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L’inflation confirme son ralentissement en mai. La hausse des prix s’inscrit à 5,1% sur un an alors qu’en en avril, l’inflation approchait les 6%. Ce repli est-il durable et quelles conséquences sur notre pouvoir d’achat ? Quid de l’emploi et de la croissance dans les prochains mois ? L’Insee vient de publier sa dernière note de conjoncture. Julien Pouget, chef du département conjoncture, était l’invité éco de franceinfo, jeudi 15 juin.

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Transcription
00:00 L'invité éco, Emmanuel Pugny.
00:04 Bonsoir à tous, l'inflation confirme son ralentissement au mois de mai.
00:09 La hausse des prix s'est inscrite le mois dernier à +5,1% alors qu'en avril nous étions encore autour de 6%.
00:17 Alors est-ce que ce repli est durable et quelles conséquences évidemment sur notre pouvoir d'achat, sur l'emploi et sur la croissance dans les prochains mois ?
00:25 L'INSEE vient de publier il y a quelques instants sa toute dernière note de conjoncture.
00:31 Bonsoir Julien Pouget.
00:33 Bonsoir Emmanuel Pugny.
00:34 Vous êtes directeur, précisément chef du département, conjoncture de l'INSEE.
00:39 Alors cette baisse de l'inflation au mois de mai, comment ça s'explique concrètement ?
00:44 Pourquoi les prix baissent aujourd'hui en France ?
00:47 Alors les prix ne baissent pas ou alors très légèrement pour certains d'entre eux.
00:52 C'est l'inflation qui baisse, c'est-à-dire c'est le glissement annuel des prix, l'évolution des prix un mois donné par rapport au même mois il y a un an.
01:01 Donc effectivement cette inflation elle a baissé.
01:04 C'est la première fois d'ailleurs depuis un an qu'elle descend en dessous de son plateau qui était autour de 6%.
01:12 Depuis un an nous étions à ce rythme d'inflation.
01:17 Ça touche vraiment tous les secteurs parce que l'agroalimentaire on est encore à deux chiffres là.
01:20 On est à plus 14%. On est entre 14 et 15% sur un an.
01:24 Ça touche surtout l'énergie à ce stade.
01:27 Et pourquoi l'énergie ?
01:29 Rappelez-vous il y a un an, le printemps 2022, le déclenchement de la guerre en Ukraine,
01:35 les cours du pétrole, les cours de l'électricité, les cours du gaz ont bondi.
01:40 On est un an après, ces cours ont nettement reflué et cet effet tire à la baisse les chiffres de glissement annuel des prix.
01:49 Alors on a bien compris l'explication de Julien Pouget mais en gros,
01:55 quand on est consommateur aujourd'hui en France, on ne voit pas trop l'impact sur le pouvoir d'achat.
02:00 Est-ce que ce repli de l'inflation est durable dans le temps ?
02:04 Concrètement est-ce qu'on a atteint ce qu'on appelle le pic d'inflation ?
02:07 Alors un repli de l'inflation ça ne veut pas forcément dire une baisse des prix.
02:12 Ça veut dire une augmentation moins rapide.
02:16 Mais l'inflation ce sont les prix quand même concrètement.
02:18 Oui, l'inflation c'est la vitesse d'augmentation des prix.
02:23 Et ce qui se passe effectivement, ce à quoi on assiste, c'est des prix qui augmentent moins vite.
02:28 Alors certains prix ont baissé par rapport à il y a un an, je citais par exemple les prix des produits pétroliers,
02:34 mais certains prix continuent à augmenter.
02:38 Nous ce que nous pressentons sur l'inflation notamment alimentaire,
02:43 qui est depuis l'automne dernier la première contribution à l'inflation d'ensemble,
02:49 c'est un ralentissement des prix agroalimentaires.
02:54 Alors pourquoi ?
02:56 De fait depuis plusieurs mois nous avons des signes avant-coureurs.
03:00 Les cours des matières premières agricoles ont pour la plupart assez nettement reculé.
03:06 Les cours de l'énergie, je l'ai cité, ont également reflué.
03:10 Donc à un moment tout cela doit se traduire sur les prix à la consommation.
03:15 Sauf que cette transmission est loin d'être immédiate.
03:20 Il y a toujours plusieurs mois de décalage ?
03:22 Oui, il y a plusieurs mois voire plusieurs trimestres de décalage.
03:26 Cela dit Julien Pouget, on est quand même mieux lotis que d'autres pays en Europe.
03:30 Nos voisins, notamment en Allemagne, l'inflation aujourd'hui est de plus de 6% en l'état plus 6,3%.
03:35 Pourquoi la France s'en sort mieux que certains de ses voisins européens ?
03:39 Alors l'inflation, ce sont l'évolution des prix sur un an.
03:43 Donc une partie de l'explication dépend de où on en était il y a un an.
03:48 Alors c'est vrai que la France a mis très tôt en place des boucliers tarifaires
03:54 pour réguler, tempérer la hausse des prix de l'énergie.
03:59 Après s'y ajoutent des dynamiques propres à chaque pays concernant l'alimentation ou les produits manufacturés.
04:06 Si on regarde avec un peu de perspective sur trois ans,
04:10 où en est-on l'indice des prix d'aujourd'hui par rapport à ce qu'il était en 2019 ?
04:15 En France et également en Espagne, on est à peu près 15% au-dessus du niveau de 2019.
04:22 Par contre, effectivement en Allemagne, en Italie ou aux Etats-Unis, on est à peu près 20 points au-dessus.
04:28 Donc ils sont moins performants que nous.
04:30 En Espagne et en France, l'indice des prix a été moins dynamique ces derniers temps.
04:37 Alors est-ce que cela va avoir un impact sur notre croissance ?
04:40 Je le disais, vous venez de publier votre toute dernière note de conjoncture avec des prévisions de croissance économique.
04:45 Quelles sont vos prévisions concrètement à court et moyen terme ?
04:48 Alors la croissance, elle dépend de plusieurs facteurs.
04:51 Un des facteurs, c'est la demande, c'est la consommation des ménages.
04:56 Et par temps de grosse inflation, cette consommation des ménages est relativement bridée.
05:02 Parce que le pouvoir d'achat est peu dynamique, voire restable, voire baisse pour certaines personnes.
05:08 Donc petite croissance attendue pour la France ?
05:10 Nous prévoyons une croissance à petite vitesse de l'ordre de 0,1 à 0,2% de croissance par trimestre.
05:17 Ce qui donnerait sur l'ensemble de l'année une croissance 2023 à 0,6%.
05:23 Ce n'est pas énorme pour relancer la machine. Généralement on dit que une bonne croissance devrait être,
05:28 au moins pour assurer le quotidien, c'est au moins du 2%. Donc si on est à 0,6% aujourd'hui, c'est un peu compliqué.
05:33 C'est clairement moins que ce à quoi on pourrait s'attendre en l'absence de tous ces chocs auxquels nous avons dû faire face.
05:41 Après, ça reste une croissance positive, modeste mais positive.
05:46 Il va falloir faire quand même mieux l'emploi. Julien Pouget dans tout cela.
05:49 Quelles sont vos prévisions d'emploi ? On dit qu'on est pratiquement au plein emploi aujourd'hui en France avec un taux de chômage de 6 à 7%.
05:56 Est-ce que c'est la réalité ?
05:57 Je ne sais pas. Mais en tout cas, ce qui ne se dément pas depuis plusieurs trimestres, c'est la bonne dynamique de l'emploi.
06:04 Nous sommes souvent surpris à la hausse par rapport à ce que nous prévoyons.
06:08 Nous prévoyons maintenant pour les prochains trimestres tout de même un ralentissement de l'emploi sur fond d'activité économique
06:15 en relativement faible croissance comme je viens de l'indiquer et un taux de chômage qui reste très stable à 7,1% de la population active.
06:26 Le plein emploi, c'est le moment où l'offre équivaut pratiquement à la demande.
06:33 Le niveau réel de plein emploi en France, il serait de combien aujourd'hui ?
06:37 Il n'y a pas de formule magique pour le déterminer.
06:41 Vous n'avez pas de formule magique, vous n'avez pas de chiffre non plus. On dit généralement que c'est autour de 5%.
06:46 Je pense qu'il y a encore un potentiel de baisse du chômage si la conjoncture le permet.
06:52 Et là, les interrogations peuvent porter sur la conjoncture économique où les indicateurs voient bien qu'on est dans la zone un petit peu grise.
06:59 On peut voir le verre moitié vide, le verre moitié plein.
07:02 On a un climat des affaires qui s'est érodé depuis plusieurs mois, un climat de l'emploi qui reste élevé mais qui tend aussi à s'étioler.
07:09 Donc positif quand même et il va falloir transformer les cèdres dans les prochaines semaines et les prochains mois.
07:14 Merci beaucoup Julien Pouget du département Conjoncture de l'INSEE, invité de l'écho de France Info ce soir.

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