PLACE AUX FLAMMES - Emission du 12 juillet 2023

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Mercredi 12 juillet 2023, PLACE AUX FLAMMES reçoit Marie Sermadiras (CEO, Cosfibel)

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Transcript
00:00 - Bonjour Marie. - Bonjour.
00:07 Nous sommes très heureux de vous accueillir dans cette série d'interviews flammes,
00:10 qui comme tu le sais, met en valeur des femmes inspirantes,
00:13 qui sortent un petit peu de l'ordinaire.
00:15 Marie, on te voit beaucoup sur les plateaux télé,
00:18 mais aussi à la radio, pour parler de ta carrière professionnelle.
00:20 Alors, j'essaie de résumer, diplômée d'HEC, fondatrice de la plateforme Treetoil à 22 ans,
00:26 qui a été un succès assez incroyable.
00:28 Puis, je crois, Global Chief Officer chez L'Oréal.
00:31 Et aujourd'hui, à 32 ans, 33 ans, tu succèdes à Alain Chevasseux et la direction de Coffee Bell,
00:36 pour accompagner une nouvelle dynamique d'entreprise dans cette PME,
00:39 aussi success story dans son environnement.
00:42 Alors, c'est un parcours qui est extrêmement impressionnant pour une jeune fille.
00:46 Permets-moi de te nommer de cette manière, de ton âge.
00:49 Mais c'est surtout une vie, j'ai le sentiment, qui a été faite de grands détours,
00:52 comme tu m'as dit que tu les aimais.
00:54 Mais si tu es d'accord, j'aimerais bien qu'on se concentre peut-être un peu au-delà de ta carrière professionnelle,
00:59 plutôt sur ta vie personnelle, plutôt sur l'aspect un peu plus sensible de ta vie, de ton parcours.
01:05 Car derrière ce CV, moi, j'ai découvert quelqu'un, une personne très inspirante, très humble,
01:11 mais surtout très humaine, et j'ai envie qu'on se concentre un petit peu là-dessus aujourd'hui.
01:15 Et peut-être pour commencer, est-ce que tu peux nous raconter par qui et comment tu as reçu cette flamme
01:20 qui te guide au quotidien ?
01:22 Je crois un petit peu que tu as plusieurs mentors.
01:25 Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu tout ça ?
01:26 Ça, j'en ai reçu, j'ai eu la chance de recevoir beaucoup de flammes.
01:30 C'est vraiment une énorme chance que j'ai eue.
01:32 Ça a commencé avec mes parents.
01:33 Je pense qu'on reçoit tous quand même quelque chose de nos parents.
01:36 Et j'ai eu la chance d'avoir des parents qui ont été extrêmement dans l'accompagnement
01:40 et qui m'ont appris beaucoup de choses, qui m'ont transmis la flamme du travail, la flamme des responsabilités.
01:46 Et ça a commencé donc très tôt.
01:48 Et ensuite, tout au long de mon parcours, j'ai eu des gens qui m'ont accompagnée,
01:51 que ce soit pendant mes études, que ce soit au moment où j'ai créé mon entreprise.
01:54 À chaque fois, il y avait des gens pour me guider.
01:56 Et là, j'aurais tendance à dire que la vraie rencontre professionnelle que j'ai pu faire ces dernières années,
02:01 c'est Alain Chevasseux, le fondateur de Que suis-je belle dont tu parlais,
02:05 et qui m'a proposé de lui succéder.
02:07 Et qui, au-delà de cette opportunité de dingue qu'il m'offrait,
02:10 a été un mentor et toujours un mentor pour moi,
02:14 qui me guide dans mes décisions, dans mes réflexions,
02:16 dans ma manière de grandir aussi professionnellement.
02:20 D'accord.
02:21 Je pense qu'on est nombreux et nombreuses à rêver d'avoir un mentor.
02:24 Et j'ai eu cette énorme chance de trouver ce mentor avec qui il n'y a pas de conflit,
02:28 on ne se tire pas la boire pour savoir qui va réussir.
02:31 C'est vraiment une relation extrêmement saine de mentorat et d'accompagnement professionnel.
02:36 Et après, je ne pense même pas citer toutes les flammes que j'ai reçues,
02:40 mais une grande chose que j'aime faire, c'est d'essayer de rencontrer un maximum de personnes.
02:44 Et en fait, chaque personne que je rencontre chaque jour, c'est une petite flamme en plus.
02:47 Ce n'est pas nécessairement la grande flamme dont je me souviens dix ans après,
02:50 mais chaque petite flamme en fait fait un grand feu à la fin.
02:53 Et c'est toute cette énergie positive reçue et c'est toutes ces bonnes idées
02:57 glanées au fil d'un café, d'un déjeuner, d'un petit déjeuner
03:01 qui font qu'on grandit, on avance, on prend des bonnes décisions,
03:05 même quand ce sont des personnes qui n'ont rien à voir avec ce qu'on fait.
03:08 Mes flammes, je ne les reçois pas uniquement du monde professionnel.
03:11 J'ai reçois de copains qui sont dans des univers totalement différents.
03:14 Je reçois d'une conversation dans un avion,
03:18 dans un train avec juste mon voisin qui fait peut-être quelque chose qui n'a rien à voir.
03:22 Et je la reçois aussi de tous les gens qui m'entourent,
03:25 entre mon mari.
03:27 C'est vraiment toutes ces flammes-là qui se rassemblent, qui font un grand feu.
03:30 Et je crois que tu disais que c'était important de perdre son temps à rencontrer des gens,
03:34 puisque tout le monde a le sentiment qu'en fait la rencontre parfois,
03:37 c'est quelque chose qui est inutile.
03:39 Mais toi, c'est quelque chose sur lequel tu t'es beaucoup concentrée justement
03:42 et c'est dans ton parcours, dans ta carrière ?
03:43 Tout à fait.
03:45 "Perdre son temps", parfois ça peut être mal interprété comme phrase,
03:48 mais c'est vraiment ça, c'est prendre le temps,
03:50 de ne pas compter le temps et de rencontrer des gens.
03:53 Je suis quelqu'un d'hyperspeed, je suis quelqu'un d'extrêmement organisé,
03:55 donc tout est cadré, tout est millimétré.
03:57 Mon agenda ressemble malheureusement à pas grand-chose.
04:01 Mais j'essaie toujours de me caler un moment chaque jour
04:05 ou quand je n'y arrive pas, plusieurs moments dans la semaine
04:07 pour essayer de rencontrer des personnes sans qu'il y ait un ordre du jour prédéterminé,
04:11 pour juste ouvrir mes chakras sur un autre sujet,
04:15 parler avec un autre entrepreneur dans une autre industrie,
04:17 des sujets que je rencontre, qui va me dire "tiens, c'est marrant,
04:19 j'ai eu le même sujet où ça me fait penser" et lui, il me raconte aussi ses sujets.
04:22 Et c'est une sorte de dialectique qui nous fait tous grandir.
04:26 Avancer.
04:27 Avancer et j'essaie de garder ces petits moments aussi régulièrement que possible.
04:32 J'essaie de viser un par jour, évidemment je ne les siens pas,
04:34 mais j'essaie de regarder au moins deux, trois par semaine.
04:38 Et quand je ne le fais pas, je me sens d'un coup beaucoup moins inspirée.
04:41 Et cette inspiration, c'est ce qui compte pour essayer de développer son business,
04:44 c'est d'avoir cette flamme et cette inspiration.
04:47 Donc c'est vraiment les rencontres qui ont un petit peu guidé ta vie, si je comprends bien.
04:50 Et je crois qu'aussi ton mari, Stéphane Houdet, a été une grande inspiration pour toi.
04:55 Alors si je parle un petit peu de lui, c'est un tennisman paralympique
04:58 qui a été élu par les Français porte-drapeau des JO de Tokyo 2020.
05:03 C'est une grande inspiration pour toi.
05:05 Et peut-être que ça nous permet d'enchaîner sur la deuxième question,
05:07 qui est un petit peu la flamme qui éclaire,
05:09 la flamme que tu as envie d'éclairer, de porter à notre connaissance.
05:13 Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu votre rencontre ?
05:16 Est-ce que vous vous apportez mutuellement ?
05:17 Avec plaisir.
05:18 Donc quand j'ai rencontré Stéphane, évidemment, je ne m'attendais pas.
05:23 Déjà, la rencontre de ce soir-là, on dit toujours que ce n'est pas le soir
05:25 ou le jour où on s'y attend que ça tombe.
05:27 Et là, ce n'est évidemment pas le cas.
05:29 J'ai eu une soirée organisée par un copain, un Boris du Richembourg,
05:32 qui organise une soirée de rencontres entre des sportifs olympiques et paralympiques
05:36 et des chefs d'entreprise pour générer du sponsoring et autres.
05:39 Moi, le sport, ce n'est pas particulièrement mon truc.
05:42 Je n'y connais rien, ça ne m'intéresse pas énormément.
05:45 Et puis, tous ces sportifs prennent la parole, racontent leur parcours.
05:48 Et j'écoute Stéphane, qui est certainement celui qui me touche le plus,
05:52 non, qui est certainement, pour sûr, celui qui me touche le plus dans son histoire,
05:56 parce que l'histoire qui lui arrive, c'est celle qui peut nous arriver à tous.
05:59 Il a 25 ans, il est jeune vétérinaire, il s'installe et il commence sa carrière professionnelle.
06:06 Et pour fêter ça, il part avec son collaborateur de travail
06:09 faire un tour d'Europe de Capitale à moto.
06:11 D'accord.
06:12 Il double une voiture, il se prend la bagnole d'en face.
06:14 Et à partir de là, malheureusement, Goops rentre dans un parcours de rééducation,
06:19 d'énormément d'opérations médicales,
06:21 puisque la jambe a été littéralement arrachée dans cet accident.
06:24 D'accord.
06:25 Et dans ce parcours de résilience, il est passé par plusieurs étapes.
06:28 Une qui a été de se reconstruire en tant que vétérinaire,
06:31 parce qu'une fois que vous n'avez plus de jambe,
06:32 que votre jambe est brancale à coucher des vaches,
06:34 ce n'est quand même pas évident, c'était sa spécialité à ce moment-là.
06:36 D'accord.
06:36 Donc, repartir vers les petits animaux.
06:39 Et puis ensuite, c'est surtout de se dire,
06:40 mais moi, mon image en tant que jeune homme,
06:43 c'était d'être un sportif, puisqu'il était très sportif.
06:46 Il avait 25 ans.
06:47 Et il avait 25 ans, il s'est dit,
06:48 mais je vais me reconstruire par le sport parce que c'est ça qu'il me faut.
06:50 Et il s'est mis au golf d'abord,
06:52 parce que c'était quand même plus soft pour sa jambe abîmée.
06:55 Et il s'est rendu compte que sa jambe était devenue un point mort,
06:58 a décidé de se faire amputer lui-même, a pris cette décision-là,
07:01 et s'est dit, je vais me mettre au tennis,
07:03 qui est vraiment mon sport de prédilection, mon sport de toujours.
07:06 Et il s'est lancé dans le tennis,
07:08 et est devenu numéro un mondial de tennis en fauteuil.
07:10 Incroyable.
07:10 C'est comme ça qu'il raconte cette histoire.
07:12 Et je me dis, tiens, c'est dingue.
07:14 Je suis passionnée de moto aussi.
07:15 J'ai toujours adoré faire de la moto.
07:17 Et on s'est tous dit, le jour où on a un accident, que se passe-t-il ?
07:21 Et moi, je disais toujours à mes copains en rigolant,
07:22 bon le jour où ça m'arrive, vous êtes sympas, vous m'abrégez.
07:26 Je ne vais pas rester toute ma vie dans un fauteuil roulant.
07:29 Ça ne me tente pas du tout.
07:30 Et quand je l'écoute parler, je me dis, mais qu'est-ce que j'étais con en fait.
07:33 Il y a vraiment une vie derrière ça.
07:34 Il y a vraiment une...
07:36 Il a l'air dix fois plus heureux que la plupart des gens qu'on rencontre.
07:40 Et Stéphane a une telle énergie qu'en effet, vous sentez sa flamme.
07:44 Et donc, je vais à la fin du cocktail lui parler.
07:46 Je lui dis, écoutez, j'aimerais beaucoup que vous puissiez venir intervenir dans ma société.
07:51 Et puis, on a commencé à discuter.
07:52 Et puis, avant qu'il intervienne chez Treetwell...
07:56 Incroyable.
07:57 C'est comme ça qu'on s'est rencontrés.
07:58 Et donc, la flamme, moi, ça m'a beaucoup appris sur moi-même aussi
08:01 et sur le regard que les autres portent sur ce sujet.
08:03 C'est qu'évidemment, le prince charmant dont je rêvais,
08:05 ce n'était pas un handicapé.
08:07 On devrait supprimer ce mot "handicapé" qui n'est pas le meilleur,
08:10 mais ce n'est pas quelqu'un de différent.
08:12 On s'imagine tous à quelqu'un qui vient du même monde que soi,
08:15 qui coche les cases du prince charmant.
08:18 Et dans le prince charmant, il n'y a pas une guibole en moins.
08:20 Ce n'est pas comme ça qu'il est.
08:21 Et j'ai vu les réactions au départ, les premières réactions qui étaient,
08:24 "Mais pourquoi tu fais ça ? T'as envie d'être infirmière, mais ça ne te dégoûte pas."
08:28 Et je me suis dit, en fait, c'est marrant, quelqu'un qui aurait des lunettes,
08:30 on ne dirait pas...
08:31 C'est un handicap, d'une certaine manière.
08:32 C'est de l'indifférence.
08:33 Mais pour autant, on ne va pas dire,
08:35 "T'imagines, tu ne seras qu'un type qui a des lunettes, c'est affreux."
08:37 Et évidemment qu'une jambe en moins, c'est un peu plus prégnant que des lunettes.
08:42 Mais c'est pour montrer qu'en fait, on est tous différents les uns des autres.
08:45 Et je trouve d'ailleurs que le mot "handicapé",
08:46 on devrait essayer de le supprimer pour essayer de parler tout simplement de différence,
08:49 de diversité au sens riche.
08:51 Et on a tous une diversité à apporter.
08:54 Et c'est ça la flamme, en tout cas, que j'essaie de porter,
08:57 le message que j'essaie de porter,
08:58 c'est que je pense qu'on a besoin de renforcer la diversité dans notre monde,
09:02 dans notre entreprise.
09:04 Et que la diversité, ce n'est pas le côté larmoyant
09:06 dont on entend souvent parler en ce moment,
09:07 un peu dans le pathos de dire,
09:09 "On a besoin de prendre quelqu'un parce que le pauvre, il a besoin de s'intégrer."
09:12 C'est justement ça, de se dire, "Chacun est différent."
09:15 Même les gens les plus normaux,
09:17 on va dire que les plus classiques comme moi,
09:19 en fait, si j'ai une différence, je suis jeune.
09:21 C'est ça mon handicap, c'est ça ma diversité.
09:24 C'est que je suis jeune et que dans le monde dans lequel je gravite,
09:27 c'est une faiblesse.
09:29 C'est quelque chose qu'on met très souvent dans les dents en disant,
09:32 "Mais toi, tu es jeune, donc c'est normal que..."
09:34 Non, en fait, c'est ma force.
09:36 Je suis jeune, je vous apporte un regard nouveau,
09:38 sans faire de jeunisme pour autant, mais c'est une force.
09:41 De la même manière, si tu n'as pas la vue,
09:43 tu peux avoir un ressenti par d'autres sens beaucoup plus fait.
09:46 T'as apporté autre chose.
09:47 Si tu as grandi dans un autre milieu social,
09:50 tu vas avoir une autre vision.
09:51 On a besoin de ça pour pouvoir faire grandir l'entreprise tous ensemble.
09:54 C'est vraiment de voir dans chaque différence,
09:56 non pas une faiblesse qu'il faut compenser, mais une force.
09:59 Et une richesse.
10:00 - Et une richesse. - Pour chacun.
10:01 Exactement.
10:02 Je crois que vous avez un débat tous les deux sur la notion de handicap
10:05 avec ton mari, puisque lui a un handicap physique,
10:09 mais que beaucoup de femmes ont un autre handicap,
10:12 qui est un peu ce complexe d'imposteur dont on parle beaucoup.
10:16 Est-ce que tu veux nous en parler un petit peu ?
10:18 Tout à fait.
10:19 Je pense que la manière de le résumer,
10:20 c'est finalement n'être pas handicapé qui croit l'être.
10:23 Parce que finalement, en effet,
10:25 tout le monde se tente vers lui en disant "mais c'est pas trop dur d'être handicapé".
10:27 Et lui, c'est quelqu'un qui rayonne de confiance en lui
10:30 et qui ne se pose absolument aucune question.
10:32 Il n'a aucun complexe.
10:33 - Il ne se sent légitime. - Il ne se sent légitime.
10:36 Tout va bien.
10:37 Et sa jambe, c'est même une force.
10:38 Parfois, les enfants dans la rue ou à la plage vont s'arrêter en disant
10:40 "mais c'est dingue, pourquoi tu as une jambe électronique comme ça ?"
10:43 Et lui, "mais c'est trop bien, tu peux courir beaucoup plus vite avec ça."
10:46 Et les enfants le regardent.
10:48 Un jour, il y a même un enfant qui allait voir sa maman en disant
10:50 "je peux en avoir une avec ça, c'est trop bien."
10:52 Donc, c'est dire à quel point on peut le tourner positivement.
10:54 - Bien sûr. - Et de la même manière,
10:55 vu de l'extérieur, les gens vont souvent se dire
10:57 "tiens, cette fille, elle respire avec confiance en elle,
11:00 elle a tout qui lui sourit, c'est facile."
11:02 En fait, non, pas tant que ça, mais sans que je sois à plein.
11:05 Moi, je me pose énormément de questions,
11:07 j'ai toujours l'impression de ne pas être légitime.
11:10 - Encore aujourd'hui. - Encore aujourd'hui.
11:12 Et ce sera toujours le cas, parce que dès qu'on sort de sa zone de confort,
11:14 de toute façon, on se remet dans un manque de légitimité, c'est normal.
11:18 Mais lui me dit toujours "mais pourquoi tu te poses autant de questions ?"
11:21 et en rigolant, il me dit souvent "en fait, la plus handicapée des deux,
11:23 c'est plutôt toi, à force de te poser trop de questions, de t'empêcher."
11:26 Ton handicap, c'est le fait de t'empêcher.
11:28 Quand lui, son handicap ne l'empêche plus, finalement.
11:31 - Oui. - Il est devenu une force.
11:32 C'est hyper intéressant, parce que je pense qu'on pense toutes,
11:35 et parfois tous aussi, à cette idée qu'on n'est pas capable.
11:38 Et c'est effectivement un handicap qui est parfois aussi important
11:41 qu'un handicap physique dans une vie, et qu'il faut savoir dépasser.
11:44 Alors, c'est moins une question de regard des autres sur nous,
11:47 mais c'est une question de regard de nous sur nous-mêmes,
11:49 qui parfois nous empêche.
11:51 Mais le regard, je pense que c'est pareil pour le handicap physique.
11:54 C'est aussi quelque chose que Stéphane explique.
11:56 C'est que lui, au départ, quand il a eu son accident,
12:00 il a évidemment manqué de confiance en lui.
12:02 Il s'est d'abord dit "mais je ne suis pas sûr que je vais pouvoir un jour retrouver une fille,
12:05 je ne suis pas sûr que je vais un jour pouvoir avoir une vie dite normale."
12:09 Et puis finalement, en refaisant du sport, il a repris confiance finalement
12:13 en lui et en son corps.
12:14 Et j'ai vu le regard des autres changer,
12:16 jusqu'à ce qu'il comprenne que ce n'était pas le regard des autres qui changeait,
12:19 c'était le sien sur lui-même et donc sur le regard qui projetait sur les autres.
12:23 Je pense que c'est pareil quand on a le syndrome de l'imposteur,
12:25 quand on manque de confiance,
12:27 on a l'impression que tout le monde vous regarde et vous arrivez dans une salle de réunion
12:30 et tout le monde le sait et tout le monde le regarde mal.
12:32 Parce qu'en fait, non, c'est toi qui a...
12:35 Déjà, qui renvoie le mauvais message parce que ça se voit certainement que tu es stressé,
12:39 et puis qui va lire, décoder tout ce qui se passe autour de toi
12:42 pour l'interpréter de cette manière-là.
12:45 Le jour où tu as confiance en toi, tu arrives dans la salle,
12:46 tu vois que tout le monde sourit, tout le monde...
12:48 C'est bon, I'm in the place.
12:50 C'est intéressant parce que je crois que tu m'avais raconté
12:52 quand on avait échangé la première fois,
12:54 qu'une des façons d'aller au-delà de ton complexe de l'imposteur,
12:57 c'était de te dire "la journée de demain sera moins pire que celle d'aujourd'hui".
13:01 Donc, il y a cette notion aussi d'accepter la difficulté et le progrès
13:06 et d'en faire quelque chose de positif.
13:07 Je crois que ça t'est arrivé quand tu étais dans cette grande boîte du CAC 40,
13:10 en l'occurrence. Est-ce que tu veux nous raconter un peu ça ?
13:12 Oui, je pense qu'en fait, il y a toujours une solution.
13:16 Tout le monde peut arriver à faire absolument ce qu'il veut,
13:18 j'en suis absolument convaincue.
13:20 Ça peut être douloureux au passage,
13:21 mais on peut faire absolument ce qu'on veut, il n'y a pas de limite.
13:24 Évidemment qu'au début, ça fait mal.
13:26 Moi, je suis arrivée chez L'Oréal, j'avais 28 ans,
13:29 je me retrouve dans un job de comité de direction, de division,
13:33 avec que des gens qui ont une quinzaine d'années de plus globalement
13:36 et en n'étant absolument pas légitime pour le poste que je prends en plus
13:40 parce que je n'ai pas l'expertise sur le sujet.
13:43 Je ne connais pas l'international, c'est un job international.
13:45 Je ne connais pas les grands groupes et la politique qu'il faut.
13:49 Et savoir se comporter dans une organisation matricielle,
13:53 je suis totalement perdue et je suis totalement à côté de mes pompes.
13:56 Deux solutions.
13:58 Je pleure tous les soirs.
13:59 Bon, c'est arrivé deux, trois fois, on ne va pas se mentir.
14:02 Et j'arrête et je démissionne en me disant,
14:03 "C'est trop dur pour moi, la marche est trop haute."
14:05 Et la marche était sacrément haute.
14:07 Je me dis, "La marche est sacrément haute,
14:08 je ne sais pas comment je vais me la prendre,
14:09 mais je vais essayer de me fixer plusieurs petites sous-marches
14:13 et puis à terme, je vais y arriver."
14:14 Et je pense que quand on prend un job,
14:16 il est normal d'avoir entre trois et six mois de machine à laver.
14:21 Si vous n'avez pas ces trois à six mois de machine à laver,
14:23 c'est que vous avez chopé un job peut-être trop proche
14:25 de ce que vous savez faire,
14:25 vous n'êtes pas assez sorti de votre zone de confort.
14:28 Et si vous sortez vraiment de la zone de confort,
14:29 c'est peut-être plus six mois, voire neuf mois.
14:32 Et c'est normal et c'est légitime.
14:34 Donc, à partir de là, je me suis fixé des petites étapes.
14:37 Je me suis acharnée.
14:38 Il y a évidemment des jours de craquage où vous vous dites,
14:40 "Mais ça sert à quoi ? Et je ne suis pas bonne."
14:43 Et de toute façon, tout le monde le sait que je ne suis pas bonne.
14:45 Et puis quand même, malgré tout,
14:46 vous repartez à la mine le lendemain et au bout de six mois,
14:49 les gens vous disent en fait,
14:50 "Ah ouais, c'est dingue, je ne pensais pas que t'y arriverais."
14:52 "Mais t'as réussi."
14:53 Et en fait, c'est toutes ces petites étapes
14:55 et tout le travail que vous mettez en place qui permet d'y arriver.
14:58 C'est un peu la stratégie des petits pas.
15:00 De se dire que finalement, le plus important,
15:01 c'est d'avancer petit à petit, mais d'avancer.
15:04 Exactement. Et puis finalement, petit à petit, vous apprenez.
15:08 Après, est-ce que c'est parce que ça me rassure ou non ?
15:10 Moi, je sais que ma manière de faire, c'est de travailler.
15:14 Je sais qu'à mon âge et avec le parcours que j'ai eu
15:17 et toutes les sorties de zone de confort que j'ai pu faire,
15:19 j'ai toujours pris mes jobs en n'étant pas la bonne personne,
15:22 au bon poste, en n'ayant pas l'expertise.
15:24 La seule solution, c'est d'être travaillée trois fois plus que les autres.
15:27 Et en fait, tout s'apprend.
15:28 Quand on travaille, on acquiert les compétences,
15:31 on découvre, on s'enrichit.
15:32 Et puis petit à petit, toute cette agrégation
15:34 fait qu'au bout de six mois, vous avez rattrapé votre retard
15:37 et qu'en fait, vous êtes au bon endroit.
15:39 À chaque fois, les gens me disent "mais comment tu as fait ?
15:41 Comment tu as surmonté ça ?"
15:43 J'ai bossé et en fait, le travail, d'une part, je trouve que ça rassure.
15:46 Au moins, j'aurais mis toutes les chances de mon côté,
15:48 je me serais donné les moyens.
15:49 Et puis petit à petit, c'est une sorte de couverture
15:52 qui vous permet de vous protéger des agressions extérieures,
15:55 de vous dire "au moins, je connais mon sujet,
15:57 je ne le maîtrise pas encore, mais au moins, je connais,
15:59 j'ai tout lu, j'ai tout travaillé".
16:00 Et puis au bout de six mois, vous êtes au niveau où il faut.
16:03 C'est intéressant, cette idée de valeur travail,
16:04 qui est quand même une valeur en ce moment,
16:06 même où on se parle, qui est un petit peu remise en question,
16:10 et que je pense que c'est une valeur qui est partagée par beaucoup
16:13 et en même temps, de moins en moins par les nouvelles générations.
16:16 Cette idée, un, de l'entreprise, mais aussi de la valeur travail.
16:19 L'idée, ce n'est pas de travailler jusqu'à 70 ans,
16:21 mais qu'est-ce que tu penses un petit peu des débats
16:24 qu'on a en ce moment sur ce sujet ?
16:25 Je suis hyper attristée en fait que les gens ne trouvent pas
16:28 le sens dans le travail.
16:30 En fait, le travail a créé un lien social.
16:33 C'est là où on rencontre les gens,
16:35 c'est là où on s'est fait, j'imagine, des potes.
16:37 C'est parfois là où on rencontre son mari ou sa femme.
16:41 Parfois, dans les moments super durs où vous travaillez beaucoup,
16:43 surtout en début de carrière,
16:44 vous vous retrouvez à créer un vrai groupe de copains
16:46 parce qu'on est passé par les galères.
16:47 Tu te souviens quand on bossait sur tel dossier jusqu'à telle heure ?
16:50 Ça crée du lien.
16:51 Et ce lien, on l'oublie aujourd'hui.
16:53 C'est devenu un non-sujet.
16:55 C'est presque devenu un asservissement quand on en entend parler.
16:58 Alors évidemment, on peut dire,
16:59 "Tiens, c'est facile à dire pour toi, Marie,
17:00 tu as un job avec ton job.
17:02 Facile à dire que c'est cool le travail."
17:04 Mais tout d'abord, je pense qu'on peut trouver vraiment du sens
17:06 dans chaque travail parce que ce lien social,
17:08 il est dans tous les jobs, quasiment.
17:10 Et puis surtout, je ne suis pas sûre que les gens aimeraient mon job.
17:13 Évidemment que ça a l'air sympa d'être chef d'entreprise vu de loin,
17:16 mais bosser 20 heures par jour...
17:18 J'ai accouché il y a quelques mois,
17:20 je me retrouvais à faire des visios de mon lit à l'hôpital.
17:23 Je ne suis pas sûre que ça fasse rire beaucoup les gens.
17:26 Moi, ça ne me dérange pas.
17:27 J'aime tellement ce que je fais, que je vis extrêmement bien.
17:30 Et travailler jour et nuit ne me dérange pas.
17:32 Mais il y a beaucoup de gens qui n'auraient pas envie de ça,
17:34 de cette pression, des échéances d'un chef d'entreprise,
17:37 du stress et de la charge mentale qui vont avec.
17:40 Mais chacun doit trouver son sens
17:42 et voir le verre à moitié plein dans son job.
17:43 On va passer le plus gros de nos vies,
17:45 c'est un fait, à travailler.
17:47 Autant aller trouver déjà, un, le job dans lequel on va s'épanouir.
17:50 Et il faut savoir qui on est pour pouvoir trouver le bon job.
17:53 Et puis, une fois qu'on a son job, il faut voir le positif.
17:55 Et le positif, c'est ce lien, ces rencontres qu'on fait.
17:58 C'est le fait de réussir à soi-même se dépasser aussi.
18:02 Je pense que tout être humain a envie de se dépasser,
18:05 d'aller un cran plus loin.
18:05 Et on le fait quand même beaucoup par notre job,
18:09 quel que soit le job.
18:10 Pour toi, le travail, c'est aussi un peu un révélateur de soi,
18:12 d'une certaine manière ?
18:14 En fait, tout peut être un révélateur de soi.
18:16 Il y en a qui vont faire un marathon,
18:18 mais le marathon, c'est comme un travail.
18:19 En fait, c'est dur.
18:21 Ce n'est pas facile de faire un marathon.
18:23 Et de la même manière, prendre un job
18:24 dans lequel vous allez devoir vous dépasser,
18:26 ça ne va pas être facile,
18:27 parce que si c'était facile, il n'y aurait pas de dépassement.
18:29 Donc, pour moi, le dépassement et le révélateur de soi,
18:32 on le trouve partout.
18:33 Personnellement, je le trouve dans mon travail.
18:35 Ce n'est pas pour autant que je n'ai pas ce même type de révélateur
18:40 et de passion pour ma vie personnelle.
18:43 Le jour où je lisais un article, je voyais quelqu'un qui disait
18:46 « Non, mais les gens qui disent qu'ils adorent bosser,
18:47 c'est surtout qu'ils ont une vie personnelle merdique. »
18:51 Personnellement, je ne pense pas, heureusement d'ailleurs,
18:53 avoir une vie personnelle qui ne soit pas riche.
18:55 Mais en fait, les deux vont hyper bien ensemble.
18:58 Et je suis extrêmement contente de combiner un travail
19:00 qui me passionne et qui me prend évidemment beaucoup de temps
19:02 et en même temps une vie personnelle très riche.
19:04 Et je trouve mon accomplissement dans les deux.
19:06 Et les deux se renforcent l'un l'autre.
19:08 Il y en a qui vont être passionnés d'art
19:09 et qui vont prendre des expos pour s'enrichir
19:12 et renforcer toute leur culture sur le sujet
19:14 et prendre du plaisir là-dedans.
19:16 Il y en a, c'est le sport.
19:17 Le sport, quand même, est par nature une question de dépassement
19:20 et de combat et de compétitivité en fonction des différents sports qu'on fait.
19:24 Le travail, c'est pareil.
19:25 Et finalement, si on le voit avec cet angle-là,
19:27 et qu'on le voit comme un jeu, ça devient beaucoup plus marrant.
19:29 Et je trouve que chaque travail peut être un jeu.
19:31 C'est hyper intéressant.
19:33 Il y a autre chose qui m'a beaucoup interpellée
19:35 quand on a parlé la première fois,
19:37 c'est que tu dis très peu "je",
19:39 tu dis beaucoup "on", "nous".
19:41 Il y a une notion, je trouve, de collectif pour toi
19:45 dans la manière dont tu racontes ta vie,
19:46 la manière dont tu racontes ton travail et ta vie personnelle
19:49 qui est hyper importante.
19:50 Et ça me permet peut-être d'enchaîner avec la dernière question
19:53 qu'on a dans les flammes.
19:54 C'est un peu la flamme que tu as envie de transmettre,
19:56 d'autant plus que tu viens d'avoir une petite fille
19:58 qui a trois mois, je crois, quelque chose comme ça.
20:00 Qu'est-ce que tu as envie de lui transmettre ?
20:02 Qu'est-ce que tu as à cœur de lui communiquer, de lui donner ?
20:05 C'est une super question.
20:06 C'est une question à grosse pause.
20:06 En plus, je trouve beaucoup quand on devient jeune parent,
20:09 et là, on se rend compte de toutes les choses qu'on a reçues soi-même
20:11 et de toutes celles qu'on a envie de transmettre.
20:13 Évidemment que ça va être beaucoup plus...
20:15 Ça va être beaucoup moins facile, je trouve,
20:17 une fois qu'on se retrouve parent.
20:18 Toutes les idées préconçues qu'on peut avoir se transforment
20:21 et on se dit "enfin non, je vais essayer de faire au mieux ou au moins pire".
20:24 Donc, j'ai plein de flammes que j'aimerais lui transmettre.
20:26 Je pense que l'une, et on en a déjà parlé,
20:28 c'est justement cette joie du travail, cette passion du travail.
20:33 Peut-être qu'elle me dira "mais maman, tu..."
20:35 De toute façon, en plus, elle a fait tellement de visios avec moi
20:37 depuis ces trois derniers mois qu'elle me dira
20:39 "écoute maman, c'est bon, j'ai voulu que tu visios.
20:41 Tu es sympa, mais moi, ça ne m'intéresse pas du tout".
20:43 Mais au fond, avoir la valeur du travail et de l'accomplissement,
20:47 quelle que soit la vie qu'elle choisira quand elle sera grande,
20:51 ça lui apportera toujours quelque chose.
20:53 Donc, j'espère pouvoir lui transmettre cette flamme-là.
20:54 Et puis, encore une fois, la flamme de la différence,
20:56 qui est hyper importante.
20:58 Il faut aller chercher la différence, il faut s'enrichir de l'autre
21:00 et de l'autre qui ne soit pas juste notre sosie,
21:03 mais quelqu'un et des gens qui soient différents,
21:05 qui vous apportent des points de vue différents.
21:07 Et c'est ça qui vous fait grandir et qui vous aide.
21:10 Donc, pour moi, c'est vraiment les deux flammes que j'aimerais lui passer.
21:13 Travail et rencontre de la différence.
21:15 Et moi, j'en avais identifié une troisième,
21:18 qui était l'idée de savoir dire et ne pas avoir honte de dire "je ne sais pas".
21:23 Que je trouve extrêmement intéressant,
21:24 parce que je pense qu'on a tous vécu ça dans nos carrières ou dans nos vies,
21:27 de ne pas oser dire à quelqu'un "je ne comprends pas ce que tu me dis"
21:29 ou "je n'ai pas compris ce qu'on est en train d'essayer de me communiquer".
21:32 Que je trouve être aussi une notion extrêmement importante d'humilité
21:36 et encore une fois de rencontre, d'une certaine manière.
21:38 Et qui, d'ailleurs, résonne beaucoup avec les deux premières,
21:40 puisque finalement, quand tu as la valeur travail,
21:43 tu sais que tu ne sais pas tout, parce que sinon, il n'y a plus besoin de travailler.
21:46 Donc, par définition, c'est que tu es toujours dans l'ouverture de te dire
21:48 "mais il y a encore plein de choses que je dois apprendre".
21:50 Et donc, par définition, je ne sais pas tout aujourd'hui.
21:53 Et il n'y a personne qui sait tout aujourd'hui, ça c'est une évidence.
21:56 Et aussi dans la rencontre de l'autre.
21:58 Si on sort de sa zone de confort et qu'on rencontre un autre qui n'a rien à voir,
22:03 par définition, il va nous perturber, il va nous mettre dans une zone d'inconfort,
22:06 il va nous faire découvrir qu'en fait, ce qu'on pensait connaître,
22:10 la vie telle qu'on pensait, l'imaginait, n'est que la nôtre.
22:13 Et que celle du voisin est parfois radicalement différente,
22:16 avec des problématiques qui n'ont rien à voir
22:18 et des parcours de vie extrêmement riches et différents.
22:21 Je pense que dans les deux cas, dire qu'on ne sait pas est hyper important
22:25 et toujours rester dans cette ouverture d'esprit,
22:26 de se dire "il y a tout à apprendre".
22:28 Et je trouve ça, mais qu'est-ce que c'est enthousiasmant
22:30 de se dire qu'on n'en est qu'au début de la route.
22:32 Quel que soit notre âge, quelle que soit notre situation,
22:34 on a toujours quelque chose à apprendre de l'autre et de la vie.
22:37 C'est quand même, je trouve, extrêmement positif
22:40 plutôt que de dire "aujourd'hui, je suis un expert, je sais tout
22:43 et je n'ai plus rien à apprendre".
22:44 Je suis heureuse en tout cas de me dire que la route est encore longue
22:48 et qu'il y a encore beaucoup de choses à découvrir.
22:50 Et c'est ce que tu fais aujourd'hui,
22:52 notamment en ayant rejoint Cosfibel il y a quelques mois, si je ne me trompe pas.
22:55 Ils doivent être assez contents de t'avoir accueilli,
22:59 notamment par rapport à toutes ces valeurs d'inspiration,
23:01 de rencontres qui sont extrêmement importantes dans l'entreprise.
23:04 Est-ce que tu veux nous raconter un petit peu ce que fait Cosfibel
23:06 et nous donner quelques informations ?
23:08 Après, je remplace quelqu'un qui a été fantastique,
23:11 donc ça ne fait pas un changement radical pour eux,
23:14 mais ça fait un changement radical parce qu'encore une fois,
23:16 il y a une grande diversité.
23:17 Le fondateur de Cosfibel a créé l'entreprise il y a 20 ans.
23:20 Je vais la suivre, on en parlait tout à l'heure.
23:23 Il y a 78 ans.
23:24 Lui succède une jeune femme de 33 ans.
23:26 Donc déjà, lui aussi, quelle modernité pour un homme de cet âge-là
23:30 d'être allé chercher une sorte d'énergie humaine étrange
23:34 qui a 33 ans, qui est une femme dans une industrie plutôt masculine
23:39 et en plus, qui l'a rencontrée dans un avion.
23:40 Puisque finalement, on parle de perdre son temps et rencontrer des gens.
23:45 Moi, c'était mon voisin dans l'avion et on a sympathisé dans l'avion.
23:47 Et c'est trois ans après que je me retrouve à prendre les rênes de sa société
23:50 sans qu'il n'y ait eu aucun ordre du jour professionnel entre l'un et l'autre.
23:53 Donc comme quoi, le pouvoir de la rencontre,
23:55 il faut toujours parler avec son voisin dans l'avion,
23:56 on ne sait pas ce qui peut se passer.
23:58 Et donc Cosfibel, c'est vraiment la PME française dans toute sa magie.
24:04 On dirait même ETI, entreprise de taille intermédiaire aujourd'hui,
24:08 qui existe depuis 20 ans, qui associe les métiers du luxe à la française
24:15 et qui fait, excuse-moi, je n'ai pas encore dit ce qu'on faisait,
24:17 mais nous, ce qu'on fait, c'est qu'on aide nos clients à développer des expériences
24:21 pour leurs propres clients, pour les consommateurs,
24:23 qui soient merveilleuses, réenchantées, en point de vente.
24:26 Donc, ça passe par le premier métier qui est le packaging.
24:29 Le deuxième, qui est ce qu'on appelle le cadeau.
24:31 Quand tu achètes un soin, une crème de beauté,
24:34 que tu puisses avoir une trousse, par exemple, ou un sac qui va avec.
24:38 Quand tu achètes un bon spiritueux, d'avoir le bac à glace,
24:42 ou quand tu achètes une boîte de macarons, que tu puisses avoir un tablier,
24:47 parce que la marque a sorti son tablier.
24:48 Donc, tous ces produits-là qui vont comme cadeau avec l'achat.
24:52 Et puis, le troisième point, c'est le merchandising.
24:54 Tout ce qui va mettre en valeur le produit dans le point de vente,
24:58 jusqu'à l'acte d'achat, jusqu'au sac qu'on te donne à la sortie
25:02 ou au papier de soie qui va venir envelopper ton produit.
25:04 Donc, ce sont trois métiers.
25:06 On sert avant tout le marché de la cosmétique,
25:08 c'est notre premier métier.
25:09 Et les spiritueux, j'imagine ?
25:11 Deuxième métier, spiritueux.
25:12 Et troisième métier, l'épicerie fine, l'alimentaire.
25:15 C'est intéressant parce qu'en fait, c'est encore une histoire de rencontre
25:17 entre les marques et leurs clients.
25:19 Entre les clients, les marques, entre nous et les marques également,
25:23 puisqu'on a besoin de comprendre leur ADN.
25:25 C'est vraiment un métier qui est peu connu,
25:28 qui est peu valorisé à mon avis.
25:29 Personne ne rêve d'aller bosser dans le packaging dans ma génération.
25:32 Mais en fait, c'est un métier qui sert l'industrie du luxe,
25:36 qui est extrêmement créatif.
25:37 Il y a énormément de problématiques logistiques,
25:40 organisationnelles, opérationnelles,
25:42 qui sont passionnantes dans la période qu'on vit actuellement.
25:45 Des rencontres commerciales, des rencontres avec les équipes.
25:47 Tout le monde travaille en équipe projet.
25:49 On a besoin d'avoir un commercial qui travaille avec un développeur de produits,
25:53 avec les usines.
25:54 Donc, c'est vraiment toujours le fruit de la rencontre.
25:56 Et cette créativité, elle est fantastique dans cette entreprise.
25:59 Et pour conclure, peut-être, c'est quoi la valeur
26:00 que tu as envie de transmettre dans cette entreprise,
26:03 dans cette nouvelle dynamique ?
26:04 Est-ce que c'est, encore une fois, cette idée de rencontre ?
26:06 Est-ce que c'est cette idée de progrès ?
26:09 Qu'est-ce que tu vas insuffler de toi ?
26:11 Ça fait déjà quasiment deux ans que j'y suis.
26:14 D'accord.
26:15 J'essaye d'insuffler un maximum d'idées différentes.
26:20 Évidemment, on avait leur travail,
26:21 mais ils n'avaient pas besoin de moi pour l'avoir.
26:23 On a des équipes qui donnent énormément d'eux-mêmes.
26:26 Je pense que le vrai point, c'est la rencontre encore.
26:29 Et comment travailler davantage en équipe
26:32 pour que chaque petite sous-équipe dans l'équipe
26:35 soit en fait comme une équipe d'entrepreneurs
26:37 qui va développer son projet ensemble
26:38 plutôt qu'un commercial qui va passer une commande en interne
26:42 à un designer ou à celui qui va suivre la production.
26:45 C'est-à-dire, on est une équipe, on suit le projet ensemble,
26:47 il n'y a pas de patron de l'un ou de l'autre.
26:49 Et on va essayer de développer ce projet ensemble
26:51 pour gagner l'appel d'offres
26:53 et puis ensuite développer le projet au mieux tous ensemble.
26:56 Et ce travail, j'ai lancé un concept,
26:59 je suis capable de l'appeler le One Team,
27:01 qui est comment les gens vont travailler ensemble
27:02 dans cette structure avec les mêmes objectifs financiers de prime
27:06 et que tout le monde soit aligné sur les objectifs
27:09 pour que tout le monde ait la même envie de participer au projet.
27:12 Donc, il y a encore une fois cette idée du collectif
27:15 qui est extrêmement importante pour toi.
27:19 Et pour toutes les équipes,
27:20 je pense que c'est quelque chose que tout le monde voulait,
27:22 mais parfois, il manque juste le tout petit dernier millimètre.
27:25 Et chez Cosfibel, c'est une entreprise qui allait extrêmement bien.
27:28 Moi, je suis arrivée pour essayer de la moderniser,
27:31 de redynamiser un peu cette filière
27:33 qui est encore une fois pas la filière la plus à la mode aujourd'hui
27:36 et de transformer.
27:36 C'est pour ça qu'Alain m'avait recrutée.
27:38 Ce n'était pas pour mon expertise de secteur.
27:40 Je n'avais jamais entendu parler de packaging avant d'arriver ici.
27:43 C'était pour ce nouvel œil, cette volonté transformée de moderniser
27:47 et puis de faire en sorte en effet que ce collectif se mette en mouvement
27:51 pour créer encore plus de valeur
27:53 et pour booster encore plus la créativité de nos équipes.
27:56 Et les résultats sont là.
27:57 C'est dingue de voir qu'une entreprise comme celle-ci,
27:58 qui est Essen, continue à avoir des rythmes de croissance fantastiques.
28:02 On a fait 25% de croissance l'année dernière.
28:04 On est dépassé des 100 millions de chiffres d'affaires.
28:06 Il y a encore en France des PME qui ont ce dynamisme
28:11 et qui sont en pleine transformation
28:12 et qui sont des beaux challenges pour toutes les jeunes générations
28:16 qui voudraient nous rejoindre.
28:17 Merci beaucoup Marie.
28:18 C'est une interview extrêmement inspirante pour nous.
28:21 Cette idée de rencontre,
28:23 cette idée de savoir dire qu'on ne sait pas
28:25 est extrêmement inspirante pour nous.
28:27 Merci et à bientôt.
28:29 À très bientôt.
28:30 [Musique]