Comment se fait aujourd’hui le métier de paparazzi ?

Sud Radio

Avec Pascal Rostaing, paparazzi.  Retrouvez Sud Radio Midi avec Christine Bouillot du lundi au vendredi de 12h à 13h30 sur #SudRadio.  --- Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry   ———————————————————————  ▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts   Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/   ———————————————————————   Nous suivre sur les réseaux sociaux   ▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel  ▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/  ▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio  ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr  ———————————————————————  ☀️ Et pour plus de vidéos de Sud Radio Midi : https://www.youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDS97jomVVeutacM1Xh3nuS8  ##LE_FACE_A_FACE-2023-07-17##

Transcript

00:00 13h08, c'est l'heure d'accueillir notre invité du jour en direct sur Sud Radio.

00:04 Rien n'échappe à son objectif depuis maintenant 40 ans, du peuple Jean-Paul II en passant

00:09 par les présidents français ou étrangers d'ailleurs, les rock stars ou les royals,

00:14 Pascal Rostin, photographe pour Paris Match, paparazzi et directeur d'agence.

00:18 C'est notre invité, bonjour Pascal Rostin !

00:20 Bonjour Stéphanie !

00:21 Bon, ça tombe bien, c'est la haute saison pour vous !

00:23 Ah là c'est vraiment, je suis venu spécialement pour Sud Radio, sinon je serais sur les plages

00:27 de Saint-Tropez, sur un arbre, sur un toit, dans un hélicoptère, sur un yacht, sur un

00:32 zodiac, sur un pédalo, mais certainement pas à la radio.

00:36 Bon, on vous emprunte 20 minutes et vous pourrez retourner à vos activités.

00:39 Un petit mot évidemment, tout d'abord sur Jane Birkin, est-ce que vous avez eu l'occasion

00:44 de la photographier ?

00:45 Je l'ai croisée parce que j'étais très copain avec Serge Gainsbourg et je faisais

00:50 beaucoup de photos avec Serge, j'ai eu une période de ma vie où on s'est bien marrés

00:53 tous les deux, et en fait il m'appelait à 3h du matin, alors qu'il n'était plus avec

00:58 elle depuis déjà pas mal de temps, et il me dit "elle est où Jane, elle est où ?"

01:02 Il est resté amoureux de, ça a été vraiment l'amour de sa vie.

01:05 On connaît ces histoires avec Catherine Deneuve, avec Brigitte Bardot, mais l'amour de sa

01:09 vie ça a vraiment été Jane Birkin.

01:11 Et il pleurait, il était, mais c'était incroyable, au milieu de la nuit il t'appelait

01:16 pour te demander "où est Jane, où est Jane ?"

01:18 Oui parce qu'il fallait que c'est elle qui l'a quittée, on ne pouvait pas.

01:21 Il n'était pas facile le garçon non plus, il fallait une certaine constance et abnégation.

01:30 Bravo, merci pour la délective.

01:33 Oui, elle le traitait d'égoïste, que Gainsbourg était devenu Gainsbard et que ce n'était

01:38 plus possible.

01:39 Oui, mais c'est vrai que le matin au petit déjeuner, il demandait à Fulbert, Fulbert

01:42 c'était son maître d'hôtel, "Fulbert mon petit déj'", enfin le petit déj'

01:46 à 14h, c'était un sang d'oeuf, c'était un double Ricard.

01:50 Les gens ont souvent imaginé qu'il faisait de temps en temps semblant d'être bourré,

01:55 il ne le faisait pas, il était bourré toute la journée.

01:57 Du matin au soir.

01:59 Et donc ce couple mythique, ce n'est pas une légende dans la vraie vie.

02:04 Il va rester, et ça c'est bien pour les numéros de la presse qui vont lui rendre

02:09 hommage, des photos mythiques et magiques de Gainsbourg et de Jane Birkin, à l'époque

02:14 où justement les stars étaient super accessibles, posaient avec leurs enfants, posaient dans

02:20 leur maison, c'était beaucoup moins...

02:23 Aujourd'hui tout est tellement... est devenu vraiment...

02:27 Oui, plat.

02:29 Les temps ont beaucoup changé, j'imagine plus de 40 ans que vous faites ce métier,

02:34 ça doit être une révolution absolue.

02:36 Non seulement les temps ont changé, mais les célébrités, les stars aussi ont changé.

02:40 C'est-à-dire que nous on a eu la chance de commencer dans les années 70, on était très

02:44 peu de paparazzi, on était une cinquantaine sur la planète, on se connaissait tous, sauf

02:47 en Italie où ils étaient 60 millions, mais ça c'est différent, c'était dans leur ADN.

02:51 Mais les gens qu'on photographiait s'appelaient Grasse Kelly, Brigitte Bardot, Romy Schneider,

02:57 Richard Burton, Lee Steller, c'était d'une élégance folle, et nous étions élégants.

03:02 C'est-à-dire que c'était pas...

03:03 Paparazzi on n'était pas cachés, on était devant les restaurants, devant les maisons,

03:06 ils sortaient, ils posaient pour nous.

03:08 Et c'est vrai qu'aujourd'hui n'importe quel...

03:10 N'importe quelle petite starlette qui fait une émission de télé-réalité qui a un

03:14 QI de seule manière devient une célébrité.

03:16 Donc c'est vrai que le métier a changé, les célébrités aussi, et surtout, surtout

03:20 ce qui a changé, c'est l'apparition de ces téléphones qui font des photos, des vidéos.

03:24 - Chaque type qui a un smartphone et votre concurrent ont finalement fait ce qu'ils ont.

03:28 - Aujourd'hui il y a des milliards de paparazzi potentiels, et puis surtout les stars qui

03:33 ont compris aussi qu'ils peuvent gérer leur image sur les réseaux sociaux.

03:36 C'est-à-dire que vous savez tous les matins ce que Barack Obama ou Mick Jagger ont pris

03:40 au petit-déjeuner.

03:41 Donc évidemment ça ne simplifie pas le métier, mais ça le rend aussi intéressant, parce

03:47 que pour sortir des vraies, vraies scoops, c'est assez excitant.

03:51 - Il y a quand même un savoir-faire, dites-nous, parce qu'il y a quand même des qualités,

03:54 c'est une enquête, non ?

03:55 - Des qualités, ouais, il faut être très, très patient.

03:59 C'est-à-dire que de passer des semaines, des mois dans une voiture à regarder une porte,

04:05 il faut avoir soit un grand vide sidéral entre les oreilles, ou au contraire une richesse,

04:10 je ne sais pas.

04:11 - Alors c'est quoi vous ?

04:12 - Moi c'est la première.

04:13 Je peux regarder une porte pendant trois mois, mais le problème c'est que quand je m'endors

04:17 après le soir, je vois encore la porte.

04:19 - C'est ça.

04:20 Alors bon, la cible 2023, c'est la saison de l'été, on aime tous avoir notre petit…

04:25 - La saison de chat c'est ouverte, et vous savez les stars et les paparazzi, c'est un

04:29 peuple assez migrateur, donc ils vont se retrouver, ce qu'on appelle les saisons, c'est-à-dire

04:33 qu'ils vont se retrouver sur les lieux de villégiature, c'est-à-dire à Saint-Tropez,

04:38 au Cap-Ferret, à Porto-Fino, à Porto-de-Cherveau, voilà, à Saint-Barthélemy un peu aussi

04:44 pour les stars américaines.

04:45 Donc en fait on ne peut pas annoncer à l'avance ce qui va se passer ni ce qu'on va faire.

04:51 - Mais vous avez quand même des cibles privilégiées.

04:54 - Ce dont on est sûr, c'est que la presse est intéressée toujours de plus en plus.

04:58 Les nouvelles stars aujourd'hui, c'est les politiques, donc on aura les vacances d'Emmanuel

05:03 Macron et de Brigitte Macron, Emmanuel Macron sur son jet-ski, on aura évidemment encore

05:08 le couple Sarkozy-Carla Bruni au Cap-Nègre.

05:11 - Ça plaît plus que, je sais pas, les Royals ou Mariah Carey ?

05:16 - En France, c'est assez compliqué, c'est-à-dire que ce qui intéresse vraiment les lectrices,

05:20 parce que c'est essentiellement des femmes, c'est quand même, c'est toujours la même

05:24 chose, c'est les vacances, de voir des gens dans des situations inhabituelles, c'est-à-dire

05:30 de les voir, un très très bon client, c'était le Pape, très très bon client, ça marche

05:36 très très bien le Pape.

05:37 - Alors quel Pape ?

05:38 - Tous les Papes, mais dans des situations différentes, c'est-à-dire pas habillés en

05:43 Pape, c'est-à-dire Jean-Paul II était très très bien, il allait faire des grandes marches

05:47 dans la montagne, donc c'est des photos différentes de Jean-Paul II quand il va à la piscine

05:51 de Castel Gandolfo.

05:52 C'est évidemment, ce qui intéresse le plus, ça a toujours été la famille Princière

05:59 de Monaco, la famille Royale d'Angleterre et les grosses stars américaines, ça c'est

06:03 mondial.

06:04 Après en France, on a des stars françaises, on avait évidemment Johnny Hallyday qui était

06:10 numéro 1.

06:11 - Lui aussi, vous le connaissiez pas mal d'ailleurs, il y a eu quelques petites anecdotes.

06:14 - Pascal, tu peux venir faire demain les photos de paparazzi pour faire la couverture de Le

06:19 Voici, parce que ce connard de Camus, il a pas vendu toutes les places de le concert

06:22 à Johnny.

06:23 - C'était comme ça qui vous a appelé.

06:25 - J'y vais le lendemain matin, il habitait Villa Molitor à l'époque, et il me dit "tu

06:32 viens demain matin", j'y vais à 8h, sauf que j'avais pas le curseur à Johnny, et que

06:36 lui c'était plutôt 14h, il sort avec sa Ferrari, il fonce sur les quais, il me sème.

06:39 Je dis "mais c'est pas possible", et donc je l'appelle, il me dit "écoute Pascal, tu

06:43 fais pas bien le paparazzi, moi je connais les paparazzi de Hollywood, je connais les

06:46 paparazzi de Saint-Tropez, et toi tu fais pas bien le paparazzi".

06:49 Je lui dis "mais pourquoi ?" Il me dit "je t'ai vu".

06:51 Je lui dis "ouais mais tu m'as appelé, enfin bon, bref, t'inquiète pas, je vais te retrouver".

06:56 Il me dit "ça m'étonnerait, je suis né dans le 9ème arrondissement de Paris".

06:59 Je lui dis "quel rapport ?" "Je connais les 20 arrondissements de Paris, que c'est très

07:02 grand, que tu peux pas me retrouver".

07:04 Je lui dis "Johnny, dès que t'as une nouvelle fiancée, tu l'amènes à l'Université de

07:07 Grande Armée, chez Western House, et tu la déguises en Pocahontas".

07:10 Il me dit "mais comment que tu sais qu'on est là ?" "Parce que tu viens de me le confirmer".

07:14 Et donc on a fait les photos, il a fait la couverture de Le Voici, il sortait avec une

07:17 Miss France à l'époque, Linda Hardy, non mais c'est officiel.

07:21 Et d'ailleurs je lui dis "mais tu sais pour faire la couverture de Le Voici, il faut une

07:26 nouvelle fiancée".

07:27 Et là il éclaterait, il dit "t'inquiète pas, je baisse la Miss France".

07:30 Je lui dis "ah bon, quel millésime ?" Il me dit "je dis quelle année ?" Et là il éclaterait.

07:34 - C'était une autre époque.

07:35 - Il me dit "t'inquiète pas, je n'ai pas Geneviève de Fontenay".

07:38 Et là j'entends mon Johnny qui dit "c'est quoi l'année quand tu as été la Miss France ?"

07:42 Je lui dis "c'est très élégant, tu baises la Miss France, elle est à côté de toi,

07:45 c'est formidable".

07:46 - J'espère que les jeunes oreilles sont loin du poste, mais a priori là ils sont à la

07:50 plage.

07:51 - On peut parler normal.

07:52 - Oui bon, vous savez on est en 2023 maintenant, on ne peut plus rien dire.

07:53 - Et puis on n'est pas paradis, on n'est pas non plus académicien.

07:56 - A propos des papes, mon cher Pascal Rostin, il n'y en avait pas un que vous avez un petit

08:00 peu photographé dans sa plus simple posture ?

08:03 - Ah mais ça c'était Jean-Paul II, oui c'est après son attentat, à Casselle-Gondolfo

08:07 qui est la résidence d'été des papes, qui est à 40 km au sud de Rome, qui est une

08:12 forteresse imprenable, mais on avait un toit d'immeuble qui plongeait sur la piscine.

08:16 Et on l'avait photographié en train de se baigner.

08:18 Mais quand il enlève son maillot de bain, les photos évidemment on n'a pas voulu les

08:23 diffuser parce que…

08:24 - Il était nu.

08:25 - Il était nu, voilà.

08:26 On en a fait plusieurs nus.

08:28 - Le Jacques Chirac d'ailleurs aussi.

08:29 - Chirac aussi à Fort-Brégançon, parce que quand le président de la République est

08:33 à Fort-Brégançon, il y a évidemment une interdiction de survol, sauf que dans la nuit,

08:37 il y avait un yacht qui était arrivé avec Niki Loda dans la baie à côté, et le matin

08:40 il partait en hélicoptère à Monaco.

08:43 Le bruit d'hélicoptère, parce que ça résonne dans la baie, il se lève, il se met à sa

08:49 fenêtre et il était tout nu.

08:50 Et donc on a décidé avec les… on était trois ou quatre, de ne pas diffuser les photos

08:55 du président.

08:56 Le seul qu'on ait diffusé c'était le roi Charles, à l'époque il était prince Charles.

09:01 - Il est nu aussi.

09:02 - Ouais, ouais, ouais.

09:03 Et c'était assez drôle parce que les Italiens, dans le journal Qui, alors le journal Qui,

09:08 il faut imaginer que voici et closer, à côté c'est la vie catholique, c'est la croix.

09:11 Le journal Qui c'est tous à poil.

09:13 Et donc ils avaient photographié, si vous trouvez aujourd'hui sur Ebay le numéro non

09:17 gratté, pourquoi gratter ? Parce qu'ils avaient mis la photo en couverture avec, sur

09:22 son sexe, la couronne d'Angleterre, comme les jeux à gratter, qu'il fallait gratter

09:26 pour voir apparaître le sexe royal.

09:29 - C'est incroyable.

09:30 Et je veux dire, derrière, on pouvait…

09:33 - Non, non, non, non, ça s'est plutôt bien passé.

09:38 - Il y a certaines personnalités, les familles royales attaquent rarement, les familles

09:44 princiales à Monegasque un peu plus, le président de la République n'attaque pas, donc on

09:48 peut…

09:49 - Vous pouvez y aller.

09:50 - C'est plutôt open.

09:51 - Et dites-moi, Pascal Ronstein, quelle est votre meilleure coupe professionnelle ? Le

09:55 scoop dont vous êtes le plus fier.

09:56 - Fier ? Je ne sais pas si pour lui dire une fierté, mais j'ai quand même réussi

10:00 à pénétrer le G8 pendant deux jours et deux nuits.

10:08 Et donc j'ai passé deux jours et deux nuits avec Bush, Poutine, Tony Blair, Jacques

10:13 Chirac…

10:14 - Il y a quand même quelques barrages au G8, un petit peu quand même.

10:15 - Il y a 23 barrages pour accéder à l'endroit, et le dernier, ça s'appelle Red Red Zone,

10:19 c'est le CQA de service.

10:20 - Et vous avez fait comment ?

10:21 - Moi j'ai réussi, j'ai passé de… j'ai réussi, voilà, j'étais là.

10:24 Et c'est drôle parce que je croise quelques mois plus tard à la Mamounia à Marrakech,

10:29 un grand hôtel de Marrakech, Jacques Chirac qui vient vers moi et qui me dit "Rostin,

10:33 on va se faire une petite corona, vous allez m'expliquer comment vous avez fait pour

10:41 avoir une chambre, ma fille Claude n'avait pas de chambre au G8".

10:43 Je lui dis "Monsieur le Président, c'est un secret".

10:46 Il me dit "mais comment ils ont fait pour choisir les images ?"

10:50 Je lui dis "comme vous, Monsieur le Président", ce qui était un peu insolent.

10:52 Je lui dis "il fallait me faire confiance".

10:54 Il me dit "vous faire confiance, Rostin, voilà un nouveau concept que nous ne sommes

10:58 pas encore prêts à imaginer".

10:59 Je lui dis "vous avez tort, Monsieur le Président, souvenez-vous d'une scène,

11:03 parce que c'est quoi le G8 ? C'est huit potes qui passent un week-end sans leur bonne

11:07 femme, ils parlent de quoi ? Ils parlent de femmes, de football, de bagnole, c'est

11:11 huit potes".

11:12 Et les deux clowns, c'était Benito Berlusconi et le Premier ministre japonais, Kuzomi,

11:18 c'était vraiment les deux troublions de la bande.

11:21 Et à un moment donné, Chirac explique comment on salue au Japon en fonction de l'importance

11:25 de la personne en face de qui on se trouve.

11:27 Il me dit "je me souviens très bien".

11:29 Je lui dis "oui, et souvenez-vous de ce qu'a fait Kuzomi, le Premier ministre du

11:32 Japon, pour déconner, il a mis un genou à terre devant Bush, il a dit "toi, Georges,

11:35 t'es tellement important, je devrais te saluer comme ça".

11:37 Je fais la photo, j'arrive à Paris, je développe, et là je me souviens qu'il y a un truc qui

11:40 s'appelle Hiroshima, Nagasaki, le Premier ministre du Japon à genoux devant le Président

11:45 des Etats-Unis, je pense sérieusement, et là je rigole plus du tout, que le Premier

11:49 ministre du Japon, si les images sont publiées, il se fait vraiment harailler.

11:53 Et donc je lui dis "Monsieur le Président, j'ai brûlé le négatif".

11:56 Et là il m'a dit un truc incroyable, jamais personne ne m'avait dit ça, il m'a dit "Rasta,

12:01 finalement vous êtes un gars épatant".

12:03 J'adore le mot "épatant".

12:04 - Il y en avait d'autres, François Mitterrand, dont vous dites qu'il est le plus rusé.

12:11 Il veut d'ailleurs un petit peu manipuler François Mitterrand.

12:14 - Il a essayé de nous instrumentaliser, et Mitterrand, j'avais fait une photo très sympa

12:19 de lui, une heure avant le débat avec Giscard sur lesquels il allait promener son chien,

12:25 et quelques deux trois ans plus tard, on va à Latché pour faire le Noël du Président,

12:32 et 23, 24, 25, 26, 27 décembre, pas de Président, 28 décembre, les deux super-frelons s'opposent,

12:41 il arrive et on voit Roger Hanin dans une rodéo qui le conduit, il allait vers Souston, on

12:45 savait qu'il adorait aller à la librairie, on fonce, on prend un raccourci, on arrive

12:48 avant lui, je rentre à l'intérieur de la librairie, et à un moment donné je vais

12:52 vers lui, et là il avait un bouquin qu'il pose secrètement, très rapidement, il pose

12:58 le livre qu'il était en train de lire, la quatrième de couverture, et il prend un atlas

13:02 de géographie.

13:03 En fait il était en train de lire la quatrième de couverture d'un SAS, j'ai photographié

13:07 d'ailleurs des années plus tard Chirac en train de lire un SAS, et lui c'était un fou

13:11 de littérature, il devait essayer de comprendre pourquoi ce Gérard De Villiers vendait des

13:14 millions d'exemplaires, donc il regardait juste la quatrième de couverture.

13:17 Et je lui dis "Monsieur le Président, je suis un jeune photographe, je débute", et

13:21 il me dit "Rostin, ça fait des années que vous êtes un jeune photographe", et quand

13:26 Mitterrand te balance ton nom, là t'es quand même scotché, parce que c'est quand même

13:32 Mitterrand, et ça l'amusait de voir l'effet qu'il avait fait sur moi, il me dit "Vous

13:36 voulez faire quoi ?" "Le Noël du Président, la crèche, le sapin de Noël, les petits

13:40 enfants sur les genoux", il me dit "Non, non, mettez-vous en bas du jardin", donc il organise

13:43 une fausse planque, et il dit "On sortira après le déjeuner, on sortira, toute la

13:49 famille", donc il avait organisé une fausse planque, et en fait il n'a pas eu de bol,

13:56 parce que ça n'a pas marché, parce qu'à l'époque on avait de quoi remplir trois numéros

13:59 de Paris Match tous les quinze jours, c'est-à-dire que chaque semaine on balançait la moitié

14:02 d'un numéro qui aurait pu être dans le journal, et donc ce sujet n'est pas passé, ça n'a

14:06 pas marché, ça a marché avec Fabius, qui lui a essayé un jour de nous instrumentaliser,

14:10 c'est-à-dire que quand il a été nommé, en général les premiers ministres sont nommés

14:13 le week-end, le dimanche matin, tous les journalistes, radio, télé, photo, se trouvent en bas de

14:21 son domicile, place du Panthéon, donc il est prévenu par les flics, il sort en chausson,

14:25 en bras de chemise, et il va chercher, décroissant le journal un bouquet de fleurs pour Bobonne,

14:32 donc il donne une image de lui très sympa, pas du tout telle qu'il était, et quelques

14:36 mois plus tard, ces photos sont publiées partout, il y a une première affaire, c'était l'affaire

14:43 Carrefour du développement ou je sais pas quoi, on décide d'aller le planquer, on

14:47 se dit c'est cool, il est facile, on est allé trois week-ends de suite, je peux vous

14:50 assurer que Bobonne elle attend toujours les croissants, le journal et le bouquet de fleurs.

14:53 - Mon Dieu, mon Dieu.

14:54 - Mon Dieu, mon Dieu.

14:55 - C'est une profession...

14:56 - Non, non, appelez-moi Pascal, c'est plus simple.

14:57 - C'est une profession d'écrier aussi, vous savez que vous êtes un petit peu mal aimé,

15:00 ça c'est sûr.

15:01 - On est mal aimé, mais il se trouve que les lecteurs et les lectrices aiment bien le

15:04 résultat de nos forfaitures.

15:06 - C'est vrai.

15:07 Notamment pendant l'affaire Diana.

15:10 L'affaire Diana, quel souvenir vous avez de ce drame qui a quand même créé un petit

15:13 peu des remous dans la profession ?

15:15 - Moi j'étais en train de baptiser une de mes filles en Bretagne, donc j'ai un curé

15:18 comme témoin, c'est pas terrible mais c'est tout ce que j'ai.

15:20 Non, moi j'ai fait une enquête parce que j'ai récupéré par la suite les...

15:24 - Donc vous étiez pas là, c'est déjà pas mal.

15:26 - Non j'étais pas là, mais j'avais des copains qui étaient là et j'ai récupéré les 8000

15:29 pages du dossier d'instruction de l'affaire Diana, j'ai retrouvé le conducteur de la

15:33 mafia Touno, et en fait, la brigade criminelle a très bien fait son travail et c'est un

15:39 accident de voiture, c'est-à-dire que c'est incroyable ce qui s'est passé, c'est-à-dire

15:42 que ça a été un tsunami médiatique mondial pour un accident de la circulation finalement.

15:49 Donc oui, ça a vraiment...

15:53 Mais les journaux, les médias, même traditionnels, pas seulement la presse People, qui ont fait

15:59 des centaines de couvertures, d'émissions de télé, d'émissions de radio, les journaux

16:05 les plus sérieux, ont vendu des millions d'exemplaires sur l'enquête, sur l'accident

16:09 de Diana.

16:10 Donc c'est pas que une histoire de paparazzi, c'est une histoire de média en général.

16:15 - D'ailleurs les royales britanniques, dont l'intérêt ne se démande pas au fil des temps,

16:20 aujourd'hui c'est qui ? Alors que la cible, Meghan, Harry, William, Kate, qui fait le

16:25 plus vendre ?

16:26 - C'est la nouvelle génération, c'est sûr que le roi Charles...

16:28 - Pas tellement Banky Bolge...

16:30 - Sauf la presse anglaise.

16:32 C'est sûr que le roi Charles, demain, fait quelque chose d'extraordinaire ou de pas ordinaire,

16:39 on va dire.

16:40 En photo, ça intéressera évidemment les médias anglais.

16:44 Mais c'est la nouvelle génération, comme les Monaco, c'est pareil, c'est Charlotte

16:48 Casiraghi, enfin voilà, ça passe d'une génération à l'autre.

16:52 - Pour revenir sur les présidents, les "idants" comme vous les appelez, les "idants" vous les

16:57 appelez comme ça, Nicolas Sarkozy vous a permis de beaucoup travailler, vous avez suivi

17:02 ses épopées sentimentales, notamment avec votre copine Carla.

17:06 - Disons que j'ai une amie d'enfance qui s'appelle Carla Bruni, donc ça m'a quand même beaucoup

17:10 beaucoup aidé.

17:11 Et ils ont accepté ma présence pendant plus d'un an, à leur côté j'ai fait 4 ou 5 couvertures

17:19 de Paris Match, mais ce coup-ci officiellement.

17:21 Donc j'étais avec eux dans leur avion pour aller à New York, pour aller au G8, j'ai

17:26 recommencé le G8 à Hokkaido.

17:28 - Officiellement cette fois-ci ?

17:29 - Pareil, je lui ai montré les photos de Chirac, je lui ai dit "ça tu ne pourras pas me le

17:33 faire faire", il m'a dit "ok, on va voir ça, tu viens avec moi dans l'avion" et j'ai recommencé,

17:39 donc il y a eu deux fois le G8 qui a été fait.

17:41 Parce que le G8 en général, t'as la photo des 8 présidents alignés comme des saucisses,

17:46 ça n'a aucun intérêt, c'est la même photo chaque année.

17:47 Et moi ce que j'avais expliqué, je vais vous expliquer comment j'avais fait pour rentrer

17:50 dans le premier, j'étais ami avec Jean Chrétien qui était le premier ministre du Canada,

17:54 et je lui ai dit "est-ce que tu veux que je te sauve le G8 ?" Il m'a dit "on n'a pas trop

17:57 de problèmes", je lui ai dit "depuis que vous avez tué un gamin, un étudiant l'année

18:00 dernière à Gênes, vous êtes les meilleurs public relations des anti-mondialisations,

18:05 donc cette année vous allez faire la même photo que l'année dernière et l'année prochaine,

18:08 donc les médias vont aller avec les anti-mondialisations qui vont se faire péter la gueule par la

18:12 gendarmerie royale canadienne, donc moi ce que je te propose, on ne peut pas empêcher

18:16 ça mais je te donne une lisibilité, on fait 10-12 pages dans Paris Match, dans Stern,

18:20 dans Time Newsweek, Sunday Times Magazine, il me dit "comment on fait ?" je lui dis "tu

18:25 me laisses faire, tu me laisses rentrer dans l'intimité", c'est comme ça que j'ai pu

18:28 rentrer dans l'intimité la première fois du G8 et que j'ai recommencé quelques années

18:32 plus tard avec Nicolas Sarkozy.

18:34 - On est comblés par tous vos récits, on espère que ça va se poursuivre mon cher Pascal

18:43 Rostin cet été, merci à vous, restez avec nous.

18:46 - Déjà ? - Bah oui !

18:47 - C'est déjà fini ? - Mais attendez, on pourrait rester des heures,

18:50 il y a plein d'histoires à vous raconter ! - Je vous avais remis en deuxième session

18:52 peut-être ? Merci à vous, je sais il y avait plein de choses encore à dire, la photo de

18:57 Mazarine, bref on y reviendra une autre fois, merci en tout cas Pascal Rostin, vous avez

19:03 écrit d'ailleurs plusieurs ouvrages, Voyeur notamment, vos mémoires.

19:07 - C'est un scandale, j'ai publié 5 fois mes mémoires.

19:09 - Bon, quelles éditions dites rapidement ? - Le dernier que j'ai écrit sans écrire

19:13 un fantôme d'ailleurs, que j'ai écrit de ma plume, c'était Voyeur, c'était chez

19:17 Grasset tout simplement.

19:18 - Très bien, tout de suite c'est Jacques Pessis qui reçoit, vous m'avez troublé Pascal,

19:26 Shimen Badi, restez avec nous en direct sur Sud Radio.

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