Ça vous regarde - Comment protéger la liberté et l'indépendance de la presse ?

  • l’année dernière
- Grand témoin : Boris Vallaud, député PS des Landes et Président du groupe PS à l'Assemblée nationale

LE GRAND DÉBAT / Comment protéger la liberté et l'indépendance de la presse ?

« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski

Vendredi 23 juin 2023, le groupe Lagardère a officialisé la nomination du journaliste d'extrême droite et ancien directeur de la rédaction de Valeurs actuelles, Geoffroy Lejeune, à la tête du Journal du Dimanche (JDD). La rédaction du JDD a entamé une grève pour protester. De plus, Le Monde publie, le 27 juin 2023, une tribune ayant récolté 652 signatures de personnalités venant de tous secteurs (politique, journalistique, culturel...) en soutien aux journalistes de la rédaction du JDD. Pour cause, « Valeurs actuelles exprime des idées à l'opposé des valeurs que porte le JDD depuis soixante-quinze ans » explique la Société Des Journalistes dans un communiqué. A titre d'exemple, Valeurs actuelles avait dépeint la députée LFI Danièle Obono en esclave... Vincent Bolloré, désormais actionnaire majoritaire du groupe Lagardère et très distinctement ancré à droite, a été auditionné sur la concentration des médias devant la commission d'enquête du Sénat en janvier 2022. Il assurait que son intérêt pour les médias est « purement économique ». Or ses détracteurs y voient tout autre chose : une volonté de détenir des médias à des fins politiques. Dans ce contexte, comment garantir un pluralisme et une indépendance des médias ?

Invités :
- Fabien Di Filippo, député LR de Moselle
- Christophe Marion, député Renaissance du Loir-et-Cher
- Alexis Lévrier, historien des médias, maître de conférences à l'université de Reims
- Valentine Oberti, journaliste à Mediapart

LE GRAND ENTRETIEN / Boris Vallaud : quelle place pour le PS dans la NUPES ?
À la suite des élections législatives de 2022, Boris Vallaud a remplacé Valérie Rabault à la tête du groupe PS à l'Assemblée nationale. Depuis, la NUPES, et notamment La France Insoumise, se sont illustrées par de nombreux coups d'éclat dans l'hémicycle. Comment le PS trouve-t-il sa place dans cet ensemble hétéroclite que beaucoup jugent menacé ?

- Grand témoin : Boris Vallaud, député PS des Landes et Président du groupe PS à l'Assemblée nationale

BOURBON EXPRESS :
- Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP

LES AFFRANCHIS :
- Isabelle Lasserre, journaliste diplomatique au Figaro
- Fanny Guinochet, journaliste économique à FranceInfo

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP - Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5

Suivez-nous sur les réseaux !

Twitter : https://twitter.com/lcp
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/LCP
Instagram : https://www.instagram.com/lcp_an/

Transcript
00:00 [Musique]
00:05 Bonsoir et bienvenue, ça vous regarde en direct.
00:09 Notre grand témoin ce soir c'est vous Boris Zembalo, bonsoir.
00:11 Bonsoir.
00:12 Et merci d'être là, vous êtes le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale depuis un an tout juste.
00:18 C'est donc l'heure de faire votre bilan.
00:20 31 députés socialistes au sein de l'ANU, pas mal de boulot sur le fond, il faut le reconnaître,
00:25 quelle victoire politique à l'arrivée, on en parlera. Votre parti est bien secoué en interne
00:31 par un courant qui s'insurge contre cette alliance avec Jean-Luc Mélenchon, on en parlera aussi,
00:35 vous faites liste à part aux européennes.
00:38 Deuxième partie, rendez-vous tout à l'heure.
00:40 Mais on commence ce soir par la crise au journal du dimanche.
00:44 La nomination de Geoffroy Lejeune, un proche d'Éric Zemmour, à la direction de la rédaction de la société,
00:51 de la direction du JDD pardonnez-moi, a suscité un tollé.
00:54 Les journalistes sont en grève, soutenus par un très grand nombre de personnalités,
00:58 notamment du monde politique. La crise s'invite dans l'hémicycle.
01:01 Quatre questions au gouvernement aujourd'hui.
01:03 Le système Bolloré qui contrôle le JDD est pointé du doigt.
01:06 Alors que faire ? Y a-t-il de quoi s'alarmer pour notre démocratie ?
01:10 Et puis comment garantir la liberté de la presse et l'indépendance de l'information dans notre pays ?
01:15 C'est un débat important et nous l'aurons dans un instant avec mes invités.
01:19 Avant de retrouver nos affranchis pour leur parti, priez puant dans Bourbon Express ce soir,
01:24 ce déjeuner presque secret de Nicolas Sarkozy avec une poignée de députés de la majorité.
01:29 Voilà pour le programme. Vous me suivez Boris Ballot ? Eh bien ça vous regarde, c'est parti !
01:44 C'est un propriétaire pas comme les autres. Une nouvelle fois, la mainmise de Vincent Bolloré sur les médias
01:50 suscite une très vive émotion et cette fois, c'est la nomination à la tête du JDD de Geoffroy Lejeune,
01:55 l'ancien directeur de Valeurs Actuelles qui ne passe pas.
01:58 Le journal d'Arnaud Lagardère, sous le contrôle du groupe Vive Indy de Vincent Bolloré,
02:03 n'est pas sorti ce dimanche et pas moins de quatre questions au gouvernement sur le sujet cet après-midi
02:08 parce qu'il y en a des questions qui se posent dans cette affaire.
02:12 Bonsoir Christophe Marion et merci d'être là. Vous êtes député Renaissance du Loire et Cher,
02:17 vous avez signé la tribune de soutien au JDD qui est paru dans le monde.
02:21 Le ministre Olivier Véran, qui est responsable du renouveau démocratique, a pris la parole
02:25 et a invité les députés à se saisir du sujet et à même revoir le cadre légal, vous nous direz, ce que vous proposez.
02:32 Bonsoir Fabien Di Filippo. - Bonsoir.
02:34 - Merci d'être là. Vous êtes député Les Républicains de Moselle.
02:37 Bonsoir Valentino Berti. - Bonsoir.
02:39 - Ravi de vous accueillir. Vous êtes journaliste à Mediapart, responsable du pôle vidéo A l'air libre et co-autrice
02:45 avec Luc Erman du documentaire "Médiacrash" qui a tué le débat public, c'était en salle il y a un an,
02:52 au cinéma sur ces milliardaires qui concentrent la quasi-totalité des médias privés au service de leurs intérêts.
02:59 Bonsoir enfin Alexis Lévrier. - Bonsoir.
03:01 - Et merci d'être là. Vous êtes chercheur au CELSA, spécialiste de l'histoire du journalisme,
03:06 auteur de "Jupiter" et "Mercure", le pouvoir présidentiel face à la presse, c'était aux éditions du "Petit matin".
03:13 Boris Ballot, vous aussi, vous avez signé cette tribune de soutien au JDD dans "Le Monde", vous nous direz pourquoi.
03:20 On va commencer par planter le décor. Que vit exactement le JDD depuis quelques jours ?
03:25 Il a 200 secondes, c'est le chrono de Blanco. Tout de suite, on l'accueille.
03:27 [Musique]
03:31 - Bonsoir mon cher Stéphane. - Bonsoir Myriam. Bonsoir à toutes et tous.
03:35 - Alors expliquez-nous. - Alors, vous avez peut-être rendu compte que ce week-end, il n'y avait pas de JDD dans le kiosque.
03:39 Et pour cause, 99% de la rédaction est en grève pour protester contre la démination de Geoffroy Lejeune à la tête du journal.
03:46 Alors ce qui inquiète la rédaction, c'est que Geoffroy Lejeune est un grand fan d'Éric Zemmour.
03:51 Dès 2015, il avait d'ailleurs écrit un roman pour imaginer que Zemmour serait un jour élu président.
03:56 Et puis quand il a été nommé à la direction de Valeurs Actuelles, vous allez voir qu'il a régulièrement fait des unes
04:01 pour assurer la promotion de son chouchou grâce à Valeurs Actuelles. Vous voyez, il ne cachait pas ses préférences.
04:07 Mais ça dépasse malgré tout le cadre du JDD parce qu'on se rend compte que quasiment la totalité des rédactions des grands médias de ce pays
04:14 ont apporté leur soutien à la rédaction du JDD. Ça va de l'Humanité aux Figaro, de Télérama à TF1. Je vous ai pris un exemple, vous voyez.
04:22 On a vu le même texte, la même tribune paraître dans Les Echos, donc propriété du milliardaire Bernard Arnault,
04:27 et aussi dans Mediapart qui pourfend le capitalisme dès qu'il en a l'occasion. Il y a vraiment quelque chose de très professionnel.
04:34 Toute la profession s'est mobilisée. Alors, pour la décision de nommer Geoffroy Lejeune à la tête de Valeurs Actuelles,
04:39 officiellement c'est Arnaud Lagardère qui a pris cette décision. Et d'ailleurs ce matin, il se voulait rassurer en disant
04:45 « Rassurez-vous, je vous garantis que Geoffroy Lejeune ne fera pas la promo de Zemmour dans le JDD ».
04:51 Bon, en fait, ça ne rassure pas grand monde évidemment, puisque le groupe Lagardère a été racheté par Vincent Bolloré,
04:57 et on sait bien que d'ores et déjà, c'est lui qui tient les ficelles. C'est ça qui inquiète, parce qu'à chaque fois que Bolloré a pris possession d'un média,
05:04 c'est toujours un peu le même schéma, il est toujours entré en conflit avec la rédaction pour imposer sa ligne éditoriale.
05:10 Donc, vous voyez, le monde a tenu la chronique de ces différentes prises de pouvoir dans les journaux.
05:14 Ça a commencé à itéler une grève d'un mois qui n'a pas empêché la rédaction de perdre ce bras de fer, la chaîne s'est devenue CNews depuis,
05:21 ça a été le cas européen où les salariés se sont mis en grève, mais là aussi, la rédaction a été remodelée à la manière de Bolloré.
05:28 Pareil pour Paris-Maths, donc forcément, quand on voit que c'est maintenant le cas du JDD, c'est pas très bon augure pour les journalistes du JDD.
05:35 Donc là où l'affaire a pris une tournure plus politique, c'est quand la ministre de la Culture est intervenue dans le débat en publiant ce tweet
05:43 où elle posait une question, elle s'alarmait en se demandant si malgré tout, cette nomination de Geoffroy Lejeune n'était pas menace pour les valeurs républicaines.
05:51 Alors ça pose la question, est-ce que c'est le rôle d'une ministre d'aller critiquer la nomination de tel ou tel journaliste dans un magazine ?
05:58 La réponse du Front National, c'était tout à l'heure aux questions au gouvernement, elle s'appelle Caroline Parmentier.
06:03 Que la ministre de la Culture décerne des certificats de valeurs républicaines aux journaux français est particulièrement inquiétant pour la démocratie.
06:12 Bon alors la ministre de la Culture n'était pas là pour répondre, heureusement Olivier Véran lui, il est toujours prêt à répondre, on l'écoute.
06:19 Mes oreilles ont saigné parce que madame la députée, jusqu'à il y a 15 jours, votre parti politique dirigé par votre président de groupe, madame Le Pen,
06:25 censurait, boycottait une chaîne d'information BFM TV parce qu'elle avait eu l'outrecuidance de faire un choix éditorial qui consistait à recruter un journaliste de l'émission Quotidien.
06:35 Ça c'est pour la bataille politique cet après-midi, mais après tout, Vincent Bolloré dans cette situation, finalement qu'est-ce qu'il dit ?
06:41 Il se trouve qu'il s'est expliqué devant une commission du Sénat, c'était au début de l'année dernière, justement, où il s'inquiétait à l'idée qu'il construise un empire médiatique pour imposer ses idées.
06:50 Donc première partie de sa défense en disant "mais moi je suis tout petit, quel empire vous parlez ?"
06:54 Donc il parle des différents titres qu'il a rachetés en disant "Le Journal du dimanche c'est le 9e journal du 7e jour comme on dit, Paris-Mage le 12e hebdo,
07:03 CNews c'est jamais que la 11e chaîne de télé et Europe 1 le 10e".
07:07 Donc c'est un argument pour dire qu'il ne menace pas le pluralisme avec des médias qui ne sont pas leaders.
07:12 Après quand on lui a fait le reproche d'avoir embauché Zemmour pour imposer ses idées en 2019, je lui dis "mais pas du tout, c'est pas pour mes idées, c'est simplement économique".
07:20 Ce n'est pas CNews qui a fait le succès de Zemmour, c'est Zemmour qui a fait le succès de CNews. On écoute.
07:26 Quant à Zemmour, pardonnez-moi, mais il publiait des livres à des centaines de milliers d'exemplaires bien avant qu'il ne revienne sur CNews.
07:34 Je vous rappelle qu'il est sur Le Figaro, je vous rappelle qu'il est sur La Cisse et comme par hasard c'est quand il est sur CNews que c'est un bon problème.
07:41 Bon, je vous laisse débattre juste une question. C'est sûr que dans un pays où les candidats dit d'extrême droite ont fait 30% au premier tour à la présidentielle,
07:50 je sais bien que ça ne fait pas plaisir, mais est-ce que c'est anormal que ces idées soient présentées dans la presse ? A vous d'en débattre.
07:55 Merci beaucoup Stéphane. Je vais commencer avec vous Christophe.
07:58 Mario, vous avez signé cette tribune. Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction du JDD, pour vous ça veut dire quoi précisément ?
08:07 Est-ce que ça veut dire pour vous que le JDD va devenir un titre d'extrême droite ?
08:11 La crainte elle est réelle quand on voit ce qu'est devenu au fil du temps Valeurs Actuelles, qui a été quand même un journal condamné pour racisme,
08:21 pour propagation d'idées vraiment d'extrême droite.
08:27 Pour un récit sur Daniel Obono, je le précise, qui est élu député ici à l'Assemblée nationale, député en Suisse, qu'on avait représenté avec une chaîne au cou en esclave.
08:36 Exactement. Et donc on peut s'inquiéter et légitimement se poser la question de savoir quelle va être à présent la ligne éditoriale du JDD,
08:42 qui ne s'est jamais inscrite dans cette histoire jusqu'à présent. Donc je crois qu'en effet on peut légitimement sophusquer,
08:49 ou en tous les cas comprendre la réaction de la rédaction aujourd'hui. 98% du personnel est en grève, ce qui est quand même...
09:00 Enfin moi j'arrive dans un endroit, j'ai 98% de mon personnel qui se met en grève immédiatement, ça m'interroge quand même, personnellement.
09:10 Fabien Desfilippos, c'est pas n'importe quel journal, le journal du dimanche. D'abord il jouit d'une position assez dominante, il y a le Parisien,
09:17 on va pas commencer à dire qu'il est seul, mais tout de même. Les journalistes disent, la SDJ, la Société des journalistes,
09:24 c'est que c'est complètement en contradiction avec les valeurs de journal que de nommer Geoffroy Lejeune.
09:30 Il y a d'autres titres, Le Monde par exemple, Les Echos aussi, qui ont un droit de veto, ils l'ont négocié avec leur actionnaire.
09:37 Il faut que 60% des journalistes approuvent la nomination par l'actionnaire du directeur de la rédaction.
09:44 Est-ce que c'est pas une bonne idée démocratique pour que justement ceux qui font le journal soient en adéquation avec ceux qui les dirigent ?
09:52 Ce que je trouve étrange c'est que quand on parle de pluralisme des médias, souvent on a le pluralisme à sens unique.
09:57 Si ça avait été une personnalité plutôt à gauche qui avait été nommée à la tête du JDD, on n'aurait sans doute pas eu le débat qu'on a là.
10:04 La vérité c'est que c'est un média privé. Alors vous en avez évoqué d'autres, Le Monde, Le Figaro, qui ont leur histoire avec leur rédaction,
10:10 qui ont des modes de fonctionnement qui leur sont propres.
10:13 Maintenant, faire croire que d'un coup, parce qu'il y a cette nomination-là, le pluralisme des médias serait remis en cause en France.
10:20 Déjà des groupes privés, il y en a une multitude et les chiffres l'ont montré, peut-être sans doute plus dominant que celui d'Europe 1, CNews et du JDD.
10:29 Mais ensuite, quand on parle de pluralisme, il y a une chose qu'il ne faut pas oublier.
10:33 C'est qu'aujourd'hui, près d'un Français sur deux, plus de 40 %, s'informe via les réseaux sociaux.
10:39 Quand on descend chez les jeunes, c'est quasiment les deux tiers.
10:42 Donc vous voyez, on peut avoir deux autres débats.
10:45 Parce que selon vous, les médias traditionnels ne sont pas représentatifs suffisamment du débat public dans son entièreté ?
10:51 C'est pour ça qu'ils vont sur les réseaux sociaux, vous croyez ?
10:53 Alors il y a deux choses. Effectivement, à un moment donné, est-ce que le champ médiatique est vraiment révélateur des positions de chacun ?
11:03 Ça, c'est une chose. Mais surtout parce que les modes de consommation de l'information, avec l'immédiateté, avec des formats très très courts, évoluent.
11:11 Et c'est ça qu'il faut prendre en compte.
11:13 Donc vous n'êtes pas inquiet, vous ? La nomination de Geoffroy Le Gêne ne vous fait pas lever son quai ?
11:18 Ce qui m'inquiète, ce n'est pas le pluralisme en France. C'est la qualité de l'information qui est délivrée aux Français.
11:22 À partir du moment où ils sont abreuvés de réseaux sociaux, où pour le coup, on n'a pas forcément des professionnels,
11:27 et on a des gens qui peuvent dire énormément de choses qui ne sont pas vérifiées, qui se répandent comme des traînées de poudre.
11:32 C'est surtout là-dessus qu'on devrait travailler, plutôt que de remettre en cause certains acteurs privés,
11:36 parce qu'ils ne sont pas dans la doxa dominante des médias.
11:39 Valentino Berti, il y a eu une interview importante aujourd'hui du Figaro, d'ailleurs Arnaud Lagardère a rencontré les journalistes du JDD.
11:46 Et cette phrase, "Je ne choisis pas Geoffroy Le Gêne dans le but de changer la ligne éditoriale",
11:51 mais bien évidemment, le JDD doit aussi savoir s'adapter aux évolutions du monde.
11:57 Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
11:59 Moi, je n'ai pas de point de vue à voir sur la ligne éditoriale du JDD, puisque je n'en suis pas journaliste,
12:04 et donc ce n'est pas à moi de la fixer. En revanche, je pense qu'il ne s'agit pas, dans ce débat, d'un débat gauche-droite.
12:10 En réalité, il s'agit d'un débat qui dépasse tous les clivages, et on l'a vu dans les questions à l'Assemblée nationale.
12:16 Il est question d'un droit à l'information, dont tous les citoyens et citoyennes ont besoin.
12:24 Et comment savoir que Geoffroy Le Gêne sera un directeur de la rédaction imperméable à une influence extérieure,
12:32 lorsqu'on sait que Geoffroy Le Gêne a fait la campagne d'Éric Zemmour, s'en est déclaré proche,
12:39 est un ami personnel de Marion Maréchal ? Qu'il soit de droite ou de gauche, là, ce n'est pas la question.
12:45 La question, c'est que là, on est face à un problème de gouvernance des médias, et pas d'une supposée neutralité.
12:52 Et puis, dans le cas précis de Geoffroy Le Gêne, oui, l'hebdomadaire dont il était le directeur de la rédaction
13:00 est un hebdomadaire qui véhicule des idées d'extrême-droite, et à titre personnel, je pense que l'extrême-droite,
13:06 ce n'est pas la même chose qu'un parti de droite, de gauche ou du centre.
13:10 Alors, Boris Ballot, votre avis. Vous savez ce que certains disent, ce n'est pas exactement votre argumentation,
13:16 monsieur Dufilippo, mais on a beaucoup entendu, c'est son argent, après tout, Vincent Bolloré.
13:21 Il fait ce qu'il veut avec. Il y a d'autres quotidiens dits d'opinion, comme Libération, marqué à gauche.
13:28 Il y a 40 % d'électeurs aujourd'hui qui ont voté Marine Le Pen au deuxième tour de l'élection présidentielle.
13:33 Donc, il faut bien leur parler, ça fait partie du pluralisme. Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
13:39 Il y a plusieurs sujets. D'abord, l'information, ce n'est pas une marchandise comme les autres.
13:44 On peut même dire à certains égards que c'est un bien public et que l'histoire de la République se confond avec celle de la liberté de la presse.
13:51 Depuis 1881, 1944, un certain nombre de grands rendez-vous pour s'assurer du pluralisme, de la presse, de la liberté de l'information
14:01 et de la lutte contre la concentration des médias.
14:04 On parlait tout à l'heure.
14:07 Il y a, indépendamment du cas d'espèce, un certain nombre de principes, qui sont des principes démocratiques, républicains, et qui ne se négocient pas.
14:15 On parle de M. Lejeune. Évidemment, sa ligne politique est à l'opposé de ce que je défends.
14:24 Par ailleurs, il y a les trois précédents que vous avez évoqués.
14:29 Itélé se transforme en CNews avec la violence que l'on sait.
14:31 M. Bolloré ne fait pas des affaires, il fait le ménage.
14:34 Il l'a fait aussi à Europe 1. Il l'a fait à Paris Match.
14:37 Pour, en réalité, aller contre la ligne éditoriale qui est en place, aller contre les journalistes qui revendiquent leur indépendance et leur droit à une information libre,
14:50 pour imposer une ligne idéologique.
14:55 Le pluralisme de la presse, c'est d'abord lutter contre la concentration des médias.
14:59 Il y a 11 personnes qui possèdent 60% des titres en France.
15:04 Ça pose d'évidence un problème.
15:06 Il y a l'indépendance des rédactions.
15:08 Elle est manifestement contestée par la possibilité de ceux qui sont nommés comme directeurs de la rédaction d'influer.
15:15 On a vu dans quelles conditions Nicolas Barret, finalement, en quelques minutes, s'est retrouvé débarqué du son poste aux échos.
15:21 Mais il n'y a par ailleurs d'autres modèles.
15:25 Le monde, les échos d'une certaine manière, même si on voit que c'est au moment de la nomination, mais pas au moment de la démission d'office que ça fonctionne.
15:32 Mais où ce sont les journalistes qui approuvent la nomination du directeur de la rédaction.
15:39 C'est une question d'indépendance, c'est une question de pluralisme, c'est une question de liberté.
15:42 A la limite, si le JDD, au deux tiers, devait approuver la nomination de Lejeune, on dirait...
15:49 C'est peu probable dans l'état du bras de cerf ce soir.
15:52 Ce n'est pas le cas. C'est la deuxième fois depuis 75 ans qu'il n'y a pas de sortie du JDD.
15:56 Ça veut dire qu'il se passe quelque chose de grave.
15:58 Alors, Alexis Lévrier, c'est vrai qu'il y a certains journaux qui ont réussi à négocier des règles différentes.
16:05 Et ça interroge. Pourquoi certains y arrivent, d'autres non ?
16:08 Je le disais, il y a le monde, il y a les échos notamment, libération aussi à des charts éthiques.
16:14 Comment expliquer cette différence, finalement ?
16:18 Mediapart a un modèle économique aussi très spécifique, très indépendant.
16:22 Mediapart est une belle exception parce que Mediapart est totalement indépendant.
16:25 Il y a très, très peu de titres, très peu de médias qui le sont aujourd'hui en France.
16:29 Et ça demande vraiment beaucoup d'efforts.
16:32 La construction d'une identité, d'une marque, tout le monde ne peut pas arriver à ce modèle-là.
16:37 Le monde avait aussi une histoire très forte.
16:40 Quand il a perdu son indépendance en 2010, il a réussi à la maintenir,
16:44 il a réussi à limiter l'arrivée de certains acteurs, comme Daniel Kretinsky récemment.
16:48 Mais parce que c'est le monde, parce que la société des rédacteurs du monde est extrêmement puissante
16:53 et qu'elle parvient à empêcher l'arrivée de certains acteurs.
16:58 Et c'est l'attitude, après des actionnaires, Xavier Niel,
17:01 est relativement respectueuse de l'indépendance de ses rédactions.
17:05 Le monde a pu travailler sur l'affaire Benalla,
17:07 révéler le rôle d'Xavier Niel dans cette affaire, rôle indirect,
17:12 mais il a fait connaître les marchands aux époux Macron.
17:14 - Qui est l'un des trois actionnaires, le principal actionnaire du monde.
17:18 - Le problème de Bolloré, il est sur un système un peu proche de celui de Robert Murdoch.
17:22 C'est-à-dire qu'il mène une croisade idéologique.
17:25 Vous parlez de doxa dans les médias, il n'y a pas de doxa dans les médias.
17:28 Dans l'histoire des médias français, il y a toujours eu un pluralisme.
17:31 - Alors parlez-nous de ça, une croisade idéologique, ça, c'est des mots très forts.
17:34 - Il ne respecte pas le pluralisme interne, c'est bien ce qu'on voit en ce moment,
17:37 avant de parler du pluralisme à l'échelle des médias.
17:39 - Ça veut dire qu'il ne faut pas le croire quand il dit "je fais ça, ces acquisitions,
17:42 pour des raisons d'influence et pour des raisons économiques".
17:45 Il veut imposer un agenda des idées politiques.
17:48 - Il le fait, et ce modèle, il nous ramène, en fait, on ne l'a pas connu en France
17:51 depuis la Deuxième Guerre mondiale.
17:53 C'est-à-dire que des empires médiatiques qui mènent une croisade
17:56 sur des idées racistes et xénophobes, on l'a vécu dans les années 1920
17:59 avec quelqu'un comme François Cotty, qui avait racheté le Figaro,
18:02 qui avait racheté le Gaulois, qui a lancé un quotidien populaire
18:05 qui s'est appelé "L'ami du peuple", qui a tiré à plus d'un million d'exemplaires
18:08 et qui a contribué à la diffusion de ces idées-là.
18:10 Ce modèle-là, il s'est arrêté, justement, Boris Vallaud évoquait la date de 1944.
18:13 On a rendu possible la vitalité démocratique des médias
18:17 et on a tenu... Ça ne veut pas dire que les médias d'extrême droite ont disparu,
18:21 Minute a tiré à des centaines de milliers d'exemplaires,
18:23 mais ce n'était pas un média mainstream.
18:25 Il y avait une espèce de protection à l'égard de ces médias-là
18:29 qui est en train de disparaître.
18:31 Il faut regarder ce qui se passe avec la Commission européenne en ce moment.
18:34 La Commission européenne, je trouve, est beaucoup plus active
18:36 que ne le sont les pouvoirs publics français.
18:38 Elle a vu les dangers de monopole dans l'édition.
18:41 Bolloré a racheté... Lagardère, donc, a racheté "La Chatte".
18:44 Il avait le numéro 2. Je parle de l'édition.
18:46 Il va devoir se débarrasser d'Editis.
18:48 Et il y a un risque de monopole sur la presse People
18:51 qui a dénoncé la Commission européenne
18:53 et qui ne veut pas avoir les pouvoirs publics en France,
18:55 puisque Paris Match est considéré comme un appareil d'information politique et générale,
18:59 alors qu'il y a une partie People dont Paris Match est que tout le monde le sait bien.
19:02 Et la Commission européenne va imposer à Vincent Bolloré
19:05 de vendre certainement "Gala", puisqu'il a aussi voici,
19:08 avec le rachat de Prismac, le projet.
19:09 Donc finalement, c'est par les 27 que cette question de la concentration
19:12 est créée et pas forcément ici à l'Assemblée.
19:14 Valentino Berti, M. Di Filippo,
19:16 et ensuite on va aller sur la scène du Théâtre libre
19:18 où nous attend Marco Pomier en direct.
19:20 Simplement pour rebondir sur ce que dit Alexis Lévrier,
19:22 c'est pas qu'on pense que Vincent Bolloré a un dessin idéologique,
19:26 c'est qu'il le dit lui-même en réalité.
19:28 Vincent Bolloré a dit "je me sers de mes médias pour mener mon combat civilisationnel".
19:32 Dont acte, il le dit.
19:34 Il reconnaît lui-même avoir fait venir Eric Zemmour sur CNews.
19:38 Alors il dit que c'est parce que Eric Zemmour est une machine à cash, on va dire.
19:42 Mais voilà, donc il a agi dans les médias qu'il a commencé à contrôler.
19:47 Je rappelle qu'il a aussi fait venir à la tête du service politique d'Europe 1,
19:50 c'est pas rien un service politique dans une radio comme Europe 1,
19:53 Louis de Ragnel, qui était journaliste à Valeurs Actuelles.
19:55 Si vous voulez, le puzzle de l'ingérence de Vincent Bolloré dans les rédactions
20:01 se constitue assez facilement à l'épreuve des faits.
20:03 C'est vrai qu'il y a un système, Fabien de Ziffilipo,
20:06 il y a un autoritarisme, en gros, vous êtes dans la ligne, vous restez,
20:11 vous prenez un chèque, il faut le dire très clairement, vous partez.
20:15 Et c'est assez assumé.
20:18 Si les chaînes, soyons très clairs, si les chaînes qu'il a reprises
20:22 ou les différents médias rencontrent un certain succès,
20:25 en ayant pris l'orientation éditoriale qui a été la leur,
20:28 c'est qu'il y avait une attente de la part du public
20:30 ou alors certaines choses qu'il ne retrouvait pas ailleurs.
20:33 Je crois qu'il y a un reproche qu'on ne peut pas faire comme ça de but en blanc,
20:37 on ne le connaît pas à M. Lagardère, à M. Bolloré,
20:39 vous vous dites directement "raciste", "xénophobe",
20:42 ce sont des mots qui sont quand même très très forts.
20:44 Et vous savez, vous l'avez dit, moi je ne l'ai pas dit,
20:48 que le pluralisme était remis en question par la gauche.
20:50 Et je dis toujours, ce qui est important, c'est ce qu'on dit,
20:53 ce n'est pas les gens avec lesquels on échange.
20:55 Et donc, moi, je parle aussi bien à des médias comme Libération ou L'Humanité,
20:59 dont je sais que la manière dont vont être repris les propos que je tiens
21:01 ne seront pas forcément pris sous le meilleur angle,
21:03 mais c'est le jeu de la démocratie, il n'y a pas de souci.
21:05 Je vais vous dire la seule chose qui me préoccupe vraiment dans cette histoire
21:08 où on peut parler d'ingérence politique,
21:10 où on peut parler de remise en cause de la liberté de la presse,
21:12 c'est le fait que la ministre de la Culture elle-même
21:14 vienne porter un jugement de valeur sur la nomination...
21:18 - Alors on va le revoir rapidement ce tweet.
21:20 - ... d'une personne à la tête d'une rédaction.
21:23 Ça c'est une erreur, une faute grave de la ministre de la Culture.
21:25 - "Android, le JDD peut devenir ce qu'il veut tant qu'il respecte la loi,
21:29 mais pour nos valeurs républicaines, comment ne pas s'alarmer ?"
21:32 - Donc pour elle, si quelqu'un est trop à droite, ça remet en cause les valeurs républicaines.
21:35 Elle n'aurait jamais, jamais dit la même chose, encore une fois,
21:39 d'une personne plutôt étiquetée à gauche.
21:43 - Mais est-ce qu'elle ne remet pas un peu en cause l'indépendance
21:46 en s'immisçant dans un débat alors qu'elle est politique ?
21:48 - Elle pose la question de notre cadre juridique, dont elle mesure manifestement les carences,
21:52 puisqu'elle permet la concentration des médias, les atteints de pluralisme...
21:55 - Non, non, elle ne parle pas de concentration.
21:57 Elle parle d'orientation, de remise en cause des valeurs républicaines
22:00 par la révélée de l'une personne.
22:02 - Quand vous avez toute votre rédaction qui s'oppose à vous,
22:06 c'est qu'il y a une question d'indépendance qui est posée.
22:08 - Elle ne peut pas poser cette question-là sous le jugement de valeur républicain.
22:12 - Elle peut la poser parce qu'elle est en charge de ces questions-là.
22:14 - Elle fait elle-même la part des choses. Elle voit bien qu'elle est à la limite de la ligne rouge.
22:17 - Il n'était pas bienvenu pour vous.
22:18 - Elle dit que ce n'est pas du point de vue des droits.
22:20 - C'est le pouvoir politique. La question de ce tweet peut être discutée, mais ce n'est pas notre sujet.
22:25 Un mot là-dessus, puis on va partir en direct au Théâtre libre.
22:28 - On est en train de découvrir que la ministre de la Culture fait de la politique.
22:30 Je suis quand même assez étonné.
22:32 Elle n'est pas directrice générale des services du ministère de la Culture.
22:36 - En attendant, 8 anciens directeurs du JDD soutiennent les grévistes
22:40 qui se réunissent ce soir au Théâtre libre à Paris,
22:42 à l'initiative de Reporters sans frontières, où vous trouvez Marco Pommier ce soir.
22:46 Qui est présent autour de vous et quel est l'état d'esprit des grévistes ce soir ?
22:51 - Écoutez Myriam, je me trouve dans l'entrée du Théâtre libre,
22:57 juste derrière moi, juste derrière ces portes, il y a actuellement un millier de personnes,
23:01 beaucoup de journalistes forcément.
23:03 On a pu apercevoir par exemple Edwi Plenel de Mediapart,
23:06 ou encore l'éditorialiste Bruno Jeudy.
23:09 Mais il y a aussi beaucoup de politiques, l'ancien candidat à la présidentielle,
23:13 Yannick Jadot, Éric Coquerel pour les Insoumis.
23:15 On a vu également Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.
23:18 Et puis des personnalités issues du monde de la Culture,
23:20 comme Jean-Marc Dumonté, producteur de théâtre.
23:23 Moi je me trouve avec Emmanuelle Souffy,
23:25 journaliste au service politique du journal du Dimanche.
23:28 Emmanuelle Souffy, bonsoir.
23:30 Vous avez rencontré ce matin le propriétaire du JDD, Arnaud Lagardère,
23:33 et vous n'êtes pas rassurée. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il vous a dit ?
23:36 On n'est pas rassurée parce qu'en fait nous avions une demande,
23:39 c'est-à-dire que l'arrivée de Geoffroy Lejeune,
23:42 ancien directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles,
23:44 ne vienne pas à la tête de notre journal, du JDD.
23:48 Pour le moment, Arnaud Lagardère a estimé que c'était sa décision personnelle.
23:54 Il nous a bien précisé que ce n'était pas une décision de Vincent Bolloré,
23:57 qui va être le nouveau propriétaire de la Gardère Media News,
24:00 mais que c'était sa décision à lui.
24:02 Il nous a dit que le JDD ne sera jamais Valeurs Actuelles.
24:07 Mais vous voyez, ce sont des déclarations, des intentions.
24:09 Pour le moment, nous n'avons aucune garantie.
24:12 Il dit qu'il ne veut pas changer la ligne éditoriale du JDD.
24:15 Vous ne lui faites pas confiance quand il vous dit ça ?
24:17 Pour le moment, en tous les cas, on n'a pas de garantie
24:20 nous permettant de pouvoir lui accorder ce crédit-là.
24:23 C'est vrai qu'à l'avenir, on a besoin de savoir
24:27 si on va pouvoir travailler en toute indépendance.
24:30 Sachant que c'est un profil assez clivant.
24:32 Pour nous, c'est clairement une ligne rouge qui a été franchie dans cette nomination.
24:36 À la différence d'autres conflits qui ont malheureusement déjà eu lieu
24:40 quand Vincent Bolloré s'est emparé de Media,
24:43 puisque son ambition c'est de créer un grand groupe médiatique.
24:47 La différence du conflit avec E-Télé,
24:49 où on fait souvent un peu la comparaison,
24:51 c'est que là, c'est lié à une nomination.
24:53 Une nomination d'un personnage, d'un journaliste,
24:56 qui est un journaliste de parti pris,
24:58 qui est un journaliste d'opinion, un journaliste militant,
25:01 qui a milité pour la campagne d'Éric Zemmour
25:03 durant les présidentielles, qui est un proche de Marion Maréchal.
25:06 Ce sont tout ça des idées qui ne correspondent absolument pas aux valeurs du JDD.
25:10 Quel est votre état d'esprit ce soir ?
25:12 C'est quoi la suite ?
25:13 Est-ce qu'il y a un journal qui va sortir dimanche dans les kiosques ?
25:15 Est-ce que vous allez reconduire la grève dès demain ?
25:17 On a remis la grève en vote pour encore 24 heures.
25:23 Il y a le site aussi qui est toujours bloqué.
25:26 On parle beaucoup du papier, mais il y a aussi un site internet
25:28 qui est bloqué depuis presque une semaine, ça fait depuis jeudi dernier.
25:32 Donc ça, ça va être la décision en Assemblée Générale.
25:34 Parce qu'on n'a jamais été aussi unis dans cette rédaction
25:37 qui comporte à peu près une centaine de journalistes,
25:40 en incluant la fabrication, le secrétaire de rédaction et les journalistes pigistes.
25:44 Donc ça, c'est la décision qui sera prise en Assemblée Générale.
25:48 Vous pensez que vous pouvez avoir gain de cause,
25:51 que Geoffroy Lejeune ne va finalement pas arriver au JDD ?
25:54 J'ai envie de vous dire, un combat, tant qu'il n'est pas mené jusqu'au bout, il n'est pas perdu.
25:58 Donc on espère en tous les cas que ce qui nous arrive aujourd'hui
26:02 sera un électrochoc pour toutes les rédactions de France.
26:05 C'est-à-dire qu'on est même contacté par des rédactions européennes,
26:08 allemandes, italiennes, qui s'inquiètent de cette montée rampante d'idées xénophobes
26:15 qui ne sont pas les idées véhiculées par le JDD.
26:18 Merci beaucoup Emmanuelle Souffy et Myriam.
26:20 Juste quelques secondes, regardez, dans l'entrée du Théâtre Libre,
26:23 on a placé une caisse de grève, ça permet à tous ceux qui le souhaitent
26:27 de mettre de l'argent pour soutenir les grévistes de la rédaction du JDD.
26:31 Merci beaucoup Marco Pommier.
26:34 Un électrochoc, voilà, c'est ça qu'ils veulent au fond, qui se crée aujourd'hui.
26:38 Et vous êtes les législateurs, qu'est-ce qu'on fait ?
26:41 On va regarder la concentration des médias,
26:43 on a préparé une petite infographie avec La Galaxie,
26:47 une petite dizaine, les grands capitaines d'industrie
26:51 qui possèdent les principaux titres de presse en France,
26:55 Vincent Bolloré, Bernard Arnault, François Pinault, Daniel Kretensky,
26:59 Xavier Niel et Patrick Drahi, pour l'essentiel.
27:03 Il y a des aides publiques aujourd'hui, qu'on perçoive le JDD.
27:07 De l'Union 2021 pour le JDD, par exemple.
27:09 Alors, qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce que ce n'est pas un premier levier d'urgence ?
27:12 Alors, ça peut être un premier levier.
27:13 D'abord, il faut avoir conscience que ce problème de la concentration des médias,
27:16 il n'est pas seulement français, voire européen, il est mondial aujourd'hui.
27:20 Et il est évidemment européen, d'ailleurs, la Commission européenne s'est emparée de ce sujet
27:24 avec le Media Freedom Act, qui est aujourd'hui en cours de discussion.
27:29 De notre côté, il y a déjà eu des évolutions législatives,
27:32 je pense à la loi Bloch de 2016, qui garantissait un certain nombre de protections
27:37 quant à l'indépendance des journalistes.
27:39 - Alors, pardonnez-moi, mais ça n'a pas suffi.
27:42 - Alors, justement...
27:43 - Ni pour la grève à ITV, ni aujourd'hui.
27:45 - C'est la raison pour laquelle une mission d'évaluation a été mise en place
27:48 par la Commission des Affaires culturelles et de l'éducation au sein de l'Assemblée nationale,
27:53 qui est copilotée par Isabelle Roche, la présidente de la Commission,
27:56 et puis M. Echaniz pour le Parti socialiste.
27:59 Mission d'évaluation qui va durer six mois et qui va faire le point
28:02 sur cette loi est-elle aujourd'hui suffisante, doit-elle évoluer, doit-elle être modifiée ?
28:06 Ça, c'est un premier point.
28:07 Et puis, le ministre Véran s'est exprimé aujourd'hui à l'Assemblée nationale
28:10 en réaffirmant ce qu'il avait déjà dit en janvier,
28:13 à savoir la nécessité de mettre en place des états généraux...
28:16 - De la presse.
28:17 - De la presse, de manière à voir comment il faut faire évoluer...
28:21 - Qu'est-ce qu'on peut faire évoluer ? Qu'est-ce qu'il faut faire évoluer ?
28:26 Je rappelle que l'argument principal de la concentration des médias,
28:29 c'est résister au GAFA, au géant du numérique américain.
28:33 On avait vu ça au moment de la fusion entre M6 et le groupe TF1,
28:37 qui n'a finalement pas eu lieu, mais c'était l'argument principal.
28:40 - 2016, la loi Bloch, elle montre aujourd'hui un certain nombre de limites,
28:44 même si elle a permis un certain nombre de progrès.
28:47 Il y a eu, l'année dernière, au Sénat, un rapport de David Hassouline
28:50 sur la concentration des médias.
28:52 C'était il y a un an. Pas de conclusion tirée par le gouvernement.
28:55 - Avec des propositions concrètes de séparer le pouvoir de l'actionnaire
28:58 de l'éditorial avec ce fameux veto.
29:00 - Absolument.
29:01 - Ça n'a pas été appliqué.
29:02 - Je pense que nous pouvons légiférer sur la possibilité de ce veto.
29:05 Nous pouvons aussi légiférer sur les contreparties aux aides à la presse.
29:08 Je ne serais pas d'avis de dire qu'on voulait retirer...
29:11 - C'est une règle qui s'applique à tous.
29:13 - ...et que nous légiférions pour les mettre en place.
29:16 Ça peut être... Ce droit de veto conditionne précisément les aides publiques.
29:21 Et puis, on avait essayé de le faire. Le Conseil d'État l'avait retoqué.
29:26 Mais je pense que quand on a été un média condamné, par exemple,
29:30 pour des propos racistes, je ne crois pas qu'on puisse bénéficier d'aides publiques.
29:34 - Fabienne Philippot ?
29:36 - Je mets en garde mes collègues qui voudraient encore...
29:38 - "Un média condamné ne pourrait plus être aidé."
29:41 Une proposition concrète.
29:43 - Pourquoi pas ?
29:45 - Vous savez, le problème, c'est que...
29:47 - Je rappelle que vous êtes les Républicains, il y a besoin de vos voix pour faire passer les textes.
29:50 - Oui, bien sûr. Mais après, il faut regarder sous quel angle, pas à tout supprimer.
29:53 Et souvent, ça peut être le fait d'un journaliste.
29:56 Ce que je veux dire, c'est que le mieux est parfois l'ennemi du bien.
29:58 À légiférer encore davantage, vous pouvez accentuer le phénomène
30:01 qui déplace la consommation de médias vers des réseaux sociaux
30:05 et qui va créer des difficultés.
30:07 Il y a deux choses que votre graphique ne montre pas.
30:09 - Allez-y.
30:11 - La première, c'est la comparaison de la concentration des médias chez nous
30:14 par rapport aux voisins étrangers.
30:17 Et je crois qu'il y a des pays où c'est quand même un peu plus concentré fortement que chez nous.
30:23 Et la deuxième chose, on n'a jamais eu autant de chaînes d'information que ces dernières années.
30:28 Elles se sont multipliées.
30:30 Et quand vous parlez de concentration, il y a aussi une autre chose qu'on ne voit pas.
30:33 Regardez la presse régionale.
30:35 C'est un groupe qui, de plus en plus, aspire des journaux d'autres régions.
30:39 Et là, ça peut poser des questions parce qu'ils ont des pratiques, parfois,
30:42 qui ne collent pas au respect, à la prise en considération,
30:45 à la mise en valeur de certains territoires.
30:49 Mais en tout cas, ce n'est pas aujourd'hui, dans l'information,
30:52 les médias nationaux, presse, radio, télé, qu'on a des problèmes de pluralisme.
30:58 Et si nous, on vient taper dessus, en légiférant plus durement
31:01 pour contraindre les systèmes qui sont en place,
31:04 vous aurez d'autres acteurs alternatifs qui se développeront,
31:08 sous l'égide des réseaux sociaux, et qui sont totalement hors de tout contrôle.
31:11 Parce que quand même, ces médias, ils ont une différence avec les autres.
31:14 Quand vous écrivez quelque chose dans un journal,
31:16 l'exemple de Valeurs Actuelles que vous avez montré le prouve,
31:18 vous tombez sous le coup de la loi.
31:20 Il faut que ce soit sourcé, il faut que ce soit vérifié, vous ne pouvez pas diffamer.
31:22 Alors parfois, il y a des sanctions, mais elles sont longues à tomber.
31:24 Si vous regardez l'Arkom et le CSA, au regard de ces news,
31:27 il y a beaucoup de sanctions, mais ça prend du temps.
31:30 Comme toute action en justice.
31:32 On est toujours un peu en décalage avec déjà des informations.
31:34 Je ne me réjouis pas à ce qu'on ne soit pas capable de légiférer aussi sur les réseaux sociaux,
31:37 et quand on y raconte n'importe quoi.
31:39 On est aussi capable de cela.
31:41 Mais là, franchement, vous essayez de poser la question en termes de gauche-droite,
31:44 franchement, je n'ai pas perçu le JDL comme spécifiquement un journal de gauche.
31:48 Mais le sujet n'est pas là.
31:50 Le sujet, c'est comme républicain, comme démocrate,
31:53 est-ce qu'on est attaché au pluralisme,
31:55 à la lutte contre la concentration, à la dépendance des médias ?
31:58 C'est la seule question qui nous est posée.
31:59 Alexis Lévrier.
32:00 Ce qu'on fait, l'analyse qu'on fait ici, c'est est-ce que cette action-là...
32:03 Allez, vous faites circuler la parole.
32:04 ...remet en cause le pluralisme.
32:05 Alexis Lévrier, ce débat s'achève.
32:07 Je vais vous donner à chacun la parole pour donner vos propositions.
32:10 C'est la concentration en elle-même le problème,
32:12 ou ce sont les émictions sur la ligne éditoriale,
32:15 le poids dans le travail même de l'information qui doit être indépendante ?
32:20 La concentration, il y a eu deux périodes d'extrême concentration des médias français.
32:24 Le premier grand acteur, c'était la fin du XVIIIe siècle, Charles-Joseph Pankou,
32:27 qui a pu dover du bien au pluralisme.
32:29 Il était d'ailleurs très favorable aux idées des Lumières.
32:31 Gérardin, au XIXe siècle, était un grand patron de presse.
32:34 C'est sous son égide que la loi de 1881...
32:36 Le problème, ce sont les hommes, plus que l'organisation économique.
32:40 Le problème, c'est ce qui se passe depuis les années 80.
32:41 Le fait que c'est des capitaines d'industrie, comme vous le disiez tout à l'heure,
32:44 qui ont des intérêts autres que les médias,
32:46 qui ne sont pas spécialisés dans les médias.
32:48 Bolloré, de ce point de vue-là, est plutôt une exception
32:50 parce qu'il se recentre aujourd'hui sur les médias,
32:52 mais au nom de cette croisade idéologique dont nous parlions tout à l'heure.
32:55 Et vous disiez qu'on légifère trop.
32:57 Le droit sur la concentration dans les médias date de 1986.
32:59 Vous vous rendez compte ?
33:01 Le paysage médiatique de 1986 par rapport à aujourd'hui.
33:03 Il y a une règle.
33:05 Il n'est sans doute pas moins pluriel aujourd'hui qu'en 1986.
33:07 Il faut revoir cette loi.
33:09 Il y a besoin de retourner à la loi.
33:11 Cette commission sénatoriale, l'an dernier, n'est accouchée de rien,
33:13 si ce n'est de propositions intéressantes,
33:15 mais dont l'Assemblée nationale, dont l'exécutif, ne s'est pas saisie.
33:17 Valentino Berti, très rapidement, lutter contre les GAFA,
33:20 mais être puissant, encore qu'on puisse remettre ça en question
33:23 sur la façon dont on structure les médias.
33:25 Je pense que ce principe-là n'empêche pas les médias
33:28 d'être un contre-pouvoir pour eux-mêmes.
33:30 C'est-à-dire que les médias sont un contre-pouvoir dans la société,
33:32 contre-pouvoir politique, économique,
33:34 mais au sein des médias, il faut des garde-fous,
33:36 il faut des contre-pouvoirs.
33:38 Avoir un actionnaire n'empêche pas d'avoir des garde-fous.
33:41 Quelques propositions très simples.
33:43 Des charts éthiques, des conventions.
33:45 Mais les charts éthiques ne sont souvent pas contraints.
33:47 Il y avait une charte éthique, il me semble.
33:49 Il y en a eu une à Seine-Nouss, il me semble.
33:51 Ça n'a pas empêché la chaîne de dériver vers une chaîne d'opinion
33:53 comme l'a bien dit Philippot.
33:55 Il faut réformer les aides publiques.
33:57 Pourquoi pas attribuer un critère d'indépendance
33:59 pour les attribuer ces aides publiques ?
34:01 Il faut donner le pouvoir aux rédactions d'agir en justice,
34:04 leur donner une personnalité juridique pour leur permettre d'agir
34:07 lorsque il y a un manquement à la déontologie de leurs médias.
34:09 Pourquoi pas publier l'identité des actionnaires,
34:12 direct et indirect, de médias, pour plus de transparence ?
34:15 Et enfin, bien évidemment, et c'est un modèle que nous éprouvons
34:17 à Mediapart, permettre aux directeurs et directrices
34:20 de la rédaction d'être élus par les journalistes
34:24 et d'être possiblement révoqués aussi par les journalistes.
34:27 - Eh bien voilà les propositions, elles sont sur la table.
34:30 On verra ce que vous en faites, messieurs les députés.
34:32 On s'arrête là.
34:33 Merci d'être venus débattre sur LCP.
34:35 Vous restez avec moi, Boris Vallaud,
34:37 dans une dizaine de minutes, les partis prides nous affranchir.
34:39 Alors ce soir, le regard d'Isabelle Lasserre
34:41 sur la reprise en main, ou pas d'ailleurs,
34:43 de Vladimir Poutine après le putsch manqué d'Evgenie Prigojine,
34:47 après le salé, le sucré avec Fanny Guinochet
34:50 qui nous dira si le projet de loi sur le partage de la valeur
34:53 fera oublier la crise des retraites.
34:55 Et puis dans Bourbon Express ce soir, quel est le menu, Elsa Mondingava ?
34:58 - Eh bien je vous parle du déjeuner entre Nicolas Sarkozy
35:01 et l'aile droite du groupe Renaissance
35:03 au menu gazpacho et politique intérieure.
35:05 - Merci beaucoup Elsa.
35:07 Allez, on parle de vous à présent, Boris Vallaud,
35:10 et des socialistes à l'Assemblée que vous pilotez depuis un an.
35:13 Vous avez voté 14% des projets de loi du gouvernement.
35:16 On a calculé, c'est plus que la France Insoumise,
35:19 mais c'est moins que le Rassemblement national.
35:22 Les socialistes à l'Assemblée à l'heure du bilan,
35:24 regardez, c'est dans l'invitation, c'était Fanny Despierre.
35:26 On en parle ensemble juste après.
35:28 Si on vous invite, Boris Vallaud, c'est parce que vous dirigez
35:37 le groupe socialiste à l'Assemblée, désormais arrimé à la nupèce.
35:41 Après une carrière de conseiller sous François Hollande,
35:44 vous êtes élu député des Landes pour la première fois en 2017.
35:48 Réélu en 2022, vous devenez le chef de file
35:51 des socialistes à l'Assemblée.
35:53 Avec les 31 députés, vous jouez la carte
35:56 de l'opposition raisonnable.
35:58 Le camp présidentiel ne désespère pas d'obtenir vos voix.
36:02 Parfois, ça marche, sur les énergies renouvelables
36:04 et une dizaine de textes cette année.
36:06 Vous parvenez même à faire voter une de vos propositions
36:09 par la majorité, la loi pour réguler les influenceurs.
36:13 En revanche, pas de compromis sur le budget
36:16 pour marquer que vous êtes pleinement dans l'opposition.
36:19 Le compromis est une méthode, vous voudriez qu'elle soit
36:22 une rédition. Vous n'aimez les oppositions que quand
36:25 elles se présentent à vous la corde au cou,
36:27 comme les bourgeois de Calais.
36:29 Je vous le dis, madame la Première ministre,
36:31 nous avions espéré de vous et vous nous avez désespéré.
36:34 À l'Assemblée cette année, les socialistes,
36:37 vous êtes surtout les champions de l'abstention
36:39 tout groupe politique confondu.
36:41 Vous vous êtes abstenu sur 45% des 20 de textes
36:44 les plus importants de la session.
36:47 Sur la réforme des retraites, en revanche, c'est clair,
36:50 Boris Vallaud, vous menez le combat aux côtés de vos alliés.
36:54 C'est non à cette réforme injuste, brutale,
36:57 et dont nous contestons la nécessité et l'urgence.
37:00 Non, s'il vous plaît !
37:01 Dans l'hémicycle, vos députés essayent de se faire entendre
37:04 à côté des bruyants insoumis.
37:06 Vous auriez voulu plus de débats, moins de chahut,
37:09 vous tentez d'accélérer les discussions
37:12 pour arriver à débattre de l'article sur les 64 ans,
37:15 alors que la France Insoumise a le pied sur le frein.
37:18 On sent que cette stratégie vous agace, mais vous retenez-vous.
37:22 Écoutez, moi je ne commande pas la stratégie,
37:24 je vous ai dit ce qu'était la nôtre, voilà.
37:27 Au printemps, cependant, vous ne mâchez plus vos mots
37:30 au moment de la réintégration d'Adrien Katznins par les Insoumis.
37:34 C'est une faute politique, une erreur, dites-vous.
37:37 Un an après, malgré les désaccords, malgré les tensions internes au PS,
37:41 l'Alliance de gauche vit encore.
37:44 Alors, Boris Vallaud, comment imaginez-vous l'an 2 de la nu-PS ?
37:49 Réponse, Boris Vallaud.
37:52 L'avenir, il est un peu en péril, quand même, cette alliance.
37:56 En fait, je vais vous dire que je ne vous crois pas.
37:58 D'abord, il faut que vous mesuriez ce qui s'est passé depuis un an.
38:01 On arrive dans un hémicycle dans lequel il n'y a pas de majorité absolue.
38:04 C'est-à-dire que c'est un objet institutionnel non identifié.
38:06 Donc, au fond, personne ne sait bien quoi faire.
38:08 Il n'y a pas de mode d'emploi.
38:10 On a le cerveau de la 4e République dans le corps de la 5e.
38:12 C'est dysfonctionnel.
38:13 Et on l'a constaté plus souvent qu'à notre tour.
38:17 On a l'extrême droite dans l'hémicycle qui arrive en nombre.
38:20 Ce n'est pas quelque chose de banal.
38:22 La question de notre rapport à l'extrême droite est évidemment posée
38:26 et a fortiori quand on voit dans la majorité des gens prêts
38:29 à glisser des bulletins dans l'urne pour désigner les vice-présidents d'extrême droite.
38:33 Il y a évidemment cet intergroupe de gauche avec des cultures différentes, des histoires différentes.
38:38 Une alliance électorale qui a bien marché, au moins au début à l'Assemblée,
38:42 mais dont on voit bien qu'aux Européennes, par exemple, les désaccords sont trop forts.
38:46 Vous l'aviez d'ailleurs écrit noir sur blanc au moment de la constitution de la Lune.
38:49 Je voudrais juste vous dire une chose assez simple.
38:51 Moi, je regarde quels sont les acquis et puis ce qui n'a pas fonctionné.
38:55 Sur les acquis, c'était une gauche qui ne se parlait pas,
38:58 qui ne se parlait plus, qui désespérait le peuple gauche,
39:00 qui disait "entendez-vous", pas "entendez-vous", mais "parlez-vous".
39:03 On se parle. On s'est vus depuis un an, toutes les semaines, dans des réunions d'intergroupe.
39:08 Il y a eu des séminaires. On se dit les choses, parfois.
39:10 Sur les retraites, par exemple, vous avez beaucoup bossé.
39:13 On se rend compte que vous êtes dans une alliance avec LFI qui veut revenir aux 60 ans.
39:19 Vous, vous restez aux 62 et éventuellement, vous continuez un peu la réforme thuréenne.
39:23 C'est quand même des gros désaccords.
39:25 Sur la méthode, on a eu des désaccords de méthode,
39:27 parce qu'il fallait les voter ou non, l'article 7.
39:29 C'était un choix qui n'était pas évident.
39:31 Vous avez un peu subi le choix des insoumis.
39:33 Nous, on a pensé que nous devions aller au vote,
39:35 parce que le mouvement social, d'une certaine manière, le demandait.
39:38 On s'est dit les choses.
39:39 Mais on a fait partout en France, y compris dans des petites villes très éloignées,
39:45 parce que c'était important de porter la parole de la gauche.
39:47 On a fait Estrade Communale avec toute la gauche.
39:49 Et on a dit que nous étions opposés sur un certain nombre de sujets
39:52 qui relèvent de la justice, de la défense des services publics,
39:55 de la défense de l'hôpital, de la justice fiscale,
40:00 de la taxation des multinationales, des super-profits...
40:02 Vous avez des accords au sein de l'Alliance.
40:04 Et puis, il nous arrive d'avoir des désaccords.
40:06 Mais sur l'Europe, par exemple, parce que quand on regarde les sondages,
40:08 ça doit quand même vous faire réfléchir.
40:10 Les sondages, liste à part, il y a un différentiel de 10 points de plus,
40:14 quasiment, que si vous faites Alliance.
40:17 Sur la question de l'Europe, je vais vous dire,
40:18 sur ce sujet comme sur beaucoup d'autres,
40:20 le Parti Socialiste lance des conventions.
40:22 Il y a une convention sur l'Europe,
40:24 qui va d'abord répondre à la question,
40:25 qu'est-ce qu'en pensent les socialistes ?
40:26 Et en quoi des socialistes français en Europe,
40:29 parmi les sociodémocrates,
40:30 peuvent être utiles aux Françaises et aux Français ?
40:33 C'est la réponse, c'est la question à laquelle nous devons d'abord...
40:36 - Donc, on repart de la base.
40:37 - Ensuite, nous constaterons,
40:39 parce que les autres partis font la même chose,
40:40 des accords et des désaccords.
40:42 Écoutez, oui, on a eu des désaccords sur, par exemple,
40:44 l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN.
40:49 On a eu aussi des différences de positionnant...
40:52 - Des déclarations sur Vladimir Poutine, notamment.
40:54 - Sur la question de l'Ukraine.
40:56 Est-ce que nous avons refusé d'en débattre ?
40:58 Moi, j'ai vu, sur la question de la loi de programmation militaire,
41:01 sur la question de l'Ukraine,
41:02 j'ai vu des députés écologistes, socialistes, insoumis,
41:05 débattre ensemble pour voir quels étaient nos points.
41:08 On ne le faisait pas depuis des années.
41:09 - Donc, vous y croyez.
41:10 Vous y croyez jusqu'en 2027.
41:12 - Je dis que ce n'est pas simple, j'en sais rien.
41:13 Je dis que tous ceux qui ne feront pas l'effort
41:16 de considérer que la gauche, au fond,
41:18 qui fait 51 % sous contour de l'élection présidentielle,
41:20 elle est large, elle est large,
41:22 que, au fond, personne n'ait à lui seul un puzzle tout entier,
41:26 mais une pièce d'un puzzle que nous avons à construire et à constituer.
41:29 C'est là que l'on peut construire une forme d'espérance,
41:32 d'alternance, d'alternative,
41:34 parce que si ce n'est pas nous,
41:35 ça risque d'être l'extrême droite.
41:36 Et là, je vais vous dire, c'est l'aventure, et pas pour le meilleur.
41:39 Donc, il faut que chacun ait conscience de cela.
41:41 Et moi, les invectives des uns envers les autres, ça me fatigue.
41:44 Est-ce que je suis d'accord sur tout ?
41:45 Est-ce qu'on est toujours d'accord avec les écologistes,
41:47 avec les communistes, entre socialistes, nous-mêmes ?
41:50 Non. Je vous le dis, moi, à la réunion de groupe,
41:52 il y a des fois, c'est pas évident.
41:54 On se pose des questions, on débat, et on met en place le travail.
41:57 - Je le disais, vous bossez sur le fond,
41:58 et on l'a très bien noté ici, à LCP,
42:00 pendant le débat sur les retraites,
42:02 notamment sur la fameuse pension minimale.
42:04 Vous avez contribué à lever un certain nombre de flous et d'incertitudes.
42:09 Et en même temps, vous êtes les rois de l'abstention.
42:11 45 %, c'est beaucoup, quand même.
42:13 Est-ce que c'est pas le signe d'un certain malaise
42:15 au sein du PS, entre LFI d'un côté et le gouvernement,
42:19 vous n'arrivez pas à choisir ?
42:20 - Non, pas du tout. Je vais vous dire, il faut bien prendre en compte
42:23 le fait que quand on est une majorité relative,
42:25 en fait, on a vraiment trois votes.
42:27 Pour, contre et l'abstention.
42:28 Et l'abstention, des fois, elle bloque un texte, des fois, elle le bloque pas.
42:31 - Pour vous, c'est de la responsabilité, parfois ?
42:34 - On essaie d'être dans la nuance.
42:35 De la responsabilité, en tout cas, on prend ce type de responsabilité.
42:39 - C'est pas un manque de courage ?
42:40 - Non, je crois pas. Je crois pas.
42:41 On est dans une majorité relative.
42:43 Vous évoquiez quelles pouvaient être nos victoires.
42:45 Alors, vous avez évoqué la question...
42:47 - Les influenceurs, on a regardé.
42:49 - Les influenceurs. On a fait une loi, au fond, qui était transpartisane.
42:53 Arthur Delaporte s'est illustré.
42:55 On travaille sur les meubles de tourisme, avec les écologistes,
42:59 et aussi avec certains de la majorité.
43:02 On a travaillé, regardez, on a fait passer contre le gouvernement
43:05 la nationalisation de l'EDF, avec la France Insoumise,
43:07 avec les Comices, avec les Républicains.
43:09 Il se passe quelque chose dans cette Assemblée.
43:11 C'est compliqué, mais moi, j'ai envie de dire,
43:13 de faire le pari de ce parlementarisme,
43:15 et de dire "on légifère", et puis l'exécutif, il exécute.
43:18 Parce que moi, j'ai pas été élu pour faire la majorité
43:21 qui manque à Emmanuel Macron.
43:23 - Ils en sont pas là, parce qu'ils ont pas mal de réformes
43:25 à vous soumettre encore.
43:27 On va faire un peu de "name dropping" rapidement.
43:29 Je sais que vous aimez pas ça, mais ça m'intéresse de vous entendre.
43:32 Le mouvement de Bernard Cazeneuve, la Convention,
43:34 est une impasse, ça, c'est ce qu'a dit Olivier Faure.
43:37 Vous l'avez bien connu, Bernard Cazeneuve,
43:39 quand vous travaillez avec François Hollande à l'Elysée.
43:41 Il a raison de dire ça ?
43:42 - Les aventures solitaires, d'où qu'elles viennent,
43:44 risquent de s'essouffler, de ne pas mener très loin.
43:46 Donc moi, je regarde tout ce qui se passe avec intérêt,
43:48 dès lors qu'à un moment donné, je me dis que le point d'arrivée,
43:51 c'est le rassemblement le plus large possible
43:53 d'une gauche qui soit capable...
43:55 - Donc c'est une aventure solitaire, j'entends.
43:57 - Mais d'une certaine manière...
43:59 - J'aimerais vous entendre.
44:00 - On peut être où, tout ça ? Je suis pas sûr que c'est une aventure solitaire.
44:02 C'est une initiative qui est personnelle.
44:04 À un moment donné, elle est capable de s'élargir.
44:07 J'en sais rien.
44:09 - Vous ne répondez pas, on verra.
44:11 François Ruffin, est-ce que sa démarche,
44:13 ce démarque très clairement de Jean-Luc Mélenchon,
44:15 vous intéresse ?
44:17 - Mais c'est... Ruffin est...
44:19 Pardon, François Ruffin est un député,
44:22 un personnage intéressant.
44:24 Il est intéressant dans sa façon de faire.
44:26 Le fait d'aller au contact des classes populaires,
44:29 de devenir leur voix,
44:31 de leur donner des visages à travers ses documentaires.
44:33 Il a inventé quelque chose en politique.
44:35 Oui, c'est intéressant.
44:37 Et puis, il y a des combats où je vois qu'on peut avoir des convergences.
44:40 La place du travail, la place des classes populaires.
44:43 Donc oui, ça m'intéresse, mais il y a des choses qui m'intéressent partout.
44:45 Moi, j'essaye de picorer.
44:47 Si on est enfermé en pensant qu'on a raison tout seul,
44:50 en réalité, on finit par avoir tort.
44:52 - Un tout petit mot.
44:54 Les jeunes socialistes se rebellent un peu.
44:56 Vous avez vu, Emma Ruffovitz...
44:57 - La jeunesse est impétueuse.
44:58 - ...contre les éléphants.
45:00 Qu'est-ce que vous dites aujourd'hui à un jeune
45:02 pour lui dire "Venez au PS".
45:04 - Moi, je dis "Merci".
45:06 - Qu'est-ce que vous faites pour les convaincre
45:08 que le Parti socialiste n'est pas mort d'un mot ?
45:10 - Je leur dis que le socialisme est une idée radicalement neuve.
45:13 - Il ne faut pas changer de nom, peut-être ?
45:15 - J'en sais rien. On changera de nom.
45:17 Vous savez, moi, je ne suis pas...
45:19 Ce n'est pas parce qu'on ravale la façade qu'on a déménagé.
45:21 Il y a la fidélité à ce qu'on est dans l'histoire.
45:24 Et puis, la jeunesse est impétueuse. Très bien.
45:26 Moi, je crois qu'il faut l'écouter,
45:28 même quand elle nous botte les fesses de temps en temps.
45:30 - Je ne sais pas si vous l'avez vu, mais elle a eu des mots un peu durs.
45:32 Merci beaucoup, Boris Vallaud.
45:34 - C'est une jeune femme de talent.
45:36 - Pour ce tour d'horizon, on va continuer à vous entendre
45:38 parce que c'est l'heure d'accueillir nos affranchis
45:40 pour leur parti pris. Ils vont vous faire réagir.
45:42 On les accueille tout de suite aux féminins pluriels.
45:45 Ce soir, Isabelle Lasserre, correspondante diplomatique du Figaro,
45:48 Fanile Guinochet de France Info pour le décryptage Echo.
45:52 Bienvenue à toutes les deux.
45:54 On commence, comme chaque soir, vous le savez, par Bourbon Express.
45:56 C'est l'histoire du jour à l'Assemblée.
45:58 Ce soir, elle nous est racontée par Elsa Mondingava.
46:00 Bonsoir, Elsa. - Bonsoir.
46:01 Je vous raconte ce soir l'histoire du déjeuner secret,
46:04 le plus commenté de la journée, celui entre Nicolas Sarkozy
46:07 et l'aile droite du groupe Renaissance.
46:09 Un déjeuner, il faut le dire, quasi public.
46:11 Regardez le député Damien Rabanne, ancien LR,
46:14 passer chez Emmanuel Macron.
46:16 Il a tweeté une photo, n'hésitant pas à qualifier ce moment.
46:19 Le mot est lâché d'exceptionnel.
46:21 On voit donc sur la photo l'ancien président de la République
46:24 entouré d'une quinzaine de députés Renaissance,
46:26 l'aile droite du groupe, au centre, main croisée, concentrée.
46:29 L'ancien chef de l'Etat était invité à l'Assemblée nationale
46:32 par Éric Wörth, son ancien ministre du Budget,
46:35 passé chez Emmanuel Macron.
46:37 Il y avait des députés transfuges, chez Les Républicains,
46:40 qui ont changé de maillot pour soutenir Emmanuel Macron,
46:42 Constance Legrip, Robin Reda, Ouangor et Damien Rahmat.
46:45 - Ils ont l'air très contents. Quel était le menu de ce déjeuner ?
46:48 - Gaspaccio, volaille, entremets à l'abricot,
46:50 ça, c'est pour le menu gastronomique.
46:52 Pour le menu politique, on a essayé d'en savoir un peu plus
46:55 sur ce qu'il s'est dit autour de la table.
46:57 On a interrogé les participants.
46:59 - Racontez-nous, qu'est-ce que vous vous êtes dit ?
47:02 - Il ne m'appartient pas de dévoiler par le menu tout ce que nous avons dit,
47:07 mais on a eu des discussions très informelles,
47:12 très amicales, très chaleureuses,
47:14 beaucoup d'affection, beaucoup d'attention aussi,
47:17 sur beaucoup de sujets français, européens, internationaux.
47:21 - Sur un accord entre la droite et le gouvernement ?
47:24 - Ça n'a vraiment pas été au cœur de nos discussions.
47:27 On a parlé des grands sujets politiques du moment.
47:31 - On aurait parlé de tout, sauf d'un accord entre la droite et le gouvernement.
47:35 On a retenté notre chance.
47:37 - Est-ce que vous avez parlé, on sait que Nicolas Sarkozy le souhaite,
47:41 d'un accord entre la droite et le gouvernement ?
47:44 - On n'a pas évoqué formellement d'accord,
47:46 puisqu'on voit bien qu'aujourd'hui, cet accord n'existe pas
47:49 et vraisemblablement ne peut pas exister de manière contractuelle.
47:53 Mais on a parlé de cette main tendue qui est nécessaire
47:56 de la part de la majorité présidentielle pour voter des textes,
48:00 pour faire avancer le pays et pour adopter les solutions
48:03 qui sont celles qui sont nécessaires pour la France et pour les Français.
48:07 - Ils attendent un accord avec la droite ?
48:09 - Ils attendent qu'on défende la liberté, qu'on réforme le pays,
48:12 qu'on donne de l'autorité, de l'ordre dans le pays.
48:15 Et vraisemblablement, nous pouvons trouver une coalition d'idées,
48:18 une majorité d'idées à l'Assemblée nationale pour faire cela.
48:21 - Ce qu'on sait, Myriam, c'est que Nicolas Sarkozy
48:24 a appelé à vraiment tendre la main, pas juste tendre le doigt
48:27 pour goûter la température de l'eau.
48:29 Il a dit que même s'il restait fidèle à son parti,
48:32 pour lui, si on aime la France, il faut aider Emmanuel Macron.
48:35 Et puis sur la Première ministre, Elisabeth Borne,
48:37 il a rappelé aussi que sa nomination avait un peu floué l'électorat de droite.
48:41 - Qu'en pense-t-on du côté des Républicains
48:43 et des autres députés macronistes plus à gauche ?
48:47 - Côté Républicains, on a posé la question ce matin
48:49 au président du groupe Les Républicains, Olivier Marlex.
48:52 Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'avait pas forcément
48:54 très envie de répondre.
48:56 - Nicolas Sarkozy, des jeunes à la question,
48:58 avec des députés de l'aile droite du groupe Renaissance.
49:00 Qu'est-ce que cette rencontre vous inspire ?
49:03 - Nicolas Sarkozy, des jeunes avec qui il veut...
49:09 Je pense qu'il s'en suit pour l'essentiel,
49:12 d'anciens collaborateurs à lui, comme Mme Le Grip.
49:17 Donc, ça ne va pas...
49:19 N'y voyez pas de signe permanent.
49:21 - Un député de droite me confie plus franchement,
49:24 c'est nul, ça prouve qu'il a franchi le Rubicon.
49:27 On ne peut plus considérer qu'il est dans notre famille politique.
49:30 Côté Renaissance, cette fois, ça tique aussi un peu
49:33 chez les macronistes canal historique.
49:35 Ils ne comprennent pas trop cet affichage, c'est ridicule.
49:37 On dirait un fan club.
49:38 On n'a pas vocation à devenir une UMP New Look.
49:41 Vous le voyez, pour l'accord de gouvernement,
49:43 on en est encore loin.
49:44 - Oui, merci Elsa.
49:46 C'est incroyable, Nicolas Sarkozy,
49:48 qui va avec des députés macronistes.
49:51 - C'est plutôt distrayant.
49:52 J'ai envie de vous faire la réponse de Marlex,
49:54 quand il fait...
49:55 - Bon, allez, next.
49:57 On enchaîne avec vous, Fanny.
49:58 Vous vouliez nous parler du projet de loi
50:00 qui est en débat à l'Assemblée nationale
50:02 sur le partage de la valeur après la réforme des retraites.
50:06 C'est le texte qui est censé nouer
50:09 la grande réconciliation avec les syndicats.
50:11 - Exactement, c'est un exercice de kalinothérapie
50:13 qui est mené en bonne et due forme par le gouvernement,
50:16 qui espère donc retisser les liens
50:19 après des mois de conflit autour de la réforme des retraites.
50:22 Alors, ce texte, insiste bien le gouvernement,
50:25 ça doit être la retranscription très fidèle
50:28 de l'accord qui a été signé
50:30 entre le patronat et les syndicats cet hiver,
50:33 sur le sujet, sauf la CGT,
50:36 il faut le préciser, qui n'a pas signé.
50:38 Et le gouvernement va même un cran plus loin,
50:40 puisqu'il demande même aux parlementaires
50:43 de se mettre dans la main des partenaires sociaux,
50:46 puisque Olivier Dussopt propose de soumettre
50:49 à leurs approbations les éventuelles modifications
50:53 qui seraient faites à ce texte par les députés,
50:56 ce qui voudrait dire que la démocratie sociale
50:59 passerait avant la démocratie parlementaire.
51:01 C'est rarement le cas.
51:03 - Oui, c'est rarement le cas.
51:04 Alors, pourtant, ce n'est pas un texte consensuel.
51:06 - Eh bien, de prime abord, il pourrait l'être,
51:08 parce que l'idée, c'est de redonner du pouvoir d'achat aux Français,
51:11 c'est de permettre aux salariés de bénéficier
51:14 d'un certain nombre de dispositifs,
51:16 notamment les salariés des petites entreprises,
51:18 des systèmes de participation, d'intéressement.
51:21 Pour ces salariés des PME,
51:23 on estime qu'il y aurait un million et demi de salariés
51:26 qui pourraient bénéficier de façon quasi obligatoire...
51:28 - C'est bien, c'est déjà ça.
51:30 - En plus que ceux qui en bénéficient aujourd'hui,
51:33 de tous ces dispositifs.
51:35 Mais ce texte ne renverse pas non plus la table,
51:37 parce que la question, elle est souvent posée par la CGT,
51:40 qui n'a pas signé l'accord,
51:42 c'est que le risque, c'est qu'il y ait une substitution
51:45 de tous ces dispositifs
51:47 par rapport à de vraies augmentations de salaire.
51:50 - Il y a la question des super profits aussi,
51:52 qui va s'inviter dans ce débat.
51:54 - Alors, effectivement, en plus, le texte ne définit pas vraiment
51:57 ce qu'est un super profit, ce sera au parlementaire de le faire.
52:00 C'est une question qui fait souvent débat en France.
52:03 Et puis, qui soulève aussi d'autres interrogations,
52:06 ce texte y prévoit que quand une entreprise fait un super profit,
52:09 elle redistribue obligatoirement à ses salariés
52:12 dans l'entreprise, ses bénéfices.
52:15 Or, on pourrait se poser la question, quand on regarde
52:17 le nombre d'entreprises qui ont fait des super profits en France,
52:19 grâce à des super Z du gouvernement,
52:22 des quoi qu'il en coûte, des milliards d'euros déversés,
52:25 c'est Éric Ayer notamment qui posait la question de l'OFCE,
52:28 cet économiste qui dit, est-ce qu'il ne faudrait pas réfléchir
52:32 plutôt à une redistribution plus large ?
52:34 Pourquoi finalement, quand la société a permis à ces sociétés,
52:37 ces entreprises de faire des super profits,
52:40 il ne faut que les limiter aux salariés des groupes,
52:43 de ces firmes ? Vous voyez, pour tous ces sujets,
52:46 pas sûr que ce texte réussisse à rabibocher tout le monde.
52:50 - Merci beaucoup. En un mot, oui, non, vous le votez ?
52:53 - En un mot, le débat n'est pas terminé,
52:56 mais d'abord, il ne serait pas inconvenant que les parlementaires
52:59 puissent légiférer et améliorer ce texte.
53:02 On respecte le travail qui a été fait...
53:04 - L'accord interprofessionnel. - Par l'interprofession,
53:07 mais comme vous l'avez dit, ça épuise pas le sujet.
53:09 La question des salaires n'est pas posée.
53:11 Comment parler du partage de la valeur,
53:13 de la création de richesses, sans parler des salaires,
53:16 sans parler d'écart de rémunération dans l'entreprise ?
53:19 Il y a beaucoup de sujets qui ne sont pas épusés
53:21 et qui, évidemment, devront être traités.
53:24 - Le débat commence, on va suivre ça, évidemment.
53:26 On termine avec vous, Isabelle.
53:28 Vladimir Poutine a-t-il repris la main en Russie,
53:31 à vos yeux, on est quatre jours après l'insurrection manquée de Prigojin ?
53:35 - Alors, c'est ce qu'il essaye de faire, visiblement.
53:38 Il a exilé Prigojin en Biélorussie, ça y est, il est arrivé là-bas.
53:42 Vladimir Poutine essaye de reprendre la main sur Wagner,
53:46 en avalant, en fait, Wagner en Russie,
53:49 et en désarmant, en tout cas, en retirant les chars lourds
53:53 de la partie de l'organisation qui va suivre Prigojin en Biélorussie.
53:58 On peut s'attendre, visiblement, à des purges,
54:01 à une remise en ordre, voire à une chasse aux sorcières.
54:05 Il n'est pas exclu, Myriam, qu'à court terme,
54:07 le pouvoir de Vladimir Poutine soit consolidé.
54:10 Alors, ça paraît bizarre de dire ça aujourd'hui,
54:12 mais, et par ailleurs, l'histoire ne se répète pas tout le temps,
54:15 mais en 1993, quand Boris Helsin, pour mater une tentative de putsch
54:21 qui avait été fomentée au Parlement à Moscou,
54:25 il avait fait tirer sur le Parlement,
54:29 il avait envoyé ses tanks tirer sur le Parlement,
54:32 il y avait eu 200 morts.
54:34 La parenthèse démocratique de la Russie s'était définitivement refermée,
54:38 mais la popularité de Boris Helsin avait été consolidée,
54:42 elle était renforcée.
54:44 Il pourrait peut-être se passer la même chose.
54:46 Il faudrait d'abord, quand même, répondre à la question,
54:48 c'est-à-dire qu'après la décision catastrophique d'envahir l'Ukraine,
54:52 et puis l'humiliation qui a été infligée à Vladimir Poutine,
54:56 qui n'a pas pu arrêter la colonne par Prigogine,
54:59 est-ce que Vladimir Poutine, aujourd'hui, a les moyens
55:02 de serrer la vis très très fort et de reprendre complètement en main
55:06 le système qui est affaibli ?
55:08 - Oui, restaurer son autorité avant tout.
55:10 Le régime peut s'effondrer ou pas, à votre avis ?
55:13 - Ce n'est pas impossible non plus,
55:16 parce qu'il y a beaucoup de choses qui se passent en coulisses
55:18 depuis vendredi soir.
55:20 Il y a énormément de zones d'ombre.
55:22 Est-ce que Prigogine avait des soutiens au Kremlin ?
55:27 Est-ce qu'on s'est servi de lui pour essayer de tester
55:32 la solidité du système ?
55:35 Quel est le contenu du véritable deal
55:37 qui a été passé entre Prigogine et Poutine ?
55:39 On ne sait rien encore aujourd'hui.
55:41 On a juste l'impression que le système se délite,
55:44 que le pouvoir de Vladimir Poutine s'affaiblit
55:47 et qu'il pourrait s'affaisser comme ça d'un seul coup.
55:52 C'est vrai qu'on a l'image aujourd'hui d'un président
55:55 qui est faible dans un pays
55:57 où on ne supporte pas la faiblesse
56:00 et quelque chose qui est totalement méprisé.
56:03 - Qu'est-ce que vous imaginez comme conséquence ?
56:06 Comment vous voyez la suite ?
56:08 - Si Poutine se maintient au pouvoir,
56:10 on va vers un durcissement du régime
56:12 et peut-être sans doute même une nouvelle escalade en Ukraine.
56:16 Si Poutine tombe, est-il obligé de céder la place ?
56:20 Il y a plein de scénarios,
56:22 tous plus sombres les uns que les autres.
56:24 Le seul qu'on peut exclure, c'est une transition démocratique.
56:27 Parmi les scénarios noirs, on a une guerre des clans,
56:30 des milices qui s'affrontent,
56:32 un chaos à l'intérieur de la Russie,
56:35 plus des forces centrifuges dans le Caucase.
56:39 Ce n'est pas très positif,
56:41 mais il y a quand même dans toute cette noirceur,
56:44 il y aurait dans ces cas-là une lueur,
56:47 c'est que ce serait bien pour les Ukrainiens
56:49 et ça faciliterait, voire même...
56:51 - Précipiterait peut-être la fin de la guerre.
56:54 - ...une victoire de l'Ukraine.
56:56 Et donc, ça réglerait en partie le problème.
56:59 - Merci. Espérons que ces derniers mots adviennent.
57:03 Merci beaucoup. On s'arrête là.
57:05 Merci à vous, Boris Vallaud.
57:07 Merci, les Affranchis. A votre place,
57:09 la présidente de l'Assemblée nationale,
57:11 Yael Broun-Pivet, pour une émission spéciale.
57:13 Un an au perchoir.
57:15 Et oui, déjà, je vous souhaite une très belle soirée.
57:17 Restez-nous fidèles.
57:18 Soirée documentaire qui commence avec Jean-Pierre Gratian.
57:21 À demain.
57:22 ...

Recommandée