SMART BOURSE - L'invité de la mi-journée : Bruno Vanier (Gemway Assets)

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Vendredi 7 juillet 2023, SMART BOURSE reçoit Bruno Vanier (Président, Gemway Assets)

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Transcript
00:00 Évoquons les marchés boursiers développés à présent avec les enjeux de ce nouveau
00:14 semestre qui a démarré de manière un peu chaotique on va le dire.
00:18 On a en tête la séance d'hier qui était plutôt une séance de retour de stress et
00:23 de sell-off des actifs risqués et des actions notamment.
00:26 François Jubin est à nos côtés en plateau pour cette demi-heure également, le directeur
00:29 général de YSAM.
00:30 Bonjour, bienvenue François.
00:31 Merci d'être avec nous.
00:32 L'idée était de faire un petit état des lieux des performances boursières qu'on
00:37 a pu observer jusqu'à ce début de deuxième semestre.
00:42 Il faut avoir en tête le MASDAQ à +40% et puis derrière effectivement des performances
00:48 quand même à deux chiffres pour la plupart des autres indices, moins tilté technologique,
00:53 peut-être plus généraliste aux Etats-Unis mais également en Europe.
00:58 Comment vous lisez cette performance ? Comment cette performance se décompose puisqu'on
01:02 parle beaucoup derrière la performance de ces indices de dispersion, de divergence,
01:07 de marché à plusieurs vitesses ?
01:09 Oui tout à fait.
01:10 On entend souvent le marché beaucoup monter mais en fait si on devait traiter ça comme
01:16 un sujet de philosophie au bac, on s'intéresserait déjà pour savoir ce que c'est que le marché.
01:22 Donc allons-y.
01:23 Alors le marché en fait c'est l'agglomération de l'ensemble des valeurs qui sont cotées
01:29 et on voit depuis le début de l'année 2023 qu'il y a très très peu d'acteurs qui ont
01:35 fait la performance du marché.
01:37 Si vous avez cité le MASDAQ à +35%, et bien regardons le S&P 500, les 500 valeurs américaines
01:46 qui font le marché américain qui est autour de 13-15% selon les jours.
01:55 Vous m'excuserez la proxima.
01:58 À plus de 2 chiffres de performance.
02:00 Voilà donc une bonne performance pour les actions américaines.
02:03 Mais si on enlève les 10 valeurs ou même les 6 valeurs qui font la performance des
02:11 actions technologiques, et bien la performance du Standard & Poor's 500 ne serait que de
02:17 1,4% depuis le début de l'année.
02:19 Ce qui veut dire que les 495 ou 490 valeurs qui composent le S&P 500 en réalité n'ont
02:30 fait que 1,5% depuis le début de l'année.
02:33 C'était avant la journée d'hier.
02:35 Donc on voit bien qu'il y a de grosses différences et on a également dans une moindre mesure,
02:43 parce que nous sommes plus policés, mais on retrouve ce phénomène en Europe.
02:51 Alors je me suis un peu amusé, je me suis dit en préparant cette émission, est-ce
02:56 que je vais parler des valeurs ? Parce qu'en fait on a ce point là.
03:03 Les marchés ont beaucoup monté, c'est la question qu'on nous dit, voire l'objection
03:08 qu'on nous fait aujourd'hui pour investir en actions.
03:11 Et là on entre dans le détail et on leur dit "on va vendre LVMH".
03:15 Ah bah non, LVMH on ne touche pas.
03:17 C'est une darlingue.
03:18 Donc je me suis dit qu'on ne pouvait pas, il fallait reprendre.
03:24 Oui quand on nomme les valeurs spécifiquement tout de suite, d'accord.
03:28 Voilà, ça c'est pas possible.
03:30 Donc il faut regarder peut-être du point de vue sectoriel c'est ça ?
03:32 Pour éviter cet effet cognitif.
03:34 Oui on est amoureux de certaines valeurs.
03:37 On est amoureux de certaines valeurs.
03:38 C'est mal.
03:39 Voilà, exactement.
03:40 Donc je me suis dit on va regarder par indice sectoriel.
03:45 Donc qui a réalisé de la performance depuis le début de l'année ? Donc il y a trois
03:50 secteurs qui sont au-dessus de 25% depuis le début de l'année.
03:54 Au sein de l'Eurostox 50.
03:55 Au sein de l'Eurostox.
03:57 Alors évidemment la technologie.
04:00 Donc on bénéficie de l'attrait en matière de technologie sur nos valeurs européennes.
04:07 Donc ça a effectivement bien fonctionné.
04:10 Le luxe a été l'élément moteur.
04:14 On a cité LVMH.
04:15 Et donc les biens de consommation qui sont portés par les valeurs du luxe en zone euro
04:23 réalisent aussi des performances qui sont au-dessus des 25%.
04:26 Et puis il y a un intrus complètement hors du scope qui est l'automobile.
04:33 Alors l'automobile fait partie des valeurs qui ont bien progressé au début de l'année.
04:41 Donc on verra ça peut-être dans la deuxième phase pourquoi l'automobile a bien fonctionné.
04:46 A résisté, bien tenu.
04:47 L'automobile qui n'est pas du luxe, qui n'est pas une valeur technologique.
04:51 C'est pas comme ça qu'on les connaît et qui a de grands enjeux devant soi.
04:56 Bref.
04:57 Et puis de l'autre côté du spectre, vous avez des secteurs qui n'ont rien fait
05:03 et qui sont même en perte depuis le début de l'année.
05:06 Donc je ne parle que des secteurs des grandes capitalisations
05:09 parce qu'après on pourrait se poser la question des petites capitalisations
05:12 qui elles aussi ont souffert depuis le début de l'année.
05:16 Et ne parlons pas de...
05:17 Oui, les divergences on les retrouve à plusieurs niveaux, plusieurs dimensions.
05:19 Bien sûr.
05:20 Donc sur les secteurs qui ne nous ont pas épargnés cette année,
05:25 on va retrouver les matières premières,
05:28 donc les minières, les sociétés minières qui sont assez cycliques quelque part.
05:33 Et puis on a aussi des sociétés de l'énergie, de oil and gas,
05:38 donc les pétrolières qui ont reculé cette année.
05:44 Alors on comprend pourquoi.
05:45 Parce qu'après la bonne performance qui avait été faite en 2022,
05:49 on comprend qu'il y a un peu de repli sur les niveaux qui a été élevé.
05:55 Mais néanmoins, c'est des pans importants de l'écolote qui sont en retrait,
06:00 donc tout n'a pas fonctionné.
06:02 Et puis les foncières, alors les foncières effectivement,
06:05 c'est une grosse difficulté dans le secteur.
06:09 On est en train de réaliser que la hausse des taux
06:13 va handicaper un certain nombre d'acteurs,
06:17 dont les foncières qui, à la fois sur la valorisation de leurs actifs,
06:24 vont devoir passer des dépréciations,
06:28 et puis également sur des charges financières qui vont...
06:33 Des groupes qui sont endettés, quand même, très lourdement.
06:36 La foncière fonctionne.
06:37 Bien sûr, c'est le vrai jet, bien sûr.
06:40 Donc il y a la double peine pour ce secteur-là.
06:42 Donc on avait des loyers qui étaient bien au-dessus des coûts financiers,
06:46 et là les coûts financiers augmentent.
06:48 Donc ça, c'est l'état des lieux.
06:50 Et on n'a pas parlé des bancaires qui se retrouvent au milieu, en fait.
06:54 Et en fait, les bancaires ont eu un scénario,
06:58 enfin une performance qui est tout à fait raisonnable dans le marché.
07:02 Il y a eu un avant après SVB pour le secteur bancaire, y compris en Europe.
07:06 Oui, mais c'est revenu un peu.
07:07 Oui, je comprends.
07:09 Une fois qu'on a fait cet état des lieux,
07:11 qu'est-ce que ça induit comme réflexion en matière justement de stratégie d'investissement
07:15 pour la partie boursière sur les prochains mois et les prochains trimestres ?
07:19 François, est-ce qu'on a envie de continuer de payer ce qui a le mieux marché au premier semestre ?
07:24 Ça pose la question de comment ces valeurs-là sont valorisées aujourd'hui,
07:28 quel rendement, quelle valorisation est-ce qu'elles ont aujourd'hui dans le marché ?
07:32 Ou est-ce qu'on est tenté de regarder justement à l'inverse ce qui n'a pas fonctionné au cours des premiers semestres ?
07:37 Exactement. Alors, on se dit que le marché a monté.
07:42 C'était le postulat de départ, oui.
07:44 On a vu que le marché, ce n'était pas le marché.
07:47 Donc, ça, c'est la première chose.
07:49 Et on se dit, oui, ça a beaucoup monté.
07:52 Et puis, deuxième proposition dans la phrase, c'est,
07:56 demain, nous avons un ralentissement économique qui pointe.
08:00 Les taux, la Réserve fédérale, bref, il y a plein de vents contraires
08:05 qui font que les perspectives économiques sont plus compliquées.
08:12 Donc, prendre un peu de recul, ce ne serait pas une mauvaise idée en termes d'allocation.
08:17 Bon, une fois qu'on est là, on va dire, on va vendre LVMH.
08:21 Toujours pas.
08:22 Là, ils ne vont pas reculer.
08:25 Alors, effectivement, il y a des valeurs.
08:28 Je ne dis pas que ça ne va pas continuer, mais en tout cas,
08:31 il y a des valeurs qui, aujourd'hui, ont un business solide qui semble invariant,
08:37 en tout cas, assez peu sensible à la conjoncture économique.
08:41 Et au ralentissement et dans la technologie, pour peu qu'on s'intéresse à l'intelligence artificielle,
08:47 on est capable de faire des bêtises humaines.
08:49 Mais, donc, sur ce sujet-là, on va se dire, on va regarder les valeurs qui sont les plus cycliques.
08:58 Et en fait, les valeurs les plus cycliques sont aussi celles qui ont baissé.
09:02 Donc, quelque part, on peut se poser la question de savoir si,
09:06 dans les prix que nous avons aujourd'hui, on n'a pas eu un excès de pessimisme sur ces valeurs-là.
09:14 Donc, on a énormément de valeurs qui sont, aujourd'hui,
09:18 en dessous de huit fois le résultat de l'année 2023 attendue.
09:22 Et je reviens à mon histoire d'automobile qui a bien...
09:27 Oui, qui fait partie du haut du panier.
09:29 Alors, on a eu un contexte quand même très favorable sur l'automobile
09:32 où les entreprises du secteur ont réussi à optimiser les marges qu'ils avaient de façon exceptionnelle et inattendue.
09:43 Et puis, on a eu une demande dans le secteur automobile qui a été extrêmement ferme, finalement.
09:48 Et là où on prévoyait que c'était la fin de l'automobile,
09:51 parce qu'en 2035, on ne va plus vendre en Europe de moteurs thermiques,
09:55 donc il y a toute la transition écologique qui...
09:58 Électrique, oui, bien sûr.
09:59 Électrique qui est un enjeu phénoménal.
10:02 Donc, on s'est dit que, finalement, il fallait décoter le secteur automobile.
10:06 Mais on a peut-être été un peu trop loin,
10:09 puisque on payait moins de quatre fois les résultats le secteur automobile.
10:16 Porsche, je crois qu'on était autour de 60, 2,6.
10:20 Oui, alors il y a des extrêmes aussi dans le secteur auto.
10:22 Entre Ferrari, Porsche, Ducati et le reste, oui.
10:25 Donc, on a peut-être été un peu trop loin dans le cadre de l'automobile.
10:28 Mais bien sûr, dans le cadre de l'automobile, on voit bien que c'est un des secteurs les plus performants,
10:32 parce qu'on avait sans doute été trop pessimistes.
10:35 Donc, peut-être que sur l'énergie, par exemple,
10:40 pour reprendre quelque chose qui soit plus facile peut-être à appréhender que les minières, bref.
10:47 L'énergie, des sociétés du secteur pétrolier vont avoir...
10:52 On va avoir un besoin d'énergie dans les années à venir
10:56 qui ne va pas baisser.
11:00 La puissance, l'énergie, oui.
11:04 La puissance, l'énergie, et Total ne fait pas que du pétrole.
11:07 Donc, Total se diversifie et donc il y a beaucoup de, sans doute,
11:11 beaucoup de, comment dire, de résilience à attendre sur certains de ces secteurs
11:16 qui aujourd'hui escomptent énormément des mauvaises nouvelles sur la couture.
11:22 Le point clé, c'est ça.
11:23 C'est-à-dire les secteurs que vous citez dans le domaine de la value,
11:26 et c'est l'intérêt de l'investissement value,
11:28 c'est qu'on est arrivé à des niveaux de valorisation dans ces secteurs
11:32 qui peuvent supporter le ralentissement économique à venir,
11:36 l'atterrissage qu'on attend, que ce soit l'atterrissage américain,
11:39 le ralentissement européen, en tout cas dans une certaine mesure.
11:42 On ne parle pas d'un grand choc macro qui viendrait tout balayer,
11:46 mais c'est des valeaux qui permettent d'affronter ce ralentissement qu'on a encore devant nous.
11:52 C'est tout l'enjeu.
11:54 C'est l'enjeu du raisonnement.
11:57 Mais Bruno Vanier rappelait tout à l'heure que le fait que ça ne soit pas cher…
12:03 Oui, c'est parfois un piège.
12:05 Ça peut rester pas cher longtemps.
12:07 Mais on a l'exemple de l'automobile qui a été un secteur extrêmement décoté.
12:12 On a l'exemple du secteur bancaire qui a eu également une phase,
12:16 une traversée du désert qui a duré trois ans
12:20 et qui commence à montrer que le pire n'est jamais sûr.
12:27 Très intéressant, effectivement.
12:29 On verra si le changement de dynamique se met en place au cours des prochaines semaines, des prochains mois.
12:35 L'auto fait un peu figure d'exception dans ce monde de la value
12:39 avec des performances du secteur qui ont été à la hauteur de ce qu'on a pu voir sur d'autres secteurs de croissance.
12:45 En revanche, à l'inverse, vous les avez cités, en matière première,
12:48 les "reguland guys" sont des secteurs qui ont rendu beaucoup de la performance de 2022 au cours de ce premier semestre 2023.
12:55 Merci beaucoup François pour votre éclairage sur cette situation de marché
12:58 et ce que ça peut induire pour la suite en matière d'investissement boursier.
13:02 François Jubin, directeur général de YSAM, qui était avec nous en plateau pendant cette demi-heure d'émission.
13:06 Voilà pour Smart Bourses à la mi-journée.
13:08 On se retrouve à 17h en direct sur Kissmart.
13:11 [Musique]

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