Expulsion des fichés S, conflit Israël-Hamas, gauche divisée... Le "8h30 franceinfo" de Sandrine Rousseau

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Sandrine Rousseau, députée écologiste de Paris, était l'invitée du 8h30 franceinfo le vendredi 20 octobre 2023.

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00:00 Bonjour Sandrine Rousseau.
00:04 Bonjour.
00:05 Le ministre de l'Éducation, Gabriel Attal, a annoncé hier soir, je cite, "travailler
00:08 à des mesures qui permettraient de sortir les élèves radicalisés des établissements
00:12 scolaires".
00:13 Est-ce que ça peut faire partie des solutions à mettre en place selon vous ?
00:16 On est purement dans le répressif depuis le début alors que ce sont des mineurs.
00:20 Alors s'ils sont en danger, s'ils sont en danger pour les autres élèves de l'établissement,
00:24 il faut évidemment prendre des mesures de sécurisation.
00:26 Il n'y a pas de doute là-dessus.
00:27 Maintenant, moi ce dont j'ai peur c'est une forme de stigmatisation de ces élèves
00:31 et une condamnation presque ad vitame à être un danger pour la société alors que ce sont
00:35 encore une fois des mineurs qui sont dans un contexte avec un contexte familial, un
00:39 contexte de vie qu'il faudrait regarder de près.
00:45 Et par ailleurs, on reste dans un projet d'éducation et non pas de sanctions systématiques, aveugles
00:50 et sans rien d'éducatif dans le projet.
00:53 Donc ça n'est pas une bonne option pour protéger les professeurs ?
00:56 Ah si, je viens de vous dire que s'il y avait du danger, il fallait absolument protéger
01:01 non seulement les professeurs mais les élèves.
01:03 Il n'y a pas de doute là-dessus.
01:04 Il n'y a évidemment pas de doute.
01:05 Maintenant, je rappelle quand même que nous avons un projet d'éducation.
01:08 Mais comment protéger les écoles ?
01:10 Sandrine Rousseau, hier avaient lieu les obsèques de Dominique Bernard, professeur de français
01:14 assassiné par un terroriste islamiste.
01:16 Si la mort de mon frère avait servi à quelque chose, Dominique Bernard serait encore là
01:20 à dénoncer Mickaël Apathy, la sœur de Samuel Apathy.
01:22 Qu'est-ce que ça signifie ?
01:23 On n'a pas tiré les leçons et qu'est-ce que vous proposez ?
01:26 Déjà, saluer quand même le corps enseignant qui subit ça.
01:31 Moi, j'étais enseignante au moment où Samuel Apathy a été assassiné.
01:35 Je peux vous dire qu'on ne rentre pas le lendemain, pour ce qui me concernait, dans
01:38 un amphithéâtre ou dans une salle de cours de la même manière.
01:41 C'est-à-dire qu'on rentre avec la peur au ventre et on se dit qu'on est quand même
01:45 bien seul face à cela.
01:47 Et je voudrais aussi saluer le courage inouï de Dominique Bernard d'avoir protégé les
01:52 élèves, parce que dans un monde où les professeurs sont accusés de bien des maux,
01:55 bien des maux, parce que là j'ai vu que Gabriel Attal avait eu des maux que je trouve
01:59 totalement déplacés sur le fait qu'il fallait les former.
02:03 Comme s'ils avaient une part de responsabilité dans ce qui leur était arrivé.
02:07 Ou c'est peut-être qu'ils ne sont pas préparés à affronter des terroristes.
02:10 Non mais là, je rappelle quand même qu'il a perdu sa vie pour protéger des élèves.
02:13 Il a protégé des élèves, la vie d'élève.
02:17 Donc là maintenant, rendons hommage aux professeurs d'une manière générale à ce professeur
02:22 en particulier et réétablissons l'importance du professeur dans la société.
02:29 Mais concrètement, pour les protéger Sandrine Rousseau, pour protéger les établissements,
02:32 pour protéger les professeurs, qu'est-ce que vous proposez ?
02:34 On vient de vous parler d'une mesure proposée par Gabriel Attal.
02:38 Déjà qu'ils soient entendus par leur hiérarchie par exemple.
02:40 Par exemple, on a vu dans Samuel Paty que la hiérarchie avait été totalement absente
02:46 de sa protection.
02:47 Donc déjà qu'ils soient entendus dans leur protection, qu'ils soient entendus dans
02:49 leurs conditions de travail, qu'ils puissent avoir aussi des temps où eux-mêmes puissent
02:54 se confier par exemple s'ils sont face à des élèves difficiles, qu'est-ce qu'il
02:57 leur est proposé ? A part de la sanction, à part… Là on est dans un projet éducatif
03:03 où les enseignants sont seuls face à des classes et parfois face à des élèves difficiles.
03:09 Donc rétablissons la protection des professeurs.
03:12 Et puis par ailleurs, je pense qu'il faut protéger, y compris à l'entrée des lycées
03:16 s'il y a des soupçons de violences.
03:19 Mais comment on protège à l'entrée des lycées ?
03:21 Par quel dispositif protéger l'entrée des établissements ?
03:24 Quand on est dans une période de tension comme ça, je pense que là, il y a besoin
03:28 que la police, que ce soit municipale ou nationale, puisse se positionner en protection de l'entrée
03:33 dans les lycées.
03:34 60 000 écoles et collèges, collèges et lycées pardon, en France.
03:39 250 000 policiers, ça va devenir compliqué de mettre…
03:42 Non mais là c'est dans des moments de tension et sans doute pas partout.
03:45 Mais quand il y a eu les attentats du 13 novembre, après il y a eu un plan de sécurisation
03:50 des écoles par exemple.
03:51 Toutes les écoles qui avaient des cours qui donnaient sur la rue ont été protégées
03:55 avec des parvues, on a rehaussé les murs des cours d'école, etc.
04:00 Là il faut un plan de protection.
04:02 C'est en somme ce qu'a d'ailleurs annoncé Gabriel Attal en concertation avec les collectivités
04:09 locales hier soir, notamment sur la possibilité de mettre des nouvelles barrières ou des
04:14 portiques de sécurité comme le réclame notamment Laurent Wauquiez.
04:17 Et Laurent Wauquiez qui réclame aussi des logiciels de reconnaissance faciale ? Non, non, non, pourquoi pas ?
04:22 Mais parce que l'école c'est un lieu… En fait on est en train de transformer l'école en un lieu où la police peut rentrer par exemple.
04:31 Moi je ne suis pas d'accord avec ça.
04:32 Je pense que l'école est un lieu qui doit être protégé mais pour cela il nous faut des moyens humains par exemple.
04:36 Il faut qu'on investisse dans des personnels mais pas que des personnels.
04:41 Enseignants, il manque des enseignants donc il nous faut plus d'enseignants mais il nous faut aussi plus de personnels d'éducation d'une manière générale.
04:47 Où sont les surveillants, les gens qui accompagnent, les éducateurs dans l'école ?
04:53 Où sont les médecins scolaires, les infirmières, les infirmiers scolaires ?
04:56 Où sont tous ces personnels-là qui sont aussi des personnels tout à fait importants et pour détecter les élèves qui ont des problèmes,
05:04 que ce soit des problèmes de violence ou qui subissent eux-mêmes la violence d'ailleurs.
05:08 Parce que c'est un sujet qui est complètement passé à côté mais il y a plein d'élèves qui ont besoin d'être diagnostiqués sur les violences qu'ils subissent chez eux par exemple à l'intérieur de l'école.
05:20 Et l'école doit être un lieu safe pour ça.
05:22 Donc en fait là il faut un investissement qui ne soit pas qu'un investissement de caméras et de...
05:28 Il faut des moyens humains.
05:29 Il faut absolument, mais massivement, massivement des moyens humains.
05:32 Gérald Darmanin vote aussi expulser tous les étrangers dangereux.
05:35 Est-ce que vous êtes d'accord avec ce principe ?
05:37 Non mais voilà, on expulse, on expulse.
05:39 C'est devenu un mot magique.
05:41 Déjà ça veut dire, ça supposerait que le danger ne vienne que de l'extérieur.
05:45 Donc c'est quand même un discours dont il faudrait mesurer l'impact.
05:48 C'est-à-dire que là on entretient le discours, et c'est le ministre de l'Intérieur qui le fait,
05:53 il entretient le discours selon lequel la menace ne vient que de l'étranger.
05:57 Non mais il y a aussi cette menace de l'étranger.
06:00 Est-ce que ce n'est pas logique Sandrine Rousseau quand quelqu'un présente un danger de trouble à l'ordre public,
06:05 de l'expulser plutôt que de le laisser en liberté ?
06:07 Vous vous dites "ça, ça compte pas, on n'expulse pas".
06:10 Non, je n'ai pas dit ça, et là vous transformez mes propos.
06:13 Mais donc vous êtes d'accord ou pas ?
06:14 Je vous dis juste que quand on dit "les fichiers S vont pouvoir être expulsés",
06:16 on suppose que la menace vient uniquement de l'extérieur.
06:19 Et ça n'est pas vrai aujourd'hui.
06:20 Non, les fichiers S ne sont pas tous des étrangers, ça n'est pas vrai.
06:24 En l'occurrence, certains fichiers S, ils parlaient du FP, enfin voilà, de l'autre fichier.
06:28 Et par ailleurs, l'expulsion n'est pas la solution à tout.
06:32 On a l'impression qu'on est dans un mot magique,
06:36 alors on va expulser et tous nos problèmes seront résolus.
06:39 Un, ça n'est pas vrai.
06:40 Deux, on les expulseront et ils seront à la frontière franco-italienne, franco-allemande.
06:45 Qu'est-ce que ça résoudra en matière de sécurité ?
06:47 Donc là maintenant, il faut des mesures qui soient autres que des espèces de mots
06:51 dont Gérald Darmanin se paye pour essayer de montrer qu'il est en maîtrise de la situation.
06:57 Non, il faut à la fois des moyens judiciaires, des moyens de surveillance.
07:03 Parce que par exemple, sur les fichiers S, et on l'a vu,
07:07 moi qui ai fait une commission d'enquête par exemple, dans laquelle un fichier S était impliqué,
07:12 eh bien il n'y a pas de surveillance à la hauteur du danger de certains des fichiers S en tous les cas.
07:17 Donc il nous faut des moyens humains là aussi pour accompagner et surveiller les personnes.
07:22 Par ailleurs, je rappelle qu'aujourd'hui, on ne sait pas qui sont dans les fichiers S
07:26 et la dangerosité réelle des personnes.
07:29 Et je pense que là aussi, il y a eu quelques amalgames politiques,
07:33 notamment avec certains militants écologistes.
07:35 Sandrine Rousseau, députée écologiste de Paris.
07:37 On se retrouve dans un instant, juste après le Fil info de Maureen Suignard à 8h40.
07:41 Ce sont désormais plus de 5000 foyers qui sont privés d'électricité dans les Alpes-Maritimes,
07:46 conséquence du passage de la tempête Aline.
07:49 Le département est en vigilance rouge aux pluies et inondations.
07:52 Près d'un mois de pluie déjà tombé sur le département.
07:55 Tous les établissements scolaires sont fermés aujourd'hui.
07:58 L'armée israélienne reconnaît que l'une de ses frappes visant le Hamas
08:02 a endommagé une église à Gaza.
08:04 Un lieu où des civils innocents trouvent refuge,
08:07 s'insurge le patriarcat orthodoxe de Jérusalem qui dénonce un crime de guerre.
08:12 Le Hamas affirme qu'il y a des blessés et des morts sans donner de bilan précis.
08:15 En France, ce sont les alertes à la bombe qui se multiplient,
08:18 de fausses alertes qui entraînent de vraies évacuations,
08:21 dans les aéroports, les lycées ou encore au château de Versailles.
08:24 Ce sont des pertes financières, ce sont aussi des craintes pour le tourisme,
08:28 réagit sur France Info le maire de la ville de Versailles.
08:31 18 ans après la sortie de leur dernier album de chansons inédites,
08:35 les Rolling Stones dévoilent 12 titres.
08:37 Aknet Diamonds, leur 24e album d'enregistrement,
08:41 casting star au programme, Lady Gaga, Paul McCartney, Elton John
08:45 ou encore Stevie Wonder.
08:51 Le 8/30 France Info, Agathe Lambret, Jean-Rémi Baudot.
08:55 Toujours Alexandrine Rousseau, députée écologiste de Paris.
08:57 Gérald Darmanin promet qu'avec la nouvelle loi Immigration,
09:01 les personnes menaçantes arrivant en France avant 13 ans pourront être expulsées.
09:06 C'est une protection qui a empêché le terroriste d'Arras d'être expulsé.
09:10 Il envisage aussi d'éloigner des personnes qui n'ont pas été condamnées
09:14 mais qui seraient connues pour porter atteinte aux valeurs de la République,
09:20 pour séparatisme.
09:21 Est-ce que ça va dans le bon sens et est-ce que vous voterez donc cette loi dans le contexte ?
09:27 Alors déjà, nous n'avons pas le texte de loi.
09:29 Il est quand même peu probable que nous votions cette loi, mais surtout...
09:32 Mais pourquoi c'est peu probable, Sandrine Rousseau ?
09:34 Encore une fois, on est dans l'idée que l'étranger est la menace
09:41 et que la menace se résout de manière très simple par l'expulsion ou par la non-admission.
09:48 Mais ça vous l'avez dit, il y a aussi des Français qui sont fichés,
09:51 donc on ne se concentre pas que sur les étrangers.
09:53 Il se trouve que la question c'est qu'est-ce qu'on fait dans le cas où on est étranger.
09:54 Le débat politique se concentre uniquement sur les étrangers.
09:57 Et en fait, là, on est en train de basculer dans le fascisme précisément
10:00 parce qu'on concentre nos efforts uniquement sur les étrangers.
10:03 On ne parle que de ça, que de ça.
10:05 Tous les gens qui seraient dangereux en France ne seraient qu'étrangers.
10:08 Non, ça n'est pas vrai.
10:09 Et par ailleurs, il y a énormément de personnes qui sont dans des parcours de migration,
10:13 qui travaillent, il n'y a pas un restaurant à Paris quasiment qui pourrait travailler correctement
10:19 s'il n'y avait pas eu des parcours de migration et des personnes migrantes qui travaillent dans les cuisines.
10:23 – On va préciser, on parle en l'occurrence des étrangers radicalisés à portée islamiste.
10:29 On ne parle pas des étrangers en général.
10:32 – La menace, déjà la menace n'est pas que islamiste.
10:37 La menace n'est pas que islamiste.
10:39 L'extrême droite, par exemple, fait aussi partie des menaces.
10:41 – Mais il y a aussi des fichiers d'extrême droite, Sandrine Rousseau.
10:44 – Et par ailleurs, dire que la seule menace qu'il y a actuellement c'est l'attentat islamiste,
10:52 alors ça veut dire qu'on rentre dans le discours selon lequel
10:55 il y a un espèce de conflit de civilisation, un conflit de religion,
11:00 alors que aujourd'hui la menace est multiple en France
11:03 et qu'ils nous font une protection d'une manière générale.
11:06 – Mais les Français ne demandent plus de fermeté, Sandrine Rousseau.
11:09 Vous êtes élue, vous assumez de dire aux Français qui réclament plus de fermeté
11:13 "je ne voterai pas une loi" qui prétend combler les trous dans la raquette ?
11:17 – Aujourd'hui on a tous les moyens de régler la situation
11:20 des personnes qui sont les plus dangereuses.
11:22 – Donc il ne faut pas changer la loi ?
11:23 – Non, on peut changer la loi, on ne va pas se payer de mots
11:27 en disant que "dormez bien, braves gens, nous allons expulser,
11:31 nous allons expulser, nous allons expulser, nous allons expulser,
11:34 du matin au soir nous allons expulser, ce sera bien".
11:36 Moi je suis allée à la frontière franco-italienne,
11:38 ce que j'ai vu c'est des gamins, c'est des gens qui traversent la montagne
11:43 avec des tongs aujourd'hui pour rentrer et qu'on remet à la frontière italienne
11:48 et qu'ils reviennent le lendemain.
11:49 – Est-ce que vous ne fermez pas les yeux sur la réalité ?
11:50 – Qu'on remet à la frontière italienne et qu'ils reviennent le lendemain.
11:53 Là en fait on est dans une politique migratoire
11:57 qui est à côté de la réalité migratoire.
12:00 Il y a plein de gens qui arrivent en France qui servent en fait l'économie française.
12:04 Il y a plein de gens qui sont là depuis des années
12:06 qui ne sont non seulement pas dangereux mais qui en plus
12:08 ont une activité à l'intérieur de la France.
12:10 – C'est le deuxième volet de la loi immigration.
12:12 – Maintenant s'il y a des personnes dangereuses dans les personnes qui migrent,
12:16 eh bien de toute façon aujourd'hui déjà on ne les accepte pas.
12:20 Donc on a tous les moyens de ne pas accepter des personnes dangereuses,
12:25 on a tous les moyens de le faire.
12:26 Donc là c'est juste un prétexte mis pour durcir les conditions d'accueil de personnes
12:34 qui par ailleurs ont un rôle à jouer en France.
12:36 – L'exécutif souhaitait interdire les manifestations pro-palestinienne.
12:40 "Il fallait un délai de décence" a dit hier Emmanuel Macron devant des jeunes,
12:45 parlant des risques d'éléments ultra radicaux
12:49 qui pourraient s'infiltrer dans ces manifestations.
12:52 Est-ce que vous comprenez qu'à une période,
12:55 puisque là le tribunal a dit qu'il ne fallait pas les interdire systématiquement,
12:59 est-ce que vous comprenez qu'à une période le gouvernement a dit
13:01 "il faut les interdire pour des questions d'ordre public".
13:05 – Mais c'était des manifestations pour la paix.
13:08 – C'était des manifestations de soutien.
13:10 – C'était des manifestations pour la paix.
13:12 – On a entendu Sionisse et Dénure la dire.
13:14 – C'est des terroristes Sandrine Rousseau,
13:16 on a entendu des slogans qui n'étaient pas des slogans fascistes.
13:18 – Je condamne le Hamas, il n'y a pas de sujet,
13:22 ce qui s'est passé en Israël est inadmissible.
13:26 Simplement là c'était des manifestations pour la paix.
13:29 Et maintenant il nous faut regarder aussi la situation en Palestine et à Gaza.
13:34 Là aujourd'hui la France n'a pas une voie à la hauteur de l'enjeu
13:37 pour protéger la population civile gazaouie.
13:41 Nous n'avons pas une voie suffisamment forte pour imposer une solution à deux États,
13:46 même si aujourd'hui elle est difficile à obtenir,
13:49 mais il faut que nous puissions poser ce débat-là.
13:51 Aujourd'hui nous ne posons pas la question de la situation réelle de la population de Gaza,
13:59 qui est enfermée maintenant depuis de nombreuses années à l'intérieur de ce territoire
14:04 qui est un confetti et qui aujourd'hui est sous les bombardements
14:07 et qui par ailleurs va subir sans doute une avancée de l'armée israélienne sur le territoire,
14:13 sans qu'il n'y ait eu la moindre possibilité d'acheminer de l'aide humanitaire
14:19 et qu'il n'y ait pas eu la moindre voie pour demander à ces…
14:21 – Vous voyez la difficulté de poser le débat de la question humanitaire de la Palestine.
14:26 Comment est-ce que très concrètement et de manière peut-être plus apaisée
14:29 on arrive à parler de la question palestinienne sans amalgame avec la question du Hamas ?
14:33 Est-ce que c'est possible selon vous ?
14:34 – Bien sûr, je viens de le faire, on condamne le Hamas,
14:36 le Hamas est un organisme terroriste qui veut l'éradication d'Israël,
14:40 donc il n'y a pas de sujet là-dessus.
14:41 Maintenant la population civile gazaouie n'est pas le Hamas.
14:44 – Mais est-ce qu'il a le droit de se défendre Sandrine Rousseau ?
14:47 Est-ce qu'il a le droit de choisir Larry Post ?
14:48 – Israël a le droit d'avoir des actions contre le Hamas,
14:55 Israël n'a pas le droit, en fonction du droit international,
15:00 en respect du droit international, Israël n'a pas le droit de bombarder des civils.
15:05 Israël n'a pas le droit de continuer une politique de prédation de terre
15:12 comme ils l'ont fait dans les colonies en Cisjordanie
15:16 ou qui sont en train possiblement de le faire à Gaza.
15:20 Où est la loi internationale pour rétablir un tout petit peu d'équilibre dans la situation ?
15:24 – Vous parlez de crimes de guerre de la part d'Israël aujourd'hui ou pas ?
15:27 – Pour l'instant, en tous les cas, il y a des bombardements aveugles
15:30 et on demande d'évacuer des populations dans un territoire
15:34 où il n'y a pas de possibilité d'évacuation.
15:35 Je rappelle que la bande de Gaza fait 5 km de large, 5 km de large.
15:40 Donc comment on peut évacuer et comment on peut demander à une population
15:43 qui est complètement enfermée sur une bande de 5 km de large,
15:46 "Poussez-vous, on va bombarder."
15:48 Non, non, et la France doit avoir une voix là-dessus Emmanuel Macron.
15:51 Et tout en condamnant avec la plus grande fermeté le Hamas
15:56 et les attentats qui ont eu lieu en Israël.
15:58 Il n'y a pas de doute là-dessus.
15:59 Mais précisément, il nous faut aussi avoir un équilibre dans notre position.
16:03 – C'est clair pour nous.
16:04 Emmanuel Macron, est-ce qu'il doit se rendre en Israël
16:06 pour peut-être faire partie des médiateurs ?
16:08 D'autres y sont allés, le britannique Richie Sunak
16:11 ou encore le chancelier allemand ou l'américain évidemment.
16:14 – Oui, mais je pense surtout qu'ils devraient y aller ensemble les Européens
16:17 pour poser une voix qui soit européenne
16:20 et qui pose les termes du respect du droit international encore une fois.
16:23 Et qui se confronte aussi à une question qui n'est pas encore posée
16:27 dans le débat politique qui est que le gouvernement d'Israël
16:30 est un gouvernement d'extrême droite.
16:33 Et qu'on ne peut pas soutenir aveuglément un gouvernement d'extrême droite
16:38 fut-il attaqué comme il l'a été.
16:40 C'est-à-dire que là on doit…
16:41 – En ce moment, il y a un gouvernement d'union.
16:44 – Oui mais…
16:44 – Pour une durée temporaire, pour la durée de la guerre.
16:47 – Pour la durée temporaire.
16:48 Et par ailleurs Netanyahou s'était allié avec les pires extrémistes
16:53 dans son gouvernement, ce qui justifiait une forme de violence
16:57 vis-à-vis du peuple de Cisjordanie et du Hamas.
17:00 Donc là en fait maintenant il faut rétablir un peu l'équilibre.
17:03 Il faut avoir des mots justes, il faut avoir des mots qui soient équitables
17:06 et des mots qui permettent de retrouver le chemin de la paix.
17:10 Donc il faut un cessez-le-feu.
17:11 Alors l'Union Européenne a décidé d'une pause humanitaire,
17:16 ce qui est un petit progrès mais qui n'est pas suffisant évidemment pour…
17:20 – Voté notamment par les Verts à Bruxelles.
17:21 – Bien sûr, mais ils ont aussi voté le cessez-le-feu.
17:23 Et tout le monde à gauche aurait préféré le cessez-le-feu,
17:26 mais il y avait une majorité sur pause humanitaire,
17:28 ce qui est inférieur à cessez-le-feu.
17:30 Et en cela il y a un regret à avoir sur le fait qu'on ne puisse pas poser le mot cessez-le-feu.
17:34 Mais déjà le mot…
17:35 – C'est parce qu'Israël a le droit aussi de se défendre.
17:38 – Ils ont le droit d'attaquer le Hamas,
17:39 mais ils ne peuvent pas attaquer la population civile du Hamas,
17:45 de la population civile de Gaza.
17:48 Et précisément le Hamas n'est pas la population civile.
17:51 Et en plus ce qu'il faut bien comprendre sur la situation à Gaza,
17:54 c'est que le Hamas peut se cacher dans les souterrains etc.
17:58 ce que ne peut pas faire la population civile pour une grande part.
18:01 Donc en fait là on a des enfants,
18:03 on a des personnes qui vivent sous la peur de prendre une bombe à chaque instant,
18:08 alors même qu'ils ne sont pas comptables de ce qui s'est passé en Israël.
18:12 – Sandrine Rousseau, on se retrouve dans quelques instants
18:14 après le fil info de Maureen Seuniar à 8h51.
18:17 [Générique]
18:18 – L'Amérique est un phare pour le monde,
18:20 les mots de Joe Biden qui s'adresse aux Américains.
18:22 Le président tente de créer une union nationale,
18:25 il veut débloquer des milliards de dollars d'aides pour Israël et l'Ukraine.
18:29 S'assurer que ces pays sont victorieux est vital pour la sécurité américaine,
18:33 dit-il encore.
18:34 Ce matin l'armée israélienne annonce l'évacuation d'une ville
18:37 d'environ 25 000 habitants tout près de la frontière libanaise.
18:40 La zone est sous tension depuis deux semaines,
18:42 des tirs quotidiens entre le Hezbollah libanais et l'armée israélienne.
18:47 Près de 250 personnes évacuées de manière préventive dans les Alpes-Maritimes
18:51 mais aucun blessé signalé.
18:53 Le département est toujours en alerte rouge aux pluies et aux inondations.
18:57 Près d'un mois de pluie déjà tombée en quelques heures,
19:00 plus de 5 000 foyers sont aussi ce matin sans courant.
19:03 C'est sans le 15 de France que la compétition se poursuit
19:07 mais ça continue bien, vous pourrez la suivre sur France Info.
19:09 Première demi-finale de la Coupe du monde de rugby ce soir à 21h au Stade de France,
19:14 Argentine, Nouvelle-Zélande et demain l'Angleterre sera contre l'Afrique du Sud.
19:18 Toujours avec Sandrine Rousseau, députée écologiste de Paris,
19:29 Karim Benzema est en lien avec les frères musulmans,
19:32 accuse Gérald Darmanin alors qu'après être resté silencieux
19:35 face à l'attaque du Hamas contre Israël, le footballeur avait posté sur X-Twitter
19:39 son soutien aux Palestiniens.
19:41 Vous aussi, cela vous a choqué ?
19:43 Ce qui me choque c'est que le ministre de l'Intérieur,
19:47 alors que nous sommes dans une situation qui par bien des aspects est explosive
19:52 et par bien des aspects doit nécessiter l'attention précise du ministre de l'Intérieur,
19:59 eh bien qu'il s'amuse à regarder les tweets d'un footballeur.
20:01 Enfin je pense qu'on n'est pas du tout du tout au niveau, mais pas du tout, pas du tout.
20:05 À quel moment on se rend compte qu'on est en train complètement de se ridiculiser là en fait ?
20:10 Il dit que ça devrait interpeller tout le monde qui n'est pas tweeté par exemple
20:14 après l'assassinat du professeur de français d'Arras.
20:16 Il dit que s'il tweet pour pleurer Dominique Bernard, à ce moment-là il retirera ses propos.
20:21 Non mais c'est… là c'est un footballeur. Benzema est un footballeur.
20:27 20 millions d'abonnés sur Twitter.
20:28 Oui très bien c'est un footballeur, enfin on arrête enfin.
20:31 Le ministre de l'Intérieur il n'a rien d'autre à faire que de lire les tweets de Benzema.
20:35 Franchement on est dans cette situation-là et que fait le ministre de l'Intérieur ?
20:38 Il lit des tweets ? Mais non en fait.
20:40 Non quand est-ce qu'on réagit là ? On est en train de perdre toute notre boussole.
20:45 Non on a quelque chose de l'ordre d'une unité nationale à trouver,
20:48 ce qui me semble être d'ailleurs une priorité politique que nous devons trouver aujourd'hui en France.
20:55 Mais la question d'un tweet de Benzema n'est pas du tout à la hauteur de l'enjeu de ce qui se passe actuellement dans le monde.
21:00 Alors en parlant de boussole, en parlant d'unité nationale,
21:03 l'insoumise Daniel Obono a qualifié le Hamas de mouvement de résistance,
21:06 après que Jean-Luc Mélenchon ait refusé de qualifier le Hamas de terroriste.
21:10 Quelle est votre position par rapport à ça ?
21:11 Vous l'avez dit tout à l'heure, Hamas terroriste,
21:13 mais quel regard vous portez sur cette partie de la gauche et vos partenaires politiques
21:18 qui semblent avoir des difficultés, pour le dire simplement, à poser des mots ?
21:23 Je suis en désaccord profond. Je suis en désaccord profond.
21:27 Je pense qu'en plus, ce qui se passe actuellement nous invite à avoir, nous à gauche,
21:34 un discours qui est différent de ce qui est posé actuellement.
21:38 C'est ce que j'ai essayé de faire depuis le début de cette interview,
21:41 de dire nous avons à la fois posé les mots sur l'horreur et le caractère abject et terroriste de ce qui s'est passé en Israël.
21:51 Et en même temps, une fois que l'on a posé ça, de garantir les termes du droit international
21:55 et du respect des populations, et notamment à Gaza.
21:58 Donc en fait, là, pour moi, ce type de propos rend inaudible une position à gauche.
22:04 Et en fait, c'est cela qui est le sujet qui me rend vraiment…
22:10 Ce n'est pas une question de fond, de valeur, une question de principe ?
22:13 Parce que vous dites que vous condamnez, mais vous pouvez encore travailler avec eux ?
22:17 On doit travailler dans le cadre d'instances de discussion.
22:22 En fait, ce qui nous manque aujourd'hui dans la NUPEJ, je vais le dire comme ça.
22:24 Oui, je vais vous le dire d'une manière différente.
22:27 Ce qui nous manque aujourd'hui, c'est un espace de discussion quand il y a des situations comme ça,
22:31 où on puisse échanger sur la manière dont on parle de cette situation.
22:35 Là, aujourd'hui, nous n'avons aucun espace où nous pouvons nous dire,
22:38 mais voilà ce que tu as dit, ça ne va pas, comment on fait pour retrouver une forme de cohésion
22:42 et que notre voix porte dans le débat national.
22:46 Et en fait, c'est à cela que nous devrions consacrer notre énergie.
22:49 Donc vous pouvez toujours travailler avec…
22:50 Ce ne sont pas des différences de fond qui font que vous êtes irréconciliables ?
22:54 Vous êtes prêt à travailler avec des gens qui ne veulent pas qualifier leur Hamas de terroriste ?
22:58 Ils ont quand même qualifié l'attaque de crime de guerre.
23:01 Donc voilà…
23:02 Ce n'est pas la même chose, vous voyez bien la subtilité.
23:04 Je suis en désaccord et je voudrais qu'on ait une instance où je peux leur dire,
23:08 ce que vous avez fait est une erreur, ce que vous faites est une erreur.
23:10 Je pense que le Hamas doit être qualifié de terroriste.
23:14 Et je pense que derrière, ça nous permet aussi de dérouler un autre discours
23:18 sur la situation israélo-palestinienne qui, pour l'instant, n'arrive pas à percer,
23:23 n'arrive pas à s'imposer précisément parce que nous sommes enfermés dans des polémiques comme cela.
23:27 Mais est-ce qu'une autre instance,
23:29 c'est pas tout simplement une autre alliance programmatique, politique de la gauche
23:34 qui peut-être exclurait ceux qui se mettent en marge de votre pensée et de vos valeurs ?
23:38 Moi, je pense qu'il faut faire le cadre, qu'il faut faire les instances dans lesquelles on discute
23:41 et bien qui a envie de discuter en fait.
23:44 Et puis sur cette base-là, on construit quelque chose.
23:47 Là, je vais vous dire, j'ai passé trois ou quatre jours enfermés à l'Assemblée nationale
23:52 quasiment du matin jusqu'à minuit le soir pour travailler sur le budget de loi,
23:57 sur le projet de loi sur le budget de la sécurité sociale.
24:03 Dans le cadre de ces discussions qui sont extrêmement tendues avec la majorité
24:07 parce qu'il se cache encore des loups dans ce projet de loi sur la sécurité sociale,
24:11 et bien nous n'avons jamais hésité à voter ensemble sur tous les amendements
24:16 que les uns et les autres avaient proposés.
24:18 Et nous n'avons jamais eu la moindre hésitation sur le fait qu'on levait la main
24:22 quand les amendements étaient posés parce que nous partageons le fonds.
24:25 - Mais Sandrine Rousseau, on parle de condamnation du terrorisme et d'ambiguïté face à l'antisémitisme.
24:30 C'est des sujets quand même de fond assez fondamentaux, non ?
24:33 Est-ce que, regardez, l'autre jour, Fabien Roussel, le communiste sur France Info,
24:37 a appelé à la création d'une nouvelle union avec les insoumis en rupture de banc avec Jean-Luc Mélenchon,
24:42 comme François Ruffin ou Alexis Corbière. Est-ce que ce ne serait pas ça la solution ?
24:45 - Je n'ai pas entendu que François Ruffin avait parlé de cela par ailleurs.
24:49 Et je vous dis, je condamne. Le Hamas est une organisation terroriste, je n'ai pas de doute là-dessus.
24:54 Et par ailleurs, je l'ai dit sur une autre antenne, je pense qu'on a un sujet aussi à gauche
24:58 où il nous faut travailler sur le rapport que l'on a à l'antisémitisme.
25:04 - Je ne vous en chargerai rien, Annipes, vous restez dans l'Union.
25:06 - Et donc, je trouve que nous avons un devoir qui est...
25:10 Là, en fait, ce que l'on met en scène, c'est l'incapacité de la gauche à gagner le pouvoir.
25:14 Eh bien, il faut que nous mettions en scène la capacité de la gauche à gagner le pouvoir.
25:17 Et pour ça, il faut que nous soyons très clairs sur nos positions.
25:19 - Sandrine Rousseau, débutée écologiste de Paris, merci beaucoup d'avoir été l'invitée du 8.30 ce matin.

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