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Vendredi 30 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Jean-François Bay (Directeur général, Quantalys)

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00:00 [Musique]
00:10 Et nous commençons avec la première partie de Smart Bourse à la mi-journée.
00:14 Nous allons tenter de comprendre quels ont été les flux de collecte en Europe sur les marchés financiers.
00:19 Pour en parler, nous avons le plaisir d'accueillir Jean-François Bay.
00:22 Bonjour Jean-François Bay.
00:23 Bonjour Nicolas.
00:24 Bienvenue sur le plateau de Smart Bourse.
00:25 C'est le directeur général de Cantalise. Qu'avez-vous constaté sur ce mois qui vient de s'écouler en matière de flux de collecte sur le sol européen ?
00:33 Habituellement, on regarde sept indicateurs plus exactement ensemble pour voir justement la dynamique de collecte et le comportement des investisseurs sur les fonds SICAV, FCP, etc.
00:46 Et ça sur un spectre européen.
00:48 On voit déjà le premier indicateur, c'est que la tendance est plutôt à la sortie, c'est plutôt une décollecte auquel on assiste en Europe actuellement.
00:58 Je rappelle que sur fin 2022, début 2023, sur le mois de janvier, on était sur un rythme de collecte de 38 milliards de flux positifs.
01:06 Il correspond à 450 milliards en annualisé. C'est une année 2021, donc c'est vraiment eu un très bon millésime.
01:13 Et puis petit à petit, on est rentré sur un environnement négatif de sortie sur le dernier mois.
01:18 Donc c'est 16 milliards de décollecte, de sortie en fait sur l'ensemble des fonds en Europe.
01:23 Donc ça fait en annualisé moins de 200 milliards si le mois de juin se poursuivait.
01:27 Et donc on est là pour le coup sur une mauvaise année type 2022.
01:32 Les investisseurs sortent et donc à la fin de l'année, on était en 2022 sur un peu plus de 200 milliards de sortie.
01:38 Et puis on voit qu'il y a eu un renversement total de tendance, de perception des investisseurs.
01:44 Ce qui est plus intéressant, c'est de regarder un peu dans le détail le deuxième indicateur en disant,
01:48 si ça sort, quelles sont les stratégies qui subissent un petit peu ces sorties ?
01:53 On fait un peu le grand écart, c'est-à-dire que c'est plutôt des sorties qui se concentrent sur les fonds actions.
01:57 Donc les investisseurs ont peur des actifs risqués. Alors les actifs risqués, ça va être les actions, ça va être les fonds diversifiés,
02:03 ça va être les fonds alternatifs par rapport à des produits plus refuge, des stratégies type monétaire obligataire.
02:10 Donc le deuxième indicateur montre très clairement ce grand écart, une dichotomie entre je sors à peu près 8 milliards sur le dernier mois sur des fonds actions,
02:20 et 4 milliards sur des fonds diversifiés et sur des fonds alternatifs, et plutôt une entrée sur des fonds obligateurs.
02:27 8 milliards qui sortent des marchés actions ou des fonds actions ce mois-ci, après des mois où on avait connu aussi des décollectes sur les fonds actions.
02:35 Exactement. Donc ça s'est accéléré, c'était de l'ordre de 6-7 milliards sur les derniers mois, avril-mai, et là on est plutôt sur 8 milliards.
02:43 Donc on voit que ça s'accélère. Bien évidemment, le mois de janvier était positif sur les actions, on s'en souvient.
02:49 Donc c'est un petit peu ce refroidissement, cet effet un peu orthogonal qui surprend un peu les investisseurs.
02:57 Je pense qu'il y a deux raisons majeures, mais Bertrand Lamiel en parlera mieux que moi.
03:03 Il y a d'une part des investisseurs qui commencent à se rendre compte que la récession, on parle de ralentissement de récession, ce qui ne favorise pas les actifs risqués.
03:11 D'autre part, on parle de maîtrise de l'inflation, on l'a évoqué ensemble. L'inflation en France à 4,5%, l'inflation en zone euro à 5,5%, qui était à 6,5% encore un mois.
03:21 Donc on voit un ralentissement de cet effet inflationniste qui a plutôt tendance à inciter à investir sur des taux qui sont sur des niveaux assez élevés.
03:32 Donc on se dit, si effectivement il y a récession et baisse de l'inflation, je vais plutôt me tourner vers des stratégies obligatoires.
03:38 C'est un peu le TINA, mais à la sauce obligataire.
03:42 On évoquait l'effet TARA aussi pour expliquer le fait que face aux actions, il y avait d'autres possibilités, "reasonable alternative".
03:51 Là, on est plutôt sur un TINA à l'envers.
03:53 Il y avait un TINA equity. Je n'ai pas d'autre possibilité que d'investir sur les actions, les taux étant négatifs.
03:59 Aujourd'hui, j'ai un TINA sur les obligations en disant que ce n'est pas tellement intéressant d'investir sur les autres classes d'actifs.
04:05 Le placement privilégié, c'est le rendement obligataire. Je rappelle que sur les taux dix ans français, on doit être à 3%.
04:12 Voilà un petit peu ce qu'ont compris les investisseurs et les raisons plus macroéconomiques.
04:18 C'est intéressant parce qu'effectivement, quand on discute avec des gérants, ils disent régulièrement qu'on ne peut pas s'affranchir des obligations dans le contexte actuel.
04:25 Et là, on le voit dans les flux. On le voit très franchement dans les flux de connectes.
04:28 Les sociétés de gestion ont sorti des fonds obligataires à échéance.
04:31 Elles ont aussi communiqué et fait une industrie de push. Il faut rappeler que dès qu'on pousse ce type d'offres.
04:38 Troisième indicateur, il y a une décollecte sur les actions. Oui, mais quelle zone géographique qui en a pâti ?
04:44 C'est plutôt les actions européennes malheureusement.
04:46 On voit effectivement de manière continue une décollecte de l'ordre de 4 milliards sur le mois dernier sur les fonds Action Europe.
04:55 Plutôt une collecte sur certains marchés émergents, certains marchés Action US, les actions monde aussi qui résistent bien.
05:02 Les investisseurs vont sur les grands indices mondiaux et sortent de l'Europe.
05:07 L'Europe aussi, je pense, pâtit un petit peu de la guerre en Ukraine.
05:11 Il y a des inquiétudes pour l'ensemble des investisseurs qui sont encore présents et qui n'incitent pas à prendre des risques.
05:18 Quatrième indicateur que l'on suit ensemble, c'est petite et moyenne valeur versus grande valeur.
05:23 C'est plutôt là encore un environnement qui n'est pas très propice aux petites et moyennes valeurs qui continuent à décollecter.
05:30 Je vous disais aversion aux risques, je vous disais prudence.
05:34 Les investisseurs ne reviennent pas sur des petites et moyennes valeurs en ce moment et ont plutôt tendance à privilégier les grands indices même en Europe.
05:45 Pour le coup, même en Europe, on constate cette concentration sur quelques grandes capitalisations.
05:52 Et alors aux Etats-Unis ou sur d'autres marchés, c'est pareil.
05:56 Mais ils sont en plus privilégiés par rapport au marché européen, sur ce que vous nous avez dit juste avant.
06:00 Exactement. Vous verrez un graphique qui sera en conclusion sur la collecte sur des ETF et les gestions passives.
06:05 Sur le dernier mois, sur les dix plus grandes collectes, les fonds qui ont le plus collecté, il y a neuf ETF.
06:12 Les grandes maisons qui collectent depuis le début de l'année en Europe, ça va être BlackRock, ça va être Vanguard, ça va être WiseDoTree.
06:20 Ça va être que des X-Trackers, etc. Spider.
06:24 Ce sont que des structures qui font la promotion et distribuent des gestions passives et des fonds officiels collectés en bourse.
06:32 On le commentera dans un instant, mais est-ce que c'est un facteur explicatif de la concentration du marché sur ces grosses capitalisations, Jean-François Bay ?
06:42 Oui. Je pense qu'effectivement, il y a une stratégie un peu autoréalisatrice.
06:46 Quand vous investissez sur des grands indices, il y a énormément de capitaux qui vont faire monter les valeurs qui sont dans l'indice.
06:52 Pour des gérants actifs qui seraient sous-pondérés sur ces valeurs, qui ne seraient pas sur ces valeurs, ça devient très compliqué.
07:00 On dit qu'il y a les sept valeurs sur le marché MECCAT qui font 90% de la performance depuis le début de l'année.
07:09 Donc forcément, si vous n'êtes pas sur ces sept valeurs, et c'est pareil sur le CAC 40 et sur les grands indices européens, c'est très compliqué pour les gérants actifs.
07:16 L'investisseur regarde les performances dans le Cantalys depuis le début de l'année et voit que les fonds actifs ont du mal.
07:23 C'est bien sûr.
07:24 Ils sont sous-pondérés. Du coup, ils apportent leur capitaux sur ces ETF.
07:28 On a l'effet boule de neige qui est en tout entretenu jusqu'au moment où il y aura quelques déboires. C'est pour ça qu'il faut faire attention.
07:36 Ce moment des small et mid-cap annoncé depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois, on ne le voit pas encore dans les collectes aujourd'hui.
07:42 Exactement. Cinquième indicateur qui est intéressant, c'est là pour le coup un changement pas digne, c'est l'ESG.
07:47 On a beaucoup évoqué ensemble des investisseurs qui viennent sur des thématiques ESG, sur 2021, 2022.
07:53 Ça représentait 80% des flux de collecte. C'était là avec Hertz.
07:58 Aujourd'hui, ça marque un arrêt. Ça sort. Je vous ai dit que les fonds actions avaient été collectés sur le moins de 8 milliards.
08:06 C'est moins de 10 milliards sur les fonds ISR, plus de 2 milliards sur les fonds non ISR.
08:12 Partout en Europe.
08:14 Partout en Europe. C'est à la fois une sortie sur des thématiques ESG. Les investisseurs prennent leur profit et sortent de ces thématiques.
08:22 On a vu des plongeons sur l'éolienne. On avait vu Siemens Energy baisser de 40% en une journée. Ou Vestas de 10-15%.
08:30 On voit qu'il y a quelques remises en cause sur des thématiques ESG d'un côté.
08:34 Et de l'autre, on a des investisseurs qui veulent investir sur NATEC, sur des valeurs défensives, sur des valeurs de croissance, de qualité, sur l'industrie, l'industrie lourde,
08:43 qui ne sont pas forcément les mieux notées en ESG. Donc on a un peu là encore ce grand écart ESG versus non ESG.
08:50 Sixième élément, c'est les fonds flexibles et les fonds patrimoniaux.
08:54 Bien sûr.
08:55 Qui sont importants dans notre industrie. Il y a à peu près 2 000 fonds patrimoniaux distribués en Europe. Donc vous voyez que c'est colossal.
09:01 Et qui ont affiché des performances pour la plupart complexes ou difficiles sur l'année 2022. Dans un contexte très particulier de corrélation entre actions et obligations.
09:12 Donc là, on voit que c'est les conséquences peut-être de...
09:16 Il y a un effet conséquence. Il y a un effet... Les performances depuis le début de l'année sont très honorables sur les fonds diversifiés.
09:21 Vous faites 50% de PERF oblig à 4% et 50% de PERF CAC 40 à 15%. Mais vous avez normalement un fonds diversifié qui performe bien.
09:30 Malheureusement, les réseaux se sont mis en ordre de bataille pour capter de l'épargne bilancielle.
09:36 Donc on vend du compte à terme, on vend du livret A, on vend du fonds en euros, on vend des... etc. Enfin tous les livrets, produits structurés, etc.
09:46 C'est un peu en mode commando au détriment du coût des fonds diversifiés.
09:50 D'accord. Ça veut dire concurrencer les fonds diversifiés ou les fonds patrimoniaux ?
09:52 Oui. Quand vous affichez... On parle de 3,5% de rendement sur le livret A au mois d'août.
09:57 Ou 5,6% de rendement sur le livret d'épargne populaire au mois d'août. Nécessairement, c'est très compliqué d'aller proposer des fonds...
10:06 Même si les montants sont "capés" sur ces livrets, ça vient quand même apporter une concurrence.
10:12 Le livret A, ça a capté 20 milliards sur le trimestre.
10:15 Également, c'est pas investi ailleurs.
10:17 On retire sur des fonds diversifiés. Donc les réseaux sont à la manœuvre pour réorienter cette épargne.
10:24 Je veux pour preuve aussi le Sénat qui vient de sortir un communiqué sur le livret d'épargne souveraineté.
10:31 Donc on a un livret d'épargne vert et un livret d'épargne la souveraineté pour flécher les capitaux vers l'industrie de l'armement et de la défense européenne, entre autres.
10:40 Et donc quelque part, ça vient illustrer ce que je disais. C'est à la fois plutôt "ne ne-éger" puisqu'on parle de l'industrie de la défense.
10:46 Et c'est à la fois un livret d'épargne populaire pour capter et drainer des capitaux très rapidement.
10:52 Je pense que ça sera au détriment des fonds type prudents, diversifiés, les placements d'attente qu'on a pu stocker en période Covid.
10:59 En termes de chiffre, la décollecte se chiffre à combien sur les fonds patrimoniaux ?
11:03 C'est de l'ordre de 3 milliards sur les fonds patrimoniaux sur le mois.
11:07 Donc c'est pas neutre. On doit être à 30 milliards de décollecte depuis le début de l'année.
11:11 Ah oui, donc c'est effectivement pas neutre. En Europe, effectivement, mais c'est pas neutre.
11:14 Tout le monde, j'allais dire, pâtit un petit peu. Les gros blockbusters qu'on a en tête, les Carmignac, Patrimoine, Pimco, etc., font les frais un peu de ces sorties.
11:26 Et donc c'est assez compliqué. Les maisons de gestion qui en France tirent leur épingle du jeu, ce sont des maisons de gestion qui sont spécialisées sur les taux et les obligues
11:34 et qui ont sorti des fonds obligataires à échéance ou des produits spécifiques obligataires.
11:38 J'ai en tête Rothschild, Lazard, Palatine, etc., qui, j'allais dire, ont une image crédit, gestion crédit, investment grade, IEAL, et qui ont une expertise sur ces stratégies obligataires.
11:50 Ce sont les seuls qui ont réussi à avoir un bon début d'année, un bon premier semestre.
11:55 Et pour finir, du coup, ces fameux ETF qu'on retrouve dans le top 10 ?
12:00 En conclusion, que ce soit sur le mois de juin ou depuis le début de l'année, en dehors des placements ETF, c'est très compliqué.
12:10 Ce sont des ETF sur des grands indices, des grands indices mondiaux. On retrouve le MSCI World, on trouve des marchés MSCI émergents, All Countries.
12:18 On retrouve aussi beaucoup de marchés américains sur le Nasdaq, sur le S&P 500.
12:23 C'est très compliqué pour les gérants actifs de faire la place sur cet environnement de flux qui se concentre sur des indices.
12:32 Et puis, j'allais dire, on retrouve un petit peu le phénomène de produits de campagne, j'allais dire, un peu tactique que j'évoquais à l'instant.
12:40 Il y a peut-être aussi une saisonnalité. On est au mois de mai, on est au mois de juin. On rentre dans l'été.
12:45 Je n'ai pas envie de faire grand-chose. Je n'ai pas envie de me casser la tête.
12:48 Si à un moment donné, je me laisse porter sur les grands indices et je verrai plus clair au mois de septembre ou octobre.
12:55 Je ferai peut-être du fondamental en septembre ou octobre, mais pour l'instant, je n'ai pas de news, les résultats sont sortis, je n'ai pas grand-chose à attendre.
13:02 Donc, soit je suis absent, soit si je suis présent, c'est autour de grands indices.
13:09 Un mot en une minute peut-être. Dans le top 10 des fonds actions, on a un indice MSCI Japan qui vient porter ce qu'on voit depuis le début de l'année,
13:18 cette performance du Nikkei depuis le début de l'année qui, quand je regardais hier, était un peu en dessous de 30% de performance.
13:24 Oui, c'est ça, on doit être à 28% depuis le début de l'année. Le Japon revient dans les allocations.
13:30 Je pense que c'est un mouvement plus institutionnel de gérants de fonds de fonds, de banquiers privés, que Retail, l'investisseur particulier, n'investit pas ou très peu en direct sur le marché japonais.
13:41 Donc, c'est un peu un effet d'aubaine de la part des gérants de fonds de fonds ou des allocations de gérants privés sur un marché japonais qui avait été un petit peu massacré
13:52 et qui apporte énormément de diversification dans une allocation européenne. C'est un des marchés qui diversifie le plus dans des allocations, qui est le moins corrélé aux actions européennes.
14:05 Et qu'il faudra suivre sur la deuxième partie de l'année. Merci beaucoup Jean-François Bay, directeur général de Cantalys pour cet état des lieux des flux de collecte en Europe.
14:13 On se retrouve tout de suite dans la deuxième partie de Smart Bourse.

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