• il y a 6 mois
La conférence Nourrir la planète s'adresse à des responsables et des dirigeants d’entreprise du secteur, mais aussi des pouvoirs publics et de tous ceux qui souhaitent mieux comprendre les grands enjeux de notre souveraineté alimentaire.

Successivement, la crise covid, la guerre en Ukraine et les grandes manifestations agricoles, ont jeté une lumière crue sur la crise d’identité et les fragilités du modèle agricole européen. Les grandes politiques publiques comme la PAC ou celle, à venir, du Green deal appliqué à l’agriculture, font désormais l’objet de questions. Les orientations choisies peuvent-elles permettre de produire suffisamment pour assurer la souveraineté alimentaire de l’Europe et le rôle stabilisateur des exportations, sans ruiner l’environnement et les perspectives des agriculteurs ?

Il y aura 10 milliards d’humains sur la planète à nourrir en 2050. C’est aujourd’hui que le réarmement productif doit être mené. L’Europe veut-elle être actrice de la mutation ? Ou la subir ?

https://www.lopinion.fr/evenements/nourrir-la-planete-comment-rearmer-la-ferme-france

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00:00Bonjour à tous. Vous êtes nombreux, ça fait vraiment plaisir de vous voir tous là.
00:09On va parler maintenant d'export de céréales parce que c'est quand même un des grands muscles de l'agriculture française.
00:16On va en parler avec deux témoins acteurs de choix, Jean-François Loiseau.
00:21Ben oui, c'est vous Jean-François, président d'Inter Céréales, la grande filière française.
00:28Et aussi avec vous Sébastien. Pardon ? Tout va bien ? Mince ! Bon, attendez, je me suis emmêlée les fiches.
00:36C'est tout à l'heure. C'était un teasing de luxe. Très bien.
00:44Bon, écoutez, c'est les aléas du direct, comme on dit. On reprend. Donc, il est temps que les vacances arrivent.
00:52Moi, je vous le dis. Alors, on recommence. Nous allons donc parler de comment faire mieux avec moi.
00:58Sophie Carton, vous êtes... Je sens que cette journée va être longue.
01:06Vous êtes chef de projet R&D Innovation à Agro-ParisTech, à cette ferme expérimentale de Agro-ParisTech.
01:12Vous avez les mains entre la recherche et le champ. Vous allez nous expliquer tout ça.
01:17David Gouache. J'espère qu'il est là, David. Voilà, David Gouache. Vous êtes directeur du Groupement d'intérêt économique Pboost.
01:23C'est une structure assez neuve qui a pour but de combler un de nos trous de production les plus criants, celui des protéines végétales.
01:31Et enfin, Yves Piquet, qui est le président de Bayer France, directeur de Crop Science France.
01:39C'est bien parce que comme ça, je vous ai donné envie pour la suite. Vous allez tous rester. C'est extraordinaire.
01:43Alors, nous sommes là pour nous poser une question absolument cruciale. La donne agricole a changé.
01:49On sait qu'on ne peut plus produire comme on le faisait dans les années 70. Dans les années 80, on ne se souciait pas trop de ce que ça pouvait produire comme effet de bord ou comme effet nocif.
01:57Maintenant, il faut faire mieux avec moins. Voilà. Donc, ça, c'est le titre de notre conférence. Mais mieux avec moins, qu'est-ce que ça veut dire ?
02:05Déjà, il va falloir poser le débat. Et Sophie, je crois qu'on a discuté hier de ce sujet. Comment est-ce qu'on fait mieux avec moins ? Qu'est-ce que ça veut dire mieux ?
02:15Et qu'est-ce que ça veut dire moins ? Et en fait, on n'est pas tous forcément d'accord sur la définition de ce que ça veut dire.
02:20Et il faut prendre en compte plein de paramètres. Alors, qu'est-ce que c'est produire mieux déjà ?
02:24Bonjour à tous. Merci. Merci pour cette question. Merci de m'avoir invitée à participer à cette table ronde.
02:31Donc, effectivement, c'est une grande question. Qu'est-ce que c'est que produire mieux ? Est-ce que c'est produire pour que l'agriculteur gagne plus,
02:38produire pour que l'agriculteur paie moins de charges ? Est-ce que c'est pour qu'il émette moins de gaz à effet de serre, qu'il y ait moins de lixiviation de nitrate
02:47ou de lessivage de matière active ou d'émission d'ammoniaque dans l'air ou pour nourrir plus de monde ou pour améliorer les rendements et la qualité des produits ?
02:57Donc, produire mieux, c'est une vaste question à laquelle il est un peu compliqué de répondre.
03:02Alors, on a quand même essayé d'y répondre au niveau de la ferme expérimentale d'AgroParisTech où je travaille avec une plateforme agronomique
03:10où on a testé des systèmes de culture et on a essayé de les évaluer vis-à-vis de l'ensemble de ces critères en mesurant plein de choses.
03:16Et en fait, ce qu'on s'est rendu compte, donc sur ces sept systèmes de culture différents, agriculture de conservation, agriculture biologique,
03:24agriculture dite conventionnelle et puis d'autres systèmes de culture et aussi du bas carbone, on s'est rendu compte...
03:33Alors, une bonne nouvelle quand même, c'est que l'ensemble des systèmes de culture, quand ils sont conduits de façon optimisée,
03:39ont des scores relativement bons sur l'ensemble de ces critères. Mais par contre, sur la question du produire mieux,
03:46quel est le meilleur ? En fait, on s'est rendu compte qu'aucun des systèmes de culture n'était le meilleur sur l'ensemble de ces critères à la fois.
03:55Donc c'est vrai que ça, ça peut poser des questions. Et puis du coup, ça amène la question plus sociétale de quel est le critère qu'on privilégie avant tout ?
04:08Et donc, un choix de société, un choix politique, qu'est-ce qu'on privilégie ? Est-ce que c'est les gaz à effet de serre ?
04:15Est-ce que c'est la qualité de l'eau ? Est-ce que c'est la qualité de l'air ? Ou est-ce que c'est le revenu de l'agriculteur ?
04:21Ou de la biodiversité ? Parce qu'en plus, comme rien n'est simple, on se rend compte que parfois, on a des bonnes intentions sur plusieurs plans
04:27et elles entrent en collision les unes avec les autres.
04:30Oui, alors absolument. Par exemple, si je prends quand même la question du changement climatique, elle nous heurte de plein fouet,
04:37parce que cette année, c'est une question qui monte depuis une bonne quinzaine d'années.
04:42Notre système bas carbone, c'est celui sur lequel on va faire attention tout particulièrement à la question de l'azote,
04:48puisque 90% des émissions de gaz à effet de serre d'un kilo de blé sont liées à la fertilisation azotée.
04:54Donc c'est vraiment l'alpha et l'oméga de l'optimisation de ce système de culture, c'est de faire attention à la fertilisation azotée.
05:01Pour faire ça, sur le système bas carbone, on est à la fois sur de l'optimisation de la fertilisation,
05:08donc apporter la juste quantité par rapport aux objectifs de rendement,
05:11plutôt sur un apport d'azote tardif et l'utilisation de certaines formes d'azote qui vont être moins émettrices,
05:17typiquement de la fertilisation azotée avec inhibiteur de nitrification.
05:22Et pour garantir que chaque kilo d'azote apporté va être au mieux valorisé par la plante,
05:29on a tout intérêt dans un système de culture comme ça à protéger,
05:33et donc ça veut dire utiliser des produits de protection des plantes,
05:38et avec un risque derrière éventuellement, si c'est par exemple des herbicides à l'automne,
05:43de retrouver une partie de ces molécules dans l'eau si jamais, comme cette année,
05:49il ne fait que pleuvoir pendant l'automne et l'hiver, et voire le printemps.
05:54Donc là, pour le coup, sur la biodiversité, on n'a rien gagné.
05:58Enfin, on n'a rien gagné, ou en tout cas, il y a plus de risques,
06:00parce que ce n'est pas parce qu'on utilise des produits de protection
06:03que les matières actives se retrouvent systématiquement dans la nappe.
06:07Attention ! Mais en tout cas, on court plus de risques du point de vue de la biodiversité.
06:12A l'inverse, sur le système biologique, là on va être bien sûr sur très peu de protection
06:21et de l'utilisation éventuellement de moyens de lutte plutôt mécaniques.
06:28Et là, pour le coup, on a un système de culture dans lequel, de façon assez régulière,
06:37on va avoir un peuplement à l'automne qui est moins développé,
06:41un peuplement en automne et hiver relativement moins développé que sur un système conventionnel,
06:45avec davantage de risques de lixiviation de nitrate, ce qui paraît assez contradictoire,
06:51puisque sur un système bio, justement, on utilise très peu d'azote.
06:54Mais en fait, cet azote-là, quand on a un peuplement très peu développé
06:59parce qu'on fait des semi-tardifs et puis parce qu'on ne fertilise pas beaucoup,
07:04un peuplement très peu développé à l'hiver, on a plus de risques de lixiviation.
07:08Et donc, c'est pour ça qu'il n'y a aucun système qui est parfait.
07:12Alors ça, c'est vraiment intéressant parce que ça nous fait toucher du dos la complexité.
07:16On a envie de faire mieux, tout le monde a envie de faire mieux,
07:18selon des critères qui sont différents, il n'y a pas de solution magique.
07:21Donc, il va falloir réconcilier tout ça, peut-être qu'on y arrivera à terme.
07:24Enfin, voilà, ça prend du temps et en tout cas, ce n'est pas instantané.
07:28Alors, on a vu, voilà, faire mieux, c'est ça.
07:31Mais avec moins, qu'est-ce que ça veut dire avec moins ?
07:33Yves Piquet, alors, vous, peut-être, vous pouvez nous dire qu'est-ce que c'est faire avec moins ?
07:38Avec moins de quoi, déjà ?
07:40La donne a changé quand même, on ne peut plus faire ce qu'on faisait dans les années 70, 80, sans doute, tant mieux.
07:45Mais le moins, comment ? Il s'explique.
07:48Tout d'abord, bonjour à tout le monde et bien heureux d'être ici.
07:52Faire mieux avec moins, c'est quoi ?
07:55C'est viser ce chemin de crête qui est la triple performance,
07:59la performance environnementale, sociale et économique pour nos agriculteurs.
08:04Et ce chemin, il existe.
08:06Ce chemin, il existe, on en est complètement convaincus
08:09et ce chemin, il commence par une seule chose, il commence par la semence.
08:13Tout commence par la semence.
08:15Et vraiment, depuis maintenant de nombreuses années,
08:18mais a fortiori, à marche forcée maintenant,
08:21toute l'innovation est vraiment dirigée vers des semences de plus en plus résilientes,
08:28des semences qui, je me répète à dire, qui sont toujours de plus en plus intelligentes
08:34et nous apportent, je vais dire, parviennent à se défendre elles-mêmes.
08:39Différents exemples, par exemple, avec la sélection traditionnelle,
08:44on arrive à avoir des hybrides en maïs qui sont beaucoup plus résistants à la sécheresse
08:51et c'est prouvé statistiquement que ces hybrides-là tiennent vraiment bien la route.
08:56Maintenant, il y a des nouveaux outils et ce n'est pas les seuls outils,
09:00mais c'est un nouvel outil qui pourrait arriver dans notre boîte aux outils
09:05qui sont les nouvelles techniques génomiques.
09:08Je veux dire, il y a encore beaucoup de discussions à l'heure actuelle
09:12et il est très dommage que l'Europe prenne autant de retard sur ces techniques-là
09:18parce qu'on voit clairement que la Chine et les Etats-Unis avancent très très fort.
09:23Ça avance en Europe quand même, on ne veut pas dire qu'il ne se passe rien.
09:26Avec ce qui s'est passé hier, on a quand même pris une bonne année dans la vue.
09:29Je pense qu'on ne peut pas dire que ça avance vraiment très rapidement.
09:33Donc ce qu'on veut, c'est avoir des plantes qui se défendent elles-mêmes
09:38et par là-même, ces plantes-là, cette semence, cette promesse de rendement
09:43que l'on donne aux agriculteurs, on veut la protéger au maximum avec différents piliers,
09:49mais je reparlerai de ça après.
09:50Mais parlez-nous déjà de ces piliers, qu'est-ce que ça veut dire les plantes qui se défendent ?
09:54Des plantes qui se défendent, c'est des plantes qui sont résistantes à la sécheresse,
09:59des plantes qui sont résistantes au froid, des plantes qui nous permettent,
10:03comme on l'a vu en céréales depuis de nombreuses années,
10:06des plantes qui nous permettent de mettre moins de fongicides.
10:11Mais tout ça est un exercice dynamique parce que la nature est en constante rupture d'équilibre
10:16et nous devons, on l'a encore vu, j'ai encore lu un article ce matin,
10:21des cépages, comment dirais-je, résistants aux vignes qui le sont un petit peu moins
10:29dû au changement climatique, donc c'est un combat de tous les jours
10:33et ce combat-là, il faut continuer à le mener avec tous les outils dont on dispose
10:39et cela commence par la semence.
10:41Alors ça commence par la semence, ça commence aussi beaucoup par de la recherche.
10:44Alors vous, Sophie Carton, votre travail, c'est d'aller voir ce qui se passe dans les laboratoires de recherche
10:50et de se dire comment est-ce qu'on arrive à permettre aux agriculteurs de se saisir
10:55de toute cette intelligence de recherche pour faire que ce soit efficace en bout de chaîne.
11:01Alors il y a de la semence et il y a aussi beaucoup d'autres choses que vous avez dans votre palette
11:06et qui va devenir concrets.
11:08Alors qu'est-ce qu'on a d'autre avec moins ?
11:11Qu'est-ce qu'on a de plus en moins ?
11:14Effectivement, on va chercher dans les laboratoires, mais aussi beaucoup sur le terrain
11:20parce que l'innovation vient beaucoup du terrain, des entreprises et donc aussi de la recherche.
11:28Et effectivement, nous, c'est une ferme d'établissement d'anciennement supérieur de recherche,
11:35donc Agro-ParisTech, et depuis presque 20 ans, et même avant, mais surtout depuis 20 ans,
11:43l'idée est de mettre en place sur l'exploitation, dans les champs et dans les tables et dans la bergerie,
11:50puisque nous avons aussi des vaches laitières et des brebis,
11:54de mettre en place des solutions techniques à l'échelle une
11:58et de vérifier par la mesure, par l'évaluation, que ces solutions sont efficaces
12:04sur le plan de la réduction des impacts environnementaux et du maintien de la compétitivité
12:08et du maintien du travail sur la ferme et de la production.
12:11C'est-à-dire que vous prenez bien en compte ces trois piliers de la durabilité,
12:14et pas seulement l'environnement, parce que c'est important, mais ça ne fait pas tout,
12:18donc on prend en compte toutes les variables.
12:20Absolument, voilà, donc on fonctionne comme une vraie ferme,
12:24avec une exigence de la part de l'établissement d'être un centre de profit,
12:30donc il faut absolument qu'on gagne notre vie, tout en réduisant notre impact environnemental
12:35et en continuant à avoir des performances techniques
12:40qui nous permettent justement de réunir tous ces critères.
12:43Et donc en termes de solutions, il y en a effectivement,
12:47le choix variétal est absolument majeur sur la partie production végétale,
12:53et on travaille également sur la partie production animale,
12:57avec, là pour le coup, des solutions alimentaires, des tests de solutions alimentaires.
13:03En 2009, on est en mesure de mesurer les émissions de méthanantérique
13:07liées à des différents choix techniques alimentaires,
13:10et travailler sur la place des additifs ou des fourrages,
13:15et leur impact sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre des vaches,
13:19qui est un gros sujet évidemment,
13:22et donc on a pu mesurer l'effet d'un grand nombre de solutions différentes,
13:28et là aussi, l'optimisation technique des pratiques alimentaires,
13:34et donc ce qui implique l'optimisation technique,
13:38c'est finalement consommer moins pour un même niveau de production,
13:42a des impacts intéressants, puisqu'on a pu mesurer une réduction de 16%
13:47des émissions de gaz à effet de serre par litre de lait produit,
13:50depuis 2006 sur la ferme, donc un travail de longue haleine,
13:53avec différentes solutions,
13:55et donc sur la partie émissions de méthanantérique,
13:58pour revenir à ça, il y a un gros travail à faire
14:01sur la digestibilité des fourrages, et la digestibilité de l'alimentation,
14:04qui permettent de réduire ces émissions de gaz à effet de serre.
14:07Ça veut dire qu'on pourra faire encore mieux sur ce point précis du méthanantérique
14:12dans les 10 prochaines années par exemple ?
14:14Alors, je pense qu'il y a déjà beaucoup d'agriculteurs et d'éleveurs
14:20qui sont avancés sur le plan technique,
14:22on a quand même une agriculture en France qui est très technique,
14:26avec des professionnels qui ont un haut niveau de technicité,
14:30et qui expliquent qu'en termes d'émissions de gaz à effet de serre,
14:34notamment par litre de lait, on est parmi les meilleurs dans le monde.
14:39Mais ceci dit, on a lancé plusieurs programmes de R&D
14:44à la ferme expérimentale, en se disant que,
14:47et puis je l'entendais récemment sur des réunions ces derniers jours,
14:51que ce n'est pas le cas de tous les agriculteurs,
14:54et qu'il y a encore de la place pour de l'optimisation technique
14:58dans les systèmes de production actuels en France.
15:00On sait que dans des zones d'élevage, on a tendance à mettre,
15:03peut-être un peu trop, de se débarrasser de son lisier et de son fumier
15:08pour la fertilisation des cultures,
15:10et qu'il y a de l'optimisation là à faire
15:13pour justement réduire l'utilisation de fertilisation azotée
15:18et optimiser l'utilisation des effluents d'élevage.
15:21Yves Piquet, je vous ai vu réagir.
15:23C'est un point très important, et je pense que c'est un point
15:26qu'on a beaucoup oublié dans tous les plans présents et à venir et passés,
15:30c'est le déploiement.
15:32Je pense que l'R7, on commence vraiment à mettre le doigt dessus,
15:36mais on ne met jamais assez de financement, d'efforts et d'énergie
15:41sur le déploiement, et c'est toujours le parent pauvre,
15:44je vais dire, de cette avancée dans l'agriculture.
15:47Il y a quand même quelque chose qui a changé.
15:49Vous nous parlez de 2009, les premières expériences
15:51sur la mesure du méthane enterrique des vaches.
15:54Il y a des choses qui ont changé depuis 2009,
15:56et notamment le surgissement du numérique dans l'équation agricole.
16:00Ça change tout quand même.
16:01Ça veut dire qu'on peut modéliser des choses beaucoup plus vite.
16:04Qu'est-ce que ça a changé dans le faire mieux avec moins,
16:07les nouveaux outils qu'on peut avoir, la donnée, etc. ?
16:10Tout à fait. Je vous ai laissé sur la semence.
16:14Donc on a notre semence qui est vraiment cette promesse de rendement,
16:19et cette promesse de rendement, il faut vraiment tout faire
16:21pour essayer de la protéger.
16:23Et comme on m'expliquait, cette protection est vraiment plurielle,
16:26et elle commence par le digital.
16:28Parce que maintenant, depuis des années,
16:30on est en train de prendre énormément de données,
16:34que ce soit par les machines, par les satellites, etc.,
16:37au niveau des champs, et une plateforme comme FieldView
16:41permet de stocker toutes ces données.
16:43Et ces données, qu'est-ce qu'on en fait ?
16:45La donnée, c'est plein de choses.
16:47La météo, les agressions des ravageurs, l'état du sol.
16:51C'est tout ce qu'on peut imaginer.
16:54Et donc toutes ces données, on sait en faire quelque chose.
16:57On prend des systèmes experts qui nous permettent
17:01de voir le développement, par exemple, d'une maladie en céréales,
17:06et nous dire qu'à ce moment-là, il faut traiter
17:09à la bonne dose, au bon endroit et au bon moment.
17:11Donc ça, ça nous permet vraiment de construire des schémas
17:15qui ont de moins en moins d'impact sur l'environnement.
17:19Donc pour notre performance environnementale,
17:22ça a énormément d'importance.
17:24Parce que dans certains cas, nous ne traiterons pas,
17:26une fois qu'on n'est pas à un certain niveau de pression.
17:31Aussi, une fois qu'on a détecté le fait qu'il faut traiter,
17:35on passe, on a deux portefeuilles de produits.
17:38On a les portefeuilles d'origine naturelle
17:41qui sont en plein développement.
17:43Et je veux dire, il y a énormément de promesses
17:46pour le futur dans ces portefeuilles.
17:48Mais je veux dire, ça fait 10-15 ans qu'on travaille dessus.
17:51On est dans l'agriculture.
17:53On est sur un temps long.
17:54Il faut nous laisser le temps de la recherche.
17:56Mais on sera au rendez-vous.
17:58Et je pense qu'il y a énormément d'acteurs
18:00dans ce nouveau marché.
18:03Et on sera là.
18:04D'un autre côté, il y a encore la chimie traditionnelle
18:07qui est en train vraiment de se réinventer.
18:10Qui, au lieu de travailler comme avant,
18:13de manière empirique, pour trouver le petit frère
18:16qui est plus costaud.
18:17On parle de molécules.
18:18La petite molécule qui est plus costaud que l'ancienne.
18:22Ici, on travaille vraiment pour identifier
18:25des nouveaux modes d'action.
18:27On travaille vraiment sur la cible.
18:30Donc la cible, c'est quoi ?
18:31C'est une protéine qui se retrouve dans le bioagresseur,
18:34que ce soit une mauvaise herbe ou un insecte.
18:36Et on essaye de trouver la protéine qui est unique
18:39pour avoir le moins d'effets collatéraux possible.
18:43Parce que nous travaillons avec des produits
18:46qui ne sont pas anodins.
18:48On le reconnaît, on le reconnaîtra toujours.
18:50Mais ici, avec ces produits-là
18:52qui contrôlent la production de protéines
18:57vraiment très spécifiques,
18:59on arrive vraiment à des profils
19:05de plus en plus favorables des différentes molécules.
19:08Et ce qu'il faut dire, c'est que
19:10pourquoi n'avoir pas fait ça avant ?
19:12Mais quand on parle avec les chercheurs
19:15dans les différents labos,
19:16il y a 5 ans d'ici, 80% des technologies
19:19qu'on utilise maintenant n'existaient pas.
19:21Donc c'est vraiment en train de se révolutionner.
19:24Et la protection, elle sera plurielle.
19:26Donc elle passera par cette promesse de Semence.
19:29Elle sera protégée par des programmes
19:32dictés par le digital,
19:33avec du naturel et du conventionnel.
19:36Je vais vous donner la parole, David,
19:38parce que vous avez une expérience
19:39vraiment concrète à raconter.
19:40Mais juste avant, Sophie Carton,
19:42je voudrais qu'on revienne sur cette histoire
19:44de on a les outils numériques qui émergent,
19:46qui sont incroyables.
19:48Et ensuite, il faut faire l'interface
19:50avec l'agriculteur,
19:51parce qu'il a quand même son intelligence à lui,
19:53sa capacité de décision.
19:54Ça ne peut pas tout.
19:55Comment est-ce qu'on fait
19:56pour que le numérique et l'humain travaillent ensemble ?
19:58Parce que vous me racontiez que parfois,
20:00on se rend compte que les agriculteurs
20:02ont la donnée, ils savent ce qu'il faudrait faire.
20:04Mais comme ils ont un petit doute,
20:05ils continuent quand même la pratique
20:06comme elle était avant.
20:07Alors comment est-ce qu'on fait aussi évoluer
20:08ce dernier petit maillon de la chaîne,
20:10le maillon humain le plus important ?
20:12Oui, oui.
20:13Alors là, moi, j'ai conviction profonde
20:15que l'intelligence artificielle,
20:18le numérique, les données,
20:20c'est un outil.
20:21Et d'ailleurs, c'est ce que disait M. Piquet,
20:23c'est un outil au service de l'agriculteur.
20:25Mais que, en effet,
20:27l'agriculteur fait bien ce qu'il veut
20:29et qu'il faut qu'il utilise
20:32pas que l'intelligence artificielle,
20:34mais son intelligence à lui
20:36pour exploiter la donnée, la comprendre,
20:39comprendre aussi les hypothèses
20:40derrière les modèles.
20:42Et là, je pense qu'il y a effectivement
20:44un grand rôle de la formation.
20:47Mme Bourleau en parlait tout à l'heure.
20:49La formation des agriculteurs
20:52et de l'ensemble des prescripteurs
20:54de l'agriculture et des conseillers
20:57qui ont besoin
20:59davantage de formation
21:02à des systèmes qui sont de plus en plus complexes.
21:05Parce qu'effectivement,
21:07les agriculteurs sont des chefs
21:09d'entreprises agricoles,
21:11des entreprises qui sont complexes.
21:13Ils doivent prendre en compte la complexité du vivant
21:15et la question de la durabilité, de la résilience
21:17et dont on a vu tout à l'heure
21:19qu'elle est multicritère.
21:21Et donc, pour comprendre tout ça
21:23et le maîtriser,
21:24il faut effectivement être bien formé.
21:26Donc, c'est des sujets
21:28dont s'emparent aujourd'hui
21:30les écoles d'ingénieurs dont je fais partie.
21:33Nous avons notamment, d'ailleurs,
21:34sur la question du numérique,
21:36une chaire partenariale qui s'est montée
21:38dont une représentante est dans la salle,
21:40qui s'attaque à cette question du numérique
21:44au service de la durabilité de l'agriculture
21:47et dont l'objectif aussi
21:49est de faire monter en compétence
21:52les ingénieurs agronomes
21:54et de leur montrer
21:56qu'il y a des métiers, aujourd'hui,
21:58dans l'agriculture
22:00qui ont besoin de leurs compétences
22:03et de leur intelligence.
22:04Et donc, il faut attirer des talents vers l'agriculture.
22:06Voilà, il y a toute une question d'attractivité
22:08de ces métiers-là.
22:09Faire comprendre que ces métiers-là sont passionnants,
22:12sont effectivement très complexes
22:15et touchent à plein de sujets différents.
22:18David, vous avez plein de choses intéressantes à raconter,
22:21mais là, vous aviez envie d'ajouter quelque chose.
22:23Non, c'était juste pour cette question
22:25sur le digital, l'humain, etc.
22:27Juste témoigner de quelque chose.
22:29Moi, en fait, quand j'ai commencé ma carrière
22:31dans le milieu de la recherche agricole,
22:33il y a 18 ans,
22:34je suis tout juste majeur dans le domaine.
22:36En fait, j'ai commencé pour créer
22:40et puis ensuite, j'ai piloté des équipes
22:42qui créaient certains des systèmes digitaux
22:44les plus utilisés aujourd'hui.
22:46Et ça, je pense que c'est un point important.
22:48On n'a pas attendu ces sujets-là.
22:50En France, quand on parle
22:52de où est-ce qu'on est compétitif,
22:54où est-ce qu'on est bon,
22:55vous regardez le pilotage des cultures par satellite.
22:58Avec le système Farmstar
23:00qui a été mis au point
23:01par les deux instituts techniques
23:03dans lesquels j'ai travaillé
23:04et qui est déployé par la plupart
23:06des coopératives françaises,
23:07on est sur un système
23:09qui a un taux de pénétration,
23:10c'est-à-dire un taux d'utilisation
23:12qui est de l'ordre de 15%
23:15et qui, dans les régions
23:17où c'est le plus poussé,
23:18donc les grandes régions céréalières,
23:20notamment le secteur axe céréale
23:22en regardant Jean-François,
23:24on est sur du 20 à 25%
23:26de taux de pénétration.
23:28C'est inédit à l'échelle mondiale.
23:30Personne dans aucune agriculture
23:32sur cette planète
23:34ne pilote autant ses cultures
23:35avec des outils comme ça.
23:37Et ce qu'il ne faut pas oublier,
23:39bien sûr,
23:40et on a des tonnes de données pour ça
23:41qui montrent que,
23:42oui, bien sûr,
23:43les agriculteurs ne suivent pas
23:45à la lettre la recommandation
23:46du système digital.
23:48Mais c'est très bien en fait.
23:49C'est très bien.
23:50Parce qu'on n'embrasse pas tout
23:52dans ces systèmes-là.
23:54Il y a toujours une part d'ajustement.
23:56Que ce soit un exploitant
23:58ou que ce soit un chef de culture salarié,
24:00peu importe les formes,
24:01il y a une intelligence par-dessus.
24:03Mais ce qui est extrêmement important,
24:05c'est qu'en fait,
24:06c'est aussi grâce à ça
24:08qu'on ramène de la donnée nouvelle.
24:10Parce qu'il ne faut jamais oublier
24:11que dans ces histoires,
24:12de toute façon,
24:13il y a quand même,
24:14même avec l'explosion des IA,
24:16des machins, etc.,
24:17il y a un moment,
24:18on est toujours quand même
24:19en train de, nous, les humains,
24:21de designer les choses,
24:23de les dessiner.
24:24Et ça commence par le choix
24:26de qu'est-ce qu'on regarde
24:27dans nos champs.
24:28Et il y a plein de choses
24:30que Sophie, etc.,
24:32regarde à la ferme de Grignon,
24:33par exemple.
24:34C'est des choses qu'on ne regardait pas avant,
24:35tout simplement.
24:36Et donc, en tout cas,
24:37il y a encore énormément
24:39d'intelligence.
24:40Et il faut vraiment se dire
24:41qu'on n'est pas complètement bonnés
24:44dans ce domaine-là.
24:45En France, on a des avantages
24:46à jouer en termes de compétences
24:48et d'expérience dans le domaine.
24:50Ça, c'est vraiment intéressant,
24:51je pense, de le rappeler.
24:52C'est quand on veut apporter,
24:53ramener des talents vers l'agriculture,
24:55de dire que c'est un domaine
24:56d'excellence,
24:57ce qu'on sait assez peu.
24:58C'est bien qu'on arrête
24:59de se flageller parfois.
25:00David, David Gouache,
25:02pardon, je vais vous appeler
25:03par votre nom.
25:05Vous avez pris récemment
25:08la tête d'une petite structure.
25:09Vous êtes encore tout seul
25:10à l'intérieur,
25:11mais pas tout seul.
25:13Vous êtes une tête de pont,
25:14disons.
25:15Votre enjeu maintenant,
25:17c'est de développer
25:18les protéines végétales en France.
25:21Parce qu'on a un énorme trou
25:23dans notre raquette,
25:25et quand on se dit faire mieux,
25:27vous avez identifié
25:28une manière de faire mieux.
25:29Vous n'êtes pas tout seul
25:30à l'avoir identifié.
25:31Il y a toute une filière derrière vous,
25:32mais racontez-nous,
25:33parce que je pense que
25:34beaucoup dans cette salle
25:35ignorent ce que c'est
25:36que cette thématique
25:37des protéines végétales.
25:38On a des secteurs très performants,
25:41mais on a un secteur
25:42en énorme déficit,
25:43c'est celui-là.
25:44Qu'est-ce que c'est ?
25:45Je vais essayer de faire bref
25:47sur une petite histoire.
25:49On parlait de notre puissance
25:53exportatrice céréalière.
25:55On la doit quand même au fait
25:57qu'à un moment donné,
25:58il y a bien longtemps,
25:59et Sébastien Abyss me corrigera
26:02si je raconte des bêtises,
26:04mais il y a bien longtemps,
26:06on a laissé l'Europe protéger
26:11et développer son agriculture
26:13et sa production de céréales
26:15sur un deal
26:16avec les Nord-Américains à l'époque
26:18qui était de dire,
26:19par contre,
26:20aucune mesure de protection,
26:22etc., sur le soja,
26:24sur la protéine végétale
26:25pour nourrir nos bêtes.
26:26Ça, c'est les accords du GATT.
26:28Quelle année, Sébastien ?
26:29Les accords du GATT sur les...
26:31Je ne sais jamais quelle ronde c'est.
26:33On est dans les années 80.
26:35Même avant, de mémoire.
26:371962.
26:38Oui, c'est ça.
26:39Il me semble que c'est en 1962.
26:41Merci.
26:43En fait,
26:44bon, ça, c'est...
26:46Ça reconstruit tout ça.
26:48C'est le deal global
26:49qui nous a permis
26:51de développer certaines choses.
26:53Et puis, à un moment donné,
26:54on a commencé à se rendre compte
26:55que ça posait des problèmes.
26:56Première fois, on s'en rend compte,
26:57fin des années 70,
26:59grande sécheresse aux États-Unis.
27:01Ils décrètent un embargo
27:02sur leurs exports de soja
27:03et d'un seul coup,
27:04l'Europe se rend compte,
27:05nom de Dieu,
27:06on ne peut plus nourrir nos bêtes.
27:07Il faut se rendre compte,
27:08il y a 30 millions de tonnes de soja
27:09qui arrivent tous les ans chez nous,
27:11essentiellement pour nourrir nos bêtes.
27:13Et puis après,
27:15on se lance à ce moment-là,
27:16on se dit, bon,
27:17il faut qu'on trouve des alternatives,
27:18il faut qu'on développe des choses.
27:21C'est à cette époque-là
27:22qu'on commence à développer
27:23la culture sur laquelle
27:25j'ai des préoccupations fortes en ce moment,
27:27qui est le poids protéagineux.
27:29Il y a des soutiens de l'APAC, etc.
27:31Tout ça, ça commence à bien marcher.
27:33Puis on fait quelques erreurs,
27:34des erreurs politiques,
27:35des erreurs techniques, scientifiques,
27:36ça retombe.
27:37Et là, il y a quelques années,
27:38cette histoire-là, elle revient.
27:39Elle revient sur le devant de la scène,
27:40maintenant, avec tous les enjeux
27:41qu'on vient de citer avant.
27:42Parce que, en fait,
27:44on se rend compte que,
27:45dans notre Europe,
27:47il y a effectivement ce trou dans la raquette
27:49sur ces millions de tonnes
27:50qu'on importe,
27:51cette dépendance qu'on peut avoir
27:53pour nourrir nos troupeaux,
27:55qui a des effets induits
27:56à l'échelle mondiale,
27:57qui fait qu'il y a d'autres pays du monde
28:00où on déforeste,
28:02historiquement de l'Amazonie,
28:03et maintenant du Cerrado,
28:05pour faire des quantités massives de soja.
28:08On se retrouve en plus, maintenant,
28:09avec ces quantités massives de soja
28:11qui ne sont pas forcément même suffisantes
28:13parce que les Chinois
28:14en sont de plus en plus demandeurs.
28:16Donc, les bateaux,
28:17ils ont tendance à aller de l'autre côté,
28:19de faire le tour de l'Amérique du Sud
28:20au lieu de venir chez nous.
28:22Et par-dessus ça, maintenant,
28:24on se dit, mais carbone, tout ça,
28:26on l'a dit,
28:27c'est quoi le premier poste
28:28des émissions carbonées
28:29de nos grandes cultures ?
28:30C'est l'engrais.
28:32Quel est le type de culture
28:34qui n'a pas besoin d'engrais ?
28:36C'est la légumineuse, en fait.
28:37Elle capte l'azote de l'air toute seule,
28:40sans l'apport d'énergie lié au gaz russe,
28:44pour amener de l'azote dans le sol.
28:46Donc, on se dit, tiens,
28:47là, il y a tout à gagner.
28:48On récupère sur la souveraineté,
28:49on récupère sur le plan environnemental,
28:51chez nous,
28:52et on récupère sur le plan environnemental
28:54de nos émissions importées
28:57de l'autre bout de la planète.
28:59Je dis tout ça, c'est tout rose,
29:01mais pourquoi on ne le fait pas,
29:02nom de Dieu ?
29:03Pourquoi on ne le fait pas, nom de Dieu ?
29:06Il se trouve qu'il y a quand même
29:08une petite difficulté dans cette histoire.
29:10Premièrement, c'est une famille d'espèces
29:14qui, de par leur biologie,
29:16sont plus difficiles à sélectionner,
29:18à améliorer pour en faire
29:20de l'assemence extrêmement performante.
29:22Donc là, il y a un message pour vous.
29:25Deuxième point,
29:27c'est que, de fait,
29:29on a totalement désinvesti là-dedans.
29:33Aujourd'hui, vous êtes agriculteur,
29:35on parlait de compétitivité,
29:37de la Ferme France, etc.,
29:39mais quand on regarde l'échelle agriculteure,
29:41les cultures sont en compétition
29:43les unes avec les autres.
29:45Or, aujourd'hui, vous prenez cette famille
29:47de cultures,
29:49en gros, il leur manque
29:51une augmentation d'entre 25 et 33%
29:53de productivité
29:55pour être compétitive vis-à-vis
29:57du blé, du maïs, du colza, etc.
29:59Donc il faut améliorer leur performance
30:01en moyenne et en résilience
30:03parce que,
30:05et pourtant, je travaille dessus,
30:07c'est des cultures chiantes, en fait.
30:09Elles sont chiantes à produire.
30:11Vous pouvez être un excellent agriculteur,
30:13vous allez vous planter une année sur deux
30:15sur ces cultures.
30:17C'est un risque énorme dans une exploitation.
30:19C'est un risque énorme.
30:21Or, on sait qu'on en a besoin.
30:23On a en plus des marchés qui se développent
30:25parce que maintenant, vous rajoutez
30:27une dernière couche qui est
30:29une proportion de protéines végétales
30:31qu'on consomme directement
30:33avec un petit peu moins
30:35de produits animaux.
30:37Typiquement, vous avez là,
30:39notamment dans le poids protéagineux
30:41dont je m'occupe, et c'est ce que
30:43je vais raconter maintenant,
30:45une superbe protéine pour
30:47faire tout un tas d'applications
30:49en industrie agroalimentaire
30:51et des structures qui investissent,
30:53dont dans nos territoires,
30:55pour développer ces marchés-là.
30:57Il y a tout un paysage
30:59qui se met en place.
31:01Je rejoins Yves là-dessus.
31:03Ça commence par la semence.
31:05Un point important dans ce que disait Yves aussi,
31:07on parle de déploiement.
31:09S'il y a un truc qui,
31:11à l'échelle mondiale, a toujours marché,
31:13c'est qu'il y a un truc quand c'est déployé
31:15en termes d'innovation agricole, c'est la semence.
31:17Quand vous êtes capable
31:19de packager une innovation dans une graine,
31:21vous êtes capable d'impacter
31:23l'agriculture
31:25à une grande vitesse
31:27sur de grandes surfaces.
31:29C'est vraiment un enjeu majeur.
31:31Le sujet qu'on a aujourd'hui,
31:33sur ces stratégies protéines végétales
31:35auxquelles j'ai contribué
31:37à la réflexion dans mes précédentes fonctions
31:39chez Terra Inovia,
31:41on avait identifié
31:43le gros trou dans la raquette
31:45avec un certain nombre d'acteurs,
31:47semenciers, des filières,
31:49sur le fait qu'on pouvait pousser
31:51tout ce qu'on voulait sur l'aval,
31:53sur le fait de reformer
31:55les producteurs à ces cultures, etc.
31:57Si on n'a pas une bonne génétique,
31:59on n'y arrivera pas.
32:01Du coup,
32:03la petite structure
32:05que j'essaie de sortir de terre
32:07pour le moment, c'est une structure
32:09où l'enjeu a été de dire
32:11qu'on a des belles entreprises
32:13semencières françaises ou européennes,
32:15empreintes géographiques Europe,
32:17une fois de plus, c'est à ces échelles-là
32:19que ces choses se jouent,
32:22qui n'ont pas lâché cette culture
32:24malgré toutes les difficultés.
32:26Et donc, on a dit
32:28est-ce qu'on est capables
32:30de mettre
32:32ces programmes de R&D
32:34entre plusieurs entreprises
32:36avec une grande part en commun,
32:38de s'engager
32:40à y rajouter des moyens,
32:42à vraiment augmenter leurs capacités,
32:44et on est quasiment de l'ordre,
32:46pas tout à fait, mais l'ambition, c'est quasiment
32:48de l'ordre d'un fois dix.
32:50C'est quand même extrêmement significatif.
32:52Et les pouvoirs publics ont suivi votre...
32:54Et de rajouter un consortium
32:56de financeurs privés,
32:58des fonds publics,
33:00et là, je suis dans les affres
33:02d'essayer d'aboutir
33:04à tous les accords pour avoir l'encre en bas
33:06des contrats, pour vraiment essayer
33:08de faire ce boost, parce que
33:10si on veut développer
33:12effectivement ce mieux avec moins,
33:14ces cultures font clairement
33:16partie de la solution,
33:18développer aussi de la valeur économique,
33:20mais à un moment, il faut bosser.
33:22On parlait de pas de temps long en investissement
33:24sur plein d'autres sujets, la génétique
33:26en est un aussi,
33:28et sur cette famille d'espèces
33:30en particulier,
33:32le marché tout seul ne permet
33:34pas de le faire. C'est lié
33:36à des difficultés inhérentes
33:38à la biologie de ces espèces.
33:40Je pourrais vous faire un cours là-dessus à la pause
33:42si ça vous intéresse.
33:44L'appel est lancé.
33:46Il y a un moment, il fallait être
33:48capable de dire non, on a besoin d'un soutien,
33:50d'un investissement par rapport à une
33:52prise de risque qui
33:54paiera au long terme, mais
33:56il faut y aller maintenant.
33:58Là, j'ai le bon espoir, on est bien parti
34:00et on a une fenêtre de tir maintenant
34:02sur ces sujets-là pour essayer d'avancer.
34:04Yves Piquet, dans le secteur
34:06des semences, ces pois protéagineux
34:08et toute cette famille de plantes, ça fait
34:10l'objet d'une attention soutenue ?
34:12Je ne vais pas
34:14vous dévoiler grand-chose comme secret
34:16en disant que non.
34:18C'est un petit peu les parents
34:20pauvres. Je vais dire,
34:22on est parti sur un système
34:24binaire, comme David vient de le décrire,
34:26avec des protéines qui venaient pas
34:28chères de bien loin,
34:30et ces gens-là, ça fait 50 ans qu'ils ont
34:32avancé dans leur génétique et leur
34:34pratique culturelle, donc
34:36on connaît le temps long de l'agriculture.
34:38Je suis très très
34:40heureux qu'il y ait cette
34:42initiative qui se lance,
34:44mais ça va prendre du temps.
34:46La génétique,
34:48on ne va pas vous trouver des solutions
34:50en deux ans de temps.
34:52Je pense qu'il faut de la tenacité,
34:54de l'efficacité, de mettre tous les bons
34:56acteurs autour de la table.
34:58Et il y a encore
35:003-4 maisons qui travaillent encore très bien
35:02sur les pois, mais c'était
35:04rester un petit peu un parent pauvre.
35:06Et
35:08pour la petite histoire, quand on parle de
35:10tenacité, n'oublions pas que
35:12sortir de la guerre,
35:14le maïs dans ce pays,
35:16c'était pas très
35:18cultivé, à part dans
35:20le sud.
35:22Il y a eu de la ténacité, il y a eu
35:24de l'investissement, mais c'était plus facile parce que
35:26la biologie de l'espèce se prêtait
35:28plus facilement à un retour sur
35:30investissement rapide, mais en tout cas
35:32on a su
35:34par le passé,
35:36et même sur le pois protéagineux, on a eu
35:38une première phase, années 80, où il y a eu
35:40de l'investissement,
35:42mais il faut croire qu'effectivement
35:44l'époque a évolué
35:46de telle manière que
35:48on est un petit
35:50peu moins porté sur le temps long.
35:52Sophie Carton, c'est votre avis de spécialiste
35:54qui peut être intéressant dans cette
35:56matière-là. Quelle est selon
35:58vous la capacité des systèmes
36:00agricoles à intégrer des
36:02nouvelles données comme celle-ci ? On a une plante
36:04qui peut s'intégrer à un schéma de culture, bon,
36:06c'est encore compliqué, c'est encore très risqué,
36:08mais quelle est la capacité des systèmes agricoles
36:10à absorber cette nouvelle
36:12possibilité ou ce nouveau risque ?
36:14Je ne vais pas
36:16parler en général, mais plutôt
36:18en particulier. C'est vrai que sur la place
36:20des légumineuses dans
36:22les assolements, c'est des choses que
36:24on a réfléchi de longue date
36:26à la ferme expérimentale de Grignon,
36:28avec une réponse plus simple
36:30que celle des pois protéagineux, puisqu'en fait
36:32on a des ruminants sur la ferme
36:34qui savent valoriser des légumineuses
36:36fourragères, et donc nous, notre
36:38légumineuse qui a toute sa place
36:40dans l'assolement aujourd'hui, c'est
36:42la luzerne,
36:44et qui est plus simple à produire que le
36:46pois protéagineux. Le pois protéagineux, il a
36:48plus de place dans les réflexions autour de
36:50production monogastrique ou des applications
36:52en alimentation humaine.
36:54Donc
36:56effectivement, alors comment est-ce qu'on réfléchit à ça ?
36:58On réfléchit à ça,
37:00donc nous, on utilise, là pour le coup,
37:02on revient sur la question des
37:04outils aujourd'hui, du numérique
37:06et des modèles,
37:08donc on a travaillé en fait,
37:10on peut travailler aujourd'hui, il y a des outils
37:12pour travailler sur la réflexion à l'échelle
37:14du système de production, et nous
37:16on
37:18modélise le système de
37:20production et on a
37:22étudié
37:24a priori l'intérêt
37:26de nouvelles cultures et
37:28l'insertion de nouvelles cultures dans le
37:30système, ce qui nous ont permis de nous
37:32déterminer sur la luzerne
37:34qui aujourd'hui, elle est raisonnée
37:36à l'échelle de l'exploitation agricole, mais
37:38aussi à l'échelle du territoire, puisqu'on
37:40travaille la luzerne avec des voisins
37:42en bio qui
37:44ont besoin
37:46à la fois d'un apport d'azote
37:48par la légumineuse, mais qui ne
37:50trouvent pas dans
37:52les légumineuses
37:54telles que le pois protéagineux ou la
37:56févrole, donc des solutions
37:58qui sont suffisamment
38:00compétitives par rapport au reste
38:02de leur production, et
38:04qui, par contre, insèrent de la luzerne
38:06dans leur assolement, luzerne qu'on va acheter sur pied
38:08pour alimenter nos vaches.
38:10Donc là, il y a une réflexion
38:12à l'échelle du système de production
38:14pour insérer des nouvelles
38:16cultures dans
38:18ces assolements. Merci, Sophie
38:20Carton. Vous vouliez réagir,
38:22David ? Non, c'était juste
38:24pour rajouter un petit point, pour boucler la boucle
38:26sur la partie digitale, parce qu'on
38:28a dit génétique, temps long,
38:30il faut de la vision en temps long.
38:32Je pense qu'en tout cas, moi,
38:34là où je pense qu'il y a aussi
38:36quand même des choses qui peuvent s'améliorer vite,
38:38en tout cas dans l'initiative que je mène, c'est que
38:40on a aujourd'hui
38:42accès dans les domaines de la génétique,
38:44etc., grâce à
38:46des outils digitaux dans ces métiers-là
38:48qui se sont très fortement digitalisés
38:50aussi, une possibilité de faire des
38:52raccourcis qu'on n'était pas capable de
38:54faire il y a 20 ans, il y a 30 ans.
38:56Et donc, même si ce genre de sujet,
38:58il faut toujours des caps et de la vision
39:00à long terme, en fait,
39:02on a quand même des réelles perspectives
39:04d'aller plus vite aujourd'hui que ce
39:06qu'on aurait fait avec le même cap et la même
39:08vision il y a 30 ans.
39:12Il faut être capable
39:14de se garder cette source d'optimisme
39:16et de faire le lien, effectivement, avec les différents
39:18piliers qu'évoquait Yves.
39:20En fait, on est dans une année olympique, c'est faire
39:22mieux avec moins, et plus vite,
39:24et plus haut, et plus fort. Voilà.
39:26Merci à tous les trois. Merci Yves Piquet, merci David Welch,
39:28merci Sophie Carton.

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