• l’année dernière
Midi actu avec Olivier Da Lage, Chercheur-associé à l’IRIS.

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##MIDI_ACTU-2023-07-12##

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Transcription
00:00 - Sud Radio Parlons Vrai chez Bourdin, 10h30, midi 30. Jean-Jacques Bourdin.
00:06 - Olivier Dalhage, merci d'être avec nous, bonjour.
00:08 - Bonjour.
00:09 - Merci, vous êtes chercheur associé à l'Iris, nous allons parler de l'Inde, ce pays méconnu par les Français,
00:14 ce pays un peu fantasmé, ce pays, je le disais, d'un milliard 407 millions d'habitants
00:21 qui est en pleine expansion démographique qui va dépasser la Chine.
00:25 - On dit même que c'est déjà fait.
00:27 - On dit même que c'est déjà fait, c'est un pays majeur, je disais, cinquième puissance mondiale, c'est cela,
00:32 puissance nucléaire, rappelons-le.
00:34 - Depuis longtemps.
00:35 - Depuis longtemps.
00:36 Troisième pays émetteur de gaz à effet de serre, on en parle beaucoup,
00:42 avec un Premier ministre Narendra Modi, qui a l'air de s'entendre fort bien avec Emmanuel Macron.
00:50 Qui est cet homme, Narendra Modi ?
00:52 - Narendra Modi est d'origine modeste, il est de la région du Goujrat, c'est un pays fédéral l'Inde.
01:00 Et il a fait toute sa carrière à l'intérieur d'une organisation militante religieuse hindoue,
01:07 qui est un peu la matrice idéologique du BJP, le parti nationaliste hindoue,
01:11 qui est aujourd'hui au pouvoir avec Narendra Modi à sa tête.
01:14 Et il a dirigé l'état du Goujrat pendant une dizaine d'années.
01:18 Et pendant cette période-là, à tout début, il y a eu des tensions entre musulmans et hindous,
01:23 qui se sont traduites par ce qu'on a appelé des pogroms, des massacres,
01:27 qui ont fait près d'un millier de morts chez les musulmans et quelques centaines d'hindous.
01:32 Et c'est une tâche dans la carrière de Modi, qui a été interdite de visa aux Etats-Unis pendant une dizaine d'années,
01:37 et qui a été également tenue à bout de bras par les pays européens.
01:40 Ça a changé quand les sondages ont montré qu'il risquait de devenir Premier ministre.
01:44 Mais effectivement, son parti a été élu majoritairement en 2014.
01:49 - Aujourd'hui, on lui accorde, les Américains comme les Européens, une sorte de visa humanitaire, si j'ai bien compris.
01:54 - Humanitaire, je ne sais pas.
01:56 - Aujourd'hui, on a oublié ce passé. Est-ce que la répression se poursuit ?
02:00 Il y a 195 millions de musulmans en Inde, à peu près, c'est ça ?
02:04 - Peut-être même plus de 200 millions.
02:07 - Est-ce que la répression se poursuit ?
02:09 - Ce qu'on sait moins, c'est que l'Inde va être le premier pays musulman du monde,
02:12 aux alentours de 2050, devant l'Indonésie.
02:15 Mais ce seront toujours des gens en situation de minorité.
02:18 - De minorité au sein de l'Inde ?
02:20 - Voilà, 15% environ.
02:22 Répression, ce n'est pas le mot.
02:24 C'est-à-dire que l'esprit dominant, c'est que les musulmans doivent rester à leur place.
02:30 Et ceux qui ne se font pas remarquer peuvent passer à travers les gouttes.
02:34 Et de temps en temps, il arrive un mauvais sort à ceux qui passent sur le chemin de nationalistes hindous.
02:40 - Alors, Narendra Modi, hindou, nationaliste, régime autoritaire ou pas ?
02:46 - Alors, l'Inde dit que c'est la plus grande démocratie du monde, sur le plan numérique c'est indiscutable.
02:52 C'est une démocratie en ce sens qu'il y a des élections qui se tiennent à date fixe.
02:57 - Et élections libres.
02:59 - Et des élections libres où le parti au pouvoir peut perdre les élections.
03:02 Par exemple, ça vient d'arriver dans l'état du Karnataka, le BIJP vient de perdre,
03:06 il a même pris une claque magistrale aux élections et c'est le parti du Congrès qui est revenu au pouvoir.
03:10 Cela étant, Modi et ses partisans contrôlent l'essentiel des médias en Inde,
03:17 la police fait du zèle, la justice représente quelquefois un contre-pouvoir mais pas toujours loin de là,
03:25 et c'est ce qu'on appelle le majoritarisme, c'est-à-dire que grosso modo,
03:30 les gens appartenant à la religion majoritaire considèrent que les autres n'ont qu'à suivre.
03:35 - Mais comment tient alors ce pays ?
03:38 Comment est maintenu ce pays, comment l'unité du pays est maintenue ?
03:45 Compte tenu de ce fédéralisme, de cette masse de population, de ce territoire très vaste, comment ce pays est...
03:54 - C'est un pays fédéral, c'est-à-dire qu'il y a des gouvernements d'État,
03:58 et en gros, une moitié des États indiens sont tenus par le BJP et l'autre moitié par d'autres partis.
04:05 Et une bonne partie de la vie de tous les jours est régie au niveau des États,
04:10 même s'il y a une tendance centralisatrice qui est très forte actuellement avec Narendra Modi,
04:14 comme elle l'a été autrefois du temps d'Indira Gandhi qui avait décrété l'état d'urgence.
04:18 - Oui, je me souviens, bien sûr, je me souviens.
04:21 Alors, défilé militaire auquel va assister Narendra Modi, participeront des fantassins indiens,
04:28 trois rafales de l'armée de l'air indienne, je l'ai dit, une grande compréhension mutuelle entre l'Inde et la France.
04:40 On s'attend à des achats de rafales, je crois ?
04:43 - Alors, il y a des contrats qui sont sur la table, il est vraisemblable, on verra bien ça,
04:48 qu'ils seront annoncés pendant la visite, ce qui ne veut pas dire que tout sera signé,
04:52 il y aura encore des détails.
04:54 Ça porte sur 26 rafales M, maritimes, pour équiper le porte-avions Vikrant,
04:59 qui est un porte-avions construit par l'Inde elle-même.
05:02 Et puis, on poursuivra le contrat de fabrication des sous-marins Scorpène,
05:08 qui sont faits dans les chantiers navals de Bombay.
05:12 Il y en aurait trois en plus, des six qui sont déjà terminés ou en voient de l'être.
05:16 Et on parle également d'un transfert de technologies important avec la fabrication de moteurs d'avions Safran,
05:22 mais ça reste encore à préciser.
05:25 - A préciser, bien.
05:26 L'idée, pour Emmanuel Macron, sur le terrain géopolitique, c'est de s'ouvrir vers le Sud.
05:31 C'est-à-dire, le Sud, c'est l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud.
05:35 C'est de retisser ou de tisser des liens supplémentaires avec ces pays-là,
05:39 des pays dits "non-alignés".
05:42 - Alors, l'Inde est techniquement encore membre du mouvement des non-alignés,
05:46 mais le mouvement des non-alignés, ça n'est plus grand-chose.
05:48 Aujourd'hui, le discours qu'on entend en Inde, c'est le multi-alignement.
05:52 Ce qui, grosso modo, revient à dire qu'on se met d'accord avec un groupe de pays
05:56 ou un pays déterminé en fonction des intérêts à un moment donné.
05:59 C'est de l'opportunisme pur et simple,
06:01 mais c'est ce que peut se permettre une puissance qui, aujourd'hui, est respectée
06:04 et qui compte sur la planète.
06:06 Et l'Inde a un désir majeur, qui est d'être reconnue à la hauteur de ce qu'elle estime représenter.
06:11 - On n'a pas l'impression que l'Inde est reconnue, estimée, comme la Chine ?
06:16 - Déjà, elle n'est pas membre permanent du Conseil de sécurité.
06:19 C'est une très vieille revendication des Indiens.
06:21 Les membres permanents, les cinq, n'étaient pas très chauds pour ouvrir le cercle.
06:26 Et puis, depuis une quinzaine, vingtaine d'années,
06:30 les Français, les Russes, les Anglais, les Américains...
06:33 - Sont favorables à l'entrée de l'Inde dans le Conseil de sécurité ?
06:36 - C'est ce qu'ils disent, mais ce qui aide, c'est de savoir que la Chine va continuer de s'y opposer.
06:40 - Oui.
06:41 - Donc, autant ne pas se faire mal voir d'une puissance qui est en ascension,
06:45 qui représente un marché important et qui compte.
06:47 - L'idée pour la France aussi, pour Emmanuel Macron, c'est de contenir l'expansionnisme chinois,
06:53 en retissant des liens étroits avec l'Inde.
06:56 - Non.
06:57 - C'est surtout comme ça qu'on voit les choses à Washington,
07:01 où d'ailleurs, Modi vient de faire une visite extrêmement réussie à fin juin.
07:05 Emmanuel Macron, sur la Chine, a eu des positions qui étaient un petit peu entre les deux,
07:11 et finalement pas tellement éloignées que ça de la position indienne,
07:14 parce que les Indiens ont leurs problèmes avec les Chinois,
07:17 qui occupent une partie de leur territoire dans l'Himalaya,
07:19 mais c'est leur principal partenaire commercial,
07:22 mais ils coopèrent au sein des BRICS, ces pays du Sud qui contestent l'ordre mondial dirigé par les Occidentaux,
07:27 donc c'est beaucoup plus complexe que... c'est pas binaire du tout, quoi.
07:30 - Oui, les relations entre l'Inde et la Chine sont...
07:33 - Oui, elles sont un peu fraîches en ce moment.
07:34 - Elles sont un peu fraîches en ce moment à cause de ce qui se passe sur l'Himalaya,
07:37 mais les relations ne sont pas rompues.
07:39 - Oui, et puis il s'agit aussi pour la France de contrer l'influence américaine dans la région Indo-Pacifique.
07:45 - Disons que la France et l'Inde ont un besoin mutuel de reconnaissance internationale.
07:50 - Oui.
07:51 - La France aime bien être considérée comme le troisième grand vers qui on se tourne
07:55 quand on n'est pas totalement satisfait des deux autres.
07:58 On a vu ça au Moyen-Orient, on voit ça avec l'Inde,
08:00 et c'est vrai que la France et l'Inde partagent une conception qu'ils baptisent "l'autonomie stratégique"
08:06 qui consiste à ne pas s'aligner entièrement sur une des grandes puissances.
08:10 - Après, l'Inde, parlons de ce pays quand même pour terminer,
08:14 parce que j'entends, lorsqu'on parle de l'Inde, j'entends beaucoup,
08:18 beaucoup de personnes dire "c'est un pays dangereux, je n'irai pas,
08:22 j'aurais peur d'y aller, c'est un pays dangereux".
08:24 Non, pas plus qu'un autre, c'est des généralités, ce sont des généralités, ça.
08:28 - Il y a des accidents de la route en grand nombre,
08:31 il y a très ponctuellement des émeutes intercommunautaires qui peuvent faire des victimes.
08:37 Si vous parliez il n'y a pas très longtemps de ce qui s'est passé en France ces derniers jours,
08:41 vu de l'étranger, c'est terrible.
08:43 Donc il y a un effet grossissant, plus on est loin, plus on a l'impression que c'est terrible.
08:46 Et puis, il y a eu quand même un certain nombre de problèmes liés aux viols,
08:51 aux agressions sexuelles contre des femmes.
08:54 Donc on n'est pas imprudent, ce n'est pas un pays plus dangereux qu'un autre.
08:58 - Ce n'est pas un pays plus dangereux qu'un autre.
09:00 C'est un pays qui, par ailleurs, est magnifique, vous le connaissez.
09:05 - C'est plusieurs pays en fait.
09:07 - C'est plusieurs pays, évidemment, évidemment.
09:09 Chaque, évidemment, c'est plusieurs pays.
09:12 Mais le contraste entre "c'est un pays à la fois très pauvre et très riche"
09:18 - C'est un pays riche où il y a beaucoup de pauvres.
09:20 - C'est un pays riche où il y a beaucoup de pauvres.
09:22 - Mais aussi des riches qui sont très très très riches.
09:25 Je veux dire, certains des premiers milliardaires sur la planète sont indiens.
09:29 - Oui, oui.
09:31 Et c'est un pays très développé dans certains domaines, et notamment tout ce qui est numérique.
09:36 - Numérique, médecine, industrie pharmaceutique,
09:41 sur l'agriculture ils ont également une technologie assez poussée.
09:45 Voilà, après, le principal problème économique de l'Inde
09:49 est le manque de formation d'une grande partie de la population
09:52 et le fait que le contrôle de qualité est très loin d'être homogène.
09:55 - C'est-à-dire ?
09:57 - C'est-à-dire que le premier contrat d'Erafat l'est tombé pour ça.
10:02 C'est-à-dire qu'il voulait que Dassault garantisse la qualité de la production
10:06 alors même que c'était fait sous le contrôle d'ingénieurs indiens.
10:09 Donc certains sont excellents et d'autres moins bons.
10:11 Il n'y a pas d'uniformisation de la qualité.
10:13 Ça c'est un vrai problème pour l'industrie indienne.
10:16 - Oui, un vrai problème avec l'industrie...
10:19 C'est un pays en pleine expansion quand même économique.
10:22 - Actuellement le PIB croît d'environ 6% par an.
10:26 - 6% par an, oui.
10:27 - Et la population a beaucoup...
10:29 Enfin, le taux de croissance de la population est maintenant
10:31 juste au niveau du renouvellement.
10:33 - Ah ! Mais pourquoi ça ?
10:36 Parce que la société évolue ?
10:37 - Exactement.
10:38 - Exactement, parce que là...
10:40 - Ils ont fait leur transition démographique.
10:42 - Oui.
10:43 - Est-ce qu'aujourd'hui, l'Indien moyen vit mieux qu'il y a 10 ou 20 ans ?
10:49 Il y a une vraie...
10:51 - C'était nettement vrai avant le Covid.
10:53 La crise du Covid a replongé dans la pauvreté quand même
10:56 beaucoup, beaucoup de gens.
10:57 C'est en train de revenir.
10:59 Et puis ce qu'il faut dire aussi, c'est que c'est un pays jeune.
11:02 Mais c'est un pays jeune qui va vieillir.
11:05 Et donc un problème qui se situe à quelques dizaines d'années de maintenant
11:09 mais qu'il devrait commencer à prendre en compte...
11:10 - Comme la Chine ?
11:11 - Voilà.
11:12 - C'est le même parcours démographique que la Chine.
11:15 - Oui, sauf qu'en Chine, il y a quand même une partie plus grande de la population
11:18 qui est couverte par la Sécurité Sociale ou l'équivalent.
11:20 - Pas en Inde ?
11:21 - En Inde, la Sécurité Sociale est assez embryonnaire
11:24 et réservée aux employés des grandes compagnies et de l'administration.
11:28 Donc la Sécurité Sociale, c'est la famille, c'est le village, c'est les amis.
11:32 Et donc dans 40-50 ans, quand il faudra...
11:36 - Il n'y a aucune protection sociale.
11:37 C'est un pays... pratiquement.
11:39 - Encore une fois, quand on est fonctionnaire, militaire,
11:43 on a une pension, qui n'est pas très élevée, mais on en a une.
11:47 Mais le reste de la population, il y a un secteur informel très important
11:49 et pour eux, il n'y a évidemment pas de Sécurité Sociale.
11:51 - Oui, un secteur informel, c'est-à-dire la débrouille.
11:54 - Oui, ou les marchands dans la rue...
11:56 - Les marchands dans la rue, oui.
11:58 Évidemment.
11:59 Bien, merci beaucoup Olivier Dalhach.
12:01 - Je t'en prie.
12:02 - Merci parce que ça nous permet de découvrir un peu plus ce pays mystérieux.
12:06 Où est-ce qu'on en est avec le Pakistan ?
12:09 - Les relations ne sont pas bonnes.
12:11 - Les relations ne sont toujours aussi mauvaises.
12:12 - Elles sont fraîches.
12:13 Alors, il y a des hauts, il y a des bas.
12:15 C'est plutôt un petit peu plus haut que le bas, mais c'est quand même pas très chaleureux.
12:19 - C'est pas très chaleureux.
12:20 Deux puissances nucléaires, j'aimerais le rappeler.
12:22 - Qui se sont fait une petite guerre, alors qu'ils étaient tous les deux nucléaires en 99,
12:26 mais ils n'ont pas utilisé la bombe.
12:28 - Ils n'ont pas utilisé, oui.
12:29 Non mais c'est intéressant avec ce qu'il se passe entre l'Ukraine et la Russie.
12:32 Non mais c'est très intéressant.
12:33 C'est vrai qu'ils se sont fait la petite guerre, mais aucun n'a utilisé l'arme nucléaire.
12:38 Merci, merci beaucoup.
12:39 Merci à vous d'être venu nous voir.
12:41 Passionnant.
12:42 12h26, vous êtes sur Sud Radio.
12:44 C'est Philippe David que vous retrouvez.

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