Agnès Hurstel : Jeune et jolie, mais pas que… La relève de la série

  • l’année dernière
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00:00 C'est dit. Merci beaucoup Julie. Il est midi sur France Culture.
00:03 Mais on commence par les titres du Midi 30 avec vous Thomas Cluzel. Bonjour Thomas.
00:11 Bonjour Olivia. Les affrontements sanglants à l'oeuvre dans le camp de réfugiés de Jenin
00:16 où l'autorité palestinienne a perdu son emprise sont-ils un avant-goût de ce qui pourrait être
00:22 émergé dans toute la Cisjordanie ? Occupés, nous serons sur place avec notre correspondante pour
00:27 le récit des nouvelles attaques de la nuit dernière. Comme attendu, le ministre de l'Intérieur Gérald
00:32 Darmanin a présenté ce matin le décret de dissolution du collectif écologiste. Les
00:37 soulèvements de la terre la veille déjà, les autorités avaient mené une vague d'interpellations
00:42 d'activistes écologistes. Depuis ce matin, Laurent Berger fait son zénith et contrairement aux
00:47 apparences, la fête de la musique n'y est pas pour grand-chose. Si le leader de la CFDT a choisi
00:51 de monter sur scène aujourd'hui, c'est pour mieux faire ses adieux à la CFDT. Enfin, comme chaque
00:57 mercredi, l'invité politique de la rédaction nous recevront Violette Spilbutt, députée Renaissance
01:02 de la 9e circonscription du Nord et porte-parole du groupe. A l'Assemblée, ce sera dans un peu
01:07 moins d'une demi-heure.
01:08 *Musique*
01:11 Merci beaucoup Thomas Rendez-vous à midi et demi pour le journal au complet.
01:13 *Musique*
01:30 Bonjour à tous. Chaque jour, d'ici la fin de la saison, un grand genre, un grand thème. Aujourd'hui, la série, genre devenue majeure depuis une décennie.
01:39 Deux festivals en France lui sont consacrés, à Lille et à Cannes. Alors le club reçoit ce midi la showrunneuse Agnès Urstel
01:46 pour la saison 2 de Jeune et Golerie. 8 épisodes à voir sur OCS, scénariste et réalisatrice. Elle a fait ses débuts avec un seul
01:54 en scène culotté, avec ma bouche qu'elle a imaginée. Actrice, elle a joué récemment dans la série d'un autre
02:00 qu'elle a aussi aidé dans l'écriture de cette série, le réalisateur Cédric Clapiche. Salade grecque et elle a prêté sa voix
02:06 à 50 univers de grec. Tout est grec aujourd'hui mais pas seulement avec vous Agnès Urstel, vous êtes notre invitée. Jusqu'à midi.
02:13 *Musique*
02:18 Une émission programmée par Henri Leblanc et préparée par Laura Dutèche-Pérez, réalisée par Félicie Fauger avec Hugo Renard à La Technique.
02:26 Et bonjour à vous Agnès Urstel.
02:28 Bonjour, merci de me recevoir.
02:29 On est ravie. On est ravie dans la saison 1 de cette série. Vous avez vu le mal que j'ai eu à le prononcer ?
02:35 Jeune et Golerie.
02:36 Oui, mais moi j'ai tellement grandi avec jeune et jolie que c'est pas facile de reprendre le "golerie". Ça veut dire quoi ?
02:42 "Golerie", rigolo, rigolote ici. Mais c'est parce que j'ai été traumatisée par le magazine Jeune et Jolie que j'en suis arrivée à ce titre-là.
02:49 On va revenir sur ce traumatisme qui, vous n'êtes peut-être pas la seule à avoir été traumatisée.
02:54 Dans la saison 1, réalisée par Fanny Sidney, Prune, votre personnage, jeune stand-upuse, a essayé de se faire un nom.
03:02 Elle entretenait aussi déjà une liaison avec un homme plus âgé qu'elle, père divorcé.
03:06 Elle tentait aussi d'accepter et de se faire accepter par Alma, sa belle-fille.
03:11 Qu'est-ce qui vous a donné envie d'y revenir, de faire cette saison 2 ? Vous n'aviez pas tout dit dans la saison 1 ?
03:17 Oui, en fait même en 2018, quand j'ai rencontré les gens de la chaîne d'OCS, j'avais prévu déjà en bonne hippocagneuse trois saisons.
03:25 La première développée, toujours avec ce même ADN bien sûr, de "c'est quoi cette filiation étrange que je ne connais pas,
03:32 c'est quoi la belle maternité ?" La première saison, c'était donc une maternité imposée.
03:37 Alors que tu es jeune, immature, que tu n'as pas envie d'avoir d'enfant, on t'impose l'enfant d'un autre.
03:41 Apprendre à vivre avec ça. La saison 2, ça aurait été, mais j'ai décidé de ne pas le faire finalement,
03:46 le parcours PMA de ce couple. Mais bon, un parcours PMA d'un couple blanc, hétéro, de 20 ans d'écart,
03:52 même moi j'en avais un peu rien à faire, je dois dire. Donc une maternité empêchée.
03:57 Et la troisième saison, qui a en fait été la deuxième, c'est ce que vous avez vu là, c'est une maternité terminée.
04:04 Empêchée, terminée, quand on se sépare, qu'est-ce qu'on fait quand on est belle-mère ?
04:10 - Quand on se sépare d'un homme, voilà. Qu'est-ce qu'il reste de la relation, finalement très fragile, assez précaire,
04:15 pas forcément affectivement, mais juridiquement, dans la reconnaissance que la société peut lui apporter,
04:21 entre la belle-mère et la belle-fille. - Où le beau-père et le beau-fils, ça marchera pareil,
04:25 mais c'est cette filiation qu'on n'a pas forcément encore pensée en fiction, dans quelque chose de positif.
04:31 Et c'est ça qui m'intéressait, qui me questionnait en fait.
04:34 - Huit ans plus tard, on est huit ans plus tard, Prune a aussi grandi quand même, un tout petit peu mûrie,
04:39 quoique on est dans cette saison 2 et les choses ont changé.
04:43 Le premier épisode de cette nouvelle saison s'ouvre sur un bain moussant et chantant avec Juliette Armanet.
04:49 Prune et sa belle-fille sont désormais plus proches que jamais. Est-ce que tout va bien ?
04:53 - Peut-être un petit peu trop. - Bon écoute, tu rentres de tournée,
04:57 t'es soi-disant crevé, alors t'as travaillé, t'as fait la fête, je sais pas, je veux pas savoir.
05:00 T'arrives là, tu poses ton sac, tu l'ouvres même pas, tu sors la plaie, tu joues, tu fumes tes trucs,
05:04 tu prends des bains avec ma fille... - Je prends des bains avec ta fille, c'est quoi le problème ?
05:08 On est vendredi, il est 15h, on s'est pas vus depuis 15 jours, elle a pas de devoir, on est contente.
05:12 - Ok, laisse-moi finir s'il te plaît. - Je te laisse finir, vas-y.
05:16 - Ça fait huit ans qu'on est ensemble, Prune. - Oui.
05:19 Ça fait huit ans qu'on vit ensemble, y'a même pas ton nom sur la boîte aux lettres.
05:22 Y'a pas une machine que t'as lancée toi.
05:24 - Mais t'as peur que je me trompe de programme et que je casse... - Chut !
05:26 Elle entend pas !
05:28 Bon, alors, si tu considères que je suis quelqu'un qui est un peu trop dans le contrôle, ok, je l'admets.
05:33 Et pardonne-moi, mais je pense aussi que si tu t'étais engagée un peu plus dans cette relation, ça changerait...
05:37 - Comment je peux faire plus que je vis ici ?
05:40 - Prune.
05:42 Tu m'avais promis qu'on se marierait ensemble, par exemple.
05:45 Tu m'as jamais demandé un mariage.
05:48 - On en avait rien à foutre du mariage, on était d'accord, toi et moi, c'est quoi ce truc-là ?
05:51 - Eh ben peut-être que finalement, c'est important pour moi. Voilà.
05:54 Mais de toute façon, on a plus de projet ensemble.
05:57 On va plus au cinéma ensemble, sinon c'est toujours avec Alma.
06:00 On a pas de maison de campagne, on a pas de compte commun.
06:03 Évidemment, on a pas d'enfant parce que... - Tu mets compte commun et enfant sur le même plan ?
06:08 - Ça me fait pas rigoler, Prune. - Non, c'est politique, ça donne envie.
06:11 - De toute façon, je ne sais même pas pourquoi je parle des enfants,
06:12 parce qu'à chaque fois que j'évoque le sujet, ça finit en pugilat, tellement t'es bornée, c'est insupportable.
06:16 Écoute, je suis pas fou. Voilà, je suis pas fou.
06:19 On ne se désire plus, on s'offre plus de fleurs, on...
06:23 Mais en fait, je vais te dire, moi j'ai l'impression d'être en covoiturage avec quelqu'un,
06:26 mais on va pas au même endroit. - En pugilat ?
06:28 - Mais...
06:30 Putain, bordel, mais moi, je veux... On veut des fleurs.
06:33 Je mérite des fleurs, je...
06:35 Oui, j'ai envie d'être déciré, je veux créer un foyer, une famille.
06:38 - Oui, un conjoint, on a compris.
06:40 Ça finit en pugilat, comme tu dis, avec beaucoup de psychologie, Francis, parce que j'ai peur.
06:45 Et que je me sens pas capable.
06:48 Et que ça fait 8 ans que je sais te dire qu'avant d'avoir envie d'avoir un enfant,
06:50 je sais pas, il faut arrêter d'en être un, il faut gagner sa vie, il faut travailler,
06:53 il faut se faire accepter déjà par ton enfant, putain.
06:55 - Oh bah alors ça, je pense que c'est réussi. On dirait deux soeurs jumelles, vous avez le même âge.
06:59 - Oh, wow. - T'es jaloux ?
07:00 - Oh, putain.
07:02 Mais je suis pas jaloux. - T'es un ridicule.
07:04 - Mais je suis pas jaloux, je vais essayer de te dire quelque chose d'important.
07:06 - Bah vas-y.
07:08 - Tout va bien. Peut-être trop.
07:10 Oui, visiblement, dans cette scène, qui indique,
07:13 signale le début quand même d'une rupture qui va advenir
07:17 entre Prune, votre personnage, l'héroïne que vous incarnez,
07:22 et Francis, qui est interprété par Jonathan Lambert.
07:24 C'est intéressant parce que Jonathan Lambert, on le recevait justement cette année dans Bienvenue au club,
07:29 et il nous racontait la difficulté de grandir, de mûrir,
07:33 voire de vieillir avec son humour.
07:37 Et comme humoriste aussi.
07:39 Parce que le temps passe et il passe aussi sur l'humour.
07:41 - Oui, bien sûr.
07:43 D'ailleurs, j'ai fait le choix de pas traiter cette saison par le prisme de la comédie, forcément.
07:48 En tout cas, quand j'écrivais typiquement une scène comme celle-là,
07:50 et le début de la saison est vraiment triste.
07:52 Le premier épisode de la saison 2 s'ouvre quand même sur des drames.
07:56 Il y a un adultère, il y a une rupture, il y a la fin d'une relation entre une belle-mère et sa belle-fille.
08:01 Et cette scène-là, elle est pas drôle.
08:03 Pourtant, tu rigoles par endroits parce que la situation est drôle.
08:06 Parce que c'est drôle, un homme qui dit que des mots que tu mettrais d'habitude dans la bouche d'un personnage féminin.
08:12 "Je veux qu'on me veuve des fleurs, je veux qu'on me désire, je veux que tu fasses des machines."
08:15 Et je crois à tout.
08:16 C'est ça qui m'obsède dans l'écriture, c'est que tout ce que les gens se disent dans les dialogues,
08:19 que ce soit une scène drôle ou pas drôle,
08:22 ce soit hyper, hyper à l'os, hyper épuré, hyper...
08:25 Dans le trivial, comme dans le romantique ou dans l'énormité de ce qu'on dit,
08:29 il faut que ce soit honnête, il faut que ça nous rappelle exactement la rupture qu'on a eue il y a cinq ans dans une cuisine.
08:34 Et elle, elle est drôle parce qu'ils sont inversés.
08:37 Et parce qu'elle démarre en prenant de haut cette conversation et puis elle finit en larmes.
08:42 Moi, c'est ça qui me fait rire, c'est quand tu passes d'une chose à l'autre
08:45 et que la scène d'après cut, elle est en peignoir dans la rue.
08:49 - Et puis il y a quand même un saut temporel.
08:50 Et on va se demander, dès le premier épisode, au fond, qu'est-ce qui s'est passé pour eux
08:55 durant cet intervalle de huit ans entre les deux saisons ?
08:58 - En fait, ça m'intéresse de raconter la vie de personnages que j'aime profondément.
09:03 Je suis avec eux depuis cinq ans.
09:05 Et de raconter la vie des gens en général à l'aube des transformations,
09:09 à l'aube des conflits ou à l'aube des renaissances.
09:13 Je trouve ça intéressant de dire qu'il y a une grande ellipse de huit ans.
09:17 Parce que c'est important, le temps qui passe dans les relations,
09:19 de montrer un couple qui est déjà endeuillé mais qui ne s'en rend pas forcément compte.
09:21 En tout cas, elle, elle est en déni.
09:23 Elle reste évidemment parce qu'en fait, il y a une enfant qu'elle adore,
09:26 mais son couple, il l'est endeuillé.
09:27 Et plutôt que de montrer les huit ans qui passent avec des gens qui arrêtent de se regarder,
09:31 j'adore montrer l'instant juste avant la rupture où les gens se disent les choses.
09:36 Et puis après, il va falloir affronter la réalité.
09:38 - Jeanne et Golri, ça interroge aussi notre condition féminine.
09:42 Le mot n'est pas trop fort.
09:43 Finalement, ça interroge la condition des femmes.
09:46 Qu'est-ce qu'être femme en 2023 ?
09:48 Et encore plus, qu'est-ce qu'être une jeune femme encore
09:51 qui vit sa première grande histoire d'amour ?
09:54 Peut-être aussi sa première grande rupture,
09:56 sa première expérience de couple, de belle-mère, comme vous l'évoquiez.
10:00 Quelles sont les injonctions contradictoires auxquelles nous sommes soumises aujourd'hui à vos yeux ?
10:05 Parce qu'on l'a juste abordé avec le titre de cette série.
10:10 Avant Me Too, les jeunes femmes, elles ossaient déjà entre deux grandes balises,
10:15 qui était le collectif Ni Pute Ni Soumise, collectif féministe,
10:20 et Jeune et Jolie, qui était le magazine plutôt prescripteur de tendance pour les jeunes filles,
10:25 pour rester dans les codes.
10:27 - Oui, pour présenter son Jules en ayant les cheveux propres.
10:29 Et pour présenter, je me souviens de cette couvre quand j'avais 12 ans,
10:32 un corset, des lunettes et des bagues et des boutons.
10:35 Et que vraiment, je n'avais pas de Jules qui disait genre
10:37 "Quand vous avez trois Jules, comment gérer ?"
10:38 Je disais "Ah mais..."
10:40 Moi, je suis née au milieu de tout ça, avec des modèles féminins pas forcément...
10:47 Certains modèles émancipés, d'autres un peu moins.
10:50 Des modèles féminins pas forcément doux, maternants, tendres, câlins.
10:54 Donc avec un gros questionnement à l'arrivée à l'âge adulte de
10:58 "Oh là là là là, c'est quoi en fait ? C'est quoi être une femme ?"
11:03 Et ce qui m'obsède, et j'en ai fait mon travail et c'est mon endroit,
11:10 encore là dans chacun de mes projets,
11:11 c'est quoi l'ambivalence des femmes ?
11:13 Comment elles font pour s'en sortir quand elles sont pas douces mais qu'elles sont mères ?
11:18 Quand elles sont pas toujours sympas mais en couple ?
11:22 Là, je vais dire que des banalités,
11:23 mais ce qui m'intéresse, c'est vraiment l'ambivalence féminine
11:26 de vouloir quelque chose puis cinq ans plus tard de vouloir l'inverse.
11:28 Parce que c'est comme ça dans la vie,
11:30 que ce soit sur la maternité, sur le sexe, sur la relation amoureuse, sur l'hétérosexualité.
11:36 Moi ça m'intéresse de questionner chaque endroit d'ambivalence
11:39 et en fait, si je fais un peu plus loin, de violence.
11:43 Pourquoi on doit avoir l'air si parfaite,
11:46 que ce soit physiquement ou intellectuellement ou socialement,
11:50 alors qu'à l'intérieur il y a beaucoup beaucoup de violence inhibée, rentrée, pas forcément autorisée ?
11:54 Je veux dire, on n'est pas tous désinhibés comme Virginie Despentes
11:57 qui sait balancer sa colère dans un texte ou à l'oral.
12:00 On n'est pas tous articulés comme ça.
12:02 Ça serait génial, mais ce n'est pas possible parce qu'on a des chemins différents.
12:05 Et l'écriture, c'est du coup le lieu pour creuser cette ambivalence-là ?
12:09 En tout cas, c'est le seul endroit où je me sens entendue
12:11 et c'est le seul endroit où moi j'arrive à décortiquer des choses que je ne comprends pas.
12:15 Il y a trop d'émotions, il y a trop de gens.
12:18 Je ne comprends pas et j'ai besoin de me poser en silence, seule.
12:23 Vraiment, mon quotidien, c'est ça mon travail.
12:25 Et d'écrire pour essayer de comprendre.
12:28 Et ça ne vous paralyse pas du coup ?
12:29 Pas du tout, ça m'aide énormément dans ma vie, dans mon travail.
12:33 J'ai beaucoup de chance.
12:34 Qu'est-ce que vous avez en commun avec Juliette Armanet en musique
12:37 qui fait l'ouverture, on ne l'a pas entendue là, mais de cette saison 2.
12:41 Dans ce premier épisode, on parlait de ce bain moussant.
12:44 Et une Maria Pourcher que vous avez aimée lire en roman et notamment son dernier Feu.
12:48 Est-ce que vous parleriez d'un langage commun, d'une sensibilité commune
12:53 ou peut-être tout simplement entre vous, malgré cette expérience-là,
12:57 il y a juste l'envie de raconter des histoires ?
13:00 C'est peut-être ce dénominateur commun entre vous trois ?
13:02 Il y a ça bien sûr, mais je crois que je n'avais jamais pensé en nous mettant
13:06 toutes les trois au même endroit, mais je suis ravie.
13:08 Mais je pense que c'est des artistes, femmes, très, très terriennes,
13:13 très ancrées, sexuées, qui ont l'honnêteté de parler sans être lisses,
13:22 sans ambiguïté, avec beaucoup de lucidité, des difficultés d'aimer, de tromper,
13:29 d'enfanter, de s'entendre avec sa mère.
13:33 Je pense que, enfin, là je parle pour Maria Pourcher,
13:36 Juliette Armagnac c'est autre chose, je pense que c'est des femmes
13:38 qui ont une grande honnêteté dans ce qu'elles racontent de l'émotion humaine.
13:43 Comment ça se traduit au quotidien, cette question de la condition féminine,
13:48 de qu'est-ce qu'être une femme et toutes ses ambivalences et difficultés aujourd'hui ?
13:52 Et surtout, comment ça se raconte dans une série comme celle que vous avez imaginée,
13:57 conçue avec à la fois un esprit de sérieux, puisque l'idée, c'est quand même de dire
14:02 tout ce qui vous travaille, vous, en permanence, que vous évoquiez,
14:07 le dire avec un certain esprit de sérieux, mais sans gravité quand même.
14:12 Je n'ai pas la réponse.
14:13 Je pense que je continuerai à écrire des fictions,
14:16 quel que soit leur format et leur traitement encore longtemps.
14:20 En tout cas, ça me tient à cœur de raconter les choses par le biais de l'imaginaire,
14:26 de la fiction pure, et en n'oubliant jamais...
14:30 Enfin, j'ai du mal avec l'esprit de sérieux.
14:33 D'ailleurs, le personnage se trompe quand il veut être trop sérieux.
14:36 Et ça, ça me caractérise vraiment dans la vie et dans l'écriture,
14:39 c'est que tous les combats féministes, politiques, personnels,
14:44 j'ai besoin de désamorcer par la blague.
14:46 C'est sans doute de la pudeur et de la protection, mais je trouve que ça aide
14:50 dans la pédagogie, que ce soit pour 200 personnes,
14:52 2000 âmes si on essaye de faire voir une série, ou en one to one dans la vie.
14:57 En tout cas, moi, c'est ma façon de gérer.
14:59 - Et pour ça, il faut aller aux sources.
15:01 C'est ce qu'a fait et c'est ce que racontait notamment l'une de vos consoeurs,
15:05 pas Blanche Gardin, Nora Hamzaoui.
15:07 - Je me dis, c'est un peu comme un speed dating.
15:09 En gros, on ne peut pas tout dire de soi en une heure dix.
15:12 Donc, il faut choisir un peu les grandes caractéristiques de ce personnage
15:16 comme un personnage de BD un peu.
15:19 Et à partir de là, je vais mettre ce personnage là,
15:20 donc moi, dans des situations d'inconfort qui sont ma vie.
15:26 Parce que moi, j'aime bien partir quand même des peines ou des problèmes,
15:31 de l'inconfort, mais je ne parle que de situations dont j'ai guéri.
15:35 Donc, c'est à dire qu'il y a vraiment un filtre,
15:37 il y a une sorte de décalage horaire, de décalage entre ma vie et le spectacle tout le temps.
15:43 Parce que pour pouvoir en rire et regarder une situation de haut,
15:45 j'ai besoin de l'avoir digéré, de l'avoir analysé, de l'avoir vu sous différents regards.
15:51 Et je pense que le truc qui est aussi hyper intéressant, c'est que bon, il y a mon double.
15:56 Mais je pense aussi que dans l'écriture, il y a une sorte de double du double
16:00 qui juge toujours le narrateur.
16:03 Et je pense qu'il y a une espèce de ping-pong toujours dans ma tête
16:07 entre ce que je dis et ce que je voudrais, ce que j'affirme,
16:12 et ce qu'un autre moi, dans ses contradictions,
16:16 vient remettre en question ou vient juger ou vient interroger.
16:20 Nora Hamzaoui, qui parle de la scène dans cet extrême.
16:23 Le principe est le même dans la série.
16:25 Vous avez, vous aussi, vous êtes passé, Agnès Hurstel, par la scène, par le sol en scène.
16:31 C'est évidemment aller à la source de ce qu'on est, de ce qu'on ressent, de ce qu'on a vécu,
16:36 mais de le transformer, d'en faire quand même une fiction.
16:40 Comment ne pas se laisser dévorer par le personnage qu'on s'est fabriqué ?
16:43 Elle parle de double Nora Hamzaoui pour la scène, justement.
16:47 Alors là, j'ai vécu le même chemin, la même gymnastique intellectuelle qu'elle
16:52 pendant toutes les années de stand-up ou même les années de chronique ici,
16:55 enfin, quand j'étais à France Inter, pardon, où en fait, c'est de l'autofiction.
17:00 Il se trouve que là, je m'en suis un peu libérée en faisant de la fiction pure,
17:03 même si bien sûr, Jeune et Galerie, ça part d'un endroit que je connaissais,
17:06 qui était le stand-up en saison 1 et la vie avec un homme plus âgé, tout ça.
17:09 Mais la saison 2, je suis vraiment allée dans la pure fiction pour moi.
17:13 Et en fait, ça aide. Mais c'est la même chose. L'introspection est la même.
17:15 C'est juste que t'es pas sur un double.
17:17 Donc t'es pas sur ce qu'elle décrit, que je comprends très bien,
17:19 de cette censure parfois ou de ce regard ou de situations dont t'as guéri.
17:22 Tu peux très bien écrire sur des situations que tu ne connais pas,
17:26 mais on a tous en nous une palette d'émotions ou de situations
17:31 où on a été témoin de choses.
17:33 Donc, c'est en revanche, ce que je garde dans l'écriture, qu'elle décrit extrêmement bien,
17:37 c'est l'inconfort que moi, j'appelle l'échec.
17:39 Je ne parle que de gens qui sont en échec.
17:42 Je trouve que la fiction, elle a...
17:44 Moi, en tout cas, elle me bouleverse,
17:47 elle me bouge en tant que spectatrice ou en tant qu'auteur
17:52 quand elle raconte des personnages en échec,
17:53 des personnages qui sont des monstres ou qui se trompent ou qui sont médiocres.
17:59 Mais du coup, ça ne veut pas forcément dire des situations dont moi, je me suis sortie ou guérie.
18:03 - Mais dans tous les cas, on s'expose, puisqu'on partage une part de soi.
18:07 C'est à la fois le cas sur la scène, mais aussi dans la série que vous avez conçue, écrite
18:12 et dans laquelle vous jouez.
18:14 Est-ce qu'il faut avoir une carapace solide ?
18:15 Est-ce qu'il faut accepter de prendre des coups ?
18:17 Ou alors, est-ce qu'il faut tout simplement peut-être déjà avoir une bonne conscience
18:20 de ce qu'on est, de ce qu'on veut quand on commence ?
18:23 - Oui, j'ai fait 12 ans de thérapie, disons que je pense que ça m'a beaucoup aidée.
18:27 Mais la carapace, je le vois plutôt sur l'autre partie de mon métier.
18:31 Quand j'écris et quand je réalise, je suis quand même très à l'abri.
18:33 Déjà, je suis chef de plein de gens, donc j'ai intérêt à être en forme
18:36 pour gérer les autres et que les autres s'épanouissent.
18:40 Ce dont vous parlez, pour moi, c'est plutôt dans le moment où c'est l'image.
18:45 Quand je suis comédienne, ça, c'est très spécial.
18:48 Ce n'est pas très intéressant en plus, mais ça fait partie du truc.
18:50 Ce n'est pas grave, mais il faut être très solide dans sa vie personnelle
18:53 et très heureux et très épanoui, justement, par ailleurs,
18:56 pour en avoir un peu rien à faire.
18:58 - Il faut en avoir rien à faire. - Absolument.
19:00 - Parce que sinon, on n'arrive plus à en rire.
19:04 Ça devient trop compliqué. Cette image, elle est importante
19:06 puisque c'est celle qu'on vous renvoie aussi.
19:07 - Oui, je trouve ça hyper agréable d'ailleurs d'être hyper honnête là-dessus.
19:10 Tiens, c'est une image, c'est ce qui me rapporte de l'argent,
19:12 c'est ce qui fait qu'on vend des films.
19:13 Je suis très à l'aise avec ça.
19:14 Je suis très à l'aise à faire de la promo, qu'on me mette une robe ou un bijou,
19:18 je ne sais pas quoi, mais ce n'est pas ça la création.
19:21 - Quelle est la force du rire ? Djamal Doubouz ?
19:24 - J'ai réussi plein de trucs grâce à l'humour.
19:26 J'ai réussi à trouver du travail, à pécho des meufs,
19:29 à me faire des copains, à me faire accepter.
19:33 L'humour m'a permis d'être l'homme que je suis aujourd'hui.
19:36 Et c'est vrai que de rire ensemble immédiatement,
19:39 c'est ne plus avoir d'a priori
19:43 et que la différence tombe immédiatement dès lors qu'on rit ensemble.
19:45 C'est un réflexe le rire, quelque chose qui nous surprend tous les deux.
19:48 Et peu importe nos origines, si on rit ensemble,
19:50 il se passe un truc contre nous et on s'en veut moins.
19:53 Et ce réflexe, cette fulgurance que nous provoque le rire, ça nous rassemble.
19:58 C'est ça la force du rire.
20:00 C'est de dédramatiser, de ne pas trouver les choses graves,
20:02 de ne pas trouver grave de ne plus pouvoir bouger le bras,
20:05 de ne pas trouver grave de ne pas avoir d'argent.
20:08 - Il y a cette idée de rire ensemble dans ce que dit Djamal Doubouz.
20:12 Quelle est pour vous, pas tant la force du rire,
20:14 mais plutôt de quoi le rire nous libère-t-il ?
20:17 Ou vous libère-t-il aussi ?
20:18 - Il le dit parfaitement.
20:19 C'est hyper touchant ce qu'il dit, des choses graves.
20:21 Il termine par là.
20:23 Je pense que déjà le rire, c'est un outil pédagogique.
20:27 Il y a des sujets que j'aborde qui ne sont pas...
20:29 J'adore quand on aborde des sujets très lourds, pas du tout rigolos.
20:33 Par exemple, l'héritage familial de Prune,
20:35 mais ça peut être dans Greek Salad, c'était plein d'autres choses par exemple.
20:39 Et qu'on le dit avec le rire,
20:40 ou au contraire qu'on aborde des sujets hyper légers,
20:42 mais en les abordant de façon très esthétisée ou très deep.
20:45 C'est Jacques Demy, je crois, qui disait un truc comme ça.
20:47 Il y a ce truc pédagogique du rire.
20:48 Et puis, c'est pas juste une protection,
20:52 mais c'est une façon de survivre au pire, en fait.
20:55 D'ailleurs, le dernier épisode de la saison 2, l'épisode 8,
20:58 qui est celui que j'ai écrit toute seule,
21:00 et qui est comme une carte de visite de mon cerveau,
21:02 je pense que je ne peux pas plus savoir...
21:04 Enfin, voilà, je n'ai même plus besoin de parler si je montre ce truc-là à quelqu'un.
21:08 Il y a une scène, tu pleures.
21:09 La scène d'après, tu ris.
21:10 Tu pleures, tu ris.
21:11 Et c'est ça qui sauve.
21:12 Enfin...
21:13 Moi, en tout cas, ça marche comme ça pour moi.
21:17 - Quel est cet héritage de Prune, cet héritage familial ?
21:20 - C'est un héritage tu.
21:22 C'est des gens qui sont issus d'une famille juive,
21:26 du côté de la mère de Prune, de Rose, du personnage de Rose,
21:30 mais qui, pour survivre,
21:32 pour ne pas parler en permanence de la Shoah
21:34 et du cauchemar familial, du passé très lourd,
21:39 c'est des gens qui ne font que des blagues.
21:40 C'est pour ça qu'elle est devenue humoriste.
21:42 C'est pour ça qu'elle est si légère dans la saison 1.
21:43 C'est des gens qui, franchement, pour continuer à vivre et ne pas aller se suicider,
21:49 ont décidé de ne faire que du sucre, du rire, du rose, de la blague.
21:54 C'est ses parents. Et je trouve ça hyper beau.
21:55 Et elle, elle arrive à un endroit, à sa génération, à elle, la génération d'après,
21:59 et elle dit "Alors, en fait, pas du tout.
22:01 Je suis désolée, mais moi, j'ai besoin de revenir à quelque chose de très expliqué,
22:05 très honnête, très dur."
22:08 - Oui, c'est cette question de la Shoah qui a déjà été travaillée là aussi par des écrivains,
22:13 par des metteurs en scène, comment désamorcer la peur,
22:15 comment adoucir le traumatisme.
22:17 Alors, pas forcément par le rire, mais peut-être tout simplement par la parole ou par la vie.
22:22 On va écouter ce qu'en disait Jean-Claude Grimbert,
22:24 qui est dramaturge, scénariste et qui est l'auteur de l'atelier.
22:27 - Quand vous avez des choses très tragiques à raconter,
22:30 en fait, quand vous faites partie de cette histoire-là,
22:34 si vous la racontez en public et que vous faites pleurer tout le monde
22:38 et on ne va pas vous réinviter.
22:40 Si vous avez un cancer, vous allez manger chez votre cousin,
22:43 vous ne lui parlez que du cancer, il va dire "je ne veux plus le voir".
22:46 Donc, il faut arriver à faire rire avec le cancer.
22:48 Des proches faisaient rire avec son cancer.
22:51 Moi, j'ai fait rire avec mon histoire.
22:53 Quand je jouais l'atelier, puisque je le jouais, les gens riaient.
22:59 Je trouvais ça terrifiant qu'ils rient sur des choses aussi terribles.
23:04 Mais quand ils ne riaient pas, j'étais très inquiet.
23:09 C'est-à-dire que ce n'est pas satisfaisant, mais en même temps, c'est nécessaire.
23:13 Quand on fait du théâtre, on ne le fait pas pour le public,
23:16 on le fait pour soi, on écrit, on le fait pour les comédiens.
23:20 On le fait pour que ce soit joué.
23:22 Et le public, effectivement, il faut qu'il soit là.
23:24 Mais si on se met à penser au public, qu'est-ce qui va faire rire le public ?
23:28 Qu'est-ce qui va émouvoir le public ? On est foutu.
23:31 On le fait pour soi et en même temps, le public, forcément, c'est un aller-retour.
23:35 Apporte quelque chose, apprend quelque chose à celui ou celle qui est sur scène.
23:40 Peut-être à choisir et à trouver les bons mots.
23:43 Il y a ce retour immédiat, c'est ça qui est intéressant.
23:45 Qu'est-ce que la scène, qu'est-ce que le stand-up vous a apporté ?
23:48 Est-ce que c'est un sens du rythme dans une histoire, une manière de séquencer,
23:53 de synthétiser ou juste à trouver le bon mot ?
23:56 Un peu de tout ça.
23:58 C'est quand même extraordinaire de se dire que c'est un espace, le spectacle vivant,
24:01 contrairement à la série ou au roman où tu es isolé.
24:04 En plus, il y a très peu de gens qui te corrigent.
24:07 La scène, dans ce qu'il raconte, il y a un beurre d'inconfortables et de doutes permanents.
24:14 C'est quand même une communion.
24:15 Il n'y a que des inconnus dans une salle qui, en même temps,
24:17 vont recevoir la même énergie, les mêmes idées et puis vont avoir des émotions fluctuantes.
24:21 Je n'ai jamais rien vécu de plus vivant dans ma vie.
24:25 Je trouve ça fou.
24:26 C'est trop beau quand c'est réfléchi, quand il y a un discours derrière,
24:29 quand tu passes du rire aux larmes, à l'énervement.
24:32 Quand tu crées chez le spectateur plein de choses.
24:35 Moi, c'est ce qui m'a fait le plus grandir.
24:37 Ça a musclé ma pensée et ça a musclé mon jeu.
24:43 Quand vous avez commencé, quand vous avez débuté en 2015, le stand-up, justement,
24:48 qu'est-ce que vous aviez envie de défendre ?
24:49 Je ne savais pas.
24:51 Mais vous y êtes allée quand même.
24:52 Oui, mais j'ai un truc avec le passage à l'action, moi,
24:54 où je n'intellectualise pas trop les trucs et j'y vais.
24:56 C'est qu'après coup que je comprends pourquoi je fais les choses et qu'est-ce que ça raconte
24:59 et pourquoi, en fait, évidemment que je fais cette école-là qui est l'école la plus difficile.
25:03 J'y suis allée vraiment, mais à l'improviste, par hasard.
25:07 J'habitais Place de la République.
25:08 Il y avait une cave, ça s'appelle un comedy club.
25:10 Je ne savais pas que ça s'appelait stand-up.
25:12 Jamal, il me faisait rire depuis l'enfance.
25:14 Je ne savais pas qu'on appelait ça comme ça.
25:15 Pour moi, c'était le one man.
25:17 Bon, j'y suis allée.
25:18 Une demi-heure après, j'étais sur scène.
25:19 Le lendemain, il y avait mes amis. Je n'ai rien réfléchi.
25:24 Puis comme j'avais envie d'aller vite, de ne pas perdre de temps, j'ai très vite fait une heure
25:28 en louant une cave 20 euros, une cave à Pigalle où les gens venaient, prenaient une bière.
25:32 C'était mon laboratoire.
25:33 En fait, j'avais trouvé un espace de travail face à 40 personnes, puis 50, puis 100.
25:40 Et en fait, j'ai adoré comprendre en faisant.
25:45 C'était un peu dangereux.
25:46 Je veux dire, j'étais en impro totale.
25:48 C'était quand même un moment où en plus, il y a eu beaucoup de journalistes qui sont venus très tôt.
25:51 Parce que 2015, parce que MeToo, Blanche Gardin, enfin très connu du public,
25:55 même si ça faisait 25 ans qu'elle était là.
25:57 Mais du coup, on m'a...
25:59 En fait, on m'a beaucoup dit.
26:01 Mais du coup, c'est ça, vous êtes le sex-power-money, vous êtes le sex-positif,
26:06 vous êtes et MeToo et le porno.
26:08 Je ne savais pas ce que je pensais de tous ces sujets-là.
26:11 J'ai appris face au public.
26:14 C'est un réceptacle, bienveillant ou pas, en tout cas très honnête,
26:18 qui est là tout le temps et qui, du coup, questionne par le rire ou le silence,
26:23 enfin réagit par le rire ou le silence à ta pensée.
26:26 Si la pensée est juste, une émotion arrive.
26:30 Si la pensée n'est pas juste, il faut réécrire, ça se sent, c'est pas OK.
26:33 - Alors justement, est-ce que vous avez en partie quitté la scène
26:36 ou fait un pas de côté avec la série aujourd'hui,
26:38 parce que vous êtes maintenant en pleine conscience de ce que vous voulez défendre et raconter ?
26:42 Est-ce qu'il fallait avoir cette part de naïveté, d'innocence,
26:46 de non-compréhension de tout ça pour oser y aller et s'exposer ?
26:50 Et est-ce que maintenant que vous avez compris,
26:53 la série vous offre non pas un refuge,
26:56 mais la possibilité de mettre en histoire cela autrement, cette pensée-là autrement ?
27:02 - Il y a plusieurs choses.
27:03 À la fois, j'adore tester des nouvelles façons d'écrire.
27:05 Je ne savais pas que je ferais des chroniques, je ne savais pas en faire, je suis venue en faire.
27:08 Je ne savais pas que je pouvais écrire une série, maintenant je fais ça.
27:10 Je ne savais pas que je pouvais écrire un film, j'écris un film.
27:11 Je ne savais pas que je pouvais jouer des drames, je joue des drames.
27:14 Donc j'aime bien changer de terrain de jeu chaque année, je crois apparemment,
27:17 découvrir des nouveaux métiers.
27:18 Mais il y a aussi, et j'en reviens à ce que disaient Jamel et l'extrait d'après,
27:25 à un moment je suis arrivée à un endroit où il y avait quelque chose dans ma vie que j'avais vécu
27:28 et qui ne me faisait pas rire du tout,
27:29 qui était le fait que j'ai porté un corset pendant dix ans.
27:31 Et à force d'essayer depuis 2015 d'en faire des blagues,
27:35 que ce soit sur scène, en impro, en chronique, dans une série, et de ne pas y arriver,
27:40 je suis arrivée à cet endroit de me dire "mais peut-être il faut arrêter de faire des blagues,
27:44 il faut peut-être essayer d'écrire autrement et autre chose".
27:48 Il y a des moments où il y a des choses que tu n'arrives pas à désamorcer par le rire.
27:52 - Alors deux micro-questions pour terminer.
27:54 La série qui vous a donné envie de faire de la série ?
27:58 - Non mais en fait la vérité c'est que c'est quand même "Sous le soleil" et "Sex and the City".
28:02 Après récemment c'est plutôt dans l'honnêteté de l'écriture,
28:05 c'est des séries anglaises de Sharon Organ, "Pooling", "Catastrophe", "Bad Sisters",
28:11 ou bien Frankie Shaw avec "Smilf", ou bien évidemment Phili Waller-Bridge avec "Fleabag".
28:16 J'écrivais déjà à la Jeanne-et-Gollery quand j'ai démarré,
28:18 mais c'est cet endroit-là d'honnêteté, de rire et de larmes permanents, de drame en fait.
28:22 - Écrire pour les autres, vous l'avez fait notamment avec Salade Grec,
28:25 dans un pool d'auteurs pour et avec Cédric Clapiche,
28:28 c'est lui aussi, c'est la première fois qu'il s'essayait la série, qu'est-ce qu'il vous a dit ?
28:32 - Il a dit, enfin il avait fait 10% mais pas de la même façon,
28:36 il a dit "j'ai besoin de jeunes parce que moi j'ai 60 ans donc je prends des jeunes".
28:41 Et surtout il a écouté, il a passé 3 ans à nous écouter,
28:46 lui raconter ce que c'était que d'avoir moins de 30 ans,
28:49 et ça nous ressemble pas mal, ça a donné cette série.
28:51 - Et ça a donné cette série. Merci mille fois à vous Agnès Surstel d'avoir été avec nous,
28:55 8 épisodes à voir sur OCS, jeunes et ?
28:59 - Golleries. - Vous le dites si bien.
29:01 - Merci. - Merci.
29:04 France Culture, l'esprit d'ouverture.
29:09 Je vous donne rendez-vous ce soir à 19h en compagnie de Nathalie Léger.
29:13 - Arnaud Laporte.
29:14 - Elle a dirigé l'édition en 5 volumes des écrits sur le théâtre d'Antoine Vitesse,
29:18 a établi, annoté et présenté celles des deux derniers cours de Roland Barthes au Collège de France.
29:24 Elle est directrice générale de l'Institut Mémoire de l'édition contemporaine, l'IMEC,
29:28 mais Nathalie Léger est aussi une autrice passionnante, invitée du Marathon des mots.
29:33 Elle nous parle de ce qui nourrit son écriture.
29:35 Affaire culturelle, aujourd'hui à 19h sur France Culture, franceculture.fr et l'appli Radio France.
29:43 France Culture présente le documentaire "Polaris" d'Ena Ravera.
29:47 Capitaine de bateau dans l'Arctique, Ayat navigue loin des hommes et de son passé en France.
29:53 Quand sa sœur cadette Leïla met au monde une petite fille, leur vie s'en trouve bouleversée.
29:59 Guidée par l'étoile polaire, elle tente de surmonter le lourd destin familial qui les lie.
30:05 "Polaris", aujourd'hui au cinéma.
30:08 Un film France Culture soutenu par le label "Oh my doc".
30:11 France Culture et l'immédiat ennemi.
30:17 Bienvenue à tous, le journal Thomas Cluzel. Bonjour Thomas.
30:24 Bonjour Olivia, bonjour à toutes et à tous.
30:26 Les affrontements sanglants à l'œuvre dans le camp de réfugiés de Djenine où l'autorité palestinienne a perdu son emprise sont-ils un avant-goût ?

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