la qualité des sols soit préservée, voire améliorée,
09:00 que le sol devienne un puits de carbone,
09:02 et du coup, que ça permet d'avoir un revenu complémentaire avec les riz de carbone,
09:05 de rentrer dans ce cercle vertueux économique,
09:08 et de faire des calculs qui vont bien pour se dire
09:10 comment on engage sur 5 ans, sur des contrats pluriannuels,
09:13 les agriculteurs, sur ce nouveau type de culture ou d'agriculture,
09:17 agroécologique, si vous voulez, dans l'esprit.
09:20 Les enjeux sont quand même assez importants, puisqu'il faudra financer cette transition.
09:24 Nous, on a pas mal de fermes pilotes dans le groupe Inguivo,
09:27 il y en a à peu près 1 000 en France, et on regarde depuis 10 ans ce qui se passe,
09:30 et les fermes écofiteux, au départ, qu'on a effectivement,
09:33 qu'on suit maintenant avec des datas pour regarder comment on peut
09:36 évaluer le potentiel de rendement dans ce changement d'agriculture,
09:41 et les risques pour le revenu de l'agriculteur.
09:44 On a quelques chiffres, après les chiffres c'est toujours contestable,
09:47 mais enfin, on sait qu'on a un risque à peu près entre 150 euros et 200 euros
09:51 l'hectare par an de risque potentiel pour engager
09:56 les agriculteurs sur 5 ans dans ce type de nouvelle agriculture.
10:00 Alors la question c'est comment financer ce risque et apporter un filet de sécurité
10:04 pour que les agriculteurs massivement s'engagent dans ce type de nouvelle agriculture.
10:09 Donc d'abord, premier élément, le prix.
10:12 Est-ce qu'on est capable de payer et rémunérer un peu plus ?
10:15 Donc c'est possible, peut-être 50 euros, on va dire un tiers, pratiquement.
10:20 Deuxièmement, les nouveaux revenus avec le crédit carbone,
10:23 si on arrive à valoriser le carbone maintenant à 50 euros,
10:27 voire 80 ou demain à 5 euros, ça aussi c'est un levier de création de valeur en plus
10:33 qui peut aider à financer cette transition.
10:35 Et les politiques publiques, je reviens sur l'Europe,
10:38 doivent pouvoir contribuer à nous aider finalement sur le dernier tiers du financement.
10:42 Et donc ça, il faudrait qu'on arrive à le systématiser au niveau français et au niveau européen
10:47 et l'engager avec un label.
10:50 On a financé la transition bio, par exemple,
10:53 il faudrait qu'on arrive à labelliser cette agriculture durable,
10:56 une grande culture, qu'on pourrait financer et labelliser.
10:59 Voilà, donc on a des solutions, on sait que c'est possible.
11:02 Les nouvelles technologies sont là aussi pour certifier,
11:07 et aider à certifier ces exploitations.
11:10 On est capable d'avoir des datas maintenant,
11:12 avec suffisamment de fermes digitales, on pourra y revenir.
11:17 Donc il y a plein de solutions possibles.
11:20 Anne, peut-être un exemple, vous m'aviez parlé d'un exemple dans les Hauts-de-France,
11:25 si vous nous racontez un peu comment ça se passe,
11:27 alors à échelle encore réduite, si j'ai bien compris.
11:30 Racontez-nous.
11:32 Oui, tout à fait. Dans la continuité de ce que vient d'expliquer Thierry,
11:35 l'objectif c'est de trouver la solution, la réponse à ce partage du risque.
11:40 Aujourd'hui, on a des filaires qui s'engagent massivement,
11:43 il y en a énormément, aujourd'hui, des acteurs,
11:45 souvent sous le terme agriculture régénératrice,
11:47 qui en effet payent déjà des primes.
11:49 Ils se heurtent au plafond des 10%.
11:51 10% des filaires, 10% des agriculteurs,
11:53 c'est la capacité qu'ils ont aujourd'hui à financer tout seul, cette transition.
11:56 Mais ce qui se passe, c'est que, je prends un exemple,
11:58 McCain, ça peut être Bonduelle, ça peut être Danone, peu importe,
12:01 ils vont acheter un produit de la ferme.
12:03 Et donc finalement, quand on est face à ces agriculteurs,
12:06 les pionniers vont prendre la prime sur le blé, ou sur la pomme de terre,
12:11 et ça va leur suffire, parce que finalement la transition est déjà faite.
12:15 Mais tous les autres, les agriculteurs, ce qu'on appelle le ventre mou,
12:18 c'est que ceux qui, aujourd'hui, restent en agriculture,
12:20 parce qu'ils sont dans un modèle très sécurisé, très accompagné,
12:24 et qui ne sont pas prêts à faire, finalement, cette transition,
12:27 on va avoir besoin de leur apporter une réponse sur la totalité de la ferme
12:31 pour qu'ils démarrent cette transition.
12:33 C'est-à-dire d'engager toutes les filières, toutes les cultures,
12:36 mais aussi les pouvoirs publics.
12:38 Et donc c'est ce qu'on est en train de monter,
12:40 puisque les Hauts-de-France sont un territoire plus avancé que les autres,
12:43 quelque part, de par la maturité des acteurs à travailler ensemble.
12:46 C'est ce qui fait un peu cette particularité.
12:48 -Toute l'agro-industrie, quand vous dites "c'est l'agro-industrie qui travaille ensemble",
12:51 c'est... -Oui, c'est tous les acteurs coopératifs,
12:53 les acteurs techniques, les acteurs agroalimentaires.
12:56 C'est extrêmement... Voilà. Il y a cette habitude-là,
12:59 parce que ces cultures-là sont des cultures de masse,
13:01 souvent les cultures d'industrie,
13:02 donc on a l'habitude d'échanger et de travailler ensemble.
13:05 Et donc on est en train de monter une coalition publique-privée,
13:09 où l'objectif va justement être de dézoomer un petit peu
13:12 et de regarder le modèle économique à la ferme,
13:14 selon différents profils d'agriculteurs,
13:16 et de se dire finalement quelle doit être la contribution relative
13:19 de chacun pour faire fonctionner ce modèle.
13:21 Et en fait, ce qu'on découvre au fur et à mesure...
13:23 Donc on arrive à embarquer des acteurs comme l'Agence de l'eau,
13:26 avec lesquels on est en train de bosser,
13:27 qui sont des acteurs fondamentaux du financement de l'agriculture
13:30 et fondamentaux aussi parce qu'ils ont cet ancrage territorial
13:34 et qu'ils peuvent répondre à des problématiques propres au territoire.
13:37 Et donc on est justement en train de regarder
13:39 et de voir que justement, c'est ce qui va permettre à chacun
13:42 de peut-être un petit peu moins devoir faire d'efforts financiers,
13:45 parce que le risque va être globalement réparti,
13:47 parce qu'on va aussi intégrer les banques, les assurances,
13:50 sujet fondamental, parce que le risque technique,
13:53 il sera aussi sécurisé par des assurances
13:55 avec des risques climatiques.
13:57 Et donc voilà, c'est ce travail qui est en cours,
13:59 et on a 3 autres territoires qui sont aussi partants
14:02 pour faire ce travail.
14:03 Et donc c'est ça qui va être aussi intéressant,
14:05 de croiser finalement avec différents enjeux de territoire
14:07 les solutions qui seront peut-être différentes,
14:09 et de regarder comment on peut justement
14:11 organiser cette massification.
14:13 - Sébastien, vous allez prendre encore un niveau
14:17 supplémentaire d'analyse.
14:19 Est-ce que vous pensez que cette souveraineté,
14:21 on va y arriver aussi ?
14:23 Est-ce que votre oui est aussi franc ?
14:26 - Déjà, je vois qu'on me met toujours dans la stratosphère.
14:31 - On s'en plaint pas, normalement.
14:33 - Etant des Hauts-de-France et habitant un village agricole,
14:36 je peux témoigner que dans la région,
14:38 il y a beaucoup de dynamique.
14:40 Et en fait, moi, je pense qu'il faut qu'on arrête
14:43 de penser qu'il y aurait des bons, des moins bons.
14:47 Je pense qu'il faut qu'on raconte
14:50 qu'il y a besoin de faire le monde de demain
14:53 avec l'agriculture et avec les agriculteurs.
14:57 Et en fait, ce que Anne vient de dire,
15:00 vous pouvez l'observer partout,
15:02 est-ce qu'il y a un jeu de confiance entre acteurs,
15:05 entre publics, privés, qui, avec un peu de constance,
15:08 c'est-à-dire pas en changeant d'avis
15:10 en fonction du fait d'hiver du matin,
15:12 de l'humeur du voisin,
15:15 d'un événement qui n'en est pas un
15:18 à l'échelle internationale ou locale,
15:20 est-ce qu'on peut travailler avec constance
15:23 sur les secteurs stratégiques
15:25 en étant systématiquement dans le combinatoire
15:28 et en embarquant celles et ceux
15:30 qui sont dans ce que j'ai souvent appelé
15:32 l'ardeur joyeuse, parce que c'est hyper compliqué
15:34 d'être très fort en sécurité alimentaire
15:37 et en performance de durabilité.
15:39 C'est très compliqué, sincèrement.
15:41 Là, on en parle, mais à côté des agriculteurs,
15:44 on fait strictement rien.
15:46 Il faut être très modeste.
15:48 Donc en fait, ça fait longtemps que le monde agricole,
15:50 d'ici ou d'ailleurs, j'insiste,
15:51 parce que ce n'est pas que européens ou français,
15:53 le monde agricole, il est en phase avancée
15:55 sur les exigences de durabilité.
15:57 Ce sont les urbains et tous les intellectuels
16:00 d'autre chose que de leur main,
16:02 comme m'a dit récemment un agriculteur.
16:04 Il m'a dit "moi, je suis un intellectuel de mes mains".
16:06 Je pense qu'en fait, l'avenir appartient
16:07 aux intellectuels des mains.
16:09 C'est-à-dire celles et ceux qui mettent les mains
16:10 dans le conduit, parce que ça va être compliqué
16:12 ce siècle, mais qui vont avoir des réponses
16:14 très concrètes, ça vient d'être dit,
16:17 parce que collectivement, on peut trouver des solutions.
16:20 Et il faut faire autrement demain.
16:22 Donc c'est quoi, à quel prix,
16:24 la souveraineté alimentaire ?
16:25 Évidemment, ça veut dire que quand on est consommateur
16:27 comme moi, tertiaire, incapable de me nourrir
16:30 tout seul, parce que je dépends d'agriculteurs
16:32 et d'agricultrices, j'imagine que je ne suis pas
16:34 le seul dans cette salle.
16:37 C'est d'avoir beaucoup de modestie sur nos discours
16:39 sur la durabilité, beaucoup de modestie sur le fait
16:42 qu'ici, par exemple, on aurait les bonnes solutions,
16:45 alors que moi, je pense, par exemple,
16:46 depuis des années, que sur l'agroécologie,
16:48 par exemple, c'est pas à la France et à l'Europe
16:50 d'expliquer au reste du monde comment il faut faire.
16:52 C'est comment le monde entier va nous expliquer
16:54 comment c'est compliqué de produire avec peu d'eau
16:56 un climat capricieux, un sol qui est déjà
16:58 extrêmement fragile, etc.
17:00 C'est pour ça qu'au niveau de la relation
17:02 avec le bassin méditerranéen, j'ai toujours vu
17:04 une interdépendance non pas uniquement
17:06 commerciale, mais pratique.
17:08 Ce sont les partenaires marocains, ça va être
17:10 les partenaires tunisiens qui vont expliquer
17:12 comment on produit avec un climat
17:14 extrêmement compliqué, une eau rare
17:16 et des contraintes multiples.
17:19 Donc soyons modestes parfois.
17:21 Quand on est à Paris et qu'on parle
17:23 souveraineté alimentaire, d'abord, tout va bien.
17:27 Il faut faire attention.
17:29 Tout va bien.
17:31 Deux, on va réussir non pas
17:34 parce qu'on va dire aux agricultrices
17:36 et aux agriculteurs que demain il va falloir faire
17:38 sans ceci, sans cela,
17:40 zéro ceci, zéro cela.
17:42 On va faire avec et grâce à.
17:44 On va mettre dans une dynamique de confiance.
17:46 Et évidemment, Thierry Ladigne
17:48 à un moment donné, il y a comment on passe à l'échelle.
17:50 Et pour passer à l'échelle, il va falloir
17:52 massifier au sens politique.
17:54 Donc il y a une dimension européenne
17:56 inévitable.
17:58 Je rejoins pleinement ce qu'a dit le ministre ce matin.
18:00 Et cette dimension européenne,
18:02 allons jusqu'au bout.
18:04 Elle est où demain, cette dimension européenne géopolitique
18:06 sur les questions agricoles alimentaires ?
18:08 Il faut penser à nos voisinages.
18:10 C'est-à-dire que si on n'a pas une vue,
18:12 aujourd'hui, si on ne pense pas
18:14 la prochaine réforme de la politique agricole commune
18:16 en interaction étroite
18:18 avec la politique européenne de voisinage,
18:20 c'est-à-dire qu'est-ce qu'on fait à l'est,
18:22 qu'est-ce qu'on fait au sud ?
18:24 On se trompera sur la réforme de la PAC,
18:26 qui restera une réforme cosmétique
18:28 sur les questions environnementales.
18:30 Et il faut être très fort et de plus en plus fort
18:32 sur l'environnemental, mais il faut être de plus en plus fort
18:34 sur le géostratégique. Et donc, on a besoin
18:36 d'un lien particulier avec la Méditerranée
18:38 et l'Est de l'Europe.
18:40 Ça veut dire, si j'avais un point de désaccord
18:42 avec le ministre ce matin, mais je ne m'y permettrais pas,
18:44 c'est de dire
18:46 qu'il faut faire des choix géographiques.
18:48 Le choix de l'Europe,
18:50 le choix de la Méditerranée,
18:52 le choix de l'Europe de l'Est, si l'Ukraine a vocation
18:54 à rejoindre l'Union européenne,
18:56 expliquons que l'Ukraine dans l'Union européenne
18:58 sait à telle et telle condition,
19:00 puisqu'il n'est pas question de galvauder
19:02 ce que sait l'acquis communautaire européen,
19:04 mais ça veut dire aussi qu'on a, demain,
19:06 avec une Ukraine dans l'Union européenne,
19:08 la possibilité d'avoir une superpuissance agricole européenne.
19:10 Tout comme demain, si on a
19:12 une relation particulière avec
19:14 l'Afrique du Nord, nous aurons la capacité,
19:16 sur certains segments, d'être plus fort
19:18 et d'avoir, comme disait Thierry,
19:20 une vue qui permet
19:22 de voir un peu plus loin, un peu plus large,
19:24 et on retrouve la constance.
19:26 Un peu de confiance, locale
19:28 ou internationale, c'est la base
19:30 pour la souveraineté alimentaire à n'importe quel prix.
19:32 Le mot a été à peine évoqué,
19:34 mais j'ai envie de vous ramener dessus.
19:36 La technologie, ça va changer la donne aussi.
19:38 Thierry ?
19:40 Sébastien est parti.
19:42 L'Ukraine va venir à l'Union européenne.
19:44 C'était parti.
19:46 Ça prend un peu de temps, quand même,
19:48 avant d'intégrer l'agriculture ukrainienne
19:50 dans l'agriculture européenne.
19:52 On voit bien les tensions
19:54 qu'il y a déjà à la frontière avec la Pologne,
19:56 actuellement, sur les stocks de maïs, etc.
19:58 C'est pas si simple, vous savez bien.
20:00 C'est comme quand l'Espagne a intégré l'Europe
20:02 il y a très longtemps.
20:04 C'est pas été simple aussi d'accepter les produits espagnols en France.
20:06 Tout ça, ça fait partie de l'organisation
20:08 globale de l'Europe. On sait que ça prend du temps.
20:10 J'aimerais revenir
20:12 sur le projet européen
20:14 de l'agriculture.
20:16 On pourrait se différencier
20:18 mondialement par rapport aux Américains
20:20 ou aux Brésiliens. Il faut aller assez vite,
20:22 d'ailleurs, parce qu'ils y travaillent aussi,
20:24 aux Chinois, aux Australiens,
20:26 en étant demain la première
20:28 agriculture durable mondiale.
20:30 Et c'est possible.
20:32 C'est possible à une seule condition, c'est qu'il faut
20:34 investir massivement dans l'innovation,
20:36 la génétique,
20:38 les datas agricoles,
20:40 le comprendre comment on fonctionne,
20:42 certifier nos filières.
20:44 Et c'est possible aussi, à condition
20:46 de penser souveraineté.
20:48 Quand on pense souveraineté, il faut penser
20:50 aux engrais. Donc là, on a un vrai défi.
20:52 Je vais arrêter deux minutes sur les engrais.
20:54 On a un vrai défi parce qu'on est
20:56 dépendant à 100%.
20:58 Et le ministre
21:00 l'a un peu évoqué, parce qu'il m'a vu dans la salle,
21:02 parce que j'ai rencontré le sujet.
21:04 On est à 100% dépendant
21:06 des importations sur
21:08 les engrais. Alors,
21:10 à Norvège, avec Yara, bon, ok.
21:12 Je ne sais pas si c'est l'Europe, bon, ok.
21:14 Mais on est dépendant.
21:16 Comment on se réapproprie la production
21:18 d'engrais, alors pas n'importe quel engrais,
21:20 on va y revenir, mais
21:22 en Europe. Parce que sans engrais,
21:24 pas d'agriculture, quand on parle
21:26 de souveraineté. Et ça, c'est un vrai
21:28 défi. Alors peut-être que devant nous, on a une
21:30 opportunité à saisir.
21:32 C'est cette transition agricole qui fait que demain,
21:34 on va pouvoir travailler sur des nouveaux engrais
21:36 dits verts, quelque part,
21:38 à base d'hydrogène, ou à base
21:40 de nouvelles énergies
21:42 renouvelables. Et donc, quelque part,
21:44 d'avoir des engrais potentiellement
21:46 décarbonés.
21:48 À grande échelle. Et ça, c'est un sujet
21:50 industriel, aussi.
21:52 Et on doit remboucler avec le plan hydrogène
21:54 en France ou en Europe, on doit remboucler avec le plan
21:56 industrie. Et c'est là où il faut
21:58 que les grandes entreprises
22:00 de l'énergie française
22:02 reviennent sur ce marché des engrais.
22:04 C'est dans son parti.
22:06 Pour réinstaller en Europe
22:08 des usines qui fabriquent
22:10 des engrais verts, compétitifs.
22:12 Et que ces engrais verts soient
22:14 au même prix que les engrais, on va dire,
22:16 carbonés. C'est le plan
22:18 de Biden aux Etats-Unis.
22:20 À prix égal.
22:22 Massivement. Des milliards
22:24 de dollars investis sur ces
22:26 nouvelles technologies, dont les
22:28 engrais. Et aujourd'hui, on aurait tendance à dire
22:30 finalement, allons faire une usine
22:32 d'engrais verts aux Etats-Unis, ça sera plus
22:34 compétitif de l'importer que de le faire en France.
22:36 Ça c'est un vrai sujet.
22:38 J'ai parlé aussi des batteries, j'ai écouté sur les batteries
22:40 notamment. C'est le même sujet. Donc là aussi,
22:42 l'Europe ne répond pas à la concurrence
22:44 internationale, notamment américaine,
22:46 sur l'IRAD, déclenchée
22:48 par le plan, par Joe Biden.
22:50 Et dans l'agriculture, on a
22:52 devant nous cette question des engrais.
22:54 Et si on veut cocher toutes les cases, il suffit peut-être
22:56 de relocaliser en Espagne,
22:58 en France, en Allemagne,
23:00 suffisamment de potentiel d'usines
23:02 pour faire des engrais verts. Alors,
23:04 le central nucléaire, vous savez, pour faire une usine d'engrais,
23:06 ça utilise 25% du potentiel
23:08 d'une centrale nucléaire.
23:10 Bon. Une usine, c'est 500 000 tonnes,
23:12 le marché français, c'est, on va dire,
23:14 à peu près 2 millions de tonnes
23:16 en engrais.
23:18 C'est pas extrêmement compliqué de faire 4 usines.
23:20 Ça coûte 1,7 milliard, il suffit de se mobiliser,
23:22 et vous avez une souveraineté européenne.
23:24 Et là, on reboucle avec le plan,
23:26 notamment de Bruno Le Maire,
23:28 sur comment
23:30 d'ici 2030, 2035,
23:32 on relocalise l'industrie.
23:34 Et là, on refait le lien entre l'agriculture et l'industrie.
23:36 Et c'est ça. Et finalement,
23:38 quand on commence à avoir des engrais verts, on règle,
23:40 allez, pas tout le bilan carbone d'une filière,
23:42 mais au niveau agricole,
23:44 25 à 30%.
23:46 Après, il y a les externalités, j'entends bien,
23:48 et c'est là où l'agriculture de précision doit jouer son rôle
23:50 avec les nouvelles technologies
23:52 pour aussi baisser l'utilisation des engrais.
23:54 Parce qu'effectivement, ça participerait
23:56 beaucoup à la souveraineté et à la solution
23:58 durable
24:00 d'une nouvelle agriculture qui pourrait nous différencier
24:02 au niveau international.
24:04 Voilà. Donc ça, nous, on est mobilisés
24:06 avec d'autres acteurs sur le sujet.
24:08 C'est un combat de long terme qu'on veut mener
24:10 avec les politiques publiques,
24:12 avec le ministre. Il a dit un petit peu,
24:14 mais pas assez ce matin.
24:16 Mais j'aimerais bien qu'on reprenne le sujet de ces engrais.
24:18 -C'est un beau sujet, c'est un beau souhait,
24:20 j'ai envie de dire.
24:22 Anne, justement, j'avais envie de vous demander,
24:24 vous aussi, si j'étais le génie de la lampe
24:26 et que j'avais un vœu à vous offrir,
24:28 ce serait quoi, votre vœu
24:30 pour que ça avance un peu ?
24:32 -Alors, il y en a plusieurs, des vœux, à vrai dire.
24:34 Le premier, pour faire très court,
24:36 on l'a dit, c'est une transition systémique.
24:38 Il faut aligner tout le monde,
24:40 il faut faire converger tout le monde.
24:42 Aujourd'hui, on a quand même une grosse difficulté
24:44 au quotidien, c'est que l'écosystème
24:46 dans son ensemble et les institutions
24:48 en particulier sont organisées en silo.
24:50 Que ce soit la recherche,
24:52 que ce soit les instituts techniques,
24:54 on a des spécialistes thématiques,
24:56 culture,
24:58 qui n'ont aucune vision
25:00 de cette vision de la rotation,
25:02 et ça décline jusqu'aux équipes techniques,
25:04 notamment qui accompagnent
25:06 les agriculteurs et qui sont dans l'incapacité
25:08 de faire du conseil agronomique dans son ensemble.
25:10 Et on se retrouve avec des aberrations
25:12 comme une feuille de route décarbonation
25:14 qui est confiée d'une part à la filière céréale
25:16 et d'autre part à la filière élevage.
25:18 Et clairement, aujourd'hui,
25:20 la solution est dans la jointure au CDT.
25:22 Donc ça, c'est quand même
25:24 un des premiers gros freins
25:26 qui est quotidien dans l'écosystème.
25:28 Et le deuxième,
25:30 pour moi qui est un sujet beaucoup plus complexe,
25:32 et je ne m'attraperai pas à apporter
25:34 la solution, je ne suis pas sachante,
25:36 mais c'est la problématique de l'additionnalité des financements.
25:38 Depuis tout à l'heure, on parle de partage du risque
25:40 et de création de valeur aussi.
25:42 Si on veut, demain, remettre
25:44 l'agriculture au centre des solutions
25:46 et faire de l'agriculture une clé de la souveraineté
25:48 européenne, etc., il faut revaloriser
25:50 le métier, il faut créer de la valeur
25:52 et reconnaître qu'on a des agriculteurs entrepreneurs.
25:54 Ça veut dire qu'on doit reconnaître que les agriculteurs
25:56 produisent des services.
25:58 Et pourquoi, aujourd'hui, on n'y arrive pas ?
26:00 Parce qu'on ne peut pas financer deux fois
26:02 un agriculteur pour la même chose.
26:04 On considère que c'est toujours financé de l'agriculture.
26:06 Mais si on venait à considérer
26:08 qu'au lieu de porter des aides à l'agriculture,
26:10 on allait payer des services
26:12 qui sont multiples, le carbone, la biodive,
26:14 l'eau, la qualité du produit, etc.
26:16 Et c'est ce qu'on est en train de construire
26:18 avec ces coalitions publiques et privées.
26:20 Dans ce cas-là, on peut additionner la valeur.
26:22 Mais aujourd'hui, juridiquement, il y a tout un tas
26:24 de verrous qu'il faut faire sauter.
26:26 Il y a des gens bien motivés qui ont envie de les faire sauter.
26:28 Mais il y a un vrai sujet culturel,
26:30 d'abord, et derrière,
26:32 un sujet juridique qu'il va falloir accompagner.
26:34 Sébastien, très rapidement,
26:36 un vœu ou une chose
26:38 qui changerait la donne ?
26:40 Deux vœux. Un, que l'agriculture et l'alimentation
26:42 restent dans France 2030.
26:44 C'est-à-dire, parmi les dix sujets jugés
26:46 stratégiques pour l'avenir de ce pays.
26:48 Je rappelle que France 2030, ce n'est pas les dix sujets
26:50 d'innovation, c'est les dix secteurs stratégiques.
26:52 Nuance. Et c'est une très bonne chose
26:54 que l'agriculture et l'alimentation soient dans ce top 10.
26:56 On part de quand même très loin
26:58 si on remonte à 5 à 10 ans.
27:00 Et donc, j'espère que, malgré
27:02 les échéances qui nous attendent
27:04 au cours de cette décennie,
27:06 l'agriculture reste dans le top 10
27:08 des priorités stratégiques de cette nation.
27:10 La deuxième chose, c'est
27:12 ce qui m'a valu beaucoup de critiques,
27:14 mais c'est bien, c'est fait pour.
27:16 Je suis pour qu'on rentre
27:18 obligatoire à la cantine scolaire.
27:20 Pour quatre raisons.
27:22 Santé, nutrition,
27:24 environnement,
27:26 retour du productif
27:28 et sensibilité au productif.
27:30 Donc, parfois mettre aussi dans la cantine scolaire
27:32 des agriculteurs, pas juste des chefs en cuisine
27:34 qui ne sont pas grand-chose, ce sont les agriculteurs.
27:36 D'ailleurs, il y a beaucoup de chefs qui aiment à le rappeler.
27:38 Et puis quatrièmement,
27:40 c'est la démocratie. En fait,
27:42 le vivre ensemble et le faire ensemble, on l'apprend
27:44 à la cantine scolaire à l'école. Les enfants qui ne sont pas à la cantine scolaire,
27:46 c'est plus difficile pour eux de s'intégrer,
27:48 plus difficile d'avoir des relations mélangées.
27:50 On m'a dit, il y a deux problèmes.
27:52 Il n'y a pas assez de place
27:54 parfois dans les cantines, donc heureusement,
27:56 il y a en moyenne deux tiers des enfants qui sont à la cantine scolaire.
27:58 Et on m'a dit,
28:00 oui, mais ça veut dire, en disant ça, que si on mange
28:02 à la maison le midi, c'est qu'on mange mal à la maison.
28:04 Vous voyez bien
28:06 les trois thèses de ces réactions.
28:08 Je rappelle qu'on n'est pas obligé de financer un rond-point
28:10 et de les s'en mettre dans tous les villes de France, qu'on peut investir
28:12 dans la cantine scolaire, que rendre obligatoire
28:14 la cantine scolaire, c'est précisément parce qu'il n'y a pas
28:16 d'éducation alimentaire dans nos programmes scolaires
28:18 et que si la cantine est scolaire,
28:20 les deux heures du midi peuvent être un temps
28:22 de pédagogie, de vivre ensemble,
28:24 de rapport à ce qui est
28:26 la base de tout. Et dans votre sujet,
28:28 à quel prix Thierry l'a abordé,
28:30 à un moment donné, est-ce qu'il faut
28:32 faire des sacrifices ? Non,
28:34 il faut faire des choix, il faut savoir prioriser.
28:36 Il faut savoir prioriser sur la scène internationale,
28:38 je l'ai dit, mais je pense qu'il faut prioriser
28:40 dans nos dépenses,
28:42 parce que c'est clair que si
28:44 demain, on ne martèle pas
28:46 que le juste prix de l'alimentation, c'est celui
28:48 qui est bon pour le producteur, bon
28:50 pour la planète et bon pour sa santé,
28:52 avec une dimension plaisir qu'il ne faut jamais perdre,
28:54 il n'y a pas de juste prix.
28:56 Une minute de plus,
29:00 Joël-Emmanuel, une minute de plus,
29:02 si on doit retenir, parce que si on doit retenir
29:04 une seule chose, Thierry.
29:06 Moi, je crois
29:08 qu'il faut qu'on pousse vraiment
29:10 la ferme digitale, la ferme connectée
29:12 demain, qu'on investisse massivement
29:14 dans les nouvelles technologies
29:16 pour apporter aux agriculteurs
29:18 encore plus de compétences, de connaissances
29:20 de la qualité des sols,
29:22 de leurs marchés, et d'être complètement
29:24 connecté. Et ça, on a la boîte
29:26 à outils, mais massivement, il faut pouvoir
29:28 investir, et là, on a besoin d'une politique
29:30 publique, puisqu'il s'agit d'adresser un grand nombre
29:32 d'agriculteurs, et tout ça, il nous faut une plateforme
29:34 de fermes digitales
29:36 très compétitive. Je sais qu'il y a beaucoup
29:38 d'entrepreneurs dans la salle,
29:40 ou de start-up qui travaillent sur le sujet,
29:42 mais c'est bien à nous de booster ce
29:44 principe-là, et du coup, vous verrez, derrière, on pourra
29:46 faire du prédictif du système assurantiel,
29:48 on pourra couvrir la transition grâce à ces
29:50 nouveaux outils technologiques, parce qu'on connaîtra
29:52 les données agronomiques, on connaîtra les données commerciales,
29:54 on pourra couper l'ensemble, et on pourra faire
29:56 du prédictif sur les futures récoltes
29:58 en termes de rendement, et apporter un système
30:00 assurantiel qui va bien pour sécuriser
30:02 l'agriculteur. - Ah non, un slogan !
30:04 - Je vais
30:06 vous dire dans la continuité aussi ce qu'a
30:08 dit Sébastien, confiance et coopération.
30:10 Aujourd'hui, je vais le dire
30:12 assez vulgairement, tout le monde est dans la merde
30:14 à tous les niveaux, donc en fait,
30:16 la solution, elle est forcément collective.
30:18 - Bien voté, dans un an, si on veut une Europe
30:22 meilleure, il faut envoyer les meilleurs à Bruxelles et à Strasbourg.
30:24 - Merci.
30:26 Merci beaucoup à tous les trois.
30:28 (Applaudissements)
30:30 (Musique)
30:32 [Musique]

Recommandations