Sandrine Rousseau, députée écologiste de Paris, était l'invitée politique de franceinfo, lundi 12 février 2024.
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00:00 Bonsoir à vous Sandrine Rousseau. Bonsoir.
00:02 Alors ça ne vous a pas échappé, ce débat qui fait rage depuis l'annoncière par Gérald Darmanin de mettre fin au droit du sol à Mayotte.
00:09 Est-ce la bonne solution à vos yeux ?
00:12 Non et en l'occurrence on a l'impression que ce droit du sol qui a été remis en cause par certains membres de l'Assemblée lors de la loi Immigration revient par la fenêtre.
00:22 Et en fait non, la France c'est le droit du sol et c'est notre histoire et le remettre en cause à Mayotte c'est le remettre en cause finalement partout en France.
00:31 Et on le voit d'ailleurs, Jordan Berdela saute dessus comme un prédateur sur de la viande fraîche pour essayer d'installer l'idée que le droit du sol n'est pas une évidence non plus à l'intérieur des frontières de l'Hexagone.
00:47 Ça c'est pas possible et je le dis avec tranquillité, c'est-à-dire que le droit du sol là en l'occurrence ça ne résoudra rien mais rien dans la crise de Mayotte.
00:54 C'est-à-dire que c'est pas...
00:55 Reconnaissez quand même que les habitants du 101ème département français n'en peuvent plus face à une immigration qui est hors de contrôle.
01:02 Non mais l'immigration...
01:03 Qu'est-ce qu'on fait ?
01:04 Le droit du sol c'est les bébés qui naissent sur le sol français.
01:07 Oui, c'est ce qui attire, c'est ce qui fait affaire l'air.
01:12 Non, c'est mineur par rapport au problème que connaît Mayotte aujourd'hui qui est un réel problème et qui est une espèce de surcharge sur un territoire qui est petit avec des ressources naturelles limitées.
01:21 Tout ça je l'entends mais ça n'est pas en ayant une espèce d'annonce comme ça pour séduire encore une fois l'électorat d'extrême droite comme il le fait à chaque fois que Gérald Darmanin va résoudre cette crise.
01:31 Donc soyons raisonnables et responsables et trouvons des solutions ensemble.
01:34 Une solution quelle est-elle ? Par exemple c'est une plus grande sécurité pour Mayotte ?
01:38 C'est de revoir les liens avec le reste des comores, de faire en sorte qu'il y ait la possibilité pour les personnes qui viennent, pourquoi pas d'avoir des soins ?
01:48 Parce qu'une des motivations serait par exemple d'avoir des soins mais pourquoi pas leur offrir la possibilité d'avoir des soins et de repartir ensuite.
01:55 Et en fait d'avoir une fluidité dans les parcours de migration ce qui nous manque d'ailleurs de manière importante partout en Europe.
02:01 Alors je m'adresse à la députée écologiste de Paris. La norme DPE recalculée pour sortir "140 000 petits logements des passoires thermiques".
02:13 Vous êtes pour cette mesure annoncée par le gouvernement ?
02:16 Non mais c'est fascinant, on a l'impression que ce sont les normes écologiques qui sont le problème en France.
02:20 Il y a 2,6 millions de personnes qui sont en attente de logement en France et on a l'impression que le problème c'est le DPE mais en fait...
02:28 Le diagnostic énergétique des maisons, des appartements.
02:30 Oui mais en fait la question que j'ai envie de poser à Gabriel Attal c'est êtes-vous conscient qu'on a un problème climatique ?
02:37 Avez-vous cette conscience-là ? Avez-vous regardé les études scientifiques ? Avez-vous lu les scientifiques ?
02:43 Parce qu'on nous reproche à nous beaucoup d'être irrationnels mais là je trouve que c'est irrationnel cette position de systématiquement aller chercher les normes environnementales comme si c'était le sujet.
02:52 Non, aujourd'hui nous avons un manque de logement, 2,6 millions de personnes encore une fois qui ont besoin d'un logement et ça n'est pas la suppression du diagnostic énergétique qui va changer quoi que ce soit.
03:03 Mais je suis habitué que la règle du diagnostic énergétique Sandrine Rousseau était biaisée, il fallait revenir là-dessus.
03:08 Non mais moi je vous réponds, le déni climatique ça commence à bien faire. Le déni climatique ça commence à bien faire.
03:13 Et franchement j'ai l'impression d'avoir les années Sarkozy, les années 50 où la question écologique n'existait pas.
03:18 Aujourd'hui il est impossible de ne pas regarder en face, on est dans une situation où on a dépassé les 1,5 degrés d'augmentation des températures depuis plus de 12 mois en moyenne.
03:29 Les courants marins commencent à montrer des signes de faiblesse extrêmement inquiétants, il n'y a plus de neige dans les stations de ski. Jusqu'où on continue comme ça ?
03:37 Les ONG qui claquent la porte là ce soir de la réunion sur le plan éco-phyto, vous n'êtes pas surprise ?
03:42 Mais évidemment, pourquoi les normes étaient faites sur la diminution des pesticides et pourquoi il y avait-il cette volonté de diminuer les pesticides et d'accompagner les agriculteurs qui rentraient dans cette diminution des pesticides ?
03:55 Parce que c'est un problème de santé publique, ça n'est pas un problème de revenu agricole, c'est un problème de santé publique.
04:02 Et après le problème de revenu agricole c'est un problème de prix plancher, c'est un problème d'accompagnement des exploitations les plus petites,
04:08 c'est un problème de politique agricole commune mais ça n'est pas un problème de plan éco-phyto ou de diminution du glyphosate.
04:15 Là nous devons vraiment passer à un autre âge de l'agriculture et dans cet autre âge il va falloir prendre en compte le sujet des pesticides à la hauteur de ce que ça génère sur la santé et sur la biodiversité.
04:25 Et vous dites ce soir Sandrine Rousseau, le déni climatique ça commence à bien faire. Vous êtes très mobilisée sur la question des violences faites aux femmes.
04:31 Je vous ai vu tiquer tout à l'heure avec l'annonce de la ministre Aurore Berger, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, qui veut passer au cribe les associations féministes
04:41 qui n'ont en fait rien dit de l'attaque terroriste du Hamas en Israël de cet octobre.
04:46 Oui mais moi par exemple j'ai créé une association féministe il y a de ça plusieurs années que j'ai quittée au moment où j'ai repris la politique.
04:53 Mais elle s'occupe des femmes qui sont en difficulté, qui vont extrêmement mal, elle fait des groupes de parole.
05:00 Je ne suis absolument pas sûre qu'elle ait eu le moindre mot sur le 7 octobre et de toute façon ça n'est pas son objet en réalité.
05:06 Vous êtes d'accord qu'il y a eu un silence assourdissant à ce moment là ?
05:08 Oui très bien mais dans ces cas là c'est un combat politique qu'il faut mener pour faire reconnaître les féminicides de masse.
05:13 Mais ça n'est pas en allant chercher comme ça à l'intérieur de chaque association qui a dit quoi que...
05:20 Et je rappelle quand même que la liberté d'association est une liberté fondamentale en France.
05:26 Que c'est cette loi qui sépare les associations de l'État et qui fait en sorte que la garantie de liberté de s'associer soit précisément garantie.
05:36 Donc en fait là petit à petit mais moi je vous le dis avec grande tristesse...
05:40 Ça a été un peu passé sous silence quand même.
05:41 Non mais je vous le dis avec grande tristesse. Petit à petit on grignote nos libertés publiques.
05:45 Petit à petit on revient sur ce qu'ont été les fondamentaux de notre République et je pense que nous le payerons cher à un moment.
05:52 Sandrine Rousseau nous sommes deux semaines...
05:54 Et quand bien même je ne suis pas d'accord avec celles qui n'ont pas eu de parole claire.
05:57 Pardon ?
05:58 Et quand bien même je ne suis pas d'accord avec les associations qui n'ont pas eu de parole claire.
06:01 Moi j'ai eu des paroles extrêmement claires.
06:02 Oui vous avez eu des paroles claires.
06:03 Mais ce que je dis c'est que la liberté d'association c'est quelque chose de fondamental.
06:07 D'accord et vous vous avez été claire à ce moment là ?
06:08 Absolument.
06:09 Vous avez énoncé les violences en question.
06:11 Sandrine Rousseau nous sommes à deux semaines des Césars.
06:13 Il y a eu les déclarations de Judith Godrech.
06:18 Est-ce que au fond l'Académie des Césars dit qu'elle ne fera pas la promotion des oeuvres primées si un membre de la réalisation ou du casting était visé par des accusations ?
06:26 Vous êtes d'accord avec ce principe ?
06:28 Là on est dans quelque chose de très important, de très fondamental qui est en train de se passer dans le cinéma
06:34 qui est qu'on ouvre les portes de placards et à l'intérieur on voit que ce n'est pas bien propre.
06:38 Et en fait l'incroyable force du témoignage de Judith Godrech comme l'incroyable force de celui qu'avait eu Adèle Haenel,
06:47 comme l'incroyable force aussi de Judith Schemla, je pense que là quelque chose s'ouvre de l'ordre de vous ne pouvez pas nous humilier,
06:58 vous ne pouvez pas utiliser nos corps pour être des espèces de manière de s'imposer dans le cinéma.
07:04 C'est un rapport au corps des femmes, à la liberté des femmes à disposer de leur corps, c'est un rapport au respect des femmes,
07:12 au respect des enfants, des adolescents, parce que je rappelle qu'une partie de ces affaires sont en deçà de la majorité.
07:18 Mais garde quand même à la cancel culture qui peut s'installer à terme.
07:22 Non mais la question là pour le coup, moi je ne suis pas pour qu'on efface par exemple les films de Gérard Depardieu,
07:28 je dis juste qu'on doit regarder Gérard Depardieu pour ce qu'il est.
07:31 Il est un homme et un artiste et l'homme aujourd'hui est accusé par nombre de femmes de comportements qui tombent sous le coup de la loi
07:39 et qui peuvent même être du viol.
07:41 Donc voilà, il faut regarder ça en face.
07:44 Et peut-être que ça nuira à l'admiration que l'on en a, et bien peut-être que ça poussera aussi d'autres acteurs futiles grands à changer de comportement.
07:53 En tous les cas merci à vous Sandrine Rousseau, je rappelle à la députée écologiste Europe Ecologie des Verts de Paris d'avoir répondu à nos questions ici même.
08:00 ici même sur France Info.