Actualités HEBDO du 16 Juillet 2023 sur la CRTV

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00:00 [Musique]
00:25 Bonsoir, "Le monde s'effondre", le titre de canon du roman publié en 1958 par l'écrivain nigérian chinois H.E.B.
00:38 produit des détonations de peur comme un char.
00:42 Qu'importe le temps, l'ouvrage de 65 ans semble avoir été écrit cette semaine même,
00:48 où le crépitement des armes à travers le monde, l'intolérance et les violences entre peuples
00:53 ont conduit à un constat, le monde ne se porte pas bien.
00:58 Constat émouvant énoncé à Yaoundé par le Conseil des Imams et dignitaires musulmans du Cameroun
01:04 qui organisait en partenariat avec le gouvernement et d'autres acteurs
01:08 une conférence internationale sur le thème "Islam, autonomisation des femmes, des jeunes et consolidation de la paix".
01:17 25 pays africains pour un effectif total de plus de 1000 participants ont honoré ce rendez-vous
01:23 présidé par le Premier ministre chef du gouvernement Joseph Dionne Goutet
01:27 qui représentait le chef de l'État, Paul Biya.
01:31 Des assises qui se tiennent au moment où se répand telle une traînée de poudre,
01:36 des discours de haine au moment où se répand telle une traînée de poudre,
01:42 des discours de haine propagés du nord au sud et de l'est à l'ouest du Cameroun.
01:48 Il ne vous échappe guère que malgré les bonnes intentions de cette conférence,
01:52 l'Islam est souvent blâmé à tort ou à raison pour la place marginale accordée aux jeunes et surtout aux femmes dans la société
02:01 laissant croire à la thèse pleine d'ironie d'Amadou Kourouma selon laquelle
02:06 Allah n'est pas obligé d'être juste dans toutes les choses qu'il fait sur terre.
02:12 Pour évaluer la réflexion de Yaoundé et plus largement le rôle de la religion pour la paix et le vivre ensemble au Cameroun,
02:19 inscription d'actualité hebdo à l'école courannique ce dimanche.
02:24 Notre instructeur est titulaire d'un doctorat d'état en sociologie des pays arabes et musulmans
02:30 obtenu à l'université de Paris 3, sans bonne nouvelle.
02:35 Moussa Oumarou est depuis 2008 coordonateur général du conseil des imams et dignitaires musulmans du Cameroun,
02:43 CIDIMUC. C'est notre invité ce soir. Moussa Oumarou, bonsoir et bienvenue.
02:50 Merci, bonsoir à tous.
02:52 Comment vous sentez-vous après tous ces déploiements et le temps de préparation?
02:59 Vous êtes un homme plutôt satisfait et rassuré après les travaux.
03:07 Mon sentiment est mitigé.
03:10 Pourquoi mitigé?
03:12 Mitigé d'abord, satisfaction. On prépare cette conférence depuis six mois.
03:18 Au regard de ce qui s'est passé, en termes de qualité et quantité de personnalités reçues,
03:29 et en termes de débats houleux qui ont produit certaines recommandations, on est satisfait.
03:38 Mais alors, le danger des résolutions à caractère international, c'est leur caractère non contraignant.
03:51 Il faut un mécanisme de suivi.
03:55 Et quand on parle de la situation que nous connaissons, on est en train de vouloir changer de mentalité.
04:05 C'est une démarche sociologique et sociale.
04:09 On s'est dit qu'il y a beaucoup de choses à faire.
04:12 Le sociologue que vous êtes ne croit pas beaucoup aux effets et à l'impact de la conférence internationale de Yaoundé sur la société?
04:24 Mais si, il y a un travail à faire.
04:27 Un travail très sérieux à faire.
04:30 Parce qu'on parle d'un constat. Le monde va très mal.
04:39 On parle d'un constat que dans la société, il y a des personnalités, il y a des catégories qui influencent la masse, qui influencent la pensée.
04:51 Et cette catégorie-là, c'est les leaders religieux et les leaders traditionnels.
04:59 Dans l'informel.
05:02 Le travail, c'est d'abord d'aller convaincre pour qu'ils partent convaincre le peuple.
05:09 Et j'avoue que nous croyons que tout ce qui est changement de mentalité prend le temps que ça prend.
05:20 Ce n'est pas croire ou ne pas croire à l'influence, mais c'est apprécier le temps et le travail qui est devant nous, qui est inquiétant.
05:33 On va parler des contenus de cette conférence internationale, mais restons sur quelques externalités.
05:41 D'abord, coordonateur général du conseil des imams et dignitaires musulmans du Cameroun, ça veut dire quoi exactement?
05:48 Que vous êtes une sorte de grand sherpa régnant au-dessus des imams et des dignitaires musulmans?
05:55 J'avoue que quand on créait le Sudimuc, il y avait un problème.
06:02 C'est être président ou coordonateur général.
06:07 Vous avez remarqué que ce coordonateur général n'est pas le président des imams. Je ne le suis pas.
06:15 C'est un technicien qui apporte sa contribution technique dans le sens de réunir les imams, qu'ils se connaissent entre eux, et d'avoir une conduite à tenir d'ensemble.
06:33 Le coordonateur général n'est pas le président des imams. Il n'est pas le guide éclairé. Non, pas du tout.
06:42 Encore une autre externalité. On est habitué à voir les dignitaires du culte musulman, et même bon nombre de fidèles, avec une barbe hirsute et longue.
06:55 Vous vous êtes rasé au poil près, ce qui est une rupture. Est-ce que cette tradition de barbe est imposée par le Coran ou est-ce un style qui est en vogue dans vos milieux?
07:10 Vous me renvoyez dans l'histoire des religions. Dites-nous un petit mot.
07:18 La culture de barbe n'est pas strictement islamique. L'islam a hérité du judaïsme et du christianisme, mais la barbe.
07:30 Comme l'islam a hérité de beaucoup de choses, le jeûne de Ramadan, le Coran nous dit de jeûner comme vos prédécesseurs ont jeûné.
07:41 Quand on parle de religion, on est dans la continuité. Il y a eu historiquement ou chronologiquement le judaïsme, il y a eu le christianisme, l'islam est venu après.
07:52 Les trois grands monothéismes. Dans l'islam, comme dans toute société, il y a des tendances, il y a des écoles. Il y a des écoles dans l'islam qui privilégient de laisser la barbe.
08:11 C'est leur croyance. Il y a d'autres qui sont comme moi. Cela appartient à une autre obédience.
08:23 Mais jusqu'à présent, je ne pense pas que... D'abord, il faut être très clair.
08:30 En islam, il y a deux catégories des actes. Acte obligatoire et acte non obligatoire.
08:40 Ce qui est obligatoire, si vous ne le faites pas, vous êtes sanctionné. Ce qui n'est pas obligatoire, si vous le faites...
08:47 Comme la prière.
08:48 Pas toutes les prières, mais les saintes prières. Ce qui n'est pas obligatoire, si vous le faites, vous avez des récompenses, mais si vous ne le faites pas, vous n'êtes pas puni.
09:02 La barbe fait partie de cette catégorie qu'on appelle la sunna. C'est une sunna.
09:09 L'autre catégorie obligatoire, c'est la farida. Ce qui est obligatoire par le Coran.
09:20 Je ne pense pas que...
09:24 Être barbu est un signal qui me distingue d'autres musulmans en termes d'être proche de Dieu.
09:34 Je l'espère plus clair dans l'esprit de nos téléspectateurs.
09:39 Dites-moi, docteur Moussa Oumarou, quel est le bon profil?
09:44 Ou alors le profil du bon musulman?
09:47 Je ne peux pas dire. Je n'appartiens pas à cette catégorie des musulmans qui sanctionnent à la place de Dieu.
09:55 Je suis musulman tout court. Je ne suis pas bon, je ne suis pas mauvais. Ce n'est pas à un être humain de qualifier qui est bon et qui est mauvais.
10:06 Dès qu'on commence, on rentre dans les attributs de Dieu. C'est lui seul qui tranche qui est bon et qui est mauvais.
10:17 Cela veut dire que vous n'avez pas de règles à suivre, de prédictions?
10:21 Tout le monde a des grandes principes.
10:25 Non, non, non. Ceci est par rapport aux règles et aux grands principes. On est d'abord être humain avec nos faiblesses.
10:33 Première position. On suit les règles. Il y a des gens qui veulent être plus royalistes que le roi.
10:41 L'islam est une religion de juste milieu. Pas d'extrême gauche, pas d'extrême droite. On demande le juste milieu.
10:53 Deuxième principe de l'islam, c'est que Dieu facilite les choses, ne les complique pas.
11:02 Vendredi dernier à l'hôtel de ville, c'était un peu comme une grande prière pour la paix. Est-ce que c'est comme ça qu'il faut comprendre votre conférence?
11:15 Ce n'est pas comme. Dans le programme, le vendredi, il y a eu une prière spécifique pour la paix au Cameroun et ailleurs.
11:27 Parce que le Cameroun ne vit pas en vase clos. Le Cameroun fait partie du monde, fait partie de l'Afrique.
11:35 Et aujourd'hui, nous savons que beaucoup de problèmes que nous avons ne sont pas endogènes.
11:42 Le monde est un ensemble. Le Cameroun vit avec les autres pays. Le Cameroun est membre de plusieurs organisations internationales.
11:53 On a besoin de synergies de pensée et d'action pour que le monde aille mieux.
12:00 Et le Cameroun, on a constaté, peut-être qu'on va en parler après, mais il faut dire la vérité.
12:08 Il faut dire qu'il y a eu la conférence. On s'est dit qu'on ne peut pas se réunir avec beaucoup d'imams, des religieux qui viennent de partout dans le monde,
12:19 sans que l'on fasse la prière pour la paix. Cela a été fait avant la cérémonie de clôture.
12:26 D'accord, mais maintenant, qu'est-ce qu'il faut retenir concrètement de vos travaux? Qu'est-ce qu'ils vont apporter? Qu'est-ce qu'ils vont changer?
12:36 Bon, vous savez, le fait de poser le problème est un début de solution.
12:49 On a soulevé trois types de problèmes. On a soulevé le problème de la femme, l'autonomisation de la femme et l'autonomisation des jeunes, et puis la paix.
13:04 Et vous savez, qu'est-ce qui nous a amené à avoir cette thématique?
13:11 J'ai écouté votre introduction. L'islam, à tort ou à raison, est considéré comme un ennemi de la paix, comme un ennemi de l'autonomisation des femmes. C'est faux.
13:27 Ce sont des faux procès.
13:30 Si c'est l'islam que je connais, si c'est autre chose que l'islam que je connais, je vais vous dire.
13:37 L'islam n'a jamais été l'ennemi de l'émancipation de la femme, la preuve du vivant du prophète.
13:45 Le prophète Mohammed a nommé une femme qu'on appelle "oumouarka", "juge". Elle a même eu à conduire des prières, même si c'est de manière restreinte.
14:02 Mais elle a été de son vivant.
14:06 Vous acceptez cela aujourd'hui?
14:09 C'est un débat. En Europe, cela se fait.
14:14 Mais pas en Afrique?
14:16 Non, non, non. Je veux dire que nous avons hérité l'islam en Afrique centrale, en Afrique de l'Ouest, de l'islam de Maghreb, de l'Afrique du Nord.
14:26 La charia qui date du 8e siècle, que nous répétons jusqu'à aujourd'hui, n'a pas suivi la dynamique de la société musulmane de ce siècle.
14:42 C'est pourquoi de plus en plus, dans le monde musulman aujourd'hui, il y a une mouvance de toilettage des textes de la charia.
14:52 La charia du 8e siècle n'a pas connu de réalité bancaire, n'a pas reconnu de réalité d'assurance de certaines institutions.
15:04 La charia du 8e siècle s'est adressée plus à l'individu que à la société.
15:10 Or, nous avons aujourd'hui une dynamique de la société.
15:15 Et nous pensons que, le monde musulman pense qu'on doit revoir les choses.
15:24 Parce que ne pas revoir les choses en termes de charia donne la possibilité aux gens qui ont des interprétations tendancieuses à être extrémistes, à être radicalistes, à être terroristes.
15:40 Donc, l'islam n'est pas ennemi de la paix.
15:47 Je ne refuse pas. Un musulman peut avoir un agenda politique.
15:52 Un musulman peut instrumentaliser la religion. Je ne doute pas. Mais ce n'est pas ça l'islam.
15:59 Vous n'êtes pas ennemi de la paix, en tout cas l'islam.
16:02 Mais une certaine opinion range l'islam sur le banc des accusés et responsables de plusieurs tensions et conflits à travers le monde à cause du diyat.
16:12 Est-ce qu'on peut dans le même temps vouloir la paix et encourager la guerre, même si c'est une guerre sainte?
16:18 Qui a encouragé la guerre sainte?
16:21 Tu ne parles pas que sur l'islam que je connais?
16:24 Je vous ai dit que dans le texte, il y a eu des interprétations tendancieuses de certains musulmans.
16:31 Et je ne suis même pas très sûr que ce soit des musulmans.
16:34 Quand vous voyez le texte, le Coran que nous connaissons n'a parlé de conflits que six fois en termes de légitime défense.
16:55 Par contre, il a parlé de la paix 150 fois. En termes de la légitimité, six fois et 150 fois, la priorité est où?
17:09 Donc, on va dire que cette affaire de diyat est surtout un travestissement à la fois de la religion, de la philosophie et de la pratique de l'islam.
17:22 Je crois que c'est ça. Les gens ont d'autres préoccupations que ça peut être à cause de conflits.
17:35 On instrumentalise toujours la religion.
17:39 Et les religieux?
17:42 Oui, pourquoi pas? Ce sont des êtres humains avec leurs faiblesses.
17:46 Nous aurons l'occasion de parler de cela peut-être vers la fin de l'émission, notamment la relation entre les politiques et les religieux.
17:55 Pour l'instant, arrêt pour reparler de cette conférence internationale tenue à Yaoundé.
18:02 Je l'ai dit, le premier ministre Joseph Dionne Goutet représentait le chef de l'État à l'ouverture des travaux.
18:09 Voici un peu ce qu'on peut en retenir avec Laurentine Boccon.
18:14 Renforcer l'engagement des leaders religieux et chefs traditionnels dans leur rôle de promoteurs de paix et de droits de l'homme.
18:22 Tel est l'objectif déclaré de la conférence internationale qui se tient ce jeudi et vendredi à l'hôtel de ville de Yaoundé.
18:30 Le thème de la conférence internationale qui nous réunit est le suivant.
18:36 Islam, autonomisation des femmes et des jeunes et consolidation de la paix.
18:44 Les centres d'intérêt qui sont ainsi retenus sont pertinents à plusieurs égards.
18:50 En effet, l'efficacité des mécanismes de prévention et de résolution des conflits qui sont mis en œuvre
18:57 passent par la nécessité d'adopter des approches inclusives qui intègrent toutes les composantes de la population.
19:05 D'où l'accent qui est mis sur la femme et la jeunesse.
19:09 Ces catégories de personnes devraient non seulement être identifiées comme des cibles des actions à mener
19:17 mais aussi les léviers de l'exécution satisfaisante des différentes initiatives envisagées.
19:25 Des attentes particulières sont nourries vis-à-vis des leaders d'opinion.
19:29 Le succès de ce type de démarche est tributaire de l'implication des autorités morales, traditionnelles et religieuses
19:38 dans l'optique de mettre en place un climat de confiance qui prédispose les parties prédisantes à s'approprier des solutions préconisées.
19:48 La cérémonie d'ouverture a donné lieu au rituel des assises internationales.
19:53 Le mot de bienvenue du maire de la ville, suivi des prises de parole des institutions co-organisatrices et le Sidmiq.
20:02 L'imam de Yaoundé a imploré la bénédiction d'Allah sur la conférence et les conférenciers.
20:09 Souhaitez-vous réagir à la suite de l'élément que nous venons de regarder ?
20:15 Naturellement, parce que ce que nous avons vécu le jour de l'ouverture de la cérémonie est particulièrement important et très symbolique au niveau de la communauté musulmane.
20:31 C'est quand même tout un premier ministre de la République qui a ouvert au nom du chef de l'État,
20:39 le président Paul Biya, dans son souci évidemment permanent de la cohésion sociale, de vivre ensemble,
20:49 et toujours dans son souci d'assurer un développement pour notre pays.
20:56 Parce que la cible ou les cibles font partie intégrante de démarche vers le progrès. Il s'agit de la femme et des jeunes.
21:07 Certains vous diront que dans un État laïque, l'Église ou la religion est à genoux devant la politique.
21:19 Je ne suis pas très sûr. D'abord, je ne sais pas ce qu'on appelle la laïcité.
21:24 Quand je sens que la laïcité c'est d'abord l'histoire d'un pays très loin,
21:31 et quand je vois que... parce que nous ne voulions pas que la laïcité découle d'un combat entre l'Église et le centre, il y a des siècles.
21:48 Les réalités de cette époque, je ne suis pas sûr que c'est la même réalité aujourd'hui.
21:55 Or, on est dans le souci de la gestion de son peuple.
22:01 Et le peuple, il est citoyen, il est en même temps fidèle.
22:07 Donc, à genoux ou pas à genoux, je ne pense pas.
22:12 Il a beaucoup été question de mobiliser les femmes et les jeunes pour consolider la paix.
22:19 De quelle manière cela va se passer ? Qu'est-ce que vous avez préconisé ?
22:23 D'abord, vous savez, Dieu a créé la société comme mixte.
22:31 Hommes, femmes, chacun a un rôle à jouer pour l'épanouissement de la prospérité de l'humanité.
22:40 La femme joue un rôle important, c'est elle qui nous éduque jusqu'à présent.
22:48 Si on ne s'occupe pas d'elle, cela veut dire qu'on ne s'occupe pas de la communauté,
22:54 puisque c'est elle qui est en charge de l'éducation.
22:58 Et quand je parle de la femme, il faut bien que les autorités religieuses,
23:07 les autorités traditionnelles comprennent que son autonomisation,
23:13 à la fois intellectuelle, matérielle, financière, tout ce que vous voulez,
23:21 ne peut qu'être en faveur du développement de l'être humain.
23:27 Au niveau de l'éducation de la femme, au niveau de son autonomie,
23:33 dépendra le développement de l'être humain.
23:38 Donc, on est en train d'engager les autorités religieuses et traditionnelles
23:44 de manière à ce qu'elles favorisent, qu'elles agissent.
23:49 Parce que le religieux musulman rencontre la population cinq fois par jour en moyenne.
23:56 Il a des discours propres, il est écouté.
24:00 Et il a en même temps le rôle de conseiller dans la société.
24:06 Nous pensons par les mosquées et par les médias pour relayer l'idée, le concept.
24:14 Parce que quand je dis la femme, c'est ma maman, c'est ma fille, c'est mon épouse, c'est ma soeur, c'est ma fille.
24:23 Donc, on a un programme, on a eu des résolutions,
24:32 avec des programmes, avec des feuilles de route.
24:36 Parce qu'on est en train de créer un réseau régional des oulamas et des dignitaires africains.
24:45 Pour qu'ensemble, avec l'expérience d'autres pays, le Tchad, le Niger,
24:53 et pour qu'en synergie, on amène ce combat.
24:58 Et que vous échangez de bonnes pratiques.
25:00 Exactement. Et surtout, pour la mise en œuvre de ces résolutions,
25:05 on a créé un comité qui va s'en occuper.
25:09 Et c'est le Cameroun qui est choisi comme président de ce comité, notamment le Sudim.
25:15 Donc le président est en face de moi.
25:18 Je crois.
25:19 Entre temps, les femmes musulmanes se plaignent en général de subir beaucoup d'injustices,
25:25 notamment sur le plan de la propriété foncière.
25:28 Ce n'est pas la panache des seules femmes musulmanes,
25:32 de l'héritage, mais également des droits et libertés.
25:36 Beaucoup de femmes mariées estiment qu'elles sont traitées parfois comme des esclaves.
25:42 Pourquoi vous, les dignitaires du culte musulman, vous laissez prospérer tant d'injustices ?
25:49 C'est un combat.
25:51 Si nous avons réunis plusieurs pays, plusieurs espères,
25:56 c'est pour combattre justement ces attitudes, ces pratiques.
26:02 Comme je disais, les femmes doivent nous aider.
26:06 De quelle manière ?
26:08 Si elles-mêmes se laissent faire, c'est un être humain à part entière.
26:15 C'est vrai qu'on a l'impression qu'elles sont fragiles, vulnérables,
26:22 des mocs auxquels je ne crois pas beaucoup.
26:25 Elles ont peur aussi.
26:26 Oui, elles ont peur.
26:27 La société est très masculine, de manière violente.
26:34 N'oubliez pas que c'est les hommes qui ont fait la loi, la charia, et pas la femme.
26:41 À un certain moment, on a eu beaucoup de privilèges sur la femme.
26:45 Prenons un cas pratique.
26:47 La crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, l'État fait tout pour un retour définitif de la paix,
26:54 mais les exactions et la terreur persistent.
26:57 Que peut la religion dans ce contexte-là ?
27:01 Cela me permet d'expliquer pourquoi nous faisons toujours un discours sur la paix et des prières pour la paix.
27:11 On a toujours peur que cela se déclenche.
27:14 Quand cela se déclenche, il y a beaucoup de paramètres,
27:17 il y a beaucoup d'acteurs visibles et non visibles.
27:20 Il se trouve que dans le cas spécifique du Nord-Ouest et du Sud-Ouest,
27:28 le Sud-Ouest, comme l'Église catholique, comme l'Église protestante,
27:32 nous sommes membres du plan présidentiel pour la réconstruction.
27:36 Et le rôle, comme je vous ai dit tantôt,
27:40 que les leaders religieux sont écoutés par les fidèles.
27:44 Le rôle, c'est la sensibilisation, c'est la conscientisation.
27:48 Mais alors, il y a des acteurs, il y a des vendeurs de guerre.
27:54 Sur le plan international, sur le plan national, c'est une question d'agenda politique.
28:00 Mais nous, notre rôle, c'est de sensibiliser de manière à ce que nous soyons conscients du fait que c'est notre pays à nous tous.
28:10 C'est le pays que nous allons laisser à nos enfants.
28:14 On n'en a pas dix.
28:16 Si nous voulons véritablement laisser un pays détruit à nos enfants, ou on veut laisser un pays en développement à nos enfants.
28:26 Donc, notre discours, c'est de sensibiliser et c'est de conscientiser,
28:32 que ce soit les jeunes ou même les parents.
28:36 Mais j'avoue qu'il y a des acteurs visibles et non visibles qui ont d'autres agendas,
28:42 qui opèrent dans l'obscurité.
28:44 Exactement.
28:46 De votre point de vue, est-ce que les religions elles-mêmes, dans notre pays, vivent en paix et se tolèrent?
28:54 Ne serait-ce que les trois grands monothéismes que vous avez évoqués au début?
29:00 Les religions monothéistes vivent en harmonie.
29:04 On se rencontre, on s'échange.
29:06 Je vais vous dire une chose.
29:08 Chaque fois que je vais à une conférence dans les pays arabes, je me concerne avec l'archevêque de Yavondi.
29:16 Monseigneur Jean Barga.
29:18 Oui.
29:20 Le problème peut être dans la même religion, avec plusieurs tendances que nous voyons aujourd'hui.
29:26 Mais pas entre les religions. C'est intra-religion, pas inter-religion.
29:32 Malgré ce que vous dites, au sein de l'islam comme des autres religions,
29:42 il y a plusieurs courants, plusieurs associations qui font du chacun pour soi.
29:48 C'est bien que sur la fin du mois de Ramadan, par exemple, dans un même pays comme le nôtre,
29:57 les désaccords sur les dates ne sont pas rares.
30:02 C'est un peu comme la course à qui va annoncer le premier.
30:05 Pourquoi tant de divisions au sein des religions?
30:08 Les musulmans cambronais ont sociologiquement tendance à la régionalisation, à l'ethnisation.
30:18 Pratiquement chaque structure découle d'un groupe sociologique.
30:26 Du coup, il y a le problème de leadership.
30:30 Du coup, il y a la remise en question de l'islam de Sumanda Amfodio, qu'on connaît au Grand Nord,
30:38 par la majorité des musulmans établis au Grand Sud.
30:43 Je suis musulman, mais j'appartiens d'abord à un groupe sociologique.
30:54 Et il y a le problème de leadership.
30:59 C'est moi qui dois annoncer.
31:02 Encore que le problème d'annoncer la date du début du Ramadan, je ne vois pas un enjeu.
31:08 Vraiment, jusqu'à présent, je ne vois pas.
31:11 Si on me dit que demain c'est le Ramadan, je me lève et je fais le Ramadan, ou c'est la fête.
31:16 Mais je ne vois véritablement pas l'enjeu par rapport au défi de la communauté.
31:24 Nous n'avons pas de collèges, nous n'avons pas de centres hospitaliers,
31:31 nous n'avons même pas de médias à télévision.
31:36 Il y a un problème plus important.
31:41 Nous pensons qu'annoncer que c'est demain ou après demain, pour nous, ça nous distrait.
31:51 On se dit que chez nous, au niveau du Sudmique, on n'est pas tellement sur la théologie,
31:59 on est sur le social.
32:02 Qu'est-ce que le musulman comme entité au Cameroun apporte à la marche de ce pays?
32:08 Qu'est-ce que l'entité musulmane au Cameroun apporte comme contribution à la paix?
32:15 Et qu'est-ce que vous apportez justement au Sudmique?
32:18 Le Sudmique, depuis sa création en 2008,
32:23 en pleine sensibilisation, en pleine conférence,
32:29 pour amener l'islam ou les musulmans à comprendre qu'au-delà des prières à la mosquée,
32:40 au-delà de jeûner le ramadan,
32:43 il y a sa contribution en tant que citoyen, en tant que républicain pour la marche.
32:52 Nous sommes dans la sensibilisation, nous n'avons pas la force de coercition.
32:58 Mais de plus en plus, on est en train de vouloir s'implanter avec, par exemple,
33:05 une école de formation des imams, parce qu'ils en ont besoin.
33:10 On a un projet de création de centres hospitaliers à Yawundeset.
33:17 Je veux que ce ne soit pas une affaire du Sudmique,
33:21 parce que le Sudmique incite les autres musulmans,
33:25 les hommes d'affaires, les leaders ou l'élite,
33:30 à investir plutôt dans ce sens.
33:33 Parce que je ne suis pas très sûr, quand j'ai fini ma prière dans la mosquée,
33:41 que j'ai apporté quelque chose de concret à mon voisin non musulman, un citoyen camerounais.
33:47 Dites-moi un peu, Dr Moussa Oumarou, en dehors du Coran et des ouvrages de sociologie,
33:56 quels sont les autres livres que vous lisez ?
34:00 En réalité, moi, je suis plus film que lecture.
34:07 Vous préférez les films historiques, les films d'action ?
34:12 Les films politiques.
34:14 Les films policiers, surtout américains.
34:17 La politique vous attire un peu ?
34:19 Pas du tout.
34:21 Très bien. Nous allons voir les autres habitudes de lecture des autres concitoyens camerounais,
34:29 à l'occasion de la journée du Troc du livre organisé par la Fondation Femmes et Vie,
34:36 sous le parrainage d'Alain Bellibi,
34:39 qui est d'ailleurs un illustre dévencé dans la présentation de cette émission.
34:45 Voici l'enquête menée par Laetitia Onana.
34:50 Parvis du Centre commercial Place à Yaoundé,
34:59 les passionnés de lecture ont accouru aux journées de Troc du livre,
35:04 question de s'offrir un nouvel ouvrage.
35:07 Quand j'ai entendu parler de cet événement, je me suis dit qu'il fallait peut-être que je fasse un tour.
35:13 Je suis à la recherche de la lecture d'abord pour moi, et aussi pour les enfants,
35:18 parce que c'est les vacances, il faut bien qu'ils ne perdent pas le fil de la lecture.
35:22 J'ai vraiment aimé La cabane magique.
35:26 Ces amoureux de belles lettres pourraient bien être plus nombreux,
35:30 si et seulement si l'espace médiatique n'était autant saturé par les smartphones et autres écrans intelligents.
35:38 Quand on a un accès facile à une cinémathèque qui est vraiment très riche et variée,
35:44 à des vidéos qui sont accessibles autant sur Internet qu'à travers les médias,
35:50 c'est assez difficile de s'en défaire et puis de se consacrer à la lecture.
35:55 Pour inciter donc les uns et les autres à opter pour le contact privilégié avec le papier et ses écrits,
36:02 plusieurs astuces sont développées et partagées ici.
36:06 Elles ciblent prioritairement la petite enfance, initiée notamment au B.A.B. de la lecture par le dessin.
36:14 Dès qu'il sait tenir un document, mettez-lui le livre dans les mains.
36:19 Ne vous inquiétez pas s'il en écueille quelque part, ce n'est pas grave.
36:23 Il va commencer à apprécier de parcourir ses pages.
36:26 Ça va d'abord être des livres imagés qui ont du bruit, qui permettent d'éveiller ses sens au niveau du toucher
36:33 et même des livres au niveau de l'odorat qui lui permettent de découvrir des parfums divers.
36:38 Et surtout vous-même, vous devez lire.
36:40 Les parents et même les plus jeunes sont dès lors interpellés à prêcher par l'exemple.
36:46 C'est vrai qu'après avoir passé une journée de travail harassante,
36:49 on se dit "Allez, je vais me mettre devant un banc de relasse ou autre chose, ça va être beaucoup plus facile de me distraire que de lire".
36:55 Ah non, on se trompe malheureusement.
36:57 Parce que le livre, lui, nous permet de nous détendre.
37:00 Non seulement il nous permet de nous évader, de nous éveiller à autre chose, mais il nous permet de nous relaxer.
37:05 Si vous lisez, vous dormez mieux.
37:07 Et si vous dormez mieux, vous êtes aptes à pouvoir travailler de façon efficiente.
37:12 Le conseil que je donne aux jeunes, c'est de lire.
37:15 Je ne sais pas si on se rend compte encore aujourd'hui
37:21 que le livre a quasiment une odeur particulière qu'on n'a pas le téléphone.
37:27 Il y a une odeur particulière dans le livre.
37:29 Donc les trésors qu'on peut tirer des livres sont tels qu'on passe à côté de très grandes choses si on ne lit pas.
37:39 À nos bouquins, dirions donc nous ensemble.
37:42 En dehors de cette foire périodique et ludique, les livres, vous en trouverez pour tous les goûts, pour tous les âges
37:50 et à la portée de toutes les bourses, dans les rayons des librairies, des grandes surfaces et des bibliothèques.
37:58 La lecture fait-elle partie des choses que vous encouragez également au site d'imuc?
38:04 Bien sûr. La lecture est la culture générale et la lecture nourrit l'homme.
38:11 Au Cameroun, malgré vos prières, le tribalisme ne recule pas, le grand banditisme et les crimes rituels non plus.
38:19 Les gens sont de plus en plus méchants, y compris ceux que l'on voit régulièrement à l'église et qui semblent plus proches du bon Dieu.
38:29 C'est l'échec des religions ou l'échec des gouvernants?
38:32 C'est difficile pour moi de dire l'échec de l'un ou de l'autre.
38:40 Dites ce que vous pouvez.
38:42 Je préfère dire que c'est la société elle-même qui a des problèmes. La société est malade.
38:48 Beaucoup manquent de repères, en depuis le fait qu'on part à l'église, en depuis le fait qu'on est à la mosquée cinq fois par jour.
39:00 Il y a un problème de fond au manque de repères.
39:04 Et puis la vie, la précarité et l'éducation limitée nous amènent à certaines considérations en réalité qui n'ont pas de sens.
39:19 Je ne vois pas... Toutes les religions au monde, surtout monothéistes, condamnent tout ce qui est violent, condamnent tout ce qui est discours haineux, condamnent la haine.
39:40 Toutes les religions, mais vous verrez que ça persiste.
39:46 Et peut-être c'est parce que ça fait partie de la nature de l'homme que les religions ont le devoir de sensibiliser.
39:57 Et de plus en plus, hélas, on constate que ces discours reviennent de temps en temps.
40:06 Certains pensent aussi que Dieu s'est un peu lassé et camerounais. Allah nous a tourné le dos.
40:17 Je ne sais pas si les gens qui disent ça voyagent, s'ils connaissent d'autres pays.
40:24 Je ne sais pas. Un pays qui vit en paix, un pays qui, malgré les difficultés, parce qu'il y en a, vous et moi, on peut être amis, on peut sortir, on sort.
40:38 Non, je ne pense pas que ce soit un problème de Dieu. Non, pas du tout.
40:43 Nous devons revoir notre façon de vivre. Nous devons voir notre façon de l'éducation de masse.
40:53 Et nous devons revoir notre politique vis-à-vis de ces questions.
41:02 Ces derniers temps, il y a aussi l'inflation des discours de haine que préconise l'islam.
41:09 Et que fait le Sidimuq précisément pour lutter contre les discours de haine et leur propagation ?
41:17 Le Sidimuq est dans tous les fronts. On est dans les mosquées, on parle de ça.
41:25 Étant donné que la mosquée ne concerne que les musulmans, on passe à travers les médias.
41:32 On s'en civilise. Nous avons même un projet de visiter quatre régions après la conférence pour faire des séminaires sur la question.
41:46 Donc, on est en face de l'être humain, il faut convaincre.
41:52 Et vous savez, la chose la plus difficile, c'est la déconstruction.
42:02 Parce qu'on doit déconstruire et donner un retour, un autre concept.
42:10 Il faut déconstruire la mauvaise idée, le mauvais concept et créer un autre concept pour remplacer.
42:19 Et ce n'est pas un travail de deux jours. Et puis, on a besoin de soutien de tout un chacun.
42:27 Est-ce qu'une des solutions ne serait pas également, par exemple, d'encourager les mariages interreligieux ?
42:34 Ça se fait. Mais à un certain moment, j'ai comme l'impression que le peuple camerounais n'a pas de problème.
42:41 C'est autre chose que ce que je vois là.
42:45 Le mariage interethnique, interreligieux, ça existe.
42:50 Moi-même, j'ai eu à épouser quatre femmes dans ma vie, mais deux ne sont pas de ma culture.
43:00 J'ai eu à épouser une femme bassa, j'ai eu à épouser...
43:05 Ça se fait. C'est un domaine où seul l'amour vous demande de vous arrêter ou de continuer.
43:11 Mais ce n'est pas par préjugé.
43:16 Aujourd'hui, nous sommes à Yaoundé, c'est le cosmopolitisme.
43:22 Et nous vivons, nos voisins sont des différents groupes sociologiques.
43:27 Dans la vie d'une société, il y a un moment de crise.
43:32 Dans la vie de l'être humain, il y a un moment de maladie.
43:35 Et on soigne.
43:37 Mais cela ne veut pas dire que c'est une fin en soi.
43:41 Moi, je ne crois pas. Bon, il y a une crise, ça va passer.
43:45 S'inspirant du postulat de Karl Marx, selon lequel l'Église est l'opium du peuple,
43:53 beaucoup pensent qu'aujourd'hui, il faut fermer les courants et les bibles,
43:59 les églises et les mosquées, pour simplement travailler et mettre les gens au travail,
44:05 si le Cameroun et l'Afrique veulent se développer.
44:09 Vous partagez cette opinion ?
44:11 Pas du tout. Mais alors, pas du tout.
44:13 Il ne faut rien fermer ?
44:15 Mais quand on n'a pas Dieu comme repère, on n'est rien.
44:20 Absolument rien.
44:22 Il y a des développements que nous voyons ailleurs, qu'on n'en vit pas.
44:28 Cela introduit d'autres comportements sociologiques auxquels nous ne croyons pas.
44:33 En réalité, le développement doit se faire en symbiose.
44:38 Il y a le côté moral.
44:40 Et puis le développement, c'est d'abord moral, avant d'être matériel.
44:44 On souhaite arriver au développement étant équilibré et non déséquilibré.
44:50 Dieu, c'est l'équilibre.
44:53 C'est lui qui laisse Dieu.
44:56 Va constater qu'il a laissé Dieu de côté.
45:03 Non, non, non, non, non.
45:05 L'être humain a hérité de beaucoup d'idées, mais je ne pense pas à cela.
45:12 C'est ma position.
45:14 Et puis, vous savez, toute idée dépend de la position de la personne qui l'énonce.
45:26 De ma position, je ne suis pas d'accord.
45:29 Très bien, on retient votre position.
45:32 Dites-moi, quand vous étiez élève ou même étudiant, pendant les vacances, vous vous occupiez de quoi?
45:40 Quelles étaient vos activités, si vous vous en souvenez toujours?
45:43 Oui, 50 ans après, j'aimais plutôt voyager.
45:50 Je n'ai jamais passé de vacances où je vis.
45:55 J'aime la vie.
45:59 Pas dans le sens...
46:01 Dans tous les sens.
46:03 Non, j'aime la vie. Dieu a créé la vie et il m'a mis dans cette vie.
46:06 Je dois jouer de la plénitude de mon existence sur terre.
46:11 Après, ce sera l'histoire.
46:13 Très bien, de toute façon, on va découvrir avec vous les occupations de certains vacanciers en ce moment.
46:21 C'est la période des vacances scolaires et nous avons envoyé nos équipes en région et précisément en campagne pour observer un peu.
46:30 Et dans la lequière, il y a là-bas une pratique, la cueillette du vin de palme.
46:36 Je n'ose pas vous proposer un verre, mais regardons cet élément dans la chronique sociale "L'air du temps".
46:44 Comment les jeunes s'occupent en cueillant du vin de palme et en appelant auprès des aînés Barbara Padjama.
46:54 Une fois au pied de l'arbre, Marc s'accroche aux racines pour atteindre les cimes où se distille le précieux nectar tant convoité.
47:03 Il est 10 heures, l'heure de la deuxième cueillette.
47:06 Quelques minutes avant chaque escalade, le jeune viticulteur se concerte avec son grand-père Mama, le cueilleur attitré du village Nyongya.
47:14 Étape incontournable, car grimper comme un pro demande une concentration d'initiés.
47:19 Et c'est alors que le brave descendant monte faire cet espoir méconnu des jeunes de sa trame.
47:24 Pendant que Marc puise à la source son grand-père et ses oncles,
47:28 nattent les feuilles de palmiers autour du premier vin récolté du sel et des coulats.
47:33 Depuis deux ans, pendant les vacances, le grand-père est en congé quand son petit-fils arrive de la ville.
47:39 Le sage se montre raffiné dans le transfert de l'héritage.
47:43 Pour ne pas faire en sorte que la tradition s'arrête, nous devons apprendre à nos enfants, nos petits-fils,
47:50 ce que nos parents nous ont appris, pour garder cette tradition.
47:59 Ce qui va nous permettre que, même si demain on n'a pas l'avancée, nous allons laisser quelque chose derrière nous.
48:10 Dix minutes écoulées, voilà Marc de retour avec la calebasse à moitié pleine.
48:15 Le matango n'a pas coulé à flot cette fois, mais suffisamment corsé pour se parler en langue et traduire.
48:22 Ici, au village, ils ne sont plus nombreux.
48:25 Si lui, il sort de classe pour venir apprendre à monter le palmier, c'est une grande joie pour moi.
48:33 C'est qu'on ne peut pas oublier la tradition.
48:36 Le dégré d'alcool pourrait mousser d'autres idées d'initiation.
48:40 Ton valet est bon, jeune homme.
48:44 Je voudrais aussi l'initier et lui demander d'apprendre à jouer, même au tam-tam du village,
48:50 parce que c'est là où nos grands-parents causaient, quand ils voulaient causer avec ses frères.
48:55 Le jeune apprenti pétillant se montre ivre de curiosité.
49:00 A chaque fois que je finissais de composer, je passais faire un tour chez grand-père,
49:05 et il m'apprenait à attendre des pièges, comment cueillir du vin, et maintenant moi je me sens à l'aise.
49:12 Ce stage de vacances volontaire est rémunérateur.
49:16 Le vin qu'on cueille, c'est parfois pour recevoir des invités,
49:21 et quand il y en a du reste, on peut vendre pour en acheter des cahiers, des finitures scolaires,
49:27 ou de la nouveauté pour nous, pour la maison.
49:31 Avec la production du vin blanc de palme et les classes, l'élève cueilleur tient là un cocktail de formation.
49:41 Cette formation vous amène-t-elle quand même à mettre de l'eau dans votre vin
49:47 quant aux positions dures de l'islam sur le vin, y compris le vin de palme?
49:52 L'islam est contre la consommation de l'alcool, oui.
49:56 Et je suis musulman.
50:00 C'est difficile de dire que je vais me comporter autrement,
50:05 mais je ne ferai pas le prosélytisme.
50:09 Un ou deux mots maintenant sur vous-même et le monde musulman au Cameroun.
50:18 Je signale qu'il n'y a pas eu de questions d'internautes adressées à la production de l'émission,
50:24 tout juste quelques commentaires.
50:27 Nous passons à la dernière phase de cet entretien.
50:31 Coordonnateur général depuis 2008 du conseil des imams et dignitaires musulmans du Cameroun.
50:39 Cela fait déjà 15 ans que vous vous imposez cet avis.
50:44 Ou alors, il n'y a ni alternance ni démocratie en religion?
50:49 Il y a alternance et il y a la démocratie en religion.
50:54 Mais pas aussi démocratique.
50:56 Il se trouve que le statut permet au coordonnateur général, pour des raisons de suivi, d'avoir plusieurs mandats.
51:10 Mais selon le statut du Sudmuc, et vous savez, ce n'est pas un secret,
51:21 on a des projets initiés par moi et rien que par moi.
51:28 Et je pense que mené à terme, ces projets sont profitables à la société et à la communauté.
51:39 En un mot, personne d'autre pour le moment.
51:44 Pour le moment, je gère le projet.
51:49 Votre mandat n'est pas limité.
51:51 Le statut dit ça.
51:53 Il y a une trop grande proximité entre les religieux et les hommes du pouvoir au Cameroun.
52:03 Certains pensent qu'en réalité, aujourd'hui, dans nos églises et mosquées,
52:07 on fait plus de politique politicienne que de religion.
52:11 Ils ont raison.
52:13 On fait plus de politique, pas politicienne.
52:17 Je ne comprends pas et je ne comprendrai pas
52:21 qu'un religieux qui sait que c'est Dieu qui donne le pouvoir à qui il veut,
52:28 et il le prend quand il veut,
52:30 et quand on sait que c'est respecté et l'autorité choisie par Dieu,
52:38 c'est respecter le choix de Dieu.
52:45 L'islam n'est pas dans la culture de subversion.
52:49 Le rôle des religieux en islam, c'est le rôle des conseillers.
52:59 Le politique, ça a toujours été comme ça dans l'histoire de l'islam.
53:04 Il n'y a pas eu empire omoyade, empire abbasside,
53:10 il y a toujours eu des religieux du palais.
53:14 Il y a toujours eu.
53:16 Vous en faites partie?
53:18 Je ne sais même pas si je suis leader religieux.
53:22 On est là pour donner des conseils.
53:30 C'est pourquoi dans toutes nos prières,
53:32 on demande que Dieu donne plus de sagesse, de lucidité à nos dirigeants.
53:35 Ce n'est pas au hasard que nous disons ça.
53:41 Le mariage en politique et en religion, ça a existé et ça va toujours exister.
53:48 Je crois que j'ai répondu.
53:53 On va considérer votre développement.
53:57 Il s'est dit que pendant les élections,
54:00 les dignitaires religieux reçoivent notamment des enveloppes du pouvoir
54:05 pour circonvenir les fidèles qui sont aussi des électeurs,
54:10 ou travailler pour la victoire du RDPC.
54:13 C'est une pratique que vous connaissez.
54:15 Est-ce que vous avez déjà reçu quelque chose?
54:18 J'avoue que c'est la première fois que j'entends parler de ça.
54:22 J'avoue.
54:24 Sauf si ça ne passe pas par moi.
54:28 Mais je reconnais une chose.
54:31 Pendant la fête du Ramadan,
54:35 il y a ce qu'on appelle gratification du chef de l'État aux musulmans.
54:40 Pendant Noël, c'est pour d'autres religions.
54:44 Ça, je reconnais.
54:46 Mais pendant les élections, je ne sais pas.
54:50 Alors que pendant les élections, nous passons tout le temps à sensibiliser
54:54 pour qu'il y ait la paix et que ça se fasse dans la paix.
54:56 Et la transparence.
54:58 Et la transparence.
54:59 Recevoir, jusqu'à présent, c'est la toute première fois que j'entends parler.
55:05 Mais si on vous propose quelque chose, vous acceptez?
55:10 En contrepartie de quoi?
55:14 Des consignes de votre...
55:16 Naturellement, nous allons sensibiliser pour la paix,
55:20 pour que ça se fasse dans de très bonnes conditions.
55:22 Ça, nous allons le faire.
55:24 Mais je ne suis pas sûr que nous allons dans les mosquées dire
55:28 qu'il faut aller élire Moussa ou Marou ou Joseph.
55:33 Et je ne suis pour le moment au Cameroun, je ne vois pas ça.
55:38 Évidemment, votre question, si on me propose, je vais réfugier ou je vais accepter.
55:43 Le moment venu, je vais apprécier.
55:45 On attendra ce moment au stade de votre vie et de votre carrière.
55:50 Et c'est ma dernière question.
55:51 Si vous deviez choisir entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux,
55:56 quel serait votre choix?
55:58 Très bonne question.
56:01 Avant ma retraite, en 2010, j'ai rechoisi la carrière politique.
56:07 Parce que j'ai été moulé dans... j'ai été fonctionnaire international,
56:13 j'ai goûté à beaucoup de choses.
56:15 Mais depuis un certain temps, depuis que je suis en contact avec les religieux,
56:21 je me sens plus épanu.
56:23 Je me sens plus utile à la société.
56:28 Je me sens proche de ce que dit le prophète Mohammed,
56:33 que le plus utile de vous, c'est celui qui est utile à sa société.
56:40 Aujourd'hui, je me sens utile.
56:43 J'ai une idée, j'ai une vision que je souhaite mener jusqu'au bout.
56:51 Je me sens très utile dans ma position.
56:54 Nous allons donc nous séparer avec cette sagesse du prophète Moussa Oumarou,
57:01 coordonnateur général du conseil des imams et dignitaires musulmans du Cameroun.
57:05 Merci d'avoir accepté l'invitation de la CRTV.
57:08 C'est moi qui vous remercie.
57:10 Tout est dit pour cette autre signature de votre magazine Actualité Hebdo.
57:15 Merci d'avoir regardé, mesdames et messieurs.
57:18 Faites attention à vous et prenons soin de notre chère et belle patrie, le Cameroun.
57:24 Bonsoir.
57:27 [Musique]