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00:00 (Musique)
00:06 François Villeroy de Gallo, bonjour.
00:08 Bonjour Laurent Sénéchal.
00:09 Dans deux jours, vous devez annoncer, dire en tout cas au ministre de l'économie,
00:13 quel est le calcul que vous avez fait à la Banque de France pour le taux du livret A.
00:18 Je précise que 8 Français sur 10 ont un livret A.
00:21 De combien est-ce qu'il va s'élever aujourd'hui, les 3% ?
00:23 Alors je ferai effectivement ma proposition au ministre de l'économie Bruno Le Maire jeudi.
00:28 Pourquoi jeudi ? Parce que jeudi on aura le chiffre définitif de l'inflation du mois de juin,
00:32 qui est une des composantes importantes du calcul.
00:35 Et on va y revenir aussi.
00:36 Et je ferai une proposition sur deux taux.
00:38 Il y a le taux du livret A, puis il y a le taux du livret d'épargne populaire,
00:42 dont on parle moins, mais qui est nettement plus élevé, on va y venir.
00:46 Alors en ce qui concerne le taux du livret A, il faut préserver d'un côté l'intérêt des épargnants,
00:53 bien sûr, dont vous parliez, et puis de l'autre, un secteur qui est ultra sensible
00:57 pour les Français, qui est le secteur du logement.
00:59 Parce que le livret A, il sert à financer, en particulier le logement social,
01:04 et puis plus largement le crédit immobilier.
01:07 Donc je crois qu'il est sage d'être un peu prudent sur le taux du livret A,
01:12 en pensant aussi au bon financement du logement, où il y a des fortes attentes des Français.
01:18 Du côté de l'intérêt des épargnants, je note, et c'est une bonne nouvelle,
01:22 que l'inflation a reculé depuis le début de l'année, depuis la précédente fixation du taux,
01:28 puisqu'on était à 6% au mois de janvier, et qu'en indice provisoire sur le mois de juin,
01:33 on est descendu à 4,5%.
01:35 Donc si je vous suis, pardon, à Gateland-Vrejus, le calcul automatique, en quelque sorte,
01:40 du taux du livret A devrait être de 4%, vous êtes en train de nous dire que ça sera un peu moins que ça ?
01:44 Je suis en train de vous dire qu'il y a toujours une marge d'appréciation,
01:48 et qu'il faut tenir compte des deux aspects du livret A.
01:51 C'est la rémunération des épargnants, et c'est le bon financement du logement,
01:55 parce que l'économie française, et tous les Français, ont intérêt à avoir un secteur du logement qui tient.
01:59 4%, ça coûterait trop cher aux bailleurs sociaux.
02:00 Alors je voudrais dire un mot de l'autre taux.
02:02 Mais c'est tout de même cher au banque, je suis à Monsieur Le Roi de Gallo.
02:03 Pardon ?
02:04 Rémunérer le livret A coûte aussi cher aux banques.
02:07 Oui, alors ça je vais vous dire quelque chose, très simplement à Gateland-Vrej,
02:10 dans ma proposition, ce n'est pas l'intérêt des banques qui me guide.
02:13 C'est l'intérêt des Français, mais les Français, ils sont à la fois épargnants,
02:17 et puis ils ont besoin du secteur du logement, et ils peuvent être emprunteurs.
02:21 Alors je dis un mot sur l'autre taux dont on parle moins souvent,
02:24 mais qui est nettement plus élevé, c'est le livret d'épargne populaire.
02:28 Alors celui-là, il est rémunéré deux fois plus aujourd'hui, à 6,1%.
02:33 Il est ouvert à 19 millions de Français.
02:36 Sous condition de ressources.
02:37 Sous condition de ressources, mais il suffit d'interroger son conseiller bancaire.
02:40 Pardon d'être très pratique.
02:41 Pourquoi j'insiste là-dessus ?
02:43 Parce qu'il est beaucoup mieux rémunéré, et que même si le livret d'épargne populaire
02:48 s'est développé ces derniers mois, il y a encore, on est à 9,5 millions de LEP,
02:54 on était à moins de 7 millions il y a 18 mois, donc vous voyez, ça s'est beaucoup développé,
02:58 mais il y a encore presque 10 millions de Français qui pourraient avoir accès
03:03 à ce LEP fortement rémunéré, et qui n'en ont pas ouvert.
03:08 Donc je crois que là-dessus, c'est le produit phare de l'épargne populaire,
03:12 peut-être un peu moins connu.
03:13 On comprend que le taux du livret A n'augmentera pas à 4%,
03:17 comme c'était envisagé, que vous pourriez invoquer des circonstances exceptionnelles,
03:21 parce que vous pouvez, il y a une façon de le calculer en fonction de l'inflation,
03:24 mais vous pouvez aussi invoquer des circonstances exceptionnelles pour ne pas ajuster...
03:28 Oui, je souligne que l'inflation a baissé, mais il est assez traditionnel
03:32 qu'effectivement on regarde les circonstances, et notamment l'intérêt économique et social,
03:38 parce que le logement social c'est très important, et qu'on trouve le point d'équilibre.
03:43 Mes réponses, si vous voulez bien, je dis.
03:45 L'inflation donc qui a baissé, est-ce qu'elle baisse dans tous les secteurs ?
03:49 Alors, l'inflation c'est la première préoccupation des Français,
03:53 et je trouve que c'est la première mission de la Banque centrale,
03:55 la Banque de France et la Banque centrale européenne, avec Christine Lagarde.
03:59 Nous avons des débuts de bonnes nouvelles là-dessus, je vais le dire avec prudence.
04:04 Vous vous souvenez peut-être que je le disais au début de l'année, on était à 6%,
04:09 on est descendu à 4,5%, quand on regarde l'indice national.
04:14 C'est essentiellement la décélération de l'énergie.
04:17 Aujourd'hui c'est essentiellement la décélération de l'énergie.
04:20 L'an dernier le souci de tous les Français c'était le prix à la pompe,
04:24 c'est un peu moins le cas maintenant.
04:26 Alors il y a une série de prix qui continue à aller beaucoup trop vite,
04:30 c'est les prix alimentaires.
04:31 Là nous espérons que sur la deuxième moitié de l'année,
04:34 on verra aussi une décélération, pourquoi ?
04:36 Parce que les prix agricoles mondiaux ont commencé à se retourner.
04:40 Mais on est toujours à deux chiffres sur l'alimentation.
04:42 Alors on est toujours, effectivement il y a un tout petit début d'inversion de tendance,
04:46 mais on est plutôt autour de 13%, c'est beaucoup trop.
04:49 Et évidemment les Français quand ils remplissent leur caddie, ils le sentent.
04:54 Alors reste ce dont on ne parle pas, alors ce que dans notre langage un peu technique, pardon,
05:00 nous appelons l'inflation sous-jacente, c'est-à-dire hors énergie et alimentation,
05:05 ça fait en fait 70% de notre consommation.
05:08 C'est tous les services, dont les loyers, c'est tous les biens manufacturés qu'on achète,
05:13 ça peut être les automobiles, l'électroménager, etc.
05:15 Alors cette inflation-là, elle est un peu moins forte, autour de 4,
05:20 mais il y a un risque qu'elle dure plus longtemps, qu'elle soit plus persistante.
05:24 Alors c'est cette inflation-là, plus large, que nous traitons avec la politique monétaire,
05:29 c'est-à-dire le relèvement des taux d'intérêt.
05:31 Et compte tenu de ce que nous faisons sur les taux d'intérêt,
05:33 je veux le dire clairement à votre micro ce matin,
05:36 nous prévoyons que l'inflation va continuer à baisser et va revenir vers 2% d'ici 2025.
05:43 Je voulais même aller un peu plus loin, c'est pas seulement une prévision,
05:46 c'est un engagement que je prends ce matin.
05:49 - Parce que ça reste encore élevé jusqu'en 2025 pour les Français,
05:53 comment on fait pour éviter justement qu'elle s'installe,
05:56 cette inflation que vous comparez à une maladie ?
05:59 - Alors, quand vous dites que ça reste élevé, bien sûr,
06:02 les 4,5% aujourd'hui c'est trop, mais la baisse a commencé,
06:06 et elle devrait être assez sensible en 2024, je le dis aussi par rapport à votre question tout à l'heure sur le Livret A.
06:12 Dans notre prévision actuelle, l'inflation en moyenne l'an prochain
06:15 devrait déjà être descendue à 2,5%.
06:17 Donc, vous voyez, je dis 2% en 2025, mais 2,5% en moyenne d'ici 2024.
06:24 Alors, il ne faut pas que la maladie s'installe, je vais tout à fait dans le sens de votre question,
06:30 et le remède, toujours et partout, c'est la responsabilité de la Banque Centrale Européenne, de la Banque de France,
06:38 le remède c'est les taux d'intérêt, puisque vous avez pris l'image de la maladie,
06:43 autorisez-moi de la pousser un tout petit peu, pourquoi les 2% d'inflation ?
06:47 – Il y a certains économistes qui disent, pourquoi pas changer l'objectif, passer à 3% ?
06:53 – J'explique déjà pourquoi les 2%, c'est un peu la température d'équilibre de l'économie,
06:58 comme les 37°C c'est la température du corps, on revient sur la maladie.
07:02 Donc, quand l'inflation est en dessous des 2%, ce qui rappelez-vous était la menace,
07:06 il y a quelques années, pendant le Covid, à ce moment-là l'économie est un peu faible,
07:10 anémiée, il faut la stimuler, on baisse les taux d'intérêt, ce que nous avons fait à l'époque.
07:14 Quand, en sens inverse, comme aujourd'hui, l'inflation est au-dessus des 2%,
07:18 il y a de la fièvre, il y a de la surchauffe, et là on remonte les taux d'intérêt
07:22 pour ramener l'inflation à la bonne température.
07:25 – Et ça, ça va durer encore longtemps cette hausse des taux d'intérêt ?
07:27 – Alors, on estime que le délai d'action de ces taux d'intérêt, de la politique monétaire,
07:32 c'est entre 1 et 2 ans, nous avons remonté vite les taux d'intérêt, depuis l'été dernier,
07:39 j'ai eu l'occasion de dire que je pensais que nous n'étions pas très loin du point haut des taux d'intérêt,
07:46 nous verrons exactement autour de Christine Lagarde comment nous décidons ça
07:50 au Conseil des gouverneurs de la BCE, mais ensuite, quand on aura atteint ce point haut,
07:54 ce sera peut-être plutôt un plateau, il faudra rester à ce plateau suffisamment longtemps
08:00 pour ramener, vaincre la maladie, ramener l'inflation à 2.
08:02 – Parce que ça a des conséquences très concrètes sur les Français,
08:05 par exemple c'est beaucoup plus difficile d'emprunter aujourd'hui,
08:07 qu'est-ce que vous dites à un jeune couple qui n'a pas beaucoup d'apport,
08:10 qui veut acheter un appartement, vous dites "c'est pas le moment, il vaut mieux reporter ce projet" ?
08:13 – Non, non, je ne dis pas ça d'ailleurs, sur la conséquence sur les Français,
08:16 qui je ne vous cache pas, est notre raison d'agir,
08:19 la première pénalisation des Français aujourd'hui, c'est l'inflation,
08:22 donc vaincre la maladie et la vaincre efficacement, c'est dans l'intérêt des Français,
08:27 c'est ça qu'ils nous disent, c'est ça qu'ils attendent,
08:29 alors sur les taux d'intérêt, je crois que c'est plutôt dans l'autre sens,
08:33 c'est-à-dire que quand il n'y avait pas assez d'inflation,
08:36 que je le disais, qu'elle était en dessous de 2%,
08:38 là on avait des taux d'intérêt exceptionnellement bas,
08:40 c'est vrai le crédit immobilier à un moment a été entre 1 et 1,5%,
08:44 on n'avait jamais vu ça,
08:46 aujourd'hui on est plutôt revenu en moyenne vers 4%,
08:49 mais 4% c'est plutôt la situation qu'on avait historiquement avant 2015,
08:54 avant cette politique monétaire très accommodante.
08:57 – Et pourquoi pas s'arrêter là ? Pourquoi pas dire "finalement 4% c'est pas tant que ça",
09:00 on pourrait s'arrêter là ?
09:02 – Ah, je vous ai dit, ça c'est une discussion du Conseil des gouverneurs,
09:06 je pense à titre personnel, je pense qu'on n'est pas très loin du point d'arrivée,
09:12 – Donc ça ne devrait pas monter beaucoup plus haut.
09:14 – Je vais le dire dans l'autre sens, je crois que nous avons fait l'essentiel du chemin,
09:18 mais après, quand on administre un remède, il faut lui laisser le temps d'agir,
09:22 il faudra rester suffisamment longtemps à ce taux.
09:26 – François Villeroy de Galeau, gouverneur de la Banque de France,
09:28 vous restez avec nous, 9h moins 20, le Fil info, Elia Bergel.
09:31 [Générique]
09:32 La facture pour les assurances liées aux émeutes urbaines grimpe à 650 millions d'euros,
09:37 nouveau bilan ce matin de la Fédération du secteur.
09:40 Les États-Unis et l'Allemagne se félicitent du feu vert de la Turquie à l'entrée de la Suède dans l'OTAN,
09:46 un bonjour pour le pays, salue le Premier ministre suédois Christersen,
09:51 alors qu'en Cara, bloquait le processus depuis un an le sommet de l'Alliance,
09:55 débute aujourd'hui en Lituanie.
09:57 En contrepartie de cette adhésion, Stockholm s'engage à soutenir la reprise des négociations
10:02 pour que la Turquie rejoigne l'Union Européenne.
10:05 La défenseure des droits, Claire Hédon, appelle à tracer les contrôles d'identité d'urgence,
10:10 sa prise de position dans Le Parisien, aujourd'hui en France,
10:13 après les émeutes provoquées par la mort de Nahel.
10:16 Selon elle, les contrôles sont l'un des éléments de ce contexte explosif.
10:21 La bagarre reprend sur le tour de France,
10:23 entre le maillot jaune Jonas Vingergaard et son rival Tadej Pogacar.
10:27 La dixième étape aujourd'hui, après une journée de repos hier,
10:30 ça commence à Vulcania dans le Puy de Dôme à 13h20, et c'est à vivre sur France Info.
10:35 Toujours avec François Villeroy de Gallo, gouverneur de la Banque de France,
10:46 on parlait de la hausse des taux pour lutter contre l'inflation.
10:49 Certains responsables politiques, notamment en Italie, Giorgia Meloni,
10:53 s'inquiètent que le remède soit pire que le mal. Qu'est-ce que vous répondez ?
10:56 Est-ce qu'on ne risque pas d'étouffer aussi la croissance avec des taux comme ça ?
11:00 Je ne crois pas, et je laisse à Madame Meloni la responsabilité de ses propos,
11:06 mais d'abord, la maladie, il ne faut pas la laisser s'installer, ce que nous disions tout à l'heure.
11:11 Et c'est justement le sens de notre action aujourd'hui,
11:14 c'est d'agir assez tôt pour que le remède reste proportionné.
11:17 Vous savez, il y a un épisode, il y a longtemps, mais qui a marqué l'histoire économique,
11:23 c'est dans les années 70, après les chocs pétroliers, on a tardé à agir.
11:27 L'inflation s'est installée, elle était à deux chiffres,
11:29 elle n'était pas aux 4,5 que nous citions tout à l'heure,
11:32 et on s'en est sorti un jour parce qu'il y a le banquier central américain,
11:35 qui s'appelait Paul Volcker, qui a administré un remède de cheval,
11:38 ce n'était pas des taux à 3 ou 4%, c'était des taux à plus de 20%,
11:43 et là, il y a eu une récession aux Etats-Unis.
11:45 En agissant à temps, c'est justement ça que nous voulons éviter.
11:48 Mais il y a une récession dans la zone euro.
11:50 Laurent Sénéchal, c'est important par rapport à ce point,
11:53 nous avons plutôt des bonnes nouvelles sur l'économie française aujourd'hui.
11:56 Alors certes, elle ralentit, on a pu la croissance très forte qu'on avait eue en 2021,
12:01 et même encore en 2022, de la reprise post-Covid.
12:04 Mais nous avons publié hier soir une enquête mensuelle de conjoncture,
12:09 que nous réalisons auprès de plus de 8000 entreprises,
12:12 et en gros, les entrepreneurs nous disent que l'économie ralentit, mais elle résiste,
12:18 et nous prévoyons encore une croissance faiblement positive,
12:21 de +0,1% au deuxième trimestre, ce qui devrait donner +0,7% sur l'ensemble de l'année.
12:26 C'est ça notre prévision.
12:28 – Ça veut dire que le gouvernement n'est plus dans les clous,
12:30 parce que l'objectif du gouvernement, celui sur lequel il a construit son budget pour l'an prochain,
12:33 c'est 1%, ça ne sera pas atteint ça ?
12:35 – Alors, la Banque de France fait sa prévision de façon indépendante,
12:39 toujours, voilà, notre prévision c'est celle-là,
12:42 mais souvenez-vous d'une inquiétude qui était très forte l'hiver dernier,
12:45 on disait que l'économie française, l'économie européenne,
12:48 va tomber dans deux pièges, il va y avoir l'inflation qui s'installe,
12:52 et puis il va y avoir la récession.
12:54 La bonne nouvelle de ce matin, c'est que nous devrions sortir progressivement de l'inflation,
12:58 on a dit, tout en évitant la récession.
13:01 Après, 0,7% de croissance, ce n'est pas assez,
13:04 et je crois qu'il faut qu'on ait une stratégie de transformation,
13:07 de musculation de l'économie française dans la durée,
13:11 mais aujourd'hui, nous voyons une sortie de l'inflation sans récession.
13:15 – On va parler de ces transformations, mais à cause de ce ralentissement,
13:18 Bercy envisage de freiner le rythme des baisses d'impôts.
13:22 Vous, vous estimez que c'est plus raisonnable ?
13:24 Vous aviez mis en garde contre les baisses d'impôts récemment ?
13:27 – Je crois que nous avons, pas seulement cette année, Gattelambray,
13:30 nous avons depuis longtemps un problème de dette publique qui est excessif.
13:34 Nous étions à peu près à la moyenne de la zone euro,
13:36 au niveau de l'Allemagne il y a 15 ans,
13:38 et aujourd'hui, malheureusement, la France est devenue
13:40 une des championnes d'Europe de la dette et du déficit.
13:43 – Quasiment deux fois plus que l'Allemagne,
13:44 60% du pays en Allemagne…
13:45 – Et ça, c'est grave, parce que ça veut dire que ça va nous coûter,
13:49 dans le budget, la charge d'intérêt de la dette va énormément augmenter.
13:54 On estime qu'on passe d'un peu moins de 30 milliards par an,
13:57 ce qui était déjà pas mal en 2020, à plus de 80 milliards en 2027.
14:02 Vous voyez une augmentation de plus de 50 milliards de la charge de la dette,
14:05 c'est autant qu'on ne pourra pas dépenser pour l'éducation, la défense ou le climat.
14:09 Et puis, c'est très grave parce qu'on laisse aux générations futures la facture.
14:14 On ne peut pas indéfiniment faire, par exemple, des baisses d'impôts aujourd'hui,
14:18 qu'on fait payer par les jeunes demain.
14:21 Donc je crois, l'intention qui a été manifestée,
14:25 ce n'est pas encore des annonces,
14:28 mais de différer certaines baisses d'impôts me paraît sage,
14:32 de la part du ministre de l'économie et des finances.
14:33 – Différer notamment à la baisse d'un impôt de production pour les entreprises,
14:37 ça aussi, ça vous paraît sage ?
14:38 Vous vous dites "c'est pas bon pour la compétitivité" ?
14:40 – Non, je n'ai pas à me prononcer sur tel ou tel impôt,
14:43 mais je crois que sur un plan général,
14:45 nous n'avons pas les moyens aujourd'hui de faire de nouvelles baisses d'impôts non financées,
14:50 pas plus de l'autre côté que nous avons les moyens
14:52 de faire beaucoup de dépenses supplémentaires.
14:54 Vous savez, on a déjà le niveau de dépense en France
14:57 qui est rapporté à la taille de notre économie,
15:00 le plus élevé d'Europe et même le plus élevé de toutes les économies développées dans le monde.
15:04 – Mais vous êtes en train de dire…
15:05 – Donc il faut qu'on essaye d'être plus efficace.
15:06 – Oui, vous êtes en train de dire, il faut le maintenir à ce niveau-là, à ce stade.
15:10 – Je crois que déjà, si on arrivait à stabiliser le niveau de nos dépenses,
15:13 ce qu'on appelle en volume, c'est-à-dire après inflation,
15:16 on pourrait commencer à réduire la dette publique,
15:19 dans les calculs de la Banque de France,
15:21 si nous stabilisions ces dépenses publiques en volume,
15:24 nous pourrions, dans les dix années qui viennent,
15:27 ramener la dette publique sous les 100%,
15:29 alors c'est un seuil symbolique, mais il est assez important,
15:31 parce que c'est là que nous étions avant le choc du Covid.
15:34 Au passage, la plupart de nos voisins européens
15:36 vont faire baisser leur dette publique dans les années qui viennent,
15:38 donc il faut que nous y arrivions aussi.
15:40 – Et l'exécutif a identifié justement 10 milliards d'économies
15:43 pour le budget 2024, après avoir passé en revue la dépense publique.
15:47 Vous trouvez que ça ne va pas assez loin, ces 10 milliards ?
15:50 – Alors, la Banque de France, elle est en charge de ce qu'on appelle la politique monétaire.
15:53 – Oui, mais vous parliez de transformation.
15:55 – Non, non, sa mission numéro 1, c'est de combattre la maladie de l'inflation.
16:00 Je vous promets, tous les matins, quand on se réveille avec beaucoup d'énergie,
16:04 c'est avec cet objectif-là, presque cette obsession-là.
16:07 On n'est pas en charge de la politique budgétaire,
16:10 mais je crois que ce qui va dans le sens de soigner d'autres maladies françaises plus durables,
16:15 notamment l'excès de dettes publiques, ce qui va dans ce sens-là est bienvenu.
16:18 Ayant dit ça, moi je crois profondément au modèle social français et européen.
16:23 Mais la question que nous avons, on parlait du niveau des dépenses,
16:26 c'est qu'en gros, regardons autour de nous, vous savez, je suis au Conseil des gouverneurs,
16:30 nous sommes 20 économies de la zone euro, on partage tous à peu près le même modèle social,
16:34 avec une lutte contre les inégalités, avec des services publics.
16:37 Le seul problème qu'on a, c'est que chez nos voisins, en moyenne,
16:41 ils coûtent 10 points de PIB de moins que chez nous.
16:45 Donc on a une marge d'amélioration de l'efficacité.
16:48 Et pourtant les Français ne sont pas contents.
16:50 Les dépenses ne cessent d'augmenter, mais les services publics ne vont pas mieux.
16:52 Comment vous l'expliquez ? C'est un mal spécifiquement français ?
16:55 Alors, à garde long bref, vous avez raison, c'est une question extrêmement importante,
16:58 y compris pour le passionné des services publics que je suis.
17:02 On a aujourd'hui une certaine insatisfaction des services publics,
17:06 à la fois pour les usagers qui sont les Français,
17:08 pour les producteurs, que sont les fonctionnaires eux-mêmes,
17:12 et puis pour les financeurs, que sont les contribuables,
17:15 qui trouvent que ça coûte trop cher et qui payent trop d'impôts.
17:17 De temps en temps, c'est une question de moyens supplémentaires,
17:21 mais pas toujours. Je crois que c'est aussi une question d'organisation,
17:25 d'efficacité, d'innovation dans le service public.
17:29 Moi, je crois profondément à l'engagement des managers
17:34 et des fonctionnaires du service public.
17:36 Il faut leur donner un peu plus de responsabilité
17:38 et de prévisibilité dans la durée. Modestement, vous savez,
17:42 à la Banque de France, on a augmenté nos services,
17:44 on a maintenu notre présence territoriale et on a diminué nos coûts.
17:48 Je ne vous dis pas que c'est facile, mais les hommes et les femmes
17:50 de la Banque de France peuvent témoigner que c'est possible.
17:52 François Villeroy de Gallo, vous restez avec nous,
17:54 gouverneur de la Banque de France. Le Fil info, 9h moins 10,
17:56 c'est lié à Bergel.
17:58 Le gouvernement lance aujourd'hui une application Vigio
18:02 pour consulter les restrictions en eau.
18:04 Christophe Béchut annonce ce matin que plus de 2/3 des nappes phréatiques
18:07 du pays sont encore sous les normales de saison.
18:10 Le ministre de la Transition écologique explique que la situation
18:13 est même plus mauvaise dans le bassin parisien que le mois dernier.
18:17 20 départements d'une large partie est de la France
18:21 sont en vigilance. Oranges, canicules ou orages aujourd'hui.
18:25 Kiev assure avoir abattu 26 drones de combat russe pendant la nuit.
18:29 L'OTAN va tracer la voie pour l'adhésion de l'Ukraine.
18:33 Sur la Maison Blanche ce matin, Washington ne promet pas de calendrier.
18:36 Joe Biden va rencontrer Volodymyr Zelensky après-demain mercredi.
18:40 De nouvelles recherches plus ciblées viennent de reprendre
18:44 pour trouver le petit Émile dans les Alpes de Haute-Provence.
18:47 Le garçon de 2 ans et demi a échappé à la vigilance de ses grands-parents ce week-end.
18:52 Le tennis à Wimbledon. La hiérarchie est respectée.
18:55 Chez les hommes, les favoris, Carlos Alcaraz, Novak Djokovic,
18:58 Olga Rune se qualifient en quart de finale.
19:01 Chez les dames, ça passe aussi pour Sabalenka, la numéro 2 mondiale.
19:04 *Générique*
19:07 France Info
19:08 Le 8/30 France Info.
19:10 Agathe Lambret, Laurence Enechal.
19:13 Toujours avec François Vidroit-Gallot, gouverneur de la Banque de France.
19:16 Ce qui n'aide pas le pouvoir d'achat notamment c'est que les salaires
19:18 ne suivent pas suffisamment la hausse des prix.
19:21 Est-ce qu'il ne faudrait pas indexer les salaires sur l'inflation
19:23 comme le proposent certains à gauche et comme ça a été le cas en France jusqu'en 1983 ?
19:28 Alors il y a un salaire en France qui est indexé sur l'inflation, c'est le SMIC.
19:32 Et je crois que c'est une bonne chose pour des raisons de justice sociale.
19:35 Je ne crois pas pour autant qu'il faille passer à une indexation généralisée
19:39 parce que là on risquerait d'enclencher ce qu'on appelle la spirale prix-salaires.
19:43 C'est-à-dire que les prix augmentent, les salariés justement demandent
19:46 qu'on augmente un peu plus leur salaire.
19:48 Du coup les coûts de revient des entreprises ça croissent
19:50 et les prix augmentent encore plus vite et ça ne s'arrête pas.
19:53 Alors nous ne voyons pas aujourd'hui en France ni globalement en Europe
19:57 de telle spirale prix-salaires.
19:59 Les négociations salariales doivent rester décentralisées
20:02 au plus près du dialogue social et puis de la réalité économique.
20:05 C'est l'entreprise ou c'est la branche.
20:07 Quand on regarde plus précisément les salaires,
20:10 ils ont heureusement augmenté plus en 2022, c'est normal quand les prix augmentent plus.
20:15 Ils ont été un peu en retard sur l'inflation en 2022.
20:18 Ça devrait s'inverser en 2023-2024 parce que l'inflation va commencer à descendre.
20:23 Je l'ai dit tout à l'heure qu'on avait déjà passé le pic.
20:26 Et nous pensons plutôt dans nos prévisions que le pic des salaires en moyenne
20:31 serait au deuxième semestre de cette année.
20:33 J'insiste sur en moyenne parce que c'est très décentralisé.
20:36 Peut-être une dernière précision sur le pouvoir d'achat
20:39 qui est évidemment un élément très sensible pour les Français.
20:42 Je vais peut-être vous surprendre et c'est des calculs que fait l'INSEE,
20:46 que ne fait pas la Banque de France, mais le pouvoir d'achat des Français en moyenne
20:49 a été préservé en fait en 2022 malgré l'inflation.
20:53 C'est-à-dire qu'il n'a pas baissé ?
20:54 Il n'a pas baissé.
20:56 Il a baissé pour certaines catégories de Français.
20:58 Je dis bien en moyenne. Il a baissé pour certains, il a augmenté pour d'autres.
21:01 Ce n'est pas forcément les plus bas salaires qui ont été pénalisés
21:04 puisqu'on le disait, le SMIC lui, il est indexé sur l'inflation.
21:07 Mais qu'est-ce qui fait que même si les salaires ont été un peu en retard sur l'inflation,
21:10 le pouvoir d'achat a été préservé, c'est qu'il y a eu beaucoup de création d'emplois.
21:13 Et heureusement, quand un demandeur d'emploi retrouve un emploi, son revenu augmente.
21:17 Et puis il y a eu un certain nombre d'aides budgétaires.
21:19 D'aides de l'État.
21:20 Le chèque inflation et le chèque énergie.
21:22 Donc quand on met tout ça ensemble, le pouvoir d'achat en 2022 a été mieux préservé en France
21:27 que chez nos voisins européens.
21:28 - Mais juste rapidement, en Belgique, elle existe cette indexation des salaires sur l'inflation
21:32 et il n'y a pas eu de constat de spirale infastoniste.
21:35 D'ailleurs, en mars, l'inflation était à 6,6% en France, mais seulement de 4,9% en Belgique,
21:41 où les salaires sont indexés.
21:43 Donc on ne comprend pas le raisonnement.
21:45 - Dans la photo instantanée, vous avez raison.
21:47 Il faut regarder l'ensemble du film.
21:49 C'est-à-dire que l'année dernière, l'inflation était nettement plus forte en Belgique qu'en France.
21:54 Par ailleurs, mais je ne veux pas ennuyer les auditeurs avec des détails techniques,
21:59 l'indexation belge, en pratique, elle est partielle.
22:03 Elle est notamment sur des indices hors énergie, etc.
22:06 Voilà, nos voisins belges ont toujours le génie de compromis très pragmatique.
22:11 - Je voudrais qu'on parle de l'euro numérique dans un instant.
22:13 Donc je vous pose d'abord une question courte, s'il vous plaît.
22:16 Réponse courte, François Villeroy de Gallo.
22:17 Est-ce qu'il faut taxer les Français les plus riches pour financer la transition écologique ?
22:21 Proposition faite par l'économiste Jean Pisaniferi,
22:24 qui a rédigé notamment le programme économique d'Emmanuel Macron en 2017.
22:28 - Oui, alors il y a des tas d'autres choses dans le rapport de Jean Pisaniferi.
22:33 Il va falloir financer la transition énergétique, et c'est des montants importants.
22:37 Je pense qu'une bonne partie peut venir de l'épargne privée.
22:40 Mais ça suppose qu'il y ait des projets attractifs.
22:42 Et soyons clairs, ça suppose qu'il y ait un prix du carbone.
22:44 Sans doute compensé pour tous nos concitoyens qui ont moins de ressources.
22:48 Mais il faut qu'il y ait un prix du carbone d'une façon ou de l'autre.
22:51 Sans ça, je crois que nous ne réussirons pas la transition énergétique.
22:54 Il faudra qu'il y ait des ressources publiques.
22:56 Si on peut le faire par l'efficacité dont je parlais tout à l'heure,
23:01 plutôt que par un nouvel impôt, ça serait mieux.
23:03 Mais il faut une combinaison de ressources privées et publiques.
23:07 Nous avons beaucoup d'épargne privée en France et en Europe.
23:10 C'est ça notre atout numéro un.
23:12 La Commission et la Banque Centrale Européenne ont lancé le chantier d'une monnaie numérique.
23:17 C'est l'euro numérique.
23:18 Est-ce que vous pouvez nous expliquer d'abord en quelques mots ce que c'est ?
23:21 Alors, c'est un...
23:22 Ce n'est pas une crypto-monnaie.
23:23 Ah pas du tout.
23:24 D'ailleurs, il n'y a pas de crypto-monnaie.
23:26 Il y a des crypto-actifs, mais le bitcoin par exemple, ça n'a rien d'une monnaie.
23:30 Alors l'idée de l'euro numérique que nous avons lancée autour de Christine Lagarde,
23:34 c'est très simple.
23:36 C'est que les Français sont attachés aux billets.
23:38 Et le billet papier, il a plein d'avantages.
23:41 C'est un actif très sûr.
23:43 Il est accepté partout, dans tous les points de vente, dans toute l'Europe.
23:47 Il ne coûte rien.
23:49 Alors, on veut garder tous ces atouts-là,
23:52 mais y ajouter les atouts des paiements numériques,
23:55 des paiements que nous faisons par carte et par mobile.
23:57 Et c'est vrai que c'est très commode.
23:58 Donc l'euro numérique, ça sera aussi sûr, aussi facile d'usage que le billet.
24:04 Au passage, nous le garderons.
24:06 Nous garderons les billets papiers.
24:08 Mais ça sera une forme de billet numérique,
24:10 auquel vous pourrez ajouter un certain nombre de fonctionnalités
24:13 qu'on ne peut pas aujourd'hui faire avec le billet papier.
24:15 C'est payé en ligne.
24:17 C'est ce qu'on appelle le pire tout pire,
24:19 quand on se fait des paiements par mobile,
24:21 entre deux jeunes ou un groupe d'amis.
24:24 – Mais ça sera sur le téléphone portable, donc.
24:26 – Ou c'est ce qu'on peut appeler des paiements conditionnels.
24:28 Vous pouvez choisir de programmer un certain nombre de paiements à l'avance.
24:31 On sait tous que les paiements numériques ont un certain nombre de fonctionnalités supplémentaires.
24:34 – Donc on sera là aussi.
24:35 – C'est le meilleur des deux mondes.
24:36 – Le meilleur des deux mondes sera la sûreté, la gratuité,
24:38 la confidentialité du billet papier, plus la facilité des paiements numériques.
24:43 – Concrètement, on sera avec notre portable à la boulangerie.
24:46 Et on paiera comme ça, comme un porte-monnaie.
24:48 – Vous pourrez choisir de payer comme ça,
24:50 ou vous pourrez continuer à payer à partir de votre compte bancaire,
24:52 comme vous le faites.
24:53 Vous pourrez le faire aussi à partir de votre carte.
24:55 Alors c'est un peu de travail.
24:57 La Commission européenne vient de proposer, il y a 15 jours,
25:00 une proposition de directive, c'est comme ça que ça s'appelle en Europe,
25:05 pour autoriser l'émission de ce billet numérique.
25:07 – Une sorte de loi.
25:08 – Il va y avoir maintenant un débat public.
25:10 Et en parallèle à ce débat public, y compris au Parlement européen,
25:13 nous, nous faisons les préparatifs techniques.
25:16 Décision probablement d'ici deux ans, et ensuite réalisation d'ici quelques années.
25:20 Mais je crois que ça sera une liberté supplémentaire,
25:23 un choix supplémentaire pour nos concitoyens.
25:25 J'insiste sur Fenton, ça ne remet en cause aucune des monnaies existantes.
25:29 – Et les billets papiers, quant à eux, ils sont en train de faire peau neuve aussi.
25:32 On peut aller sur le site de la BCE.
25:33 – Et on fait une consultation effectivement sur le nouveau dessin des billets papiers.
25:36 Je le dis ce matin, on a jusqu'au 31 août,
25:41 donc que tout le monde ne se précipite pas aujourd'hui,
25:44 sinon le site risque d'être engorgé.
25:46 Mais nous relayerons aussi cette consultation,
25:48 on peut passer par le site de la Banque de France.
25:50 – Pour dire ce qu'on aimerait, à quoi on aimerait, qu'ils ressemblent, les billets.
25:53 – Il y a ce type de dessin ouvert, puis ça sera des billets probablement plus sûrs,
25:56 et surtout plus durables, qui diront un plus grand nombre d'années.
25:59 – En circulation plutôt vers 2030. Merci beaucoup.
26:01 – François Villeroy de Gallo, gouverneur de la Banque de France,
26:03 invité de France Info ce matin. Bonne journée à vous.
26:06 [Musique]

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