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Dans Historiquement Vôtre, Clémentine Portier-Kaltenbach vous raconte le destin clé d’un serrurier qui trahit son roi. En mai 1791, prisonnier aux Tuileries, Louis XVI demande à François Gamain (1751-1795), son instructeur en serrurerie, de fabriquer une armoire de fer pour y cacher ses papiers confidentiels. L’année suivante, Gamain dévoile l’existence de cette armoire, dont le contenu constitue bientôt le tome 9 du procès du souverain déchu.

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Transcription
00:00 Europe 1, historiquement vôtre avec Stéphane Bern.
00:04 Tous les jours, vous le savez, historiquement vôtre,
00:06 vous raconte l'histoire sans se la raconter avec Jean-Luc Lemoyne,
00:09 qui vient tout juste de mettre le point d'interrogation finale à son quiz à suivre.
00:12 Oui, pour l'indice du jour, je vais rendre hommage à quelqu'un qui nous a quittés il y a peu.
00:16 C'est moi que l'on appelle le coureur de marathon.
00:21 Marcel Hamon porte le nom.
00:23 C'est le marathon.
00:24 Ah, le marathon.
00:25 On va parler d'un marathon particulier, celui de 1904.
00:28 Mais avant d'affronter Clémentine, je vais lui laisser la parole quand même.
00:31 Elle nous raconte des histoires dont elle seule a le secret.
00:34 Aujourd'hui Clémentine, vous racontez le destin à clef
00:39 d'un homme qui en avait plein des clefs, François Gamal, serrurier,
00:43 qui était l'instructeur de Louis XVI avant de le trahir.
00:47 Absolument, il était son instructeur.
00:49 Son père était déjà serrurier des bâtiments du roi et lui avait enseigné son métier.
00:53 Il avait vraiment passé son enfance dans les clefs.
00:57 Et comme le roi Louis XVI se passionne justement pour la mécanique,
01:00 l'horlogerie et la serrurie, sous la direction de François Gamal,
01:05 il va progresser dans ses arts.
01:07 Il fait installer un atelier dans les combles du château de Versailles
01:11 et il y travaille des heures et des heures entières.
01:15 Il aurait fait ça, ce homme-là, s'il n'avait pas été fils de rouille.
01:18 Alors il fabrique des coffrets, des serrures, des clés.
01:22 Et Gamal en a témoigné d'ailleurs.
01:24 « Le roi aimait avec passion la serrurie et se cachait de la reine et de la cour
01:29 pour forger avec moi.
01:31 Pour porter son enclume et la mienne à l'insu de tout le monde,
01:33 il nous fallait user de mille stratagèmes dont l'histoire ne finirait pas.
01:38 Le roi forgé des serrures ordinaires, mais aussi des serrures de luxe,
01:43 en cuivre ciselée et dorée, et aussi serrures à secret. »
01:47 Cette passion de Louis XVI et sa relation avec son serrurier
01:50 sont d'ailleurs assez mal vues à la cour.
01:52 L'intendant du roi Thierry de Ville-d'Avray en aurait fait la remarque au roi
01:57 en lui disant « Si, quand les rois s'occupent des ouvrages du peuple,
02:03 le peuple s'empare des fonctions des rois. »
02:06 Est-ce qu'il a vraiment dit ça à cette époque-là ?
02:08 - En tout cas c'est bien trouvé.
02:10 « Si non les verreux, ben trovate ! »
02:12 - En tout cas, en mai 1791, alors qu'il se trouve quasiment prisonnier aux Tuileries
02:17 et qu'il s'apprête à s'enfuir à Varennes,
02:20 Louis XVI demande à François Gamin de fabriquer une armoire de fer
02:24 pour cacher des papiers confidentiels.
02:26 Et donc dans l'épaisseur d'un mur près de la chambre accouchée du roi,
02:31 Gamin aménage un espace fermé par une porte en tôle de fer
02:35 recouverte d'une couche de peinture imitant la pierre.
02:39 L'ouverture de la serrure est dissimulée dans les rayures de la pierre.
02:43 Si on ne connaît pas l'emplacement de cette armoire,
02:45 il est impossible d'en trouver la cachette.
02:48 Louis XVI, très confiant, dépose des documents importants et confidentiels.
02:53 Ses tractations secrètes avec les cours européennes,
02:56 sa correspondance avec Mirabeau et Lafayette.
02:59 Mais entre-temps, malheureusement, Gamin a épousé les idées révolutionnaires.
03:05 Il devient membre du Conseil général de la Commune de Versailles en janvier 92.
03:09 En l'apprenant d'ailleurs Marie-Antoinette,
03:11 conjure son mari de retirer de l'armoire les pièces les plus compromettantes.
03:17 Il faut se méfier, maintenant Gamin n'est plus de notre côté.
03:21 Et c'est ce que va faire d'ailleurs Louis XVI.
03:22 Il va vider, il va enlever un certain nombre de pièces compromettantes de l'armoire
03:27 et les confie à Madame Campan.
03:29 Heureusement, de toute façon, son sort n'aurait probablement pas été différent.
03:33 Et le 18 novembre 1792, Gamin, soit par scrupule, soit par crainte pour sa propre vie,
03:41 évidemment, ça on ne peut pas trop lui en vouloir,
03:43 soit peut-être alors plus grave, dans l'espérance d'une récompense,
03:47 dévoile l'existence de l'armoire de fer de Louis XVI.
03:51 Le lendemain, le ministre de l'Intérieur, Jean-Marie Roland, se rend aux Tuileries.
03:57 Il récupère tous les papiers qui vont former le tome 9 des pièces du procès de Louis XVI.
04:04 Mais comme tout le monde dans cette époque, Gamin lui-même finit par avoir peur
04:08 avec la loi des suspects en septembre 93.
04:10 Il craint d'être convoqué devant le tribunal révolutionnaire.
04:13 Louis XVI, à ce moment-là, a déjà été décapité.
04:16 Gamin n'a plus de travail, il est tombé dans la misère.
04:19 Alors qu'est-ce qu'il fait ?
04:20 Il adresse une pétition à la Convention nationale pour lui demander des secours.
04:24 Dans ce document, il affirme que Louis XVI a voulu l'empoisonner.
04:28 Une fois qu'il avait terminé le travail sur l'armoire de fer,
04:31 Louis XVI lui aurait donné un verre de vin en l'encourageant à le boire.
04:34 Il disait "Voilà, il faisait très chaud et le roi m'a dit "Buvez, buvez".
04:37 Et puis tout d'un coup, Gamin est pris de coliques violentes, il vomit.
04:41 Et puis, il prend un élixir, on ne sait pas d'où sort l'élixir,
04:45 mais en tout cas, le voilà tiré d'affaire.
04:47 Par la suite, il a été malade pendant plus d'un an.
04:50 Et il serait probablement malade à vie, donc il réclame une pension,
04:54 parce que finalement, il a quand même risqué sa vie pour la Révolution.
04:57 Le roi a failli l'empoisonner, on pourrait bien lui donner quelques sous.
05:01 Eh bien oui, figurez-vous, le 17 mai 1794,
05:04 la Convention adopte le décret suivant.
05:06 François Gamin, empoisonné par Louis Capet, le 22 mai 1792,
05:13 jouira d'une pension annuelle et viagère de la somme de 1200 livres
05:17 à compter du jour de l'empoisonnement.
05:20 Bon, de toute façon, il ne profitera guère de cette pension,
05:23 car il meurt à Versailles le 8 mai 1795.
05:27 Ben oui, c'est une triste histoire, comment sortir par le haut
05:30 de cette histoire de serrurier qui non seulement a trahi le roi,
05:33 mais ensuite l'a accusé d'avoir empoisonné alors qu'il était déjà mort.
05:37 Peut-être simplement en invoquant le vieil adage,
05:41 "Bien mal acquis ne profite jamais",
05:43 c'est ce qui se passa pour Gamin, le serrurier qui trahit le roi.
05:47 - Une triste histoire, merci beaucoup Clémentine.
05:50 Maintenant, c'est le moment de l'émission, vous le savez, je ne contrôle plus rien.
05:53 C'est vous Jean-Luc qui prenez la main pour le quiz Burn to be alive.
05:56 Mais juste avant, tous ceux qui la suivent le savent,
05:59 elle a fêté sa presque fête des mers le week-end dernier sur Instagram,
06:03 puisqu'elle est enceinte de son premier enfant,
06:05 on écoute la merveilleuse Clara Lucchini sur Europe 1.

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