• l’année dernière
Parlons Vrai chez Bourdin avec Pierre-Frédéric Billet, Maire Les Républicains de Dreux (Eure-et-Loir, Centre-Val de Loire) et Hadrien Clouet, député LFI de Haute-Garonne.

Retrouvez Parlons Vrai chez Bourdin du lundi au vendredi de 10h30 à 12h30 sur #SudRadio.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

———————————————————————

☀️ Et pour plus de vidéos Parlons vrai chez Bourdin : https://www.youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQkzX4JBcyhPDl9yzBynYbV

##LA_CONFRONTATION-2023-07-04##

Category

🗞
News
Transcription
00:00 - Sud Radio Parlons Vrai chez Bourdin, 10h30, midi 30. Jean-Jacques Bourdin.
00:06 - Débat entre 11h et midi comme tous les jours sur Sud Radio.
00:10 Vous aimez, vous aimez à tel point que vous êtes de plus en plus nombreux à appeler.
00:14 En ce moment, nous battons des records, mais avec les événements évidemment de ces derniers jours, ça paraît évident.
00:20 Vous avez plein de questions à poser, plein de remarques à faire, plein de témoignages à nous apporter.
00:25 Ce n'est pas compliqué. 0 826 300 300.
00:28 Ce matin, sujet du débat, le rôle des politiques.
00:32 Sont-ils en partie, je dis bien en partie évidemment, responsables de l'embrasement de certains quartiers ?
00:41 Oui, non.
00:42 Est-ce que certains politiques, de quelque bord que ce soit, jettent de l'huile sur le feu ?
00:49 Est-ce que ces surenchères politiciennes, eh bien, participent à, je ne sais pas moi, participent à l'embrasement ?
01:01 Est-ce que certains politiques piétinent la justice, accusent ou exonèrent un peu vite,
01:06 multiplient les propos incendiaires et ne proposent que peu de solutions ?
01:10 Allez-y, vous réagissez. 0 826 300 300.
01:14 Il ne s'agit pas de mettre en accusation, il s'agit de poser des questions.
01:17 Encore une fois, c'est ce que nous aimons.
01:19 Pour parler de cela, nous avons deux responsables politiques.
01:23 Pierre-Frédéric Billet, qui est maire Les Républicains de Dreux, en Or et Loire.
01:27 Bonjour.
01:28 Bonjour Jean-Jacques.
01:29 Merci d'être avec nous.
01:30 Et Adrien Chloé, qui est député LFI de Haute-Garonne.
01:33 Bonjour.
01:34 Merci à tous les deux d'être venus.
01:36 Bah tiens, Pierre-Frédéric Billet, le président de la République, reçoit 200 maires et élus à l'Élysée.
01:42 Vous n'y êtes pas ?
01:43 Écoutez, j'irai courir juste après votre émission, parce que je tenais à être présent avec vous.
01:48 C'est un vrai sujet, un grand sujet.
01:50 Je serai un peu en retard, mais le président m'excusera.
01:52 Je lui dirai que c'était pour Jean-Jacques Bourdin, donc il m'excusera.
01:54 Oui, oui, oui, je le connais.
01:56 Mais c'est bien, c'est bien, parce que c'est pas pour moi, c'est pour celles et ceux qui écoutent.
02:01 C'est un vrai sujet.
02:02 Et c'est un vrai sujet.
02:04 C'est un vrai sujet, et nous allons voir, et je vous pose la question,
02:09 est-ce que les politiques, quels qu'ils soient, sont en partie responsables de l'embrasement ?
02:14 Qu'en pensez-vous ?
02:15 Alors, oui et non. Oui et non.
02:17 Sur le long terme, si on regarde objectivement les choses,
02:19 depuis 2003, Jean-Louis Borloo a lancé l'agence de rénovation urbaine,
02:24 qui a été un grand succès.
02:25 L'ANRU.
02:26 L'ANRU, le fameux ANRU, qui pendant 16 ans, sur le programme,
02:29 a généré près de 50 milliards de travaux dans les quartiers,
02:33 c'est-à-dire, on a l'innovation, on rase, on reconstruit.
02:36 Il y a des bons résultats,
02:37 mais l'accompagnement social n'est pas toujours au bon niveau.
02:39 C'est-à-dire qu'on fait du bâti, on fait du dur,
02:41 et des fois l'accompagnement social n'est pas au bon niveau,
02:43 ou des fois on s'est trompé aussi de programme.
02:45 Donc, l'ANRU 1, ce qu'on appelait l'ANRU 1,
02:48 maintenant le NPNRU qui est l'ANRU 2, la deuxième phase, jusqu'en 2030,
02:51 l'État remet à peu près 40 milliards d'euros sur la table,
02:53 donc c'est quand même des grosses sommes,
02:55 pour parfaire l'opération et faire des quatrièmes qui n'ont pas encore été réalisés.
02:59 Alors ça, c'est le point positif,
03:01 il y a un accompagnement de la politique de la ville, ça c'est vrai aussi,
03:04 et en même temps...
03:05 - Donc là, les politiques ont joué leur rôle.
03:07 - Et sur le long terme.
03:08 - Les responsables politiques.
03:09 - Et sur le long terme, 20 ans, 20 ans aujourd'hui,
03:11 et donc ça c'est bien.
03:12 - Ça veut dire que beaucoup d'argent...
03:14 - Oui, beaucoup d'argent.
03:15 - ...ont été envoyés vers...
03:16 - Vers les quartiers.
03:17 - Exactement, on peut dire qu'à l'horizon 2030...
03:20 - Même si, même si les services publics ont souvent disparu de certains quartiers.
03:25 - Alors, oui et non, parce que...
03:27 - C'est-à-dire qu'on a envoyé de l'argent, très bien,
03:29 ça personne ne le conteste,
03:31 mais parallèlement, les services publics,
03:33 parfois, ont quitté ces quartiers.
03:35 - Alors, parfois oui, mais l'ANRU, l'agence,
03:38 a demandé dans son règlement intérieur, peut-être un peu technique,
03:41 l'obligation de remettre des services publics dans les quartiers.
03:43 Je vais donner un exemple chez moi, à Dreux,
03:45 on a une opération, la deuxième opération,
03:47 qui est une opération Dreux-Vernouillet de 160 millions d'euros,
03:50 et l'État, dans le programme, on l'avait fait, nous dit,
03:53 il me faut des services publics, des transports, du commerce,
03:56 de l'activité économique,
03:57 et un désenclavement des quartiers pour le rattacher à la ville.
04:00 Et ça, maintenant, l'État est très très précis là-dessus,
04:02 donc, on peut dire, les politiques...
04:04 - Oui, c'est une politique à moyen terme, ça.
04:06 - C'est déjà une politique où on dédensifie,
04:08 il y a moins d'habitants, on a des logements de bonne qualité,
04:11 avec des réglementations thermiques qui sont nouvelles,
04:13 et on remet des services publics, c'est pas idéal,
04:15 mais c'est quand même, ça va dans le bon sens.
04:17 - Adrien Clouet, je me tourne vers vous,
04:19 est-ce que les politiques sont en partie responsables de l'embrasement ?
04:22 Politiques au sens large, hein, de tout bord.
04:25 - De l'embrasement, non, parce que personne ne le souhaite.
04:29 Donc, à partir du moment où personne ne le souhaite,
04:31 personne n'en est comptable personnellement.
04:33 En revanche, la question qu'il faut poser,
04:35 c'est pourquoi ce type d'embrasement peut avoir lieu ?
04:37 Et il me semble qu'on doit se demander,
04:39 dans quelles circonstances,
04:41 qu'est-ce qui a mené notre pays à voir un gamin se faire exécuter à 17 ans ?
04:45 Qu'est-ce qui fait qu'on est le seul pays d'Europe
04:48 où il y a autant de morts pour des refus de docte en période ?
04:51 Un exemple simple, c'est un par mois qui meurt en France,
04:53 depuis un an et demi, quand c'est un tous les dix ans en Allemagne.
04:56 - Oui, mais Adrien Chloé, lorsque vous employez le mot "exécuter",
04:59 est-ce que vous ne précédez pas la justice ?
05:03 Comprenez ce que je veux dire.
05:04 Attendez, je ne défends pas le geste du policier.
05:08 La justice dira, le policier pour l'instant est en prison,
05:12 il a été mis en examen, l'enquête se poursuit,
05:14 d'ailleurs, me semble-t-il, elle se poursuit dans de bonnes conditions.
05:18 - Et sérieusement, oui, tout à fait.
05:19 - Et sérieusement.
05:20 - C'est bien pour ça que j'emploie un terme qui n'est pas juridique.
05:21 - Exécuter, c'est...
05:22 - Ce n'est pas un terme juridique.
05:23 Le terme juridique, c'est "assassinat", "homicide", etc.
05:25 - Oui, ça a un peu de sens aussi.
05:27 C'est-à-dire que l'effet, c'est quoi ?
05:29 C'est qu'il y a un jeune homme de décédant qui est décédé,
05:31 il y a une vidéo et c'est dramatique.
05:32 - Mais ce n'est pas juste "il est décédé", il n'est pas tombé du toit.
05:34 - Mais je ne dis pas non plus un terme juridique, vous avez vu,
05:36 je me mets au diapason.
05:38 Il y a une enquête en cours...
05:39 - Il a été tué.
05:40 - Je peux dire qu'il a été tué.
05:41 - Il a été tué par une arme à feu utilisée par un fonctionnaire de police.
05:45 - Dans quelles circonstances la justice dira dans quelles circonstances ?
05:48 - Après, il faut que chacun puisse expliquer,
05:50 le policier va devoir s'expliquer dans un contexte judiciaire.
05:52 - Oui, mais il faut faire attention à ne pas juste individualiser
05:54 en disant "le policier doit s'expliquer".
05:56 Il faut se demander pourquoi ce type de fait se produit en France
05:59 plus souvent qu'ailleurs.
06:00 Et s'il se produit plus souvent qu'ailleurs,
06:02 c'est, me semble-t-il, qu'on a un problème à la fois dans le droit
06:05 et les habilitations faites aux gardiens de la paix d'user du feu.
06:09 Je pense qu'ils ont le droit de manière excessive d'en faire l'usage.
06:13 Ils peuvent trop tirer.
06:14 Il y a un problème de doctrine dans leur déploiement.
06:17 Et tout ça, c'est politique.
06:19 - Alors, Adrien Chloé, doctrine.
06:21 Vous remettez en cause notamment, vous n'êtes pas le seul,
06:24 la loi du 28 février 2017.
06:26 On est bien d'accord ?
06:27 - Tout à fait.
06:28 - Que dit cette loi ?
06:29 Les agents de la police nationale peuvent faire usage de leurs armes
06:33 de manière strictement proportionnée
06:35 lorsqu'ils ne peuvent immobiliser autrement
06:38 que par l'usage des armes, des véhicules,
06:40 dont les conducteurs n'obtempèrent pas à l'ordre d'arrêt
06:44 et dont les occupants sont susceptibles de perpétrer dans leur fuite
06:48 des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celle d'autrui.
06:52 Voilà ce que dit la loi.
06:53 - Oui.
06:54 - Bon. C'est cette loi que vous contestez.
06:56 - Tout à fait.
06:57 - Mais pardon, lorsque je parle de responsabilité des politiques,
06:59 nous sommes allés voir.
07:01 Cette loi a été votée au Parlement.
07:04 Est-ce que vous savez combien de députés étaient présents ?
07:06 - Très peu.
07:08 - Lorsque cette loi a été votée.
07:09 - Très peu.
07:10 - Première lecture.
07:11 Non, mais parce que la responsabilité des politiques,
07:12 elle est peut-être là aussi.
07:13 Première lecture, 40 votants.
07:16 40 votants sur 577.
07:19 Seconde lecture, 21 votants sur 577.
07:24 - Oui.
07:25 - Ça veut dire quoi ?
07:26 Ça veut dire que les politiques se désintéressent de ces questions.
07:28 Aujourd'hui, vous contestez, vous protestez,
07:30 mais par exemple, quelqu'un qui vous soutient,
07:33 Olivier Faure, du Parti Socialiste,
07:35 il l'a votée, cette loi.
07:36 - Oui.
07:37 - Il l'a votée aujourd'hui.
07:38 Aujourd'hui, il la montre du doigt.
07:40 - Mais attendez, soyons quand même clairs.
07:41 En janvier 2017, il y avait zéro député insoumis.
07:43 - Non, mais je ne vous accuse pas personnellement.
07:46 - Oui.
07:47 - Je n'accuse pas.
07:48 - De toute façon, moi à l'époque, je n'étais pas élu du tout.
07:49 - Je ne t'accuse pas, je souligne la responsabilité de la classe politique.
07:53 17 voix pour, 4 voix contre.
07:55 - Oui, mais je pense que beaucoup n'ont pas saisi, à l'époque,
07:57 l'ampleur de ce qui se jouait.
07:59 - Mais c'est le rôle.
08:00 C'est votre rôle de saisir l'ampleur.
08:01 - C'est ce que je suis en train de faire là.
08:03 Je suis avec vous en train de parler.
08:04 Je suis bien en train de saisir l'ampleur.
08:05 On en parle aujourd'hui.
08:06 - Parce qu'il y a eu des émeutes.
08:07 - On ne va pas me faire le reproche en janvier 2017,
08:09 comme n'étant pas élu de le passer vite,
08:10 ni aux membres de mon groupe qui n'étaient pas élus.
08:12 - On en parle parce qu'il y a eu des émeutes.
08:13 - Mais vous avez raison.
08:14 - Et qu'il y a eu la mort d'un...
08:16 - Ce 7 août, vous aurez marqué qu'on a fait campagne, nous,
08:19 2017 et 2022, en demandant déjà la brogation de cette disposition
08:22 qu'on avait critiquée.
08:23 Donc, ça fait 6 ans qu'on demande que cette disposition disparaisse du droit
08:26 parce qu'elle nous semble dangereuse et que la réalité nous montre
08:28 qu'il y a des gens qui en meurent tous les mois.
08:30 - Alors, on peut individualiser, comme vous disiez tout à l'heure,
08:33 le cas présent.
08:34 Simplement, le métier de policier et de gendarme,
08:36 c'est un métier extrêmement compliqué.
08:37 Je rappelle qu'il y a eu 700 policiers et gendarmes blessés
08:39 durant ces 5 jours.
08:40 - Tout à fait.
08:41 - Il faut le souligner.
08:42 45 000, je ne sais pas si les gens se rendent compte,
08:44 45 000 effectifs sur le terrain.
08:45 C'est historique et ça demande des annulations de congés,
08:48 des impacts sur leur vie de famille
08:50 et des gens qui s'engagent vraiment pour essayer de remettre de l'ordre
08:53 dans notre pays.
08:54 Alors après, sur cette loi de 2017, moi non plus,
08:57 je n'étais pas parlementaire, encore moins aujourd'hui,
08:59 mais simplement 28 000 refus d'omptempérer,
09:03 c'était aussi une réalité de notre pays.
09:04 Comment fait-on ?
09:05 Moi, on peut faire des propositions parce qu'effectivement,
09:08 utiliser une arme à feu, c'est toujours le cas le plus extrême
09:11 qui doit être utilisé parce que c'est souvent un drame.
09:14 Simplement, on peut aussi...
09:16 J'écoutais M. Cazeneuve hier sur une chaîne concurrente
09:20 qui expliquait qu'il avait mis en place toute une série de choses
09:23 pour essayer de mettre des caméras, etc.
09:26 Il faut le systématiser dans les voitures.
09:27 - Il était Premier ministre à l'époque.
09:28 - Il était Premier ministre et il avait mis en place des caméras piéton, etc.
09:32 Les syndicats étaient très résistants à l'époque
09:34 et puis finalement, on trouve que c'est plutôt positif,
09:36 il faut le systématiser.
09:37 Et ensuite, pour arrêter une voiture,
09:39 au lieu de sortir son homme de service,
09:41 on peut avoir des moyens techniques pour bloquer une voiture.
09:44 Il faudra qu'on se pose collectivement cette question
09:46 parce que les refus d'enterrer, c'est insupportable pour les policiers
09:49 et les gens honnêtes.
09:50 - Et c'est dangereux !
09:53 - Et c'est très dangereux parce qu'on peut écraser des gens,
09:55 les gens roulent vite en centre-ville.
09:57 Donc ce n'est pas une question gentil-méchant,
09:59 c'est une question de sécurité publique et de responsabilité.
10:01 Il y a des moyens techniques, il faudra qu'on puisse les poser.
10:03 - Mais vous aurez remarqué que ce n'est pas la caméra piéton
10:05 qui a permis d'avoir l'information.
10:07 - Non, mais je ne l'ai pas dit.
10:08 - Non, mais vous avez raison.
10:10 - Mais imaginez que ces deux policiers
10:13 aient porté une caméra piéton,
10:15 on en saurait peut-être un peu plus sur les circonstances.
10:17 - On aurait le fond en images.
10:19 - Oui, ça serait très bien, effectivement.
10:20 Mais on vous rappellera tout de même que le syndicat d'extrême droite
10:22 de la police font un refus pas possible
10:24 dès lors qu'on discute du fait de pouvoir filmer,
10:27 de pouvoir avoir les images récoltées sur l'intervention de la police.
10:29 - Les syndicats d'extrême droite ne sont pas majoritaires,
10:33 et puis il y a plein de syndicats dans la vie,
10:35 on pourrait parler de plein de choses.
10:36 Mais en tout cas, je pense qu'il faut être en responsabilité là-dessus,
10:38 il ne faut pas faire de polémiques, il y a un drame.
10:40 Je pense que tout le monde l'a ressenti, mais il faut avancer.
10:43 - Bien, 11h15, petite pause et à tout de suite.
10:45 - Jean-Jacques Bourdin.
10:47 - Bien, il est 11h18, alors, la responsabilité des politiques
10:51 dans les émeutes qui viennent de nous concerner,
10:55 bon, ça s'est calmé, mais peut-être que ça pourrait reprendre, malheureusement.
10:59 Pierre-Frédéric Billet, qui est maire LR de Dreux, est avec nous,
11:02 et Adrien Clouet, qui est député LFI de Haute-Garonne.
11:05 D'abord, comment ça se passe à Dreux ?
11:08 Est-ce que vous sentez qu'il y a, malheureusement,
11:11 une possibilité de reprise de la révolte ?
11:16 - On n'a pas de boule de cristal, simplement...
11:18 - Non, mais c'est sûr, vous savez, vous sentez bien votre population.
11:21 - Oui, oui, ça fait trois nuits que c'est extrêmement calme,
11:23 il y avait des forces de l'ordre, avec un dispositif un peu allégé,
11:27 on reprend la vie à peu près normalement.
11:30 - Il y a eu de gros dégâts à Dreux ?
11:33 - Il y a eu des voitures de brûlées, effectivement, les deux premiers jours,
11:36 il y a eu un supermarché dans un quartier qui s'appelle Les Battes,
11:40 quartier qui a été complètement isolé pendant 4 heures,
11:42 parce que les forces de l'ordre se sont retirées,
11:44 ils ont brûlé des voitures, donc il a été pendant 4 heures à la merci de pilleurs,
11:48 et donc le quart a été pillé pendant 4 heures, voilà.
11:51 - Messieurs, est-ce que vous avez conscience,
11:53 oui, vous avez conscience, parce que vous êtes encore plus au courant que moi
11:57 de ce qui se passe dans notre société,
11:59 vous avez conscience que tous les jeunes, ou moins jeunes d'ailleurs,
12:03 qui se sont retrouvés dans la rue en train d'incendier ou de saccager,
12:07 finalement, ils se moquent totalement de votre parole politique ?
12:11 Ils se moquent totalement des politiques ?
12:14 D'abord, ils n'écoutent pas, ils ne regardent pas.
12:16 - Et ils ne votent pas !
12:17 Ceux qui sont en âge de voter ne vont pas voter !
12:19 C'est vrai ou c'est faux, Adrien ?
12:21 - Je pense que ça dépend des endroits. Non, ce n'est pas évident.
12:24 Déjà, ce qui est quand même compliqué, c'est qu'on n'a pas un profil
12:27 des participants et des participants aux différents actes,
12:29 donc du coup, c'est ce qui est entier, il faut qu'on joue quelque soit.
12:31 - Il y a des mineurs, il y a des majeurs...
12:33 - La moyenne d'âge des gens arrêtés est de 17 ans.
12:36 - Oui. - La moyenne d'âge.
12:37 - Moyenne d'âge, 17 ans. - Ils ne vont pas dire franchement non plus...
12:39 - Donc c'est compliqué d'en tirer des conclusions quelques soirs.
12:42 En revanche, ce qui est clair, c'est que les émeutes urbaines
12:45 ne surgissent pas de manière aléatoire.
12:47 Il n'y en a pas tout le temps, et encore heureux.
12:49 Elles se produisent dans des moments particuliers.
12:51 - 2005... - Exactement.
12:53 - Cette année... - Et donc, identifier ces moments particuliers,
12:55 c'est comprendre ce qui les produit.
12:57 Et dès lors, on peut soit se dire "on s'en fiche, on ne change rien
13:00 et on laisse les gens dans leur situation au risque que ça se reproduise",
13:03 ou alors on peut se dire "il faut une réponse politique à cette situation".
13:06 Parce que c'est ce qu'on a toujours fait dans ce pays.
13:08 Depuis les premières émeutes urbaines,
13:10 enfin, il y avait 79 ou en 20, mais on va dire 80...
13:13 - 80, 90... - Voilà.
13:15 - Il y a eu des années 80. - À chaque émeute urbaine,
13:17 il y avait une réponse politique.
13:19 C'est-à-dire que le pouvoir en place disait "il y a un mal-être,
13:22 il faut y répondre pour éviter que ça se reproduise".
13:24 Je pense à 80, le quartier des Minguettes.
13:26 C'est là qu'on a créé par exemple les classes ZEP.
13:28 C'est là qu'on a lancé l'idée de la politique de la ville.
13:30 Et on a ici une situation extraordinaire,
13:33 où le pouvoir nous dit "je ne vais rien changer,
13:35 il ne se passera rien, il n'y aura pas de réponse politique".
13:37 - Les émeutes, je ne veux pas exonérer le pouvoir,
13:40 mais les émeutes se sont terminées il y a deux jours,
13:42 enfin ça s'est calmé là,
13:44 vous ne pouvez pas avoir de réponse immédiate.
13:46 Jacques Chirac, je le rappelle,
13:48 est intervenu au bout de trois semaines seulement.
13:51 Il a mis trois semaines avant de réagir,
13:54 après les émeutes de 2005.
13:56 Mais 2005 était le tournant, c'est la première fois.
13:58 Avec Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur,
14:00 c'est la première fois en 2005, et c'est la ligne qui est maintenue jusqu'à aujourd'hui,
14:02 et je le déplore, c'est la première fois qu'on dit
14:04 "il y aura une réponse uniquement sur le volet sécuritaire,
14:08 pour maintenir la sûreté des personnes et éviter les dégradations".
14:10 - Non, non, non, ce n'est pas ce qu'a dit, ce n'est pas le discours de Jacques Chirac.
14:12 - Vous l'avez vu, en 2005, ce n'est pas ça.
14:14 - Et Jean-Luc Mélenchon l'a brandi, le discours de Jacques Chirac.
14:16 - En 2005, les 15 premiers jours, c'est ça.
14:18 - Non mais attendez, c'est quand même important.
14:20 En 2005, c'est la première fois que, dans les semaines qui suivent le déclenchement des émeutes,
14:24 on annonce une réponse uniquement policière répressive.
14:26 Et ensuite, Jacques Chirac désavoue Nicolas Sarkozy en annonçant le plan banlieue.
14:30 Mais c'est la première fois en 2005 que ça marche comme ça,
14:32 parce que toutes les fois d'avant, de 80 à 2004 inclus,
14:35 il y avait, dès les premiers jours, l'annonce qu'on allait rencontrer des gens,
14:39 on allait avancer, on allait réunir les personnes qui réfléchissaient au sujet
14:42 pour avoir un débouché politique.
14:44 Et c'est ce qu'on réclame, nous, aujourd'hui.
14:46 - Entre 2005 et aujourd'hui, c'est en 2005,
14:48 on a vu qu'il y avait une base de revendications,
14:51 où il y avait une structure intellectuelle de demande.
14:54 D'ailleurs, beaucoup d'associations ont été créées à ce moment-là, nationales et locales.
14:58 Et ça a été suivi par l'État, en réalité.
15:00 Il n'y a pas que la réponse policière,
15:02 il y a aussi de l'argent qui a été mis pour aider les associations à se structurer.
15:05 2023, c'est Alain Bauer qui l'explique extrêmement bien.
15:08 Il dit qu'il n'y a pas de revendications précises,
15:10 il y a une sorte, en plus de joyeuseté sur les réseaux sociaux,
15:13 à démolir, à brûler, etc.
15:14 C'est très très surprenant.
15:15 Et on n'arrive pas à définir une demande ou une ligne de force.
15:19 - Mais les émeutiers sont plus jeunes, vous l'avez dit.
15:21 - Tout à fait.
15:22 - Et évidemment, le monde a changé, notre société a évolué,
15:26 elle est plus violente, c'est une société de consommation.
15:29 J'ai été frappé quand même par...
15:31 C'est le reflet, quand vous avez les jeunes qui se précipitent chez Nike,
15:36 ou qui se précipitent chez Apple,
15:38 pour saccager des opportunités.
15:41 C'est le monde de...
15:42 C'est la consommation qui est dans la rue.
15:44 - En 2005, ce n'était pas le cas.
15:46 - Ce n'était pas ça en 2005, évidemment.
15:48 Et puis, le rôle des réseaux sociaux, on en parlait tout à l'heure,
15:51 c'est absolument évident et incontrôlable.
15:55 - Bien sûr.
15:56 - Et absolument incontrôlable.
15:57 D'ailleurs, quelle politique proposer,
16:01 pour, pas contrôler, mais pour essayer de savoir,
16:05 de mesurer ce qui se passe sur les réseaux sociaux.
16:09 - On entend beaucoup de choses en ce moment,
16:10 chacun essaie de tirer un peu la couverture à lui,
16:12 selon son prisme, etc.
16:14 Il y a beaucoup d'argent sur la table,
16:16 déjà depuis très longtemps, sur la rénovation urbaine.
16:18 Il y a de l'argent sur la politique de la ville.
16:19 Il y a les services publics qui reviennent globalement dans les quartiers.
16:23 Il y a une distorsion des investissements, malgré tout,
16:27 entre la Seine-Saint-Denis et la région parisienne, les îles-Iles, etc.
16:31 On le sait, les chiffres, la compte des comptes l'a expliqué.
16:34 Simplement, il faut dépoussier notre logiciel,
16:38 notre logiciel sur la politique de la ville, de la rénovation,
16:40 comme on a appris dans ces quartiers, est complètement obsolète.
16:43 L'État, je vois bien la discussion que j'ai avec l'État et les ministères,
16:46 c'est complètement obsolète.
16:47 Ils ont des poncives dans la tête,
16:48 ils ne connaissent pas la réalité de terrain.
16:50 Il faudra, de toute manière, mettre ça sur la table.
16:52 Pas forcément avec plus d'argent, mais mieux utiliser
16:54 et faire confiance aux acteurs locaux.
16:56 - Bien. Nous allons prendre Olivier, un de nos auditeurs,
17:00 qui est à Bocquer, dans le Gard.
17:02 Bonjour, Olivier.
17:03 - Bonjour, Jean-Jacques.
17:05 - Bonjour. Allez, Olivier.
17:07 - J'étais dans ma voiture, j'ai arrêté,
17:08 parce que j'ai entendu des trucs qui ne me conviennent pas.
17:11 - Alors, allez-y, qu'est-ce que vous avez envie de dire ?
17:14 - Alors, j'ai trois choses.
17:16 - Allez-y.
17:17 - On a dit que les Allemands, il y avait beaucoup moins de tirs,
17:22 en réalité, dans les Allemands.
17:24 - Sur les refus d'obtempérer, oui.
17:25 - Voilà. Mais l'Allemand est beaucoup plus discipliné que le Français.
17:29 Il y a beaucoup moins de refus d'obtempérer en Allemagne qu'en France.
17:32 - Je ne suis pas certain qu'il y en ait moins, Olivier.
17:35 Il faudra regarder les chiffres.
17:36 - Il n'y en a pas moins, mais bon.
17:37 - Je ne suis pas certain qu'il y en ait moins, mais bon.
17:39 - Après, moi je me suis fait braquer par la police.
17:41 - Oui.
17:42 - J'ai eu deux mitraillettes braquées sur moi,
17:44 je n'avais rien fait, j'étais comme ça.
17:47 Le seul tort que j'avais, j'avais la même voiture qu'un...
17:51 - Ah.
17:52 - Oui.
17:53 - Oui.
17:54 - Donc ils cherchaient un délinquant,
17:58 et ils ont cru que c'était vous.
18:02 - Oui. Ils ont cru que c'était moi, oui. Ils m'ont arrêté.
18:05 - Ça fait une drôle d'impression, en général, oui.
18:06 - J'étais mal à l'aise, vraiment.
18:09 - J'imagine.
18:10 - Après, ils se sont rendus compte,
18:12 mais ils n'ont pas été aimables, aussi.
18:14 - Oui.
18:15 - Je peux vous le dire.
18:16 Ils étaient en colère, un de leurs copains venait de se faire écraser.
18:18 - Oui, oui, oui. On comprend la colère aussi, Olivier.
18:22 - Je comprends, parce qu'on parle de Naël,
18:25 il y a quand même eu 23 policiers morts en service
18:28 depuis le début de l'année. On n'en parle pas.
18:30 - Policier et gendarme.
18:32 - Oui, oui, mais on n'en parle pas.
18:34 Là, le policier qui se fait traîner sur 30 mètres à Grenoble,
18:37 il y a quelques jours, par un chasseur, on n'en parle pas.
18:40 - Si, si, on en a parlé, ici.
18:42 - Pas beaucoup, hein.
18:43 - Moi, j'en ai parlé, ici.
18:44 - Par rapport à Naël, on n'en parle pas beaucoup.
18:45 - Mais, Naël, on en a beaucoup parlé sur le coup,
18:48 mais on en a beaucoup parlé ensuite,
18:50 parce que ça a provoqué ce que ça a provoqué.
18:53 - Oui, mais vous savez, les jeunes,
18:55 ils sont à l'afflux de la moindre occasion
18:57 pour aller piller et casser.
18:59 - Alors, ça, vous soulevez un problème.
19:03 Vous soulevez un problème.
19:05 Pourquoi, tout à coup, ce déchaînement collectif de violence ?
19:11 - Parce que les gens, ils n'ont pas d'argent,
19:13 ils ont besoin, ils vont voler.
19:15 Vous avez vu, il y en a, il a volé du saumon,
19:17 il a volé de l'argogé.
19:18 - Mais oui, tout ce qu'il trouve sous la main.
19:20 - Tout ce qu'il trouve, tout ce qui peut se négocier, se revendre,
19:22 c'est parce qu'il y a un problème de pouvoir d'achat.
19:26 - Oui, mais Olivier, dites-vous bien que dans les jeunes qui ont volé,
19:30 il n'y a pas que des jeunes qui venaient des quartiers difficiles,
19:33 il y a aussi des jeunes qui bossaient,
19:35 des jeunes qui venaient de quartiers beaucoup moins difficiles
19:40 et qui ont profité de l'opportunité.
19:42 - Oui, mais que va faire la justice avec les jeunes qui ont été arrêtés ?
19:45 - Alors, la justice, il y a déjà des comparutions immédiates nombreuses,
19:49 Olivier, et les peines sont assez sévères.
19:53 - Mais c'est pas à la hauteur, c'est pas la peine.
19:55 Moi, c'est pas la peine.
19:56 Vous savez, j'ai fréquenté des jeunes qui travaillent avec moi.
19:59 Vous comprenez, beaucoup de cas sociaux,
20:01 quand le jeune vous dit "c'est mieux en prison que chez moi",
20:05 c'est pas une punition, quoi.
20:07 - Il y a des jeunes qui pensent, vous avez raison,
20:09 qui pensent que la prison, c'est bien, quoi.
20:12 - Et puis dès qu'il a été en prison, par rapport à ses copains,
20:16 ils m'ont en grade.
20:17 Tu comprends, il était en prison, lui, à leur respect.
20:19 - Non, ça c'est pas faux.
20:20 - Je peux pas le supporter.
20:22 Mais par contre, si on le faisait payer,
20:24 alors je vais être méchant dans ce que je dis,
20:27 je prends Marseille, par exemple,
20:29 il y a je sais pas combien de millions de dégâts,
20:31 on arrêtait une quantité de gens,
20:33 et bien on leur dit "voilà la facture,
20:35 on la divise par le nombre et c'est pour vous,
20:37 et on vous enlève tout".
20:39 Vous savez, j'ai mon beau-frère,
20:41 qui était CPE dans un lycée,
20:43 de 1200 élèves.
20:45 Et il m'a dit "si tu laisses,
20:47 128 des choses, t'es mort".
20:49 Parce que de 2 qui se battent,
20:51 ça finit par 200 qui se battent.
20:53 Je le prends, je l'exclu du lycée,
20:56 je fais une fête,
20:58 quand il est foutu dehors,
21:00 et j'appelle la caisse d'allocations familiales,
21:02 je fais un courrier et je lui dis qu'il est plus scolarisé.
21:04 Automatiquement, il n'y a plus d'allocations familiales.
21:06 Et il me dit "je te garantis que dans les 3 semaines..."
21:08 - Déscolarisé un enfant, Olivier,
21:10 ça conduit à un adolescent,
21:12 cet enfant, vous le mettez où ? Dans la rue.
21:14 - Non mais ça dure pas, ça dure pas,
21:16 non non, ça dure pas, je vous explique justement.
21:18 Parce que 3 semaines après,
21:20 les parents reviennent,
21:22 parce qu'ils touchent plus les allocations familiales,
21:24 et qu'ils soient réintégrés, par contre,
21:26 il se tient carreau.
21:28 - Quand les parents sont là,
21:30 et quand les parents
21:32 ne sont pas de famille décomposée,
21:34 et ne sont pas perdus
21:36 devant leur ado, et n'ont plus aucune réponse
21:38 à apporter à leur fils ou à leur fille.
21:40 - Malheureusement, tous ces mineurs qui sont...
21:42 - C'est très compliqué, Olivier.
21:44 - ... à l'école.
21:46 Il était scolarisé,
21:48 mais il n'y était pas à l'école.
21:50 Donc les parents touchaient des allocations familiales.
21:52 - Non, non, les parents,
21:54 il était fils unique.
21:56 - C'est pas là, oui.
21:58 - Bien, Olivier, merci, c'est pas pareil,
22:00 il était fils unique, famille décomposée, là encore.
22:02 - Oui, alors,
22:04 il y a quand même quelques chiffres intéressants.
22:06 Il faut savoir que 26% des gens
22:08 qui vivent dans les quartiers dits "sensibles"
22:10 ont un sentiment d'insécurité.
22:12 C'est 10% au niveau national.
22:14 C'est-à-dire qu'on a besoin de sécurité,
22:16 de présence policière dans les quartiers dits "sensibles",
22:18 comme partout en France,
22:20 de manière tout à fait différente.
22:22 Moi, je n'étais pas sur la ligne de Sarkozy à l'époque.
22:24 Les îlots tiés, c'est très bien,
22:26 la police de proximité, c'est très bien,
22:28 il faut la remettre à un bon niveau.
22:30 Ça, c'est la première chose.
22:32 La seconde chose, c'est que les allocations familiales
22:34 qu'on pourrait suspendre en cas de...
22:36 De toute manière, c'est une mauvaise idée.
22:38 Parce qu'on ne pousse pas sur la tête
22:40 de quelqu'un qui est en train de couler.
22:42 Ça ne sert à rien.
22:44 - C'est intéressant d'avoir cet avis d'un maire,
22:46 les Républicains.
22:48 - Oui, je suis un maire de terrain,
22:50 je connais la vie des gens.
22:52 On peut affirmer des valeurs,
22:54 être très fort sur les valeurs,
22:56 mais il faut changer le logiciel parce qu'on est complètement à côté de l'autre.
22:58 - Alors là, ça m'intéresse beaucoup ce que vous dites,
23:00 et je fais une petite parenthèse.
23:02 Les maires, plus que jamais,
23:04 qui sont en première ligne,
23:06 on a vu ce qui s'est passé à l'Elléros ou ailleurs,
23:08 les maires en première ligne,
23:10 écoutons les maires plus souvent,
23:12 qui sont des élus de terrain,
23:14 qui sont au courant de ce qui se passe dans les communes.
23:16 Qu'est-ce que vous voulez dire, Clément ?
23:18 - J'entendais dans l'intervention de l'auditeur,
23:20 avant,
23:22 un fil rouge, je n'en ai pas d'accord sur plein de choses,
23:24 mais un fil rouge, c'est que la condition du calme,
23:26 dans un endroit quel qu'il soit,
23:28 en quartier populaire, mais comme ailleurs,
23:30 c'est le sentiment de justice.
23:32 Et qu'en fait, le sentiment d'injustice
23:34 est un déclencheur de plein de comportements
23:36 que tout le monde réprouve, localement,
23:38 et parfois y compris ceux qui s'y adonnent,
23:40 qui le regrettent le lendemain.
23:42 Et qu'est-ce qu'on fait dans cette situation ?
23:44 On se concentre parfois sur la confiance
23:46 dans les institutions, et ça, la confiance,
23:48 ça veut dire mettre en place une institution
23:50 indépendante sur les violences policières,
23:52 à la place de l'IGPN, ça, ça veut dire
23:54 avoir une commission vérité qui fait le point
23:56 sur les décès qui s'ensuit, qui sont liés à...
23:58 - Le problème, c'est que vous jetez la suspicion,
24:00 vous jetez la suspicion sur l'IGPN.
24:02 Disons clairement les choses.
24:04 Vous ne croyez pas à l'impartialité de l'IGPN.
24:06 - Je ne crois à aucun corps
24:08 constitué qui se contrôle lui-même.
24:10 Jamais. Dans aucune profession,
24:12 aucune corporation. Et pas plus et pas moins
24:14 la police qu'un autre métier. Et d'ailleurs,
24:16 on remarquera bien que partout en Europe, c'est la norme.
24:18 - Mais la politique se contrôle elle-même, non ?
24:20 - Non, il y a des électeurs.
24:22 - Et puis, il y a l'auto-autorité, non ?
24:24 - Non mais il y a des électeurs, donc c'est important.
24:26 - Là-dessus, je ne me permets de rien.
24:28 - Attendez, attendez.
24:30 - Il est déjà 11h32.
24:32 - Je suis un peu en retard. - Ne vous inquiétez pas,
24:34 on va reprendre ce débat tout de suite.
24:36 - Jean-Jacques Bourdin. - Bien, nous allons parler
24:38 de responsabilité, nous allons revenir à notre sujet.
24:40 Pendant la pub,
24:42 je parlais à nos deux intervenants
24:44 et je leur disais,
24:46 quand même,
24:48 il y a des politiques,
24:50 des responsables politiques qui ont mis un peu d'huile,
24:52 qui ont mis de l'huile sur le feu.
24:54 Alors à gauche,
24:56 à gauche, Adrien Clouet,
24:58 Jean-Luc Mélenchon, lorsque
25:00 Jean-Luc Mélenchon refuse
25:02 d'appeler
25:04 au calme, et lorsqu'il dit
25:06 "j'appelle à la justice", ça veut dire quoi ?
25:08 - C'est qu'il jette la suspicion sur le travail
25:10 de la justice qui est en cours.
25:12 - Bien sûr que non.
25:14 La justice, c'est pas une institution,
25:16 la justice, elle est sociale dans le pays, c'est un ensemble
25:18 de politiques. Après, on peut faire deux choses différentes.
25:20 Soit on s'agit sur la chaise, en sautant comme un cabri,
25:22 en disant "calmez-vous, calmez-vous".
25:24 Non mais c'est une première hypothèse, pourquoi pas ?
25:26 On peut faire ça, mais dans ce cas-là,
25:28 vous pouvez pas nous dire en même temps "les gens vous écoutent pas".
25:30 Parce que si vous considérez qu'ils nous écoutent pas, ça sert à rien
25:32 qu'on les appelle au calme. Deuxièmement,
25:34 en revanche, on peut aussi se dire que le calme,
25:36 c'est quelque chose qui se construit, et pas qui se décrète.
25:38 - Mais vous savez pourquoi vous appelez à la justice ?
25:40 - Vous savez pourquoi ? - Vous savez pourquoi Jean-Luc Mélenchon le fait ?
25:44 - Parce qu'on a des raisons purement politiciennes.
25:46 Pour être entendu dans les quartiers.
25:48 Et pour, lors des prochaines élections,
25:50 obtenir plus de votes dans ces quartiers.
25:52 - Bah écoutez, ne soyez pas...
25:54 - Vous savez, bon... - Adrien Clouet !
25:56 - Premièrement, on a fait déjà des très bons scores dans ces quartiers,
25:58 donc on a pas besoin de ça.
26:00 Premièrement, on a pas besoin de ça pour faire des bons scores dans ces quartiers.
26:02 La preuve, on les a déjà faits la dernière fois, c'est ça.
26:04 - Mais il faut entretenir son électorat.
26:06 - Non, non, non, mais c'est pas vrai ça.
26:08 Vous pouvez pas dire ça, parce que...
26:10 Vous pouvez pas dire à la fois que les gens sont hostiles,
26:12 et ce qui est vrai, aux dégradations,
26:14 parce que ça leur nuit. Il y a des gens, ils ont pas dormi...
26:16 - Les premières victimes se sont vues,
26:18 qui habitent dans les quartiers !
26:20 - Il y a plein de gens qui en ont souffert de ça.
26:22 Donc s'ils en souffrent, on peut pas dire que
26:24 le nom d'Appel au calme serait pour eux.
26:26 Ce n'est pas vrai. Vous voyez, le propos n'est pas cohérent là-dessus.
26:28 Donc, dire qu'on veut la justice,
26:30 c'est dire qu'on veut les conditions du retour au calme.
26:32 Le calme, c'est pas quelque chose qui se décrète.
26:34 C'est pas en le proclamant que ça revient.
26:36 - Alors c'est juste un appel d'ailleurs.
26:38 - C'est en disant aux personnes qui y résident
26:40 que nous on a plus de politique.
26:42 Elle est sur l'égalité,
26:44 elle est sur le rétablissement du confiance
26:46 dans les institutions,
26:48 elle est sur le contrôle démocratique de la police.
26:50 C'est en disant ça qu'on rétablit les conditions du calme.
26:52 - Ah, mais alors au lieu, si vous aviez dit
26:54 "Appel au calme, mais en même temps,
26:56 mais en même temps,
26:58 nous demandons à revoir
27:00 le fonctionnement
27:02 d'IGPN à le rendre
27:04 plus indépendant,
27:06 nous demandons
27:08 un changement de la loi,
27:10 l'abrogation de la loi,
27:12 parallèlement à ça,
27:14 pardonnez-moi, mais ça aurait été peut-être
27:16 entendu différemment.
27:18 Et de l'autre côté, quand M. Messia
27:20 lance une cagnotte
27:22 pour aider la famille,
27:24 parce qu'il a bien intelligemment
27:26 dit "pour aider la famille",
27:28 il n'a pas dit "pour soutenir le policier".
27:30 - Non, non, attention, il écrit "pour le soutenir"
27:32 dans le texte de la pétition.
27:34 Vous lisez bien la dernière phrase, c'est bien pour le soutenir lui,
27:36 et non pas la famille. - Eh bien ça, c'est aussi mettre
27:38 de l'huile sur le feu, évidemment,
27:40 et c'est fait à des fins politiciennes,
27:42 évidemment. - Il est plus compliqué.
27:44 - Les politiques, parfois,
27:46 se jouent de la situation. - Il est plus compliqué
27:48 d'expliquer qu'il y a une procédure judiciaire,
27:50 qu'il y a la présomption d'innocence, même si c'est difficile
27:52 à entendre, qu'il faudra du temps,
27:54 mais que les politiques, les parlementaires, seront vigilants
27:56 à ce que les justices se déroulent tout à fait normalement.
27:58 C'est plus compliqué à expliquer que de dire "je veux la justice".
28:00 Et c'est plus...
28:02 Il y a des termes qui sont utilisés, parce que vous avez parlé des deux.
28:04 Certaines choses, mais par exemple, Jean-Luc Mélenchon
28:06 parle de "révolte", et pas
28:08 "démeute". Vous voyez, la dialectique est importante,
28:10 c'est-à-dire que "révolte", il y a un côté un peu
28:12 noble à la chose. C'est
28:14 le réveil du peuple. - Mais enfin,
28:16 Alma Dufour, votre collègue, a même dit
28:18 "les violences urbaines sont légitimes",
28:20 pour obtenir une révision
28:22 des règles de la légitime défense.
28:24 - Bah attendez... - Les violences urbaines sont légitimes ou pas ?
28:26 Est-ce qu'elles sont légitimes ?
28:28 Je vous pose la question.
28:30 - Visiblement, de la part du gouvernement, oui, puisque c'est que sous ces
28:32 conditions-là qu'ils ont lâché 10 milliards aux Gilets jaunes.
28:34 - Mais je vous parle... - Oui, mais c'est important
28:36 de comprendre... - Les violences sont légitimes ?
28:38 - Alors, les violences, non,
28:40 mais personne n'a jamais soutenu de violence.
28:42 Une violence, c'est clair, c'est un acte
28:44 commis sur une personne.
28:46 - Par contre, je lis son texte.
28:48 Elle est députée,
28:50 elle est fille. - Tout à fait.
28:52 - Je l'ai reçu, elle est très sympathique, je l'aime beaucoup.
28:54 Mais là, elle a écrit "les violences urbaines
28:56 sont légitimes". - Oui, parce qu'elle décrit
28:58 la situation dans ce pays où on en est réduit.
29:00 C'est-à-dire que quand même, il faut bien comprendre que depuis 8 mois,
29:02 vous avez des manifestations pacifiques dans tous les sens, sur la question
29:04 écologique, sur la question des retraites.
29:06 Il n'y a rien eu
29:08 de lâché par le pouvoir face à ça.
29:10 Les seuls qui ont obtenu la moindre chose,
29:12 depuis maintenant quelques années, c'est les Gilets jaunes,
29:14 et au terme, d'ailleurs, de dégradation
29:16 sur la voie publique. Donc c'est quand même
29:18 clairement comme ça que ça se passe, et on le déplore,
29:20 mais c'est comme ça que ça se passe dans ce pays, malheureusement, depuis quelques années.
29:22 - Mais c'est pas qu'en France. - Le seul moment où le pouvoir lâche quoi que ce soit...
29:24 - Pardonnez-moi de vous dire que c'est pas qu'en France. C'est dans le monde,
29:26 partout, c'est pareil. - Non, ce n'est pas vrai.
29:28 Il y a beaucoup de pays démocratiques, les manifestations
29:30 sont entendues, conduisent à des compromis politiques,
29:32 conduisent à des grossesses... - Oui, on parle souvent de l'Allemagne,
29:34 mais en réalité... - Oui. - Même l'Espagne...
29:36 - C'est une vision de la politique que moi, je partage pas
29:38 là-dessus, c'est-à-dire qu'une espèce de lutte
29:40 pour qu'on obtienne des choses. En réalité, c'est plus compliqué que ça.
29:42 Vous votez le budget avec vos collègues,
29:44 alors vous êtes dans l'opposition... - Non.
29:46 - Enfin, vous ne votez pas ! - On n'a pas le droit de le voter, mais...
29:48 - Oui, on a pas le droit de le voter, mais... - Vous ne votez pas !
29:50 - Vous le votez en général... - Non, il n'y a pas eu de vote.
29:52 - C'est le principe de base, d'accord ?
29:54 - Tout à fait. - Le 43, c'est des trois choses.
29:56 - Le principe de base n'existe plus.
29:58 - Moi, je suis un républicain,
30:00 donc effectivement,
30:02 simplement,
30:04 l'État
30:06 a aussi un regard attentif à l'argent
30:08 qu'on y met. - Je ne dis pas que l'État n'est pas responsable.
30:10 - Non, mais la rénovation urbaine,
30:12 ils ont mis de l'argent à un moment donné,
30:14 où ils sentaient qu'il y en avait besoin, il y a déjà deux, trois ans.
30:16 Même si, dans le même temps,
30:18 le gouvernement Macron
30:20 a modifié les modalités financières
30:22 des offices HLM, qui a posé beaucoup de problèmes,
30:24 qui est aussi
30:26 annexé sur le livret A. Vous savez que le livret A a augmenté,
30:28 donc ça coûte plus cher aux offices HLM,
30:30 donc on fait moins de travaux dans les bâtiments,
30:32 dans les logements sociaux. - D'ailleurs, ça incombe. Il y a de plus en plus
30:34 d'argent sur les livrets A.
30:36 - C'est paradoxal. - C'est une folie.
30:38 - Pour financer les logements sociaux,
30:40 et on construit moins de logements sociaux.
30:42 - Et la réforme de RLS, etc.,
30:44 ça a un impact adreux.
30:46 On a un office HLM, 5 400
30:48 logements. Le livret A,
30:50 le RLS, tout est modifié,
30:52 c'est plus d'un million d'euros
30:54 qu'on a perdu par an. Un million et demi
30:56 à vitesse de croisière, un million et demi,
30:58 je ne sais pas si vous imaginez, mais c'est des centaines
31:00 de chaudières individuelles chez les gens,
31:02 ou des fenêtres, ou des milliers de fenêtres.
31:04 - Bien. Lorsque,
31:06 encore Jean-Luc Mélenchon, je vous le dis puisque vous êtes son représentant,
31:08 ici, lorsqu'il dit
31:10 "les riches, les puissants se sont ensauvagés
31:12 car ils ne veulent plus vivre avec les autres",
31:14 ça veut dire quoi ?
31:16 - Ça veut dire que dans ce pays, lorsque vous vivez en quartier populaire,
31:18 on met 6 000 euros par an sur la table
31:20 pour vos services publics. Quand vous vivez
31:22 dans une zone bourgeoise, ou privilégiée, c'est 6 500 euros.
31:24 Voilà ce que ça veut dire. On est arrivé au moment
31:26 où dans ce pays, non seulement les riches
31:28 ne payent plus d'impôts, mais en plus, ils reçoivent plus
31:30 d'argent public que les plus pauvres.
31:32 - C'est-à-dire qu'il y a plus de policiers
31:34 dans les quartiers riches
31:36 que dans les quartiers pauvres.
31:38 - Alors, je vais
31:40 vous donner un chiffre.
31:42 - Est-ce que c'est vrai, Adreux ?
31:44 - Non, on est en ZRR.
31:46 - C'est quoi le ZRR ?
31:48 - La zone de Reconquête républicaine.
31:50 - Alors, Reconquête républicaine.
31:52 - C'était les ZEP avant moi.
31:54 On change de logo, vous savez comment ça marche.
31:56 C'est pas vrai, Adreux, parce qu'on est dans un dispositif particulier.
31:58 Mais, la Cour des comptes,
32:00 ce sont des gens sérieux,
32:02 explique qu'entre 2010 et 2020,
32:04 l'augmentation globale des effectifs de force de l'ordre,
32:06 c'est de 1%.
32:08 Et de 1%. Donc, il y a aussi un mensonge là-dessus.
32:10 Les 10 000 de plus annoncés par
32:12 Born, etc.
32:14 Ce n'est pas le cas. C'est 1%
32:16 d'augmentation des effectifs en 10 ans.
32:18 - Bon. Bon. C'est vrai.
32:20 Mais on met...
32:22 Là encore, il y a un paradoxe.
32:24 On met de plus en plus d'argent
32:26 dans les banlieues.
32:28 - C'est vrai.
32:30 - Globalement, c'est vrai.
32:32 - Et en même temps, il y a de moins en moins de services publics.
32:34 Il faudra que je comprenne.
32:36 - Oui. Alors...
32:38 - Vous me disiez, cet argent, c'est essentiellement
32:40 pour le logement.
32:42 - La rénovation, le logement, l'économie, les voies rives,
32:44 les transports. - C'est 1% la rénovation.
32:46 - C'est important, mais après,
32:48 autant l'État a mis
32:50 beaucoup d'argent depuis 20 ans dans l'ANRU, c'est vrai,
32:52 autant la politique interne
32:54 de l'ANRU a beaucoup fluctué. Par exemple,
32:56 dans l'ANRU 1, la première
32:58 rénovation, on nous demandait,
33:00 quand on démolissait un immeuble, de reconstruire
33:02 sur site. C'est-à-dire qu'il fallait
33:04 reconstruire sur le quartier. Aujourd'hui, c'est complètement interdit.
33:06 Il faut reconstruire hors site. Donc, des fois,
33:08 on ne fait pas confiance aux maires, et on devrait
33:10 laisser de souplesse aux maires qui connaissent parfaitement le terrain.
33:12 - Alors, je me suis tourné
33:14 vers notre député Eléphi,
33:16 mais je me tourne vers vous, parce que dans votre parti,
33:18 on y va aussi allègrement.
33:20 Éric Ciotti,
33:22 il fallait que la République montre sa force
33:24 face à cette barbarie qui s'est déchaînée.
33:26 J'aime pas trop l'empreinte... - Non, non, non, excusez-moi,
33:28 c'est ridicule. Je vous le dis, c'est ridicule.
33:30 - Ah, vous dites que vous êtes républicain. - Non, non, je suis républicain,
33:32 mais parce que quand on connaît le terrain, quand on connaît
33:34 la vie des gens, ce côté un peu
33:36 bravache, un côté machin, c'est ridicule, parce que
33:38 c'est pas la réalité du terrain. - Et lorsqu'il parle
33:40 de dégâts de l'immigration de masse,
33:42 je vois pas en quoi l'immigration
33:44 vient jouer un rôle dans cette affaire.
33:46 - Ce sont des Français.
33:48 - On parle de gens qui sont français, qui sont
33:50 de la troisième, quatrième génération.
33:52 - Si vous avez une vision...
33:54 Quand je parlais de logiciel à dépoussiérer,
33:56 dire "ah, c'est des immigrés, des machins",
33:58 non, leurs parents, leurs grands-parents sont nés
34:00 en France, c'est terminé, ça, ils sont français.
34:02 Mais il faut-il que nous aussi,
34:04 on change notre vision sur ces populations-là,
34:06 parce que certains,
34:08 et même dans l'État, on dit mal
34:10 à apprécier la bonne qualité de ces personnes.
34:12 - Alors, puisqu'on parle de politique, moi je me
34:14 souviens ce que disait Jacques Chirac,
34:16 "la violence ne règle jamais rien". Vous êtes d'accord ou pas ?
34:18 - Ah ben, elle ne règle pas,
34:20 bien sûr. La violence, c'est un symptôme...
34:22 - La violence légitime peut le régler.
34:24 - Oui, la violence légitime. Il y a une violence légitime.
34:26 - C'est les forces de l'ordre.
34:28 - Il y a un monopole de la violence par l'État.
34:30 - Vous la reconnaissez, cette violence légitime ?
34:32 - Ah ben oui.
34:34 De un, je la reconnais, et puis de deux, en manifestation,
34:36 je l'ai subie, donc si vous voulez, j'ai du mal à passer à côté.
34:38 - On va pas même manifester pour ça.
34:40 - Vous avez de la chance.
34:42 Venez au mien, vous verrez, c'est très sympa.
34:44 - Non, je vous en prie.
34:46 - Bien évidemment qu'il y a un monopole de la violence,
34:48 et parfois ce monopole est contesté à certains moments.
34:50 Qu'est-ce qui conduit à sa contestation ?
34:52 Dès lors, on a deux solutions. Soit on trouve
34:54 que c'est normal, et qu'une fois de temps en temps,
34:56 il faut qu'il y ait un affrontement, ce qui est clairement
34:58 la politique des provocateurs, notamment au niveau
35:00 gouvernemental, qui disent "tout va revenir comme avant,
35:02 il y aura à nouveau dans X mois des émeutes,
35:04 parce qu'il va se reproduire un événement similaire",
35:06 ou alors on peut se dire
35:08 "ça montre qu'il y a un problème plus profond
35:10 dans le manque de réforme des forces policières,
35:12 dans la doctrine d'emploi de la force,
35:14 dans la loi qui encadre ça,
35:16 donc il faut la réformer". - Il n'y a pas que la police
35:18 dans cette affaire. - C'est quand même le point de déclenchement.
35:20 - Oui, enfin, c'est le point
35:22 de déclenchement, vous avez raison.
35:24 Après, c'est
35:26 l'expression d'un mal-vivre,
35:28 c'est l'expression d'une société
35:30 plus violente, c'est l'expression
35:32 d'une absence éducative,
35:34 c'est l'expression...
35:36 - Non mais ce qui est...
35:38 - Ce qui est inquiétant,
35:40 vous êtes braqué sur la police
35:42 à la France Insoumise.
35:44 - Un petit peu quand même.
35:46 - Non mais c'est bien qu'elle soit inquiète.
35:48 - En réalité,
35:50 on a changé le monde.
35:52 On a changé le monde aujourd'hui.
35:54 Ce que pouvait faire la police
35:56 un peu cachée, sans caméra,
35:58 sans vidéo, sans réseaux sociaux, aujourd'hui,
36:00 tout est visible, quasiment tout,
36:02 et le moins de dérapage est vu
36:04 comme insupportable. Donc il faut sécuriser
36:06 les policiers dans leur action, les caméras,
36:08 dans les voitures, qui doivent être systématisées
36:10 parce que ça sécurise les policiers dans leur action
36:12 et ça sécurise les gens qui sont en face.
36:14 - Les citoyens qui sont en face. Bien. 11h46,
36:16 à tout de suite.
36:18 - Pierre est à Toulouse,
36:20 en Haute-Garonne. Bonjour Pierre.
36:22 - Bonjour. - Bonjour, allez-y Pierre.
36:24 Que pensez-vous ? Est-ce que les politiques,
36:26 quel qu'ils soient, quel que soit le bord politique
36:28 d'ailleurs, est-ce que les politiques sont responsables ?
36:30 - Absolument pas. Je crois
36:32 qu'en fait, on donne beaucoup
36:34 trop d'importance à M. Mélenchon,
36:36 que je considère comme,
36:38 quelque part, n'ayant aucune incidence
36:40 sur les jeunes. Les jeunes ont
36:42 des codes. Et aujourd'hui,
36:44 le code c'est, on touche
36:46 un flic, à ce moment, enfin,
36:48 si plutôt un flic touche à leur,
36:50 à un des leurs,
36:52 automatiquement ils agissent
36:54 et en profitent pour faire, quelque part,
36:56 leur course en démolissant les magasins.
36:58 Je pense que ces jeunes,
37:00 aujourd'hui, on ne peut pas les comprendre
37:02 puisqu'ils ne font plus partie
37:04 de notre société en tant que telle.
37:06 C'est-à-dire que derrière, ils ne réfléchissent
37:08 pas comme nous et
37:10 ils n'ont plus nos codes. Et ça, malheureusement,
37:12 ce n'est pas en
37:14 essayant de trouver des solutions,
37:16 je dirais,
37:18 d'éducation, qu'on va changer ça.
37:20 Je crois qu'au départ, il faut revenir
37:22 vraiment en arrière. C'est-à-dire que tous ces jeunes-là, d'après moi,
37:24 ils sont condamnés, quoi qu'il arrive.
37:26 Et par contre, la question qu'on doit se poser,
37:28 c'est, on parle toujours de ces femmes
37:30 seules, en disant, voilà, ces jeunes
37:32 sont seuls parce que ce sont des mères isolées.
37:34 Moi, je crois qu'on devrait quand même crever
37:36 l'abcès en expliquant quand même que pendant
37:38 des années, on est contre la polygamie.
37:40 En France, la polygamie, c'est interdit.
37:42 Et aujourd'hui, ce qu'on peut constater,
37:44 c'est que toutes ces femmes ont
37:46 quand même souvent un même mari.
37:48 C'est-à-dire que ce mari-là
37:50 a tendance à avoir
37:52 plusieurs femmes en France, utilise
37:54 cette forme pour pouvoir toucher
37:56 des aides...
37:58 - Pierre, Pierre, Pierre,
38:00 je comprends votre raisonnement.
38:02 Effectivement, ça doit exister.
38:04 Je suis sûr que ça doit exister.
38:06 Mais est-ce que vous connaissez, est-ce que vous savez,
38:08 avant d'affirmer, est-ce que vous savez
38:10 le nombre parmi tous les jeunes
38:12 qui ont été interpellés ?
38:14 Est-ce que vous connaissez le nombre
38:16 de familles polygames ?
38:18 - Je n'affirme rien.
38:20 La seule chose, c'est que...
38:22 Non, je n'affirme rien. La seule chose que je dis, c'est que ce sujet
38:24 n'est jamais abordé.
38:26 - Si, vous l'abordez, là. Vous voyez bien.
38:28 - Aujourd'hui, je l'aborde. Mais vous voyez, quelque part, vous vous avez l'air de me dire que quelque part...
38:30 - Non, je vous ai... Je vous pose...
38:32 Je ne vous dis rien. Je vous dis simplement
38:34 moi, je n'ai aucune statistique
38:36 permettant d'affirmer.
38:38 - Non, mais moi non plus. Mais la seule chose que je dis, c'est que
38:40 je suis très étonnée que systématiquement, on dise
38:42 que ces femmes sont seules à élever leurs enfants.
38:44 - Bon, alors parmi les émeutiers,
38:46 il n'y a pas, non plus,
38:48 que des enfants de familles
38:50 monoparentales. Il y a aussi
38:52 des enfants... - C'est ce que j'entends tout le temps
38:54 au niveau des journalistiques.
38:56 On entend toujours la même chose. On entend toujours dire
38:58 "Ah, mais vous comprenez, ces jeunes ne peuvent pas...
39:00 Ces femmes n'arrivent pas
39:02 à gérer leurs propres enfants." Mais si on
39:04 nous comprend, pourquoi... - Il y a aussi des femmes
39:06 qui ont été abandonnées par
39:08 leur compagnon ou par leur mari
39:10 et qui ne sont pas polygames.
39:12 - Je ne dis pas le contraire. - Pierre,
39:14 ça arrive dans notre société, non ?
39:16 - Je ne dis pas le contraire. Vous avez tout à fait raison.
39:18 La seule chose que je voudrais, c'est qu'on
39:20 aborde cette question, parce que derrière
39:22 on ne veut pas
39:24 expliquer qu'il existe en Afrique
39:26 des gens qui forcément, on accepte
39:28 la polygamie puisqu'elle existe là-bas
39:30 et qu'elle est aujourd'hui, quelque part,
39:32 elle vient en France et que personne
39:34 ne veut aborder ce sujet. Ou on considère,
39:36 ou on modifie la loi, parce qu'il faut
39:38 la modifier pour que justement... - Mais la polygamie
39:40 est interdite en France, Pierre.
39:42 - Mais je sais qu'elle est interdite. - Mais pas le polyamour,
39:44 vous voyez. Pas le polyamour, mais
39:46 oui, la polygamie... - Non, ce que
39:48 dit Pierre, c'est intéressant. La vraie question,
39:50 en fait, qu'on peut résumer, c'est
39:52 quel est le rôle de la CAF dans les contrôles
39:54 auprès des familles soi-disant monoparentales
39:56 et là, il y a un vrai sujet, je rejoins là-dessus.
39:58 Mais c'est un problème de CAF et de contrôle. - Mais ça, c'est évident.
40:00 Un problème de CAF et de contrôle. Mais relier
40:02 les émeutes, c'est... - On ne peut pas, on n'a pas
40:04 de statistiques là-dessus, ça n'existe pas. - On n'a pas de statistiques,
40:06 c'est difficile. Merci, Pierre, dans tous les cas
40:08 d'évoquer le sujet.
40:10 - La question que pose
40:12 l'auditeur ici, c'est de
40:14 savoir pourquoi il y a des personnes
40:16 qui sont en difficulté pour
40:18 interagir avec leur enfant et pour l'éduquer.
40:20 Ça, c'est une question centrale et importante. - Oui, centrale.
40:22 - En l'occurrence, on peut quand même s'intéresser
40:24 sur ce qui s'est passé, justement, à la cité
40:26 Picasso. Puisque, ce qu'on
40:28 montrait des journalistes depuis quelques jours,
40:30 c'est que les subventions
40:32 pour les associations d'aide aux parents, notamment
40:34 aux parents célibataires, avaient été supprimées.
40:36 Ce qui signifie que donc, il y a eu, dans les années
40:38 précédentes, ce drame-là, une
40:40 mise en difficulté, notamment des mères célibataires,
40:42 des femmes seules, qui, lorsqu'elles
40:44 travaillent, par exemple, de nuit, parce qu'on
40:46 peut se demander pourquoi elle n'est pas là pour s'en occuper
40:48 le soir. D'accord, parce qu'elles bossent, en fait.
40:50 Parce que plusieurs de ces femmes ont un travail
40:52 qui soit prend le week-end, soit prend
40:54 la soirée, soit prend la nuit. Et donc, elles ne sont pas là
40:56 le soir au dîner. Je ne sais pas si M. Macron veut venir lui-même
40:58 faire la soupe et nourrir les gamins, mais enfin,
41:00 peut-être que la réponse, elle est dans la manière dont
41:02 on permet d'avoir du temps familial
41:04 disponible pour s'occuper des enfants. Et ce n'est pas
41:06 le cas. On a, avec des bas revenus,
41:08 des femmes qui font aussi des heures-soupes.
41:10 Qui en font 10, 12 par semaine,
41:12 des heures-soupes. En réalité, parfois, elles les déclarent,
41:14 et lorsqu'on atteint le quota maximum,
41:16 elles ne peuvent plus les déclarer parce que l'employeur ne veut plus.
41:18 - Donc, on a cette difficulté
41:20 de gens qui tentent de survivre et de s'en sortir.
41:22 Eh bien oui, lorsqu'on tente de s'en sortir,
41:24 et qu'on se voit 50 heures semaine, on n'a pas le temps de voir ce que se passe.
41:26 - Les réponses,
41:28 ce n'est pas d'un coup de baguette magique,
41:30 tout à coup, qu'on va...
41:32 C'est un travail de longue haleine.
41:34 Là, il faut engager un travail.
41:36 C'est ce qu'a dit Emmanuel Macron.
41:38 Nous verrons ce qu'il fera et ce qu'il proposera.
41:40 Et nous critiquerons s'il faut,
41:42 et nous approuverons s'il faut. Mais,
41:44 c'est un travail de longue haleine.
41:46 - C'est un travail de longue haleine.
41:48 - Il n'y aura plus des meutes, c'est fini.
41:50 - On ne peut pas jouer petit bras.
41:52 On ne peut pas jouer avec les mêmes règles du jeu
41:54 avec lesquelles on a joué jusque-là. Il faut revoir
41:56 toute cette doctrine, ce logiciel.
41:58 Et surtout, il faut faire confiance aux gens de terrain.
42:00 Quand on impose une règle générale
42:02 pour toutes les mairies de France
42:04 et tous les territoires de France depuis Paris,
42:06 ça a du mal à fonctionner. Je ne dis pas que ça ne fonctionne pas,
42:08 ça a du mal à fonctionner. - Donc, plus de liberté
42:10 aux collectivités locales pour agir. - Je peux donner un exemple.
42:12 Jean-Jacques, vous allez le comprendre tout de suite.
42:14 Au début, on avait une règle très simple.
42:16 Quand on faisait des économies sur l'enveloppe financière des opérations,
42:18 on pouvait redéployer avec l'accord du préfet,
42:20 donc par département,
42:22 50% de cette enveloppe d'économies.
42:24 Ce n'est plus possible aujourd'hui. Il faut tout remonter à Paris.
42:26 Pour une nouvelle opération, on utilise...
42:28 - L'argent, comment ? - Dans le quartier.
42:30 On va refaire des jeux pour les enfants,
42:32 on va faire une épicerie sociale,
42:34 peu importe. Il y a des choses pour le quartier.
42:36 Et avec l'accord du préfet à l'époque, 50% des enveloppes
42:38 pouvaient être redéployées directement.
42:40 Et ça prenait 15 jours. Et c'est fini.
42:42 Il faut faire confiance au préfet, au maire.
42:44 On est des gens sérieux et on utilise l'argent au mieux.
42:46 - Adrien Chloé.
42:48 - Moi, ce qui m'a peut-être le plus choqué
42:50 dans l'ensemble des événements,
42:52 c'est l'absence de tout ministre
42:54 ou de tout élu de la majorité à la marche pour Naël.
42:56 Parce qu'en fait, je pense que
42:58 dès le début des événements,
43:00 on avait la capacité de dire "on entend,
43:02 on a bien vu ce qui s'est passé, on trouve ça d'ailleurs
43:04 inexcusable, inacceptable, il fallait le montrer".
43:06 Et c'est important...
43:08 - Je ne partage pas ça.
43:10 - C'est inacceptable.
43:12 - C'est justement là la contradiction.
43:14 - Tout à fait.
43:16 - Il le dit et ça lui est reproché.
43:18 - Si à la marche blanche, un ministre
43:20 était venu, ça aurait été catastrophique.
43:22 Il y aurait eu des problèmes de sécurité publique.
43:24 - Mais est-ce que c'est la place de politique
43:26 d'être à la marche blanche ?
43:28 - Oui, tout à fait.
43:30 Moi, je pense que ça l'est.
43:32 - C'est un recueillement de la famille.
43:34 - Non mais c'est important.
43:36 Quand il y a un public qui est en souffrance,
43:38 qui a le sentiment d'être maltraité,
43:40 qui a le sentiment que ce qui arrivait à cet enfant pouvait arriver au sien,
43:42 c'est important de dire "on entend ce que vous dites".
43:44 - Non mais le président...
43:46 - Parce que c'est ça qui fait baisser l'attention tout de suite.
43:48 - Il l'a dit et la marche blanche, c'est un moment de recueillement
43:50 avec la famille d'abord.
43:52 - On peut se recueillir quand on est d'accord d'ici quand même.
43:54 - Oui mais on a un rôle de responsable politique.
43:56 - Le recueillement, c'est du recueillement.
43:58 - Le président était déjà très loin dans sa déclaration,
44:00 on lui a reproché.
44:02 - Mais moi je peux vous dire que c'est ce que j'entends le plus dans ma circonscription.
44:04 Lorsqu'on discute avec les gens là-dessus, ils disent
44:06 "comment ça se fait qu'ils n'aient pas partagé ce moment d'affliction et de tristesse dès le début ?"
44:10 Et ça, ça peut être du coup ton provocation.
44:12 - Parce que c'est pas leur place, c'est pas leur rôle.
44:14 - Bien, merci messieurs, on va pas résoudre le problème ici,
44:16 c'est évident, mais au moins on débat.
44:18 Et on essaie de réfléchir,
44:20 parce que c'est quand même important
44:22 dans la vie de réfléchir.
44:24 Il est 11h57, merci à tous les deux
44:26 d'être venus nous voir.
44:28 Nous allons, juste après,
44:30 je vous incite à rester avec nous,
44:32 nous allons recevoir
44:34 deux femmes de Sarcelles.
44:36 Vous savez qu'elles ont pris une initiative à Sarcelles,
44:38 elles s'installent à Terraces des Cafés.
44:40 Pourquoi ? Eh bien parce que
44:42 c'est une façon de reconquérir
44:44 les cafés.
44:46 Quand on est une femme seule,
44:48 parfois on hésite à s'installer à Terraces des Cafés,
44:50 dans certains quartiers,
44:52 ou dans certaines villes,
44:54 ou n'importe où d'ailleurs.
44:56 C'est votre cas ou pas ?
44:58 Dites-nous, 0826 300 300.

Recommandations