Abonnez-vous à la chaine et retrouver toutes l'actu sur nos pages :
https://www.facebook.com/non.au.loups/
https://www.facebook.com/Europe.loup
https://www.facebook.com/non.au.loups/
https://www.facebook.com/Europe.loup
Category
🐳
AnimauxTranscription
00:00 *Musique*
00:08 Et en train de biner le Romarin, après le président de la chambre d'agriculture, c'est incroyable ce pays de vanne,
00:13 le président de la FDSA, le syndicat le plus important, Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles des Alpes et d'Autres Provences,
00:18 Laurent Despier, dans le Romarin, que vous êtes en train de biner, il s'agit de faire quoi en fait ?
00:23 D'abord bonjour, en fait ce qu'il s'agit de faire c'est que, je sais pas si vous voyez, j'ai une petite cuve à l'avant,
00:28 parce que je suis en production en agriculture biologique et donc j'ai mis de manière frontale l'engrais organique au pied de la plante,
00:36 vous voyez, il reste des petites traces, et donc l'idée c'est de diminuer la présence des adventices entre les plants,
00:43 et donc du coup on passe avec une petite machine à bras pour éviter le piochage à la main, au moins il va durer au maximum.
00:49 Alors je t'étais en train, tout à l'heure, en introduction dans les tournesols, bref, de flatter ce territoire de Mannes, Fort-Calquier, Bannon, etc.
00:56 Vous avez quand même une diversité de productions, donc là on est dans le Romarin,
00:59 mais alors si on essaye de lister un peu ce qui se produit ici, on a vu évidemment les salades de Frédéric, l'ail, la lavande, le lavandin,
01:06 mais je vais en oublier, vous avez mis des tournesols, je l'ai dit, le blé, l'orge...
01:11 Le petit épotre ! Le petit épotre en IGP, parce qu'on fait part à quoi ? C'est une des productions un peu emblématiques du territoire,
01:18 il y a le petit épotre, il y a beaucoup de maraîchage diversifié, on voit des productions d'asperges sur le plateau là-haut,
01:23 c'est vrai que je crois qu'on a un territoire qui est très diversifié grâce aussi à son barrage,
01:28 parce que ça nous a permis d'avoir une multitude de cultures, d'avoir des exploitations qui sont plutôt spécialisées.
01:34 Même s'il va falloir le rehausser.
01:35 Oui, il va falloir le rehausser, on est dans une année un peu plus complexe que les années habituelles,
01:40 c'est vrai que c'est ce qui nous a permis d'avoir ces exploitations un peu disparates, avec de l'élevage au vin, sur le bas du village jusqu'à Dauphin,
01:48 même sur Fort Calquier on a des oliviers aussi, c'est vrai qu'on a une vraie diversité,
01:54 et en plus je trouve que ça fait des complémentarités de production.
01:58 Vous voulez vous déclarer principauté, déclarer l'autonomie de ce secteur ?
02:01 Je pense qu'on pourrait, il faut regarder mais je pense qu'on pourrait.
02:05 Vous êtes président de FDSEA, le syndical le plus important, bien au courant de ce qui se dit, des tracas de la profession,
02:11 donc tout le monde parle sécheresse surtout en ce moment,
02:13 on voit qu'il n'y a pas beaucoup de réserve dans les montagnes, pour ne pas dire pas du tout.
02:17 Quels sont les autres points délicats de la profession en ce moment ?
02:22 Les points délicats sont multiples, on parle même de la prédation, moi j'ai des gros sujets en ce moment.
02:29 Le sujet du moment c'est de dire "ça va mieux, ça va mieux", c'est le message général qu'on entend au niveau au gouvernement, ou au comité loup.
02:38 Oui voilà, j'y suis tout à l'heure, oui on nous dit que ça va mieux mais sauf sur le comptage, on a compté beaucoup plus de loups,
02:44 et en fait le sujet c'est que vous avez une multitude de problématiques,
02:49 vous avez parlé de la sécheresse tout à l'heure, on s'aperçoit que par exemple cette année,
02:53 en foin, en fourrage, on est à 40-45% de la récolte sur ce territoire.
02:58 On vous l'avait dit, il n'y avait pas de mentonneigeux, donc il y a des problèmes d'eau,
03:02 ça veut dire qu'on va se retrouver avec un automne plutôt difficile sur l'élevage,
03:05 plus les problématiques de l'ocean protection, j'étais récemment dans une commune
03:09 pour travailler sur la communication avec le grand public, les bons gestes qu'il faut avoir avec des patous,
03:16 avec des chiens qui protègent les troupeaux, travailler sur le lien avec les habitants et les éleveurs.
03:21 On se demande, je m'arrête sur le sujet des patous, si finalement le problème du loup, de la prédation,
03:26 n'a pas été remplacé presque plus par le problème des patous, des conséquences, d'avoir toujours l'œil, etc.
03:30 d'aller pour certains au tribunal, on l'a vu dans le 05.
03:33 - De toute façon, la prédation a généré énormément de problèmes,
03:38 puisque vous avez en plus avec l'effet Covid des gens qui ont besoin de nature,
03:43 besoin de vélo, besoin de marche, besoin de s'oxygéner,
03:48 et en même temps vous avez tout ce pastoralisme qui est historique et ancestral,
03:52 et donc la cohabitation est compliquée parce que vous avez de plus en plus de loups,
03:56 les éleveurs doivent de plus en plus se protéger,
03:58 et il y a de plus en plus de gens dans les montagnes,
04:00 et du coup c'est vrai qu'il y a une déclinaison de problématique avec une incompréhension,
04:05 c'est-à-dire que les gens pensent que les éleveurs mettent des chiens parfois
04:09 parce qu'ils sont subventionnés pour les mettre alors que c'est des protections,
04:12 avec une vision complètement ubuesque de ce que peut être l'élevage,
04:15 et donc c'est très compliqué en ce moment, on a un gros travail de pédagogie
04:18 pour montrer que l'éleveur est victime de la situation, il n'a pas demandé...
04:21 - Ah non, mais il s'en passerait. - Ah, il s'en passerait !
04:23 Et donc c'est très compliqué parce qu'on voit qu'il y a une petite montée comme ça en pression,
04:27 avec beaucoup d'incompréhension, et on a un gros travail de pédagogie, d'explication,
04:31 alors les gens sont plutôt bienveillants parce qu'ils s'aperçoivent que grâce aux bergers,
04:36 ils peuvent skier, on a ce territoire aussi grâce à l'agriculture,
04:39 donc s'il n'y a plus d'agriculture, il n'y a plus de territoire,
04:41 mais il y a beaucoup de pédagogie, il y a beaucoup de travail là-dessus.
04:45 L'autre sujet de Tracan, et alors ce qu'on en fait peut-être beaucoup,
04:48 d'en parler trop souvent, mais c'est ce problème des cours,
04:52 d'une part de la lavande, et de cette menace de la directive européenne
04:55 qui semble être un peu remise en cause, enfin bref, qui viserait à classer,
04:58 pour faire court, les dérivés du lavandin en produits toxiques.
05:02 Est-ce qu'on en fait un peu trop d'en parler si souvent, ou est-ce que c'est un vrai sujet ?
05:06 C'est un vrai sujet, mais je pense qu'à un moment, il faut aussi se poser.
05:11 L'Union européenne est en train de travailler avec les députés européens,
05:14 les sénateurs s'en sont emparés, la profession s'en est emparée,
05:17 je crois que là, actuellement, il faut essayer de laisser poser les choses,
05:20 on est en pleine récolte, du coup ça nous permettra d'avoir des situations de marché claires,
05:24 puisqu'on aura les nouvelles productions qui arrivent,
05:27 et je pense que l'Europe a l'air d'être sensibilisée sur le risque et sur l'enjeu territorial
05:33 lié à la production de lavandin.
05:35 Après, ce qui est vrai, ce qui a été complexe et ce qui est complexe,
05:38 c'est que nous avons des marchés extrêmement volatiles sur les céréales et les cultures vivrières,
05:42 donc les gens cherchent des compensations,
05:45 et c'est vrai que si vous avez une agriculture ou une production qui marche,
05:48 des fois tout le monde y va, elle se casse la figure, après une autre repart,
05:52 là on voit que le cours des céréales remonte, le cours des tournesols remonte,
05:57 donc peut-être que ça va recréer un petit équilibre et les gens vont revenir sur des productions
06:00 un peu plus, j'allais dire, éclatées sur leurs exploitations et permettre de relancer le marché.
06:05 Si on va un peu plus vers Revest-du-Bion ou à Bannons,
06:07 ceux qui sont bien dans le lavandin ou la lavande d'ailleurs,
06:10 on les entend râler en disant "mais pourquoi maintenant on en voit à Auraison,
06:14 pourquoi on en voit à Manosque, dans l'Auvar, dans les Plaines ?"
06:17 Ce qui n'est pas forcément l'usage.
06:18 - En fait, c'est vrai que ce qui a été la grosse problématique,
06:23 c'est que les territoires historiques ont planté ça parce qu'ils n'avaient pas d'autres sources de production.
06:29 Moi j'ai des collègues, ils plantent dans les cailloux, ils broient des cailloux pour lanter du lavandin.
06:32 Et c'est vrai que la montée du prix du lavandin, en même temps que l'inversement des courbes,
06:39 des productions de semences, du blé dur, tous ces prix qui sont effondrés,
06:42 on fait que des gens à l'irrigation se sont dit "mais pourquoi pas nous, vu les charges qu'on a,
06:46 on pourrait planter", sans s'imaginer qu'on est sur des marchés de niche dans la niche,
06:50 et que lorsqu'il y a trop de surface, forcément on est sur des marchés matures,
06:54 on est sur quasiment 2200 tonnes de production d'huile essentielle.
06:57 Donc quand vous êtes à 2004-2006, de suite vous avez des problèmes qui arrivent.
07:01 Et c'est vrai qu'il faut travailler pour protéger nos territoires historiques,
07:04 parce qu'il y a vraiment un enjeu pour notre territoire.
07:08 - Là où vous êtes plutôt dans le registre positif, on le sent bien en vous écoutant,
07:12 vous allez essayer de positiver dans les jours qui viennent,
07:13 en essayant de mettre encore plus, pour contrebalancer,
07:17 et peut-être pour faire un peu de lobbying aussi par rapport à l'Europe,
07:20 mettre en valeur qu'on plus, le lavand et le lavandin,
07:24 jusqu'à imaginer une reconnaissance.
07:26 - Oui, l'idée, ça sera vraiment de...
07:30 L'idée c'est d'inscrire notre production de lavandin dans le patrimoine,
07:34 au patrimoine de l'UNESCO.
07:37 Pourquoi ? Parce qu'en fait on s'aperçoit qu'au travers du lavandin,
07:40 il y a quand même toute une démarche territoriale,
07:42 c'est-à-dire que vous soyez un élu, que vous soyez un chef d'entreprise,
07:45 que vous soyez une office de tourisme, que vous soyez un habitant du territoire.
07:49 Il y a vraiment un caractère passionnel de notre production,
07:53 puisque ça, on le voit, ça a permis à des photographes, à des auteurs même,
07:59 Gionnaud disait "L'âme de la Provence, c'est la lavande".
08:02 - Pas loin de sa ferme d'ailleurs, qui est là-bas au milieu.
08:05 - Et du coup, c'est vrai qu'on a voulu monter un projet qui ne soit pas qu'agricole,
08:10 soit un projet qu'on construise tous ensemble et de territoire,
08:13 pour vraiment donner une dynamique, alors ce sera sur plusieurs territoires,
08:16 parce qu'on va jusqu'à la Drôme Provençale, et donc tous les producteurs historiques.
08:19 Mais l'idée, c'est de remettre en avant ce caractère assez exceptionnel
08:23 des territoires historiques de production de lavandins, et emblématiques,
08:26 et de les protéger, et d'influencer un peu aussi les acheteurs en disant
08:30 "Communiquer c'est bien, mais quoi, des mots d'amour c'est important,
08:33 mais il faut des preuves d'amour".
08:35 - Merci Laurent.
08:36 Merci, double merci, parce que quand vous êtes en réunion ou en représentation,
08:40 c'est autre chose, mais là vous êtes au boulot, vous avez coupé.
08:42 - Oui, mais c'est pas grave, y'a pas de soucis.
08:44 - Pour finir le champ, il y en a pour combien ?
08:47 - Je pense que j'en ai pour une bonne petite journée.
08:51 Mais après, vous voyez, quand on parle d'agriculture biologique,
08:55 c'est important, mais on voit que c'est du boulot,
08:57 c'est pas quelque chose qui se fait de manière simple,
08:59 vous voyez, il y a des graminées qui poussent,
09:00 donc ça veut dire qu'il faut passer souvent, il faut trouver des nouveaux outils,
09:04 des nouveaux modèles pour aussi diminuer la pénibilité,
09:07 parce que quand on a la chance d'avoir des salariés,
09:09 il faut aussi arriver à diminuer la pénibilité,
09:11 faire en sorte qu'ils puissent travailler, et s'épanouir au travail aussi.
09:16 - On sait que c'est compliqué de recruter, vous avez trouvé une bonne solution,
09:19 le hasard de la proximité, je crois que l'Abidine Fort-Quelquier,
09:22 c'est un réfugié politique qui travaille avec vous ?
09:25 - En fait, je suis passé par...
09:26 - Pour être instituteur dans son pays, pour...
09:29 - Ben c'est Zeraï, c'est quelqu'un qui...
09:31 Alors je l'ai rencontré grâce à une personne qui s'appelle Catherine Capdeville,
09:34 qui travaille à l'association Les Pieds sur Terre,
09:36 et qui s'investit énormément sur le besoin en main-d'œuvre agricole,
09:43 et en même temps, essaie de répondre à une détresse sociale
09:45 vis-à-vis des réfugiés politiques, il y a des Afghans, des Africains,
09:49 et du coup, j'ai rencontré cette dame qui m'a dit
09:51 "mais j'ai quelqu'un sur Fort-Quelquier qui pourrait travailler",
09:54 et du coup, on essaie de faire des partenariats avec justement la FDSEA,
09:59 avec eux, pour voir comment on pourrait peut-être pérenniser des emplois,
10:02 on va travailler sur la création d'un groupement d'employeurs,
10:04 et voir comment on peut essayer de pérenniser les emplois,
10:07 répondre à un besoin de main-d'œuvre agricole,
10:09 et en même temps, jouer notre rôle, parce que je pense que l'agriculture,
10:12 on ne le dit pas assez, on est dans des rares métiers
10:14 où il n'y a pas besoin d'avoir de diplôme,
10:15 les problèmes de la langue, on peut les passer,
10:17 et on peut évoluer, on peut travailler, on peut s'épanouir,
10:20 finalement, ce n'est pas plus dégradant d'être dans un champ
10:22 que de travailler dans une entreprise,
10:24 et donc l'idée, c'est de faire la promotion de l'emploi,
10:27 de montrer que l'agriculture, ça peut être un métier à la mode,
10:30 et en plus, maintenant, avec les outils que vous voyez,
10:32 on peut, vous l'avez vu chez Frédéric ou chez d'autres,
10:34 maintenant, on arrive à avoir quand même des conditions de travail
10:36 qui sont au niveau de la pénibilité,
10:39 alors je ne dis pas que vous êtes au soleil,
10:41 ça peut être difficile parfois,
10:42 mais je pense qu'on a vraiment fait des progrès,
10:44 il y a vraiment moyen de s'épanouir,
10:46 et permettre aux territoires ruraux de donner du travail à des gens
10:49 qui n'ont pas forcément les diplômes,
10:50 où il n'y a pas forcément le milieu économique au niveau des entreprises,
10:53 pour créer de l'emploi, et nous, on a une vraie valeur ajoutée pour ça,
10:55 je pense, pour les territoires du 04, même les territoires ruraux.
10:58 Merci Laurent, on vous laisse bosser.
11:00 [Musique]