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##SEXY_NEWS-2023-07-07##
Transcription
00:00 Brigitte Laé, Sud Radio, c'est l'instant sexy news.
00:05 Et bien Arthur Vernon, nous retrouvons Philippe Breneau qui comme toujours va nous faire découvrir
00:10 d'autres choses sur la sexualité humaine.
00:13 Je ne suis pas sûre que ce soit très gay ce que vous allez nous raconter aujourd'hui Philippe.
00:16 Pas forcément gay Brigitte mais c'est une lecture de plage j'allais dire.
00:22 Oui.
00:24 Oui je voulais vous parler du sexe qu'en marme de guerre et de dissuasion mais dans un contexte très particulier.
00:29 Alors on sait combien le sexe a joué et joue toujours dans les conflits armés aujourd'hui.
00:35 Un rôle majeur dans les conflits armés pour déstabiliser l'ennemi et souvent dans sa structure sociale.
00:42 Notamment par le viol, la prostitution forcée, l'esclavage sexuel.
00:49 Il y a des choses vraiment terribles dans ce domaine.
00:51 Mais je viens de découvrir le rôle du sexe dans la régulation des rapports sociaux en captivité.
00:57 Et notamment autrefois, parce que ça n'existe plus aujourd'hui, au bagne où il y avait un rôle déterminant.
01:05 Alors c'est un roman j'allais dire passionnant que je viens de lire.
01:09 En fait c'est une biographie romancée mais qui est tout à fait extraordinaire.
01:13 L'un des plus grands forçats du 20e siècle qui s'appelait Armand Spillers.
01:18 Armand alors c'est paru sous le titre d'Armand le bagnard.
01:22 Mon ami André Bengebar qui est un grand historien qui l'a écrit aux Cherches Midi.
01:28 C'est un récit palpitant d'un monde très peu connu qui va nous montrer les limites de l'humanité ou j'allais dire de l'inhumanité.
01:37 Et c'est le sexe.
01:38 Donc ce fameux Armand il s'est retrouvé au bagne de Cayenne j'imagine ?
01:42 Il s'est retrouvé au bagne de Cayenne.
01:44 Pendant des années quoi.
01:45 Voilà Spillers il est né en 1902 mais il est très connu.
01:49 Il est né en 1902 dans le nord de la France.
01:53 Il a été condamné en 1925 à 10 ans de travaux forcés.
01:57 Déporté au bagne de Cayenne dont il va s'évader.
02:01 Il va s'évader de Cayenne, de la prison, de la santé, à Marseille également.
02:07 Il y a eu 6 évasions.
02:08 Il est connu parce que c'était l'évader permanent.
02:10 Il est arrivé à des choses extraordinaires.
02:12 Et il a confié à André Benjabar, il a confié tout ce qu'il avait vécu.
02:19 C'est tout à fait extraordinaire.
02:20 On découvre la vie et l'intimité de ce monde entièrement masculin.
02:25 Très machiste, violent et une arme le sexe.
02:29 Je vous lis un tout petit passage.
02:32 On lui assigne un numéro bien entendu.
02:38 On le mit dans une cellule d'isolement.
02:40 Il aimait autant être seul que dans un dortoir collectif.
02:43 Des histoires effrayantes circulaient sur les violences de nuit.
02:47 Les forts à bras, les anciens des bagnes d'Afrique,
02:50 des colosses musclés et tyranniques harcelaient les jeunes condamnés
02:54 pour leur enfer, leur future gagneuse.
02:58 La gagneuse, c'est en fait, ils vont gagner leur fric avec.
03:01 Ils le féminisent, ils vont la prostituer.
03:07 Ce sont des rapports de soumission par prostitution.
03:11 Je continue un petit peu plus loin.
03:13 Armand se demandait dans quel lupanar il avait atterri.
03:18 Il avait deviné que c'était son corps de jeune homme
03:20 qui lui valait tant d'égard de la part du vieux bagnard qu'il affranchissait.
03:25 C'est-à-dire qu'il a une sorte de protecteur.
03:27 C'est parce que ce protecteur le trouve très beau
03:29 et qu'il va essayer d'en profiter.
03:32 Et plus loin, il y a du passage extrêmement terrible dans ce monde-là.
03:37 Le regard apeuré des nouveaux arrivants
03:40 qui craignaient d'avoir à choisir entre la soumission sexuelle et la mort.
03:46 - Mais on sait que ça existe dans les prisons.
03:49 - Alors ça existe dans les prisons.
03:51 - Ce genre de... cette sexualité-là de dominant.
03:56 - Exactement, Brigitte.
03:57 Ça existe dans les prisons, mais avec le fait que dans les prisons,
04:00 ça ne va pas jusqu'au meurtre.
04:02 Alors que là, c'est régulièrement.
04:04 - Oui, oui, oui, bien sûr.
04:05 - Ça existe de temps en temps.
04:06 - C'est le moins pire, oui.
04:07 - C'est-à-dire qu'à ce moment-là, celui qui refusait,
04:10 on le retrouvait mort deux jours plus tard.
04:14 Et alors apparaissent deux catégories.
04:16 Ce qui est extraordinaire, c'est même dans les rapports médicaux.
04:19 Le médecin les annote PP ou PA.
04:23 Alors c'est Pédéraste Passif ou Pédéraste Actif.
04:26 Et en définitive, on se retrouve un petit peu dans la situation
04:30 que l'on connaissait depuis l'Antiquité.
04:33 C'est-à-dire que le Pédéraste, enfin l'Homosexuel Actif
04:38 n'est pas un homosexuel.
04:40 C'est que l'homosexuel passif qui accepte ou qui est contraint
04:44 que l'on va appeler homosexuel.
04:46 Et d'une certaine façon, les forts à bras,
04:48 ce sont ceux qui s'emparent des jeunes,
04:52 qui en font leur proie, qui vont les prostituer.
04:55 Mais en définitive...
04:56 - Oui, le PD c'est celui qui subit et qui se le subit.
04:59 Soyons clairs, oui bien sûr.
05:01 - Alors ça s'est appelé pendant longtemps,
05:04 je me souviens dans les classifications,
05:07 on appelait ça l'homosexualité de compensation.
05:10 Parce que le médecin par exemple fait toute cette réflexion
05:13 et il dit, enfin le médecin dont parle Armand Spillers,
05:17 il dit "tous désinvertis".
05:20 Et c'est pas tout à fait vrai.
05:21 C'est-à-dire qu'en définitive, tous se disent bien hétéros,
05:24 d'ailleurs quand on leur demande.
05:25 Sauf, et même peut-être tous, sauf quelques-uns.
05:29 Mais par contre, il y en a qui sont soumis à accepter,
05:32 et les autres qui vont avoir d'une certaine façon...
05:36 La plupart se déclarent hétéros,
05:38 mais qu'en l'absence de partenaire féminine,
05:40 eh bien tout paraît faire l'affaire un petit peu comme...
05:44 - Comme sur les bateaux à l'époque.
05:46 - Les longs courriers, les ternevasses...
05:52 - Il faut se rappeler que le terme "fauque",
05:55 qui a priori, on a toujours cru que c'était l'animal,
05:59 mais en fait non, c'est le fauque, c'est une voile particulière,
06:02 et ça vient de l'époque où quand il y avait des longues traversées
06:05 et que les marins étaient longtemps sur des bateaux sans femmes,
06:08 bon, ils prenaient ce qu'ils avaient sous la main.
06:11 - Il y en avait un qui se dévouait pour être dans le tonneau, ils appelaient.
06:15 - Oui, oui.
06:16 - Il y avait aussi, l'histoire de fauche,
06:18 c'était aussi par proximité avec l'américain fuck.
06:22 Il y a les deux étymologiques qui sont vraies,
06:26 qui marchent en même temps.
06:28 Et simplement pour conclure un petit peu là-dessus,
06:31 le sexe était, parce qu'il y a beaucoup de réflexions qui pourraient être faites,
06:35 le sexe était surtout là comme une arme de dissuasion,
06:38 mais surtout comme un moyen d'affirmer son rang social,
06:44 c'est-à-dire pas la rivalité entre mâles,
06:46 qui va assurer un rang de dominance,
06:48 c'est-à-dire je suis le dominant,
06:49 parce que c'est moi qui ai le plus de prostituées,
06:52 c'est moi qui vais avoir un certain rang social.
06:56 - Mais vous qui êtes anthropologue, Philippe Bruneau,
06:58 on le voit chez les animaux, par exemple quand un chien mâle
07:02 monte sur un autre chien mâle,
07:04 c'est un rapport de domination,
07:06 c'est pas parce qu'il a envie de le sodomiser,
07:09 ça c'est l'interprétation qu'on fait en tant qu'humain.
07:13 - Voilà, vous avez raison.
07:14 - Vous êtes d'accord avec ça.
07:15 - C'est-à-dire que, dans les dernières décennies,
07:19 pour déculpabiliser, pour arriver à rendre licite
07:25 l'homosexualité masculine qui est très difficilement acceptée
07:28 par beaucoup de milieux,
07:29 on a dit qu'il y en a un peu partout de l'homosexualité.
07:32 C'est pas très vrai, parce que par exemple dans la nature,
07:35 on trouve soit des mâles qui montent des mâles,
07:37 soit des femelles qui montent des femelles.
07:39 Souvent quand il y a un déséquilibre populationnel,
07:42 il y a des populations en Afrique où, par exemple,
07:45 tout d'un coup il y a presque des femelles,
07:47 et bien les femelles vont se frotter les unes contre les autres.
07:50 C'est pas de l'homosexualité.
07:52 C'est en fait un apaisement de l'excitation
07:55 dans les périodes de chaleur, d'astruce,
07:58 de la même façon pour les mâles,
07:59 ou alors des rangs de domination.
08:01 On le voit par exemple chez les grands primates,
08:06 lorsque un individu est extrêmement agressif,
08:10 il y en a un autre qui prend une position dite "féminine", "femelle",
08:15 qui donne l'impression de se faire monter,
08:17 sauf qu'il n'y a jamais de pénétration, on ne connaît pas ça.
08:21 C'est une façon d'apaiser l'agressivité dans le groupe.
08:27 Je crois que là, on retombe peut-être un petit peu de la même façon,
08:31 parce que c'est un groupe où il n'y a que des mâles dans ces bagnes,
08:35 mais il y a quelque chose de terrible,
08:36 c'est-à-dire que le sexe est le moyen de les soumettre.
08:40 Je conseille, c'est une lecture de vacances,
08:42 ça s'appelle "Armand le Bagnard",
08:44 c'est "L'éternel évadé" d'André Bandjebars,
08:47 c'est au Cherchemily, c'est franchement passionnant.
08:49 Et puis ça nous fait réfléchir sur ce qu'est fondamentalement
08:56 les rapports de domination par le sexe.
09:00 On voit de quelle façon la sexualité masculine pénétrative
09:04 est un moyen de soumettre l'autre,
09:08 qu'il soit de même sexe ou d'un autre sexe.
09:11 - Alors ça c'est une lecture qui est intéressante.
09:14 Moi ce que j'entends surtout également,
09:16 parce qu'on a aujourd'hui dans les médias ou les réseaux sociaux
09:19 une appréciation différente de cet aspect,
09:22 qui est celui du besoin sexuel.
09:25 On peut entendre notamment dans certains courants féministes
09:28 qu'il n'y a pas de besoin sexuel.
09:30 Moi ce que j'entends, c'est qu'on a une homosexualité de substitution.
09:33 Donc le besoin sexuel, il est tellement important en réalité
09:39 qu'il en est à changer le désir initial ou naturel qu'on pourrait avoir.
09:46 - Mais faute de griffes, moi je l'aimerais encore.
09:48 - Mais oui, mais c'est quand même hallucinant.
09:53 De se dire qu'il y a un tel besoin sexuel,
09:57 que même si on est hétérosexuel, qu'on a un désir naturel pour des femmes,
10:01 au bout d'un moment on se dit "c'est pas grave, tant pis, je passe avec un homme,
10:04 mais j'en ai vraiment besoin".
10:06 Et ça c'est quand même une illustration, je pense, assez flagrante de ce besoin sexuel.
10:11 - J'ai eu une conversation intéressante il y a trois jours
10:15 avec des pédopsychiatres, des psychiatres, bref,
10:19 et on en est arrivé à la conclusion, ça c'est une chose qu'on n'ose pas dire,
10:23 mais on en est arrivé à la conclusion que si aujourd'hui
10:25 on a une baisse de la sexualité des jeunes,
10:28 on a une augmentation des suicides, une augmentation de l'anxiété,
10:32 et qu'il y a peut-être un lien à faire entre les deux.
10:35 Alors moi je ne dis pas qu'il faut le faire ou pas,
10:37 mais il faudrait peut-être quand même se poser la question.
10:40 - En tout cas au Japon c'est exactement la même situation, comme par hasard.
10:44 Comme par hasard c'est le pays où il y a le plus de suicides
10:46 et celui où il y a le moins de sexualité.
10:48 - Je ne sais pas si on peut faire le rapport,
10:50 parce qu'il y a une histoire très particulière au Japon
10:52 entre deux ou trois générations, après la présence américaine,
10:56 le refus de...
10:58 - Non mais on parle du suicide et du manque de sexualité.
11:02 Parce que quand vous finissez par vous masturber devant de la pornographie,
11:07 vous êtes de plus en plus anxieux et de plus en plus proche.
11:11 - Je crois que par exemple l'histoire d'une part des arguments sur l'absence...
11:17 Il n'y a pas de besoin sexuel, je comprends bien, moi-même je le soutiens.
11:23 Il n'y a pas de besoin sexuel, mais dans le sens où
11:28 si on n'a pas de sexualité de 8 jours, de 15 jours, de 3 ans,
11:33 il n'y a rien qui se passe sauf de la frustration, c'est pas sur un autre plan.
11:37 Et c'est peut-être là-dessus qu'une part des mouvements féministes disent
11:42 qu'il n'y a pas de besoin sexuel qui est toujours prétendu pour les hommes.
11:46 Et c'est d'ailleurs comme ça que les femmes...
11:48 Par contre, les hommes ont du mal avec une habitude qui est en définitive
11:54 une habitude coïtale, éjaculatoire, de ne pas la réaliser.
11:58 Je suis entièrement d'accord.
12:00 C'est pas tout à fait la même chose de l'aspect du mouvement féminin.
12:02 - Oui, enfin, on sait quand même que la testostérone,
12:04 c'est elle qui provoque le plus la pulsion sexuelle
12:06 et qu'elle est quand même largement dominante chez l'homme par rapport à la femme.
12:09 - Et alors là, dans ces conditions, pourquoi ils changent complètement leur sexualité
12:14 s'ils n'ont pas de besoin sexuel ?
12:16 - Non, non, non, je crois que le terme de compensation est pas mal.
12:21 C'est-à-dire que vous ou moi, si on est hétéro,
12:24 on se retrouve au bout d'un moment de masturbation,
12:28 dans le fond, avoir des contacts humains dans un moment d'intimité,
12:33 et bien effectivement ça sera...
12:35 - Et puis nous, si on n'a pas d'homme sous la main, on prend un jouet.
12:37 - Exactement.
12:38 - On fait ce qu'on peut.
12:40 - Quand on parle de compensation, on pense quelque chose.
12:43 Et ce quelque chose, c'est un besoin.
12:45 - Oui, mais est-ce que c'est pas sur le plan affectif plus que sexuel ?
12:48 - Philippe fait très attention avec les féministes.
12:50 C'est un mâle blanc depuis 50 ans.
12:52 Vous avez pas encore 50 ans, Arthur Vernon.
12:54 Vous pouvez encore vous en tirer.
12:56 - C'est vrai que ce n'est pas une discussion politiquement correcte.
13:00 Mais je pense qu'à un moment, ce sera intéressant qu'il y ait un travail plus sérieux sur le sujet.
13:06 - C'est peut-être aussi sur le plan affectif.
13:08 C'est d'ailleurs d'un rapport...
13:11 - Vous savez, Philippe Brunot, moi, pour avoir travaillé sur...
13:18 Justement, on en parlait tout à l'heure hors antenne avec Arthur Vernon
13:21 sur les personnes qui seraient infirmières sexuelles pour les jeunes qui sont handicapés, etc.
13:31 Moi, j'ai quand même eu des témoignages de mères qui se sentent obligées de branler leur fils tellement, tellement.
13:37 C'est insupportable pour à 15-16 ans de ne pas pouvoir se masturber quand on a une telle poussée de testostérone.
13:44 Donc, je veux dire, ce besoin viril d'éjaculer, c'est quelque chose que seuls les hommes peuvent comprendre.
13:52 Mais ce serait bien que les femmes puissent quand même l'entendre.
13:55 - Qu'elles puissent l'entendre aussi, oui, bien sûr. Je suis d'accord.
13:58 - Voilà, nous, les femmes à 15 ans, on a certes...
14:02 - C'est pas de même ordre.
14:04 - Mais ça n'a rien à voir, c'est absolument rien à voir.
14:07 - Et je suis pas sûr qu'il y ait encore une vraie étude très sérieuse quand on dit
14:10 qu'il n'y a pas de sexualité, il n'y a pas de conséquences.
14:13 N'y a-t-il vraiment aucune conséquence psychique ?
14:15 - Au plan biologique, comme je disais, au plan biologique, purement.
14:18 - Voilà, au plan biologique. Mais peut-être que d'un point de vue psychique, au bout d'un moment,
14:21 il y a quand même des problèmes qui se posent, qui peuvent peut-être, je n'en sais rien, aller jusqu'à des drames.
14:28 - Évidemment. Merci en tout cas, Philippe, ça a lancé un sujet qui convient très très bien à Arthur Vernot.
14:35 Merci Philippe, bon été à vous. Et puis, si vous voulez, il y a un autre roman que vous pouvez emmener sur la plage.
14:40 "Taxi Therapy", c'est Philippe qui en est l'auteur.
14:43 C'est très intéressant et c'est aux éditions Serge Safran.

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