Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h45, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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00:00 [Musique]
00:05 Est-ce que pour autant les produits bio vont être sortis de certaines...
00:11 - Ah non, il y en a encore.
00:13 - Pas encore. Mais concrètement, qu'est-ce que ça a changé pour nous depuis un an ?
00:17 - En fait, ce qui s'est à changer, William, c'est que les ventes continuent à baisser sur ce secteur d'activité,
00:23 ces fameux produits bio dont en a vanté vraiment les bénéfices et les bienfaits.
00:28 En 2021, le recul de vente était de 3,1 %, en 2022, ça continue, ça s'accélère, puisque ça fait -7,4 %.
00:36 Donc toutes les enseignes sont touchées, premier rang desquels les enseignes dites spécialisées, William,
00:42 puisque la Vicky Lair, Biocop, Naturalia, enregistrent finalement un recul de près de 16 %,
00:48 mais aussi, vous savez, il y a des produits bio dans les hypermarchés, les supermarchés,
00:51 c'est assez bien balisé maintenant, aujourd'hui.
00:53 Là encore, ces produits bio descendent, diminuent, la descente est moins forte,
00:59 puisque c'est à peu près 5 % de vente en moins, mais ça descend.
01:02 Ça veut dire quoi, quand on a finalement dans ces grandes surfaces généralistes des produits qu'on vend moins ?
01:07 Eh bien, on en présente de moins en moins à l'achat, puisqu'on en vend moins.
01:10 Eh bien, là encore, les références du bio dans ces hypermarchés descendent, résultat des courses,
01:15 vous avez des enseignes, et particulièrement, vous savez, ces enseignes locales,
01:19 souvent associées à des coopératives, eh bien malheureusement, elles en font les frais,
01:24 elles disparaissent, je rappelle une nouvelle.
01:26 - Mais c'est incroyable, ça.
01:27 - C'est fou, les nouveaux Robinson, par exemple, eh bien eux, malheureusement,
01:29 ils vont fermer leurs enseignes à la fin de l'année.
01:31 - Parce que c'est beaucoup chaud, hein ?
01:32 - Bah oui, on va voir ça.
01:33 - Parce que le bio, c'était la ruée vers l'or il y a quelques années encore.
01:36 Tout le monde voulait faire du bio.
01:38 Et puis après, il faut nous expliquer pourquoi ça s'est passé comme ça.
01:41 - Alors oui, on va rentrer un peu dans ce détail-là, bien sûr,
01:44 et on s'est vraiment, nous, ici, à la rédaction, posé la question de savoir pourquoi,
01:48 finalement, ces ventes s'écroulent.
01:50 C'est la raison pour laquelle Dimitri Poupon est allé sur le terrain.
01:53 Je vous présente ce reportage.
01:55 Regardez, on va tout comprendre.
01:56 On se retrouve tout de suite après.
01:57 Les produits bio ne séduisent plus les Français.
02:10 Avec des ventes en baisse de 7,4 % en 2022,
02:14 le marché des aliments biologiques décline pour la deuxième année consécutive.
02:18 Alors le bio est-il condamné ?
02:20 Réponse avec cet expert de l'alimentaire.
02:23 - Le déclin du bio, c'est certainement pas une condamnation à mort.
02:26 C'est un signal d'alarme très fort pour une seule chose.
02:30 Il faut essayer de comprendre pourquoi on est dans cette situation-là.
02:33 C'est vraiment parce que le bio est aujourd'hui proposé trop cher aux consommateurs.
02:38 On a l'habitude d'entendre entre 20 et 30 % plus cher que le conventionnel.
02:42 C'est pas vrai.
02:43 C'est entre 60 et 70 % plus cher que le conventionnel.
02:46 Du fait de l'absence de produits chimiques, le bio coûte plus cher à produire.
02:52 Mais pour Xavier Terlay, ce surcoût ne suffit pas à expliquer la différence de prix.
02:57 - Je vais prendre un yaourt célèbre français vendu par Kat
03:02 et le même vendu par Kat avec simplement un label AB sur le packaging
03:06 qui est vendu 60 % ou 70 % plus cher que le conventionnel.
03:10 Là, on se dit qu'il y a vraiment de la marge.
03:12 Il y a quelqu'un qui se fait de la marge, le fabricant, le distributeur.
03:15 Peut-être la marge qu'ils n'arrivent pas à faire sur les produits conventionnels
03:18 parce qu'ils sont vendus à rat de terre.
03:20 Donc, ils doivent gagner de l'argent et ils vont vers le bio.
03:22 C'est peut-être ça le problème.
03:23 En tout cas, il faut le régler pour que le consommateur puisse réacheter du bio.
03:26 Après plusieurs années de croissance, l'agriculture bio est en berne.
03:30 La faute à une demande insuffisante des consommateurs.
03:34 Alors, pour raviver la flamme, une seule solution, baisser les prix.
03:38 - C'est véritablement un label exigeant.
03:40 C'est un label qui garantit beaucoup de choses aux consommateurs
03:44 que les autres labels ou signes distinctifs qu'on peut avoir par ailleurs ne garantissent pas.
03:49 Donc, le bio est vraiment un vrai label.
03:51 Donc, je crois, moi, à l'avenir du bio,
03:53 mais un bio qui doit être accessible au plus grand nombre, à tout un chacun.
03:57 Et pour ça, il faut véritablement que le bio soit moins cher.
04:00 Et l'enjeu est de taille.
04:01 Soutenir l'agriculture, réduire la pollution et assurer une alimentation de qualité
04:06 dans le premier pays producteur bio d'Europe.
04:09 - Oui, mais la question maintenant, est-ce que le prix, on l'a vu, très élevé,
04:17 explique à lui tout seul que les Français se détournent du bio ?
04:21 - En grande partie, William.
04:23 Ce qu'il faut comprendre, c'est que bien sûr, depuis cette guerre en Ukraine,
04:26 les prix de l'alimentation ont augmenté de près de 12 %.
04:30 Eh bien, figurez-vous que malheureusement, 10 % des foyers français,
04:33 le 10 du mois, sont déjà à découvert.
04:35 Donc, on est obligé de faire des arbitrages.
04:38 Et quand on a des prix de produits bio qui sont 20, 30 % plus chers,
04:42 là, on évoque qu'il y a certains cas qui peuvent monter jusqu'à 50, 60 % plus chers.
04:46 - Oui, c'est excessif.
04:47 - À mon avis, c'est un peu excessif.
04:48 Mais néanmoins, ça peut exister.
04:49 Eh bien, finalement, les Français arbitrent, font d'autres choix
04:52 et délaissent finalement ce produit bio qui est bon, je le rappelle,
04:57 bon pour la planète et aussi, bien sûr, bon pour notre santé.
05:01 Résultat des courses, c'est vrai que, eh bien,
05:03 cette agriculture conventionnelle, elle se retrouve en concurrence permanente
05:07 avec les produits bio, mais elle est beaucoup plus compétitive.
05:10 Et c'est la raison pour laquelle, eh bien, aujourd'hui,
05:12 on délaisse les achats de produits bio.
05:15 - Oui, mais pourtant, c'est quand même des garanties de qualité.
05:17 On peut se dire, au moins, on sait qu'on paye la qualité.
05:20 - Alors oui, ça va me permettre de décrypter vraiment la réalité
05:23 de cette logique bio.
05:25 - Ça reste de bons produits.
05:27 - Oui, ça reste de très bons produits, William.
05:29 Il faut savoir que le label bio, dans l'essence même de son dispositif,
05:33 c'est fait pour protéger la planète.
05:35 Ce sont des labels qui, depuis 10 ans, sont venus extrêmement contraignants
05:39 avec des cahiers des charges très lourds pour les agriculteurs
05:42 dans lesquels on leur interdit un certain nombre de pesticides.
05:46 Ils ont des contrôles extrêmement réguliers et fréquents.
05:49 Il faut bien comprendre que, résultat des courses,
05:51 les rendements sont moins importants, de meilleure qualité,
05:54 donc qui préservent la planète, mais les rendements sont moins importants.
05:57 C'est pour ça que les prix sont plus élevés.
05:59 Et résultat des courses, comme cette contrainte est très importante,
06:02 William, et que les prix sont élevés,
06:04 eh bien, il y a un certain nombre de labels parallèles aux labels bio
06:08 qui se sont créés, qui ne sont pas des labels bio,
06:11 mais qui sont des labels approchants.
06:13 Donc, je vous en donne un exemple.
06:15 Par exemple, le label HVE que vous pouvez trouver sur un certain nombre de produits,
06:19 c'est à haute valeur environnementale.
06:21 - Mais qu'est-ce qui a créé ça ?
06:23 - C'est gros malin, alors je vais vous expliquer.
06:25 - Non, mais ils n'ont pas un tampon de létal.
06:27 - Non.
06:28 - Alors ça, c'est un truc qu'ils ont inventé.
06:30 - C'est un label.
06:31 - C'est commercial.
06:32 - C'est exactement.
06:33 C'est un label qui, aujourd'hui, met en avant le respect
06:36 de certaines valeurs environnementales,
06:38 mais qui va avoir un cahier des charges plus adouci
06:41 que le cahier des charges bio, par exemple.
06:43 Il va permettre d'utiliser certains intrants ou certains pesticides
06:47 ou bien autoriser l'élevage, par exemple, d'animaux hors sol.
06:51 Eh bien là, le bio, c'est interdit, mais eux, ça va être autorisé
06:54 et vous avez ce label HVE.
06:55 Mais ce n'est pas le seul.
06:56 Il y a même un label européen qui s'appelle Eurofeuille,
06:59 vous savez, dont on entend parler aussi aujourd'hui.
07:01 Voilà, ce label qui a été révisé en 2016.
07:03 Pareil, c'est un label qui n'est pas bio en tant que tel,
07:06 qui est meilleur que l'agriculture conventionnelle,
07:09 mais en revanche, qui, lui, les contrôles sont un peu moins fréquents.
07:12 Vous autorisez quelques intrants.
07:14 - C'est marqué, ça, sur l'étiquette ?
07:16 - Mais non, ce n'est pas marqué, bien sûr.
07:17 - Ah bah alors.
07:18 - Et le décryptage est absolument, absolument important.
07:20 Absolument impossible.
07:21 - Non mais ça, ça ne vaut pas un fifrolin, du coup.
07:23 - Alors ça, ça ne vaut pas un fifrolin.
07:24 - Non mais je plaisante, mais on nous prend un peu pour des abrutis, quand même.
07:27 Parce que nous, on voit une étiquette verte, on se dit "ah bah ça, c'est cool".
07:29 - En fait, le problème, c'est que parfois, ça se cumule et on n'y comprend plus rien.
07:32 - Oui, voilà, c'est ça.
07:33 - Mais c'est ce que je veux expliquer ici.
07:34 Ça devient très compliqué pour nous, les consommateurs,
07:36 très compliqué pour les agriculteurs, d'arriver à se retrouver dans cette espèce de genre.
07:40 - Est-ce que ça veut dire que les consommateurs français,
07:43 de nouveau, se retrouvent devant des produits industriels
07:47 qu'ils avaient abandonnés et donc, ils y retournent ?
07:50 - Alors, ils y retournent, oui et non, parce qu'il faut savoir aussi que
07:53 ceux qui achètent le bio sont eux aussi ceux qui achètent des produits dits locaux.
07:58 Donc en fait, la réalité, c'est que seulement tous les produits dits locaux ne sont pas bio.
08:02 Donc par exemple, en effet, d'acheter un produit qui a été fabriqué proche de chez nous
08:06 ne nous donne pas un label qui est au bio et ne répond pas aux mêmes contraintes.
08:09 Et souvent, et inversement, et souvent, ce que l'on a, on dit "oui, c'est vrai que c'est bon pour la planète".
08:15 Pour la planète, c'est vrai d'acheter un produit qui est proche de chez nous,
08:18 parce qu'il y a moins de transports, je vous donne juste un chiffre,
08:21 c'est que 55% des gaz à effet de serre proviennent de la production en tant que tel.
08:26 Donc que vous l'achetiez finalement et qu'il vienne de 100 km ou de 200 km de chez vous,
08:31 ou bien de 20 km, finalement, ce qui coûte très cher, c'est véritablement la production en tant que tel.
08:36 17% c'est de transport. Acheter des produits locaux, c'est bien,
08:39 mais ça ne sera jamais aussi bon que d'acheter finalement des produits bio.
08:44 – Il y a des gens qu'on oublie et pourtant je sais si ce n'est pas simple pour eux.
08:48 Je parle des agriculteurs bio dans tout ça. Il y en a beaucoup qui ont complètement changé de vie.
08:52 – Alors là, William, ça va me permettre de finir cette chronique sur un vrai coup de gueule.
08:56 Je vous en remercie. Il faut savoir que c'est absolument scandaleux.
08:59 Ça fait 10 ans, 15 ans qu'on emmène des exploitants agricoles
09:04 à convertir leurs traditionnels et les conventionnels,
09:07 même en les aidant avec des subventions, pour tomber aujourd'hui dans une impasse.
09:10 Il faut imaginer qu'il y a des exploitants agricoles qui ont passé de 1 à 3 ans à convertir.
09:16 Ça veut dire 3, convertir, c'est abandonner le dispositif historique,
09:19 passer dans le nouveau et donc baisser leurs revenus, baisser leurs marges.
09:23 Ils arrivent, ils transforment leurs exploitations.
09:26 Et bien figurez-vous quoi, le marché s'écroule, les prix de vente s'écroulent
09:29 et ils finissent par vendre leur production bio au prix du traditionnel et du conventionnel.
09:34 Imaginez-vous qu'aujourd'hui, il y a une grosse partie du lait conventionnel que vous achetez
09:38 qui en vrai c'est du lait bio parce que les agriculteurs...
09:41 - Ils n'y arrivent pas.
09:42 - Ils n'y arrivent pas à le vendre.
09:44 Ça, il faut vraiment monter vent debout sur le dispositif.
09:47 Le gouvernement a développé et débloqué une enveloppe de 60 millions d'euros.
09:51 Mais messieurs au ministère de l'Agriculture, je vous demande de multiplier cette enveloppe par 3.
09:56 Nos agriculteurs ont besoin de près de 200 millions d'euros
10:00 pour aider cette filière bio que vous avez emmenée dans le mur.
10:03 Voilà, c'est tout, c'est dit et c'est fait.
10:05 - Tiens.
10:06 - Faire en sorte.
10:07 - Tu prends ce chiffre-là.
10:08 - Et bim.
10:09 - Tac.
10:10 - Prends ça dans ta...
10:11 - Voilà.
10:12 - Bien, merci Rodolphe.
10:13 Ça va, par ça, il faut lui donner un petit cheesecake parce qu'il est un peu énervé là.
10:17 Merci beaucoup.
10:18 beaucoup.