"Vision commune" de Macron et Modi : l'Inde invitée d'honneur du 14 juillet

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00:00 sur France 24, notre invité Vin Vijay Singh, bonjour, c'est bien cela, vous êtes journaliste,
00:05 historien, auteur et réalisateur. Que vous inspire cette visite, cet accueil en grande
00:12 pompe de la France à l'arène Ramody, est-ce que l'intérêt économique balaye tout ?
00:16 Écoutez, tout d'abord, ce n'est pas la première visite de M. Modi à Paris, c'est la cinquième
00:22 visite je pense. Et je me demande si jamais un premier ministre indien a été reçu…
00:26 Quatrième visite.
00:27 Quatrième visite, excusez-moi, merci pour me corriger. Parce que j'étais à Elysée
00:32 une fois pour sa première visite où il a acheté 26 Rafales. Alors, ce que je voulais
00:37 dire d'abord, première visite, c'est évidemment, cette visite, c'est après cette première
00:43 visite, c'est la visite pour acheter des Rafales, mais avec une précision que je n'ai
00:47 pas entendue dans ce que vous venez de passer, ce ne sont pas des Rafales-Rafales, ce sont
00:52 des Rafales-Marités. Parce que l'Inde a deux aircraft carriers, des porte-avions,
00:58 et qui étaient équipés des avions MiG-29 qui sont maintenant obsolètes. Tous les jours,
01:05 on lit dans la presse indienne qu'il y a un qui s'est écrasé quelque part. Donc,
01:10 pour remplacer ce flit des avions, ils avaient besoin des Rafales. Des fois, je me pose
01:19 la question après la guerre, s'il n'y avait pas de guerre, ou la peur de la guerre
01:24 partout dans le monde, qu'est-ce que sera l'état de l'économie occidentale ? Tous
01:29 ces larvements, tout ça. Donc, cette visite s'inscrit aussi dans ce cadre transactionnel,
01:36 commercial, ou industriel-commercial, parce qu'il y a aussi une partie. Donc, tout d'abord,
01:42 je dis 26 avions Rafales-Marités, 3 sous-marins. L'Inde en a déjà, je pense, 11. Et ils
01:50 ont envie de renouveler. Il y a des sous-marins qui sont fatigués, tout ça. Donc, ils vont
01:55 renouveler ça. Et le troisième, qui est le plus important, on n'en parle pas beaucoup,
01:59 et il vient déjà de décider avec Boeing aux États-Unis, c'est un twin engine, comme
02:05 on dit un moteur double, pour des fighter aircrafts, pour des avions combat, que l'Inde
02:12 a envie de développer en Inde. Vous savez, depuis l'époque coloniale, depuis Mahatma
02:17 Gandhi, on parle de Swadeshi, de self-reliance, comme on dit autodépendance. Que on produit
02:25 les choses, que, comme on dit, ça continue en fait. Le "made in India" qui prend de
02:30 l'ampleur. Oui, "make in India". C'est la différence. C'est que pas "made in India",
02:35 vient ici construire en Inde. Vient ici construire en Inde. Donc, on envoie des éléments pour
02:40 qu'ils soient assemblés. Voilà, transfert de technologie, tout ça, c'est un peu de
02:44 troc pour avoir remplacé la Russie. Parce que la Russie, quand ils donnaient des MIG
02:49 et d'autres choses avant, ils donnaient aussi une technologie de transfert. Mais l'Inde
02:54 reste quand même très dépendante de la Russie. Oui, mais vous savez, bien sûr, parce
02:59 que une fois vous avez le transfert de technologie, vous produisez ces avions, vous produisez
03:06 des camions et des "armored vehicles" et tout, blindés. Vous pouvez pas arrêter de
03:11 jouer à l'ennemi. Il faut trouver d'autres partenaires. Et maintenant, ils trouvent d'autres
03:16 partenaires parce que l'Inde, comme on dit en anglais, "coming of age", s'est émergé,
03:22 est un, comme on dit, un beau garçon maintenant, jeune, sur la scène mondiale. Et ils cherchent
03:28 maintenant d'autres partenaires comme l'Occident. Et ça range, par exemple, la France et l'Inde
03:35 parce que les deux voulaient un monde un peu multipolaire. Donc c'est pourquoi on l'appelle
03:42 un dialogue stratégique. Quatrième visite de Narendra Modi à Paris, sauf que cette
03:47 fois, il sera l'invité d'honneur sur les Champs-Elysées. C'est le défilé national
03:52 de la France. On y célèbre les soldats qui sont engagés sur le front. On y célèbre
03:58 la démocratie, les droits de l'homme. Et on l'entendait dans le sujet d'Antoine
04:03 Modi. Ce sujet, il agite quand même beaucoup de peur en Inde, notamment contre les minorités
04:11 religieuses et notamment contre les musulmans qui représentent, je crois, 15% de la population
04:16 en Inde. C'est une réalité aujourd'hui sous Narendra Modi ?
04:20 Oui, si on parle avec des journalistes, des confrères indiens, il y a des gens, des journalistes
04:28 anti-Modi. Même si on parle des gens qui sont plus ou moins soit neutres, soit même
04:33 pro-Modi, ils disent que l'espace de discours, l'expression, liberté d'expression, ça
04:38 se réduit. C'est vrai. Et aussi sur les, pas seulement les musulmans, sur les minorités,
04:46 je pense que c'est plus que ça.
04:47 Les minorités religieuses ?
04:48 Religieuses, évidemment. Quand on dit d'Islam, le musulman c'est l'Islam. Il y a eu des
04:55 cas aussi contre les chrétiens. Mais ce que j'essaie de dire, c'est pas seulement ça.
05:00 Mais l'idée, c'est qu'il y a une ambiance de peur qui s'installe en Inde. Et je ne
05:06 sais pas si M. Modi lui-même a besoin de ça, parce que lui, c'est le grand champion
05:11 de développement économique indien. Et la peur n'a servi à aucun développement du
05:15 monde. Alors je ne sais pas si...
05:17 Elle n'est pas impulsée, cette peur, par le BJP au pouvoir ?
05:21 Bien sûr, par une espèce de majoritarianisme. C'est que la majorité, vous savez, toute
05:28 démocratie est basée sur une certaine grâce, sur une certaine confiance qu'on donne à
05:36 la personne qui est élue, que dans les paramètres prescrits par la Constitution, vous allez
05:41 faire des choses. Alors dans chaque Constitution, il y a des loopholes, il y a des petits trous
05:47 qu'on peut manipuler, par exemple en France 49.3. On peut les utiliser pour passer...
05:53 Ça reste dans la Constitution.
05:55 Ça reste dans la Constitution, mais ça...
05:57 Sauf que là, la répression contre les musulmans, ce n'est pas constitutionnel.
06:01 Non, il y a beaucoup de choses qui ne sont pas constitutionnelles. Mais ce que j'essaie
06:05 de dire, c'est que le BJP est en train de pousser la Constitution à ses limites. Et
06:11 des fois, il dépasse. Et c'est pourquoi le Cours suprême de l'Inde a dû intervenir
06:15 sur plusieurs niveaux pour redresser un peu le gouvernement.
06:18 Donc il reste des garde-fous en Inde pour...
06:21 Heureusement.
06:22 Pour que les règles soient respectées.
06:24 Heureusement. Et puis aussi dernièrement, même je pense que le parti du BJP, malgré
06:31 l'intervention de M. Modi, a eu des revers électoraux, comme dans le sud de l'Inde
06:36 ou Karnataka. Mais il reste quand même très populaire.
06:40 Il reste très populaire. Comment est-ce que c'est possible ? Est-ce qu'on peut dire merci
06:44 à la propagande ou est-ce que ça tient à la personnalité du Premier ministre ?
06:47 Je pense qu'il est populaire, c'est un bon orateur. Il a un connect avec l'homme ordinaire.
06:54 Parce que Congrès était associé avec une espèce d'élite un peu occidentale. Tandis
07:01 que le BJP est associé avec, et surtout l'image de M. Modi, est associée avec un homme ordinaire
07:09 qui parle le hindi, qui a un body language qui est très indien. Je pense qu'il a contribué
07:14 beaucoup. C'est pourquoi il est le lanceur, le forerunner, précurseur de toutes les campagnes
07:25 électorales pour son parti. Il n'y a personne comme lui dans son parti.
07:29 Il n'y a personne en face non plus dans l'opposition pour peser face à ça ?
07:32 Voilà, absolument, ce que vous dites. Ça c'est aussi dommage. Mais vous avez parlé
07:38 des soldats indiens, je voudrais quand même…
07:40 Voilà, les soldats indiens qui seront, je crois, quelques 200 demain à défiler sur
07:47 les Champs-Elysées.
07:48 Oui, 700 ou je ne sais pas. Mais je pense que ce qui est important, personne ne le sait
07:51 ici, j'ai eu le plaisir de faire un film, "Adieu mon soldat indien" dessus. Il y
07:57 a 140 000 soldats qui étaient venus en France pour défendre la France, en première ligne,
08:02 dès le début de la guerre, dont 7 100 morts. Personne ne connaît cette histoire. Chaque
08:07 fois que je montre le film, les gens disent "il faut que ça soit dans les coursus de
08:11 lycée et tout". Mais une fois le film passé, on en oublie. Il ne faut pas oublier ça.
08:15 Et ça permettrait d'en parler. "Adieu nos soldats indiens", c'est le documentaire
08:19 fiction que vous aviez réalisé.
08:20 Docufiction.
08:21 Docufiction que vous aviez réalisé. Merci en tout cas pour votre commentaire sur France

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