Lyon-Turin : Sandrine Rousseau défend la présence d'élus à une manifestation interdite "pour protéger les manifestants"
Sandrine Rousseau, député EELV, était l'invitée de franceinfo le 16 juin 2023.
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00:00 Une manifestation contre les chantiers de la ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin est prévue demain.
00:05 Elle a pourtant été interdite par le préfet de Savoie en raison de risque de débordement.
00:09 Plusieurs organisations voudraient manifester.
00:11 Par exemple, il y aura le maire écologiste de Grenoble, Éric Piolle,
00:15 la présidente du groupe France Insoumise à l'Assemblée, Mathilde Panot.
00:19 Est-ce que vous, vous allez vous y rendre ? Est-ce qu'ils ont raison d'aller sur place ?
00:22 Alors, ils ont raison d'aller sur place.
00:24 Et c'est très bien qu'il y ait des élus qui aillent sur place
00:28 pour protéger aussi les manifestants et pacifier les situations sur place.
00:33 Mais moi, je ne pourrais pas y aller parce que j'ai déjà des engagements tout le week-end.
00:38 Mais si j'avais été libre, je serais évidemment allée.
00:42 Protéger les manifestants contre qui ?
00:44 Protéger les manifestants, presque j'ai envie de dire, parfois contre certains d'entre eux
00:50 qui peuvent vouloir faire déborder le vase et puis mettre aussi des écharpes
00:59 entre les forces de l'ordre et les manifestants, de sorte que les affrontements ne soient pas directs.
01:05 Et je tiens à apporter mon soutien ici aux soulèvements de la terre qui sont menacés de dissolution.
01:10 Alors, il y a un paradoxe, c'est que ce projet, il est aussi soutenu au nom d'arguments verts
01:14 parce qu'il permettra notamment d'alléger les routes alpines d'un million de poids lourds.
01:19 Il permettra de faire baisser les émissions de gaz à effet de serre.
01:22 On croyait que vous vouliez plus de trains et moins d'avions, non ?
01:25 Oui, mais il y a déjà des lignes qui existent.
01:27 Et en l'occurrence, en 20 ans, le fret ferroviaire entre la France et l'Italie a été divisé par 5.
01:33 Le fret ferroviaire a été saccagé ces dernières années par manque de soutien public.
01:39 Donc en fait, les millions qui sont mis devraient plutôt être mis sur le soutien à un réseau de fret
01:45 partout en France, aux lignes existantes, à la rénovation des lignes existantes,
01:49 au renforcement des infrastructures déjà existantes.
01:51 Ça suffirait. Les lignes existantes suffisent.
01:54 Mais là, en 20 ans, je vous dis, il y a eu une diminution par 5, du fret ferroviaire.
01:59 Donc on pourrait les multiplier par 5, c'est ce que vous dites.
02:00 Sans aucun problème, puisqu'il y a 20 ans, ça existait.
02:03 Donc je veux dire, c'est vraiment...
02:04 Mais ça, ça fait partie du problème dans lequel on est, où on ne pense que par la construction,
02:10 par des gros projets, etc. Alors qu'en fait, on a déjà tout, là.
02:14 Mais il faudrait des moyens pour que ça fonctionne.
02:17 – Vous dites que les élus doivent se rendre à cette manifestation,
02:19 même si elle est interdite, même si le préfet redoute des éléments radicaux, plusieurs centaines.
02:24 Est-ce que vous prenez aussi l'installation d'une ZAD pour cranter l'installation ?
02:28 Vous dites qu'il faut s'installer...
02:29 – Non mais là, maintenant, en France, on se met à avoir peur des ZAD,
02:31 alors que les ZAD sont quand même des zones, globalement,
02:34 juste, qui occupent des terrains pour le bien commun.
02:36 Enfin, je veux dire, il n'y a personne dans les ZAD qui défend un intérêt personnel,
02:39 dans cette affaire. On ne défend que la planète, en fait.
02:42 On ne défend que la planète. Et la planète, en fait, on en a tous besoin.
02:45 Donc, je veux dire, il n'y a pas de risque majeur,
02:48 et quand même il y a une ZAD qui s'installe, il y a une ZAD qui s'installe.
02:50 – Ce n'est pas grave pour vous, une ZAD ? – Non, ce n'est pas grave, non.
02:53 – Gérald Darmanin, elles sont dans le viseur de Gérald Darmanin.
02:55 – Non, ce qui est grave, c'est la disparition des oiseaux, des vers de terre,
02:59 le fait qu'il y ait des incendies incontrôlables au Canada,
03:02 le fait qu'on urbanise et on bétonnise encore les espaces naturels,
03:07 qu'on pense encore à construire des routes et des autoroutes,
03:11 là où on devrait au contraire planter des…
03:14 Enfin, je veux dire, c'est ça qui est grave, ça c'est très grave,
03:16 et ça met notre vie.
03:17 – Ce que craint le ministre de l'Intérieur dans les ZAD,
03:18 c'est le foisonnement, l'installation…
03:20 – Le foisonnement d'idées qu'il y a dans les ZAD ?
03:22 – En l'occurrence, plutôt de personnes qui pourraient se radicaliser,
03:24 c'est ce qu'il dit en tout cas.
03:26 – Eh bien, pour avoir visité plusieurs fois des ZAD,
03:27 eh bien, il y a là-bas quelque chose de l'ordre d'une autre société
03:30 qui s'invente, et c'est vraiment très intéressant.
03:32 Et j'invite le ministre de l'Intérieur à y aller et à participer
03:36 au débat qui se déroule dans les ZAD,
03:38 parce que vraiment une autre société s'invente.