Loïc Hervé, Sénateur Isabelle Germanier responsable loup

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00:00 [Musique]
00:08 Loïc Hervé, sénateur de Haute-Savoie, quel est votre point de vue sur le problème du loup ?
00:13 C'est un problème très grave qui touche notre département,
00:17 qui touche nos exploitations agricoles agro-pastorales de montagne.
00:21 Beaucoup d'agriculteurs sont agressés,
00:23 les troupeaux sont agressés, les chiens, les patous de défense des troupeaux sont même agressés voire tués.
00:29 Et donc nous avons aujourd'hui trop de loups en Haute-Savoie, il est nécessaire de le réguler,
00:33 il est nécessaire de donner l'autorisation aux agriculteurs de défendre leurs outils de travail,
00:38 mais au-delà de leur outil de travail, de défendre l'agriculture de Haute-Savoie,
00:42 c'est-à-dire une agriculture qui est présente en montagne et qui,
00:46 au-delà évidemment des produits qu'ils fabriquent,
00:50 est aussi l'agriculture qui entretient le paysage, le territoire.
00:56 Nous avons besoin d'agriculteurs et donc dans ce territoire-là aujourd'hui,
01:00 il faut, sur un plan administratif, permettre aux agriculteurs agressés d'avoir davantage de tir de défense simple,
01:07 c'est-à-dire que si un loup vient agresser un troupeau de moutons, de chèvres ou de bovins,
01:12 parce que les loups s'attaquent désormais aux bovins en Haute-Savoie, aux vaches,
01:16 eh bien que l'agriculteur puisse se défendre et avoir le droit de tirer.
01:19 Ça veut dire que l'agriculteur devient aussi chasseur, c'est ça ?
01:22 Beaucoup d'agriculteurs ont passé le permis de chasse alors qu'ils n'étaient pas chasseurs auparavant,
01:27 ont également acquis des armes.
01:30 Tout ça, ça se fait évidemment dans un cadre légal, bien sûr,
01:33 et donc il y avait une procédure jusqu'à maintenant qui était très encadrée pour avoir ces tirs de défense.
01:37 La possibilité donnée au préfet de donner à chaque...
01:41 Préfet de département, préfet de la Haute-Savoie,
01:43 de donner à certains agriculteurs cette capacité de défendre leurs troupeaux,
01:49 il faut qu'on ait une plus grande capacité de régulation et de prélèvement du loup.
01:54 Sinon, nous allons vers des drames humains, vers des drames économiques,
01:59 et donc on doit aussi bien sûr concilier la vie de la nature et la vie de l'homme,
02:08 mais surtout défendre l'agro-pastoralisme de montagne
02:12 qui est un marqueur identitaire économique de la Haute-Savoie.
02:16 Ça n'est pas que notre passé, c'est aussi notre avenir.
02:18 Le loup ne doit plus être un animal protégé, Loïc Hervé ?
02:22 Alors, il y a une convention internationale européenne,
02:26 qui est la convention de Berne, qui définit les espèces protégées.
02:29 Moi, je fais partie de ceux qui militent.
02:31 C'est valable aussi pour le bouctin que dans un certain nombre de territoires,
02:34 quand l'espèce n'est plus en danger, la population de loups en France a dépassé 1000 individus.
02:40 On nous avait dit qu'au-delà de 500, l'espèce était pérenne.
02:43 À partir du moment où l'espèce n'est plus en danger, il faut envisager un déclassement,
02:47 y compris un déclassement territorial, de la protection d'un certain nombre d'espèces
02:52 protégées au sens de la convention de Berne.
02:54 Vous allez prendre des initiatives au Sénat ?
02:56 Oh, elles sont déjà prises depuis très longtemps,
02:58 puisque les sénateurs s'intéressent à ces questions-là,
03:01 dans tous les massifs, dans les Pyrénées, dans le sud des Alpes,
03:04 évidemment dans les Alpes du Nord, chez nous, en Savoie, en Haute-Savoie, dans l'Isère,
03:09 pour trouver des solutions qui sont toutes adaptées,
03:11 puisque ce n'est pas tout à fait la même chose quand on est dans la région de Gap,
03:15 ou quand on est dans la région du Dixi, de Mieuxy, du Plateau des Glières ou de Novelle.
03:22 Et donc on doit adapter les solutions au massif.
03:25 Et donc évidemment, nous prendrons des initiatives.
03:27 Moi, j'ai invité le ministre de l'Agriculture, Marfeno, à venir sur place en Haute-Savoie,
03:31 rencontrer les acteurs du territoire et évoquer cette question du statut du loup
03:36 et de la nécessité de la régulation.
03:38 Qu'est-ce que vous dites à celles qui défendent le loup ?
03:41 Vous savez, moi, je suis un naturaliste, j'aime beaucoup l'environnement,
03:45 mais d'abord, j'ai beaucoup de mal à estimer que dans tout combat,
03:51 c'est valable pour le bruxellois, c'est valable pour le loup,
03:53 c'est forcément les animaux domestiques qui doivent céder la place aux animaux sauvages.
03:58 Je crois que, on l'a vu avec l'élevage de Saint-Laurent,
04:00 on le voit avec d'autres épisodes de Bruxellois, on le voit avec le loup.
04:03 Il y a un moment, il faut aussi rééquilibrer.
04:05 Le loup est un super prédateur, il n'a pas de prédateur d'eau autre que l'homme.
04:09 Donc, il faut aussi se dire que dans tous les espaces, il y a besoin d'un équilibre.
04:15 Et je dis aux environnementalistes, que je connais bien et avec lesquels j'échange souvent,
04:19 que le loup, s'il est trop nombreux et s'il a faim,
04:22 c'est-à-dire que si les meutes de loups ont faim,
04:24 ce sont des éradicateurs de biodiversité.
04:26 Il y a des endroits en Haute-Savoie où il n'y a plus rien,
04:29 plus un hérisson, plus un animal sauvage,
04:32 tout est littéralement dévoré par le loup parce que ces loups sont trop nombreux et ont faim,
04:37 ils n'ont pas de prédateur.
04:38 S'ils n'ont pas de prédateur, il faut les réguler.
04:40 La dernière chose que je veux leur dire, c'est qu'on connaît la vie sans loup.
04:43 On n'a pas encore essayé la vie sans les agriculteurs.
04:45 Les attaques de loups sur les bovins se multiplient cet été dans le Jura et les Alpes-Vaudoises.
04:50 Selon l'édition du journal 24 Heures du Jour,
04:53 la relative paix entre le grand carnivore et les humains semble même menacée
04:57 car le prédateur serait en partie adapté à son nouvel environnement.
05:01 On va le voir avec vous, Isabelle Germagné, bonjour.
05:04 Oui, bonjour.
05:05 Vous êtes la responsable romande du groupe Loup Suisse.
05:07 Votre rôle, c'est de faciliter la cohabitation, notre cohabitation avec le loup.
05:11 Est-ce qu'elle est menacée aujourd'hui, cette cohabitation ?
05:14 Ce n'est pas qu'elle est menacée, mais c'est que les effectifs augmentent de manière exponentielle.
05:20 Ils sont en phase d'installation exponentielle.
05:23 Il y a beaucoup plus de loups maintenant.
05:24 Je rappelle qu'en 2015, on avait à peu près 34 loups en Suisse.
05:27 On en a maintenant une estimation de 180.
05:30 Forcément, quand il y a plus de loups, il y a aussi plus d'attaques.
05:35 Plus de loups et des changements de stratégie de la part de ce carnivore.
05:40 On dit que la meute de loups, basée dans le canton de Vaud, s'est adaptée à son environnement peuplé de bovins.
05:44 Ça veut dire quoi et comment elle s'est adaptée ?
05:47 Elle s'est adaptée en premier lieu parce qu'il y a beaucoup moins de bovins dans la région du Jura vaudois.
05:54 Forcément, la meute, c'est un animal qui s'adapte, sans son quoi il aurait déjà été exterminé.
05:59 En voyant que les animaux, ces animaux proies, étaient beaucoup plus volumineux,
06:04 il a simplement une logique instinctive de garder des jeunes des années précédentes
06:10 pour avoir une meute plus importante, pour pouvoir attaquer des proies plus importantes.
06:15 On le voit aussi aux Etats-Unis ou dans les pays de l'Est, ils arrivent à tuer des bisons quand ils sont en meute.
06:22 Donc, ils se sont effectivement adaptés aux proies présentes sur les lieux.
06:26 Ça veut dire que les jeunes loups qui d'habitude quittaient la meute, là, vont rester pour renforcer la meute, c'est ça ?
06:33 Voilà, exactement. C'est vrai que souvent, quand même, dans la majorité, quand il y a des meutes en Suisse,
06:38 souvent ils gardent des fois un ou deux petits, ça peut arriver.
06:41 Ils s'en servent aussi pour la chasse avec d'autres espèces, mais ils s'en servent aussi comme baby-sitter.
06:48 C'est une organisation familiale, il faut bien le comprendre.
06:52 Et puis, dans le cas de la meute du marché rue, effectivement, ou celle du Béverines,
06:57 ils ont effectivement compris qu'en gardant plus de jeunes, ça fait une force de frappe majeure
07:02 et ça leur permet d'attaquer des proies beaucoup plus imposantes et donc de mieux nourrir leur meute.
07:07 On rappelle qu'ils sont quand même en période maintenant d'éducation des jeunes,
07:11 donc ils ont besoin de plus de nourriture.
07:13 Et face à ces meutes qui grossissent, les autorités ont déposé une demande de prélèvement d'un des géniteurs de la meute
07:19 qui semble poser problème. Est-ce que ça, c'est la solution ?
07:22 Alors, moi, je vais être honnête. La solution, je pense que maintenant, on en est au point où on essaye des choses.
07:27 Parce qu'on a essayé au Béverines, par exemple, on va prendre le cas de la meute du Béverines,
07:31 ça fait trois fois qu'on tire des jeunes.
07:33 Après, il faut comprendre que si on tire des jeunes, c'est surtout pour éviter un problème de dispersion,
07:38 des mauvais comportements appris.
07:40 Ce n'est pas pour essayer de diminuer automatiquement les pertes sur le lieu même des attaques,
07:47 c'est pour éviter que ces subadultes, une fois qu'ils partent en dispersion,
07:50 ils aillent poser problème plus loin avec ce qu'ils ont appris,
07:54 c'est-à-dire le détournement des moyens de protection.
07:56 Donc, effectivement, tirer le mâle ou la femelle, parce que pour l'instant, effectivement,
08:01 il faut voir aussi, je pense, les spécialistes du loup sur place qui suivent la meute du marché rue,
08:06 ils la connaissent très très bien, et je pense qu'ils pourront prendre la décision qui s'impose
08:10 par rapport à auquel des deux il faudra prélever.
08:13 Et puis après, évidemment, si un des membres du couple n'est plus là,
08:18 ça ne va pas automatiquement casser la meute.
08:20 On le sait maintenant avec les études qui ont été faites aux États-Unis,
08:24 que l'individu qui reste seul, en règle générale, il refonde une meute.
08:29 Mais ça va permettre probablement, et c'est ce qu'on espère,
08:33 de diminuer la pression pendant quelques temps,
08:35 le temps qu'on puisse trouver des moyens pour protéger les bovins,
08:38 parce qu'il faut le reconnaître, il y a vraiment très peu de moyens actuels pour protéger les bovins.
08:45 Merci beaucoup Isabelle Lagermanier, présidente romande du groupe Loup Suisse,
08:48 pour vos explications ce midi en direct.
08:50 Belle journée à vous.
08:51 Bien, avec plaisir.
08:52 [Musique]

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