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00:00 [Musique]
00:13 Des fois tu as l'habitude de tirer 3-4 secondes,
00:16 si dans les 3-4 secondes tu n'as pas assez de chance,
00:18 c'est tant pis pour toi.
00:20 [Tir]
00:22 [Tir]
00:25 [Musique]
00:28 Et c'est le retour de 13h15 le samedi.
00:32 Merci d'être au rendez-vous pour cette nouvelle saison.
00:35 Au sommaire aujourd'hui, des hommes et des loups,
00:37 source de fantasmes mais aussi d'angoisse bien réelle pour les éleveurs.
00:41 Dans les Hautes-Alpes, la semaine dernière, une image retient l'attention.
00:45 9 hommes cagoulés et armés enregistrent une vidéo et menacent de réagir.
00:49 Le loup est la cause de leur colère.
00:51 12 500 brebis tués en 12 mois, très vite une réaction,
00:55 celle de plusieurs associations qui s'indignent de cet appel à la violence.
00:59 Où est la solution pour enfin apaiser ces tensions et trouver une cohabitation ?
01:03 Direction le Mercantour, Lyon et le Vercors pour une immersion auprès des hommes et des loups.
01:08 Documents, 13h15 signés Patrice Brugère, Vincent Fischmann et Elise Lénier.
01:13 [Musique]
01:19 Le loup attaque souvent à la tombée de la nuit.
01:22 C'est à ce moment-là que la brigade loup prend position.
01:26 Ces agents de l'état sont les seules habilités à tuer le grand prédateur.
01:31 Vous ne verrez pas leur visage car le sujet est sensible.
01:35 - Des fois t'as une fenêtre de tir de 3-4 secondes,
01:38 si dans les 3-4 secondes t'as pas saisi ta chance, tant pis pour toi.
01:41 Dans les hauteurs du Mercantour, les loups sont revenus depuis 30 ans déjà.
01:48 Mais cet été, les attaques sur les troupeaux se sont multipliées.
01:52 - 80, 100 m là.
01:54 200 m.
02:00 Là on essaie de trouver un peu le collage optimum pour tirer, pour être prêt quoi.
02:12 On fait tous les réglages de la lunette aussi, la thermique.
02:16 [Tir]
02:17 Le préfet des Alpes-Maritimes vient d'autoriser plusieurs prélèvements,
02:23 le terme officiel pour la chasse aux loups.
02:26 Nous n'avons pas l'autorisation de filmer le tir.
02:29 [Tir]
02:31 Ici, à plus de 2000 m d'altitude, il y a 700 brebis pendant toute la belle saison.
02:43 Ce troupeau est en première ligne face aux loups.
02:46 C'est pour le protéger que la brigade est intervenue cette nuit là.
02:49 - Il y en avait 3, les collègues en ont vu 4.
02:54 Et il y a le gros gros là, ce gros machin qu'on voit depuis 3 ans.
02:57 - La mâchoire qu'il a.
02:59 - C'est une femelle.
03:00 - Et encore au niveau des pattes, elle était pas bien développée.
03:04 - Ouais mais par contre la mâchoire...
03:05 - Ouais ouais la mâchoire est costaud, comme tous.
03:07 C'est l'heure où tu travailles.
03:09 - Et ouais derrière...
03:10 La bergère Laurence a toujours côtoyé les loups.
03:13 Mais les prédateurs sont généralement invisibles.
03:15 - Y a un paquet de brebis mortes.
03:16 - Et ils sont arrivés des crêtes, après ils ont plongé.
03:19 - Et le gros il est malin.
03:20 - Parce que dès qu'il est sorti sur la crête...
03:22 - Il nous a sentis.
03:23 - Bah déjà il y avait la lune.
03:25 - Donc dans le pierrier là-bas, c'est compliqué.
03:27 - Et puis lui il est jamais sorti au clair.
03:29 - Et après c'est les 3 jeunes loups de l'année dernière.
03:33 - C'est ces petits quoi.
03:35 - Ouais.
03:36 - Ils ont survécu.
03:37 - L'individu qu'on a tué hier c'était pas un gros machin.
03:40 - C'est un tout de l'année dernière.
03:42 - Y avait le gros ?
03:43 - Le gros et 3 petits.
03:44 - Et 3 comme ça là.
03:45 - Ça veut dire que je réserve.
03:47 On continue à avoir des attaques de l'autre côté.
03:49 - Vrai ?
03:50 - Ah bah oui parce que c'est pas la même équipe.
03:51 Ça veut dire que là vous en avez vu 4,
03:53 donc il doit y en avoir au moins 12.
03:55 - Et le gros des attaques c'est où ?
03:57 Plus dessous dans le bois ?
03:59 - Ouais pendant le trajet, puis bon...
04:01 Ils sont dans ce chemin là.
04:03 Ce chemin qui est boisé.
04:05 C'est boisé donc...
04:07 Mais bon après ils peuvent très bien l'année dernière,
04:10 ils étaient au-dessus.
04:12 - Vous aviez l'air surpris messieurs,
04:14 qu'il y ait plus d'attaques cette année non ?
04:16 - C'est une espèce qui se développe vachement,
04:18 qui en est de plus en plus, ça nous entend pas.
04:20 Mais si sur le secteur c'est quand même un endroit
04:22 où il s'est tué quand même pas mal de loups.
04:24 Donc il y a quand même encore de la récurrence
04:26 au niveau des attaques.
04:28 - Moi je trouve que cette année,
04:29 y en a plus que d'habitude.
04:30 Ça attaque de tous les côtés.
04:32 - Laurent ça te fait quoi de les voir toi,
04:33 ces garçons là ?
04:34 - C'est bien qu'il y ait une intervention
04:37 pour que j'ai moins d'attaques quoi.
04:39 Moins de soucis quoi.
04:41 Même si c'est momentané, parce qu'après ça revient.
04:44 Pour moi c'est un moyen de se défendre,
04:46 parce que moi j'ai pas le permis de chasse.
04:50 Et puis je me vois mal garder les moutons
04:52 avec le fusil à l'épaule, toute la journée.
04:55 - Ça on peut pas tout faire.
04:56 - Voilà, voilà.
04:57 Donc...
04:59 Puis c'est pas mon truc moi non plus.
05:01 Donc chacun...
05:03 A sa fonction.
05:05 Nous avions rencontré Laurence il y a un an,
05:12 au même endroit.
05:14 Ici la bergère a toujours connu les attaques de loups.
05:20 - J'arrive pas à imaginer une montagne
05:28 dénuée d'herbivores, dénuée de...
05:32 de troupeaux quoi.
05:34 J'ai un...
05:35 - Est-ce que vous êtes comme ceux qui pensent
05:38 qu'il faudrait l'éliminer totalement le loup ?
05:40 - Moi je pense pas comme les gens.
05:45 Voilà, c'est ma réponse.
05:47 Je fais partie d'un terroir...
05:51 Donc je m'adapte au terroir.
05:56 Ce qui est normal.
06:01 Mais il faut pas que ça fasse des dégâts trop importants.
06:04 Parce que là, après on est...
06:06 C'est...
06:08 Ça remue quoi.
06:10 Chaque saison, en moyenne,
06:21 les brebis de Laurence subissent une centaine d'attaques.
06:23 C'est un septième de son troupeau
06:27 qui disparaît à cause du loup.
06:30 Sur ce territoire sauvage,
06:32 le bilan pourrait être bien pire.
06:34 Sans les mesures de protection pour les moutons.
06:36 Enclos électrique pour la nuit.
06:39 Et les patous,
06:42 ces gros chiens de garde venus des Pyrénées.
06:44 Tout est subventionné.
06:47 L'État soutient les bergers confrontés au loup.
06:49 Mais ça ne suffit pas à arrêter totalement les attaques.
06:52 Ce vautour dans le ciel n'est d'ailleurs pas un bon signe.
06:58 Il y a certainement une bête qui s'est fait tuer.
07:00 À quoi vous voyez ça ?
07:02 Les vautours.
07:04 Ils sont conséquents.
07:06 Il y en a 7, 8.
07:08 Et puis les corbeaux.
07:10 Ça ne doit pas être très loin.
07:12 Les pâturages s'étendent sur plusieurs kilomètres.
07:16 On est toujours à l'écoute
07:20 des aboiements de chiens,
07:22 d'un bruit suspect,
07:24 d'un bêlement suspect.
07:26 Et Laurence est seule pour surveiller tout le troupeau.
07:28 Je ne sais pas où elle est passée.
07:33 J'ai des vautours et des corbeaux
07:35 qui sont au-dessus.
07:37 Mais ça ne se pose pas.
07:39 Je ne sais pas où c'est.
07:41 Je regardais s'il n'était pas en contrebas.
07:43 Parce que là, c'est un lieu où souvent,
07:45 je retrouve des bêtes
07:49 qui sont faites tuer par le loup.
07:55 On y va avant de ne plus rien trouver.
07:57 Parce que si on ne trouve plus rien,
07:59 on ne peut plus se faire rembourser
08:01 les bêtes qui sont tuées par le loup.
08:03 Il faut y aller assez rapidement.
08:05 L'État indemnise la valeur de chaque animal tué.
08:09 Mais il faut pouvoir prouver l'attaque
08:11 et identifier la victime.
08:13 Mon travail, c'est aussi d'aller trouver les bêtes mortes.
08:17 Des fois, ce n'est pas évident
08:19 d'emmener le troupeau
08:21 et en même temps d'aller chercher les bêtes
08:23 en contrebas de la montagne.
08:25 Je vois le corps.
08:31 Je vois du rouge.
08:33 Déjà, des traces de sang sur les pieds.
08:37 Ce qui prouve que la bête s'est fait tuer ici.
08:39 Là, c'est le contenu de la pence.
08:43 Le loup sort la pence.
08:45 Ce n'est pas appétant.
08:47 C'est aussi un signe de prédation.
08:49 Il y a la peau en dessous.
08:51 Il y a des béliers.
08:53 J'espère qu'il y a la plaque encore à l'oreille.
08:55 Je regarde s'il y a la tête.
08:59 Je ne sais pas la tête.
09:05 Ah ! La mâchoire.
09:09 La mâchoire.
09:13 Peut-être que je trouve la tête en bas
09:17 avec la colonne.
09:19 Il y a encore une partie de la peau.
09:21 À moins qu'il y ait deux bêtes.
09:23 On voit que c'est frais.
09:27 C'est du récent.
09:29 Ça a boyé hier.
09:31 Je retourne pour voir si je trouve la plaque.
09:35 Je n'ai même plus les oreilles.
09:37 Je suis dégoûtée.
09:39 Ils ont de l'appétit.
09:41 - Ça vous fait quoi de voir ça ?
09:43 - J'ai l'habitude.
09:45 Ça ne me fait rien.
09:47 Ça ne me provoque pas trop d'émotion.
09:49 Sauf si c'est une bête que j'avais au biberon.
09:51 Que j'aimais en particulier.
09:53 Après, c'est comme ça.
09:55 Je ne vois pas ce que je peux faire de plus.
09:57 Je fais de mon mieux.
09:59 Voilà, c'est tout.
10:01 - Pour sa bête tuée,
10:05 Laurence peut recevoir jusqu'à 200 euros
10:07 d'indemnité de l'État.
10:09 En France, on avait perdu l'habitude
10:11 de vivre avec ce grand prédateur.
10:13 Exterminé par l'homme,
10:15 le dernier loup du pays a été officiellement tué
10:17 en 1937.
10:19 Menacé alors de disparition
10:21 sur tout le continent,
10:23 il devient une espèce protégée en 1979.
10:25 Une convention signée à Berne
10:27 interdit désormais de chasser le loup.
10:29 Et c'est depuis les abruses en Italie
10:31 où il subsistait,
10:33 que le prédateur regagne les Alpes françaises.
10:35 En 1992,
10:37 deux loups sont observés pour la première fois
10:39 dans le Mercantour.
10:41 Quelques années plus tard, ils sont une trentaine.
10:43 Ils gagnent progressivement les Pyrénées,
10:45 les Vosges et le Massif central.
10:47 Depuis, le débat fait rage.
10:51 D'un côté, les éleveurs exaspérés,
10:53 - Tous les ans, on est confrontés
10:57 de plus en plus à la prédation.
10:59 dont certains menacent de prendre
11:01 les armes contre le loup.
11:03 - Trop, c'est trop.
11:05 Aujourd'hui, plus de 600 animaux
11:07 sont morts sous l'écrou du loup
11:09 dans le 05.
11:11 - C'est la plus tenable pour les éleveurs.
11:13 Et à l'opposé, les écologistes
11:15 qui se félicitent du retour de l'espèce.
11:17 Une victoire pour la biodiversité.
11:19 L'État met en place le plan Loup,
11:23 qui indemnise les éleveurs, aide à la protection
11:25 et fixe un quota de loups à éliminer.
11:27 10% chaque année pour limiter sa progression.
11:29 Malgré cela, en 2018,
11:35 12 500 brebis sont tuées
11:37 pour une population officielle de 500 loups.
11:39 Dans les prochaines années,
11:41 tout le territoire français
11:43 pourrait être colonisé.
11:45 Et en pleine, on ne s'imaginait pas
11:47 être confronté au grand prédateur.
11:49 A 160 km de Paris, dans Lyon,
11:51 les loups sont arrivés il y a un an.
11:53 Nous étions là pour les premières attaques.
11:55 Au moment du départ à l'école...
11:57 - Voiture.
11:59 - Laurence a été alertée par un voisin.
12:01 - On a un copain,
12:03 un ami,
12:05 qui est en train de se faire tuer.
12:07 On a un copain agriculteur
12:09 qui habite juste en face du parc.
12:11 Et là, il a dit
12:13 qu'il avait des brebis qui allaient pas bien.
12:15 Il pense qu'il y en a trois mortes.
12:17 - Ah oui !
12:19 - Alors,
12:21 mes brebis, comment elles vont ?
12:23 - Oui.
12:25 - Attends, je regarde.
12:27 Tiens, regarde.
12:29 Il y en a une là-haut,
12:31 qui n'est pas à sa place, tout au fond, là.
12:33 Il y en a une là. Non, mais là,
12:35 c'est pas normal.
12:37 Je suis censée en avoir 21.
12:41 Bon, alors, il reste mon bélier,
12:43 qui est là, n'est-ce pas ?
12:45 Et après,
12:47 il y en a une qui a été attaquée au cou, là,
12:49 et en cent.
12:51 Une, deux,
12:55 trois, quatre,
12:57 cinq, six...
12:59 J'en vois que six. Je pense qu'il y en a là-haut.
13:01 Il en manque neuf.
13:03 Putain,
13:05 c'est pas possible, ça.
13:07 - Pour se protéger des attaques,
13:09 Laurence rentre son troupeau à la bergerie tous les soirs.
13:11 - Et voilà, toi.
13:13 - Mais faute de place, certaines brebis ont dormi dehors.
13:15 Et ici, il y a un an,
13:17 pas d'enclos électrique ni de patoufles.
13:19 - Eh ben !
13:21 Et est-ce qu'il l'a mangé, même, pour ça ?
13:23 Soule.
13:25 - Sans chiens de protection, les brebis sont des proies
13:29 très faciles pour le loup.
13:31 - Il n'en a aucune.
13:33 - De façon instinctive, il en tue un maximum.
13:35 Manifestement dérangé par la proximité du village,
13:45 il a à peine eu le temps de manger.
13:47 - Tout ça pour une.
13:49 Et en plus, il l'a grignoté.
13:51 A la limite, il tue pour manger,
13:53 mais là, il tue pas pour manger ! Il mange pas.
13:55 Là, là, j'ai envie de casser la tête à quelqu'un,
13:59 mais je vais pas me retrouver contre quelqu'un.
14:01 J'ai envie de...
14:03 d'hurler, mais je le ferai pas non plus.
14:05 Parce qu'il y a encore mes enfants,
14:07 et que je vais m'effondrer
14:09 quand ils seront plus là,
14:11 pour pas qu'ils me voient.
14:13 Ah, la petite hôte, là !
14:19 Elle est conte.
14:21 C'est pas comme ça que j'ai envie que ma fille,
14:25 elle apprenne à compter, en comptant les brebis
14:27 et tout ça.
14:29 Là, on est pas en montagne.
14:31 Là, il est pas caché par la végétation.
14:33 On est en pleine zone sérralière.
14:35 On me dit, mais non,
14:37 il fait que passer.
14:39 T'es sûr que c'est un loup ? T'es sûr que c'est pas un chien ?
14:41 Putain, mais qu'il regarde !
14:43 Que les gens s'arrêtent et qu'il regarde,
14:45 franchement, pour voir ce que c'est, quoi !
14:47 Il est mort !
14:49 Il est mort !
14:55 *sonnerie de téléphone*
14:57 - Il y en a plus que 12.
15:01 Dont une blessée.
15:03 C'est un carnage.
15:05 Euh...
15:07 J'appelle les gardes ? Ou tu les appelles ?
15:09 J'appelle les gardes.
15:11 Comme à chaque fois, une enquête est ouverte.
15:23 Les scientifiques de l'environnement tentent de comprendre ce qui s'est passé.
15:25 Et définir si le loup est bien le coupable.
15:29 - Trachée par forêt.
15:35 - Trachée par forêt.
15:37 - Hématome, sang.
15:39 - Alors, hématome, ouais.
15:41 Pour Laurence et Sébastien, son mari,
15:43 c'est toute une méthode d'élevage qui est remise en cause.
15:45 - C'est des vorbilles présumées pleines.
15:49 Ils ont des petits dans le ventre.
15:51 - J'aurais préféré ça.
15:53 - Moi, j'aurais préféré ça.
15:55 Nous sommes revenus dans Lyon.
16:05 Une année s'est écoulée depuis l'arrivée du loup.
16:09 - Non, non, Clémence, allez.
16:15 - Oui, alors.
16:19 Pour Sébastien, il a eu 7 attaques en tout.
16:21 La dernière en juin.
16:23 Et un total de 38 brebis tuées.
16:27 - Oh, ben, la fête commence.
16:33 Le couple d'agriculteurs a été indemnisé.
16:37 - Attention, hop !
16:41 - Ah, j'ai été attaqué.
16:43 160 euros pour chaque animal tué par le loup.
16:45 La question du grand prédateur reste sensible.
16:47 - Mais t'en as entendu parler ?
16:55 Y en a un qui m'a dit qu'il y en avait dans le Morvan,
16:57 qu'elle avait toujours eu dans le Morvan.
16:59 - Là, y en a un qui est arrivé sur la région autunoise, ouais.
17:01 Ouais, ouais, puis ils commencent à faire parler de lui, quoi, forcément,
17:03 par des attaques, quoi.
17:05 Ben, le loup, il y a quelques années, quoi, seulement,
17:07 qu'il est arrivé dans nos régions.
17:09 On en entendait parler, avant, dans le sud.
17:11 Et puis, ben, ça gagne, ça gagne.
17:13 Et dans les Vosges, ouais,
17:15 y en avait même en Lorraine, à un moment.
17:17 - Ben, il est toujours là. - Ouais.
17:19 Y a des conséquences financières importantes.
17:21 On a beau vous indemniser de ci, de là,
17:23 c'est loin de payer tout ce que vous perdez.
17:25 - C'est reconnu longtemps après.
17:29 C'est des situations à court terme, quoi.
17:31 Et encore...
17:35 Parce que là, on met des dispositifs
17:37 anti-loups, enfin...
17:39 Avec les chiens de protection
17:41 et puis les filets, mais...
17:43 Ça suffit pas, hein.
17:45 Les gens, ils comprennent pas
17:47 pourquoi on vit pas avec le loup.
17:49 Parce qu'il y a plus de boulot,
17:51 déjà, plus de boulot qu'avant.
17:53 Parce que, donc, avec les deux chiens,
17:55 et puis, ben, il faut y aller tous les matins
17:57 voir s'il y a pas des attaques,
17:59 donc...
18:01 Y a pas de mesure, y a pas de...
18:03 de mesure de protection efficace,
18:05 à 100%, donc...
18:07 Après, c'est...
18:09 C'est avoir des pertes tous les ans.
18:11 Et ça, les gens, ils disent que c'est bien.
18:13 Enfin...
18:17 C'est bien.
18:19 - C'est bon, t'as bien tassé ?
18:29 - Le loup, il a réussi à s'imposer ?
18:33 - Ben, oui.
18:35 Forcément.
18:37 Forcément. Dans toutes les discussions.
18:39 Avec nous,
18:41 avec l'extérieur,
18:43 avec nos enfants.
18:45 Surtout avec elle, d'ailleurs.
18:49 Qu'est-ce t'en penses ?
18:51 C'est tellement mignon dans un parc,
18:53 les loups, quand ils mangent pas nos moutons.
18:55 - Alors, voyons voir. Est-ce qu'on les voit, là ?
19:01 Sur l'exploitation, il a fallu s'adapter
19:03 à l'arrivée du loup.
19:05 - Elles sont là-haut. Ah, on les voit plus !
19:07 Elles sont cachées, maintenant.
19:09 Et adopter des mesures de protection
19:11 contre les attaques.
19:13 Les 500 moutons sont désormais gardés
19:15 par deux jeunes patous.
19:17 - J'ai l'impression que mes patous marchent très bien
19:19 comme chien de troupeau.
19:21 - Ta gable.
19:33 - Viens, ma belle.
19:35 Tu viens ?
19:37 Oui, je sais, t'as faim.
19:39 Allez, va manger.
19:41 - Laurence, vous nous présentez, là ?
19:43 C'est qui ?
19:45 - Alors, voilà, Oli.
19:47 Une des deux chaînes de protection
19:49 qu'on a achetées au mois d'octobre.
19:51 Donc, c'est un gros bébé.
19:53 Un gros bébé, on va dire ça comme ça.
19:55 Elle a que 10 mois, là, ça.
19:57 Normalement, elle sera adulte à 2 ans.
19:59 Bon, ben, voilà.
20:01 - On a choisi soit les chiens
20:03 ou soit plus de brebis.
20:05 - Et alors ?
20:07 - Ben, on essaye des chiens.
20:09 Mais ça veut pas dire qu'à un moment ou un autre,
20:11 il y aura encore des brebis.
20:13 Mais j'ai pas envie de voir mes brebis massacrées.
20:15 J'ai plus envie de voir mes brebis massacrées.
20:17 Donc on trouve des solutions comme on peut.
20:19 Donc là, voilà.
20:21 - Achat et nourriture,
20:23 les deux patous sont un investissement de 2 000 euros,
20:25 pour l'instant à la charge de l'exploitation.
20:27 - Là, on s'est dit que si ça continue à attaquer,
20:29 on va zarder les brebis,
20:31 on en gardait sans qu'on rentre
20:33 ou qu'ils restent en bâtiment.
20:35 Et moi, j'allais chercher du boulot ailleurs, quoi.
20:37 Ca fait quand même 4 mois qu'on n'en parle.
20:39 Donc la solution, c'est si les chiens marchent,
20:41 c'est bien.
20:43 Sinon, ben, il faudra trouver autre chose.
20:45 - Depuis l'arrivée des patous,
20:49 il n'y a pas eu d'attaque de loup.
20:51 Mais Laurence reste prudente.
20:53 Elle a prévu d'acheter un 3e chien.
20:55 (musique douce)
20:57 (gémissement)
20:59 Dans le Vercors,
21:03 les loups sont présents depuis plusieurs années.
21:05 (chantonnement)
21:11 Thierry continue pourtant
21:13 d'y mener un troupeau de 1 000 brebis chaque saison.
21:15 (chantonnement)
21:17 - Loup!
21:23 Là, ça va, là.
21:25 - Un petit peu tard pour les sortir,
21:27 mais avec la naissance des agneaux,
21:29 c'est une journée un peu particulière.
21:31 - Cet été, il n'a subi qu'une seule attaque.
21:33 - Avance à gauche, Joy. Là.
21:35 - Mais cela n'a pas toujours été le cas.
21:37 - Ma 1re prise de contact avec le loup,
21:39 je retrouvais les bêtes, les 4 fers en l'air,
21:41 ouvertes au niveau du thorax,
21:43 et il manquait que le coeur et le foie.
21:45 Il touchait pas aux épaules, il touchait pas aux gilets,
21:47 il touchait pas aux côtes. C'était assez étonnant.
21:49 Là, ça a été difficile, physiquement
21:51 et psychologiquement.
21:53 Je faisais du feu dehors jusqu'à 2h du matin,
21:55 je mettais des bougies sur les fenêtres de la cabane
21:57 parce que, du coup, j'avais rapatrié le troupeau
21:59 à côté de la cabane. Je mettais des bougies
22:01 sur les fenêtres en me disant, bah tiens,
22:03 peut-être que les lueurs, tout ça, ça peut le...
22:05 ça peut l'effrayer. Et en fait, y a rien qui marchait du tout.
22:07 Et ouais, j'étais vraiment à ramasser
22:09 la petite cuillère. J'ai dû perdre 10 kg
22:11 cette année-là.
22:13 Maintenant, peut-être que le métier,
22:19 il se fait avec le dos.
22:21 Donc, ou tu le fais avec le dos, ou tu le fais pas.
22:23 En gros, c'est un peu ça, maintenant.
22:25 T'as pas le choix.
22:27 Si Thierry paraît si serein aujourd'hui,
22:37 c'est en partie grâce à un scientifique.
22:39 Jean-Marc Landry.
22:41 - Toujours aussi chargé ?
22:43 - Euh...
22:45 - Ouais, quand on monte en montagne
22:47 comme ça, ouais, on a des gros sacs
22:49 parce qu'il faut...
22:51 Il faut monter le matériel pour la vision nocturne.
22:53 - Ce chercheur suisse étudie
22:55 les attaques de loups.
22:57 - J'ai la caméra thermique.
22:59 Ah oui, puis réchaud pour faire des cafés.
23:01 - Il s'agit de comprendre
23:03 comment le prédateur fonctionne,
23:05 notamment la nuit.
23:07 Et ainsi pouvoir améliorer les moyens de protection.
23:09 - On doit pouvoir surveiller
23:11 tous les environs, pas que le parc.
23:13 Bien sûr, le parc, c'est le point central.
23:15 Et en fait, on tourne
23:17 à 360 degrés
23:19 pour vérifier si on voit pas le loup arriver.
23:21 Là, c'est top.
23:23 En fait, on essaye aussi de rester
23:25 à une certaine distance du troupeau
23:27 pour pas perturber l'observation.
23:29 Et puis, il faut essayer d'être un peu discret.
23:31 Donc là, j'ai des buissons, donc je vais me positionner
23:33 ici avec la tente qui sera derrière.
23:35 Comme ça, dans le paysage, on ne voit rien.
23:43 - Jean-Marc, c'est bon, on se remplace, là ?
23:45 - Ouais, ouais, on est prêts pour la nuit.
23:47 - Dans l'objectif
23:49 de la caméra thermique, le troupeau de Thierry.
23:51 - Allez ! Yep !
23:53 - Comme chaque soir, le berger
23:55 parque ses brebis. - Allez ! Yep ! Allez !
23:57 - En général, le loup apparaît
23:59 vers les 9h30.
24:01 Un peu 9h30, 10h.
24:03 Tombé de la nuit.
24:05 Tu le vois traîner jusqu'à 2h du matin.
24:07 Puis après, je sais pas, ça se calme
24:09 et ça revient au petit matin.
24:11 Mais je suis pas...
24:13 Là, je suis pas inquiet du tout
24:15 par rapport au loup, là.
24:17 Tu vois, il y a tous les patous qui sont là.
24:19 Il y a du monde, on est là.
24:21 Là, il faudrait qu'il soit vraiment gonflé, là.
24:23 - Un peu de cailloux.
24:29 Une fois l'enclos électrique installé, Thierry a terminé son travail.
24:31 Il ne reste que les patous
24:33 pour protéger le troupeau.
24:39 L'observation de Jean-Marc peut commencer.
24:41 - On voit un tas de choses, la nuit.
24:45 On voit un tas de choses.
24:47 Ce qu'on a découvert, quelque chose qui est important,
24:49 c'est que le chien de protection fonctionne vraiment bien.
24:51 On voit l'efficacité du chien.
24:53 On voit quand il court après le loup.
24:55 Et ils font un travail extraordinaire, ces chiens.
24:57 Extraordinaire.
24:59 Et ça, c'est la caméra thermique qui nous a permis
25:01 de le révéler, de le voir
25:03 se confronter au loup.
25:05 On a eu... On a des séquences complètement folles.
25:07 - Parmi ces enregistrements,
25:09 cette séquence rare,
25:11 filmée quelques semaines plus tôt au même endroit.
25:13 En plein milieu de la nuit,
25:15 deux loups s'approchent de l'enclos.
25:17 Ils tentent de trouver une faille à la protection.
25:19 Les patous, tous dans l'enclos,
25:21 ne sont pas encore alertés.
25:23 Contre toute attente, un des deux loups décide
25:27 de sauter par-dessus la barrière électrique
25:29 et lance son offensive.
25:31 C'est la panique dans le troupeau.
25:33 Un patou se réveille
25:35 et lance la contre-attaque.
25:37 Le loup s'enfuit et s'échappe
25:39 en sautant à nouveau la barrière.
25:41 Cette attaque, Jean-Marc et Thierry l'ont décryptée
25:51 pour trouver une parade.
25:53 - Tac.
25:57 Le patou sort et ça y est,
25:59 le loup repart aussi sec. On se croirait dans un dessin animé
26:01 de Tex Avery, tu sais, le loup qui rentre et...
26:03 qui part au secours. C'est le fait de savoir
26:05 que c'était un couple qui, moi, m'a permis
26:07 de choisir de sortir
26:09 deux des quatre patous.
26:11 - Du coup, les loups n'ont plus du tout la même latitude
26:13 et n'arrivent plus à approcher le...
26:15 n'arrivent plus à approcher le troupeau comme ils veulent.
26:17 Et pour l'instant, ça tient.
26:19 Pour l'instant, ça, ça marche.
26:21 Les loups n'ont pas réussi à contourner ça.
26:23 C'est ça qui nous manque en tant que berger,
26:27 c'est d'avoir des images la nuit comme ça.
26:29 C'est super, quoi. Ça n'a pas de prix, hein.
26:31 - Pas tout le temps.
26:33 - Là, c'est un exemple qui est très intéressant
26:35 parce qu'on voit que dans ce cas-là,
26:37 il y a un loup qui a appris à passer une clôture.
26:39 Alors ce qu'on ne sait pas, c'est comment il a fait pour apprendre
26:41 à passer une clôture. Mais si aujourd'hui,
26:43 on met des chiens à l'intérieur, puis à l'extérieur,
26:45 plutôt à l'extérieur des enclos, électrifiés,
26:47 ça signifie que le loup ne peut pas apprendre
26:49 parce qu'il ne peut pas s'approcher,
26:51 il ne peut pas explorer la clôture.
26:53 Et ce qui est très fort là-dedans, c'est qu'on s'associe
26:55 au même titre avec le berger
26:57 qui a son expérience de berger et notre expérience
26:59 de scientifique, et puis les deux connaissances
27:01 conjointes permettent de trouver
27:03 une solution, quoi.
27:05 Et c'est ça qui est nouveau, et je pense
27:07 que c'est l'avenir, c'est ce travail en commun
27:09 entre la connaissance des éleveurs
27:11 et des bergers et celle des scientifiques.
27:13 Alors pour ou contre le loup ?
27:21 La question continue
27:23 de diviser.
27:27 Dans le mer Cantour, malgré les patous
27:29 et les enclos électriques, les attaques continuent.
27:31 Ah, il y a une sonaille là,
27:43 mais je ne sais pas où c'est.
27:45 Ah, elles sont là.
27:47 Voilà.
27:49 Un, deux,
27:51 trois, quatre, cinq, six.
27:53 Il y en a six là.
27:55 C'est pour ça qu'il me semblait bien que...
27:57 Tu les as toujours à l'oeil, quoi.
27:59 Il y en avait des prêts. Je ne veux pas les laisser là.
28:01 Si tous les jours, ils me prélèvent
28:03 un ou deux agneaux,
28:05 et que je ne m'en rends pas compte,
28:07 ou que je ne les trouve pas,
28:09 au bout d'un moment, ça fait mal, quoi,
28:11 parce que ça fait le trou pour être ici, quand même.
28:13 Laurence a perdu 75 brebis cet été.
28:19 Et quatre loups ont été abattus par les brigadiers.
28:23 Mais ce n'est pas une raison pour changer son mode de vie.
28:25 Moi, je les ai cherchés, c'est sans garou.
28:29 Il n'y aura plus qu'à les faire cuire, après.
28:31 Ça, un peu d'ortie.
28:33 C'est mon potager de la montagne.
28:35 Oui, Bibine ?
28:43 Qu'est-ce que tu prends ? Tu peux le montrer, là ?
28:49 C'est des épinards sauvages.
28:51 Ça donne...
28:53 Comme Popeye, ça donne des forces.
28:55 Putain !
28:59 Ah, ça râle.
29:03 Pourquoi ça râle ?
29:09 Parce que les agneaux...
29:11 Ça, c'est un agneau qui appelle sa mère.
29:13 J'espère qu'il n'y a rien arrivé.
29:15 C'est toujours un souci.
29:19 Je me dis que c'est un agneau qui s'est fait manger par le loup.
29:25 Il s'habitue, il s'adapte.
29:29 Puis qu'ils sont de moins en moins farouches.
29:33 Qu'est-ce qu'il faudrait faire, à ton avis ?
29:35 Il faut se défendre.
29:37 Ce qu'il faut faire, c'est se défendre.
29:39 Il faut les réguler, quand même.
29:41 La montagne, qu'elle appartienne à eux, à nous,
29:47 peu importe.
29:49 Les moutons ne leur appartiennent pas.
29:51 Parce que j'y tiens, quand même, à mon troupeau.
29:53 Entre les humains et le grand prédateur,
29:59 la cohabitation n'est pas simple.
30:01 Pour prendre un peu de hauteur sur le problème,
30:05 il nous fallait notre scientifique suisse.
30:07 On a tellement peur de parler du loup,
30:11 aujourd'hui, parce que ça crée tellement d'émotions,
30:13 tellement de conflits, que personne n'ose en parler.
30:15 On ne peut pas garder le loup sur un piédestal,
30:17 comme on le fait aujourd'hui.
30:19 Même si moi, je n'ai pas envie qu'on tire des loups.
30:21 Mais vous ne pouvez pas travailler dans un système
30:23 pastoral comme ici, en disant
30:25 "on ne tirera jamais un loup", ce n'est pas possible.
30:27 Il y a aussi une question philosophique.
30:29 Notre devoir est aussi de protéger
30:31 les autres espèces, pas que l'humain.
30:33 Et si je suis capable, aujourd'hui,
30:35 de trouver des solutions pour que l'homme,
30:37 les activités humaines et le loup puissent
30:39 vivre ensemble, comme le loup sera
30:41 un ambassadeur de toutes les espèces dont on ne voit jamais,
30:43 on ne parle jamais, comme les oiseaux,
30:45 les insectes, etc.
30:47 J'ai espoir aussi qu'on va laisser une place pour
30:49 toutes les autres espèces qui sont moins sexy.
30:51 Alors faut-il apprendre à vivre avec le loup ?
30:57 Et accepter en France,
30:59 au XXIe siècle, ce sursaut du monde sauvage ?
31:01 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
31:04 "Musique de générique de fin"