- Grand témoin : Sepideh Farsi, réalisatrice du film « La Sirène »
LE GRAND DÉBAT / Violences urbaines : comment ramener le calme ?
« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski
La mort du jeune automobiliste Nahel, le mardi 27 juin, a déclenché des émeutes et des actes de vandalisme dans de nombreuses villes en France. Le Président de la République a convoqué en urgence un comité interministériel des villes exceptionnel, le vendredi 30 juin. Une quinzaine de ministres, des députés, des représentants des banlieues et des élus politiques de tous bords étaient présents pour tenter de trouver une issue à la crise. Pour lors, l'état d'urgence n'a pas été enclenché mais les représentants politiques appellent au calme et à l'apaisement. La Première Ministre, Elisabeth Borne, a annoncé le déploiement des blindés de la gendarmerie. Comment mettre fin à l'escalade des violences et éviter un embrasement des banlieues comme en 20005 ?
Invités :
- Nadia Hai, députée Renaissance des Yvelines
- Anthony Caillé, secrétaire général CGT-intérieur Police
- Saïd Hammouche, Président du Groupe Mozaïk RH
- Catherine Arenou, maire de Chanteloup-les-Vignes
LE GRAND ENTRETIEN / Sepideh Farsi : hommage à la résilience du peuple iranien
Le 28 juin 2023 est sorti le film d'animation « La Sirène », de Sepideh Farsi. La réalisatrice iranienne revient sur le siège d'Abadan, épisode clé de la guerre entre l'Iran et l'Irak (1980-1988). Alors que son frère aîné est parti au front, Omid, un jeune adolescent de 14 ans, est confronté à un choix : celui des armes ou celui de s'engager autrement. Cette histoire fait écho au passé de la réalisatrice, qui a vécu en Iran jusqu'en 1984. Ode à la résistance, ode à la diversité mais aussi résonnance avec l'actualité. Ce film montre une jeunesse fortement mobilisée, qui se retourne contre le régime. Cela suffira-t-il à le faire tomber ?
- Grand témoin : Sepideh Farsi, réalisatrice du film « La Sirène »
BOURBON EXPRESS :
- Marco Paumier, journaliste LCP
LES AFFRANCHIS :
- Nathan Devers, écrivain
- Mariette Darrigrand, sociologue
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
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LE GRAND DÉBAT / Violences urbaines : comment ramener le calme ?
« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski
La mort du jeune automobiliste Nahel, le mardi 27 juin, a déclenché des émeutes et des actes de vandalisme dans de nombreuses villes en France. Le Président de la République a convoqué en urgence un comité interministériel des villes exceptionnel, le vendredi 30 juin. Une quinzaine de ministres, des députés, des représentants des banlieues et des élus politiques de tous bords étaient présents pour tenter de trouver une issue à la crise. Pour lors, l'état d'urgence n'a pas été enclenché mais les représentants politiques appellent au calme et à l'apaisement. La Première Ministre, Elisabeth Borne, a annoncé le déploiement des blindés de la gendarmerie. Comment mettre fin à l'escalade des violences et éviter un embrasement des banlieues comme en 20005 ?
Invités :
- Nadia Hai, députée Renaissance des Yvelines
- Anthony Caillé, secrétaire général CGT-intérieur Police
- Saïd Hammouche, Président du Groupe Mozaïk RH
- Catherine Arenou, maire de Chanteloup-les-Vignes
LE GRAND ENTRETIEN / Sepideh Farsi : hommage à la résilience du peuple iranien
Le 28 juin 2023 est sorti le film d'animation « La Sirène », de Sepideh Farsi. La réalisatrice iranienne revient sur le siège d'Abadan, épisode clé de la guerre entre l'Iran et l'Irak (1980-1988). Alors que son frère aîné est parti au front, Omid, un jeune adolescent de 14 ans, est confronté à un choix : celui des armes ou celui de s'engager autrement. Cette histoire fait écho au passé de la réalisatrice, qui a vécu en Iran jusqu'en 1984. Ode à la résistance, ode à la diversité mais aussi résonnance avec l'actualité. Ce film montre une jeunesse fortement mobilisée, qui se retourne contre le régime. Cela suffira-t-il à le faire tomber ?
- Grand témoin : Sepideh Farsi, réalisatrice du film « La Sirène »
BOURBON EXPRESS :
- Marco Paumier, journaliste LCP
LES AFFRANCHIS :
- Nathan Devers, écrivain
- Mariette Darrigrand, sociologue
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NewsTranscription
00:00 [Générique]
00:06 Bonsoir et bienvenue, ravie de vous retrouver au menu de Savourgarde.
00:09 Ce soir, regard sur l'Iran avec notre grand témoin ce soir, Sepideh Farsi.
00:14 Bonsoir et merci d'être là.
00:16 Vous êtes réalisatrice iranienne, "La Sirène",
00:19 votre premier film d'animation étant celle depuis mercredi dernier.
00:23 Il raconte un moment de bascule pour tous les Iraniens, la guerre Iran-Irak des années 80,
00:27 qui fait forcément écho avec les conflits et les soulèvements d'aujourd'hui.
00:31 On en parle longuement, toutes les deux, dans la deuxième partie.
00:34 Mais on commence évidemment ce soir par la fièvre dans les banlieues
00:38 qui ne retombe pas.
00:39 Deuxième nuit des meutes urbaines un peu partout en France.
00:42 Le spectre de 2005 est dans toutes les têtes.
00:45 Et pour Emmanuel Macron, certains, je cite, "utilisent la mort de Nahel" pour créer le désordre.
00:50 Alors comment les stopper ces violences et que fait-on en dehors des crises ?
00:55 La politique de la ville est-elle un échec ?
00:57 Grand débat avec mes invités dans un instant sur ce plateau
01:00 avant de retrouver 20h15.
01:01 Les Afrochilles, leur parti pris, et puis Bourbon Express, l'histoire du jour à l'Assemblée.
01:06 Voilà pour le menu ce soir, on y va, c'est Pieds-des-Farcis, ça vous regarde, c'est parti !
01:21 Depuis 24h, la donne a changé.
01:23 Le bilan des émeutes de la nuit dernière est très lourd.
01:26 L'état d'urgence n'est pas décrété, mais le gouvernement se réserve cette option très sérieusement.
01:31 Et sur le terrain, personne n'est véritablement surpris par ce déchaînement de violences.
01:34 Alors faut-il attendre les crises dans les banlieues pour agir ?
01:37 Hasard du calendrier, un comité interministériel de la ville s'est tenu en pleine tempête à Matignon, à la Méjournée.
01:44 Et la plupart de mes invités ce soir étaient présents à ce comité, dont vous Nadia Hay, bonsoir.
01:48 - Bonsoir.
01:49 - Merci d'être là, vous êtes députée Renaissance des Yvelines,
01:51 où plusieurs villes, notamment Trappes, dans votre circonscription, ont été frappées de plein fouet.
01:56 - L'ancienne circonscription.
01:57 - Ah oui, vous avez changé.
01:58 - La France et Chanteloup-Lévinge avec Madame Farid.
02:00 - Mais il y a d'autres villes dans les Yvelines, et on en parlera, frappées de plein fouet.
02:04 Vous êtes ancienne ministre déléguée et chargée de la ville.
02:08 Vous étiez aussi à ce comité à Matignon, Catherine Arnault, bonsoir.
02:11 - Bonsoir.
02:11 - Merci d'être là. Maire d'Hiver-Droit de Chanteloup-Lévinge, donc, dans les Yvelines,
02:16 ville également très touchée, on va en parler, vous présidez l'association des élus de ville et banlieue.
02:21 Bonsoir, Saïd Amouch.
02:22 - Bonsoir.
02:22 - Merci d'être là, présent à Matignon aussi.
02:25 C'est intéressant parce que vous allez nous dire ce qui s'est dit.
02:27 Vous êtes fondateur de Mosaïc RH, et il faut expliquer que c'est un très gros travail
02:33 que cette association fait dans les banlieues pour l'emploi des jeunes.
02:38 On fera un peu le bilan.
02:39 Enfin, bonsoir, Anthony Caillé.
02:40 - Bonsoir.
02:41 - Merci d'être là.
02:42 Vous êtes policier, secrétaire général CGT, police.
02:45 Cépi de Farsi, ce qui se passe dans le pays nous interpelle tous,
02:47 donc n'hésitez pas à interroger nos invités.
02:50 On va commencer par le déroulé des faits avec Stéphane Blakovski,
02:53 comme chaque soir la nuit dernière et les réponses de l'exécutif, le chrono de Blaco.
02:56 Pour commencer.
02:57 Et je me retourne, je vous invite à faire la même chose, Cépi de Farsi, pour vous accueillir.
03:04 Bonsoir Stéphane.
03:05 - Bonsoir à toutes et tous.
03:07 - Alors, que s'est-il passé ?
03:08 - Troisième nuit d'émeute consécutive en France.
03:11 Donc, la Première Ministre a à nouveau réuni une cellule de crise interministériale ce matin à Matignon,
03:17 en qualifiant bien sûr les événements d'insupportables, d'inexcusables,
03:20 avec l'occasion de faire un premier bilan sur les événements de la nuit.
03:22 Donc, vous voyez que les chiffres sont assez impressionnants.
03:24 875 interpellations dans toute la France, à peu près la moitié en Ile-de-France.
03:30 Donc, c'est cinq fois plus que la nuit précédente.
03:32 Mais malgré la force présence policière, 40 000 gendarmés policiers sur le terrain,
03:37 il y a eu 250 blessés, et surtout, vous voyez, presque 500 bâtiments incendiés,
03:41 2000 véhicules brûlés, et là, on ne compte même pas les magasins pillés qui étaient très nombreux cette nuit.
03:48 Donc, ce qu'ont pu constater les forces de l'ordre sur les premiers retours,
03:52 c'est que, notamment par rapport au profil des interpellés, il y avait beaucoup de gens très jeunes.
03:56 Un tiers, à peu près, d'entre eux, étaient des mineurs,
03:59 d'où l'appel lancé ce matin par Olivier Klein, le ministre du Logement.
04:03 On écoute.
04:04 - J'en appelle à la responsabilité des parents, notamment,
04:08 pour que, le soir, ces jeunes soient chez eux, parce qu'ils se mettent eux-mêmes en danger.
04:14 - Alors, Olivier Klein, vous le savez sans doute, c'est le ministre du Logement,
04:17 mais c'est aussi l'ancien maire de Clichy-sous-Bois, où ont eu lieu des émeutes en 2005.
04:21 Et donc, en vertu de cette expérience, ce qu'il disait ce matin, c'est que,
04:25 si on veut aller vers le retour au calme, la meilleure méthode, c'est parler, discuter, rétablir le dialogue.
04:32 Et donc, pour lui, ça serait une erreur de recourir, en tout cas, maintenant, à l'état d'urgence.
04:36 On l'écoute.
04:37 - Pourquoi ce n'est pas le bon moyen d'y revenir au calme, en état d'urgence ?
04:41 - Parce que c'est d'abord un aveu d'échec, enfin, c'est mon sentiment.
04:45 - Alors, ça, c'est l'aile gauche de la majorité, mais il y a aussi une aile droite de la majorité
04:49 qui n'est pas forcément convaincue que la parole, le dialogue, soient la meilleure manière pour rétablir le calme.
04:54 Je pense notamment à Arnaud Robinet, qui lui est maire de Reims, donc horizon le parti d'Edouard Philippe.
04:59 Il a envoyé des mots très forts ce matin sur Twitter, en parlant donc de racailles et de hordes sauvages
05:06 qui étaient hier soir à Reims pour piller, détruire, brûler ce qu'ils pouvaient.
05:13 Donc, face à cette situation, la question qui a plané sur toute la journée, c'est faut-il déclencher l'état d'urgence ?
05:18 Vous savez que c'est ce que réclamaient Zemmour et Ciotti hier.
05:22 Le RN s'est rallié à cette position ce matin, mais c'était aussi l'occasion pour Sébastien Chenu
05:26 de se faire le porte-parole d'une autre colère que celle des émeutiers,
05:30 la colère des Français qui sont témoins de ces violences et de ces incendies à la télévision.
05:34 On écoute.
05:35 Quel rapport avec la mort du jeune homme ? Quel rapport avec la mort de ce gamin de 17 ans ?
05:40 La mort dramatique de ce gamin de 17 ans que de brûler le bus des femmes, la piscine des Jeux olympiques,
05:45 les mairies, les médiathèques et les théâtres dans notre pays ? Aucun rapport.
05:48 Ce sont des prétextes, car ces voyous détestent l'autorité et détestent la France.
05:53 Donc ça ne vous surprendra évidemment pas si je vous dis que du côté des Insoumis à l'autre bout de l'échiquier,
05:58 on pense exactement le contraire.
06:00 Martine de Panneau s'est exprimée ces dernières 24 heures.
06:03 D'une part, elle ne condamne pas elle les émeutiers, mais plutôt la répression du gouvernement contre les émeutiers.
06:09 Et puis, que faut-il faire ? Les Insoumis, eux, souhaitent modifier la loi pour limiter le recours aux armes
06:17 dans les cas de refus d'obtempérer.
06:19 Et ça, ce sont les réactions politiques.
06:21 Le président Macron était à Bruxelles ce matin.
06:23 Il est revenu plus vite que prévu pour une nouvelle réunion de crise.
06:26 Alors, qu'est-ce qu'il faut retenir de ce qu'il a dit ?
06:28 Surtout ce qu'il n'a pas dit.
06:29 C'est-à-dire qu'il n'a pas appelé à l'état d'urgence, puisque c'était la question qu'on se posait.
06:33 Ensuite, il a rappelé ce que dit Olivier Klein, l'appel à la responsabilité des parents.
06:37 Ne le laissez pas, vos enfants, sortir ce soir.
06:39 Une pression sur les réseaux sociaux.
06:41 Il a cité nommément Snapchat et TikTok, qui servent souvent pour, à la fois, s'organiser et appeler à la violence.
06:48 Ça, c'est par rapport à la situation.
06:49 Et puis, un propos plus politique quand même, où il a dénoncé la récupération politique autour de ces événements.
06:55 On l'écoute.
06:56 Il y a une instrumentalisation inacceptable de la mort d'un adolescent, que nous déplorons tous,
07:02 alors que la période devrait être au recueillement et au respect.
07:06 Et donc, face à cela, je condamne avec la plus grande fermeté toutes celles et ceux qui utilisent cette situation et ce moment
07:13 pour essayer de créer le désordre et d'attaquer nos institutions.
07:16 Toutes celles et ceux.
07:18 Donc, comme personne n'est cité nommément, vous allez avoir imaginé chacun qui est visé par ces propos du président.
07:24 En attendant, ce qui est sûr, c'est que si à l'issue du week-end, le calme n'est pas revenu, on va reparler d'état d'urgence dès lundi.
07:31 Forcément. Merci beaucoup Stéphane.
07:33 On va commencer par, voilà, vous remonter de terrain.
07:36 Qu'est-ce qui se passe dans les Yvelines en particulier ?
07:38 Et comment vous, Nadia Hay, vous comprenez ce soulèvement de colère ?
07:42 Cette mort nous fout la haine.
07:44 Ça, c'est ce que disait un jeune hier qui participait à Nanterre à la marche blanche.
07:49 Est-ce que vous retrouvez les ingrédients, les éléments de 2005 ?
07:53 Alors, d'abord, ce qui se passe dans les Yvelines, c'est un peu ce qui se passe partout sur le territoire national.
07:57 À la différence près, c'est qu'aujourd'hui, il y a certaines communes qui sont touchées alors qu'elles n'avaient jamais été touchées jusque-là
08:04 par les différents événements sociaux ou sociétaux qu'on a connus dans nos quartiers.
08:08 Et donc, ça, c'est vraiment la nouveauté.
08:10 Une autre nouveauté, c'est que c'est des bandes organisées.
08:13 C'est-à-dire ?
08:14 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, ils s'organisent de manière beaucoup plus...
08:18 Ils sont beaucoup plus structurés, ça va très très vite.
08:22 Donc, c'est qu'il y a eu une préparation.
08:25 Ce ne sont pas des mouvements spontanés, comme ce qu'on a l'habitude de faire.
08:28 Mais c'est qui, ces bandes organisées ?
08:30 Vous avez soit des jeunes des quartiers expérimentés avec différents...
08:35 actes de violence dont ils sont les spécialistes.
08:40 Et puis, vous avez d'autres personnes qui ne sont pas connues des élus
08:45 et qui viennent dans le territoire commettre ces actes de violence,
08:50 brûlés ou même pillés.
08:52 Donc là, quoi ? Des casseurs professionnels, c'est quoi ?
08:55 Et je pense que justement, et c'est ce que dit le président de la République
08:58 sur la question des phénomènes des réseaux sociaux
09:01 qui permettent une structuration des mouvements, des actes
09:05 et une organisation bien en amont de la soirée.
09:09 Vous l'entendez, cette petite musique qui monte ?
09:11 La mort de Nahel n'est qu'un prétexte.
09:13 La mort de Nahel...
09:14 C'est une collective dont vous parlez, organisée,
09:16 qui vienne de l'extérieur des villes.
09:18 C'est une étincelle et aujourd'hui, effectivement,
09:20 c'est un prétexte pour exprimer pour beaucoup une certaine colère.
09:24 Et c'est vrai que ce à quoi nous assistons aujourd'hui,
09:27 qui sont des violences, encore une fois, inacceptables,
09:30 que l'on doit condamner tous de manière très forte
09:33 et sur lequel nous devons avoir une action collective.
09:35 Et c'est bien ce qu'a rappelé le président de la République.
09:37 C'est-à-dire que, évidemment, l'Etat est présent
09:41 et répond présent à ses obligations et sa responsabilité,
09:44 mais également le courage des élus locaux qui sont sur place
09:47 et qui, là aussi, mettent toutes les dispositions prévues
09:52 par la municipalité sur la police municipale,
09:57 les caméras de vidéo protection,
10:00 les élus qui sont sur le terrain, qui ne ferment pas l'œil de la nuit
10:03 et qui sont là.
10:05 Et puis vous avez tout l'écosystème, si je puis dire,
10:10 donc les médiateurs, les éducateurs,
10:13 le tissu de la association de proximité,
10:15 qui est aussi là en première ligne pour essayer de calmer ces jeunes.
10:19 Mais il y a un rôle aussi sur lequel il faut absolument insister,
10:25 c'est la responsabilité des parents.
10:27 Aujourd'hui, et ça a été dit, cette nuit,
10:30 beaucoup de mineurs, beaucoup trop de mineurs...
10:33 -11, 12 ans, en première ligne. -Et interpellés.
10:36 Donc je dis aux parents, si votre enfant n'est pas à la maison
10:39 à 21h, à 22h, quand il est adolescent,
10:43 c'est soit il est en train de commettre des actes de violence,
10:47 soit il est en danger.
10:49 Donc de toutes les manières, il n'a rien à faire dehors,
10:52 en pleine nuit, dans le contexte actuel.
10:54 -Catherine Arnault, votre analyse de la situation,
10:56 Chanteloup-Lévinge est évidemment percutée par ces violences.
10:59 Qu'est-ce que vous comprenez ?
11:01 Est-ce que vous êtes surprise, déjà, par l'embrasement,
11:04 ou pas du tout, parce que le feu couvait, d'une certaine façon,
11:07 déjà, dans les relations peut-être avec la police ?
11:10 -Je suis désespérée parce que je ne suis pas surprise.
11:13 Et parce que c'était un propos, sans vouloir crier
11:16 ou l'outre-le-temps, c'était un propos que nous avions,
11:19 nous, maires de banlieue, mais toutes les associations d'élus,
11:22 vous savez, depuis plusieurs mois, travaillent ensemble,
11:25 et elles avaient ce sentiment que la désespérance s'aggravait
11:29 et que cette désespérance peut toujours engendrer des mouvements.
11:35 Et voilà comment je peux le comprendre, moi.
11:38 -La désespérance s'aggravait, ça veut dire quoi ?
11:40 -Nous avons vécu, bien évidemment, la France entière a vécu
11:43 le Covid, la crise énergétique, mais dans les quartiers,
11:46 les quartiers, en fait, ça n'est pas une géographie.
11:49 Les quartiers, c'est le lieu où un certain nombre d'habitants
11:52 et généralement en grande densité, tous relativement précaires,
11:55 vivent ensemble.
11:57 C'est en fait la densité des habitants qui ont le plus de difficultés
12:01 sur nos territoires, qui sont rassemblés.
12:03 C'est ça, ce qu'on appelle les quartiers.
12:05 Il ne faut pas voir ça comme une géographie,
12:07 il faut voir ça comme un lieu où sont des habitants.
12:09 Il faut les regarder chacun individuellement
12:11 pour essayer de comprendre.
12:12 Quand vous avez dans une famille des adultes qui sont en difficulté
12:15 parce qu'ils ont perdu leur emploi, leur emploi est très précaire,
12:18 les charges... Ils ont vécu le Covid, ça les a quand même beaucoup marqués,
12:21 parce qu'ils ont été très enfermés.
12:23 Les charges énergétiques sont telles, certes, la France, Lévis,
12:26 mais en proportion des revenus, c'est bien plus important.
12:29 Quand vous avez brusquement 300 euros de plus de charges par mois,
12:32 c'est bien plus important.
12:33 - Mais vous condamnez ces violences et elles ne justifient pas le passage à l'âge.
12:36 - Je vous explique. Quand vous vivez ça, quand la famille vit ça,
12:39 l'adolescent, il entend ça.
12:41 Et il entend cette désespérance au quotidien.
12:44 Bien évidemment, les adultes ne sont pas revendicateurs,
12:47 ils vivent leur désespérance et ils la décrètent.
12:50 Ils entendent bien les parents qui vont à l'accès aux droits,
12:53 ils entendent bien, voilà.
12:54 Donc, à un moment donné, c'est sûr qu'il y a une rupture.
12:56 Et l'adolescent, par nature, tous les adolescents,
12:58 ne vivent qu'en excès et qu'en réaction.
13:02 Alors là où il y a le babelès, effectivement, là je suis assez d'accord,
13:05 c'est qu'à un moment donné, il faut qu'on reste parents tous.
13:08 Même dans la désespérance, il faut qu'on reste parents.
13:10 C'est ça aussi la politique de la ville, c'est comment on accompagne ses parents
13:13 qui sont un peu en difficulté à rester parents,
13:17 même d'un adolescent qui commence à lâcher prise.
13:20 - Pas d'état d'urgence ce soir, pour le moment,
13:22 mais responsabilité des parents, on l'a dit,
13:25 les réseaux sociaux aussi, c'est suffisant pour vous ?
13:27 - Moi, je ne crois qu'à la solution locale,
13:29 qu'aux différentes solutions locales,
13:31 parce qu'elles sont toutes adaptées au terrain.
13:33 C'est parce que les éducateurs sont présents et connaissent les jeunes.
13:36 Et puis on ne connaît pas le groupe de jeunes,
13:39 mais on connaît un ou deux jeunes dont on imagine qu'il fait partie du groupe
13:42 et c'est comme ça, en allant chercher...
13:44 Parce que le raisonnable, quand on a 15 ans, déjà, on ne l'entend pas.
13:47 Mais quand on a 15 ans dans cette ambiance des meutes,
13:49 c'est encore moins accessible.
13:51 Mais c'est l'éducateur, c'est le médiateur,
13:54 c'est l'éducateur sportif...
13:56 - On a l'impression que vous nous parlez de couture,
13:58 comme ça, sur le terrain.
14:00 C'est du micro, mais là, c'est beaucoup plus...
14:02 - Mais nous faisons de la dentelle,
14:04 et c'est cette dentelle-là, quelquefois, qui marche,
14:06 en tout cas dans ces moments aussi dramatiques.
14:08 - Saïd Hamouch, comment vous comprenez ce qui se joue ?
14:11 On entend parler de collectifs organisés.
14:13 Est-ce que vous savez qui sont ces gens ?
14:15 Certaines vidéos incriminent les islamistes.
14:18 Est-ce que c'est le cas ?
14:20 Des jeunes aussi, très très jeunes.
14:22 Tout ça, est-il nouveau ?
14:24 - Alors, c'est pas nouveau, parce que, en fait,
14:26 c'est une situation qui était attendue, malheureusement.
14:29 Je vous entends encore à plusieurs reprises
14:31 dans des réunions stratégiques l'évoquer,
14:33 donc ça couvait, on le savait.
14:35 Et c'est aussi la conséquence de différentes ruptures
14:37 qui ont eu lieu depuis un certain nombre d'années.
14:39 C'est-à-dire qu'à partir du moment
14:41 où les établissements sportifs sont moins dotés,
14:43 et bien derrière, on a moins d'encadrants,
14:45 à partir du moment où les profs
14:47 ont moins de moyens et sont moins respectés
14:49 dans leur boulot, ça a aussi des conséquences,
14:51 parce que c'était aussi un filtre.
14:53 À partir du moment où les associations
14:55 sont moins financées, et bien,
14:57 à un moment donné, le bénévolat a une limite,
14:59 et il y a plus de filtre, en réalité,
15:01 il y a plus de filet de sécurité.
15:03 Donc l'éducation populaire, qui a été pendant des années
15:05 un filet protecteur et qui a permis, en fait,
15:07 de faire le tampon, d'expliquer, d'accompagner
15:09 les uns et les autres, n'existe plus,
15:11 vraiment, on n'est plus dans les mêmes dynamiques.
15:13 Et donc, il faut se réinventer.
15:15 Et donc, se réinventer, ça passe par investir
15:17 dans de nouvelles solutions, dans de nouvelles trajectoires,
15:19 des nouveaux récits, des nouvelles dynamiques,
15:21 et c'est ça qui est attendu aujourd'hui, je crois.
15:23 -On va parler des solutions, de ce que vous a dit
15:25 la Première ministre.
15:27 Qui jette de l'huile sur le feu, pour vous, aujourd'hui ?
15:29 Parce que le président, il a été
15:31 à la fois clair et un peu ambigux.
15:33 Il parle d'instrumentalisation,
15:35 il parle aussi d'utilisation de cette mort
15:37 pour créer du désordre.
15:39 Il pointe qui ? Les casseurs ?
15:41 Il pointe les politiques ?
15:43 -Moi, je pense qu'on est dans une situation
15:45 où tout le monde s'interroge, cherche des solutions,
15:47 essaie de s'appliquer. Je pense que tout le monde
15:49 est de bonne volonté, en réalité,
15:51 et les policiers, il faut leur rendre hommage.
15:53 Ce que cherchent les habitants
15:55 de ces quartiers, c'est d'être aussi en sécurité,
15:57 c'est aussi de jouir, en fait,
15:59 des services des gardiens de la paix.
16:01 Donc, on est sur cette base-là.
16:03 À mon avis, cette petite musique
16:05 autour de celui qui jette de l'huile de feu,
16:07 c'est pas le débat. Le débat, il doit être
16:09 autour de ce qu'on fait demain, c'est ce qu'attendent
16:11 aujourd'hui les citoyens. Ils ont un sentiment
16:13 de mépris, ils ont un sentiment
16:15 d'être inconsidérés.
16:17 Comment on s'organise pour pouvoir avancer là-dessus ?
16:19 -Alors, le lien dans les banlieues
16:21 avec la population
16:23 et la police, Anthony Caillé.
16:25 En regardant les différents reportages,
16:27 en écoutant les uns et les autres,
16:29 on se rend compte que c'est très difficile
16:31 et depuis longtemps. Même pour organiser
16:33 des rencontres population-police
16:35 dans certaines villes, on ne trouve plus
16:37 de participants. Il y a eu pas mal de témoignages.
16:39 Vous confirmez cela ou pas ?
16:41 -Oui, nous, on le confirme,
16:43 mais ça fait des années qu'on le dit.
16:45 Il y a une rupture totale qui a été engagée
16:47 par le politique à la direction
16:49 successive de gouvernement
16:51 depuis au moins 2005.
16:53 Il y a vraiment eu un point de bascule à l'arrivée
16:55 de Nicolas Sarkozy, où on a
16:57 une rupture totale entre la police
16:59 et ses citoyens. -Rupture totale ?
17:01 -Oui, moi, je pense qu'aujourd'hui... -Ca veut dire quoi,
17:03 concrètement, "rupture totale" ?
17:05 Les gens ne se parlent plus ? Les gens se défient ?
17:07 -Je veux dire qu'à partir du moment
17:09 où vous demandez à la police nationale
17:11 d'appliquer uniquement
17:13 des missions
17:15 de répression,
17:17 et vous ne pouvez plus du tout
17:19 être dans une dynamique
17:21 de discussion,
17:23 d'entente,
17:25 d'écoute sur le terrain,
17:27 pédestrement, qui plus est,
17:29 dans les quartiers, oui, il y a une rupture
17:31 totale. -Vous croyez qu'il y avait
17:33 la police du quotidien qui revenait,
17:35 si ce n'était pas la police de proximité ?
17:37 -Ca, il faudra me montrer... -C'est inefficace ?
17:39 -C'est pas que c'est inefficace,
17:41 c'est que je pense que ça n'a jamais existé.
17:43 -Jamais existé ? -C'est des effets d'annonce.
17:45 On nous a promis, effectivement,
17:47 deux, trois fois, par deux, trois
17:49 logos différents, de remettre de la proximité
17:51 sur le terrain, mais de toute façon, matériellement,
17:53 ce n'est plus possible. Vu le nombre
17:55 de policiers qu'il reste
17:57 dans les commissariats, on n'est plus en capacité
17:59 d'opérer ce type de mission.
18:01 On est à peine en capacité... -Malgré
18:03 les créations de postes supplémentaires ?
18:05 -Il n'y a pas de création de postes supplémentaires.
18:07 C'est pareil, il faut écouter...
18:09 Ce qui est dit n'est pas vrai.
18:11 Aujourd'hui, il y a,
18:13 en 2022, plus 30 %
18:15 de démissions. On ne parle
18:17 pas des départs à la retraite,
18:19 on parle bien de démissions.
18:21 L'embauche qui est faite
18:23 par le ministère de l'Intérieur,
18:25 aujourd'hui, ne couvre même pas ces démissions.
18:27 Donc, on est à peu près à
18:29 111 000 policiers statutaires.
18:31 Je vous garantis que dans deux ans,
18:33 dans trois ans, l'hémorragie va continuer.
18:35 -On va parler, on va dire,
18:37 plus globalement de ce qu'on pourrait faire,
18:39 de la politique de la ville, mais il y a
18:41 une espèce d'urgence, maintenant.
18:43 En tant que policier, en tant qu'élu,
18:45 vous réclamez, on va dire,
18:47 un maintien de l'ordre plus offensif ?
18:49 Le président a dit qu'il n'y avait pas
18:51 de tabou, pas d'état d'urgence.
18:53 L'état d'urgence, ça permet, il faut le dire,
18:55 rappeler, les gens s'en souviennent, mais c'est
18:57 les assignations à résidence, les perquisitions
18:59 administratives, les couvre-feu.
19:01 Est-ce que ça, c'est pas utile, tout de suite,
19:03 pour empêcher l'embrasement ?
19:05 -Tirons les leçons de 2005.
19:07 Est-ce que l'état d'urgence qui a été mis en place
19:09 en 2005 a servi à quelque chose ?
19:11 Non. Non. Moi, je vous le dis, j'étais
19:13 en Seine-Saint-Denis en 2005, ça n'a servi à rien.
19:15 Qui plus est, à quoi servira
19:17 l'état d'urgence aujourd'hui ? Je vous rappelle que depuis
19:19 2005, il y a un peu plus d'une vingtaine de lois
19:21 sécuritaires qui ont été mises en place,
19:23 notamment la loi Sécurité globale, qui a repris
19:25 à son compte une grande partie de
19:27 l'état d'urgence. Donc, en fait, on est
19:29 potentiellement tous les jours en état d'urgence, aujourd'hui.
19:31 Et cette loi Sécurité globale,
19:33 qu'est-ce qu'on en attendait ? On en attendait, effectivement,
19:35 on a dit, on met plus de répression,
19:37 plus de surveillance dans les quartiers
19:39 et dans les villes, caméras, vidéosurveillance,
19:41 plus d'agents de sécurité privés,
19:43 plus de police pour surveiller
19:45 tout le monde, et finalement, on se retrouve
19:47 dans la même situation qu'en 2005, mais je tiens quand même
19:49 à préciser, je suis pas tout à fait d'accord avec ce que
19:51 vous dites. Ce n'est pas vrai
19:53 qu'aujourd'hui, c'est pire qu'en 2005. Comparaison
19:55 n'est pas raison. Déjà, c'est très compliqué aujourd'hui
19:57 de faire la comparaison. En 2005, ça a duré plus de
19:59 trois semaines sur un peu plus de 90 départements
20:01 en France, sur 100. Ce qui n'est
20:03 pas le cas aujourd'hui. Aujourd'hui, on est
20:05 très loin de ces 90 départements
20:07 touchés par les émeutes urbaines.
20:09 - Donc, il y a des différences et elles sont
20:11 notables. Nadia Ayyé. - Alors, d'abord,
20:13 pour répondre aussi à votre question,
20:15 c'est que l'heure, aujourd'hui, elle est
20:17 à l'ordre républicain. Il faut ramener de l'apaisement,
20:19 il faut ramener du calme, il faut cesser
20:21 ces actes de violence. Donc, ça va
20:23 par une démonstration... - Il faudra un acte fort de l'exécutif,
20:25 peut-être même de la police. - Oui, mais il va y avoir
20:27 justement des moyens supplémentaires
20:29 encore, qui vont être déployés
20:31 sur le terrain ce soir. Donc, il faut
20:33 rétablir l'ordre dans les
20:35 meilleurs délais. Pour pouvoir ensuite traiter...
20:37 - Comment ? Est-ce que vous pensez qu'il faut aller plus loin dans le maintien
20:39 de l'ordre, plus offensif ? Parce que tout le monde craint
20:41 la bavure supplémentaire. C'est ça qui...
20:43 - Justement, je ne suis pas ministre de l'Intérieur
20:45 et encore moins les professionnels qui sont sur le
20:47 terrain pour savoir exactement ce qu'il faut faire.
20:49 Mais je pense que, déjà, d'une part, des forces supplémentaires,
20:51 c'est important pour venir épauler
20:53 les forces qui sont sur le terrain.
20:55 Et je peux vous dire, pour avoir discuté
20:57 avec le directeur
20:59 de la Sécurité publique du département,
21:01 différents commissaires, le préfet
21:03 également du département,
21:05 tout le monde est mobilisé, toute la nuit.
21:07 Donc, il faut venir appuyer
21:09 ces équipes qui sont là
21:11 et qui oeuvrent
21:13 d'arrache-pied pour amener
21:15 le calme. Maintenant, juste,
21:17 revenir sur ce qu'a dit monsieur Alain Stan,
21:19 qui est, je pense, aussi l'élément
21:21 déclencheur de cette révolte,
21:23 de ces émeutes,
21:25 de ces actes de violence
21:27 des jeunes des quartiers. C'est le lien
21:29 entre la police et les jeunes de nos quartiers.
21:31 C'est l'élément déclencheur
21:33 de cette révolte. - Antinika, il parle
21:35 de rupture totale. - Il y a une rupture,
21:37 effectivement, parce que
21:39 la police et les jeunes
21:41 vivent dans un même territoire,
21:43 ils se côtoient tous les jours, mais ils sont
21:45 pleins de préjugés, d'un côté comme de l'autre.
21:47 On jette l'opprobre
21:49 sur nos forces de police. - Depuis quand ?
21:51 - De l'autre côté, on a une image
21:53 de nos jeunes dégradée. - Ça fait des années, ça.
21:55 - Et ça fait des années. Et vous voyez,
21:57 moi, il n'y a rien de pire
21:59 pour la jeune des quartiers
22:01 que j'étais, l'élue encore aujourd'hui
22:03 de nos quartiers, que de voir des
22:05 pancartes où on affiche la police tue,
22:07 alors qu'on sait pertinemment que c'est la première
22:09 force protectrice dans nos quartiers.
22:11 - La rentrée du slogan de Jean-Luc Mélenchon.
22:13 - Et donc, là, aujourd'hui, ce qu'il faut qu'on arrive à faire,
22:15 c'est rétablir ce lien
22:17 entre les jeunes,
22:19 avec nos forces de police,
22:21 parce qu'il ne faut jeter ni le discrédit
22:23 sur la police, même si, effectivement,
22:25 il y a des actes violents de policiers,
22:27 il y a du racisme par certains policiers,
22:29 il y a de la discrimination par certains policiers,
22:31 mais ce n'est pas
22:33 la généralité, la majorité
22:35 de nos policiers, comme de l'autre côté,
22:37 il y a des trafiquants minoritaires,
22:39 il y a des délinquants qui sont minoritaires,
22:41 mais ce n'est pas la jeunesse dans nos quartiers
22:43 qui est soit trafiquant,
22:45 soit délinquant. Il y a vraiment un travail à faire là-dessus.
22:47 - Vous pouvez réagir, et puis je vous repasse la parole juste après.
22:49 - Un pas en arrière,
22:51 la mort de Naël, c'était une mort de trop.
22:53 Il ne faut pas qu'il y ait des dérapages comme ça.
22:55 Moi, je viens d'un pays où
22:57 je connais la violence dans la rue,
22:59 je l'ai vraiment vécue,
23:01 et quand on se retrouve en France,
23:03 à craindre,
23:05 lorsqu'on va en manif, de comment on va revenir,
23:07 moi, j'ai laissé ma fille, on était un enterre
23:09 toutes les deux quand on s'est séparées,
23:11 j'ai eu un rendez-vous, j'ai dû partir,
23:13 j'avais peur pour elle.
23:15 Je veux dire, ça n'est pas normal.
23:17 Lorsque monsieur parle de la rupture totale,
23:19 c'est vrai, on l'a senti.
23:21 Moi, je l'ai vue venir, ça fait quasiment 40 ans que je vis en France,
23:23 les premiers mai, j'en ai fait,
23:25 jusqu'à un certain premier mai où ça a dérapé,
23:27 puis voilà.
23:29 Et ça, c'est pas normal, c'est pas bien.
23:31 Le métier de policier est un métier très difficile,
23:33 et c'est vrai, vous avez raison, vous aussi,
23:35 mais c'est pas en déclarant,
23:37 en décrétant l'état d'urgence qu'on va calmer les choses.
23:39 On était en indignation.
23:41 Moi, je me suis retrouvée hier,
23:43 aux côtés d'un monsieur qui avait perdu son fils,
23:45 il y a 16 mois,
23:47 sur une moto, parce que la moto avait été percutée
23:49 par un véhicule de policier.
23:51 Je veux dire, il attend, il attend,
23:53 bon, c'est trop, c'est trop,
23:55 c'est pas possible.
23:57 - Allez, on va avancer sur la politique de la ville,
23:59 vous vouliez rajouter à quelque chose,
24:01 sur l'état des lieux dans l'urgence absolue ?
24:03 - De Nadia, moi, j'ai quand même le sentiment
24:05 qu'au regard des difficultés de recrutement,
24:07 au regard de ces...
24:09 cette rupture qui a été mise en place,
24:11 il y a besoin, aujourd'hui,
24:13 probablement, de faire ce qu'on a fait
24:15 dans les années 90, c'est-à-dire recruter dans les quartiers.
24:17 Si on recrutait davantage de policiers
24:19 issus de ces quartiers populaires,
24:21 je peux vous dire qu'on aurait une nouvelle génération.
24:23 - Mais c'est pas déjà le cas, aujourd'hui ?
24:25 - C'est pas suffisant, et puis quand on recrute...
24:27 - Il y en a quand même, dans la police, aujourd'hui.
24:29 - Non, non, c'est faux, pas suffisamment,
24:31 et quand on recrute, il faut aussi penser à la mobilité,
24:33 c'est-à-dire qu'aujourd'hui, on peut avoir des candidats
24:35 de police à des postes sur des fonctions hiérarchiques,
24:37 et cette discrimination, elle existe aussi
24:39 au sein de la police, et c'est aussi comme ça
24:41 qu'on peut relever la dynamique de l'espoir.
24:43 - Alors, il y avait donc ce comité interministériel
24:45 de la ville, aujourd'hui,
24:47 il a été maintenu,
24:49 mais manifestement, il était là pour
24:51 plutôt entendre les élus et leur remonter
24:53 de terrain.
24:55 On va essayer de dresser un bilan,
24:57 c'est succinct, mais on va vous entendre
24:59 juste après, c'est Maïté Frémont
25:01 qui essaye de nous dire ce qui est devenu la fameuse
25:03 promesse d'Emmanuel Macron d'en finir
25:05 avec l'assignation à résidence.
25:07 Regardez.
25:09 (Générique)
25:11 - Je veux que le visage
25:13 de mon quartier
25:15 ait changé
25:17 à la fin de ce quinquennat.
25:19 - Il y a eu cette phrase prononcée il y a 6 ans,
25:21 et celle-ci prononcée
25:23 en 2016.
25:25 - Moi, j'ai un ennemi, c'est l'assignation
25:27 à résidence, les gens bloqués dans leur situation,
25:29 cantonnés à leur quartier.
25:31 - Des paroles qui permettent à Emmanuel Macron
25:33 d'être soutenu dans les quartiers
25:35 et qui ont suscité
25:37 beaucoup d'espoir.
25:39 Dès son arrivée au pouvoir en 2017,
25:41 Emmanuel Macron met en place
25:43 le dédoublement des classes,
25:45 de CP et de CE1
25:47 dans les zones d'éducation prioritaire.
25:49 - Avec
25:51 une visée fondamentale qui est la lutte
25:53 contre les inégalités, la lutte
25:55 pour la justice sociale,
25:57 la lutte pour le progrès social.
25:59 - S'ensuit une mission confiée
26:01 à l'ancien ministre de la Ville,
26:03 Jean-Louis Borloo, un plan d'action
26:05 pour la réconciliation nationale,
26:07 qui sera finalement jeté
26:09 aux oubliettes avec cette phrase
26:11 du président.
26:13 - Je ne vais pas vous faire un plan parce que,
26:15 quelque part, ça n'aurait aucun sens
26:17 que
26:19 deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers
26:21 s'échangent l'un un rapport et l'autre disant
26:23 "on m'a remis un plan, je l'ai découvert"
26:25 et c'est pas vrai, ça ne marche plus comme ça.
26:27 Les gens qui y vivent, qui font,
26:29 depuis des décennies, ce sont des acteurs
26:31 de ces sujets.
26:33 - A partir de là, Emmanuel Macron laissera
26:35 ses premiers ministres lancer des opérations
26:37 de rattrapage.
26:39 D'abord, Edouard Philippe et son plan
26:41 pour la Seine-Saint-Denis,
26:43 avec notamment une prime de 10 000 euros
26:45 pour les fonctionnaires, qui resteront
26:47 5 ans en poste.
26:49 - Ces services font face à des situations
26:51 exceptionnelles dans le domaine des ressources humaines
26:53 qu'on retrouve très rarement ailleurs.
26:55 - Le gouvernement a décidé de s'envoler
26:57 en attribuant 1 % du plan de relance
26:59 aux banlieues. Aujourd'hui, les quartiers
27:01 s'embrasent et cette question en suspend.
27:03 Dans le tourbillon des réformes
27:05 et des politiques publiques,
27:07 les banlieues n'auraient-elles pas été
27:09 délaissées par Emmanuel Macron ?
27:11 - "Délaissées", le mot est peut-être un peu fort,
27:15 Catherine Arnoux, vous qui sortez
27:17 de Matignon, que vous a dit la Première ministre ?
27:19 Il s'agissait, je crois, de discuter
27:21 du plan quartier 2030.
27:23 - Ça a été le cas ?
27:25 - En tout cas, c'est ce que j'en ai compris
27:27 au moins à la fin. Il s'agissait
27:29 de rassembler les associations d'élus
27:31 et les associations qui œuvrent sur les territoires,
27:33 donc dans ce qu'on appelle les quartiers,
27:35 pour les écouter.
27:37 Pour les écouter sur un temps qui n'était...
27:39 Enfin, pas pour les écouter sur le fond,
27:41 mais pour les écouter sur un temps qui était un temps d'urgence
27:43 et un temps d'inquiétude collective.
27:45 - Donc la réunion a tourné
27:47 essentiellement là-dessus ?
27:49 - Elle a été consacrée qu'à ça, oui, absolument.
27:51 - Quel bilan vous tirez ?
27:53 - Je vais revenir sur la police-population,
27:55 parce que je ne veux pas qu'on reparle de ça. Nadia a plutôt raison.
27:57 Ce n'est pas un problème entre la police et la population.
27:59 Nos populations sont demandeuses de la police.
28:03 C'est un problème de cette relation
28:05 entre les jeunes
28:07 et certains jeunes, parce qu'ils sont...
28:09 - Pas tous.
28:11 - Et puis la police, dans ses difficultés d'exercer
28:13 ses fonctions, justement dans ses coins.
28:15 Et puis dans une ambiance où toute la société
28:17 a changé, toute la société s'est aggravée.
28:19 Le Premier Mai ne se passe plus maintenant
28:23 comme il se passait il y a 20 ans.
28:25 - La violence s'est banalisée.
28:27 - Nos quartiers ne sont pas exempts de cette évolution de la société.
28:29 Et donc c'est devenu très difficile.
28:31 Mais moi, cette nuit, la nuit d'avant
28:33 et la nuit d'encore avant, je peux vous assurer
28:35 qu'il y a des quartiers qui réclamaient la police
28:37 et qu'ils ne l'ont pas eue.
28:39 - Il faut être bien de le dire. Merci.
28:41 - Les habitants, les mères et les pères de familles,
28:43 ils l'attendent aussi, la police.
28:45 - Vous êtes de ces élus qui parlaient haut et fort,
28:47 notamment du travail avec Jean-Louis Borloo,
28:49 votre déception aussi en 2018
28:51 parce que ce rapport n'a pas été pris en compte.
28:53 Comment vous jugez cette politique de la ville ?
28:55 On parle des cités éducatives,
28:57 du dédoublement des classes en CP, CE1, en REP.
29:01 On parle aussi du collège ouvert aujourd'hui,
29:03 depuis qu'Emmanuel Macron est allé à Marseille,
29:05 de 8h à 18h.
29:07 Quel bilan vous tirez de toutes ces décisions ?
29:11 - Là, on ne peut pas penser aux politiques de la ville
29:13 en faisant une succession de détails.
29:15 Ce n'est pas une liste à l'après-vers.
29:17 Ce dont je suis sûre, c'est qu'à un moment donné,
29:21 s'il n'y a pas une compréhension complète
29:23 de ce que sont les quartiers de nos territoires
29:27 et une volonté à la fois de respecter les habitants
29:31 et de prendre à bras le corps cette politique,
29:33 qui n'est pas une politique de charité.
29:35 Il faut arrêter de penser que c'est une politique
29:37 que pratiquement les gens ne mériteraient pas.
29:39 Ça, ce sera assez honteux.
29:41 L'idée, c'est quand même que tout doit être
29:43 plus dense en politique publique dans nos quartiers,
29:47 à la fois dans le normal, ce qu'on appelle le droit commun,
29:49 et dans l'exceptionnel. Pourquoi ?
29:51 Parce que nos quartiers ont une densité
29:53 de population plus précaire,
29:55 plus importante qu'ailleurs.
29:57 Mais on va peut-être y réfléchir,
29:59 on va peut-être aller jusqu'au bout de la réflexion.
30:01 Est-ce que vous croyez que les gens qui ne vont pas bien
30:03 ont plus envie de vivre tous ensemble ?
30:05 En fait, c'est la nation entière,
30:07 c'est la France entière qui, depuis 40 ans,
30:09 a accepté que ces zones de concentration,
30:11 essentiellement dans le logement social
30:13 et maintenant pas que dans les zones de copropriété dégradée,
30:15 la France entière a accepté
30:17 qu'il y ait des concentrations
30:19 sur lesquelles il faille faire de temps en temps
30:21 du cosmétisme,
30:23 de la poudre, simplement,
30:25 et sans vouloir se dire à un moment donné
30:27 "on doit tous porter la solidarité nationale".
30:29 Donc vous êtes très sévère.
30:31 Mais quand on regarde, vous dites que ce ne sont pas
30:33 des successions de mesures, il y a eu des milliards
30:35 pour l'enrue, l'aménagement urbain,
30:37 c'est dans le bilan, il y a des choses
30:39 qui ont été faites aussi pour l'emploi
30:41 dans les quartiers.
30:43 Est-ce que le chômage des jeunes a baissé ?
30:45 Non, c'est pas le cas ?
30:47 - Non, on constate que le chômage des jeunes,
30:49 c'est pas moi qui le revendique,
30:51 c'est le dernier rapport de la Cour des comptes
30:53 qui fait état que malgré une politique
30:55 assez active et positive sur la jeunesse,
30:57 on a voulu redynamiser le taux d'emploi
30:59 des jeunes en ayant
31:01 mis en place le dispositif
31:03 "Un jeune, une solution".
31:05 Ça a super bien marché, on n'a jamais eu un taux d'emploi
31:07 si fort au niveau des jeunes,
31:09 donc on a vraiment rompu avec le chômage
31:11 des jeunes, en tout cas réduit,
31:13 mais ça a eu aucune portée sur le chômage
31:15 dans les quartiers politiques de la ville.
31:17 - Comment on l'explique ?
31:19 - Je pense que les dispositifs vont pas assez loin,
31:21 je pense que lorsqu'on crée une dynamique
31:23 de financement à travers des emplois,
31:25 les entreprises vont plutôt être
31:27 dans leur pratique classique,
31:29 c'est-à-dire qu'on va plutôt recruter des gens
31:31 qui sont dans notre sphère directe
31:33 que d'aller chercher un peu plus loin.
31:35 - C'est ça que vous nous dites,
31:37 l'apprentissage, par exemple,
31:39 les jeunes apprentis...
31:41 - Le process de discrimination se retrouve
31:43 sur l'alternance, sur le stage et sur l'emploi.
31:45 - Nadia Haye ?
31:47 - Oui, évidemment que la discrimination existe
31:49 dans nos quartiers et on est loin d'avoir
31:51 réglé le problème de la discrimination.
31:53 Mais sur les chiffres du chômage dans les quartiers,
31:55 l'INSEE contredit le rapport
31:57 de la Cour des comptes,
31:59 donc il faut qu'ils se mettent d'accord sur les chiffres,
32:01 mais l'INSEE au contraire dit que le chômage des jeunes
32:03 après la crise et dans nos quartiers
32:05 a diminué contrairement à la crise de 2008.
32:07 - Mais vous voyez l'ironie quand même.
32:09 Sortir de l'assignation à résidence,
32:11 c'était la grande promesse présidentielle.
32:13 Aujourd'hui, on parle d'assignation à résidence
32:15 avec l'état d'urgence. C'est quand même terrible.
32:17 - On a mis 40 ans pour construire
32:19 ces quartiers et pour construire
32:21 les difficultés, pour participer
32:23 justement à ce que les difficultés
32:25 se superposent.
32:27 Et à aucun moment, on n'a pris le sujet à bras le corps
32:29 en disant qu'il faut
32:31 mener une action dans le même temps.
32:33 - C'est ce que souhaitait Jean-Louis Borloo, un plan Marchand.
32:35 - Oui, mais c'est un rapport
32:37 avec une liste à l'après-verre.
32:39 Et c'est ce qu'a dénoncé à l'instant Mme Arénault
32:41 en disant "ce n'est pas avec une liste
32:43 à l'après-verre que nous allons réussir".
32:45 Et le comité interministériel à la Ville,
32:47 pardonnez-moi de défendre aussi le bilan que j'ai porté
32:49 et que j'assume avec Jean Castex,
32:51 nous avons mis en place
32:53 un comité interministériel à la Ville
32:55 auquel nous avons convié
32:57 les associations telles que celles de Mosaïque et Rach,
32:59 Saïda Mouche, mais également les associations
33:01 de Ville et Banlieue. Donc on l'a construit ensemble.
33:03 Et c'est ce qu'avait essayé de faire
33:05 Jean-Louis Borloo, un rapport auquel moi-même
33:07 j'ai participé. Et donc on a pris des idées
33:09 du rapport Borloo, mais aussi on s'est inspiré
33:11 de l'urgence du moment et de la crise
33:13 sanitaire que nous étions en train de vivre.
33:15 Et nous avons construit ensemble un comité interministériel
33:17 à la Ville avec une liste
33:19 de mesures, oui, mais avec une méthode
33:21 renouvelée, une méthode de co-construction.
33:23 Et on a inversé totalement
33:25 le paradigme, c'est-à-dire
33:27 des décisions qui auraient été décidées
33:29 depuis Paris et qui devraient s'appliquer
33:31 comme ça, à mettre en oeuvre directement
33:33 avec les acteurs de terrain.
33:35 Donc on a inversé ce paradigme-là.
33:37 Est-ce qu'Emmanuel Macron est en train de relever
33:39 le Paris qu'il nous avait lancé en 2017 ?
33:41 Très objectivement,
33:43 la réponse est oui, parce que
33:45 nos quartiers se transforment.
33:47 Moi, quand je vais
33:49 chez Catherine Arénault à Chanteloup-Lévine,
33:51 je suis en train de voir une cité éducative
33:53 qui est en train de naître
33:55 et qui est en train d'être construite dans le dur.
33:57 Le problème aussi, c'est la sociologie.
33:59 Quand ça va mieux pour vous dans les quartiers,
34:01 vous déménagez. C'est aussi ça, une difficulté.
34:03 Pas nécessairement, parce qu'il faut savoir qu'il y a certaines personnes
34:05 qui sont restées dans les quartiers. Vous savez,
34:07 aller déloger ma mère de la tour du septième étage
34:09 dans laquelle j'ai grandi, je suis née,
34:11 j'ai grandi, aller la déloger de là,
34:13 elle ne veut pas partir, parce que c'est
34:15 chez elle et elle veut que ça se transforme.
34:17 C'est pas le cas de tout le monde.
34:19 Je vais vous dire une chose. En discutant avec les acteurs
34:21 sur le terrain, avec les forces de police,
34:23 avec les acteurs économiques,
34:25 avec les acteurs associatifs, on a réussi
34:27 à changer, à amener de la sérénité
34:29 dans des villes comme Traff,
34:31 comme Chantilly, et comme d'autres
34:33 communes. On va au Mirail,
34:35 à Toulouse, c'est en train de se transformer.
34:37 Juste pour terminer, donc,
34:39 il ne faut pas, je pense, faire le lien
34:41 avec la politique de la ville,
34:43 qui a toujours d'ailleurs fourni
34:45 du résultat, et là qui est en train de monter
34:47 en puissance avec un changement total de paradigme,
34:49 avec ce que nous sommes en train de vivre aujourd'hui,
34:51 qui est un mal-être de nos jeunes,
34:53 qui est un cri d'alerte
34:55 qui sont en train de nous lancer sur le fait
34:57 qu'ils ont été traités en marge de notre société,
34:59 qu'ils ne font pas partie de la communauté nationale.
35:01 - Il y avait cette concomitance de calendrier, c'est pour ça qu'on s'intéresse aussi
35:03 à la politique de la ville aujourd'hui.
35:05 Dernière question sur la sécurité.
35:07 - La réunion du CIV de ce matin, c'était effectivement
35:09 faire le point de l'état
35:11 actuel
35:13 et de l'urgence dans laquelle nous nous trouvons
35:15 pour amener le calme, et les mesures arriveront après.
35:17 - Dernière petite question rapide, réponse
35:19 sur la sécurité, sur l'IGPN.
35:21 Est-ce que vous pensez que la France, un jour,
35:23 se dotera d'un organisme
35:25 indépendant de la police
35:27 pour juger les policiers ?
35:29 Vous le souhaitez à la CGT, je rappelle que vous êtes ultra-minoritaire
35:31 au sein de la police.
35:33 - Pour les juger, je ne sais pas si
35:35 c'est souhaitable, en tout cas pour
35:37 amener une expertise, une enquête,
35:39 oui, c'est très souhaitable,
35:41 notamment en termes ne serait-ce que d'images.
35:43 - Et ça permettrait
35:45 de réconcilier. - Exactement.
35:47 - Bon voilà, on s'arrête là,
35:49 c'est le début, j'espère qu'on n'aura pas
35:51 à se revoir pendant toute la
35:53 semaine prochaine. Bon courage
35:55 aux élus locaux et merci d'être
35:57 venu sur LCP. Vous restez avec moi,
35:59 Cépie Desfarcis. Dans une dizaine de minutes,
36:01 les partis prides nous affranchissent.
36:03 Ce soir, "obtempérer", c'est le mot
36:05 de la semaine, forcément, de Mariette
36:07 Darrigrand. Le jeune philosophe Nathan Devers
36:09 va se pencher sur l'autre
36:11 Trump de la campagne américaine
36:13 pour la Maison-Blanche. Et puis dans Bourbon Express,
36:15 ce soir, de quoi nous parlez-vous,
36:17 Marco Pommier ? - Une France à 50 degrés,
36:19 c'est le scénario cauchemardesque auquel
36:21 les écologistes veulent nous préparer, je vous raconte tout à l'heure.
36:23 - Merci à vous, à tout à l'heure
36:25 les amis. D'abord, on va
36:27 plonger dans la sirène,
36:29 c'est un bateau dans ce film d'animation,
36:31 le premier que vous signez, Cépie Desfarcis,
36:33 il est en salle depuis deux jours,
36:35 c'est votre vision d'une guerre oubliée,
36:37 la guerre des années 80,
36:39 Iran-Irak, l'une des plus meurtrières
36:41 de la deuxième moitié du XXe siècle, c'est un moment
36:43 de bascule pour tous les Iraniens,
36:45 on va y revenir et c'est un moment qui fait
36:47 forcément écho à ce que traverse
36:49 aujourd'hui toute la société
36:51 iranienne mais aussi d'autres conflits dans le monde,
36:53 regardez, c'est dans l'invitation signée Pierre-Mickael
36:55 Carniel, on en parle ensemble juste après.
36:57 - Si on vous invite, Cépie Desfarcis,
37:01 c'est parce que vous avez réalisé
37:03 La Sirène, un film d'animation
37:05 sur l'Iran des années 80, sorti
37:07 en salle mercredi.
37:09 C'est un peu un film autobiographique,
37:11 vous racontez votre jeunesse à travers
37:13 l'histoire d'Omid, un adolescent
37:15 qui voit sa vie basculer lors du siège
37:17 d'Abadan, un des épisodes les plus
37:19 marquants de la guerre entre l'Iran
37:21 et l'Irak à l'époque.
37:23 Dans cet extrait,
37:25 vous jouez avec le voile et sa symbolique.
37:27 * Extrait *
37:29 * Extrait *
37:57 Vous commencez à réaliser
37:59 ce film en 2019,
38:01 bien avant la révolte iranienne actuelle,
38:03 déclenchée par la mort de Masha Amini,
38:05 arrêtée et tuée par la police du régime
38:07 en 2022 parce qu'elle refusait
38:09 de porter le voile.
38:11 Mais à Téhéran en 1965,
38:13 Cépie Desfarcis, vous fuyez
38:15 le régime d'Emmola pour Paris
38:17 en 1984.
38:19 Vous y étudiez les mathématiques,
38:21 mais à l'aube de vos 20 ans,
38:23 votre amour pour les arts visuels vous pousse
38:25 à devenir réalisatrice.
38:27 Depuis, vous n'avez cessé
38:29 de brosser le portrait de l'Iran.
38:31 Vous vous faites remarquer en 2009
38:33 avec Téhéran sans autorisation,
38:35 un documentaire filmé intégralement
38:37 au téléphone portable.
38:39 Puis en 2014,
38:53 vous réalisez Red Rose,
38:55 une histoire d'amour dans la république islamique.
38:57 Des films qui déplaisent au régime
39:03 et qui vous ont valu d'être interdit
39:05 de séjour en Iran.
39:07 Aujourd'hui, votre espoir est que la sirène
39:09 soit vue clandestinement dans votre pays d'origine.
39:11 En janvier,
39:13 vous avez signé une tribune dans Le Monde
39:15 en appelant l'Occident à ne plus s'adresser
39:17 au Molla du régime iranien.
39:19 Alors nous avons une question pour vous,
39:21 une question qui est très difficile
39:23 à répondre à par-ci.
39:25 Pensez-vous sincèrement
39:27 que la chute du régime est pour bientôt ?
39:29 - Vous y croyez encore ?
39:31 - Oui.
39:33 - Vraiment ?
39:35 - Oui. Il faut garder l'espoir.
39:37 - Malgré la répression extrêmement violente
39:39 des Mollas, les exécutions, les pendaisons,
39:41 la torture, les prisons remplies de jeunes ?
39:43 - La résistance continue malgré ça.
39:45 C'est ça, le courage des femmes,
39:47 des hommes, des jeunes
39:49 qui sont là pour rester, qui bravent l'interdit.
39:51 Malgré le risque
39:53 d'aller en prison,
39:55 de perdre leur travail,
39:57 de tout ce qui...
39:59 C'est Pidé Rolian, par exemple,
40:01 une activiste,
40:03 elle a été libérée il y a quelques mois
40:05 après presque 5 ans de prison.
40:07 A peine devant la prison,
40:09 elle a dit "abah amenei",
40:11 elle a été arrêtée le jour même.
40:13 C'est ce genre d'acte qui nous donne l'espoir
40:15 et qui montre qu'on va y arriver.
40:17 - C'est la jeunesse
40:19 qui détient la clé du changement en Iran,
40:21 c'est cette jeunesse à laquelle
40:23 vous consacrez votre film, c'était important
40:25 de la montrer aussi ?
40:27 - Oui, c'est pas la même génération.
40:29 Aujourd'hui, les jeunes qui sont dans la rue
40:31 sont les enfants des enfants qui ont grandi
40:33 sous la révolution, après la révolution,
40:35 sous la République islamique.
40:37 Ca montre bien que les produits de ce régime,
40:39 des systèmes éducatifs
40:41 et sociétals,
40:43 aujourd'hui,
40:45 c'est ceux-là qui se révoltent.
40:47 Moi, ce que je montre, c'est la génération la mienne.
40:49 J'avais quasiment l'âge de Homid
40:51 quand la guerre a éclaté.
40:53 - Quelle jeune fille étiez-vous dans ces années-là ?
40:55 C'est un peu votre histoire, malgré tout,
40:57 que vous racontez, c'est aussi
40:59 onérique et ça fait beaucoup de passerelles.
41:01 Vous avez quitté l'Iran,
41:03 vous étiez étudiante ?
41:05 - A peine, non, j'avais mon...
41:07 J'ai fait de la prison à 16 ans,
41:09 et sortie de prison, en 82,
41:11 je n'avais plus le droit d'étudier.
41:13 Du coup, j'ai dû, pour vivre,
41:15 quitter l'Iran
41:17 pour pouvoir continuer à faire mes études,
41:19 commencer mes études, en fait.
41:21 Et après, évidemment, poursuivre
41:23 avec le cinéma qui était mon amour,
41:25 je savais déjà que je voulais faire des films.
41:27 - "La sirène", c'est l'histoire d'Homid,
41:29 un jeune adolescent qui veut sauver sa famille,
41:31 qui veut sauver son village, assiégé
41:33 par les Irakiens, une ville martyr,
41:35 grâce à un bateau.
41:37 C'est une sorte d'arche
41:39 qui va lui permettre
41:41 de s'engager,
41:43 mais sans prendre les armes.
41:45 - Exactement. Ce qui était important pour moi,
41:47 c'était de montrer
41:49 comment on peut résister,
41:51 en fait, pour un adolescent
41:53 qui n'est plus un enfant,
41:55 mais qui n'est pas encore un adulte,
41:57 trouver la façon de résister la plus juste,
41:59 sans avoir recours à la violence, justement,
42:01 la violence dont on parlait à l'instant,
42:03 et dont l'Iran et l'Irak
42:05 ont beaucoup souffert,
42:07 effectivement, de ce conflit.
42:09 Donc, montrer autre chose,
42:11 et puis avoir recours à la poésie,
42:13 aussi, pour montrer autre chose.
42:15 - Alors, l'animation. Pourquoi l'animation ?
42:17 On imagine que c'était impossible
42:19 pour vous d'aller tourner dans ce village
42:21 que vous décrivez,
42:23 ce village martyr.
42:25 - C'est une grande ville, en fait.
42:27 - Une grande ville, pardonnez-moi.
42:29 Il fallait passer par le dessin animé.
42:31 Comment il est né, ce projet ?
42:33 - Pour plusieurs raisons, en fait.
42:35 J'avais, dès le départ,
42:37 eu l'intention de traiter ce sujet en animation.
42:39 Un, c'était pour avoir la distance nécessaire,
42:43 avec l'effet terrible de ce conflit.
42:45 Il y a quand même le conflit,
42:47 le deuxième conflit majeur
42:49 de la deuxième moitié du XXe siècle,
42:51 après la guerre de Vietnam.
42:53 Et le cinéma que je fais,
42:55 en fait, est un cinéma différent,
42:57 n'est pas un cinéma de studio, de grands effets,
42:59 de guerre, et du coup,
43:01 l'animation était le médium juste.
43:03 En plus, ça donnait de la distance,
43:05 de la vie aussi, à la résistance.
43:07 C'est pas un film de guerre que je fais,
43:09 c'est un ensemble, et ce côté poétique
43:11 était aussi important que la partie historique,
43:13 et l'animation permettait de combiner ça.
43:15 Regardez cette bague.
43:17 - Alors ?
43:19 - C'est une bague qui vient de l'Algérie,
43:21 c'est une bague kabyle que mon oncle,
43:23 qui était exilé en France,
43:25 a offert à ma tante.
43:27 Tous les deux sont morts ici, à Paris,
43:29 décédés en exil, sans pouvoir retourner en Iran.
43:31 Ça, c'est un peu la bague qu'on voit dans le film,
43:33 qui ouvre le début du film.
43:35 - C'est intéressant que vous parliez de l'exil,
43:37 parce que c'est aussi l'histoire d'une famille
43:39 qui se décompose, et ça, c'est très important,
43:41 parce que je connais pratiquement
43:43 aucune famille en Iran
43:45 qui n'a pas été marquée par cette question-là
43:47 du déchirement et de l'exil.
43:49 C'est ce que vous vouliez montrer aussi ?
43:51 - Oui, la rupture, malheureusement,
43:53 fait partie de notre histoire.
43:55 Je la traite dans tous mes films.
43:57 En fait, ça revient sous différentes formes,
43:59 c'est pour ça que je pense à ça
44:01 et que je le montre, parce que
44:03 je suis la deuxième génération,
44:05 mais il y a encore une génération.
44:07 Ma fille est née à Paris, mon grand-père venait de l'Afghanistan,
44:09 mon père a grandi en Iran, moi, j'ai vécu ici,
44:11 ma fille est née en France.
44:13 Ça vous raconte tout.
44:15 - Vous avez choisi un jeune garçon,
44:17 ce qui a pu m'étonner, parce que la révolution
44:19 est voulue remporter, en tout cas dans les vidéos
44:21 qui nous parviennent par les femmes,
44:23 aujourd'hui, en Iran.
44:25 C'est un choix pour dire aussi,
44:27 attention, ça n'est pas que les femmes
44:29 qui se soulèvent en Iran aujourd'hui,
44:31 vous vouliez que ce soit un jeune homme ?
44:33 - Pendant la guerre, c'était quand même les garçons
44:35 qui étaient... - Pour rester fidèles à l'événement.
44:37 - Et puis il y a cette question de virilité,
44:39 cette obligation d'être viril, d'être un homme, d'être courageux,
44:41 donc c'était quand même plus juste de le traiter
44:43 par un personnage masculin, mais à côté, il y a Pahli.
44:45 Pahli, qui veut dire la sirène,
44:47 d'ailleurs, qui donne le double titre au film
44:49 et qui enlève son foulard,
44:51 qui est vraiment aux côtés de Homid pour résister.
44:53 - Le double titre au film, "La sirène".
44:55 - "La sirène". - Alors expliquez-nous.
44:57 - C'est la sirene qui est l'alerte et en même temps
44:59 la figure mythologique, c'est ça ? - Absolument.
45:01 Pahli, en persan, veut dire "la sirène",
45:03 d'où le titre du film. - Alors vous montrez aussi
45:05 un Iran très cosmopolite, où toutes les communautés religieuses
45:07 se mélangent, les Arméniens, les Juifs,
45:09 c'est dans cette ville,
45:11 cette grande ville d'Abadan,
45:13 c'est fini, cet Iran-là, aujourd'hui ?
45:15 - Non. - Non ?
45:17 - Non, non. Justement, je tenais à le montrer.
45:19 Alors, il y a beaucoup de gens qui sont partis.
45:21 C'est vrai que la communauté arménienne
45:23 à Abadan est beaucoup plus petite
45:25 aujourd'hui
45:27 que beaucoup d'autres minorités
45:29 ont quitté l'Iran,
45:31 mais elle est, comment dire,
45:33 cosmopolite, multi-ethnique, l'Iran.
45:35 D'ailleurs, il y a quand même
45:37 les Juifs, les Arméniens,
45:39 les Kurdes, les Balouches,
45:41 plusieurs ethnies qui vivent côte à côte.
45:43 Et je voulais montrer à un Iran
45:45 une mosaïque,
45:47 loin de ce cliché noir et blanc
45:49 qu'on a d'ici,
45:51 qui grasse, ou malheureusement,
45:53 à cause de la propagande
45:55 du régime. L'Iran n'est pas ça.
45:57 L'Iran n'est pas ça.
45:59 C'est ça que l'on tenait à montrer,
46:01 avec Javad Javadiri, à qui je rends hommage,
46:03 qui est l'auteur du scénario du film.
46:05 - Et la musique. Le fil rouge de cette histoire.
46:07 Il y a une chanson, "Raftam",
46:09 qui est chantée par la diva iranienne Elahe.
46:11 C'est important.
46:13 Elle a une place particulière, racontez-nous.
46:15 - Absolument. Moi, j'ai un souvenir
46:17 très jeune.
46:19 À l'âge de 2 ans, j'étais emmenée
46:21 à la Côte d'Ivoire, à Bodone, par mon père.
46:23 Je me souviens d'une diva
46:25 qui chantait dans un cabaret noir.
46:27 Ça, ça m'est resté.
46:29 Elle ne s'appelait pas Elahe, elle s'appelait Soussane.
46:31 Mais Elahe est une autre chanteuse
46:33 qui a dû arrêter de chanter à la Révolution.
46:35 C'est un hommage, ce personnage,
46:37 à toutes les femmes, toutes les chanteuses iraniennes
46:39 qui ont dû abandonner ce droit
46:41 de chanter en public,
46:43 comme Elahe. "Raftam" est une magnifique chanson.
46:45 - Vous avez des retours
46:47 de votre film,
46:49 qui auraient pu être vus ici ou là,
46:51 sous le manteau en Iran ?
46:53 - Sous le manteau, non, mais par beaucoup d'Iraniens
46:55 de la diaspora.
46:57 Tous les gens qui ont un lien avec Orbodone
46:59 viennent me prendre dans le bras
47:01 pour pleurer et dire que j'ai retrouvé ma ville.
47:03 Ça m'est arrivé plusieurs fois
47:05 ces jours-ci, où des gens
47:07 réginèrent de Orbodone, puisqu'il y en a beaucoup
47:09 en exil quand même, d'exilés,
47:11 sont venus me dire "oui, j'ai retrouvé un bout de ma ville,
47:13 un bout de mon enfance, un bout de ce terrain de foot,
47:15 des gens qui m'ont raconté
47:17 qu'ils avaient vécu la même chose",
47:19 et c'est très, très touchant.
47:21 - En Iran, le courage des jeunes
47:23 et même de toute la population est immense,
47:25 il a même cédé la place à la peur,
47:27 et pourtant on en parle moins.
47:29 Qu'est-ce qu'on doit faire ?
47:31 Il y a des Iraniens qui peuvent aussi s'agacer
47:33 parfois de ces mobilisations de solidarité,
47:35 où des actrices ont pu se couper
47:37 une mèche de cheveux.
47:39 Est-ce que c'est important, malgré tout,
47:41 d'être là, même si,
47:43 voilà, c'est une goutte d'eau ?
47:45 - C'est important. C'est important d'en parler,
47:47 c'est important de relayer, d'être la voix,
47:49 d'être le relais de cette résistance.
47:51 Alors après, parfois, il y a des actes
47:53 qui peuvent paraître superficiels et agacés,
47:55 j'en conviens,
47:57 mais malgré tout, ce qui est important,
47:59 c'est aux artistes,
48:01 aux populations,
48:03 à l'opinion publique mondiale,
48:05 je dis, et française évidemment,
48:07 d'abord que c'est important d'en parler,
48:09 de ne pas oublier les Iraniens,
48:11 et aux politiques, je redis la même chose,
48:13 je dis que c'est vraiment
48:15 faire un marché de dupes avec le diable,
48:17 il faut pas... - Arrêter.
48:19 - Il faut arrêter de... - Les recevoir,
48:21 ça, c'est tout le cas du diable.
48:23 - Évidemment, quand on a un otage,
48:25 dans ce pays, on fait tout pour libérer l'otage,
48:27 ça, je comprends, mais il y aura
48:29 un autre otage, trois semaines après,
48:31 qui sera captivé par...
48:33 - La rupture totale. - Donc malheureusement,
48:35 ça ne mène à rien, en fait.
48:37 Il faut passer outre ce régime.
48:39 C'est ça, la seule solution. - La sirène est en salle.
48:41 Depuis mercredi dernier, c'est un film
48:43 de Cépi Desfarcis,
48:45 apprécié par LCP.
48:47 Vous restez avec moi, c'est l'heure d'accueillir
48:49 nos affranchis pour leur partie
48:51 prix, ils vont vous faire réagir, on les accueille
48:53 tout de suite. Allez,
48:55 c'est à vous,
48:57 Mariette Darré-Grand et son désormais célèbre
48:59 mot de la semaine, Hop Tempéré,
49:01 et Nathan Devers,
49:03 installez-vous, qui va revenir sur
49:05 cette course à la Maison Blanche, avec un
49:07 candidat dont on parle un peu moins,
49:09 on commence par le Bourbon Express,
49:11 l'histoire du jour à l'Assemblée nous est racontée
49:13 ce soir par Marco Pommier. Bonsoir, Marco.
49:15 - Bonsoir, Mériam. Ce soir, je vous raconte
49:17 l'histoire d'un scénario
49:19 cauchemardesque, suffocant, une France
49:21 à 50 degrés. Alors, grosso modo,
49:23 c'est à peu près la température d'un hamam,
49:25 sauf que dans un hamam, on y reste généralement
49:27 entre 10 et 30 minutes, donc je vous laisse imaginer
49:29 la sensation. Et aujourd'hui, c'était
49:31 jour de colloque à l'Assemblée sur ce sujet,
49:33 colloque organisé à l'initiative
49:35 des députés écologistes.
49:37 On écoute Julien Bayou.
49:39 - Julien Bayou, une France à 50 degrés,
49:41 c'est pas un peu exagéré quand même ?
49:43 - Non, malheureusement, il faut
49:45 s'y préparer. En fait, on a
49:47 pris un retard incroyable dans la lutte contre
49:49 le dérèglement climatique. Aujourd'hui, le dérèglement
49:51 climatique est là, il s'emballe,
49:53 on le mesure, on le subit,
49:55 et désormais, il faut
49:57 s'adapter.
49:59 - S'adapter, alors qu'on n'est pas prêt, en tout cas,
50:01 c'est ce que dit le cinquième rapport du
50:03 Haut Conseil pour le climat,
50:05 rapport publié cette semaine et qui agit comme
50:07 une piqûre de rappel. Le bilan de l'année
50:09 2022 est très alarmant,
50:11 une température record, +2,9°C
50:13 par rapport à la période
50:15 1900-1930, déficit
50:17 de précipitation, 75 000
50:19 hectares de forêts brûlés,
50:21 plus de 2 800 morts dus aux vagues
50:23 de chaleur. Autre inquiétude, le réchauffement
50:25 en France est plus fort que la
50:27 moyenne planétaire, d'où cette question
50:29 posée par les écologistes, comment
50:31 adapter nos modes de vie au réchauffement climatique ?
50:33 - Parler d'adaptation, ce n'est pas
50:35 dire que le réchauffement climatique
50:37 n'est pas grave, c'est dire que c'est déjà une réalité
50:39 et justement nous devons empêcher qu'il empire, parce que ce qu'on
50:41 sait aussi, c'est qu'un jour on ne pourra plus s'adapter.
50:43 Quand il n'y a plus d'eau, on ne peut plus s'adapter.
50:45 - Alors, qu'est-ce qu'ils proposent
50:49 les députés écolos ?
50:51 Quelle solution face à la France
50:53 en surchauffe ? - Eh bien les écologistes
50:55 sont en train de finaliser 20 propositions,
50:57 elles seront présentées mardi
50:59 prochain officiellement. Parmi ces propositions,
51:01 adapter les horaires scolaires
51:03 par exemple, en fonction des fortes chaleurs.
51:05 Lancer aussi un plan d'adaptation
51:07 du bâti, en repeignant par
51:09 exemple les toits des logements en blanc,
51:11 ça se fait déjà, regardez, ça permet
51:13 en fait de réfléchir jusqu'à
51:15 90% des rayons du soleil,
51:17 et donc d'abaisser les températures chez vous.
51:19 Autre exemple, débitumer
51:21 les cours d'école pour en
51:23 faire des cours oasis, vous les voyez,
51:25 c'est-à-dire avec des surfaces
51:27 végétalisées. En tout cas, les députés écologistes
51:29 réclament un plan d'urgence
51:31 au gouvernement. - Vous pointez
51:33 les mesurettes du gouvernement
51:35 et pourtant on a l'impression quand même que le gouvernement
51:37 essaye de faire des choses, par exemple le fonds
51:39 vert pour financer des projets verts
51:41 dans les collectivités, ou la politique
51:43 même de rénovation thermique des logements, c'est pas suffisant
51:45 tout ça ? - Non, le gouvernement aujourd'hui
51:47 est plutôt dans l'impréparation, il est en train de
51:49 concerter autour d'une trajectoire,
51:51 il annoncera un plan d'adaptation
51:53 à l'automne, j'ai envie de dire, après l'été
51:55 c'est quand même un peu ballot. Je vois
51:57 en matière de travail, par exemple, il n'y a pas
51:59 vraiment de réflexion qui est lancée autour
52:01 de l'adaptation du travail.
52:03 Est-ce qu'il faut, par exemple, une température
52:05 maximale de travail, à partir
52:07 de laquelle on aurait un droit de retrait
52:09 ou une ouverture de négociation pour adapter
52:11 les horaires de travail ? On n'est pas du tout
52:13 à la hauteur de l'enjeu. - Voilà, carton
52:15 rouge des écologistes pour
52:17 le gouvernement. Le Haut Conseil pour le Climat
52:19 lui est un peu plus nuancé. L'organisme
52:21 indépendant reconnaît que l'action politique
52:23 progresse, même si ça reste largement
52:25 insuffisant. Je cite "On peut dire
52:27 qu'on a dépassé la politique des petits pas,
52:29 mais on n'est pas encore au pas de course."
52:31 - Merci beaucoup, Marco. Abadan,
52:33 j'imagine, c'est déjà les 50 degrés.
52:35 - Plus. - Plus ? - Plus. - On y est.
52:37 - On y est, oui, depuis longtemps.
52:39 Moi, mon prochain film, en fait, s'appelle
52:41 "Plus de 50 degrés". - Ah oui ? - Oui, oui.
52:43 Mais c'est un western. - Un western ?
52:45 - Donc il y a un décalage par rapport à la réalité,
52:47 mais en effet... Non, non, au sud de l'Iran,
52:49 il fait régulièrement plus de 53 degrés.
52:51 - Oui, oui, c'est banal. - Oui, oui.
52:53 - Maintenant, vous vous intéressez à la campagne
52:55 américaine. Gros plan ce soir sur un
52:57 candidat particulier.
52:59 - Oui, alors je vais vous parler d'un homme.
53:01 Pour l'introduire, déjà, chacun peut
53:03 deviner de qui il s'agit. Un petit panel
53:05 de citations de cet homme.
53:07 Il a dit qu'il était un candidat antisystème.
53:09 - Oui, je vois. - Il a déclaré que la
53:11 pollution chimique des eaux rendait les
53:13 enfants transgenres. Il fallait arrêter
53:15 de soutenir l'Ukraine, car la guerre en Ukraine
53:17 préparée par les Etats-Unis avait pour but de détruire
53:19 la Russie et que les Etats-Unis en étaient responsables.
53:21 Ou encore, c'est la meilleure,
53:23 que les radiations du Wi-Fi
53:25 rentrent dans notre cerveau en
53:27 ouvrant la barrière hémato-encéphalique.
53:29 Alors si je vous demandais qui est cet individu...
53:31 - Donald Trump ? - Vous allez me dire oui,
53:33 Donald Trump ou un épigone, et alors non.
53:35 Si je vous disais quel est son parti, vous me diriez
53:37 sans doute probablement républicain ou quelque chose
53:39 comme ça, non plus. - Ah.
53:41 Alors c'est qui ? - Alors c'est Robert
53:43 Francis Kennedy Junior,
53:45 le neveu du président JFK,
53:47 qui se présente, c'est incroyable,
53:49 au primaire du parti démocrate
53:51 de la présidentielle pour défier Joe Biden.
53:53 Alors quelques mots sur lui, c'est un ancien avocat,
53:55 enfin c'est un avocat spécialisé dans l'environnement
53:57 initialement, qui a eu une carrière de
53:59 progressiste, disons, qui parlait beaucoup d'écologie,
54:01 des droits humains, etc. - Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
54:03 (Rires)
54:05 Une comète qui est tombée sur la tête. - Il a eu
54:07 de plus en plus de déclarations,
54:09 d'abord complotistes, et puis
54:11 ensuite xénophobes, transphobes,
54:13 etc. Ce qui lui a valu d'avoir
54:15 beaucoup de vidéos supprimées par les réseaux sociaux,
54:17 d'avoir beaucoup de félicitations des partisans
54:19 de Donald Trump, comme Steve Bannon,
54:21 Tucker Carlson, etc. Et le plus
54:23 incroyable dans cette affaire, c'est que
54:25 ce présentant au primaire démocrate,
54:27 alors on sait pas qui seraient les électeurs,
54:29 mais des récents sondages lui donnent
54:31 20% des voix. - Énorme !
54:33 - Donc on verra ce qui adviendra
54:35 de sa campagne, mais je pense
54:37 qu'on peut en tirer deux leçons. Premièrement,
54:39 c'est que les conditions d'apparition du trumpisme
54:41 sont toujours présentes aux Etats-Unis,
54:43 peut-être encore plus d'ailleurs qu'en 2015-2016,
54:45 et deuxièmement, c'est une simple hypothèse,
54:47 mais peut-être que le trumpisme désigne
54:49 un phénomène politique, un mouvement de fond,
54:51 qui dépasse en fait largement et Donald Trump,
54:53 et le parti des Républicains,
54:55 et peut-être même le clivage
54:57 droite-gauche.
54:59 - La contagion du trumpisme
55:01 à tous les camps. - Hallucinant.
55:03 - Mais c'est vrai que ce sont en fait les idées,
55:05 peut-être que les idées,
55:07 il les avait déjà, et en fait après ça a refait
55:09 surface, puisque c'est quand même étonnant
55:11 qu'un homme puisse changer de bord autant
55:13 en restant toujours dans la partie démocrate.
55:15 - Il les a libérés en fait. - C'est hallucinant, oui.
55:17 - A suivre, merci beaucoup Nathan,
55:19 j'ai appris beaucoup de choses. On termine avec "obtempérer",
55:21 c'est votre mot, forcément.
55:23 Mariette, c'est à vous. - Oui, alors là,
55:25 Myriam, on est avec ce mot typiquement
55:27 dans la langue administrative,
55:29 c'est-à-dire une langue qui complexifie ce qui est simple.
55:31 "Obtempérer", ça veut juste dire
55:33 "obéir", obéir à un ordre.
55:35 Quand un policier vous demande vos papiers
55:37 lors d'un contrôle routier, ben voilà, vous "obtempérez",
55:39 vous obéissez. - Alors pourquoi on prend
55:41 ce mot-là en particulier pour parler
55:43 des refus d'obtempérer, après
55:45 évidemment ce qui s'est passé avec la mort de Naël ?
55:47 - Alors, d'une façon générale,
55:49 on complexifie la langue administrative
55:51 pour montrer la loi, la loi au sens
55:53 de l'institution, et de la loi
55:55 premier degré, c'est-à-dire celle qui classe.
55:57 En grec, c'est "nomos", qui donnera nomenclature.
55:59 Donc il s'agit de classer des comportements
56:01 déviants, si on veut,
56:03 et puis, en l'occurrence, donc c'est du code
56:05 pour vivre ensemble, en l'occurrence du code
56:07 de la route, puisque là, on est devant un article
56:09 L233-1
56:11 du code de la route, en fait,
56:13 avec cette obligation
56:15 à obtempérer, donc je crois qu'on
56:17 risque 7 000 euros d'amende et puis
56:19 un an de prison. Alors, c'est pas rien, mais
56:21 c'est quand même assez modeste, on est, disons, dans l'organisation
56:23 normale de la vie
56:25 ensemble. - Donc c'est
56:27 en fait la loi en temps de paix sociale,
56:29 c'est ça ? - Exactement, on est en vitesse
56:31 de croisière en paix sociale. Alors évidemment, ce que la faire
56:33 Naël révèle, ou redit, parce que ça arrive
56:35 régulièrement quand même, c'est que justement,
56:37 la paix sociale n'existe pas dans certains endroits
56:39 de notre société. Alors, dans ce cas-là,
56:41 c'est la loi qui est touchée, mais la loi
56:43 au sens très profond, c'est-à-dire
56:45 le logos. Le mot "loi" vient du "logos" et le logos,
56:47 c'est une parole qui dit
56:49 clairement la frontière entre le bien
56:51 et le mal, le permis et l'interdit.
56:53 C'est cette loi-là qui est touchée en ce moment,
56:55 c'est ce qu'on a dans le décalogue,
56:57 c'est ça, c'est-à-dire les 10 logos
56:59 ou logos, les 10 assertions importantes
57:01 que la société laïque,
57:03 démocratique a repris à la société biblique,
57:05 "tu ne tueras point", ça fait partie
57:07 de cette loi-là. Alors, c'est là où Obtempérer
57:09 revient, parce qu'il appartient
57:11 à cette loi profonde au départ.
57:13 Il faut entendre dans "Obtempérer",
57:15 "tempérer".
57:17 Ça veut dire tempérer son corps,
57:19 son comportement, "ob",
57:21 devant tout le monde. Donc, c'est la loi
57:23 humaine, la loi profonde qui est là.
57:25 - Alors, évidemment, il y a un retournement
57:27 complet de la situation avec ce qui se passe aujourd'hui,
57:29 "Obtempérer" est passé de cette loi profonde
57:31 à la loi administrative de surface.
57:33 Donc, la question
57:35 qu'il faut se poser, on le voit bien avec les événements
57:37 actuels dans notre pays,
57:39 le mot a complètement retourné son sens
57:41 et on a quand même l'impression qu'actuellement,
57:43 normalement, cette "Obtempérance-là",
57:45 elle s'adresse aux citoyens
57:47 lambda, quel que soit son âge,
57:49 comme à celui qui représente
57:51 la loi, la police ou l'Etat.
57:53 Donc, tout le monde. Mais là,
57:55 aujourd'hui, on a l'impression que personne,
57:57 justement, n'accepte
57:59 d'obtempérer au sens de cette "Obtempérance-là"
58:01 collective.
58:03 - Merci. Après des choses, ça vous inspire
58:05 quelque chose, un commentaire ?
58:07 - Oui, c'est intéressant, l'obtempérance comme vertu
58:09 au-delà de l'administration.
58:11 - Et le détournement de sens.
58:13 Merci beaucoup, Mariette,
58:15 pour cette itinéraire d'un mot, comme chaque semaine,
58:17 le vendredi. Merci à vous, on s'arrête là.
58:19 Et on va voir la sirène qui est en salle.
58:21 Bon démarrage, vous êtes contente ?
58:23 - Merci beaucoup, Bébi.
58:25 Oui, ce sont vraiment les premiers jours,
58:27 donc on est encore en train de faire les présentations,
58:29 on a encore des débats,
58:31 et les retours sont très positifs,
58:33 donc j'espère qu'il fera un long voyage,
58:35 ce "lenge" qui s'appelle la sirène.
58:37 - Merci beaucoup, Cépité Varcy.
58:39 - Merci à vous.
58:41 - Merci Les Affranchis, Marco Pommier.
58:43 Très bon week-end, profitez bien,
58:45 et à la semaine prochaine.
58:47 (Générique)