• l’année dernière
Transcription
00:00 *Tic Tic Tic Tic Tic Tic*
00:02 *Musique*
00:08 France Culture, Olivia Gesper, bienvenue au Club.
00:12 *Musique*
00:17 Bonjour à tous, le Club reçoit aujourd'hui l'artiste Maya Rocha dans sa nouvelle exposition "Poetry of the Earth"
00:23 à voir à la Maison Européenne de la Photographie jusqu'au 1er octobre.
00:27 La plasticienne nous montre la Terre sous un autre jour, toujours ronde.
00:31 Bien sûr, c'est à une autre échelle que l'artiste travaille, à souligner les beautés de la nature.
00:35 En inventant des mondes organiques, vivantes, colorées, fluorescentes,
00:39 ses œuvres jouent des superpositions et des transformations.
00:42 Venue de la photo, la Suissesse a depuis agrandi son cadre, élargi l'écran,
00:47 elle peint à la bombe, elle performe, elle édite.
00:50 Oui, elle documente aussi son processus créatif dans des livres,
00:53 entre œuvres en soi et making-of de l'artiste, celui qui accompagne l'exposition s'appelle Percevoir.
00:59 Maya Rocha, elle est notre invitée.
01:01 *Musique*
01:05 Une émission programmée par Henri Leblanc et Anouk Delphineau, préparée par Laura Dutèche-Pérez,
01:09 à la réalisation "Samba cast" avec Ruben Carmesin à la technique.
01:14 Et bonjour Maya Rocha.
01:16 Bonjour.
01:17 Bienvenue à vous. Il y a du Michel Gondry en vous Maya Rocha.
01:19 Vous réfléchissez à la texture des rêves en y ajoutant votre énergie,
01:23 votre envie de dynamiter un peu quand même les codes de l'art,
01:27 ce qui ne veut pas dire que vous ne savez pas d'où vous venez artistiquement parlant.
01:30 Transformer plutôt que détruire, c'est votre façon à vous de canaliser votre force, votre énergie.
01:38 Absolument. Et je crois aussi que la création et la destruction sont intimement liées.
01:43 Et j'ai accepté du coup qu'il y ait une forme de destruction pour aller vers quelque chose qu'on ne connaît pas encore.
01:48 Ils ne le sont pas simplement en économie alors, ils le sont aussi en art.
01:51 Comment vous les reliez ?
01:53 Comment ça ? Comment on dit ?
01:54 Comment vous reliez justement la destruction et la transformation ?
01:57 Par l'observation. En fait j'aime regarder ce qui se passe devant moi
02:01 et ne pas avoir une sorte d'idée d'où je vais mais plutôt vraiment d'observer.
02:05 Et de m'amuser des rencontres, des matières et par moments aussi d'aller un peu trop loin
02:10 et de faire comme on ne devrait pas faire.
02:12 C'était une sorte de manière pour moi de me libérer de quelque chose de plus scolaire.
02:16 Mais c'est aussi une manière de faire du plein avec du vide.
02:19 Absolument.
02:20 D'une certaine façon. Qu'est-ce qui vous met en colère parfois ?
02:23 Ce qui me met en colère c'est la souffrance inutile, c'est la destruction de ce qui est beau
02:29 et une sorte d'incapacité de mouvement actuellement.
02:33 J'ai l'impression qu'on est tous un peu dans un état de tétanie et d'un côté ça me rend triste
02:37 et de l'autre ça me rend aussi en colère.
02:39 Qu'est-ce qui nous paralyse ? Un sentiment d'impuissance ?
02:41 J'imagine la terreur, un sentiment qui nous prend dans nos instincts et nous bloque dans le mouvement.
02:47 Il s'agit d'une forme de survie interne que je comprends et en même temps j'ai envie d'amener avec l'art et la beauté
02:53 une capacité de dépasser cet état pour revenir vers le mouvement.
02:57 Et l'art a cette capacité-là ? Vous pensez à ce pouvoir-là ?
03:00 J'en rêve. L'avenir nous le dira.
03:03 Mais vous y croyez ?
03:04 J'y crois.
03:05 Vous croyez même aussi par la nécessité d'ouvrir les portes de l'art, de le rendre plus accessible pour vous ?
03:12 Oui. Il s'agit d'art mais il s'agit aussi de la vie, de finalement de ramener l'art dans notre vie.
03:18 C'est toujours quelque chose qui m'a beaucoup intéressée.
03:20 C'est-à-dire pourquoi est-ce que l'art est que dans le musée ?
03:22 J'ai amené l'art à l'extérieur du musée et maintenant je suis ici par le livre par exemple
03:27 ou des objets d'amener l'art dans le foyer des gens, dans les salons,
03:30 pour qu'on puisse cohabiter avec cette couleur et cette magie de la vie.
03:34 Oui, parce qu'on ne fait pas de l'art pour les musées à vous entendre.
03:38 Ce sont des temples pour l'art mais ce sont aussi des lieux forteresses.
03:42 Quand vous, vous rêvez d'être une artiste passe-muraille,
03:45 ce n'est pas si évident de démocratiser ce travail.
03:47 Vous, vous avez un support, un matériau qui aide à cela.
03:51 Il a aussi ses écueils, il a ses dangers, mais il a cette possibilité de voyager
03:57 et de toucher le plus grand nombre.
03:59 En fait, je devrais dire "elle" au lieu de "il" puisque c'est l'image.
04:02 L'image est au cœur de votre travail, de votre pratique.
04:04 J'ai la chance d'avoir un langage visuel qui peut se déployer
04:07 et qui peut se traduire dans différentes structures et espaces.
04:12 C'est-à-dire ?
04:13 Par exemple, un langage organique, je vais scanner une petite peinture
04:17 qui va pouvoir fonctionner en original, puis ensuite je pourrai l'imprimer
04:21 à 25 mètres par 35, une grande bâche sur un bâtiment.
04:24 Et finalement le motif, il tient en fait dans cette taille.
04:28 Alors que par exemple un portrait, quand il explose, ça devient beaucoup plus compliqué.
04:32 L'abstraction permet finalement pour moi en tout cas de gonfler,
04:35 de réduire la taille de mes images.
04:37 Alors, il ne reste qu'en ce moment, vous exposer.
04:39 Vous êtes là aussi à l'occasion d'une exposition,
04:42 qui va se faire à la Maison Européenne de la Photographie.
04:44 Vous vous exposez, mais vous éditez.
04:47 Vous éditez en même temps un livre, ce livre "Percevoir"
04:49 qui permet de raconter votre pratique.
04:52 Et on a le sentiment que vous voyez tout,
04:54 vous visualisez et pratiquez aussi votre art de cette manière-là.
05:00 C'est-à-dire d'abord je crée mes images,
05:02 ensuite je pense à la manière aussi de les diffuser.
05:05 Ce livre qui accompagne l'exposition,
05:07 il a été voulu, il a été pensé comme une œuvre d'art en soi.
05:10 C'est-à-dire pour ceux qui ne peuvent pas se permettre, s'autoriser,
05:12 ou qui n'auraient pas l'envie de pousser la porte d'un musée, il y a ça.
05:15 - Absolument, oui.
05:16 Et d'ailleurs ce n'est pas que un livre, c'est un livre "Percevoir"
05:19 donc chez Alain Martinière, et puis un second livre d'artiste
05:21 que je publie chez "Arées Fiction"
05:23 et qui lui est vraiment comme une œuvre d'art à parentir dans l'exposition.
05:26 Ce n'est pas le catalogue de l'exposition,
05:28 c'est vraiment une œuvre que j'ai créée qui condense finalement toute l'exposition
05:32 et que moi j'utilise comme un dictionnaire
05:34 et qui est voué ensuite à être exploité à chaque exposition.
05:37 Je vais revenir à cette espèce de matrice
05:40 dans laquelle toutes mes images sont présentes déjà.
05:43 Alors que peut-être dans la photographie plus traditionnelle,
05:45 on fera le livre après les images.
05:47 - Vous le rouvrez vous, parfois, ce livre ?
05:49 - Oui. - Pourquoi ?
05:50 - Parce que j'ai besoin de me rassurer,
05:52 qu'elles tiennent dans le temps.
05:54 Et d'ailleurs souvent quand je fais un livre au début, je ne l'aime pas
05:56 et ça me prend à peu près six mois pour comme le digérer et me le réapproprier.
06:00 C'est aussi un parcours assez pénible de faire un livre,
06:03 ça prend beaucoup de temps et puis de réflexion,
06:05 c'est plein de petits ajustements, surtout en fin de parcours
06:08 et à un moment donné, moi j'ai un peu besoin de rejeter
06:11 comme aussi de ne pas avoir peur de ce qu'on va penser du livre
06:14 et donc je dois me détacher émotionnellement.
06:16 - D'où est l'importance de se dire que ces images, ces œuvres,
06:20 tiennent dans le temps ?
06:22 Qu'est-ce que le temps apporte comme garantie, le temps qui passe ?
06:25 - C'est comme de me dire que mes images sont connectées
06:28 à une forme de réalité qui les tient actuelles.
06:31 - Mais qui les dépasse aussi.
06:33 - Et qui les dépasse, il y a une sorte de magie en elles,
06:35 une intemporalité et puis d'autres images aussi
06:38 qui dans le temps, elles ne sont plus aussi importantes pour moi
06:42 ou aussi intéressantes.
06:44 - C'est intéressant, on voit dans l'exposition,
06:46 parce qu'on montre différentes périodes de création
06:48 et quand je vois mes travaux d'il y a 10 ans en arrière,
06:51 je vois une violence dans ces images
06:54 avec lesquelles je suis plus à l'aise aujourd'hui.
06:56 Et ça, ça me réconforte dans le fait que mon parcours a évolué
07:00 et que j'ai pu peut-être m'assagir un petit peu aussi à travers mon travail.
07:04 - Vous avez quel âge aujourd'hui ?
07:05 - Bientôt 38 ans.
07:06 - Bientôt 38 ans !
07:07 - 37 et demi, trois quarts.
07:09 - Vous savez, quand le temps vous assagit, restez un peu en colère
07:11 parce que ça permet quand même, et on va le voir et on va l'entendre,
07:14 de continuer à créer, à sortir du cadre.
07:18 On va écouter les mots de Simon Baker,
07:20 il est celui qui a imaginé aussi cette collection
07:22 Percevoir, publiée à la Martinière.
07:25 C'est un grand nom de la photographie.
07:27 Il est aujourd'hui à la fois éditeur et directeur de la MEP à Paris,
07:31 la Maison Européenne de la Photographie.
07:33 - En fait, pendant mes études, j'ai passé la plupart du temps
07:36 dans les magazines surréalistes.
07:38 Et comme ça, c'était vraiment intéressant quand on voit les œuvres d'art
07:42 dans une, comme Jean-Luc Montroseau a dit,
07:45 dans un contexte intime.
07:48 Dans les magazines de surréalisme, on peut considérer que les photos
07:53 sont toujours mélangées avec les autres choses
07:56 et c'est toujours une expérience très, très intime.
07:59 Et pour moi, c'est toujours le destin des photographies,
08:04 ça peut être de sort, des ateliers, des artistes,
08:08 dans des manières différentes.
08:10 Ça peut être en livre, en magazine, maintenant en ligne.
08:14 On peut dire que les photos veulent toujours sortir des mains des artistes
08:21 pour arriver au public, pour voir différemment.
08:26 - Voilà, et pour ça, pour lui, pour Simon Baker,
08:29 c'était très important aussi, cette idée qu'il nous disait
08:32 quand il est arrivé à la tête de la MEP,
08:35 qu'il y ait aussi une place pour le livre, pour une collection,
08:40 pour une édition, pas trop chère à l'acquisition,
08:43 pour les personnes, mais quand même qu'ils soient des beaux objets.
08:46 - En soi, le livre, c'est un objet généreux par définition
08:49 parce qu'il offre tellement d'images compactées.
08:52 C'est une exposition en un livre.
08:55 Et moi, j'aime bien cette idée d'avoir à chaque page
08:57 une œuvre d'art qui se donne à voir.
08:59 Et parfois, d'ailleurs, on la traite un peu mal
09:01 parce qu'elle nous paraît tellement bon marché.
09:03 Et c'est vrai qu'avec Simon Baker, c'est quelque chose
09:05 qu'on partage, cette passion pour le livre.
09:07 Et c'est aussi autour d'un livre qu'on s'est rencontré
09:09 à la Tate Modern, où il avait organisé la foire Off-Print
09:12 pour la promotion de livres d'artistes.
09:14 Et il a vu un de mes fanzines noir-blanc à l'époque,
09:17 c'était tagué à la bombe, un objet comme ça, un petit peu farfelu.
09:20 - La Tate où vous aviez performé aussi.
09:22 - Oui, deux ans après, j'ai été invitée pour faire une exposition
09:24 dans le Shape of Light.
09:25 Et ensuite, une performance qui pour moi,
09:27 elle reste un de mes highlights au South Tank de la Tate Modern.
09:30 - C'est quoi un highlight ?
09:32 - C'est le moment épique, les feux d'artifice, le grandiose.
09:36 - Il s'est passé quoi ? Vous aviez fait quoi ?
09:38 - J'ai eu la chance de performer avec Bivette,
09:40 qui est un artiste suisse qui est basé ici maintenant.
09:43 Musicien sonore, pour moi, c'est toujours important
09:45 d'avoir quelqu'un qui, comme moi, est un créateur.
09:47 On se retrouve les deux dans l'espace.
09:49 En plus, on est drôles les deux, parce qu'on a un peu ses longs cheveux bouclés.
09:51 Et on baisse la tête, on fait notre petite cuisine.
09:54 Et j'aime beaucoup lui, sa capacité poétique
09:57 d'interagir avec les textes que je propose dans mes livres.
10:00 Et ça crée vraiment une expérience unique pour le visiteur.
10:04 Et aussi quelque chose de ludique, plaisant.
10:06 J'avais envie de créer une performance artistique
10:09 qui amuse, sur laquelle on puisse même danser,
10:11 libérer un peu le corps, en fait, dans le musée.
10:14 - Photographie, peinture, vidéo, installation, performance,
10:17 Maya Rocha, oui, vous mêlez toutes ces disciplines.
10:20 C'est ça, être une artiste en 2023,
10:22 une artiste de ce monde moderne,
10:24 de ce monde qui ne va pas si bien,
10:25 mais qui a des choses à entendre.
10:27 - Pour moi, en tout cas, oui.
10:28 Et j'avais envie de toucher un maximum de gens.
10:31 J'aime bien cette expression de "ratisser large".
10:34 Et de me dire peut-être que quelqu'un ne sera pas du tout sensible
10:36 à mon travail de vidéo, mais qu'il va adorer le travail d'installation.
10:39 Et vice-versa.
10:40 - C'est-à-dire que vous pensez aux autres,
10:41 vous pensez aux regardeurs, vous pensez au public quand vous créez.
10:44 - Je fais de l'art, je montre l'art pour les autres.
10:46 Je le fais pour moi, mais si je ne pouvais pas le montrer,
10:49 probablement qu'il y a une flamme en moi qui s'éteindrait.
10:52 - Tous ces outils que vous maniez aujourd'hui,
10:54 que vous pratiquez, que vous avez appris à maîtriser,
10:57 c'est autant pour vous de langages différents ?
10:59 Qu'est-ce que vous permet peut-être la peinture
11:02 que la photographie ne vous permet pas, et réciproquement ?
11:04 - D'ailleurs, c'est ça l'intérêt d'explorer.
11:06 C'est d'aller chercher ce que je ne connais pas,
11:08 d'être curieuse dans ma propre pratique,
11:10 de continuer d'apprendre,
11:11 et de ne pas exactement savoir.
11:13 Je n'aime pas l'idée de trop maîtriser, finalement.
11:16 Dans un premier temps, parce que c'est là où on peut faire des choses
11:18 qui ne sont pas convenues.
11:20 Dans un deuxième temps, après la maîtrise,
11:22 l'apprentissage me permet de proposer un travail qui aboutit.
11:25 - Mais à l'origine, il y avait la photographie.
11:27 - À l'origine, il y a la photographie,
11:29 mais il y a toujours eu la peinture,
11:30 comme en filigrane qui était là,
11:31 dans mes premiers travaux déjà à l'école.
11:33 C'était le collage qui m'intéressait.
11:36 Enfin, c'était l'image avant même la photographie.
11:38 Et quand j'ai déposé mon dossier, on m'a dit
11:40 "Ah tiens, il y a un œil photographique".
11:41 Et effectivement, pour moi, d'un seul coup,
11:43 j'ai réalisé que la photographie, c'est peindre avec de la lumière,
11:45 et en plus, super rapidement.
11:47 Pour quelqu'un qui aime bien aller vite,
11:48 qui aime bien une forme d'efficacité,
11:50 c'était un cadeau magique.
11:52 Et pendant trois ans, j'ai vraiment travaillé beaucoup en photographie.
11:54 - Le dénominateur commun, vous le disiez, c'est l'image,
11:56 qu'elle soit fixe ou en mouvement.
11:58 Elle est au cœur de toutes ces disciplines.
12:00 Du coup, on a envie d'interroger un peu votre rapport à vous,
12:02 aux images, votre registre d'images.
12:05 Quelles valeurs ont les images pour vous ?
12:07 Et puis finalement, comment vous distinguez une image
12:09 influente, unique, inspirante,
12:12 d'une image banale, sans intérêt ?
12:14 - C'est l'émotion qui le dit.
12:17 C'est quelque chose d'incentif, qu'on ressent tous.
12:19 Souvent, les gens me disent,
12:22 "Ah, je ne suis pas formée en art,
12:24 je ne peux pas apprécier, je ne peux pas comprendre,
12:26 et moi, j'ai envie d'avoir des images qu'on peut ressentir,
12:28 qu'on soit formées en art ou non."
12:31 Moi, c'est mon instinct, c'est un peu mon cœur qui me dit
12:34 si une image m'intéresse.
12:36 Mais je ne peux pas l'expliquer,
12:38 il n'y a pas un rapport conceptuel,
12:40 c'est vraiment quelque chose qui se passe dans la matière,
12:42 quand on est face à l'œuvre.
12:44 D'ailleurs, pour moi, l'espace fait partie de l'œuvre.
12:46 Et à chaque nouvelle exposition,
12:49 je réadapte mes œuvres en fonction de leur contexte,
12:52 sachant qu'elles ne sont pas dissociables.
12:54 - C'est votre cœur qui a éduqué votre œil.
12:56 - Oui, je crois.
12:58 - On vit aujourd'hui dans un trou plein d'images,
13:00 un flot, un flux continu d'images.
13:02 Pourquoi avoir besoin de produire,
13:04 ou est-ce vraiment nécessaire, de nouvelles images ?
13:06 - Déjà là, j'ai envie de distinguer un flot d'images en digital.
13:10 Là, effectivement, notre manière de consommer l'image a complètement changé.
13:14 Mais l'image dans la matière, au contraire,
13:16 elle disparaît un peu de nos vies.
13:18 On va moins au cinéma, les œuvres sont de plus en plus plates.
13:21 Et moi, j'essaie de détourner ça en créant des œuvres
13:24 qui sont de plus en plus sculpturales et en matière.
13:26 C'était joli, aussi, l'équipe de Lamep,
13:28 qui avait vu les images à leur écran
13:30 quand ils les ont vues dans l'espace.
13:32 Ils étaient très surpris
13:34 de d'un coup découvrir ce volume,
13:36 cette transparence, cette magie que les œuvres dégagent
13:38 vraiment dans leur matière.
13:40 - Vous craignez un effet saturation face aux images ?
13:43 - Non.
13:44 - Non ?
13:45 - Non, je crois que la beauté, en fait, dépasse tout.
13:48 Par contre, je me réjouis du moment où on apprendra un petit peu, aussi,
13:51 à épurer le champ visuel de nos vies
13:54 et de se débarrasser un peu des images qui ne nous sont pas utiles.
13:58 - Lesquelles ?
13:59 - Publicité, mensongères, abus de notre environnement,
14:03 abus des corps, la liste est longue.
14:05 - Il y a une pollution avec tout ça ?
14:07 - Il y a une pollution.
14:08 Il y a une pollution visuelle,
14:09 il y a une pollution aussi, évidemment,
14:11 de la matière même, de notre monde.
14:13 Et que d'ailleurs, j'aime observer,
14:15 j'espère avoir le courage de m'approcher de cette question,
14:18 de ce qui se passe réellement.
14:20 - Une image, c'est aussi un contexte.
14:22 Et ça, vous le rappelez bien, Maya Rocha,
14:24 c'est peut-être déjà le contexte dans lequel elle est créée,
14:27 et puis c'est aussi le contexte dans lequel elle est vue,
14:29 elle est reçue, cette image.
14:31 C'est vrai qu'il y a des images qui peuvent mentir,
14:34 qui peuvent être détournées, pour vous ?
14:36 - Oui, c'est vrai.
14:37 Et la photographie, c'est un outil de mensonge absolument fascinant,
14:40 puisqu'elle fixe quelque chose que l'œil ne peut pas voir.
14:43 Déjà là, elle nous raconte une histoire qui n'existe pas.
14:46 - Mais c'est un mensonge qui propose une autre vérité.
14:48 Ce n'est pas un mensonge qui manipule, forcément.
14:50 - Non, voilà, oui.
14:51 - C'est ça.
14:52 - Ça contourne, en tout cas.
14:53 Et d'ailleurs, je trouve ça aussi amusant
14:55 de rigoler un petit peu de notre cerveau qui est limité,
14:57 et qui est capable d'une compréhension limitée du monde.
15:01 Et ça, c'est quelque chose que j'aime bien me rappeler.
15:03 - Vous avez parlé tout à l'heure de cette idée d'éducation,
15:08 de se former, de former le regard.
15:11 C'est intéressant, c'est que vous êtes aussi une grande lectrice.
15:13 L'art, c'est une expérience du sensible.
15:15 Ce qui ne vous retient pas, vous, d'avoir des scènes de lecture,
15:18 ça peut être Bruno Latour, on imagine peut-être un Philippe Descola,
15:22 ou un Tim Ingold.
15:24 Ils sont anthropologues, ils sont philosophes,
15:26 ils réfléchissent aussi à la place de la nature, comme vous,
15:29 à travers leur discipline, à eux.
15:31 Comment vous intégrez leur réflexion à votre pratique ?
15:35 - Moi, je suis une sorte de glaneuse de mots.
15:38 Je balaye les textes, et il y a des mots qui m'apparaissent,
15:41 et je les collectionne, et d'ailleurs, après, je les réutilise
15:44 dans mes livres ou dans mon travail.
15:46 C'est une espèce de ponctuation.
15:49 Évidemment, le titre, maintenant, "Poetry of the Earth",
15:51 mais après, il y aura "Bonus Planète", "Prochaine sortie galaxie",
15:54 "Universal Law of the Matrix", et c'est toutes des manières
15:57 de donner envie de regarder les images autrement,
15:59 de donner un peu du sens aussi pour celui qui, peut-être,
16:01 serait perdu face, effectivement, à ces images
16:04 qui sont quand même très explosives,
16:06 de ne pas laisser le spectateur complètement seul,
16:08 de lui donner des petites pistes,
16:10 et en même temps, qu'il puisse s'amuser lui-même
16:12 à recomposer le sens.
16:14 - Mais avec un risque aussi, peut-être, de le perdre.
16:16 C'est ce que vous évoquiez.
16:18 Est-ce qu'être trop conceptuel, trop cérébral, en art,
16:21 ce n'est pas aussi un danger possible
16:24 par rapport à ce qu'on souhaite atteindre comme but ?
16:26 Vous vous parlez d'émotion, vous voulez susciter aussi.
16:29 - J'ai d'autres problèmes dans ma pratique,
16:31 mais je crois que ce n'est pas celle-ci.
16:33 - Celui-là ne vous touche pas ? - Non.
16:35 - Il part d'où, votre geste créatif, à vous ?
16:37 - Il part d'un amour de ce qu'est d'être vivant.
16:41 Et moi, j'ai grandi dans la nature,
16:43 donc un petit peu isolée de la société,
16:46 avec beaucoup de forêts autour de moi.
16:48 C'est quelque chose qui m'inspire beaucoup,
16:50 de sentir le vivant qui existe,
16:52 et qu'on oublie finalement
16:54 qu'il a lui-même sa propre existence.
16:56 Les arbres sont autant vivants que nous,
16:58 sauf à une autre échelle.
17:00 Ils sont beaucoup plus lents dans leur manière de percevoir,
17:02 mais ils perçoivent aussi.
17:04 - Quand les arbres, l'herbe, les rochers, les rivières,
17:07 ont-ils débarqué dans vos œuvres, à vous ?
17:10 Ils occupent votre imaginaire depuis votre enfance.
17:14 Mais quand ont-ils commencé à débarquer dans votre art ?
17:18 - Au moment où je suis devenue peut-être un peu plus mature,
17:21 où j'ai pu finir de cracher à mon adolescence,
17:24 à la rage des premières années de mon travail.
17:27 Et à un moment donné aussi, je faisais beaucoup de photographies
17:29 de ma famille, des images un peu douleurs.
17:31 Et c'est comme si cette douleur rentrait en moi,
17:35 et j'ai eu envie de créer des images plus belles,
17:37 pour les autres, mais aussi pour moi d'abord.
17:39 Et petit à pied, comme ça, je suis passée du portrait
17:42 à un portrait de la nature.
17:44 Et là, j'ai découvert ces motifs tellement beaux
17:46 que ça m'a émue de voir à quel point il y a un langage
17:48 dans tout le monde du vivant, qui se retrouve toujours encore
17:51 de l'infiniment grand à l'infiniment petit.
17:54 Et qui re-questionne notre position à nous, d'humains, dans tout ça.
17:57 - Qui re-questionne, parce que, étonnamment, la nature,
18:00 c'est un des thèmes centraux dans l'histoire de l'art,
18:03 à travers toutes les époques.
18:05 Il y a aussi ce langage qui se renouvelle,
18:07 ou dont on a envie qu'il nous surprenne autrement.
18:10 Qu'il dise autre chose que ce qu'il a pu dire.
18:13 - Et certainement, c'est que dans notre société,
18:15 on doit réapprendre ça, vu qu'on a complètement bétonné
18:18 notre nature et notre proximité avec cette vie.
18:22 - Et bétonné notre sensibilité.
18:24 À vous entendre, Maya Rocha, artiste plasticienne,
18:27 actuellement exposée à la Maison Européenne de la Photographie,
18:30 jusqu'au 1er octobre, et notre invitée jusqu'à midi et demi.
18:33 Quand on vous interroge, Maya Rocha, sur vos sources d'inspiration,
18:43 vous répondez venir plutôt du hip-hop,
18:45 et de musique un peu plus rude, de texte plus rude.
18:48 Vous dites aussi que vous adorez la science-fiction,
18:50 les blockbusters, et puis autres spectacles un peu mainstream,
18:55 qu'on n'attendrait pas forcément d'une artiste plasticienne,
18:58 actuellement présentée, exposée à la Maison Européenne de la Photographie,
19:01 et dans les plus grandes foires d'art aujourd'hui.
19:04 D'où vous vient, du coup, cet éclectisme ?
19:08 Qu'est-ce que vous avez trouvé d'abord dans le hip-hop,
19:10 et ces musiques un peu rudes ?
19:12 C'est l'énergie, l'énergie de s'exprimer,
19:16 et une forme de poésie, autant dans la violence que dans la beauté.
19:20 J'aimais bien l'idée de prendre de la place, de se faire entendre.
19:23 C'était quelque chose qui m'a, au début de ma carrière,
19:26 beaucoup inspirée, le côté vraiment explosif.
19:29 Et après, j'assume mon côté blockbuster, ça m'amuse énormément.
19:33 Et je crois aussi que dans l'imaginaire collectif,
19:37 on sent déjà ce qui vient après.
19:39 Donc vous continuez à aller voir des blockbusters au cinéma,
19:42 pas que des films d'auteurs ?
19:43 Pas que des films d'auteurs.
19:44 Le dernier film que vous avez vu, c'était quoi ?
19:46 Un blockbuster, Avatar 2.
19:48 Ah oui ?
19:49 Excellent.
19:50 Magnifique.
19:51 En lunettes 3D, c'est un plaisir absolu, je pourrais retourner.
19:54 Vote for me, c'était une de vos premières œuvres réalisées en 2012,
19:58 proche justement aussi du graffiti, du street art,
20:01 avec ce bombage fluorescent que vous pratiquez.
20:05 Vous êtes arrivée en art aussi avec ça, avec cette culture-là.
20:08 Et d'ailleurs, Vote for me, c'était quelques années avant les réseaux sociaux,
20:14 donc c'était déjà presque une sorte de manière de faire campagne
20:17 avec ce personnage que je me suis inventée, qu'on trouve dans le livre,
20:20 ce personnage féminin qui est un peu décadent
20:23 et qui essaye de faire son autopromotion.
20:25 Ça m'amuse toujours de voir dans mon travail,
20:28 il y a des choses qui se déploient dans la société.
20:30 C'était les débuts du moi, moi, moi,
20:33 que les réseaux sociaux n'ont fait qu'amplifier à ce moment-là.
20:36 Vous citez aussi souvent la si déjantée Vivian Westwood,
20:39 Amazon Punk, iconique pour vous.
20:42 On va l'écouter, parler du beau mot de talent.
20:45 Oui, je crois que si une personne a du talent et veut faire quelque chose,
20:53 ça doit venir de la somme de toutes ses expériences.
20:56 Il faut mettre tout ça dans votre travail.
20:59 Mais d'où tenez-vous cette expérience pour continuer ?
21:02 Vous la trouverez dans la culture.
21:04 Vous mettez vos pieds dans les chaussures des gens qui ont vécu avant vous.
21:07 Toutes les idées dont vous avez besoin viennent du passé.
21:10 Mais on ne vous enseigne pas ça.
21:13 En fait, le XXe siècle, et c'est un point de vue hérétique,
21:16 le XXe siècle a enseigné "oubliez le passé".
21:19 Tout est en vous. Vous pouvez tout faire.
21:21 Vous pouvez être qui vous voulez.
21:23 C'est ce que les écoles nous apprennent, et c'est faux.
21:26 Vos idées doivent venir de quelque part.
21:28 Elles ne viennent pas juste de vous.
21:30 Et donc, peu importe de quoi vous tombez amoureux,
21:33 ce qui compte, c'est comment vous faites les choses.
21:36 Il y a eu un mensonge au XXe siècle,
21:43 que le XXIe siècle a rétabli, a rétabli une certaine vérité.
21:47 Est-ce qu'elle dit juste ?
21:49 Je crois que Viviane Westwood dit toujours juste,
21:51 mais je ne suis vraiment pas impartiale sur ce dossier-là.
21:54 Pour moi, c'est vraiment une grande dame.
21:56 Je trouve qu'elle a une très belle manière de voir le monde
21:59 et aussi de son rapport à la créativité.
22:01 J'ai beaucoup aimé aussi cette figure féminine
22:04 qui propose aussi une manière de vieillir bien,
22:07 avec ses cheveux oranges.
22:09 Moi, j'étais jeune artiste, j'ai vu.
22:11 En plus, je venais de la forêt avec cette hache sur l'épaule.
22:14 C'est vraiment une figure.
22:16 Donc, ça me touche que vous passiez cet extrait de longtemps de parler comme ça.
22:19 C'est une photo d'elle, une photo de Jürgen Teller.
22:22 Qui la montre comme ça, en Amazon, là encore.
22:25 Et ce qu'elle dit, c'est très juste.
22:27 Moi, je ne crois pas que les artistes ont soit des sortes de génies
22:30 ou que tout ça sort de nous.
22:32 Pour moi, on a un canal qu'on peut ouvrir
22:35 et recevoir les informations de l'inconscient collectif.
22:38 J'aimais bien cette image que l'artiste, on a juste le courage
22:41 de mettre sa main dans un trou noir et d'aller chercher quelque chose qu'on ne sait pas ce que c'est.
22:44 Et d'ailleurs, c'est assez amusant de voir qu'il y a des artistes
22:47 dans différents endroits du monde qui proposent plus ou moins les mêmes travaux
22:50 sans être connectés.
22:52 Moi, ça me réconforte beaucoup de me dire qu'on est comme des fourmis éclaireuses
22:57 et qu'on compagnionne chacun dans notre petit domaine
23:00 mais qu'on travaille vraiment ensemble.
23:02 En fait, on n'est pas des concurrents.
23:04 C'est plutôt quelque chose d'un peu récent,
23:06 d'une vision plutôt capitaliste et commerciale de l'art.
23:09 Et moi, j'ai envie de croire qu'il y a une sorte de poésie
23:12 qui nous lie tous dans la créativité.
23:14 D'ailleurs, ce n'est pas que dans les arts plastiques,
23:16 c'est la musique également.
23:18 Il y a cette connexion entre nous.
23:20 C'est dur de vivre de son art, aujourd'hui encore, Maya Rocha,
23:22 avant d'avoir passé un certain stade ?
23:24 Je ne crois pas. Je crois que c'est dur de ne pas faire un travail qui nous plaît vraiment.
23:28 J'ai tellement de beauté dans ma vie.
23:30 Alors oui, c'est beaucoup d'heures de travail,
23:32 c'est beaucoup aussi de moments de doute,
23:34 de remise en question.
23:35 Mais ça me plaît aussi de vivre comme ça.
23:37 Il y a trois ans, vous aviez publié "Living in a painting".
23:40 Si vous pouviez vivre aujourd'hui dans une peinture, laquelle vous choisiriez ?
23:45 Où est-ce que vous poseriez votre valise ?
23:47 Dans mes peintures à moi.
23:49 Dans le sens où je me suis créée ce monde aussi en couleurs.
23:52 Je me suis créée une nouvelle réalité à travers mon travail.
23:54 Et qui est aussi venue peut-être soigner quelque chose en moi.
23:57 D'un seul coup, d'être dans cette beauté, ce volume.
24:00 Et que je pouvais vivre mon art par mon corps, par exemple,
24:03 de faire un sol de 100 mètres carrés, qui est coloré,
24:06 où du coup je me balade dans ma peinture.
24:08 Et ça je trouve que c'est un exercice qui est assez magnifique.
24:10 Il ressemble à ça votre maison, votre atelier ?
24:12 Mon atelier, oui. Ma maison, non.
24:14 J'essaie de séparer un peu les deux, de garder quelque chose d'un peu épuré.
24:17 Mais en vrai, c'est comme si l'atelier petit à petit infuse la maison.
24:21 Ce qui est passionnant aujourd'hui, c'est aussi comment on est en train de renouer,
24:24 de retrouver des techniques artistiques plus artisanales.
24:28 Et de les rendre vivantes.
24:30 C'est comme la nature finalement.
24:32 Et c'est le retour de la matière.
24:34 Et je pense à la lithographie qui vous a aussi inspirée.
24:38 Ce lithographe avec lequel vous avez travaillé,
24:40 avec lequel vous avez aussi expérimenté des nouvelles technologies
24:43 techniques d'impression pour ce livre.
24:46 Absolument.
24:48 A la base même du travail "Poetry of the Earth",
24:51 avec Roger Mneger, on s'est dit on a envie de faire un livre
24:54 qui expérimente sur l'impression
24:57 et de pousser vraiment cette technique au maximum
24:59 de ce qu'on peut faire en termes de beauté.
25:01 On a imprimé en panchromie, c'est un peu technique,
25:03 mais du coup on est en sept couleurs et pas quatre.
25:05 Et ça fait que toutes les pages sont très très belles,
25:08 avec des changements de papier,
25:10 et aussi des papiers qui vont être réfléchissants,
25:12 d'autres transparents,
25:14 et on voit vraiment qu'on est face à un objet physique,
25:16 que si on le voit sur internet,
25:18 on ne peut même pas comprendre ce que c'est ce livre.
25:20 Et j'aime bien qu'il y ait cette surprise.
25:22 Au moment où on a l'objet dans la main,
25:24 on se dit "ah tiens, je ne m'attendais pas du tout à ça".
25:26 Qu'est-ce que c'est une matière vivante ?
25:28 J'espère.
25:30 Qu'est-ce que c'est ?
25:32 Quand est-ce qu'elle prend vie ?
25:34 Elle prend vie quand on la regarde.
25:36 D'ailleurs comme toute œuvre d'art,
25:39 pour moi elle n'existe que dans le regard de celui qui est là.
25:42 Aujourd'hui vous avez 38 ans, vous nous disiez ?
25:44 Presque.
25:46 Oui presque, pas encore.
25:48 Vous regardez et vous le racontiez souvent d'où vous venez.
25:50 Est-ce que vous avez bien en tête aussi,
25:52 ou envie de savoir où vous allez ?
25:54 J'ai envie de faire confiance
25:56 que je vais là où il faut aller,
25:58 et ça me fait un peu peur l'avenir.
26:00 Alors effectivement je regarde en arrière,
26:02 parce que je sens que c'est aussi ça qui est mon moteur,
26:04 et puis peut-être mon angle aussi
26:06 sur comment je perçois la société.
26:08 Et de l'autre, je crois que
26:10 en moyen terme c'est le retour à la nature
26:12 qui va m'appeler.
26:14 C'est là le "faut" alors,
26:16 il faut aller. Il n'y a pas un endroit, une destination,
26:18 il y a celle que vous choisirez.
26:20 Exactement, c'est là où je me sentirais bien.
26:22 On rappelle le titre de cette exposition ?
26:24 Poetry of the Earth.
26:26 La poésie de la terre, donc qui est à voir à la Maison Européenne,
26:28 de la photographie jusqu'au 1er octobre.
26:30 La plasticienne, artiste Maya Rocha
26:32 était notre invitée, merci beaucoup.
26:34 Merci beaucoup pour l'invitation.

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